@Blue8white Non, pas vraiment
C'est sûr qu'elle s'est brisée toute seule et qu'elle était vraiment torturée quand même pour s'en faire autant. Mais malgré tout, elle a dû se battre pour obtenir sa place dans le monde du basket. Je n'ai pas voulu m'attarder là-dessus mais Alice a subi beaucoup du fait qu'elle était une fille et elle s'était refermée sur elle-même, surtout vis-à-vis des garçons qui avaient plus de chance qu'elle de réaliser son rêve... Jake incarnait tout ça et elle s'en voulait surtout d'être tombée amoureuse de lui...
Layla... On verra bien...
C'est sûr Mais elle va essayer de progresser... du mieux qu'elle pourra.
La mère d'Aloïs, elle est géniale
@nicolasB Effectivement... Il faut espérer... Mais ça risque d'être difficile ^^
Le quatuor infernal... risque d'être malmené
Merci beaucoup
@Kannelia Pour Layla et Gaby... il risque d'y avoir des blessés
Eh oui, Jake n'a pas eu la vie facile. Mais contente qu'il te plaise
Elle a intérêt d'apprendre de ses erreurs si elle veut le récupérer en tout cas !
Merci beaucoup à toi !
Chapitre 46Cœurs en réparation Point de vue de Rosalie
"Merci pour tout ça, Aloïs. Tu n'étais pas obligé.
- Bah, de rien.
- Et merci. Pour Jake. Je crois qu'il t'aimait beaucoup.
- Il t'aimait beaucoup aussi."
Oui, ça je le savais. C'était moi qui ne l'avait pas aimé assez. Ou du moins qui n'avait pas été capable de le montrer.
Je me levai.
"Rosalie, attends. Il reviendra... pour toi."
J'eus un léger sourire.
"Merci. C'est gentil."
J'aurais voulu y croire mais ça ne suffisait pas toujours.
Je rentrai. Chez-moi. Je m'étais perdue mais c'était fini. J'avais oublié que j'avais un chez-moi, oublié qu'il y avait des gens qui m'aimaient, oublié que j'avais de la chance, une chance immense. Maman m'attendait.
"Salut maman. Je suis rentrée. Je suis vraiment rentrée."
Et pour la première fois, je la serrai vraiment dans mes bras, comme une mère, sans rancune ni jalousie au fond de mon cœur.
"Joyeux anniversaire, mon ange.
- Non, maman. Je ne suis pas un ange. Mais je ferais de mon mieux."
Et la vie reprit son cours. Maman, Anna et Gaby m'avait préparé un cadeau d'anniversaire. Elle s'appelait Billie et ce n'était pas un ange, elle non plus. Mais elle était tellement mignonne qu'on pouvait bien lui pardonner certaines choses.
De mon côté, je m'étais dit que mes cheveux avaient assez souffert comme ça. Et puis au fond, ils n'étaient pas si mal au naturel. J'avais trouvé un boulot aussi. Dans le sport. Je n'étais encore qu'une petite assistante pour chercher les bouteilles d'eau des sportifs du coin mais j'essayais de faire de mon mieux pour progresser rapidement grâce au tapis de course que je m'étais offert.
En-dehors de ça, je passais le plus clair de mon temps à cajoler ma princesse. Elle était trop paresseuse pour bien vouloir aller courir avec moi mais par contre, niveau câlin, elle répondait toujours présente.
J'étais enfin revenue dans ma chambre initiale. La seule chose qui me manquait... c'était Jake, encore et toujours. Où était-il ? Que faisait-il ? Pensait-il à moi ? Et si c'était le cas, en bien ou en mal ? Tant de questions sans réponses qui me torturaient l'esprit.
Point de vue d'Annabel
Rien. Silence radio. Pourquoi ne pouvait-il pas juste appeler ? Une fois de temps en temps, quand il ne pouvait pas passer. Je ne voyais vraiment pas ce qui pourrait l'en empêcher. Et pourtant, encore une semaine de vide. Est-ce qu'il lui était arrivé quelque chose ?
Je lisais et relisais mon livre, cherchais tout ce que je pouvais trouver sur les vampires mais il n'y avait nulle part la catégorie "Votre vampire n'a pas donné de signe de vie depuis un moment ? - Toutes les explications." Il me manquait terriblement. Je n'avais aucun moyen de savoir s'il lui était arrivé quelque chose. Il ne répondait pas quand j'appelais et je ne savais où il passait ses journées et ses nuits, à part qu'il avait quitté le manoir familial.
Point de vue de Rosalie
"Aloïs ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ?"
Il arborait un grand sourire.
"Je t'ai ramené quelque chose."
Je lui jetai un regard interrogateur.
"Derrière toi."
Je me retournai. Et mon cœur cessa de battre instantanément.
"Salut.", lança-t-il.
J'avais envie de rire et de pleurer en même temps. J'avais rêvé de lui. Tous les soirs. Chaque matin, en me réveillant, je ne voyais que l'absence. Je n'avais pas été malheureuse, bien sûr. Je bossais dur pour mon travail, je faisais de mon mieux avec la famille, j'avais Billie pour mes moments de solitude. Mais il restait ce vide dans mon cœur.
Il avait à peine changé. Il avait juste l'air un peu plus vieux. Mais il était toujours aussi beau. Et il était toujours le seul à faire s'emballer mon cœur comme ça.
"Sa... Salut. Tu... Tu as changé de...coupe de cheveux."
Il esquissa un léger sourire.
"Toi aussi. T'es redevenue rousse.
- Euh... oui."
Je sentais le rouge me monter aux joues.
Dès qu'Aloïs reprit la parole, je me tournais vers lui de manière un peu trop empressée pour être naturelle. Je pouvais sentir que ses yeux étaient resté posés sur moi.
"Alors, Rosalie, comment ça va ?
- Bien. J'ai trouvé du boulot, maman continue d'écrire, Gabriel est entré au lycée, Anna continue de ramener d'excellentes notes et Billie, ma chienne, passe ses journées à dormir sur le canapé.
- Tu travailles où ?
- Je suis "responsable de l'eau" dans plusieurs clubs sportifs. Pour l'instant, ça ressemble plus à un petit boulot à temps plein, mais bon, j'espère avoir une promotion bientôt. Et puis, c'est plutôt confortable comme situation en attendant mieux."
Ma voix ne tremblait pas, c'était déjà ça. Et pourtant, j'avais la tête qui tournait.
"Dans le sport ?"
Mon cœur fit encore le fou dans ma poitrine.
"Oui, dans le sport.
- Tu ne voulais pas faire violoniste ?
- Je peux toujours continuer de jouer du violon à la maison. Et puis, je n'ai pas envie de faire comme mon père : des concertos à des heures pas possibles et toujours à dormir pendant la journée. Je n'ai pas envie d'être une mère absente."
Ce fut juste en le disant que je pris conscience d'à quel point j'aurais voulu que mon père fût là, toutes ces journées, et pas juste rentré à deux heures du matin pour se jeter dans le lit. Et ce fut également à ce moment-là que je pris conscience que j'avais envie d'être mère. Jusque là, je n'y avais jamais vraiment songé. Ça arriverait si ça arrivait. À présent, j'en avais envie. Et plus que ça : avec lui. Pour masquer l'embarras dont cette prise de conscience m'emplissait, je dis un peu brusquement :
"Vous pouvez entrer, si vous voulez."
"Tous les deux", ajoutai-je.
Je commençai à monter les marches derrière Jake quand Aloïs me rappela.
"Tu n'entres pas ?
- Désolé, mais je dois vraiment aller chercher June et Emily à l'école...
- Tu... tu t'en vas ? Mais... et Jake ?
- Vous vous en sortirez très bien tous les deux."
Et il partit, me laissant seule, avec mon ex petit-ami dans la maison.
À l'intérieur, je me figeai en voyant qu'il était en grande discussion avec ma mère. La même qui l'avait chassé de devant chez-nous la première fois que nous nous y étions retrouvés. Mais à mon grand étonnement, elle riait et le regardait avec une bienveillance maternelle qui me troubla encore plus que je ne l'étais déjà. Depuis quand ces deux-là s'entendaient-ils ? En même temps, je la comprenais. Il avait suffit que son regard brun chaud se pose sur moi pour que je perde tous mes moyens.
Dès qu'il m'aperçut, il se leva brusquement. Ma mère eut un léger sourire avant de s'éclipser. Moi, je ne bougeais pas, comme pétrifiée. Je ne savais même pas pourquoi il était revenu. Est-ce qu'il était venu me dire qu'il m'aimait encore ? Nous laisser une seconde chance ? Ou juste mettre un point final à notre histoire ? Ou faire semblant de jouer à "on reste amis". Je savais déjà que je ne supporterais aucune des deux dernières solutions. Mais quand était-il de lui ?
"Où est Aloïs ?"
Je pris une grande inspiration : "Parti. Chercher ses sœurs, apparemment.
- Emily et June ? On en vient."
Je le regardais, surprise.
"C'est ce qu'il m'a dit, pourtant.
- Bah... Dieu sait ce qui lui est encore passé par la tête. C'est bien le fils de sa mère !"
Il s'arrêta en plein rire, les yeux fixés sur moi comme s'il se demandait s'il avait le droit de rire devant moi.
Il y eut un silence. Je le rompis un peu brutalement.
"Comment ça va, toi, depuis la dernière fois ?
- J'ai été accepté dans une équipe de basket, loin d'ici.
- Loin comment ?, demandai-je timidement.
- Loin.
- Et alors ?
- C'est une super occasion que je n'aurais sans doute jamais plus.
- Tu t'en vas ?"
Je ne pus m'empêcher ma voix de trembler.
"Je pense. Et toi ? Comment ça se passe ? Tu penses déjà à la maternité à ce que je vois. Ma p'tite Rosie a bien grandi... Alors, tu as trouvé quelqu'un ?"
Son regard s'était fait fuyant. Et je ne pus retenir mes sanglots.
"Pourquoi tu es revenu, hein ? Juste pour te donner bonne conscience ? Pour voir ? Pour faire semblant de rien ? Ça veut dire quoi, ça : "loin" ? Tu viens, tu dis que tu t'en vas et tu repars, c'est ça ? T'avais pas à te donner cette peine !"
Ma voix frôlait l'hystérie. Soudain, il m'attira à lui, coupant court à ma tirade. Ses lèvres se posèrent sur les miennes et je le serrai plus fort contre moi. Je n'y comprenais plus rien. À part qu'il m'avait atrocement manqué.
"Jake... Pourquoi ?
- Je suis aussi paumé que toi.
- Tu restes, alors ?
- J'ai besoin d'y... réfléchir.
- Tu m'aimes encore un peu ?
- À ton avis, idiote ?
- Tu m'as manqué.
- Tu m'as manqué aussi. "
Il me lâcha brusquement et je pus enfin reprendre mon souffle.
"Qu'est-ce qu'on fait, alors ?, demandai-je après un silence.
- J'ai vraiment besoin d'y réfléchir, Rosie.
- Je t'aime, Jake.
- Je sais. Je t'aime aussi. Et je voudrais y croire. Sincèrement. Mais je n'ai pas envie de tout abandonner pour me faire jeter trois mois après parce que tu décideras sur un de tes coups de tête que je n'en vaux plus la peine.
- Je vais changer, Jake. J'ai déjà changé.
- Ça aussi, je voudrais y croire. Laisse-moi un peu de temps, tu veux ? Je vais y aller et on en reparlera plus tard, ok ?
- Ok."
Et il s'en alla comme il était venu, me laissant juste avec un grand vide en moi. Pourquoi fallait-il toujours que ce fût si compliqué ?
Point de vue d'Annabel
Le soir même, on mangea tous ensemble au restaurant pour la première fois depuis la mort de papa. Même Rosalie était là et ça faisait du bien au milieu de tous nos problèmes respectifs.
Ç'aurait dû être une soirée parfaite. Ça l'était peut-être dans un sens. J'étais heureuse d'être là. Je n'en voulais plus à Gaby. Après tout, peut-être qu'il réussirait à faire de Layla quelqu'un de bien. Peut-être qu'elle n'était pas aussi mauvaise qu'elle le laissait entendre. Peut-être que c'était juste une manière de me rendre coupable que de faire semblant d'aimer Al. Peut-être qu'elle aimait sincèrement Gaby mais que ce n'était juste pas dans son caractère de le laisser paraître. Je n'en voulais plus à Rosalie. Elle avait sans doute ses raisons pour se comporter comme elle l'avait fait. Et puis, ce n'était pas toujours facile d'être en accord avec nous-même.
Oui, ç'aurait dû être une soirée parfaite. Si je n'avais pas dit :
"Partez devant, j'ai envie de profiter un peu de cette belle soirée."
Est-ce que j'aurais été plus heureuse ? Est-ce que j'aurais préféré ne rien savoir du tout et qu'est-ce qui se serait passé alors ? Je ne savais pas et je ne le saurais jamais.
Lorsque je le vis, je sentis mon cœur s'accélérer. Il était là. Il allait bien. Et à cet instant-là, je n'avais que cette pensée. Je ne me posais pas de questions. J'allais l'appeler lorsque je la vis.
Layla... je n'avais pas envie de m'énerver contre elle. Pas ce soir-là. Je restais un peu en retrait.
"On va où après ?, demanda-t-il.
- J'sais pas. T'as soif ?
- Évidemment !
- Pourquoi tu veux pas boire sur moi ?
- Parce que c'est pas drôle, sinon.
- T'as raison."
Je n'aimais pas ce sourire qui se dessinait sur le visage de Layla. Elle était avec lui, toutes ces nuits où il avait refusé que je l'accompagne ? Pourquoi ? Mon cœur se serrait.
"T'as pas l'air en forme aujourd'hui."
Aujourd'hui. C'est bien ce qui me semblait, elle devait l'accompagner souvent. Elle fit un pas vers lui et je grinçai des dents.
"Tu voudrais pas qu'on aille faire un tour chez les Fontenêt ? Parce qu'ils commencent à me courir un peu. Surtout ta petite chérie.
- Non !
- Arrête de jouer aux princes charmants surprotecteurs. Elle dirait quoi si elle nous voyait, hein ? Elle te haïrait, pas vrai ?"
Ce fut à cet instant-là que mon cœur se brisa. Elle s'approcha encore plus près de lui et l'embrassa. Il ne la repoussa pas, ne fit même pas semblant. Comme si c'était naturel pour eux.
J'étais la dernière des idiotes. Depuis combien de temps ça durait, dans mon dos ? Et moi qui faisait semblant de prendre en pitié mon frère alors que moi-même, je me trompais du tout au tout. Elle se détacha de lui et me lança un regard. Et je sus qu'elle m'avait vu depuis le début.
"Oups."
Al fronça les sourcils. Il suivit son regard et me vit.
"Anna !"
Je le regardais avec horreur et dégoût.
"Anna !", répéta-t-il d'un ton suppliant.
Je me retournais et courus, courus le plus vite que je pouvais. Pour ne pas voir, ne pas penser. C'était un cauchemar. Juste un affreux cauchemar.
"Anna ! Attends !
- Laisse tomber Al.
- Lâche-moi !"
Je me retournais une dernière fois, juste avant de tourner à l'angle de la rue. J'eus un rire amer. C'était un peu trop tard pour regretter, mon p'tit Al.
Je rentrai à la maison en courant, le cœur en milles morceaux. Gaby était juste devant la maison.
"Ça va, Anna ? On s'inquiétait ! Tu as couru ?
- Gaby... Ô Gaby !"
Je me jetais dans ses bras.
"Hey ! Calme-toi. Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?"
Je fondis en larmes.
"C'est... c'est Al...
- Qu'est-ce qu'il a fait ?"
Son ton s'était durci.
Il me prit par les épaules.
"Écoute, je sais pas ce qu'il t'a fait, cet imbécile mais s'il t'a fait du mal, il en vaut pas la peine. Et si tu veux qu'on aille lui casser la figure, y'a pas de problème. Billie et moi, on s'en charge. Et on peut même demander un coup de main à Rosie."
J'eus un sourire à travers mes larmes.
"T'es bête.
- Je plaisantais. À moitié. Ça va aller ?
- ... J'sais pas. Peut-être.
- Viens à l'intérieur et on parlera au calme, ok ?"
Je finis par reprendre un semblant de calme et je lui racontai tout ce que j'avais vu et entendu. Lorsque j'eus finis, il ne dit rien. Juste au bout d'un moment :
"Je suppose que c'était couru d'avance, hein ?"
À son ton, je compris qu'il l'aimait vraiment. Autant que j'aimais Al.
"Qu'est-ce que tu vas faire ?
- Rien. Et toi ?
- C'est-à-dire rien ?
- J'ai pas envie de me prendre la tête. Elle sait très bien ce qu'elle a fait. Si elle a le culot de se représenter ici, je l'accueillerais comme il se doit, sinon, ce sera juste comme si elle n'avait jamais existé. Comme avant que je ne la rencontre."
Sur ces mots, il se leva et partit dans sa chambre.
Faire comme s'il n'avait jamais existé... Mon téléphone vibra. Il avait un sacré culot pour m'appeler maintenant après un si long silence. Il devait bien s'amuser, avec Layla pour n'avoir même plus le temps d'appeler. J'éteignis mon portable et allai me coucher.
Point de vue de Rosalie
"T'es toujours aussi nulle."
Je poussai un hurlement et me retournai en position de défense. Je poussais un soupir de soulagement en reconnaissant Jake.
"T'as pas la conscience tranquille, toi !"
À vrai dire, j'étais en train de penser à lui.
"D'habitude, personne ne vient me trouver ici, ok ? À part Billie éventuellement et elle ne parle pas, aux dernières nouvelles. Et excuse-moi de ne pas avoir ton talent.
- Désolé. C'est ta mère qui m'a dit où tu étais.
- Je la retiens, alors."
"Tu cries vraiment fort...
- C'est bon, arrête de te moquer !"
Bizarrement, j'arrivais à me comporter à peu près naturellement quand il blaguait. Mais dès qu'il redevint sérieux, j'eus beaucoup plus de mal.
"Comment ça va depuis la dernière fois ?
- Bien... Je crois. Et toi ?
- Bien.
- Tu veux qu'on aille parler à la maison ?
- Je veux bien si ça ne te dérange pas...
- Je bosse dans deux heures. On a un peu de temps."
Nous rentrâmes donc. Je ne savais pas vraiment comment me comporter. J'allumai la télé et m’asseyais sur le canapé. Jake me rejoignit. Il passa un bras autour de mes épaules et je sentis une drôle de chaleur m'envahir.
"T'as l'air tendue. Ça va, au boulot ?
- Je crois que c'est pas à cause du boulot..."
En relevant la tête, je me retrouvai nez-à-nez avec lui. Pfiouh... Mon petit cœur n'allait pas supporter tout ça très longtemps.
"Tu es toujours aussi belle.
- Hum... On se concentre, Jake. Tu devais pas me dire quelque chose ?
- J'ai oublié..."
"C'que tu peux être bête ! Je croyais qu'il fallait que tu réfléchisses...
- Mais je réfléchis...
- Et qu'est-ce que ça donne ?
- Je sais pas encore.
- Et tu sauras quand ?
- On peut arrêter d'en parler ?
- Je ne comprends toujours pas ce que tu attends de moi...
- Rien. Sois juste toi-même et ça ira très bien pour moi."
Ça n'avait jamais été simple, lui et moi. Au fond, rien n'avait vraiment changé. On avait juste un peu vieilli, tous les deux. Mûri, je l'espérais. Peut-être un jour, ce serait plus simple... On était quand même compliqués, tous les deux... Alors que c'était si naturel de s'aimer.
Il revenait presque tous les jours. Sa présence était même devenue naturelle dans mon petit coin de solitude. On s'entraînait, l'un à côté de l'autre. En silence, le plus souvent. Plus le temps passait et plus j'avais peur de la réponse à mes questions. Je savais qu'il ne pourrait pas laisser la question de son départ en suspens très longtemps. Et plus je le sentais près de moi, plus l'idée de son départ m'était intolérable.
L'autre jour, nous étions allés tous les deux chez Aloïs. Il avait quitté la maison familiale et j'avais entendu dire qu'il s'était marié. Je voulais au moins le féliciter. Et puis, tout ce qui m'arrivait était quand même grâce à lui.
Il y avait une surprise qui nous attendait là-bas. La femme d'Aloïs venait d'avoir une petite fille. En prenant dans mes bras cette petite chose, si fragile et qui, pourtant, semblait régner sur son foyer, je sus que c'était tout bonnement impossible. Impossible d'envisager ma vie sans Jake. Je nous voyais déjà, je me demandais quelle tête il ferait si jamais un jour, je lui annonçais que nous allions avoir un enfant. J'imaginais son sourire penché sur un berceau. Une petit bébé, nous aussi ? Est-ce qu'on y aurait le droit un jour ?
Le lendemain, Jake était là. Mais pour une fois, il n'entra pas, restant devant la porte, semblant hésiter. Après une attente intriguée, je finis par me décider moi-même à aller vers lui.
"Salut Jake...
- Salut, Rosalie."
Rosalie... c'était rare qu'il m'appelle comme ça. Mon cœur battit plus vite.
"Il s'est passé quelque chose ?
- Rosalie... J'ai décidé. Je ne peux pas attendre plus longtemps... C'est injuste envers tout le monde. Alors..."
Ma tête se vida d'un coup. Il ne pouvait pas partir. Peut-être que j'étais juste restée une égoïste de première au final mais je ne pouvais pas le laisser repartir. Ç'aurait été renoncer à tout. Mes rêves, mes espoirs, ma vie.
"Jake... Est-ce que tu veux m'épouser ?"
Bon ben pour le quator ça semble mort, au pire peut etre Al et Anna si ils font la paix ...
Et enfin Rosie à compris, elle a vraiment grandie, espérons que Jake le vois comme ça et que tout compte fait il tente quand même le coup
Joli chapitre qui donne envie d'avoir la suite^^
@Himari74 : eh bien quelle renaissance pour Rosalie
Adieu l'adolescence.... elle a mûri et deviens une jeune femme plus posée et à l'écoute de son coeur
Mais quel sera la réponse de Jake à sa fougueuse déclaration d'amour ???...
Hâte de le savoir, car ce n'est pas encore dans la poche cette histoire hein!!!...
Quant à Al... ben ma foi il assume.. il n'a rien fait pour repousser Layla...
Ah ouai carrément la demande ! Rosalie ne fait jamais les choses à moitié c'est un truc qu'on ne peut pas lui reprocher
C'est bien qu'elle ai enfin trouvé un équilibre avec son boulot, sa famille et son chien. Il manque plus que Jake Il a pas intérêt à dire non ! Elle fait beaucoup d'efforts pour lui Rosie
Bon par contre entre Anna, Layla, Al et Gaby ça risque de faire des étincelles...
Cette Layla c'est vraiment la reine des chipies (pour ne pas dire gar*ce, oups !) Elle ne mérite pas l'amour de Gaby.
Et Al je ne sais pas trop quoi en penser...
@nicolasB Haha, c'est sûr
Oui, Rosalie a changé, ou au moins, elle essaie. Faut voir ce que Jake en dira...
Merci beaucoup
@EstelleMinigames Rassure moi, t'as respiré entre les deux
Merci beaucoup, je suis vraiment contente que ça t'ait plu
@Pythonroux Pourquoi j'étais sûre que tu dirais ça ?
@Kannelia Oui, elle change ^^
La réponse de Jake... je crois que c'est à voir juste en-dessous
Non, c'est sûr. Il ne peut pas tout rejeter sur Layla.
Merci pour ton gentil comm'
@Blue8white Non, c'est sûr
Oui, je crois que l'équilibre était ce qui lui manquait le plus Haha, je crois que Jake a tout intérêt à stresser s'il refuse. J'en connais une qui risque de lâcher quelques loups
C'est le moins qu'on puisse dire Et pour Layla aussi, je suis d'accord
Al... à voir
Chapitre 47 Rosalie
Jake resta un moment interloqué devant la bague que je lui tendais. En mon fort intérieur, mon cœur battait à toute allure. J'étais bête ! Je n'aurais pas dû faire ça aussi brusquement ! Ce n'était ni le bon moment, ni le bon endroit. Zéro romantisme. On dirait juste une pauvre gamine qui cherche n'importe quel moyen pour le retenir. Mais c'était trop tard pour reculer, maintenant.
Brusquement, il éclata de rire. Je fus totalement désarçonnée. Je m'attendais à tout sauf à ça. Je dus avoir l'air très blessée parce qu'il redevint sérieux très rapidement. Mon cœur saignait d'incompréhension. Il n'y avait absolument rien drôle dans tout ça.
"Tu ne veux pas, c'est ça ?, dis-je en tentant de rester digne.
- Hey, Rosalie ! Ne décide pas à ma place !"
Il prit la bague. Je ne comprenais plus rien. Et ça, ça voulait dire oui ?
"Bien sûr que ça veut dire oui !"
J'avais pensé à voix haute...
"Jake ! Je ne comprends rien du tout... Tu... Je..."
Il me coupa le sifflet d'un baiser.
Non, je ne comprenais décidément rien du tout.
"Pardon, c'était vraiment nul de rire. Mais tu me surprendras toujours..."
Compliment ou pas compliment ?
"Rosalie, il faut que je te dise... Ça fait bientôt une semaine que je leur ai dit que je leur ai dit que ça se ferait sans moi.
- De quoi tu parles ?
- De l'équipe de basket, nounouille !"
Attends... Une semaine ?
"Et moi, pendant tout ce temps, je m'en faisais pour rien ????? Je me disais toujours que t'allais partir, j'avais peur de te parler de ça et toi... tu... !"
J'hésitais entre rire, lui hurler dessus ou pleurer.
"Jake Adams, vous êtes un monstre !
- J'avoue que c'était peut-être une petite vengeance pour toutes les fois où tu m'as demandé d'attendre... Mais c'est aussi que j'avais besoin d'un peu plus de temps que toi, visiblement, pour préparer ma demande.
- Hein ?
- Tu croyais que c'était quoi que je venais te dire ?"
Ok, j'avais peut-être tiré quelques conclusions un peu hâtives. Je laissais son sourire me gagner.
Finalement, Jake emménagea avec nous quelque jours après...
"Beaucoup de bruit pour rien, non ?, plaisantai-je.
- Pour rien, je ne dirais pas ça... Tu ne sais pas ce qui se serait passé si on avait décidé de vivre ensemble dès le début. Je n'aurais manqué pour rien au monde ta demande en mariage.
- Oh, ça va !
- Et puis, j'suis pas sûre que ta mère aurait dit oui.
- Alors que maintenant, elle est totalement folle de toi ! Grand séducteur, va !
- Tu vas pas recommencer à être jalouse d'elle ?
- Hmmm... Non. Je crois que je n'échangerais ma place pour rien au monde."
Je réussis à négocier avec maman que nous refissions totalement l'étage du haut pour en faire une chambre... pour mon fiancé et moi.
"Bien sûr que je suis d'accord ! Mais... et toi ?"
L'étage... c'était autrefois là-haut que logeai Léo. Jake me jeta un petit coup d'œil.
"Évidemment, sinon je ne te poserai pas la question."
Il sourit et je souris aussi. Le passé était le passé.
Et l'étage fut bientôt méconnaissable.
Annabel
Ces derniers temps, je me rendais de plus en plus régulièrement à la bibliothèque. J'avais besoin de solitude et là, au-milieu des rayonnages remplis de livres, je me sentais plus chez-moi qu'ailleurs. À la maison, c'était trop bruyant et quand je voyais Rosie avec Jake, je ne pouvais m'empêcher de me dire que j'étais à sa place, quelques jours plus tôt, dans les bras d'Al.
"Annabel !"
Je me retournai un peu surprise.
"Tristan ?"
Tristant était dans ma classe cette année mais je ne lui avais jamais adressé la parole - comme à presque toutes les personnes de ma classe en fait. C'était surprenant qu'il connaisse même mon nom.
"Désolé si je te dérange. T'avais oublié ça... Je pensais te le rendre demain mais comme je te croise maintenant..."
Il me tendit un livre... C'était celui sur les vampires que j'avais acheté quand j'avais appris pour Al. J'avais presque oublié que je l'avais, celui-là.
"Merci... Mais tu aurais pu le garder.
- Pourquoi ?
- Disons que je n'en ai plus... l'utilité.
- Pourtant, tu avais l'air d'y tenir... Et puis, c'est bête de jeter un livre, non ? On sait jamais quand on aura envie de le relire.
- C'est vrai... mais il me rappelle des mauvais souvenirs.
- C'est pas en jetant tout ce qui peut nous rappeler nos mauvais souvenirs qu'ils s'en vont. Sinon, on vivrait tous enfermés dans une boîte sans porte ni fenêtre ! Enfin, après, c'est juste ce que je pense..."
Il n'avait pas tort...
"Merci, en tout cas.
- De rien ! À demain, au lycée !
- Euh... oui... à demain."
Il est bizarre, quand même, ce garçon. Mais pas bizarre au sens négatif du terme. Enfin, ça n'a pas vraiment d'importance. Je retournai me perdre dans les rayonnages.
"T'aimes quoi, comme livres ?"
Une voix me fit sursauter. Je ne savais pas depuis combien de temps je me trouvais là, perdue dans mes pensées mais ça devait faire un moment vu à quel point cette voix me paraissait incongrue dans mon espace sonore.
"Désolé... Je voulais pas te faire peur.
- Non, c'est pas grave. Je m'attendais pas à retomber sur toi.
- Elle est petite, cette bibliothèque. C'est dommage d'ailleurs.
- Tu viens souvent ici ?
- Oui. Y'a très peu de place chez-moi pour les livres. Du coup, je viens lire ici la plupart du temps.
- Et tu lis souvent ?
- Ben ouais. Mais t'as toujours pas répondu à ma question.
- Oh, désolée. C'est qu'en fait, je sais pas trop... J'aime bien tout, je crois, du moment que c'est bien écrit.
- Sauf quand ça a trait aux vampires, c'est ça ?
- Hein ? Oh, je suppose, dis-je en me souvenant du livre qu'il m'a rendu.
- Haha, si Viktor entendait ça..."
"Aaaah !"
Il eut l'air de se souvenir brusquement de quelque chose et ses yeux s'éclairèrent.
"J'avais totalement oublié que j'étais en mission !
- En... mission ?
- Ouaip' ! Tu sais, pour le projet de sciences qu'on doit faire en groupe..."
Je l'avais totalement sorti de ma tête, celui-là. Je pensais demander à Lisa et Tara, les deux filles avec qui je "traînais" avant qu'elles n'apprissent qu'Al était mon copain et qu'elles ne me rangeassent dans la catégorie "pas fréquentable".
"Est-ce que t'as déjà un groupe ?
- Moi ? Pas vraiment. Pourquoi ?
- Tu voudrais pas le faire avec nous, du coup ?
- Hein ? Qui ça, nous ?
- Viktor et moi.
- Mais je le connais pas, Viktor !"
En fait, je ne connaissais pas vraiment Tristan non plus.
"Bah, c'est le type au fond de la classe qui a toujours l'air de dormir, très beau gosse et avec la peau à peu près aussi foncée qu'Edward Cullen."
Je le regardai avec des yeux ronds.
"Tu vois pas ?
- Si... C'est juste..."
Je me retenais de rire.
"T'as une drôle manière de le vendre, ton ami !
- Hum hum. Il est très gentil et facile à vivre, doux avec les enfants. Ne mords pas et apprend vite ! Offrez une nouvelle vie à cet adorable petit chiot !
- N'importe quoi !
- Alors ?
- Euh... moi, ça ne me dérange pas mais... tu es sûr qu'il sera d'accord.
- Il a pas le choix ! Associable comme il est, il râlera de toutes façons. Évite juste de lui dire que t'aime pas les bouquins avec des vamps' !
- C'est pas que j'aime pas...
- Mauvais souvenir ?
- En quelque sorte."
Le lendemain soir, je prévins maman que j'allais chez... après beaucoup d'hésitation sur le terme à employer "un ami". Je ne savais pas vraiment si c'était le cas mais pour moi, il était ce qui s'en rapprochait le plus. À bien y réfléchir, c'était surtout sur un concours de circonstances qu'on se retrouvait là. J'avais oublié mon livre, il me l'avait rendu et comme on avait un travail de groupe à faire et que j'étais par là, il m'avait proposé de travailler avec lui. Mais il était gentil. Pour la première fois depuis longtemps, je me dis que ça ne serait pas si mal d'avoir un ami.
"C'est cool que t'ait pu venir ! Viktor devrait arriver mais je crois qu'il devait ramener sa sœur d'abord.
- Ok... Mais ça va pas déranger tes parents que je vienne ?"
" En fait... je vis tout seul.
- Ah oui ? Je ne savais pas. Et tu ne te sens jamais seul ?
- Si mais je voulais aller au lycée et il n'y en a pas à Granite Falls.
- Tes parents vivent à Granite Falls ?
- Non, mon frère. J'ai perdu mes parents, quand j'étais petit. C'est mon frère qui m'a élevé..."
Oh ! J'avais mis les deux pieds dans le plat...
Ce fut le moment que choisit Viktor pour arriver. Il m'avait toujours fait peur mais bon, je supposais que ce n'était juste pas un bavard. Ils formaient quand même un drôle de duo avec Tristan...
"T'as mis Elsa au lit, tu l'as bercée et tu lui as lu une histoire ?
- Très drôle."
Il me jaugea un peu du regard.
"Euh... Bonjour ?, lançai-je de manière hasardeuse.
- Salut."
Son ton était neutre mais pas franchement amical.
Tristan nous fit entrer. Son apart' était tout petit.
"Je t'épargne la visite guidée ! Y'a trois pièces : ici, c'est la pièce à vivre, là ma chambre et là les toilettes", dit-il juste en me désignant deux portes.
Nous nous mîmes au travail.
"On ferait mieux de répartir les tâches, ça ira plus vite que de tous travailler sur le même truc en même temps, suggérai-je timidement.
- Ouaip', bien sûr."
Nous commençâmes donc. En travaillant, Tristan essayait de discuter avec nous. Viktor parlait peu mais j'avais l'impression qu'il me fixait, jugeant toutes mes réponses.
"Au fait, toi, t'as des frères et sœurs ?
- Oui. J'ai une grande sœur, Rosalie et un petit frère, Gabriel.
- Ton frère est au lycée, c'est ça ?
- Oui. Mais ma sœur travaille déjà.
- Et elle fait quoi ?
- Euh, elle est dans le sport avec son fiancé. Et toi, ton frère, il fait quoi ?
- Garde forestier. Il est marié et il a un p'tit garçon.
- Et toi, elle a quel âge ta sœur ?, demandai-je un peu timidement en me tournant vers Viktor qui me fixait effectivement.
- Elle est au collège, en troisième."
Il y eut un silence.
"Tu te débrouilles bien", déclara Viktor au bout d'un moment en regardant ce que je faisais.
Je fus surprise.
"Euh, merci.
- Si tu pouvais nous aider au lieu de draguer Viktor, ce serait sympa !
- J'vous aide. Et puis c'est toi qui fais que causer depuis tout-à-l'heure, grommela-t-il.
- Ouais mais moi je cause et je bosse, nuance."
Je rougis un peu et replongeai la tête dans ce que j'étais en train de faire.
Lorsque nous eûmes fini, il faisait presque nuit. Tristan regarda dehors.
"Aïe. Il est plus tard que je pensais. Ça ira avec tes parents, Annabel ?
- Oui, mais il vaudrait mieux que je rentre maintenant.
- Tu veux que je te raccompagne ?
- Ah, euh...
- J'peux le faire", déclara Viktor.
Même Tristan eut l'air surpris.
"Ça te fait faire un gros détour.
- On en parle du tien ? C'est plus logique que je le fasse vu que t'es chez-toi. 'Fin, sauf si ça te dérange, Annabel."
Je crois que je ne l'avais jamais entendu prononcer autant de mots à la suite.
"Vous êtes très gentil, tous les deux... Mais vous savez, vous n'êtes pas obligés...
- J'ai une tête à faire un truc parce que j'y suis obligé ?, lança Viktor.
- Pas vraiment..."
Un semblant de sourire éclaira son visage.
Nous marchâmes en silence selon mes indications et je commençai à me demander si je n'avais pas rêvé ce sourire. Parce que là, il n'avait pas l'air franchement ravi.
"Bon ben, c'est là. Merci pour tout", déclarai-je finalement avec un sourire un peu gêné.
Voyant qu'il ne répondait pas, j'allais m'en retourner chez-moi quand il ouvrit enfin la bouche.
"Attends, Anna. Je voulais te dire... à propos de Tristan. Ne crois pas qu'il a fait ce qu'il a fait par devoir ou... parce que tu te trouvais juste là en passant."
Je le regardai, un peu intriguée.
"Je veux dire... je crois qu'il t'aime vraiment bien. Il trouvait... que t'avais pas l'air dans ton assiette ces derniers temps. Avant, tu restais seule mais t'avais juste l'air de penser à autre chose. Là, il trouvait que... je sais pas trop mais que t'en souffrais vraiment. Après, peut-être qu'il se trompait... Bref, je voulais juste que tu saches que Tristan fait jamais un truc par hasard, même s'il peut être un peu maladroit."
Il faisait à ce point attention à moi ? Je veux dire, moi, je ne le connaît pas Tristan. Et comme je restais tout le temps dans mon coin, je pensais que personne ne me prêtait attention.
"Ton bouquin, c'est moi qui l'ait trouvé."
Alors, même ça... ce n'était pas dû au hasard.
"Merci. Merci de m'avoir raccompagnée et de m'avoir dit tout ça... Je crois que Tristan a de la chance de t'avoir."
Je lui souris et il eut l'air un peu déstabilisé.
"C'est plutôt l'inverse... À demain.
- Moi, j'étais contente de passer ce moment avec vous deux. J'espère que ça ne t'a pas trop dérangé que je sois là...
- Non. Ça va.
- Hmm... Viktor ?
- Ouais ?
- Je me demandais. Toi, t'as fait tout ça pour faire plaisir à Tristan... ou... je peux espérer qu'on devienne amis ?
- Au début, ouais, c'était pour ça.
- Et maintenant.
- Maintenant, je me dis que j'aurais peut-être dû te le ramener moi-même, ce bouquin."
Je n'étais pas sûre de savoir comment je devais le prendre... Il me tourna le dos.
"À demain, Viktor !
- Ouais, c'est ça, à demain."
Il me fit un petit signe de la main par-dessus son épaule. Je crois... que je viens de me faire deux amis. Et ça me fait drôlement plaisir.
Gabriel
J'étais en train de geeker sur mon pc, comme souvent ces derniers temps puisque je n'avais rien d'autre à faire. Entre Anna qui voyait ses deux nouveaux potes, Rosalie qui vivait son bouquet de violettes au bras de Jake et maman qui partageait son temps entre chouchouter Billie et écrire ses bouquins, c'était un peu la solitude. À un moment -j'sais pas trop pourquoi, on devait avoir gardé une certaine connexion- je regardais par la fenêtre. Et devinez qui je vis ? Une semaine que je ne lui avais pas parlé. Pour moi, elle était rayée à tout jamais de la liste. Mais elle débarquait là, comme une fleur, la bouche en cœur.
"Gaby, ça fait trop longtemps ! T'étais passé où ? Tu répondais plus ni au tél, ni aux messages. Il s'est passé un truc ?
- C'est bon, t'as fini de faire joujou avec ton rouquin et tu reviens me voir, c'est ça ? C'est une blague, j'espère !
- Hein ? Mais de quoi tu parles ?"
"Tu le sais parfaitement ! Peut-être qu'avec Al ça marche, mais pas avec moi.
- Gaby, je...
- TAIS-TOI ! Je veux plus rien savoir de toi, tu comprends ça ? Va t'en ! Disparais ! T'as voulu joué, t'as perdu. Alors ne fais pas semblant de regretter après coup. Garde ta salive si tu veux pas m'énerver encore plus."
J'ai un goût amer dans la bouche. Je lui faisais confiance. C'est encore pire de l'avoir en face de moi. Et ses grands yeux de merlan frit. Elle est trop bonne actrice. Qu'est-ce que j'ai pu être bête, bon sang !
"Je suppose que ça ne sert à rien de me chercher de fausses excuses.
- Évidemment que ça ne sert à rien.
- Alors, je voulais juste te dire que moi, ça m'avait fait vraiment plaisir, ces moments qu'on a passés tous les deux. Mais je suis super bête. J'ai toujours été jalouse de ta frangine. Moi, j'suis rien qu'une ratée alors qu'elle, elle a pas besoin d'artifices pour être jolie, pas besoin de faire semblant pour être gentille, pas besoin de mentir à celui qu'elle aime. Pardon, Gaby, j'ai jamais voulu te faire du mal.
- Et là, c'est vrai ? Comment je pourrais te croire, Layla ?
- Toi, tu m'aimais pour ce que j'étais et ç'aurait dû me suffire mais j'te l'ai dit, j'suis une ratée.
- J'ai jamais pensé que t'étais une ratée. Peut-être que t'aurais pas dû venir me parler, ce jour-là.
- Non, peut-être que j'aurais pas dû."
Ça me fait mal au cœur. J'étais tellement heureux de l'avoir rencontrée. Elle représentait tant de choses pour moi. Est-ce qu'elle a changé ou est-ce que j'étais juste trop aveugle pour voir ? Je me souviens pourtant d'une époque où on était juste quatre gamins. Une après-midi, elle m'avait appelé, moi et pas Al. Une fois, on avait séché les cours pour aller regarder les nuages ensemble. Elle avait juste l'air heureuse. Est-ce qu'elle pensait déjà qu'elle était une ratée ? Est-ce qu'elle pensait déjà que je n'étais qu'un moyen pour arriver à faire du mal à Anna ? Ou est-ce qu'on était juste deux enfants qui étaient bien, là, à regarder les nuages ?
Annabel
"Cette nouvelle coupe de cheveux... j'avais déjà remarqué mais ça te va vraiment bien...
- Ah, merci !"
Ça me faisait bizarre d'attendre seule avec Tristan. En fait, je crois que je ne m'étais pas encore habituée à sa spontanéité. Elle avait toujours le don de me faire rougir.
"Toujours en retard ce Viktor !
- Je crois que c'est nous qui sommes en avance !, répondis-je en souriant.
- T'es sûre que ça te dérange pas qu'Elsa vienne ? Parce qu'elle est un peu... envahissante.
- Tu ne l'aimes pas ?
- C'est pas ça, c'est juste la vérité.
- Si c'est la sœur de Viktor, ça devrait aller, non ?
- Justement, ils sont...très différents.
- C'est-à-dire ?"
"TRIIIIIIIIIIIIIS !!!!"
Une petite rouquine en furie sauta au cou de Tristan avant que je n'eus le temps de comprendre ce qui se passait. Il poussa un soupir.
"Genre, comme ça. Annabel, je te présente Elsa, la sœur de Viktor.
- C'est qui elle ?", lança Elsa avec un regard peu amène dans ma direction.
Je la dévisageai également, incrédule. C'était vrai qu'elle ressemblait un peu à Viktor physiquement... en fait, ils avaient les mêmes yeux. Mais en-dehors de ça...
"Elsa ! Fais un effort !
- C'est quoi son prénom ? Son nom de famille ? Son signe astrologique ? Depuis quand vous vous connaissez ? De quoi vous avez parlé ? Et depuis quand tu parles à des filles, Tris ????
- T'es pas ma mère, Elsa !
- Si t'écoutais quand on te parle, au lieu de t'enfuir en courant, tu le saurais. Je t'ai dit qu'Anna venait avec nous", soupira Viktor en arrivant à côté de moi.
"Aaaah ! Mais c'est toi Annaaaa ! Viktor m'a tellement parlé de toi !"
Brusquement, son visage s'était illuminé en un grand sourire.
"Exagère pas non plus, grommela Viktor.
- Il est pas trop chou quand il fait son timide ???
- Tu pourrais t'excuser, au moins, non ?, lança Tristan tandis que Viktor s'enfermait dans son mutisme.
- C'est bon, je suis sûre qu'elle m'en veut pas, pas vrai ? On va devenir super copines, toutes les deux !"
Elle me serra dans ses bras, rayonnante.
Elle était très spontanée, elle-aussi. Mais pas du tout de la même manière que Tristan. J'avais un peu l'impression que c'était le genre de fille à qui on n'avait jamais rien refusé. Je ne savais pas vraiment pourquoi elle avait changé à ce point d'avis à mon sujet... je supposais juste que je le devais à Viktor. Après, je ne dis pas que je ne l'aimais pas... Comment dire ? Elle était un peu... déstabilisante.
Nous entrâmes dans la salle d'arcade et elle se précipita aussitôt vers une des bornes en entraînant Tristan.
"La dernière fois, on s'était arrêté au niveau 9, tu te souviens ? Faut qu'on batte notre record !"
Tristan sourit, l'air amusé et je ne pus m'empêcher de ressentir un bizarre pincement au cœur.
"Désolé, me souffla Viktor et je sursautai.
- Pourquoi ?
- T'as pas l'air ravie qu'elle soit là, je me trompe ?
- Disons... que je ne suis pas très à l'aise avec les gens comme elle.
- Tu ferais une partie de baby-foot ?
- Euh... oui, si tu veux."
Je leur tournais le dos et au final, je m'amusais bien avec Viktor. Mais de temps en temps, je les entendais rire et je me sentais un peu mise à l'écart.
"Aaaaah ! On va mourir !!! Pourquoi j'y arrive jamais, à ce passage-là ???? Et voilà... Encore game over."
On avait fini notre partie de baby-foot -je m'étais faite battre à plate couture par Viktor- quand ils se retournèrent, l'une râlant, l'autre souriant, comme à son habitude.
"Annabel ! Tu viens jouer ?
- Moi, mais j'ai jamais...
- C'est le moment de tester !"
En mon fort intérieur, j'étais ravie et je ne me fis pas longtemps prier avant de prendre place près de Tristan.
"Hey ! Tu gères en fait !
- Pourtant, je t'assure, je découvre !"
Je me pris très rapidement au jeu.
"Celui-là, il est pour toi !
- Je vais jamais y arriver ! Oh !
- Yes, tu l'as eu ! Bien joué, Annabel !"
"Moi-aussi, je voulais refaire une partie !
- C'est bon, tu joueras après ! Viens jouer aux cartes plutôt !
- C'est naze ! T'es bête ou tu le fais exprès ?
- Fais pas la tête comme une gamine ! On jouera tous ensemble après.
- Annabel, sur la droite !"
J'avais jeté un coup d'œil en arrière pour voir le regard meurtrier que lançait Elsa à son frère mais je me reconcentrai bien vite sur le jeu.
"ON L'A EU ! J'Y CROIS PAS !"
"C'est grâce à toi !"
Il me serra dans ses bras. Je fus un peu surprise, avant de lui rendre son étreinte. Est-ce que c'était normal que mon cœur s'emballât ainsi ? Calme-toi, Anna, c'est juste Tristan... Juste Tristan, vraiment ? Non, ce n'était pas le moment. Vraiment pas. J'avais encore trop mal à propos d'Al.
Comme promis, on refit une partie tous ensemble puis Viktor et Elsa durent partir.
Épuisée, je m'étais affalée sur une chaise. Qui a dit que les jeux vidéos n'étaient pas un sport ? De son côté, Tristan s'affairait autour de la machine à glace.
Il avait l'air tellement concentré que je sentis un léger sourire un peu idiot naître sur mes lèvres. Parfois, il était juste trop mignon.
"Madame est servie !", lança-t-il brusquement. Il me tendit un cornet, l'air encore plus fier de lui que quand on avait gagné tout-à-l'heure.
"Pour moi aussi ?
- Bien sûr ! À notre victoire !
- C'est super gentil !
- Tu me remercieras quand tu auras goûté !"
J'obtempérai.
"Hmmm ! C'est trop bon ! Où t'as appris à faire des glaces comme ça ?
- Haha ! Mon frangin est le pro des glaces !
- Le fameux !
- Viktor fait que dire que je ne jure que par lui... Il a peut-être raison. En même temps, c'est le meilleur grand frère de la terre ! Faudra que je te le présente un jour !
- À moi ?
- Ouais ! Il t'adorerait ! Je vais le voir ces vacances ! Il m'a dit que mon neveu avait commencé à marcher ! J'ai trop hâte de voir ça ! Y'a peut-être moyen que tu viennes aussi, non ?
- J'aimerais beaucoup ! Mais il faudra que je demande à mes parents, d'abord."
Mes derniers jours en tant que lycéenne filaient à un train d'enfer. On se retrouvai souvent tous les quatre après les cours. J'avais appris à apprécier Elsa malgré tout. Même si je continuais d'être un peu jalouse chaque fois qu'elle s’agrippait au bras de Tristan - ce qui arrivait souvent, en fait. Un soir, Viktor me prit un peu à part.
"Anna, ma mère aimerait que vous veniez manger à la maison, toi et Tristan.
- Hein ? M... moi aussi, vraiment ?
- Ouais... T'es pas obligée, tu sais, je pourrais lui expliquer.
- Non, non. Je veux bien mais... en quel honneur ?
- Je sais pas. Je crois... qu'elle essaie de se faire pardonner.
- Pardonner pour quoi ?
- Rien, oublie. C'est un peu tendu, en ce moment entre Elsa et maman, c'est tout.
- Ok ? Tu sais que si... y'a quoi que ce soit, tu peux en parler. Que ce soit avec Tristan ou moi... Et que ce soit pour Elsa ou... pour toi.
- Y'a vraiment rien. Elle fait juste sa crise d'ado, normal quoi."
Dans ce cas, qu'est-ce que sa mère a à se faire pardonner ? Enfin, je n'allais pas fouiller dans ce qui ne me regardait certainement pas.
À sa maison, tout s'est finalement très bien passé. À part que je ne m'attendais pas du tout à ce que ce soit aussi classe. C'était une immense maison avec piscine, terrain de basket, statue à l'entrée,bar, pièces démesurées et déco hors de prix. Je ne m'attendais pas vraiment à ça mais la mère de Viktor fut très gentille.
"Je suppose que tu dois être Anna ! Fais comme chez-toi !"
Effectivement, sitôt le repas finit, Elsa fila dans sa chambre mais à part ça, ça n'avait pas l'air si électrique que ça. Avec Tristan et Viktor, nous restâmes un peu discuter, avant de rejoindre Elsa dans la chambre de son frère.
Puis vint l'heure de rentrer. Tristan proposa de me raccompagner avec sa gentillesse si naturelle habituelle. Mais au moment de partir...
"Anna ! Attends, il faut que je te parle."
Viktor nous avait suivis. Il regarda Tristan avec insistance et celui-ci finit par lâcher :
"Bon ben, je t'attends plus loin, Annabel."
Il n'avait pas l'air franchement ravi. Et moi, je me demandais ce que Viktor avait de si important à dire que Tristan ne pouvait pas entendre.
Viktor avait l'air totalement différent de d'habitude. Plus grave et tendu.
"Anna", reprit-il avant de s'arrêter de nouveau.
- Oui ?
- J'ai... je... je ne sais vraiment pas comment dire ça... Je... Tu sais... quand j'ai dit... que j'aurais dû te le ramener, ton bouquin. Eh bien, en fait, je pensais que... comme ça, je t'aurais rencontrée avant... et que j'aurais pu en savoir plus sur toi parce que tu m'intriguais. Maintenant... j'ai toujours envie d'en savoir plus sur toi... Et je crois que c'est... parce que... je t'aime."
Je restai un peu hébétée. Je ne m'attendais vraiment pas à ça.
"Euh, Viktor, je suis vraiment désolée mais..."
Je ne savais pas vraiment quoi dire. Je n'avais jamais vu Viktor autrement que comme un bon ami. Et puis, il y avait la blessure pas encore refermée que m'avait laissée Al.
"C'est bon, je crois que j'ai compris. Tristan t'attend, va le rejoindre."
Il partit, la porte claqua derrière lui. Moi, je me sentais tellement mal...
"Ça va ? T'as l'air toute... bizarre.
- Non non, ça va.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Oh, rien ! Rien du tout."
Mon ton sonnait horriblement faux et j'avais baissé les yeux en rougissant. Je n'étais vraiment pas douée pour mentir. Tristan fronça les sourcils.
"Ok... Viens, dépêche-toi ou tes parents vont se poser des questions.
- Ma mère, corrigeai-je machinalement. J'ai perdu mon père.
- Je savais pas. Pourquoi tu me l'as jamais dit ?
- Ah... Je sais pas.
- Comme tu sais pas ce que t'as dit Viktor", lança-t-il de manière un peu cinglante.
C'était la première fois qu'il avait l'air en colère.
"Je... je suis désolée...
- Non, c'est moi qui suis désolé."
Arrivé devant chez-moi, il m'enlaça un peu maladroitement avant de repartir.
Ça faisait un peu beaucoup de choses à gérer. Je ne comprenais même pas pourquoi Tristan s'était vexé et quant à Viktor, je ne savais même pas comment il se comporterait la prochaine fois que je le reverrais. Et parfois, j'avais juste l'impression que derrière ses sourires, Elsa me détestait. Heureusement, c'était le week-end. Le samedi, je pourrais au moins le passer tranquille... le dimanche, c'était mon anniversaire et nous avions prévu de nous retrouver tous les quatre après ma petite fête en famille. Mais bon, dimanche était dimanche. On verrait bien à ce moment-là.
En attendant, des jeux-vidéos sur le canapé était la meilleure solution à mon humble avis.
"Ça commence par mettre des lentilles, virer sa frange, ça continue par "sortir avec des potes" et maintenant, ça pique la console de son frangin ? Tout va bien, sinon, dans ta vie, Anna ?
- Bien sûr ! Ou en tout cas, ça allait. Là, j'essaie de faire le tri...
- Si tu veux faire le tri, y'a ma chambre aussi...
- Dans tes rêves !"
J'avais l'impression qu'on s'était pas mal rapprochés avec Gaby. Peut-être était-ce suite à l'affaire Al-Layla... Mais on plaisantait bien ensemble et ça me faisait plaisir de le voir rire. Parce qu'il le méritait bien. J'avais franchement pas été sympa quand il était avec Layla et je le regrettais bien. Mais il ne m'en voulait pas... parce qu'il était comme ça, Gaby.
J'allais demander à maman si je pouvais sortir mais je tombais sur elle en grande discussion avec Rosalie. C'était bizarre mais ces deux-là s'étaient beaucoup rapprochées. Moi, j'étais encore un peu gênée. Rosalie et moi avions toujours été tellement différentes. Et puis, c'était peut-être bête mais je n'avais pas oublié comme elle m'avait rejetée quand nous étions petites... Je me décidai malgré tout.
"Maman... Est-ce que ce soir, je pourrais aller manger avec des amis ?
- Encore ce Tristan ?
- Euh... oui, et Viktor et Elsa aussi, tu sais.
- Ça ne me dérange pas si tu ne rentres pas trop tard !"
"C'est qui ce Tristan ?
- Bah, un ami...
- Haha ! Est-ce qu'on aura l'honneur de le rencontrer un jour.
- Je sais pas..."
J'étais un peu gênée, et ce n'était pas juste parce que c'était Rosalie. Qu'est-ce qu'ils avaient tous avec Tristan ? Est-ce que j'en parlais vraiment beaucoup plus que des deux autres ? Alors, je n'en avais même pas conscience... C'était vrai que j'aimais passer du temps avec lui et parler, de tout et de rien... On avait pas mal de choses en commun. D'ailleurs, il fallait que je lui disse que j'avais fini les deux premiers tomes de la série qu'il m'avait conseillée. Mais c'était tout, non ? On parlait bouquins, on jouait aux jeux-vidéos ensemble, parfois, il me raccompagnait... C'était pas bizarre, si ?
Durant le repas, je me rendis brusquement compte que je ne parlais presque qu'avec Tristan. Je jetai un coup d'œil aux deux autres. Viktor avait l'air encore plus renfermé que d'habitude. Est-ce que rien ne serait plus comme avant parce que je l'avais repoussé ? Elsa, elle, avait l'air de boire les paroles de Tristan alors même qu'il ne lui parlait pas du tout. En fait, on faisait un peu bande à part à parler de notre série... c'était peut-être pas très sympa vis-à-vis des deux autres.
"J'ai lu pour C...
- Oh... C'est horrible hein ?
- Ce que j'ai trouvé le plus horrible, c'est le "Heureusement qu'il vous en reste deux"*
- Oui, et "Après tant d'heures passées à guetter, immobile, penchée, un bras sous l'oreiller. Le seul instant où elle s'était écartée."*."
Après le repas, au moment de rentrer tous ensemble, je retins Viktor.
"Viktor, écoute... Je... Est-ce que tu me détestes ?
- Hein ? Non.
- Même après... hier.
- Tu t’inquiétais pour moi ?"
Il sourit un peu tristement.
"Tu sais, je crois que même si je le désirais ardemment, je ne pourrais pas te détester. Tu es beaucoup trop mignonne."
Je rougis violemment.
"En ce moment... j'ai beaucoup de choses désagréables en tête et ce n'est pas de ta faute, rassure-toi.
- Ça a un rapport avec ta mère et Elsa ?
- Hein ? Oh, oui... en partie.
- Je peux faire quelque chose ?
- Contente-toi de rester toi-même... Et moi, j'essaierais de ne pas te causer du souci."
"Vous êtes tout le temps collés l'un à l'autre ! C'est mignon, remarqua Elsa quand nous les rejoignîmes finalement.
- Pas du tout", rétorqua Viktor un peu brutalement.
Je ris jaune. Je me tournai vers Tristan qui me fixait intensément. Il détourna aussitôt le regard. Je me sentis blessée.
Le lendemain, c'était mon anniversaire.
Ça y est, j'étais jeune adulte. J'avais un peu peur de tout ce qui m'attendait. J'espérais surtout que notre amitié à quatre n'en pâtirait pas. Je ne me sentais jamais aussi bien qu'avec eux... à part peut-être avec Gaby.
Je serrais toute ma famille dans mes bras. Ils comptaient tellement pour moi, eux-aussi...
Maman était toute émue. C'est vrai qu'elle n'était plus toute jeune avec trois enfants aussi grands que nous. Papa nous avait quitté depuis un moment maintenant et même Gaby se rapprochait de plus en plus de l'âge adulte... Rosie allait se marier... Moi... moi, je n'avais pas vraiment de projets... qu'est-ce que j'allais faire plus tard ? Je n'y avais jamais vraiment réfléchi. Et avec qui, je passerais ma vie ? En-dehors de mes amis, je n'étais toujours pas douée pour la communication. Et puis, l'amour... le temps où j'embrassais fougueusement Al me semblait si lointain mais je ne savais pas si j'aurais jamais le cœur de recommencer.
"Ma coupiiiine !"
Je venais juste arriver à notre lieu de rendez-vous quand Elsa me sauta au cou.
Viktor et Tristan me firent un petit signe de la main. Je fus soulagée de remarquer qu'ils avaient tous les deux l'air comme d'habitude.
"Je te préviens, on n'a pas eu notre mot à dire, dit Tristan.
- Mais vous allez voir, ça va être l'éclate !"
Elsa me tira par le bras, les garçons suivirent, l'air pas franchement emballés. Quand je vis vers quel lieu elle nous emmenait, je compris.
Pourquoi ça ressemblait totalement à Elsa ?
En entrant, je repérais une robe très jolie, je devais le reconnaître.
"Je connais ce regard !", s'exclama Elsa et elle me pressa d'entrer dans une cabine d'essayage.
Je ne pus m'empêcher de me demander si elle plairait à Tristan. À l'instant où cette pensée me traversa l'esprit, j'en rougis. Qu'est-ce qui me prenait avec Tristan ? Est-ce que vraiment...?
Je venais de me rhabiller quand..;
"Anna ?"
Cette voix... Je pensais ne plus jamais l'entendre de ma vie. Mon cœur loupa plusieurs battements. Je me retournai lentement. Pitié, mon Dieu, faites que ce soit un cauchemar...
"Al."
@Himari74 : coucou et contente de te relire
Et quel retour en fanfare!!... Enfin, bonheur et sérénité pour Rosalie
Eh oui le passé est derrière... Jake c'est l'avenir... belle vie à eux maintenant
Hé!hé!... Anna est courtisée de toute part Viktor... ou Tristan?... J'aime beaucoup le premier avec son petit air de Prince le chanteur ♥
Un fantôme du passé qui réapparaît... va y avoir de l'ambiance dans la prochaine MAJ...lol...
C'est une belle suite à rebondissements que j'ai grandement appréciée
bon Rosalie Check
Anna : pas dans la mouise, trio amoureux, retour de Al aie aie aie
Gaby : bah qu'il profites de son adolescence, et il a bien fait de se séparer de Layla, il mérite mieux
J'ai tout lu ! ... Et j'ai bien pleuré XD ! Franchement, merci pour les émotions ! Je suis contente que Rosalie puisse finalement être heureuse, et avec Jake qui plus est ! Son histoire à lui... alors qu'il manque des bouts dans tes anciens posts, mais j'ai compris la fin...
J'espère que les histoires d'Anna vont s'arranger, quand même ! La pauvre... En plus, si Al décide de lui faire du mal, il peut, il a des pouvoirs magiques, lui u_u ... Et Gaby, le pauvre bébé, tellement gentil, qui se fait rouler dessus par des gens méchants... (comment ça, cette phrase est empreinte de manichéisme ? XD) J'ai été trop triste quand Akira a passé l'arme à gauche aussi... Bouuh... Bon voilà, ton histoire me fait éprouver plein d'émotions hein ! (et tant mieux )
Coucou tout le monde ! Je suis vraiment désolée pour avoir été si longtemps absente Un grand merci à tous pour me suivre et j'espère que cette suite vous plaira
@Kannelia Merci beaucoup
Oui, Rosalie a enfin le droit à son bout de bonheur... J'aime beaucoup le couple qu'ils forment avec Jake. Je crois qu'ils vont avoir une belle longue vie devant eux
Pour Viktor, c'est vrai qu'il y a de l'idée On verra bien qui Anna choisit
Vraiment merci pour ton commentaire et ta constance sur chacune de mes histoire qui me fait toujours autant plaisir
@nicolasB J'ai adoré le "Rosalie check"
Oui, Anna va bien devoir finir par se décider
Gaby, je l'ai un peu délaissé dans la maj qui arrive mais je lui réserve encore deux-trois petites choses
La suite... elle arrive juste en-dessous. Un peu tard, peut-être : encore désolée
@Horthak Vraiment merci beaucoup pour avoir pris le temps de tout lire ! Ton commentaire me fait vraiment très plaisir
Je suis super contente si cette histoire a pu vraiment te plaire et de te voir à ce point dans l'histoire, c'est vraiment quelque chose qui me touche
J'espère que la suite pourra te plaire autant
Chapitre 48
Point de vue d'Annabel
Comment peut-il ? Comment peut-il se tenir face à moi avec son grand sourire, comme si rien ne s'était passé ?
Il continuait de parler comme si de rien n'était. Moi, j'étais pétrifiée. Est-ce qu'il se rendait seulement compte de tout ce qu'il avait brisé en moi ? Que me voulait-il, à présent ? Pourquoi fallait-il qu'il revînt quand tout semblait aller mieux ? Je croyais que j'avais guéri mais ce n'était pas vrai; J'avais juste une désespérante envie de pleurer.
"T'es toujours avec moi, Anna ?"
Il me regardait avec un air interrogateur. Qu'est-ce qu'il pouvait bien venir de dire ? Non, en fait, je m'en moquais. Je voulais juste fuir, trouver un moyen d'échapper à ce regard de braise qui n'avait laisse de moi que des cendres et des espoirs déçus.
"Écoute, je... je suis désolée..."
Ma voix s'étranglait dans ma gorge. J'étais pitoyable. Je n'avais pas progressé d'un pas, depuis ce jour-là.
"Non, c'est pas grave. C'est de ma faute. Tu m'as manqué, Anna. Si tu savais comme tu m'as manqué..."
Il fit un pas vers moi. Je me figeai. Jamais. Jamais je ne pourrais le pardonner. C'était la seule chose dont j'étais sûre. Mais j'étais bien incapable de faire le moindre mouvement.
Et puis, sans que je compris vraiment comment, il était là.
"C'est toi, Al Gothik ?
- Ouais, pourquoi ? C'est quoi ton problème ?
- Et c'est quoi le tien pour que tu sois incapable de comprendre que tu es la dernière personne au monde qu'elle a envie de voir ?"
Je crois que c'était la première fois que je le voyais aussi en colère. Et moi, je ne m'étais jamais sentie aussi soulagée de toute ma vie.
"Je peux savoir de quoi tu te mêles ? Est-ce que je t'ai parlé, à toi ?
- Désolé d'avoir gâché le retour du héros. Mais je crois que j'ai pas vraiment gâché grand chose à part le film qui se passait dans ta tête.
- Franchement, en quoi c'est ton problème, c'te histoire ? T'es qui toi ?
- Quelqu'un qui se soucie d'autre chose que sa petite tronche de joli vampire, peut-être.
- Ah ouais ? Tu te prends pour Superman ?
- Non, pas du tout. J'en ai juste marre que les types dans ton genre croient qu'ils ont le droit de faire certaines choses sous prétexte juste parce que plusieurs filles leur tournent autour.
- Qu'est-ce que t'en sais ? Qui tu crois être pour savoir ce qu'il se passe dans ma tête ? En quoi ça te regarde, cette histoire ?"
La situation commençait clairement à tourner au vinaigre entre ces deux-là. Je pris une grande inspiration. À moi de l'affronter, maintenant. Je n'allais pas rester toute ma vie figée chaque fois qu'il apparaîtrait dans mon champ de vision, à me cacher derrière le dos de Tristan. Même si je devais reconnaître que c'était plutôt tentant.
"Al ! Ça suffit, maintenant.
- Mais Anna... je... laisse-moi m'expliquer...
- Je n'ai aucune envie d'entendre tes mauvaises excuses ! Tu savais très bien ce que tu faisais et tu savais très bien à quel point ça me briserait de le savoir. J'ai voulu croire en nous deux mais maintenant, j'ai compris. C'était bien plus facile d'être avec Layla, hein ? Elle, au moins, elle ne t'a sûrement jamais dit que ce que tu faisais était mal. Tu m'en as toujours voulu parce que je ne "comprenais pas", n'est-ce pas ? Eh bien, tu as raison. Je ne comprends pas et je n'ai plus aucune envie de comprendre. Fais ce que tu veux, maintenant. Mens, triche, vole. Ce ne sont plus mes affaires. Tu me l'as bien fait comprendre."
"Anna... Je sais que je n'aurais jamais dû faire ce que j'ai fait. Mais tu dois me pardonner. J'ai besoin de toi, Anna. Vraiment. J'ai essayé mais... c'est toi que j'aimerais toujours, que j'ai toujours aimé. Pardonne-moi, Anna...
- C'est trop tard, Al. Maintenant, j'ai juste envie de ne plus jamais entendre parler de toi.
- Tu... tu ne penses pas ce que tu dis...
- Ô si. Adieu, Al."
Il resta un instant à me regarder, l'air hébété, comme s'il n'en croyait pas ses oreilles. Puis, il se détourna finalement et partit. Je restai là. Je me sentais à la fois triste, comme si on m'avait ôté une part de moi-même mais je me sentais également étonnamment légère, comme débarrassée d'un fardeau que j'avais trop longtemps porté.
"Annabel ? Ça va aller ?"
Je fus tirée de mes pensées par Tristan qui s'était rapproché. Je lui souris. Oui, ça irait. Parce qu'il était là. Ce fut à cet instant que je compris à quel point il était devenu important à mes yeux. Je me sentis bizarre. Je songeai à toutes ces choses, à tous ces petits bouts de bonheur qui étaient entrés dans ma vie depuis qu'il était venu me rapporter ce livre. Je songeai à son enthousiasme de l'autre jour quand nous étions tous à la salle d'arcade, mon bonheur quand il m'avait appelé pour le rejoindre à la borne, puis cette glace qu'on avait partagée. Vraiment des petites choses. Mais si importantes pour moi.
Il me serra brusquement dans ses bras et je sentis mon cœur s'emballer encore plus. Je ne m'habituerais sans doute jamais à ces gestes qu'il avait parfois, si spontanément.
Il ne me lâcha qu'au bout d'un long moment qui passa pourtant à la vitesse de l'éclair. Mes joues devaient être en feu mais il ne sembla pas le remarquer. Il me regarda intensément. Puis, quand il ouvrit enfin la bouche, sa voix ne paraissait plus du tout aussi assurée qu'il y a quelques instants.
"Annabel..., commença-t-il, je... En fait, je..."
Brusquement, la sonnerie de son téléphone retentit et nous sursautâmes tous les deux.
"Euh... Désolé, je dois répondre..."
Je souris et le regardai sortir du magasin avec un peu de tristesse. J'aurais tellement voulu savoir ce qu'il voulait me dire... Mais bon, c'était juste une interruption, n'est-ce pas ?
Pourtant, quand il lâcha enfin son téléphone, il ne rentra pas dans le magasin. Il ne me lança pas même un regard. Il était très pâle, les yeux dans le vide, l'air sonné, comme si toute sa vie venait de s'effondrer sous ses pieds, emportant toutes ses certitudes de l'instant d'avant.
Je me précipitai dehors. Je souriais encore, espérais encore mais j'avais la bizarre impression qu'il n'était pas prêt de finir sa phrase.
"Tristan ? Ça va ? Il s'est passé quelque chose ?"
Je ne l'avais jamais vu comme ça, l'air totalement perdu, sans vraiment me voir. Mon sourire parut encore plus crispé.
"Écoute... Anna... Je... j'ai besoin d'être seul, ok ?
- Qu'est-ce qu'il s'est pass...
- Laisse-moi. S'il te plaît."
Je le regardai me tourner le dos puis partir en me demandant qu'est-ce que j'avais raté. J'avais l'impression qu'on venait de me déchirer le cœur en deux. Après une minute d'espoir, déjà, tout était envolé, et lui avec. Comprendrais-je jamais comment il fonctionnait ?
Je rentrai de nouveau dans le magasin.
"Viktor t'a cherchée partout !", s'exclama Elsa dès qu'elle me vit.
Je m'efforçai de sourire mais quelque part au fond de moi, j'étais toujours dehors, à attendre qu'il revînt, qu'il m'expliquât...
"Désolée... Tu voulais quelque chose ?
- Non, rien... Juste savoir où t'étais vu que Tristan et toi vous avez disparu dès qu'on a eu le dos tourné !"
"T'étais avec Tris ?"
La voix d'Elsa s'était brusquement durcie.
"Oui... pourquoi ?
- Il est où, alors, maintenant ?"
Il y eut un silence. Je déglutis...
"Euh... il a dû partir... Je ne sais pas... il a reçu un coup de téléphone... et après ça... il avait l'air... de ne pas se sentir très bien...
- Et tu ne lui as pas demandé ce qui n'allait pas ?
- J'ai essayé mais..."
Pourquoi avais-je la bizarre impression d'essayer de me justifier face au tranchant de ses yeux d'acier ? Je ne comprenais toujours pas cette fille... Elle passait de la meilleure amie qui m'offrait des grands sourires, des signes de la main et s'agrippait à mon bras, à une véritable ennemie, froide et distante, dont le regard semblait me disséquer littéralement.
"Tant pis, alors ! On se reverra demain, pas vrai ?, coupa Viktor en entraînant sa sœur.
- Attends ! J'ai pas fini !
- Ô si !, rétorqua Viktor en fronçant les sourcils. À demain, Anna !"
Je ne répondis même pas.
Point de vue de Rosalie
Depuis quelques jours, mon ventre n'arrêtait pas de faire des siennes et le doute commençait à s'insinuer en moi... Et si...? Cette nouvelle m'emplissait étrangement d'une sorte de crainte mêlée d'euphorie. Moi, maman ? Et puis Jake, papa ? Qui aurait cru qu'on en arriverait là ?
"Jaaaake !
- Qu'est-ce qui te prends, à hurler comme ça dès le matin ?
- Assieds-toi, s'il te plaît...
- Quelque chose ne va pas ?"
Il commençait à avoir l'air inquiet. Je finis par sourire. Mon Jake... papa... Ça lui allait si bien.
"Tu sais... tous ces derniers temps... je ne me sentais pas au meilleur de ma forme...
- Je sais bien, oui... Et alors ? C'est grave ?
- Mon ange... je crois que je suis enceinte !"
Devant son absence de réaction, j'ajoutai :
"C'est merveilleux, non ?"
Il ne disait toujours rien.
"Jake ?"
Je l'embrassai.
"Ça fait drôle, hein ? De se dire qu'on va être parents à notre tour... Mais ça serait pas juste qu'Aloïs soit le seul à y avoir droit, pas vrai ?"
Je lui souriais encore mais il avait toujours l'air un peu absent.
Je lui pris finalement la main. À mon grand désarroi, il retira la sienne.
"Jake... qu'est-ce qu'il te prend ?"
Il se leva.
"J'ai besoin de prendre un peu l'air, Rosalie.
- Mais Jake... attends !"
Il partit, me laissant dans la plus noire incompréhension.
Je descendis finalement à sa suite. Il devait sans doute être parti se défouler sur le punching-ball. Avec rage, j'attrapai un couteau pour commencer à préparer le petit déjeuner, des larmes de colère et d'incompréhension coulant silencieusement sur mes joues. Est-ce qu'il n'aurait pas pu m'expliquer, au moins ? S'il avait peur, pourquoi ne pas le dire ? Moi-aussi, j'avais peur. Bien sûr que j'avais peur, surtout vu comment je m'étais toujours comportée vis-à-vis de ma propre mère ! Mais tout le monde avait peur, non ? Pourquoi cette fuite ? Est-ce que nous n'étions pas là pour vivre tout à deux ? La crainte comme la joie ? Est-ce que ce n'était pas pour ça qu'il avait tout lâché ? Pour que nous soyons deux ?
"Rosalie ? Qui prépare à manger ? Rendez-moi ma fille !"
Maman s'approcha doucement de moi.
"Il s'est passé quelque chose ?"
"Mon fiancé est un imbécile !, répondis-je, catégorique.
- Ouh là ! Déjà ?
- C'est pas drôle, maman !
- Alors raconte-moi...
- En fait... Jake et moi allons avoir un enfant...
- Un enf.... Et c'est comme ça que tu l'annonces à ta pauvre mère ?
- Plains-toi à Jake. Je lui ai dit ce matin... et... il n'a absolument rien dit. Il est parti. Il a dit qu'il avait besoin de prendre l'air. Point. Il n'a même pas dit un mot sur ce qu'il ressentait.... Il est juste sorti, comme ça ! Et moi, qu'est-ce que je suis censée faire ?
- Préparer le petit déjeuner en attendant qu'il revienne ?
- Maman !"
Elle me serra finalement dans ses bras.
"Allons, Rosie... Tu as déjà traversé plus difficile, non ? Et puis, tu devrais commencer à le connaître, ton homme. Il revient toujours. Pour toi. Il a juste été un peu bouleversé par ce petit grand changement et ça se comprend, non ?
- Oui, bien sûr... J'aurais juste voulu qu'il en parle...plutôt que...
- Oui, oui, je sais. Mais ça ira. Il viendra le manger, ton petit déjeuner."
Je ne pus m'empêcher de sourire.
Point de vue Jake
Jake, tu es un imbécile.
Je frappai un coup sur le punching-ball.
Oui, un imbécile. Pourquoi suis-je parti comme ça ?
Tu le sais très bien, Jake. Tu as peur... Peur de découvrir que tu ne vaux pas mieux qu'eux...
Je ne serais jamais comme mes parents ! Jamais !
Mais comment être autrement ? On ne m'a jamais appris... Comment être un bon père ?
Point de vue d'Annabel
Le lendemain matin, j'espérais que Viktor aurait réussi à obtenir une meilleure réponse de la part de Tristan que celle que j'avais obtenu moi-même. Mais lorsque j'arrivais au lieu où il nous avait donné rendez-vous, il était seul avec Elsa qui m'ignora superbement. C'était à se demander ce que j'avais pu lui faire de si terrible. Viktor, lui, me fit un petit signe de main. Je m'approchai de lui avec espoir.
"Tu as pu parler avec Tristan ?"
Il se renfrogna aussitôt.
"Pas vraiment."
Je n'insistai pas et changeai de sujet.
"Elsa... va bien ?", lançai-je en jetant un petit coup d'œil à la table où elle était assis plus loin.
Il grimaça de nouveau.
"Disons... qu'elle fait juste une petite crise d'adolescence.
- Elle me déteste ?
- Non ! Non... ce n'est pas toi qu'elle déteste... En fait, elle ne déteste personne, je crois. Juste que les choses ne tournent pas toujours dans le sens qu'elle voudrait.
- Oh... Et... ça ira ?
- On verra."
Je le pris maladroitement dans mes bras. C'était bien la seule chose que je pouvais faire.
Au même instant, quelqu'un me bouscula.
"Oh, pardon !", lançai-je en me retournant.
Mon interlocuteur ne répondit pas et passa son chemin. Je le reconnus aussitôt.
"Tristan ! Tristan, attends !"
Sans réfléchir, je le suivis tandis qu'il entrait dans un musée.
"Tristan !"
Je posai ma main sur son épaule, le forçant à se retourner.
"Enfin, je te rattrape !"
Mon sourire faiblit un peu devant son air distant.
"Tristan... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Ça n'a pas d'importance.
- Bien sûr que si, ça en a ! Arrête de dire des bêtises... Je vois bien que quelque chose ne va pas !"
Il me regarda longuement, comme s'il hésitait. Puis, il tourna les talons.
"Tu n'as qu'à retourner voir Viktor. J'avais pas l'air de manquer tant que ça, il y a cinq secondes."
Hein ? Qu'est-ce qu'il raconte ?
"Tristan !"
Mais il était déjà parti. Et moi, je restais là, tellement seule. Je ne comprenais même pas pourquoi il s'était montré si agressif. J'aurais tellement voulu savoir, l'aider... Ma tête était pleine de pourquoi. Et la seule personne qui pouvait y répondre venait de me tourner le dos.
"Anna... "
Viktor m'avait finalement rejointe.
"Je ne sais vraiment pas ce qu'il lui prend. Je n'ai rien pu obtenir de lui, l'autre jour. C'est pas de ta faute, tu sais... Il doit juste passer par une mauvaise phase... ou alors, il a vraiment reçu une mauvaise nouvelle l'autre jour... J'en sais rien mais je sais que tu es... très importante pour lui, disons."
Je ne dis rien. J'avais trop mal. Je sortis machinalement du musée à la suite de Viktor. Je m'approchai de la table où se trouvait Elsa. En me voyant approcher, elle se leva, les yeux brillant de rage.
"Tu sais quoi, Annabel Fontenêt, tout ça c'est de ta faute !
- Elsa !, gronda Viktor, menaçant.
- Non, tais-toi ! Tu sais très bien que j'ai raison ! Vous le savez tous ! Avant qu'elle débarque, tout allait bien, tout le monde était content ! On s'amusait bien, tous les trois ensembles ! Mais depuis qu'elle a commencé à se mêler à notre groupe, Tristan a commencé à devenir plus distant avec moi, et même avec toi, Viktor ! Puis maintenant, on ne sait même pas pourquoi il ne veut plus parler à personne mais je suis sûre que ça a à voir avec elle. Et toi-aussi, tu as changé à cause d'elle. Tu es plus dur avec moi que tu ne l'as jamais été ! Et puis, je sais très bien qu'elle t'a rejeté...
- Ça suffit, maintenant, Elsa."
"Non ! Ça ne suffit pas ! Ça ne suffit pas puisqu'elle ne comprend pas ! Elle ne comprend pas que toi tu te sacrifies toujours pour que les autres soit heureux ! Je sais très bien que depuis le début, je n'ai jamais su me comporter autrement que comme une petite fille pourrie-gâtée et que c'est tout-à-fait normal que Tristan préfère Anna à moi parce qu'elle est gentille, douce, patiente et intelligent, tout ce que je ne serais jamais mais ce n'est pas juste que toi tu sois puni ! Toi, tu mérites d'être heureux !"
Je ne comprenais absolument rien à ce qu'elle racontait, ni pourquoi ses yeux se brouillaient de larmes au fur et à mesure qu'elle criait, de plus en plus fort.
"Elsa. Calme-toi. Je crois qu'il vaut mieux qu'on rentre à la maison.
- Non ! Je ne rentrerais jamais plus à la maison !
- Qu'est-ce que tu racontes, Elsa ?
- Je sais très bien qu'on va encore partir, que tu vas encore être triste ! Je ne veux plus être complice de papa. Moi, je voulais juste qu'on soit une vraie famille. Même si on avait pas d'argent, tu sais, je m'en fichais. Je voulais juste qu'on soit heureux. Je voulais juste que tu souries encore comme tu souriais ce jour-là. Mais maintenant... maintenant... tout s'en va encore... Alors que tu recommençais juste à sourire un peu comme avant... Alors que tu commençais juste à être un peu heureux...
- Elsa, arrête. S'il te plaît."
Je n'avais jamais vu Viktor avoir l'air si profondément marqué par une tristesse profonde, pas même le jour où il m'avait tourné le dos après que j'ai repoussé son baiser.
Il soupira en se tournant vers moi.
"Anna... Il faut que tu saches... On ne se reverra sans doute plus jamais.
- Hein ? Mais pourquoi ?
- Eh bien... "Il était une fois un jeune homme qui s'appelait Richard. Il était marié à une femme très jolie qui venait d'accoucher de leur deuxième enfant. Ils avaient juste un garçon et une fille qu'ils avaient appelés Viktor et Elsa. Tout allait bien pour eux, en somme. Et puis, le père a perdu son travail. Sa jolie petite famille a dû faire face à la misère pour la première fois. Mais Richard ne pouvait pas supporter de les voir tous souffrir à cause de lui. Alors, un jour, il a pris une décision. Ce soir-là, quand il est rentré, il avait plein de cadeaux pour ses enfants. Quand sa femme lui a demandé où il avait trouvé tout ça, il n'a rien répondu. Il leur a juste dit qu'il avait trouvé un nouveau travail et qu'ils allaient enfin pouvoir revivre comme avant, et même mieux que jamais. Tout semblait de nouveau aller mieux. Et puis, il y eut ce soir... Au beau milieu de la nuit, Richard est allé réveiller sa femme et ses deux enfants. Il avait l'air très tendu. Il fallait se dépêcher. Partir. C'est ce soir-là que le petit Viktor a compris que le travail de son papa ne devait pas vraiment être un très travail très "conventionnel". Il avait déjà remarqué que sur les jouets qu'on lui ramenait, certains comportaient un nom qui n'était pas le sien mais ce soir-là, tout est devenu très clair.
"Tu es l'aîné !, disait Richard, sans cesse. Tu es responsable de ta sœur. Si jamais il m'arrive quoi que ce soit, c'est toi qui seras responsable de la famille, d'accord ?"
Viktor avait peur. Mais il ne fallait pas le montrer. Il ne fallait rien dire.
Juste "ça va aller", sans en être vraiment sûr soi-même.
Et puis, on changeait de vie. Ça devenait presque habituel. Un soir, papa rentrait et il fallait faire les bagages. C'était comme une course contre la montre. Il fallait apprendre un nouveau nom de famille, adopter une nouvelle maison, une nouvelle vie.
Et encore, et encore, répéter "ça va aller". Il ne fallait pas qu'Elsa sût. Ça l'aurait rendue trop triste, il le savait.
Et puis, il y a eu cette fois-là. Ça faisait un moment qu'ils n'avaient pas déménagé. On aurait presque oublié à quel point leur vie était instable. Viktor l'avait oublié. Il y avait juste une fille, elle s'appelait Emma. Elle était un véritable ange. Elsa l'adorait. Et Viktor aussi. Viktor surtout.
Puis, ils ont déménagé. Fin de l’histoire.
Voilà, conclut Viktor. C'est tout ce qu'il y a à savoir. Cette nuit, on sera sans doute partis. J'aurais juste aimé qu'on puisse se réconcilier avec Tristan avant ça."
Je ne trouvais rien à dire. Je crois qu'il n'y avait rien à dire.
"Adieu, Anna.
- Adieu, Viktor. Adieu, Elsa."
C'était triste comme les choses finissaient si vite. Un jour, on était quatre, le lendemain, je me retrouvais seule. Un jour, Al était le centre de mon monde, le lendemain, je lui disais de disparaître de ma vue. Un jour, je croyais que Tristan m'aimais, le lendemain, je songeais qu'il me détestait. Oui, c'était bien triste comme le choses changeaient. À peine avait-on le temps de les voir passer qu'elles étaient déjà perdues.
Point de vue de Rosalie
J'étais toujours furieuse contre Jake et dès que j'entendis le bruit de ses pas, je courus me réfugier comme une gamine dans la salle de bains.
"Où est Rosalie ?, entendis-je très clairement.
- Elle hésite entre te sauter au cou ou bouder et comme elle a peur de céder à la première tentation, elle se cache.", répondis ma mère avec flegme.
J'entendis Jake ouvrir à peu près toutes les portes de la maison mais je me gardai bien de bouger, les bras croisés. Dès qu'il ouvrit finalement cette porte, je ne pus empêcher mon regard de s'adoucir.
"Rosalie...", commença-t-il.
"Pardon..., continua-t-il. Je ne sais pas pourquoi... j'ai paniqué. Mais tu sais bien que je ne te laisserais jamais toute seule, n'est-ce pas ? Et puis, moi-aussi, je le voulais ce bébé... C'est juste que j'ai peur... de ne pas savoir quel père être pour lui."
Il me prit les mains.
"Tu me pardonnes ?"
Je fis un effort incroyable pour extirper mes mains de la chaleur des siennes.
"C'est trop facile !, m'écriai-je. Tout ça, c'était ce matin qu'il fallait me le dire ! Si tu t'enfuis en courant au moindre problème, effectivement, tu risques d'avoir quelques problèmes pour élever notre enfant !
- Je sais, j'ai eu tort. Pardonne-moi, Rosie. Je te promets que je ne referais jamais ce genre de choses...
- Ça aussi, c'est facile, de promettre."
Il sourit.
"Je sais. Mais je crois que je n'ai vraiment pas envie de me re-disputer avec toi. Alors, je crois que je la tiendrais cette promesse.
- Tu triches."
Je l'embrassai. Moi non plus, je n'avais pas vraiment envie de me disputer avec lui.
L'hiver vint. Et avec lui, les fêtes de Noël et la naissance de mon bébé approchaient de plus en plus. Ça faisait vraiment bizarre.
Mais c'était beau. J'avais l'impression que plus rien ne pourrait plus assombrir cet horizon tout blanc. J'étais avec Jake. Tout allait bien. Tout irait toujours bien.
Nous redevenions des enfants. D'ailleurs, avions-nous jamais vraiment cessés d'en être ?
Tout était vraiment parfait. Du haut de notre petit étage, on ne pouvait pas tomber. On était comme sur un nuage.
Et puis, le jour tant attendu arriva enfin.
"JAAAAAAKE !!!!!"
Il était en train de pelleter la neige à l'arrière de la maison tandis que j'étais sortie promener Billie.
Je peux vous dire qu'il a aussitôt lâché la pelle. Je ne l'avais jamais vu comme ça. J'aurais volontiers ri si le petit bout d'chou n'était pas en train de me déchirer le bas ventre.
Et puis, il était là. Tout apaisé dans son berceau après que je l'eus nourri pour la première fois. Le miracle de la vie. Je ne pouvais pas détacher mes yeux de lui. Comment est-ce que une petite chose aussi magnifique avait-elle pu sortir de moi ?
"Regarde, Jake. C'est notre fils."
Il sourit en posant sa main sur mon épaule.
Réponses
C'est sûr qu'elle s'est brisée toute seule et qu'elle était vraiment torturée quand même pour s'en faire autant. Mais malgré tout, elle a dû se battre pour obtenir sa place dans le monde du basket. Je n'ai pas voulu m'attarder là-dessus mais Alice a subi beaucoup du fait qu'elle était une fille et elle s'était refermée sur elle-même, surtout vis-à-vis des garçons qui avaient plus de chance qu'elle de réaliser son rêve... Jake incarnait tout ça et elle s'en voulait surtout d'être tombée amoureuse de lui...
Layla...
C'est sûr
La mère d'Aloïs, elle est géniale
@Pythonroux Tu l'as dit
Layla... On verra bien
@nicolasB Effectivement... Il faut espérer... Mais ça risque d'être difficile ^^
Le quatuor infernal... risque d'être malmené
Merci beaucoup
@Kannelia Pour Layla et Gaby... il risque d'y avoir des blessés
Eh oui, Jake n'a pas eu la vie facile. Mais contente qu'il te plaise
Elle a intérêt d'apprendre de ses erreurs si elle veut le récupérer en tout cas !
Merci beaucoup à toi !
Chapitre 46 Cœurs en réparation
Point de vue de Rosalie
"Merci pour tout ça, Aloïs. Tu n'étais pas obligé.
- Bah, de rien.
- Et merci. Pour Jake. Je crois qu'il t'aimait beaucoup.
- Il t'aimait beaucoup aussi."
Oui, ça je le savais. C'était moi qui ne l'avait pas aimé assez. Ou du moins qui n'avait pas été capable de le montrer.
Je me levai.
"Rosalie, attends. Il reviendra... pour toi."
J'eus un léger sourire.
"Merci. C'est gentil."
J'aurais voulu y croire mais ça ne suffisait pas toujours.
Je rentrai. Chez-moi. Je m'étais perdue mais c'était fini. J'avais oublié que j'avais un chez-moi, oublié qu'il y avait des gens qui m'aimaient, oublié que j'avais de la chance, une chance immense. Maman m'attendait.
"Salut maman. Je suis rentrée. Je suis vraiment rentrée."
Et pour la première fois, je la serrai vraiment dans mes bras, comme une mère, sans rancune ni jalousie au fond de mon cœur.
"Joyeux anniversaire, mon ange.
- Non, maman. Je ne suis pas un ange. Mais je ferais de mon mieux."
Et la vie reprit son cours. Maman, Anna et Gaby m'avait préparé un cadeau d'anniversaire. Elle s'appelait Billie et ce n'était pas un ange, elle non plus. Mais elle était tellement mignonne qu'on pouvait bien lui pardonner certaines choses.
De mon côté, je m'étais dit que mes cheveux avaient assez souffert comme ça. Et puis au fond, ils n'étaient pas si mal au naturel. J'avais trouvé un boulot aussi. Dans le sport. Je n'étais encore qu'une petite assistante pour chercher les bouteilles d'eau des sportifs du coin mais j'essayais de faire de mon mieux pour progresser rapidement grâce au tapis de course que je m'étais offert.
En-dehors de ça, je passais le plus clair de mon temps à cajoler ma princesse. Elle était trop paresseuse pour bien vouloir aller courir avec moi mais par contre, niveau câlin, elle répondait toujours présente.
J'étais enfin revenue dans ma chambre initiale. La seule chose qui me manquait... c'était Jake, encore et toujours. Où était-il ? Que faisait-il ? Pensait-il à moi ? Et si c'était le cas, en bien ou en mal ? Tant de questions sans réponses qui me torturaient l'esprit.
Point de vue d'Annabel
Rien. Silence radio. Pourquoi ne pouvait-il pas juste appeler ? Une fois de temps en temps, quand il ne pouvait pas passer. Je ne voyais vraiment pas ce qui pourrait l'en empêcher. Et pourtant, encore une semaine de vide. Est-ce qu'il lui était arrivé quelque chose ?
Je lisais et relisais mon livre, cherchais tout ce que je pouvais trouver sur les vampires mais il n'y avait nulle part la catégorie "Votre vampire n'a pas donné de signe de vie depuis un moment ? - Toutes les explications." Il me manquait terriblement. Je n'avais aucun moyen de savoir s'il lui était arrivé quelque chose. Il ne répondait pas quand j'appelais et je ne savais où il passait ses journées et ses nuits, à part qu'il avait quitté le manoir familial.
Point de vue de Rosalie
"Aloïs ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ?"
Il arborait un grand sourire.
"Je t'ai ramené quelque chose."
Je lui jetai un regard interrogateur.
"Derrière toi."
Je me retournai. Et mon cœur cessa de battre instantanément.
"Salut.", lança-t-il.
J'avais envie de rire et de pleurer en même temps. J'avais rêvé de lui. Tous les soirs. Chaque matin, en me réveillant, je ne voyais que l'absence. Je n'avais pas été malheureuse, bien sûr. Je bossais dur pour mon travail, je faisais de mon mieux avec la famille, j'avais Billie pour mes moments de solitude. Mais il restait ce vide dans mon cœur.
Il avait à peine changé. Il avait juste l'air un peu plus vieux. Mais il était toujours aussi beau. Et il était toujours le seul à faire s'emballer mon cœur comme ça.
"Sa... Salut. Tu... Tu as changé de...coupe de cheveux."
Il esquissa un léger sourire.
"Toi aussi. T'es redevenue rousse.
- Euh... oui."
Je sentais le rouge me monter aux joues.
Dès qu'Aloïs reprit la parole, je me tournais vers lui de manière un peu trop empressée pour être naturelle. Je pouvais sentir que ses yeux étaient resté posés sur moi.
"Alors, Rosalie, comment ça va ?
- Bien. J'ai trouvé du boulot, maman continue d'écrire, Gabriel est entré au lycée, Anna continue de ramener d'excellentes notes et Billie, ma chienne, passe ses journées à dormir sur le canapé.
- Tu travailles où ?
- Je suis "responsable de l'eau" dans plusieurs clubs sportifs. Pour l'instant, ça ressemble plus à un petit boulot à temps plein, mais bon, j'espère avoir une promotion bientôt. Et puis, c'est plutôt confortable comme situation en attendant mieux."
Ma voix ne tremblait pas, c'était déjà ça. Et pourtant, j'avais la tête qui tournait.
"Dans le sport ?"
Mon cœur fit encore le fou dans ma poitrine.
"Oui, dans le sport.
- Tu ne voulais pas faire violoniste ?
- Je peux toujours continuer de jouer du violon à la maison. Et puis, je n'ai pas envie de faire comme mon père : des concertos à des heures pas possibles et toujours à dormir pendant la journée. Je n'ai pas envie d'être une mère absente."
Ce fut juste en le disant que je pris conscience d'à quel point j'aurais voulu que mon père fût là, toutes ces journées, et pas juste rentré à deux heures du matin pour se jeter dans le lit. Et ce fut également à ce moment-là que je pris conscience que j'avais envie d'être mère. Jusque là, je n'y avais jamais vraiment songé. Ça arriverait si ça arrivait. À présent, j'en avais envie. Et plus que ça : avec lui. Pour masquer l'embarras dont cette prise de conscience m'emplissait, je dis un peu brusquement :
"Vous pouvez entrer, si vous voulez."
"Tous les deux", ajoutai-je.
Je commençai à monter les marches derrière Jake quand Aloïs me rappela.
"Tu n'entres pas ?
- Désolé, mais je dois vraiment aller chercher June et Emily à l'école...
- Tu... tu t'en vas ? Mais... et Jake ?
- Vous vous en sortirez très bien tous les deux."
Et il partit, me laissant seule, avec mon ex petit-ami dans la maison.
À l'intérieur, je me figeai en voyant qu'il était en grande discussion avec ma mère. La même qui l'avait chassé de devant chez-nous la première fois que nous nous y étions retrouvés. Mais à mon grand étonnement, elle riait et le regardait avec une bienveillance maternelle qui me troubla encore plus que je ne l'étais déjà. Depuis quand ces deux-là s'entendaient-ils ? En même temps, je la comprenais. Il avait suffit que son regard brun chaud se pose sur moi pour que je perde tous mes moyens.
Dès qu'il m'aperçut, il se leva brusquement. Ma mère eut un léger sourire avant de s'éclipser. Moi, je ne bougeais pas, comme pétrifiée. Je ne savais même pas pourquoi il était revenu. Est-ce qu'il était venu me dire qu'il m'aimait encore ? Nous laisser une seconde chance ? Ou juste mettre un point final à notre histoire ? Ou faire semblant de jouer à "on reste amis". Je savais déjà que je ne supporterais aucune des deux dernières solutions. Mais quand était-il de lui ?
"Où est Aloïs ?"
Je pris une grande inspiration : "Parti. Chercher ses sœurs, apparemment.
- Emily et June ? On en vient."
Je le regardais, surprise.
"C'est ce qu'il m'a dit, pourtant.
- Bah... Dieu sait ce qui lui est encore passé par la tête. C'est bien le fils de sa mère !"
Il s'arrêta en plein rire, les yeux fixés sur moi comme s'il se demandait s'il avait le droit de rire devant moi.
Il y eut un silence. Je le rompis un peu brutalement.
"Comment ça va, toi, depuis la dernière fois ?
- J'ai été accepté dans une équipe de basket, loin d'ici.
- Loin comment ?, demandai-je timidement.
- Loin.
- Et alors ?
- C'est une super occasion que je n'aurais sans doute jamais plus.
- Tu t'en vas ?"
Je ne pus m'empêcher ma voix de trembler.
"Je pense. Et toi ? Comment ça se passe ? Tu penses déjà à la maternité à ce que je vois. Ma p'tite Rosie a bien grandi... Alors, tu as trouvé quelqu'un ?"
Son regard s'était fait fuyant. Et je ne pus retenir mes sanglots.
"Pourquoi tu es revenu, hein ? Juste pour te donner bonne conscience ? Pour voir ? Pour faire semblant de rien ? Ça veut dire quoi, ça : "loin" ? Tu viens, tu dis que tu t'en vas et tu repars, c'est ça ? T'avais pas à te donner cette peine !"
Ma voix frôlait l'hystérie. Soudain, il m'attira à lui, coupant court à ma tirade. Ses lèvres se posèrent sur les miennes et je le serrai plus fort contre moi. Je n'y comprenais plus rien. À part qu'il m'avait atrocement manqué.
"Jake... Pourquoi ?
- Je suis aussi paumé que toi.
- Tu restes, alors ?
- J'ai besoin d'y... réfléchir.
- Tu m'aimes encore un peu ?
- À ton avis, idiote ?
- Tu m'as manqué.
- Tu m'as manqué aussi. "
Il me lâcha brusquement et je pus enfin reprendre mon souffle.
"Qu'est-ce qu'on fait, alors ?, demandai-je après un silence.
- J'ai vraiment besoin d'y réfléchir, Rosie.
- Je t'aime, Jake.
- Je sais. Je t'aime aussi. Et je voudrais y croire. Sincèrement. Mais je n'ai pas envie de tout abandonner pour me faire jeter trois mois après parce que tu décideras sur un de tes coups de tête que je n'en vaux plus la peine.
- Je vais changer, Jake. J'ai déjà changé.
- Ça aussi, je voudrais y croire. Laisse-moi un peu de temps, tu veux ? Je vais y aller et on en reparlera plus tard, ok ?
- Ok."
Et il s'en alla comme il était venu, me laissant juste avec un grand vide en moi. Pourquoi fallait-il toujours que ce fût si compliqué ?
Point de vue d'Annabel
Le soir même, on mangea tous ensemble au restaurant pour la première fois depuis la mort de papa. Même Rosalie était là et ça faisait du bien au milieu de tous nos problèmes respectifs.
Ç'aurait dû être une soirée parfaite. Ça l'était peut-être dans un sens. J'étais heureuse d'être là. Je n'en voulais plus à Gaby. Après tout, peut-être qu'il réussirait à faire de Layla quelqu'un de bien. Peut-être qu'elle n'était pas aussi mauvaise qu'elle le laissait entendre. Peut-être que c'était juste une manière de me rendre coupable que de faire semblant d'aimer Al. Peut-être qu'elle aimait sincèrement Gaby mais que ce n'était juste pas dans son caractère de le laisser paraître. Je n'en voulais plus à Rosalie. Elle avait sans doute ses raisons pour se comporter comme elle l'avait fait. Et puis, ce n'était pas toujours facile d'être en accord avec nous-même.
Oui, ç'aurait dû être une soirée parfaite. Si je n'avais pas dit :
"Partez devant, j'ai envie de profiter un peu de cette belle soirée."
Est-ce que j'aurais été plus heureuse ? Est-ce que j'aurais préféré ne rien savoir du tout et qu'est-ce qui se serait passé alors ? Je ne savais pas et je ne le saurais jamais.
Lorsque je le vis, je sentis mon cœur s'accélérer. Il était là. Il allait bien. Et à cet instant-là, je n'avais que cette pensée. Je ne me posais pas de questions. J'allais l'appeler lorsque je la vis.
Layla... je n'avais pas envie de m'énerver contre elle. Pas ce soir-là. Je restais un peu en retrait.
"On va où après ?, demanda-t-il.
- J'sais pas. T'as soif ?
- Évidemment !
- Pourquoi tu veux pas boire sur moi ?
- Parce que c'est pas drôle, sinon.
- T'as raison."
Je n'aimais pas ce sourire qui se dessinait sur le visage de Layla. Elle était avec lui, toutes ces nuits où il avait refusé que je l'accompagne ? Pourquoi ? Mon cœur se serrait.
"T'as pas l'air en forme aujourd'hui."
Aujourd'hui. C'est bien ce qui me semblait, elle devait l'accompagner souvent. Elle fit un pas vers lui et je grinçai des dents.
"Tu voudrais pas qu'on aille faire un tour chez les Fontenêt ? Parce qu'ils commencent à me courir un peu. Surtout ta petite chérie.
- Non !
- Arrête de jouer aux princes charmants surprotecteurs. Elle dirait quoi si elle nous voyait, hein ? Elle te haïrait, pas vrai ?"
Ce fut à cet instant-là que mon cœur se brisa. Elle s'approcha encore plus près de lui et l'embrassa. Il ne la repoussa pas, ne fit même pas semblant. Comme si c'était naturel pour eux.
J'étais la dernière des idiotes. Depuis combien de temps ça durait, dans mon dos ? Et moi qui faisait semblant de prendre en pitié mon frère alors que moi-même, je me trompais du tout au tout. Elle se détacha de lui et me lança un regard. Et je sus qu'elle m'avait vu depuis le début.
"Oups."
Al fronça les sourcils. Il suivit son regard et me vit.
"Anna !"
Je le regardais avec horreur et dégoût.
"Anna !", répéta-t-il d'un ton suppliant.
Je me retournais et courus, courus le plus vite que je pouvais. Pour ne pas voir, ne pas penser. C'était un cauchemar. Juste un affreux cauchemar.
"Anna ! Attends !
- Laisse tomber Al.
- Lâche-moi !"
Je me retournais une dernière fois, juste avant de tourner à l'angle de la rue. J'eus un rire amer. C'était un peu trop tard pour regretter, mon p'tit Al.
Je rentrai à la maison en courant, le cœur en milles morceaux. Gaby était juste devant la maison.
"Ça va, Anna ? On s'inquiétait ! Tu as couru ?
- Gaby... Ô Gaby !"
Je me jetais dans ses bras.
"Hey ! Calme-toi. Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?"
Je fondis en larmes.
"C'est... c'est Al...
- Qu'est-ce qu'il a fait ?"
Son ton s'était durci.
Il me prit par les épaules.
"Écoute, je sais pas ce qu'il t'a fait, cet imbécile mais s'il t'a fait du mal, il en vaut pas la peine. Et si tu veux qu'on aille lui casser la figure, y'a pas de problème. Billie et moi, on s'en charge. Et on peut même demander un coup de main à Rosie."
J'eus un sourire à travers mes larmes.
"T'es bête.
- Je plaisantais. À moitié. Ça va aller ?
- ... J'sais pas. Peut-être.
- Viens à l'intérieur et on parlera au calme, ok ?"
Je finis par reprendre un semblant de calme et je lui racontai tout ce que j'avais vu et entendu. Lorsque j'eus finis, il ne dit rien. Juste au bout d'un moment :
"Je suppose que c'était couru d'avance, hein ?"
À son ton, je compris qu'il l'aimait vraiment. Autant que j'aimais Al.
"Qu'est-ce que tu vas faire ?
- Rien. Et toi ?
- C'est-à-dire rien ?
- J'ai pas envie de me prendre la tête. Elle sait très bien ce qu'elle a fait. Si elle a le culot de se représenter ici, je l'accueillerais comme il se doit, sinon, ce sera juste comme si elle n'avait jamais existé. Comme avant que je ne la rencontre."
Sur ces mots, il se leva et partit dans sa chambre.
Faire comme s'il n'avait jamais existé... Mon téléphone vibra. Il avait un sacré culot pour m'appeler maintenant après un si long silence. Il devait bien s'amuser, avec Layla pour n'avoir même plus le temps d'appeler. J'éteignis mon portable et allai me coucher.
Point de vue de Rosalie
"T'es toujours aussi nulle."
Je poussai un hurlement et me retournai en position de défense. Je poussais un soupir de soulagement en reconnaissant Jake.
"T'as pas la conscience tranquille, toi !"
À vrai dire, j'étais en train de penser à lui.
"D'habitude, personne ne vient me trouver ici, ok ? À part Billie éventuellement et elle ne parle pas, aux dernières nouvelles. Et excuse-moi de ne pas avoir ton talent.
- Désolé. C'est ta mère qui m'a dit où tu étais.
- Je la retiens, alors."
"Tu cries vraiment fort...
- C'est bon, arrête de te moquer !"
Bizarrement, j'arrivais à me comporter à peu près naturellement quand il blaguait. Mais dès qu'il redevint sérieux, j'eus beaucoup plus de mal.
"Comment ça va depuis la dernière fois ?
- Bien... Je crois. Et toi ?
- Bien.
- Tu veux qu'on aille parler à la maison ?
- Je veux bien si ça ne te dérange pas...
- Je bosse dans deux heures. On a un peu de temps."
Nous rentrâmes donc. Je ne savais pas vraiment comment me comporter. J'allumai la télé et m’asseyais sur le canapé. Jake me rejoignit. Il passa un bras autour de mes épaules et je sentis une drôle de chaleur m'envahir.
"T'as l'air tendue. Ça va, au boulot ?
- Je crois que c'est pas à cause du boulot..."
En relevant la tête, je me retrouvai nez-à-nez avec lui. Pfiouh... Mon petit cœur n'allait pas supporter tout ça très longtemps.
"Tu es toujours aussi belle.
- Hum... On se concentre, Jake. Tu devais pas me dire quelque chose ?
- J'ai oublié..."
"C'que tu peux être bête ! Je croyais qu'il fallait que tu réfléchisses...
- Mais je réfléchis...
- Et qu'est-ce que ça donne ?
- Je sais pas encore.
- Et tu sauras quand ?
- On peut arrêter d'en parler ?
- Je ne comprends toujours pas ce que tu attends de moi...
- Rien. Sois juste toi-même et ça ira très bien pour moi."
Ça n'avait jamais été simple, lui et moi. Au fond, rien n'avait vraiment changé. On avait juste un peu vieilli, tous les deux. Mûri, je l'espérais. Peut-être un jour, ce serait plus simple... On était quand même compliqués, tous les deux... Alors que c'était si naturel de s'aimer.
Il revenait presque tous les jours. Sa présence était même devenue naturelle dans mon petit coin de solitude. On s'entraînait, l'un à côté de l'autre. En silence, le plus souvent. Plus le temps passait et plus j'avais peur de la réponse à mes questions. Je savais qu'il ne pourrait pas laisser la question de son départ en suspens très longtemps. Et plus je le sentais près de moi, plus l'idée de son départ m'était intolérable.
L'autre jour, nous étions allés tous les deux chez Aloïs. Il avait quitté la maison familiale et j'avais entendu dire qu'il s'était marié. Je voulais au moins le féliciter. Et puis, tout ce qui m'arrivait était quand même grâce à lui.
Il y avait une surprise qui nous attendait là-bas. La femme d'Aloïs venait d'avoir une petite fille. En prenant dans mes bras cette petite chose, si fragile et qui, pourtant, semblait régner sur son foyer, je sus que c'était tout bonnement impossible. Impossible d'envisager ma vie sans Jake. Je nous voyais déjà, je me demandais quelle tête il ferait si jamais un jour, je lui annonçais que nous allions avoir un enfant. J'imaginais son sourire penché sur un berceau. Une petit bébé, nous aussi ? Est-ce qu'on y aurait le droit un jour ?
Le lendemain, Jake était là. Mais pour une fois, il n'entra pas, restant devant la porte, semblant hésiter. Après une attente intriguée, je finis par me décider moi-même à aller vers lui.
"Salut Jake...
- Salut, Rosalie."
Rosalie... c'était rare qu'il m'appelle comme ça. Mon cœur battit plus vite.
"Il s'est passé quelque chose ?
- Rosalie... J'ai décidé. Je ne peux pas attendre plus longtemps... C'est injuste envers tout le monde. Alors..."
Ma tête se vida d'un coup. Il ne pouvait pas partir. Peut-être que j'étais juste restée une égoïste de première au final mais je ne pouvais pas le laisser repartir. Ç'aurait été renoncer à tout. Mes rêves, mes espoirs, ma vie.
"Jake... Est-ce que tu veux m'épouser ?"
Et enfin Rosie à compris, elle a vraiment grandie, espérons que Jake le vois comme ça et que tout compte fait il tente quand même le coup
Joli chapitre qui donne envie d'avoir la suite^^
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@Himari74 : eh bien quelle renaissance pour Rosalie
Adieu l'adolescence.... elle a mûri et deviens une jeune femme plus posée et à l'écoute de son coeur
Mais quel sera la réponse de Jake à sa fougueuse déclaration d'amour ???...
Hâte de le savoir, car ce n'est pas encore dans la poche cette histoire
Quant à Al... ben ma foi il assume.. il n'a rien fait pour repousser Layla...
C'est bien qu'elle ai enfin trouvé un équilibre avec son boulot, sa famille et son chien. Il manque plus que Jake
Bon par contre entre Anna, Layla, Al et Gaby ça risque de faire des étincelles...
Cette Layla c'est vraiment la reine des chipies (pour ne pas dire gar*ce, oups !)
Et Al je ne sais pas trop quoi en penser...
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Oui, Rosalie a changé, ou au moins, elle essaie. Faut voir ce que Jake en dira...
Merci beaucoup
@EstelleMinigames Rassure moi, t'as respiré entre les deux
Merci beaucoup, je suis vraiment contente que ça t'ait plu
@Pythonroux Pourquoi j'étais sûre que tu dirais ça ?
@Kannelia Oui, elle change ^^
La réponse de Jake... je crois que c'est à voir juste en-dessous
Non, c'est sûr. Il ne peut pas tout rejeter sur Layla.
Merci pour ton gentil comm'
@Blue8white Non, c'est sûr
Oui, je crois que l'équilibre était ce qui lui manquait le plus
C'est le moins qu'on puisse dire
Al... à voir
Chapitre 47
Rosalie
Jake resta un moment interloqué devant la bague que je lui tendais. En mon fort intérieur, mon cœur battait à toute allure. J'étais bête ! Je n'aurais pas dû faire ça aussi brusquement ! Ce n'était ni le bon moment, ni le bon endroit. Zéro romantisme. On dirait juste une pauvre gamine qui cherche n'importe quel moyen pour le retenir. Mais c'était trop tard pour reculer, maintenant.
Brusquement, il éclata de rire. Je fus totalement désarçonnée. Je m'attendais à tout sauf à ça. Je dus avoir l'air très blessée parce qu'il redevint sérieux très rapidement. Mon cœur saignait d'incompréhension. Il n'y avait absolument rien drôle dans tout ça.
"Tu ne veux pas, c'est ça ?, dis-je en tentant de rester digne.
- Hey, Rosalie ! Ne décide pas à ma place !"
Il prit la bague. Je ne comprenais plus rien. Et ça, ça voulait dire oui ?
"Bien sûr que ça veut dire oui !"
J'avais pensé à voix haute...
"Jake ! Je ne comprends rien du tout... Tu... Je..."
Il me coupa le sifflet d'un baiser.
Non, je ne comprenais décidément rien du tout.
"Pardon, c'était vraiment nul de rire. Mais tu me surprendras toujours..."
Compliment ou pas compliment ?
"Rosalie, il faut que je te dise... Ça fait bientôt une semaine que je leur ai dit que je leur ai dit que ça se ferait sans moi.
- De quoi tu parles ?
- De l'équipe de basket, nounouille !"
Attends... Une semaine ?
"Et moi, pendant tout ce temps, je m'en faisais pour rien ????? Je me disais toujours que t'allais partir, j'avais peur de te parler de ça et toi... tu... !"
J'hésitais entre rire, lui hurler dessus ou pleurer.
"Jake Adams, vous êtes un monstre !
- J'avoue que c'était peut-être une petite vengeance pour toutes les fois où tu m'as demandé d'attendre... Mais c'est aussi que j'avais besoin d'un peu plus de temps que toi, visiblement, pour préparer ma demande.
- Hein ?
- Tu croyais que c'était quoi que je venais te dire ?"
Ok, j'avais peut-être tiré quelques conclusions un peu hâtives. Je laissais son sourire me gagner.
Finalement, Jake emménagea avec nous quelque jours après...
"Beaucoup de bruit pour rien, non ?, plaisantai-je.
- Pour rien, je ne dirais pas ça... Tu ne sais pas ce qui se serait passé si on avait décidé de vivre ensemble dès le début. Je n'aurais manqué pour rien au monde ta demande en mariage.
- Oh, ça va !
- Et puis, j'suis pas sûre que ta mère aurait dit oui.
- Alors que maintenant, elle est totalement folle de toi ! Grand séducteur, va !
- Tu vas pas recommencer à être jalouse d'elle ?
- Hmmm... Non. Je crois que je n'échangerais ma place pour rien au monde."
Je réussis à négocier avec maman que nous refissions totalement l'étage du haut pour en faire une chambre... pour mon fiancé et moi.
"Bien sûr que je suis d'accord ! Mais... et toi ?"
L'étage... c'était autrefois là-haut que logeai Léo. Jake me jeta un petit coup d'œil.
"Évidemment, sinon je ne te poserai pas la question."
Il sourit et je souris aussi. Le passé était le passé.
Et l'étage fut bientôt méconnaissable.
Annabel
Ces derniers temps, je me rendais de plus en plus régulièrement à la bibliothèque. J'avais besoin de solitude et là, au-milieu des rayonnages remplis de livres, je me sentais plus chez-moi qu'ailleurs. À la maison, c'était trop bruyant et quand je voyais Rosie avec Jake, je ne pouvais m'empêcher de me dire que j'étais à sa place, quelques jours plus tôt, dans les bras d'Al.
"Annabel !"
Je me retournai un peu surprise.
"Tristan ?"
Tristant était dans ma classe cette année mais je ne lui avais jamais adressé la parole - comme à presque toutes les personnes de ma classe en fait. C'était surprenant qu'il connaisse même mon nom.
"Désolé si je te dérange. T'avais oublié ça... Je pensais te le rendre demain mais comme je te croise maintenant..."
Il me tendit un livre... C'était celui sur les vampires que j'avais acheté quand j'avais appris pour Al. J'avais presque oublié que je l'avais, celui-là.
"Merci... Mais tu aurais pu le garder.
- Pourquoi ?
- Disons que je n'en ai plus... l'utilité.
- Pourtant, tu avais l'air d'y tenir... Et puis, c'est bête de jeter un livre, non ? On sait jamais quand on aura envie de le relire.
- C'est vrai... mais il me rappelle des mauvais souvenirs.
- C'est pas en jetant tout ce qui peut nous rappeler nos mauvais souvenirs qu'ils s'en vont. Sinon, on vivrait tous enfermés dans une boîte sans porte ni fenêtre ! Enfin, après, c'est juste ce que je pense..."
Il n'avait pas tort...
"Merci, en tout cas.
- De rien ! À demain, au lycée !
- Euh... oui... à demain."
Il est bizarre, quand même, ce garçon. Mais pas bizarre au sens négatif du terme. Enfin, ça n'a pas vraiment d'importance. Je retournai me perdre dans les rayonnages.
"T'aimes quoi, comme livres ?"
Une voix me fit sursauter. Je ne savais pas depuis combien de temps je me trouvais là, perdue dans mes pensées mais ça devait faire un moment vu à quel point cette voix me paraissait incongrue dans mon espace sonore.
"Désolé... Je voulais pas te faire peur.
- Non, c'est pas grave. Je m'attendais pas à retomber sur toi.
- Elle est petite, cette bibliothèque. C'est dommage d'ailleurs.
- Tu viens souvent ici ?
- Oui. Y'a très peu de place chez-moi pour les livres. Du coup, je viens lire ici la plupart du temps.
- Et tu lis souvent ?
- Ben ouais. Mais t'as toujours pas répondu à ma question.
- Oh, désolée. C'est qu'en fait, je sais pas trop... J'aime bien tout, je crois, du moment que c'est bien écrit.
- Sauf quand ça a trait aux vampires, c'est ça ?
- Hein ? Oh, je suppose, dis-je en me souvenant du livre qu'il m'a rendu.
- Haha, si Viktor entendait ça..."
"Aaaah !"
Il eut l'air de se souvenir brusquement de quelque chose et ses yeux s'éclairèrent.
"J'avais totalement oublié que j'étais en mission !
- En... mission ?
- Ouaip' ! Tu sais, pour le projet de sciences qu'on doit faire en groupe..."
Je l'avais totalement sorti de ma tête, celui-là. Je pensais demander à Lisa et Tara, les deux filles avec qui je "traînais" avant qu'elles n'apprissent qu'Al était mon copain et qu'elles ne me rangeassent dans la catégorie "pas fréquentable".
"Est-ce que t'as déjà un groupe ?
- Moi ? Pas vraiment. Pourquoi ?
- Tu voudrais pas le faire avec nous, du coup ?
- Hein ? Qui ça, nous ?
- Viktor et moi.
- Mais je le connais pas, Viktor !"
En fait, je ne connaissais pas vraiment Tristan non plus.
"Bah, c'est le type au fond de la classe qui a toujours l'air de dormir, très beau gosse et avec la peau à peu près aussi foncée qu'Edward Cullen."
Je le regardai avec des yeux ronds.
"Tu vois pas ?
- Si... C'est juste..."
Je me retenais de rire.
"T'as une drôle manière de le vendre, ton ami !
- Hum hum. Il est très gentil et facile à vivre, doux avec les enfants. Ne mords pas et apprend vite ! Offrez une nouvelle vie à cet adorable petit chiot !
- N'importe quoi !
- Alors ?
- Euh... moi, ça ne me dérange pas mais... tu es sûr qu'il sera d'accord.
- Il a pas le choix ! Associable comme il est, il râlera de toutes façons. Évite juste de lui dire que t'aime pas les bouquins avec des vamps' !
- C'est pas que j'aime pas...
- Mauvais souvenir ?
- En quelque sorte."
Le lendemain soir, je prévins maman que j'allais chez... après beaucoup d'hésitation sur le terme à employer "un ami". Je ne savais pas vraiment si c'était le cas mais pour moi, il était ce qui s'en rapprochait le plus. À bien y réfléchir, c'était surtout sur un concours de circonstances qu'on se retrouvait là. J'avais oublié mon livre, il me l'avait rendu et comme on avait un travail de groupe à faire et que j'étais par là, il m'avait proposé de travailler avec lui. Mais il était gentil. Pour la première fois depuis longtemps, je me dis que ça ne serait pas si mal d'avoir un ami.
"C'est cool que t'ait pu venir ! Viktor devrait arriver mais je crois qu'il devait ramener sa sœur d'abord.
- Ok... Mais ça va pas déranger tes parents que je vienne ?"
" En fait... je vis tout seul.
- Ah oui ? Je ne savais pas. Et tu ne te sens jamais seul ?
- Si mais je voulais aller au lycée et il n'y en a pas à Granite Falls.
- Tes parents vivent à Granite Falls ?
- Non, mon frère. J'ai perdu mes parents, quand j'étais petit. C'est mon frère qui m'a élevé..."
Oh ! J'avais mis les deux pieds dans le plat...
Ce fut le moment que choisit Viktor pour arriver. Il m'avait toujours fait peur mais bon, je supposais que ce n'était juste pas un bavard. Ils formaient quand même un drôle de duo avec Tristan...
"T'as mis Elsa au lit, tu l'as bercée et tu lui as lu une histoire ?
- Très drôle."
Il me jaugea un peu du regard.
"Euh... Bonjour ?, lançai-je de manière hasardeuse.
- Salut."
Son ton était neutre mais pas franchement amical.
Tristan nous fit entrer. Son apart' était tout petit.
"Je t'épargne la visite guidée ! Y'a trois pièces : ici, c'est la pièce à vivre, là ma chambre et là les toilettes", dit-il juste en me désignant deux portes.
Nous nous mîmes au travail.
"On ferait mieux de répartir les tâches, ça ira plus vite que de tous travailler sur le même truc en même temps, suggérai-je timidement.
- Ouaip', bien sûr."
Nous commençâmes donc. En travaillant, Tristan essayait de discuter avec nous. Viktor parlait peu mais j'avais l'impression qu'il me fixait, jugeant toutes mes réponses.
"Au fait, toi, t'as des frères et sœurs ?
- Oui. J'ai une grande sœur, Rosalie et un petit frère, Gabriel.
- Ton frère est au lycée, c'est ça ?
- Oui. Mais ma sœur travaille déjà.
- Et elle fait quoi ?
- Euh, elle est dans le sport avec son fiancé. Et toi, ton frère, il fait quoi ?
- Garde forestier. Il est marié et il a un p'tit garçon.
- Et toi, elle a quel âge ta sœur ?, demandai-je un peu timidement en me tournant vers Viktor qui me fixait effectivement.
- Elle est au collège, en troisième."
Il y eut un silence.
"Tu te débrouilles bien", déclara Viktor au bout d'un moment en regardant ce que je faisais.
Je fus surprise.
"Euh, merci.
- Si tu pouvais nous aider au lieu de draguer Viktor, ce serait sympa !
- J'vous aide. Et puis c'est toi qui fais que causer depuis tout-à-l'heure, grommela-t-il.
- Ouais mais moi je cause et je bosse, nuance."
Je rougis un peu et replongeai la tête dans ce que j'étais en train de faire.
Lorsque nous eûmes fini, il faisait presque nuit. Tristan regarda dehors.
"Aïe. Il est plus tard que je pensais. Ça ira avec tes parents, Annabel ?
- Oui, mais il vaudrait mieux que je rentre maintenant.
- Tu veux que je te raccompagne ?
- Ah, euh...
- J'peux le faire", déclara Viktor.
Même Tristan eut l'air surpris.
"Ça te fait faire un gros détour.
- On en parle du tien ? C'est plus logique que je le fasse vu que t'es chez-toi. 'Fin, sauf si ça te dérange, Annabel."
Je crois que je ne l'avais jamais entendu prononcer autant de mots à la suite.
"Vous êtes très gentil, tous les deux... Mais vous savez, vous n'êtes pas obligés...
- J'ai une tête à faire un truc parce que j'y suis obligé ?, lança Viktor.
- Pas vraiment..."
Un semblant de sourire éclaira son visage.
Nous marchâmes en silence selon mes indications et je commençai à me demander si je n'avais pas rêvé ce sourire. Parce que là, il n'avait pas l'air franchement ravi.
"Bon ben, c'est là. Merci pour tout", déclarai-je finalement avec un sourire un peu gêné.
Voyant qu'il ne répondait pas, j'allais m'en retourner chez-moi quand il ouvrit enfin la bouche.
"Attends, Anna. Je voulais te dire... à propos de Tristan. Ne crois pas qu'il a fait ce qu'il a fait par devoir ou... parce que tu te trouvais juste là en passant."
Je le regardai, un peu intriguée.
"Je veux dire... je crois qu'il t'aime vraiment bien. Il trouvait... que t'avais pas l'air dans ton assiette ces derniers temps. Avant, tu restais seule mais t'avais juste l'air de penser à autre chose. Là, il trouvait que... je sais pas trop mais que t'en souffrais vraiment. Après, peut-être qu'il se trompait... Bref, je voulais juste que tu saches que Tristan fait jamais un truc par hasard, même s'il peut être un peu maladroit."
Il faisait à ce point attention à moi ? Je veux dire, moi, je ne le connaît pas Tristan. Et comme je restais tout le temps dans mon coin, je pensais que personne ne me prêtait attention.
"Ton bouquin, c'est moi qui l'ait trouvé."
Alors, même ça... ce n'était pas dû au hasard.
"Merci. Merci de m'avoir raccompagnée et de m'avoir dit tout ça... Je crois que Tristan a de la chance de t'avoir."
Je lui souris et il eut l'air un peu déstabilisé.
"C'est plutôt l'inverse... À demain.
- Moi, j'étais contente de passer ce moment avec vous deux. J'espère que ça ne t'a pas trop dérangé que je sois là...
- Non. Ça va.
- Hmm... Viktor ?
- Ouais ?
- Je me demandais. Toi, t'as fait tout ça pour faire plaisir à Tristan... ou... je peux espérer qu'on devienne amis ?
- Au début, ouais, c'était pour ça.
- Et maintenant.
- Maintenant, je me dis que j'aurais peut-être dû te le ramener moi-même, ce bouquin."
Je n'étais pas sûre de savoir comment je devais le prendre... Il me tourna le dos.
"À demain, Viktor !
- Ouais, c'est ça, à demain."
Il me fit un petit signe de la main par-dessus son épaule. Je crois... que je viens de me faire deux amis. Et ça me fait drôlement plaisir.
J'étais en train de geeker sur mon pc, comme souvent ces derniers temps puisque je n'avais rien d'autre à faire. Entre Anna qui voyait ses deux nouveaux potes, Rosalie qui vivait son bouquet de violettes au bras de Jake et maman qui partageait son temps entre chouchouter Billie et écrire ses bouquins, c'était un peu la solitude. À un moment -j'sais pas trop pourquoi, on devait avoir gardé une certaine connexion- je regardais par la fenêtre. Et devinez qui je vis ? Une semaine que je ne lui avais pas parlé. Pour moi, elle était rayée à tout jamais de la liste. Mais elle débarquait là, comme une fleur, la bouche en cœur.
"Gaby, ça fait trop longtemps ! T'étais passé où ? Tu répondais plus ni au tél, ni aux messages. Il s'est passé un truc ?
- C'est bon, t'as fini de faire joujou avec ton rouquin et tu reviens me voir, c'est ça ? C'est une blague, j'espère !
- Hein ? Mais de quoi tu parles ?"
"Tu le sais parfaitement ! Peut-être qu'avec Al ça marche, mais pas avec moi.
- Gaby, je...
- TAIS-TOI ! Je veux plus rien savoir de toi, tu comprends ça ? Va t'en ! Disparais ! T'as voulu joué, t'as perdu. Alors ne fais pas semblant de regretter après coup. Garde ta salive si tu veux pas m'énerver encore plus."
J'ai un goût amer dans la bouche. Je lui faisais confiance. C'est encore pire de l'avoir en face de moi. Et ses grands yeux de merlan frit. Elle est trop bonne actrice. Qu'est-ce que j'ai pu être bête, bon sang !
"Je suppose que ça ne sert à rien de me chercher de fausses excuses.
- Évidemment que ça ne sert à rien.
- Alors, je voulais juste te dire que moi, ça m'avait fait vraiment plaisir, ces moments qu'on a passés tous les deux. Mais je suis super bête. J'ai toujours été jalouse de ta frangine. Moi, j'suis rien qu'une ratée alors qu'elle, elle a pas besoin d'artifices pour être jolie, pas besoin de faire semblant pour être gentille, pas besoin de mentir à celui qu'elle aime. Pardon, Gaby, j'ai jamais voulu te faire du mal.
- Et là, c'est vrai ? Comment je pourrais te croire, Layla ?
- Toi, tu m'aimais pour ce que j'étais et ç'aurait dû me suffire mais j'te l'ai dit, j'suis une ratée.
- J'ai jamais pensé que t'étais une ratée. Peut-être que t'aurais pas dû venir me parler, ce jour-là.
- Non, peut-être que j'aurais pas dû."
Ça me fait mal au cœur. J'étais tellement heureux de l'avoir rencontrée. Elle représentait tant de choses pour moi. Est-ce qu'elle a changé ou est-ce que j'étais juste trop aveugle pour voir ? Je me souviens pourtant d'une époque où on était juste quatre gamins. Une après-midi, elle m'avait appelé, moi et pas Al. Une fois, on avait séché les cours pour aller regarder les nuages ensemble. Elle avait juste l'air heureuse. Est-ce qu'elle pensait déjà qu'elle était une ratée ? Est-ce qu'elle pensait déjà que je n'étais qu'un moyen pour arriver à faire du mal à Anna ? Ou est-ce qu'on était juste deux enfants qui étaient bien, là, à regarder les nuages ?
Annabel
"Cette nouvelle coupe de cheveux... j'avais déjà remarqué mais ça te va vraiment bien...
- Ah, merci !"
Ça me faisait bizarre d'attendre seule avec Tristan. En fait, je crois que je ne m'étais pas encore habituée à sa spontanéité. Elle avait toujours le don de me faire rougir.
"Toujours en retard ce Viktor !
- Je crois que c'est nous qui sommes en avance !, répondis-je en souriant.
- T'es sûre que ça te dérange pas qu'Elsa vienne ? Parce qu'elle est un peu... envahissante.
- Tu ne l'aimes pas ?
- C'est pas ça, c'est juste la vérité.
- Si c'est la sœur de Viktor, ça devrait aller, non ?
- Justement, ils sont...très différents.
- C'est-à-dire ?"
"TRIIIIIIIIIIIIIS !!!!"
Une petite rouquine en furie sauta au cou de Tristan avant que je n'eus le temps de comprendre ce qui se passait. Il poussa un soupir.
"Genre, comme ça. Annabel, je te présente Elsa, la sœur de Viktor.
- C'est qui elle ?", lança Elsa avec un regard peu amène dans ma direction.
Je la dévisageai également, incrédule. C'était vrai qu'elle ressemblait un peu à Viktor physiquement... en fait, ils avaient les mêmes yeux. Mais en-dehors de ça...
"Elsa ! Fais un effort !
- C'est quoi son prénom ? Son nom de famille ? Son signe astrologique ? Depuis quand vous vous connaissez ? De quoi vous avez parlé ? Et depuis quand tu parles à des filles, Tris ????
- T'es pas ma mère, Elsa !
- Si t'écoutais quand on te parle, au lieu de t'enfuir en courant, tu le saurais. Je t'ai dit qu'Anna venait avec nous", soupira Viktor en arrivant à côté de moi.
"Aaaah ! Mais c'est toi Annaaaa ! Viktor m'a tellement parlé de toi !"
Brusquement, son visage s'était illuminé en un grand sourire.
"Exagère pas non plus, grommela Viktor.
- Il est pas trop chou quand il fait son timide ???
- Tu pourrais t'excuser, au moins, non ?, lança Tristan tandis que Viktor s'enfermait dans son mutisme.
- C'est bon, je suis sûre qu'elle m'en veut pas, pas vrai ? On va devenir super copines, toutes les deux !"
Elle me serra dans ses bras, rayonnante.
Elle était très spontanée, elle-aussi. Mais pas du tout de la même manière que Tristan. J'avais un peu l'impression que c'était le genre de fille à qui on n'avait jamais rien refusé. Je ne savais pas vraiment pourquoi elle avait changé à ce point d'avis à mon sujet... je supposais juste que je le devais à Viktor. Après, je ne dis pas que je ne l'aimais pas... Comment dire ? Elle était un peu... déstabilisante.
Nous entrâmes dans la salle d'arcade et elle se précipita aussitôt vers une des bornes en entraînant Tristan.
"La dernière fois, on s'était arrêté au niveau 9, tu te souviens ? Faut qu'on batte notre record !"
Tristan sourit, l'air amusé et je ne pus m'empêcher de ressentir un bizarre pincement au cœur.
"Désolé, me souffla Viktor et je sursautai.
- Pourquoi ?
- T'as pas l'air ravie qu'elle soit là, je me trompe ?
- Disons... que je ne suis pas très à l'aise avec les gens comme elle.
- Tu ferais une partie de baby-foot ?
- Euh... oui, si tu veux."
Je leur tournais le dos et au final, je m'amusais bien avec Viktor. Mais de temps en temps, je les entendais rire et je me sentais un peu mise à l'écart.
"Aaaaah ! On va mourir !!! Pourquoi j'y arrive jamais, à ce passage-là ???? Et voilà... Encore game over."
On avait fini notre partie de baby-foot -je m'étais faite battre à plate couture par Viktor- quand ils se retournèrent, l'une râlant, l'autre souriant, comme à son habitude.
"Annabel ! Tu viens jouer ?
- Moi, mais j'ai jamais...
- C'est le moment de tester !"
En mon fort intérieur, j'étais ravie et je ne me fis pas longtemps prier avant de prendre place près de Tristan.
"Hey ! Tu gères en fait !
- Pourtant, je t'assure, je découvre !"
Je me pris très rapidement au jeu.
"Celui-là, il est pour toi !
- Je vais jamais y arriver ! Oh !
- Yes, tu l'as eu ! Bien joué, Annabel !"
"Moi-aussi, je voulais refaire une partie !
- C'est bon, tu joueras après ! Viens jouer aux cartes plutôt !
- C'est naze ! T'es bête ou tu le fais exprès ?
- Fais pas la tête comme une gamine ! On jouera tous ensemble après.
- Annabel, sur la droite !"
J'avais jeté un coup d'œil en arrière pour voir le regard meurtrier que lançait Elsa à son frère mais je me reconcentrai bien vite sur le jeu.
"ON L'A EU ! J'Y CROIS PAS !"
"C'est grâce à toi !"
Il me serra dans ses bras. Je fus un peu surprise, avant de lui rendre son étreinte. Est-ce que c'était normal que mon cœur s'emballât ainsi ? Calme-toi, Anna, c'est juste Tristan... Juste Tristan, vraiment ? Non, ce n'était pas le moment. Vraiment pas. J'avais encore trop mal à propos d'Al.
Comme promis, on refit une partie tous ensemble puis Viktor et Elsa durent partir.
Épuisée, je m'étais affalée sur une chaise. Qui a dit que les jeux vidéos n'étaient pas un sport ? De son côté, Tristan s'affairait autour de la machine à glace.
Il avait l'air tellement concentré que je sentis un léger sourire un peu idiot naître sur mes lèvres. Parfois, il était juste trop mignon.
"Madame est servie !", lança-t-il brusquement. Il me tendit un cornet, l'air encore plus fier de lui que quand on avait gagné tout-à-l'heure.
"Pour moi aussi ?
- Bien sûr ! À notre victoire !
- C'est super gentil !
- Tu me remercieras quand tu auras goûté !"
J'obtempérai.
"Hmmm ! C'est trop bon ! Où t'as appris à faire des glaces comme ça ?
- Haha ! Mon frangin est le pro des glaces !
- Le fameux !
- Viktor fait que dire que je ne jure que par lui... Il a peut-être raison. En même temps, c'est le meilleur grand frère de la terre ! Faudra que je te le présente un jour !
- À moi ?
- Ouais ! Il t'adorerait ! Je vais le voir ces vacances ! Il m'a dit que mon neveu avait commencé à marcher ! J'ai trop hâte de voir ça ! Y'a peut-être moyen que tu viennes aussi, non ?
- J'aimerais beaucoup ! Mais il faudra que je demande à mes parents, d'abord."
Mes derniers jours en tant que lycéenne filaient à un train d'enfer. On se retrouvai souvent tous les quatre après les cours. J'avais appris à apprécier Elsa malgré tout. Même si je continuais d'être un peu jalouse chaque fois qu'elle s’agrippait au bras de Tristan - ce qui arrivait souvent, en fait. Un soir, Viktor me prit un peu à part.
"Anna, ma mère aimerait que vous veniez manger à la maison, toi et Tristan.
- Hein ? M... moi aussi, vraiment ?
- Ouais... T'es pas obligée, tu sais, je pourrais lui expliquer.
- Non, non. Je veux bien mais... en quel honneur ?
- Je sais pas. Je crois... qu'elle essaie de se faire pardonner.
- Pardonner pour quoi ?
- Rien, oublie. C'est un peu tendu, en ce moment entre Elsa et maman, c'est tout.
- Ok ? Tu sais que si... y'a quoi que ce soit, tu peux en parler. Que ce soit avec Tristan ou moi... Et que ce soit pour Elsa ou... pour toi.
- Y'a vraiment rien. Elle fait juste sa crise d'ado, normal quoi."
Dans ce cas, qu'est-ce que sa mère a à se faire pardonner ? Enfin, je n'allais pas fouiller dans ce qui ne me regardait certainement pas.
À sa maison, tout s'est finalement très bien passé. À part que je ne m'attendais pas du tout à ce que ce soit aussi classe. C'était une immense maison avec piscine, terrain de basket, statue à l'entrée,bar, pièces démesurées et déco hors de prix. Je ne m'attendais pas vraiment à ça mais la mère de Viktor fut très gentille.
"Je suppose que tu dois être Anna ! Fais comme chez-toi !"
Effectivement, sitôt le repas finit, Elsa fila dans sa chambre mais à part ça, ça n'avait pas l'air si électrique que ça. Avec Tristan et Viktor, nous restâmes un peu discuter, avant de rejoindre Elsa dans la chambre de son frère.
Puis vint l'heure de rentrer. Tristan proposa de me raccompagner avec sa gentillesse si naturelle habituelle. Mais au moment de partir...
"Anna ! Attends, il faut que je te parle."
Viktor nous avait suivis. Il regarda Tristan avec insistance et celui-ci finit par lâcher :
"Bon ben, je t'attends plus loin, Annabel."
Il n'avait pas l'air franchement ravi. Et moi, je me demandais ce que Viktor avait de si important à dire que Tristan ne pouvait pas entendre.
Viktor avait l'air totalement différent de d'habitude. Plus grave et tendu.
"Anna", reprit-il avant de s'arrêter de nouveau.
- Oui ?
- J'ai... je... je ne sais vraiment pas comment dire ça... Je... Tu sais... quand j'ai dit... que j'aurais dû te le ramener, ton bouquin. Eh bien, en fait, je pensais que... comme ça, je t'aurais rencontrée avant... et que j'aurais pu en savoir plus sur toi parce que tu m'intriguais. Maintenant... j'ai toujours envie d'en savoir plus sur toi... Et je crois que c'est... parce que... je t'aime."
Je restai un peu hébétée. Je ne m'attendais vraiment pas à ça.
"Euh, Viktor, je suis vraiment désolée mais..."
Je ne savais pas vraiment quoi dire. Je n'avais jamais vu Viktor autrement que comme un bon ami. Et puis, il y avait la blessure pas encore refermée que m'avait laissée Al.
"C'est bon, je crois que j'ai compris. Tristan t'attend, va le rejoindre."
Il partit, la porte claqua derrière lui. Moi, je me sentais tellement mal...
"Ça va ? T'as l'air toute... bizarre.
- Non non, ça va.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Oh, rien ! Rien du tout."
Mon ton sonnait horriblement faux et j'avais baissé les yeux en rougissant. Je n'étais vraiment pas douée pour mentir. Tristan fronça les sourcils.
"Ok... Viens, dépêche-toi ou tes parents vont se poser des questions.
- Ma mère, corrigeai-je machinalement. J'ai perdu mon père.
- Je savais pas. Pourquoi tu me l'as jamais dit ?
- Ah... Je sais pas.
- Comme tu sais pas ce que t'as dit Viktor", lança-t-il de manière un peu cinglante.
C'était la première fois qu'il avait l'air en colère.
"Je... je suis désolée...
- Non, c'est moi qui suis désolé."
Arrivé devant chez-moi, il m'enlaça un peu maladroitement avant de repartir.
Ça faisait un peu beaucoup de choses à gérer. Je ne comprenais même pas pourquoi Tristan s'était vexé et quant à Viktor, je ne savais même pas comment il se comporterait la prochaine fois que je le reverrais. Et parfois, j'avais juste l'impression que derrière ses sourires, Elsa me détestait. Heureusement, c'était le week-end. Le samedi, je pourrais au moins le passer tranquille... le dimanche, c'était mon anniversaire et nous avions prévu de nous retrouver tous les quatre après ma petite fête en famille. Mais bon, dimanche était dimanche. On verrait bien à ce moment-là.
En attendant, des jeux-vidéos sur le canapé était la meilleure solution à mon humble avis.
"Ça commence par mettre des lentilles, virer sa frange, ça continue par "sortir avec des potes" et maintenant, ça pique la console de son frangin ? Tout va bien, sinon, dans ta vie, Anna ?
- Bien sûr ! Ou en tout cas, ça allait. Là, j'essaie de faire le tri...
- Si tu veux faire le tri, y'a ma chambre aussi...
- Dans tes rêves !"
J'avais l'impression qu'on s'était pas mal rapprochés avec Gaby. Peut-être était-ce suite à l'affaire Al-Layla... Mais on plaisantait bien ensemble et ça me faisait plaisir de le voir rire. Parce qu'il le méritait bien. J'avais franchement pas été sympa quand il était avec Layla et je le regrettais bien. Mais il ne m'en voulait pas... parce qu'il était comme ça, Gaby.
J'allais demander à maman si je pouvais sortir mais je tombais sur elle en grande discussion avec Rosalie. C'était bizarre mais ces deux-là s'étaient beaucoup rapprochées. Moi, j'étais encore un peu gênée. Rosalie et moi avions toujours été tellement différentes. Et puis, c'était peut-être bête mais je n'avais pas oublié comme elle m'avait rejetée quand nous étions petites... Je me décidai malgré tout.
"Maman... Est-ce que ce soir, je pourrais aller manger avec des amis ?
- Encore ce Tristan ?
- Euh... oui, et Viktor et Elsa aussi, tu sais.
- Ça ne me dérange pas si tu ne rentres pas trop tard !"
"C'est qui ce Tristan ?
- Bah, un ami...
- Haha ! Est-ce qu'on aura l'honneur de le rencontrer un jour.
- Je sais pas..."
J'étais un peu gênée, et ce n'était pas juste parce que c'était Rosalie. Qu'est-ce qu'ils avaient tous avec Tristan ? Est-ce que j'en parlais vraiment beaucoup plus que des deux autres ? Alors, je n'en avais même pas conscience... C'était vrai que j'aimais passer du temps avec lui et parler, de tout et de rien... On avait pas mal de choses en commun. D'ailleurs, il fallait que je lui disse que j'avais fini les deux premiers tomes de la série qu'il m'avait conseillée. Mais c'était tout, non ? On parlait bouquins, on jouait aux jeux-vidéos ensemble, parfois, il me raccompagnait... C'était pas bizarre, si ?
Durant le repas, je me rendis brusquement compte que je ne parlais presque qu'avec Tristan. Je jetai un coup d'œil aux deux autres. Viktor avait l'air encore plus renfermé que d'habitude. Est-ce que rien ne serait plus comme avant parce que je l'avais repoussé ? Elsa, elle, avait l'air de boire les paroles de Tristan alors même qu'il ne lui parlait pas du tout. En fait, on faisait un peu bande à part à parler de notre série... c'était peut-être pas très sympa vis-à-vis des deux autres.
"J'ai lu pour C...
- Oh... C'est horrible hein ?
- Ce que j'ai trouvé le plus horrible, c'est le "Heureusement qu'il vous en reste deux"*
- Oui, et "Après tant d'heures passées à guetter, immobile, penchée, un bras sous l'oreiller. Le seul instant où elle s'était écartée."*."
Après le repas, au moment de rentrer tous ensemble, je retins Viktor.
"Viktor, écoute... Je... Est-ce que tu me détestes ?
- Hein ? Non.
- Même après... hier.
- Tu t’inquiétais pour moi ?"
Il sourit un peu tristement.
"Tu sais, je crois que même si je le désirais ardemment, je ne pourrais pas te détester. Tu es beaucoup trop mignonne."
Je rougis violemment.
"En ce moment... j'ai beaucoup de choses désagréables en tête et ce n'est pas de ta faute, rassure-toi.
- Ça a un rapport avec ta mère et Elsa ?
- Hein ? Oh, oui... en partie.
- Je peux faire quelque chose ?
- Contente-toi de rester toi-même... Et moi, j'essaierais de ne pas te causer du souci."
"Vous êtes tout le temps collés l'un à l'autre ! C'est mignon, remarqua Elsa quand nous les rejoignîmes finalement.
- Pas du tout", rétorqua Viktor un peu brutalement.
Je ris jaune. Je me tournai vers Tristan qui me fixait intensément. Il détourna aussitôt le regard. Je me sentis blessée.
Le lendemain, c'était mon anniversaire.
Ça y est, j'étais jeune adulte. J'avais un peu peur de tout ce qui m'attendait. J'espérais surtout que notre amitié à quatre n'en pâtirait pas. Je ne me sentais jamais aussi bien qu'avec eux... à part peut-être avec Gaby.
Je serrais toute ma famille dans mes bras. Ils comptaient tellement pour moi, eux-aussi...
Maman était toute émue. C'est vrai qu'elle n'était plus toute jeune avec trois enfants aussi grands que nous. Papa nous avait quitté depuis un moment maintenant et même Gaby se rapprochait de plus en plus de l'âge adulte... Rosie allait se marier... Moi... moi, je n'avais pas vraiment de projets... qu'est-ce que j'allais faire plus tard ? Je n'y avais jamais vraiment réfléchi. Et avec qui, je passerais ma vie ? En-dehors de mes amis, je n'étais toujours pas douée pour la communication. Et puis, l'amour... le temps où j'embrassais fougueusement Al me semblait si lointain mais je ne savais pas si j'aurais jamais le cœur de recommencer.
"Ma coupiiiine !"
Je venais juste arriver à notre lieu de rendez-vous quand Elsa me sauta au cou.
Viktor et Tristan me firent un petit signe de la main. Je fus soulagée de remarquer qu'ils avaient tous les deux l'air comme d'habitude.
"Je te préviens, on n'a pas eu notre mot à dire, dit Tristan.
- Mais vous allez voir, ça va être l'éclate !"
Elsa me tira par le bras, les garçons suivirent, l'air pas franchement emballés. Quand je vis vers quel lieu elle nous emmenait, je compris.
Pourquoi ça ressemblait totalement à Elsa ?
En entrant, je repérais une robe très jolie, je devais le reconnaître.
"Je connais ce regard !", s'exclama Elsa et elle me pressa d'entrer dans une cabine d'essayage.
Je ne pus m'empêcher de me demander si elle plairait à Tristan. À l'instant où cette pensée me traversa l'esprit, j'en rougis. Qu'est-ce qui me prenait avec Tristan ? Est-ce que vraiment...?
Je venais de me rhabiller quand..;
"Anna ?"
Cette voix... Je pensais ne plus jamais l'entendre de ma vie. Mon cœur loupa plusieurs battements. Je me retournai lentement. Pitié, mon Dieu, faites que ce soit un cauchemar...
"Al."
Rosalie
...
*Elisabeth Barbier, Les gens de Mogador
@Himari74 : coucou et contente de te relire
Et quel retour en fanfare!!... Enfin, bonheur et sérénité pour Rosalie
Eh oui le passé est derrière... Jake c'est l'avenir... belle vie à eux maintenant
Hé!hé!... Anna est courtisée de toute part
Un fantôme du passé qui réapparaît... va y avoir de l'ambiance dans la prochaine MAJ...lol...
C'est une belle suite à rebondissements que j'ai grandement appréciée
Anna : pas dans la mouise, trio amoureux, retour de Al aie aie aie
Gaby : bah qu'il profites de son adolescence, et il a bien fait de se séparer de Layla, il mérite mieux
vivement la suite
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J'espère que les histoires d'Anna vont s'arranger, quand même ! La pauvre... En plus, si Al décide de lui faire du mal, il peut, il a des pouvoirs magiques, lui u_u ... Et Gaby, le pauvre bébé, tellement gentil, qui se fait rouler dessus par des gens méchants...
Studio
Legacy : Renaître de ses cendres (en pause)
100 bébés : Un commencement très... inattendu (en pause)
NSBC : On Gathering Rainbow Berries
Père Castor : Et si on recommançait ?
Perdu sur l'île : Lune de miel
@EstelleMinigames Merci pour ta lecture
@Kannelia Merci beaucoup
Oui, Rosalie a enfin le droit à son bout de bonheur... J'aime beaucoup le couple qu'ils forment avec Jake. Je crois qu'ils vont avoir une belle longue vie devant eux
Pour Viktor, c'est vrai qu'il y a de l'idée
Vraiment merci pour ton commentaire et ta constance sur chacune de mes histoire qui me fait toujours autant plaisir
@nicolasB J'ai adoré le "Rosalie check"
Oui, Anna va bien devoir finir par se décider
Gaby, je l'ai un peu délaissé dans la maj qui arrive mais je lui réserve encore deux-trois petites choses
La suite... elle arrive juste en-dessous. Un peu tard, peut-être : encore désolée
@Pythonroux C'est tout-à-fait ça
@Horthak Vraiment merci beaucoup pour avoir pris le temps de tout lire ! Ton commentaire me fait vraiment très plaisir
Je suis super contente si cette histoire a pu vraiment te plaire et de te voir à ce point dans l'histoire, c'est vraiment quelque chose qui me touche
J'espère que la suite pourra te plaire autant
Chapitre 48
Point de vue d'Annabel
Comment peut-il ? Comment peut-il se tenir face à moi avec son grand sourire, comme si rien ne s'était passé ?
Il continuait de parler comme si de rien n'était. Moi, j'étais pétrifiée. Est-ce qu'il se rendait seulement compte de tout ce qu'il avait brisé en moi ? Que me voulait-il, à présent ? Pourquoi fallait-il qu'il revînt quand tout semblait aller mieux ? Je croyais que j'avais guéri mais ce n'était pas vrai; J'avais juste une désespérante envie de pleurer.
"T'es toujours avec moi, Anna ?"
Il me regardait avec un air interrogateur. Qu'est-ce qu'il pouvait bien venir de dire ? Non, en fait, je m'en moquais. Je voulais juste fuir, trouver un moyen d'échapper à ce regard de braise qui n'avait laisse de moi que des cendres et des espoirs déçus.
"Écoute, je... je suis désolée..."
Ma voix s'étranglait dans ma gorge. J'étais pitoyable. Je n'avais pas progressé d'un pas, depuis ce jour-là.
"Non, c'est pas grave. C'est de ma faute. Tu m'as manqué, Anna. Si tu savais comme tu m'as manqué..."
Il fit un pas vers moi. Je me figeai. Jamais. Jamais je ne pourrais le pardonner. C'était la seule chose dont j'étais sûre. Mais j'étais bien incapable de faire le moindre mouvement.
Et puis, sans que je compris vraiment comment, il était là.
"C'est toi, Al Gothik ?
- Ouais, pourquoi ? C'est quoi ton problème ?
- Et c'est quoi le tien pour que tu sois incapable de comprendre que tu es la dernière personne au monde qu'elle a envie de voir ?"
Je crois que c'était la première fois que je le voyais aussi en colère. Et moi, je ne m'étais jamais sentie aussi soulagée de toute ma vie.
"Je peux savoir de quoi tu te mêles ? Est-ce que je t'ai parlé, à toi ?
- Désolé d'avoir gâché le retour du héros. Mais je crois que j'ai pas vraiment gâché grand chose à part le film qui se passait dans ta tête.
- Franchement, en quoi c'est ton problème, c'te histoire ? T'es qui toi ?
- Quelqu'un qui se soucie d'autre chose que sa petite tronche de joli vampire, peut-être.
- Ah ouais ? Tu te prends pour Superman ?
- Non, pas du tout. J'en ai juste marre que les types dans ton genre croient qu'ils ont le droit de faire certaines choses sous prétexte juste parce que plusieurs filles leur tournent autour.
- Qu'est-ce que t'en sais ? Qui tu crois être pour savoir ce qu'il se passe dans ma tête ? En quoi ça te regarde, cette histoire ?"
La situation commençait clairement à tourner au vinaigre entre ces deux-là. Je pris une grande inspiration. À moi de l'affronter, maintenant. Je n'allais pas rester toute ma vie figée chaque fois qu'il apparaîtrait dans mon champ de vision, à me cacher derrière le dos de Tristan. Même si je devais reconnaître que c'était plutôt tentant.
"Al ! Ça suffit, maintenant.
- Mais Anna... je... laisse-moi m'expliquer...
- Je n'ai aucune envie d'entendre tes mauvaises excuses ! Tu savais très bien ce que tu faisais et tu savais très bien à quel point ça me briserait de le savoir. J'ai voulu croire en nous deux mais maintenant, j'ai compris. C'était bien plus facile d'être avec Layla, hein ? Elle, au moins, elle ne t'a sûrement jamais dit que ce que tu faisais était mal. Tu m'en as toujours voulu parce que je ne "comprenais pas", n'est-ce pas ? Eh bien, tu as raison. Je ne comprends pas et je n'ai plus aucune envie de comprendre. Fais ce que tu veux, maintenant. Mens, triche, vole. Ce ne sont plus mes affaires. Tu me l'as bien fait comprendre."
"Anna... Je sais que je n'aurais jamais dû faire ce que j'ai fait. Mais tu dois me pardonner. J'ai besoin de toi, Anna. Vraiment. J'ai essayé mais... c'est toi que j'aimerais toujours, que j'ai toujours aimé. Pardonne-moi, Anna...
- C'est trop tard, Al. Maintenant, j'ai juste envie de ne plus jamais entendre parler de toi.
- Tu... tu ne penses pas ce que tu dis...
- Ô si. Adieu, Al."
Il resta un instant à me regarder, l'air hébété, comme s'il n'en croyait pas ses oreilles. Puis, il se détourna finalement et partit. Je restai là. Je me sentais à la fois triste, comme si on m'avait ôté une part de moi-même mais je me sentais également étonnamment légère, comme débarrassée d'un fardeau que j'avais trop longtemps porté.
"Annabel ? Ça va aller ?"
Je fus tirée de mes pensées par Tristan qui s'était rapproché. Je lui souris. Oui, ça irait. Parce qu'il était là. Ce fut à cet instant que je compris à quel point il était devenu important à mes yeux. Je me sentis bizarre. Je songeai à toutes ces choses, à tous ces petits bouts de bonheur qui étaient entrés dans ma vie depuis qu'il était venu me rapporter ce livre. Je songeai à son enthousiasme de l'autre jour quand nous étions tous à la salle d'arcade, mon bonheur quand il m'avait appelé pour le rejoindre à la borne, puis cette glace qu'on avait partagée. Vraiment des petites choses. Mais si importantes pour moi.
Il me serra brusquement dans ses bras et je sentis mon cœur s'emballer encore plus. Je ne m'habituerais sans doute jamais à ces gestes qu'il avait parfois, si spontanément.
Il ne me lâcha qu'au bout d'un long moment qui passa pourtant à la vitesse de l'éclair. Mes joues devaient être en feu mais il ne sembla pas le remarquer. Il me regarda intensément. Puis, quand il ouvrit enfin la bouche, sa voix ne paraissait plus du tout aussi assurée qu'il y a quelques instants.
"Annabel..., commença-t-il, je... En fait, je..."
Brusquement, la sonnerie de son téléphone retentit et nous sursautâmes tous les deux.
"Euh... Désolé, je dois répondre..."
Je souris et le regardai sortir du magasin avec un peu de tristesse. J'aurais tellement voulu savoir ce qu'il voulait me dire... Mais bon, c'était juste une interruption, n'est-ce pas ?
Pourtant, quand il lâcha enfin son téléphone, il ne rentra pas dans le magasin. Il ne me lança pas même un regard. Il était très pâle, les yeux dans le vide, l'air sonné, comme si toute sa vie venait de s'effondrer sous ses pieds, emportant toutes ses certitudes de l'instant d'avant.
Je me précipitai dehors. Je souriais encore, espérais encore mais j'avais la bizarre impression qu'il n'était pas prêt de finir sa phrase.
"Tristan ? Ça va ? Il s'est passé quelque chose ?"
Je ne l'avais jamais vu comme ça, l'air totalement perdu, sans vraiment me voir. Mon sourire parut encore plus crispé.
"Écoute... Anna... Je... j'ai besoin d'être seul, ok ?
- Qu'est-ce qu'il s'est pass...
- Laisse-moi. S'il te plaît."
Je le regardai me tourner le dos puis partir en me demandant qu'est-ce que j'avais raté. J'avais l'impression qu'on venait de me déchirer le cœur en deux. Après une minute d'espoir, déjà, tout était envolé, et lui avec. Comprendrais-je jamais comment il fonctionnait ?
Je rentrai de nouveau dans le magasin.
"Viktor t'a cherchée partout !", s'exclama Elsa dès qu'elle me vit.
Je m'efforçai de sourire mais quelque part au fond de moi, j'étais toujours dehors, à attendre qu'il revînt, qu'il m'expliquât...
"Désolée... Tu voulais quelque chose ?
- Non, rien... Juste savoir où t'étais vu que Tristan et toi vous avez disparu dès qu'on a eu le dos tourné !"
"T'étais avec Tris ?"
La voix d'Elsa s'était brusquement durcie.
"Oui... pourquoi ?
- Il est où, alors, maintenant ?"
Il y eut un silence. Je déglutis...
"Euh... il a dû partir... Je ne sais pas... il a reçu un coup de téléphone... et après ça... il avait l'air... de ne pas se sentir très bien...
- Et tu ne lui as pas demandé ce qui n'allait pas ?
- J'ai essayé mais..."
Pourquoi avais-je la bizarre impression d'essayer de me justifier face au tranchant de ses yeux d'acier ? Je ne comprenais toujours pas cette fille... Elle passait de la meilleure amie qui m'offrait des grands sourires, des signes de la main et s'agrippait à mon bras, à une véritable ennemie, froide et distante, dont le regard semblait me disséquer littéralement.
"Tant pis, alors ! On se reverra demain, pas vrai ?, coupa Viktor en entraînant sa sœur.
- Attends ! J'ai pas fini !
- Ô si !, rétorqua Viktor en fronçant les sourcils. À demain, Anna !"
Je ne répondis même pas.
Point de vue de Rosalie
Depuis quelques jours, mon ventre n'arrêtait pas de faire des siennes et le doute commençait à s'insinuer en moi... Et si...? Cette nouvelle m'emplissait étrangement d'une sorte de crainte mêlée d'euphorie. Moi, maman ? Et puis Jake, papa ? Qui aurait cru qu'on en arriverait là ?
"Jaaaake !
- Qu'est-ce qui te prends, à hurler comme ça dès le matin ?
- Assieds-toi, s'il te plaît...
- Quelque chose ne va pas ?"
Il commençait à avoir l'air inquiet. Je finis par sourire. Mon Jake... papa... Ça lui allait si bien.
"Tu sais... tous ces derniers temps... je ne me sentais pas au meilleur de ma forme...
- Je sais bien, oui... Et alors ? C'est grave ?
- Mon ange... je crois que je suis enceinte !"
Devant son absence de réaction, j'ajoutai :
"C'est merveilleux, non ?"
Il ne disait toujours rien.
"Jake ?"
Je l'embrassai.
"Ça fait drôle, hein ? De se dire qu'on va être parents à notre tour... Mais ça serait pas juste qu'Aloïs soit le seul à y avoir droit, pas vrai ?"
Je lui souriais encore mais il avait toujours l'air un peu absent.
Je lui pris finalement la main. À mon grand désarroi, il retira la sienne.
"Jake... qu'est-ce qu'il te prend ?"
Il se leva.
"J'ai besoin de prendre un peu l'air, Rosalie.
- Mais Jake... attends !"
Il partit, me laissant dans la plus noire incompréhension.
Je descendis finalement à sa suite. Il devait sans doute être parti se défouler sur le punching-ball. Avec rage, j'attrapai un couteau pour commencer à préparer le petit déjeuner, des larmes de colère et d'incompréhension coulant silencieusement sur mes joues. Est-ce qu'il n'aurait pas pu m'expliquer, au moins ? S'il avait peur, pourquoi ne pas le dire ? Moi-aussi, j'avais peur. Bien sûr que j'avais peur, surtout vu comment je m'étais toujours comportée vis-à-vis de ma propre mère ! Mais tout le monde avait peur, non ? Pourquoi cette fuite ? Est-ce que nous n'étions pas là pour vivre tout à deux ? La crainte comme la joie ? Est-ce que ce n'était pas pour ça qu'il avait tout lâché ? Pour que nous soyons deux ?
"Rosalie ? Qui prépare à manger ? Rendez-moi ma fille !"
Maman s'approcha doucement de moi.
"Il s'est passé quelque chose ?"
"Mon fiancé est un imbécile !, répondis-je, catégorique.
- Ouh là ! Déjà ?
- C'est pas drôle, maman !
- Alors raconte-moi...
- En fait... Jake et moi allons avoir un enfant...
- Un enf.... Et c'est comme ça que tu l'annonces à ta pauvre mère ?
- Plains-toi à Jake. Je lui ai dit ce matin... et... il n'a absolument rien dit. Il est parti. Il a dit qu'il avait besoin de prendre l'air. Point. Il n'a même pas dit un mot sur ce qu'il ressentait.... Il est juste sorti, comme ça ! Et moi, qu'est-ce que je suis censée faire ?
- Préparer le petit déjeuner en attendant qu'il revienne ?
- Maman !"
Elle me serra finalement dans ses bras.
"Allons, Rosie... Tu as déjà traversé plus difficile, non ? Et puis, tu devrais commencer à le connaître, ton homme. Il revient toujours. Pour toi. Il a juste été un peu bouleversé par ce petit grand changement et ça se comprend, non ?
- Oui, bien sûr... J'aurais juste voulu qu'il en parle...plutôt que...
- Oui, oui, je sais. Mais ça ira. Il viendra le manger, ton petit déjeuner."
Je ne pus m'empêcher de sourire.
Point de vue Jake
Jake, tu es un imbécile.
Je frappai un coup sur le punching-ball.
Oui, un imbécile. Pourquoi suis-je parti comme ça ?
Tu le sais très bien, Jake. Tu as peur... Peur de découvrir que tu ne vaux pas mieux qu'eux...
Je ne serais jamais comme mes parents ! Jamais !
Mais comment être autrement ? On ne m'a jamais appris... Comment être un bon père ?
Point de vue d'Annabel
Le lendemain matin, j'espérais que Viktor aurait réussi à obtenir une meilleure réponse de la part de Tristan que celle que j'avais obtenu moi-même. Mais lorsque j'arrivais au lieu où il nous avait donné rendez-vous, il était seul avec Elsa qui m'ignora superbement. C'était à se demander ce que j'avais pu lui faire de si terrible. Viktor, lui, me fit un petit signe de main. Je m'approchai de lui avec espoir.
"Tu as pu parler avec Tristan ?"
Il se renfrogna aussitôt.
"Pas vraiment."
Je n'insistai pas et changeai de sujet.
"Elsa... va bien ?", lançai-je en jetant un petit coup d'œil à la table où elle était assis plus loin.
Il grimaça de nouveau.
"Disons... qu'elle fait juste une petite crise d'adolescence.
- Elle me déteste ?
- Non ! Non... ce n'est pas toi qu'elle déteste... En fait, elle ne déteste personne, je crois. Juste que les choses ne tournent pas toujours dans le sens qu'elle voudrait.
- Oh... Et... ça ira ?
- On verra."
Je le pris maladroitement dans mes bras. C'était bien la seule chose que je pouvais faire.
Au même instant, quelqu'un me bouscula.
"Oh, pardon !", lançai-je en me retournant.
Mon interlocuteur ne répondit pas et passa son chemin. Je le reconnus aussitôt.
"Tristan ! Tristan, attends !"
Sans réfléchir, je le suivis tandis qu'il entrait dans un musée.
"Tristan !"
Je posai ma main sur son épaule, le forçant à se retourner.
"Enfin, je te rattrape !"
Mon sourire faiblit un peu devant son air distant.
"Tristan... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Ça n'a pas d'importance.
- Bien sûr que si, ça en a ! Arrête de dire des bêtises... Je vois bien que quelque chose ne va pas !"
Il me regarda longuement, comme s'il hésitait. Puis, il tourna les talons.
"Tu n'as qu'à retourner voir Viktor. J'avais pas l'air de manquer tant que ça, il y a cinq secondes."
Hein ? Qu'est-ce qu'il raconte ?
"Tristan !"
Mais il était déjà parti. Et moi, je restais là, tellement seule. Je ne comprenais même pas pourquoi il s'était montré si agressif. J'aurais tellement voulu savoir, l'aider... Ma tête était pleine de pourquoi. Et la seule personne qui pouvait y répondre venait de me tourner le dos.
"Anna... "
Viktor m'avait finalement rejointe.
"Je ne sais vraiment pas ce qu'il lui prend. Je n'ai rien pu obtenir de lui, l'autre jour. C'est pas de ta faute, tu sais... Il doit juste passer par une mauvaise phase... ou alors, il a vraiment reçu une mauvaise nouvelle l'autre jour... J'en sais rien mais je sais que tu es... très importante pour lui, disons."
Je ne dis rien. J'avais trop mal. Je sortis machinalement du musée à la suite de Viktor. Je m'approchai de la table où se trouvait Elsa. En me voyant approcher, elle se leva, les yeux brillant de rage.
"Tu sais quoi, Annabel Fontenêt, tout ça c'est de ta faute !
- Elsa !, gronda Viktor, menaçant.
- Non, tais-toi ! Tu sais très bien que j'ai raison ! Vous le savez tous ! Avant qu'elle débarque, tout allait bien, tout le monde était content ! On s'amusait bien, tous les trois ensembles ! Mais depuis qu'elle a commencé à se mêler à notre groupe, Tristan a commencé à devenir plus distant avec moi, et même avec toi, Viktor ! Puis maintenant, on ne sait même pas pourquoi il ne veut plus parler à personne mais je suis sûre que ça a à voir avec elle. Et toi-aussi, tu as changé à cause d'elle. Tu es plus dur avec moi que tu ne l'as jamais été ! Et puis, je sais très bien qu'elle t'a rejeté...
- Ça suffit, maintenant, Elsa."
"Non ! Ça ne suffit pas ! Ça ne suffit pas puisqu'elle ne comprend pas ! Elle ne comprend pas que toi tu te sacrifies toujours pour que les autres soit heureux ! Je sais très bien que depuis le début, je n'ai jamais su me comporter autrement que comme une petite fille pourrie-gâtée et que c'est tout-à-fait normal que Tristan préfère Anna à moi parce qu'elle est gentille, douce, patiente et intelligent, tout ce que je ne serais jamais mais ce n'est pas juste que toi tu sois puni ! Toi, tu mérites d'être heureux !"
Je ne comprenais absolument rien à ce qu'elle racontait, ni pourquoi ses yeux se brouillaient de larmes au fur et à mesure qu'elle criait, de plus en plus fort.
"Elsa. Calme-toi. Je crois qu'il vaut mieux qu'on rentre à la maison.
- Non ! Je ne rentrerais jamais plus à la maison !
- Qu'est-ce que tu racontes, Elsa ?
- Je sais très bien qu'on va encore partir, que tu vas encore être triste ! Je ne veux plus être complice de papa. Moi, je voulais juste qu'on soit une vraie famille. Même si on avait pas d'argent, tu sais, je m'en fichais. Je voulais juste qu'on soit heureux. Je voulais juste que tu souries encore comme tu souriais ce jour-là. Mais maintenant... maintenant... tout s'en va encore... Alors que tu recommençais juste à sourire un peu comme avant... Alors que tu commençais juste à être un peu heureux...
- Elsa, arrête. S'il te plaît."
Je n'avais jamais vu Viktor avoir l'air si profondément marqué par une tristesse profonde, pas même le jour où il m'avait tourné le dos après que j'ai repoussé son baiser.
Il soupira en se tournant vers moi.
"Anna... Il faut que tu saches... On ne se reverra sans doute plus jamais.
- Hein ? Mais pourquoi ?
"Tu es l'aîné !, disait Richard, sans cesse. Tu es responsable de ta sœur. Si jamais il m'arrive quoi que ce soit, c'est toi qui seras responsable de la famille, d'accord ?"
Viktor avait peur. Mais il ne fallait pas le montrer. Il ne fallait rien dire.
Juste "ça va aller", sans en être vraiment sûr soi-même.
Et puis, on changeait de vie. Ça devenait presque habituel. Un soir, papa rentrait et il fallait faire les bagages. C'était comme une course contre la montre. Il fallait apprendre un nouveau nom de famille, adopter une nouvelle maison, une nouvelle vie.
Et encore, et encore, répéter "ça va aller". Il ne fallait pas qu'Elsa sût. Ça l'aurait rendue trop triste, il le savait.
Et puis, il y a eu cette fois-là. Ça faisait un moment qu'ils n'avaient pas déménagé. On aurait presque oublié à quel point leur vie était instable. Viktor l'avait oublié. Il y avait juste une fille, elle s'appelait Emma. Elle était un véritable ange. Elsa l'adorait. Et Viktor aussi. Viktor surtout.
Puis, ils ont déménagé. Fin de l’histoire.
Voilà, conclut Viktor. C'est tout ce qu'il y a à savoir. Cette nuit, on sera sans doute partis. J'aurais juste aimé qu'on puisse se réconcilier avec Tristan avant ça."
Je ne trouvais rien à dire. Je crois qu'il n'y avait rien à dire.
"Adieu, Anna.
- Adieu, Viktor. Adieu, Elsa."
C'était triste comme les choses finissaient si vite. Un jour, on était quatre, le lendemain, je me retrouvais seule. Un jour, Al était le centre de mon monde, le lendemain, je lui disais de disparaître de ma vue. Un jour, je croyais que Tristan m'aimais, le lendemain, je songeais qu'il me détestait. Oui, c'était bien triste comme le choses changeaient. À peine avait-on le temps de les voir passer qu'elles étaient déjà perdues.
Point de vue de Rosalie
J'étais toujours furieuse contre Jake et dès que j'entendis le bruit de ses pas, je courus me réfugier comme une gamine dans la salle de bains.
"Où est Rosalie ?, entendis-je très clairement.
- Elle hésite entre te sauter au cou ou bouder et comme elle a peur de céder à la première tentation, elle se cache.", répondis ma mère avec flegme.
J'entendis Jake ouvrir à peu près toutes les portes de la maison mais je me gardai bien de bouger, les bras croisés. Dès qu'il ouvrit finalement cette porte, je ne pus empêcher mon regard de s'adoucir.
"Rosalie...", commença-t-il.
"Pardon..., continua-t-il. Je ne sais pas pourquoi... j'ai paniqué. Mais tu sais bien que je ne te laisserais jamais toute seule, n'est-ce pas ? Et puis, moi-aussi, je le voulais ce bébé... C'est juste que j'ai peur... de ne pas savoir quel père être pour lui."
Il me prit les mains.
"Tu me pardonnes ?"
Je fis un effort incroyable pour extirper mes mains de la chaleur des siennes.
"C'est trop facile !, m'écriai-je. Tout ça, c'était ce matin qu'il fallait me le dire ! Si tu t'enfuis en courant au moindre problème, effectivement, tu risques d'avoir quelques problèmes pour élever notre enfant !
- Je sais, j'ai eu tort. Pardonne-moi, Rosie. Je te promets que je ne referais jamais ce genre de choses...
- Ça aussi, c'est facile, de promettre."
Il sourit.
"Je sais. Mais je crois que je n'ai vraiment pas envie de me re-disputer avec toi. Alors, je crois que je la tiendrais cette promesse.
- Tu triches."
Je l'embrassai. Moi non plus, je n'avais pas vraiment envie de me disputer avec lui.
L'hiver vint. Et avec lui, les fêtes de Noël et la naissance de mon bébé approchaient de plus en plus. Ça faisait vraiment bizarre.
Mais c'était beau. J'avais l'impression que plus rien ne pourrait plus assombrir cet horizon tout blanc. J'étais avec Jake. Tout allait bien. Tout irait toujours bien.
Nous redevenions des enfants. D'ailleurs, avions-nous jamais vraiment cessés d'en être ?
Tout était vraiment parfait. Du haut de notre petit étage, on ne pouvait pas tomber. On était comme sur un nuage.
Et puis, le jour tant attendu arriva enfin.
"JAAAAAAKE !!!!!"
Il était en train de pelleter la neige à l'arrière de la maison tandis que j'étais sortie promener Billie.
Je peux vous dire qu'il a aussitôt lâché la pelle. Je ne l'avais jamais vu comme ça. J'aurais volontiers ri si le petit bout d'chou n'était pas en train de me déchirer le bas ventre.
Et puis, il était là. Tout apaisé dans son berceau après que je l'eus nourri pour la première fois. Le miracle de la vie. Je ne pouvais pas détacher mes yeux de lui. Comment est-ce que une petite chose aussi magnifique avait-elle pu sortir de moi ?
"Regarde, Jake. C'est notre fils."
Il sourit en posant sa main sur mon épaule.