@Pythonroux Tu l'as dit ! C'est tout un art de tout compliquer comme ça
Et merci pour Anna
@nicolasB On est d'accord ! Il la ménage beaucoup trop
Ouii ! Elle est toute mignonne ma petite Anna et, pour l'instant, elle se complique moins la vie que sa frangine
@Blue8white C'est clair que Jake aurait plus de raisons de se prendre la tête et se la prend moins qu'elle ! Notre Rosie doit vraiment avoir un problème
Et merci pour Anna
@Kannelia Je préférerais pour mes pauvres oreilles qu'elle ait l'art de jouer du violon
Ah là là, oui ! Elle se gâche son adolescence
Et Jake qui n'ose pas la secouer... Ça va nous mener loin tout ça !
@AmbreAngel Ooh ! Merci beaucoup, ça me fait très plaisir !
Pour Jake et Rosie... à voir
@EstelleMinigames Merciiii ! Ça me fait vraiment super plaisir de voir que mon histoire te plaît !
Je passe beaucoup de temps pour tout rédiger alors ça me fait vraiment plaisir de voir ce genre de messages
Chapitre 42Aaah, la famille !
Point de vue de Jake
J'avais eu peur, si peur de la perdre. J'avais l'impression qu'elle s'amusait de me voir galérer comme ça. Elle était cruelle, ma Rosie... C'était aussi ce que pensais Aloïs. Je le voyais à sa grimace chaque fois que je parlais d'elle. Il ne pensait pas qu'elle fût la bonne pour moi.
"Tu t'fais du mal, Jake. J'ai pas l'impression qu'elle soit sérieuse avec toi...
- Mais si elle l'est ! Tu la comprends pas, c'est tout. Tu lui as jamais vraiment parlé alors commence pas à la juger tu veux !
- Ok, ok. Mais si tu me la présentais, aussi... Ça m'aiderait peut-être à me faire une idée !"
Sérieusement, Aloïs... Je t'aime bien, t'es mon meilleur pote et le seul à qui je dise vraiment tout mais j'sais pas si je tiens vraiment à te présenter ma copine. C'est pas que j'ai pas confiance... mais parfois je me dis que Rosie et moi, on n'appartient pas vraiment au même monde. Elle joue peut-être à la rebelle mais pas comme j'y ai joué, à son âge. Aloïs appartient plus à son monde. Lui-aussi il a une jolie famille qui l'adore. Moi, j'sais pas ce que c'est d'avoir une famille. Et puis, Rosie ressemble un peu à la sœur d'Aloïs. Sans compter que c'est lui qui l'a repérée le premier. J'ai pas compris ce qui lui est passé par la tête ce jour-là...
"Hey, Jake ! T'as vu la rouquine, là-bas, de seconde. Celle qui traîne parfois avec Naoki.
- Ouep', je vois. Pourquoi ?
- Pour rien.
- Quoi pour rien ? C'est la première fois de ta vie que tu te rends compte de l'existence d'une fille -et une seconde en plus- pour rien ? T'es au courant que la moitié des filles de la classe- celle qui n'est pas à fond sur moi- rêve que tu t'aperçoives un jour de son existence ?
- Genre qui ?
- Genre Julie, Amy, Dana, Chiara et j'en passe ! Mais c'est pas le sujet, pourquoi tu me parles de la rouquine ?
- Je sais pas, j'te dis ! J'trouve qu'elle ressemble à...
- Oh. À Alice, c'est ça ?
- Non. À toi.
- À... moi ?
- Ouep'. À toi, à l'époque où t'étais perdu."
Il dit des trucs bizarres parfois Aloïs alors j'ai laissé courir. Mais j'avoue que ça m'a trotté dans la tête un moment. Bah... Il s'est juste trompé. Si on se ressemblait tant que ça, je comprendrais tous ces moments de silence qu'elle laisse... Je comprendrais ce qui lui passe par la tête toutes ces fois où j'ai l'impression qu'elle m'échappe... Ouais, j'aimerais bien lui ressembler un peu plus, justement.
"À quoi tu penses Jake ?
- À toi.
- Arrête de dire des bêtises !
- Bah quoi ? Puisque c'est pas faux !
- Si c'est pas faux, ça veut dire que c'est pas vrai non plus !
- Ok, je pensais à un pote aussi.
- Au fait, tu m'as jamais présenté aucun pote !
- Parce que toi, tu m'as présenté beaucoup de potes ?
- Ben, tu les connais déjà tous ! Moi, je connais aucun des tiens à part Kenza.
- À part Kenza, y'a les potes qu'elle ramène chez-moi. J'ai pas autant de potes que tu crois !
- C'est qui, alors, le pote auquel tu pensais ? On m'l'a fait pas à moi !
- Ok, lui, c'est Aloïs. Lui, c'est vraiment mon pote. Il est super cool, vachement gentil... j'crois qu'il a que des qualités en fait ! Mais si je commence à te faire la liste, ça va te saouler. C'est mon grand gourou de la gentillesse ! Et c'est grâce à lui que je suis devenu celui que je suis aujourd'hui.
- Il a l'air cool. Et t'as l'air de l'aimer beaucoup. Du coup, pourquoi tu me l'as pas présenté ?
- Parce qu'il se rend pas compte quand il plaît aux filles.
- Et alors ?
- Et alors, t'es une fille.
- Heiiin ? Mais j'sors avec toi, moi !
- Ah bon ? T'avais pas l'air sûre au téléphone, tout-à-l'heure."
Et m**** ! Ça m'a échappé.
"'Faut que j'ailles au p'tit coin.
- Rosie, j'suis désolé.
- Non, t'as raison. C'est moi qui suis désolée."
J'aurais pas dû lui parler comme ça. Je suis un imbécile. Ça m'énerve. Parfois, j'ai l'impression de redevenir la fichue tête de mule que j'étais à l'époque où Aloïs est venu me trouver pour la première fois. Toujours sur la défensive, à vouloir toucher les gens là où ça faisait mal. Je sais qu'elle regrette... J'suis vraiment trop bête. Et j'la mérite pas.
Point de vue de Rosalie
Quel imbécile il peut faire, des fois ! Il est trop beau, mon Jake. Bien sûr que je ne lui préférerais pas son ami !
Mais en même temps, il n'a pas tort... Si dès que Léo est un peu gentil avec moi, je décide d'abandonner Jake, ça ne peut pas marcher. Mais son ami, là ! Je ne le connais même pas... C'est quand même pas pareil que Léo. Je suis pas assez stupide pour le laisser tomber pour son meilleur ami, si ? Et de toutes façons, s'il est aussi génial que le dit Jake, il voudrait pas d'une fille comme moi, c'est sûr. À quoi bon se prendre la tête, comme ça, alors que je ne le connais même pas ? Moi, je voudrais juste savoir grâce à qui, il est devenu ce qu'il est... Je voudrais juste en savoir un peu plus sur Jake... C'est trop demander ? Parfois, j'ai l'impression de ne rien connaître de sa vie... Et ça m'attriste.
"Ah ! Rosalie ! Ça te dirait qu'on aille au karaoké juste après ?
- Ah.. Euh..."
Je n'avais prévenu personne de ma sortie et j'avais un peu peur que si elle se prolongeait, mes parents ne commencent à s’inquiéter et que la réception au retour n'en soit que plus agréable... Mais je croisai le regard de Jake et toute résolution me quittai.
"Bien sûr ! Tant que je suis rentrée avant dîner, ça devrait le faire !
- T'es sûre, hein ?
- T'inquiètes !"
C'était surtout moi qui m'inquiétait en fait, mais bon... Je n'avais plus qu'à espérer très fort que mes parents ne se rendraient pas compte de mon absence. Mais j'oubliais tout ça en saisissant le micro. J'aimais beaucoup chanter à pleins poumons comme ça... et avec Jake, c'était le Paradis ! J'avais vraiment de la chance de l'avoir rencontrer... Je l'oubliais trop souvent. Et de la chance qu'il m'aime comme j'étais.
Finalement, il me ramena chez-moi. Ouf ! Il n'était pas trop tard. Au pire, si mes parents s'étaient aperçus de mon absence, ils laisseraient sans doute courir. Et en effet, ils auraient sans doute laissé courir si Jake ne s'était pas penché pour m'embrasser longuement. Et si maman ne nous avait pas aperçus par la fenêtre de la cuisine. Et si elle n'était pas sortie d'un air furibond alors que nous échangions un dernier regard plein de tendresse.
"ROSALIE FONTENÊT !"
Jake sursauta et moi aussi.
"MONSIEUR, VEUILLEZ VOUS ÉLOIGNER DE MA FILLE IMMÉDIATEMENT ! QUANT À TOI, ROSALIE, SACHE QUE JE N'APPRÉCIE ABSOLUMENT PAS LE COMPORTEMENT QUE TU ADOPTES EN CE MOMENT ! DEPUIS QUAND TU PARS REJOINDRE DES GARÇONS SANS PRÉVENIR ET EN CACHETTE DE TOUT LE MONDE ????"
Non mais elle a pété une durite, ma mère ! Qu'elle soit pas franchement contente que je sois partie sans prévenir ok, mais là, elle exagère ! Et devant Jake, en plus ! On dirait qu'elle nous a surpris en train de faire crac-crac dans le lit familial ! On n'est plus au Moyen-Âge, non plus ! J'ai le droit d'embrasser mon copain dans l'jardin, quand même ! Et je suis pas obligée de lui raconter toute ma vie amoureuse, si ? C'est pas comme si je ramenais un type différent toutes les semaines ! J'ai le droit d'avoir une vie, maman !!! J'sais pas quelle adolescence elle a eue ma mère mais ça devait pas être drôle !
"Alors, déjà, c'est un garçon, pas des ! J'aimerais bien que tu me respectes un minimum quand même ! C'est pas parce que j'ai un copain que je drague tous les types du quartier, ok !"
"JE NE CROIS PAS QUE TU SOIS EN POSITION DE RÉPLIQUER, JEUNE FILLE !
- MOI AUSSI, JE PEUX HAUSSER LE TON, SI TU VEUX, MAMAN ! NON MAIS T'ARRÊTES TON CHAR, LÀ ?
- Arrêtez ! Écoutez, Mme Fontenêt, je suis vraiment désolé. Ne vous disputez pas avec votre fille. C'est ma faute si Rosalie a dépassé les bornes. Je n'aurais pas dû insister pour qu'on aille au karaoké et excusez-moi si j'ai abusé en venant jusqu'ici. Et puis, j'aurais dû chercher à vous rencontrer pour savoir si vous approuviez notre relation. J'ai gaffé, pardon.
- C'EST À ROSALIE, QUE JE M'ADRESSE ! JE ME MOQUE DE VOS EXCUSES JEUNE HOMME !"
Alors là ! Si elle croit que je vais la laisser insulter Jake alors qu'il s'aplatit devant elle...
"JE NE VEUX PLUS VOUS VOIR APPROCHER MA FILLE, VOUS M'ENTENDEZ ? ET SI JE VOUS REVOIS ICI, VOUS AUREZ AFFAIRE À BLANCHE FONTENÊT !
- Mme Fontenêt, je suis désolé si...
- JE NE VEUX RIEN ENTENDRE ! DÉGUERPISSEZ ! SORTEZ DE CHEZ-MOI !"
"NON MAIS JE T'ARRÊTE TOUT DE SUITE, MAMAN ! T'AS PAS LE DROIT DE LUI PARLER COMME ÇA !
- ROSALIE !
- NON, PAS ROSALIE ! C'EST PAS TON CHIEN, OK ? TU LE RESPECTES UN MINIMUM QUAND TU LUI PARLES ! T'AS LE DROIT D'ÊTRE EN COLÈRE MAIS PAS DE LUI PARLER COMME ÇA !
- Rosalie... Laisse tomber. Vaut mieux que je parte là-maintenant, tout de suite. On en reparle...
- NON, NON, NON, IL N'Y A PAS DE "ON EN REPARLE" ! VOUS NE VOUS APPROCHEZ PLUS, POINT BARRE !
- MAIS MAMAN, ARRÊTE ! J'AI LE DROIT DE VIVRE QUAND MÊME ! ET DE TOUTES FAÇONS, ON EST DANS LE MÊME LYCÉE ! TU PEUX PAS NOUS INTERDIRE DE NOUS VOIR !"
Maman eut soudain l'air très fatiguée.
"Comment vous appelez-vous jeune homme ?
- Euh... Jake... Jake Adams.
- Eh bien, M. Adams, j'aimerais bien que vous nous laissiez. Il faut que j'ai une sérieuse discussion avec ma fille.
- Je... Je comprends madame mais je veux que vous vous calmiez avant.
- En aucun cas je ne lèverais la main sur Rosalie, M.Adams, si c'est ce que vous craigniez. Partez maintenant. Je crois que je suis ici chez-moi.
- Oui, vous avez raison... Ça va aller Rosalie ?"
"ARRÊTEZ DE PARLER DE MOI, COMME SI JE N'ÉTAIS PAS LÀ !
- Mais... Rosalie...
- J'EN AI MARRE DE CETTE FAMILLE POURRIE ! J'ÉTOUFFE ICI, MAMAN ! J'ÉTOUFFE !
- ROSALIE ! REVIENS ICI TOUT DE SUITE ! JE N'EN AI PAS FINI AVEC TOI !
- NON ! PLUS JAMAIS, TU M'ENTENDS ? PLUS JAMAIS !"
J'en ai marre... Elle m'a ridiculisée devant Jake, en plus ! Non mais qu'est-ce qu'elle nous fait la maman-poule, brusquement ! Elle s'en fiche de moi, sauf quand je ramène mon p'tit copain à la maison, c'est ça le truc, hein ? Elle se moque de moi ! Et l'autre qui s'aplatit comme une crêpe... J'ai l'air de quoi, moi, après ? D'une pauvre gamine capricieuse et égoïste... P't'être que c'est ce que je suis, au fond...
Point de vue de Blanche
Rosalie, Rosalie, Rosalie... Cette fille va me tuer, un jour. Pourquoi ne peut-elle pas être une petite fille comme les autres ? Elle est la seule à ne pas faire ses devoirs, la seule à avoir des notes en plonge depuis le début du lycée, la seule à avoir brusquement fait sa crise d'adolescence en se coupant et se teignant les cheveux... et ce tatouage, Mon Dieu ! Où est-ce qu'elle va chercher tout ça ? Et où est-ce qu'elle va chercher qu'on ne la laisse pas être qui elle veut ? Est-ce que je n'ai pas fini par céder pour la laisser être elle-même si c'était comme ça qu'elle croyait le devenir ? Et le violon, jusqu'à des heures pas possibles... Où était la limite ? Moi, je la voyais partout la limite ! Est-ce que je suis vraiment trop sévères avec mes idées moyenâgeuses ? Mais moi, à son âge, rien que le fait d'embrasser un garçon qui n'était pas mon mari était un crime ! Alors même que nous étions fiancés et destinés à nous marier dans un délai très bref ! Qu'est-ce qu'on allait faire de cette Rosalie ? Étais-je vraiment une si mauvaise mère ?
"Maman ? Tout va bien ?
- Non, tout ne va pas bien ! Je comprends plus ta sœur ! Elle vient encore une fois de fuguer toute la journée et quand elle rentre, c'est pour ramener un inconnu, l'embrasser sous mes yeux et re-fuguer dès que je commence à la disputer un peu !"
"Tu sais, maman... Elle est grande maintenant, Rosalie. Elle a bien le droit d'avoir un amoureux, non ?
- C'est pas ça le problème ! Pourquoi ne peut-elle nous parler de rien ? Je n'étais même pas au courant qu'elle voyait des garçons, lors de ses sorties ! Oooh, ma p'tite Anna ! Ne t'occupe pas de tout ça... Ta sœur va rentrer, ne t'en fais pas. Occupe-toi plutôt de tes propres soucis, hein ! Je suis vraiment désolée si on ne prend pas assez de temps pour s'occuper de vous...
- On sait que vous êtes très pris par vos travaux respectifs... C'est pas grave. Je t'aime maman.
- Je t'aime aussi ma fille. Je vous aime tous les trois... Ce serait bien que Rosie s'en rende compte, un jour.
- Elle le sait... Et elle t'aime aussi. C'est juste qu'elle a plus de mal à l'exprimer."
Aah... Ma petite Anna. Elle grandissait trop vite, elle-aussi.
"C'est gentil, Anna... Va te coucher maintenant, il se fait tard."
De mon côté, j'essayai d'appliquer mon propre conseil mais l'absence d'Akira et de Rosalie m'empêchèrent de trouver le sommeil. Je me cuisinai donc un petit plat en attendant... Pourvu que Rosalie ne soit pas assez stupide et bornée pour passer la nuit dehors !
Akira finit par rentrer.
"Tu n'es pas encore couchée, chérie ?
- Rosalie est rentrée tout-à-l'heure... et elle est repartie dès que j'ai commencé à la disputer parce qu'elle était avec un garçon... Et elle a dit qu'elle ne reviendrait plus jamais.
- Elle reviendra, Blanche ! Bien sûr qu'elle reviendra !
- Oui mais je m'inquiète... Akira, j'aimerais vraiment que tu prennes ta retraite... Je serais plus rassurée si je savais que tu es à la maison quand les enfants rentrent. Et puis, je m'inquiète aussi quand tu pars au travail, tout seul, comme ça. J'ai toujours peur que tu ne rentres pas.
- Blanche... On a encore le temps, tu sais. Je ne vais pas disparaître comme ça ! Mais tu as raison pour les enfants. Ce n'est pas bon pour eux de n'avoir jamais leurs parents à la maison. J'en parlerais avec mon patron demain.
- Oh, merci ! Je serais vraiment mieux de vous savoir tous à la maison !"
Puis il se mit à jouer du piano pour détendre l'atmosphère. Mais cela ne servit qu'à tordre mon cœur un peu plus. Je savais que ça lui coûtait de quitter son métier. Il adorait jouer et chanter devant tout ce monde et il était très apprécié dans le monde de la musique. C'était dur de lui demander de tout quitter juste pour que je me sente plus rassurée... Très dur. Pourtant, il avait accepté.
Quelques minutes plus tard, la porte claqua.
"Rosalie-chérie..."
Elle me jeta un regard haineux et traça droit jusqu'à sa chambre.
"ROSALIE !, commença à s'époumoner Akira.
- Laisse chéri. Il vaut mieux qu'on se repose tous. On en reparlera demain.
- Tu es sûre ?
- Oui, oui, ne t'en fais pas. Au moins, elle est rentrée."
Elle s'était enfermée dans sa chambre et le son de son violon commença à retentir.
Rosalie, Rosalie, Rosalie...
Point de vue de Gabriel
C'était compliqué en ce moment à la maison. Quand on rentrait à la maison, elle était vide : papa et maman au travail, Rosalie Dieu-savait-où et Anna et moi qui faisions nos devoirs en silence à la table de la cuisine. C'était pas dans mes habitudes que de manquer une seule heure de cours. Mais cette fois, quand Layla vint me voir à la récré, je cédai.
"Hey, Gaby ! On s'tire ?
- T'es folle !
- Je connais un passage.
- Je te préviens, je refuse de participer au genre de bêtises que tu fais d'habitude avec Al !
- T'inquiètes ! Al vient pas, de toutes façons : il veut avoir l'air sérieux auprès de sa princesse ! Maintenant qu'elle est plus vieille que nous, c'est encore pire qu'avant ! Anna par-ci, Anna par-là, j'pensais m'en être débarrassée quand elle est partie au lycée mais c'est horrible ! Vivement qu'on passe au lycée nous-aussi pour qu'il arrête de me saouler avec sa Nanapoubelle !!!
- Parle mieux de ma sœur !
- Oh ! Fais pas ton Al-bis ! J'vais te montrer un endroit que je connais, tu viens ?
- Nous attire pas d'ennuis !
- T'inquiète ! On fait rien de mal : on profite juste d'un p'tit moment loin des cours de maths à mourir de Mme Legourdin ! Personne pourra nous reprocher ça !"
"Viens, on entre !"
À l'intérieur, il n'y avait pas grand monde. Juste un mixologue et deux-trois personnes à l'air relativement jus-de-fruitisées. Mais ce qui était cool, c'était qu'il y avait un piano !
"Regarde Layla : y'a un piano !
- T'en joues ?
- Mon papa m'a appris.
- Ouais, c'est vrai que t'en as un, toi.
- Désolé...
- Mais non, joues un morceau pour te faire pardonner !"
La maman de Layla vit toute seule et a toujours élevée Layla sans qu'elle connaisse son papa. Y'en a qui disent que la maman de Layla, elle sait même pas qui sait, le papa de Layla et que c'est pour ça qu'elle le lui a jamais montré. Layla, elle en parle pas beaucoup de son papa, alors je sais pas ce qu'il en est vraiment.
Moi, je crois qu'elle est surtout très malheureuse Layla. Parce qu'elle a pas de papa et parce que son seul ami, c'est Al. Et depuis qu'Al aime ma sœur, il reste moins avec Layla. Mais je ne prétends pas tout savoir de Layla. Je ne sais pas pourquoi elle traîne avec moi alors que je devrais être son ennemi juré ! Après tout, je suis le frère d'Anna et moi-aussi, je fais partie des gens qui ont des bonnes notes. Et puis, Layla, elle cache une grande rancœur envers tout le monde. Son père qui n'a jamais cherché à la retrouver, sa mère qui n'a pas su garder son père, Al qui tombe sous le charme d'une fille à son opposé, et puis toute cette société qui la rejette parce qu'elle n'a pas de papa et que sa mère a des mœurs un peu douteuses.
"Tu joues bien, petit ! Mais qu'est-ce que vous faites ici, tous les deux ? Y'a pas classe ?"
Je lâchai aussitôt ma place, derrière le piano, pour me placer à côté de Layla.
"Qu'est-ce qu'on fait ? On va se faire tuer si ça remonte jusqu'à ma mère !, lâchai-je entre mes dents.
- T'inquiètes ! Je gère, Albert !, répondit-elle sur le même ton. Puis, à l'inconnu : Ben, m'sieur, c'est férié aujourd'hui !
- Férié ? Mais pourquoi ?
- Y paraît qu'y'a un saint qui a fait stopper la Deuxième Guerre Mondiale, du coup, ils ont rajouté un jour férié en son honneur !
- N'importe quoi ! Elle est belle la France ! Nos gosses fichent plus rien aujourd'hui.. Hey mais attendez un peu ! La Deuxième Guerre Mondiale, si je ne m'abuse, elle se termine pas le 8 mai ?
- Bah si, pourquoi ?
- On est le premier mars.
- C'est le moment où on file, capitaine Gaby !"
"Non mais j'le crois pas ! Tout le monde sait qu'elle se termine le 8 mai, la Seconde Guerre Mondiale ! C'était quoi cette excuse bidon ! C'est déjà férié, en plus, le 8 mai ! Elle était nulle ton histoire !
- T'aurais pas fait mieux ! Et puis, t'en fais pas. C'est pas ce pochtron qui risque de te cafter à ta mère. Il aura tout oublié dans cinq minutes !
- Il était assez lucide pour comprendre que tu le menais en bateau... Bon, après, c'était pas difficile !
- Tu m'saoules ! La prochaine fois, je te laisse te dépatouiller tout seul !
- Non mais c'était marrant.
- Ben oui, bien sûr ! Bien plus marrant que les cours de maths, reconnais-le !
- C'est pas faux mais les cours de maths, c'est plus utile pour ton avenir !
- J'm'en fiche de mon avenir. Moi, j'profite de l'instant présent !"
Layla... Elle a vraiment une drôle de manière de voir les choses. Mais avec elle, je me sens bien. Et malgré ce que peut en dire ma sœur, elle est pas irrécupérable.
Point de vue d'Anna
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Aaaaaaaal !!!!!!!!!! Il m'a appelée, il y a cinq minutes.
"Anna ! Ça te dirait de venir au Bar à Burgers, c'midi ?
- Euh... Ouais, pourquoi pas ! Mais y'a une raison spéciale ?
- C'est vrai que j'te l'ai jamais dit ! C'est mon anniv' ! Moi-aussi, j'pourrais aller au lycée, lundi !
- Sérieuuux ? Mais c'est génial !
- Y'aura Layla et ma frangine, t'es ok ?
- Ouais, bien sûr !"
Of course, on ne pouvait pas échapper à Layla... Mais au moins, dans quelques jours, on sera tous les deux au lycée... et pas Layla !
"Purée, qu'est-ce que t'es grande ! C'est incroyable !
- Bah, bientôt, tu feras ma taille..
- Y'a intérêt que je sois plus grand ! Sinon, c'est trop la lose !"
Une chose est sûre, mon cœur bat toujours aussi vite quand je le prends dans mes bras... J'espère qu'il ne changera pas trop en grandissant... et qu'il continuera de bien vouloir d'une fille comme moi. En tous cas, le fait que j'ai grandi ne le fait pas changer de comportement. Ça me rassure. J'avais peur que l'écart d'âge ne change notre relation.
Par contre, j'ai eu une sacré mauvaise surprise.
Layla et Gabyyyy ? Depuis quand sont-ils aussi proches ? Assez proche pour qu'elle l'invite à cette fête d'anniv', comme ça, sans se gêner ? Elle savait pertinemment que je venais. Je suis certaine que c'est juste une provocation. Je ne sais pas quel malin plaisir elle prend à côtoyer mon frère juste pour me faire enrager mais ça commence à m'agacer sérieusement. L'amitié, c'est pas une blague ! Et Gaby est trop gentil pour se rendre compte qu'elle se moque de lui !
"J'peux savoir c'que tu fiches ici, Gabriel ?
- En quoi ça te regarde ? On a des amis communs, il se trouve, c'est tout.
- Tu te moques de moi, ou quoi ? Je sais très bien quels sont mes amis et aucun d'eux ne te côtoie.
- C'est pas une raison ! Et arrête de parler à mots couverts, c'est très désagréable pour tout le monde ! D'autant plus que tout le monde comprend très bien ce que tu sous-entend ! Sache que je m'en fiche si tu n'apprécies pas les gens que j'apprécie ! Je vais pas changer d'amis pour faire plaisir à ma stupide grande sœur !
- Je ne sous-entend rien du tout ! À part que tu devrais te méfier !
- C'est plutôt toi qui devrait te méfier, si tu veux mon avis !
- Non mais de quoi j'me mêle ? Je ne t'autorise pas !"
"Mais c'est bon, arrête ! Tu te montes la tête toute seule ! On était tous très bien, là !
- Tu m'accuses, en plus !
- Je dis juste que tu t'en fais pour rien !"
"C'est bon, les frangins, peace and love !
- Est-ce qu'on t'a parlé à toi ?
- Mais arrête de faire tout un char pour rien, Anna ! Ton frère a raison : là, c'est toi qui pourrit le truc, sans raison !
- C'était une discussion privée, merci !
- Alors fais-là comme il se doit : en privé ! Aujourd'hui, c'est l'anniversaire d'Al, au cas où t'aurais oublié ! On réglera nos comptes après !"
Mince. Pour une fois, je dois reconnaître qu'elle a raison. Je me suis laissée emporter. Et devant Al, en plus ! J'ai vraiment agi comme une idiote jalouse... Il va me haïr, c'est sûr !
Personne n'a vraiment reparlé de tout le repas. Quelle imbécile ! J'ai gâché son anniversaire ! Mais je n'eus pas le temps de m'en faire plus longtemps. Mon cœur rata un battement.
Al... Al ? Je restais bouche-bée comme une idiote. Là, pour le coup, c'était moi qui allais avoir du mal à me comporter normalement en sa présence. Avant, c'était Al... Il était mignon, et tout... Mais là, là, c'était... Al ! Et le moins qu'on puisse dire était qu'il était canon.
"Ça va, Anna ? T'es toute pâle.
- Ouais, ouais, ça va."
Côté pâleur, en même temps, il me battait. Je fronçai les sourcils. Une odeur de brûlé venait de me détourner du charme envoûtant des beaux yeux d'Al. Brusquement, son visage se ferma.
"Il faut que j'y aille, maintenant. Je vous rappellerais tous ! Désolé !
- C'était sûr qu'il fallait que ça tombe sur Al ! Chanceux, va !", lança Aemilia, la grande sœur d'Al.
Moi, je ne comprenais rien à ce qui se passait, à part que la fête était terminée, beaucoup plus tôt qu'elle n'aurait dû.
Je rentrai donc chez-moi, totalement désemparée, sans attendre que Gaby daigne cesser de parler avec Layla. Là, j'eus de nouveau une lueur d'espoir en voyant le numéro d'Al s'afficher sur mon téléphone. Il ne me haïssait donc pas !
"Salut, Anna.
- Salut, Al ! Tout va bien ?
- Ouais, ouais, tout va à peu près bien...
- Un problème ?
- T'en fais pas. On en reparlera plus tard, ok ? Je voulais juste te dire que j'étais désolé pour la fête... On rattrapera ça plus tard !
- D'accord mais... tu es sûr que tout va bien ?
- Impec' ! Et toi ?
- Impec' aussi. On se reverra, hein ?
- Ouais, t'inquiètes !"
Elle était bizarre, quand même, son histoire. Et comme je n'étais pas bête, je fis quelques recherches... et tombai sur un livre plutôt intéressant...
Point de vue de Rosalie
Sûre que mes parents vont me tuer. Après l'histoire d'hier soir, j'ai encore passé la journée dehors. Pour aller au boulot, entre autres mais étant donné que j'ai pris ce boulot dans leur dos, pas sûre que l'excuse soit valable. Et puis, de toutes façons, y'a pas eu que le boulot. Je suis sortie prendre un verre avec les collègues juste après et ça, c'est sûr que ça passe pas.
"MLLE FONTENÊT !"
Et c'est partiiiii !
"J'EN AI PLUS QU'ASSEZ DE VOS SORTIES INTEMPESTIVES ! JE SUIS RAREMENT À LA MAISON - ce qui va d'ailleurs changer très prochainement - ET QUAND JE RENTRE, JE M'APERÇOIS QUE MA FILLE PROFITE DE MON ABSENCE POUR ALLER FAIRE N'IMPORTE QUOI, DIEU SAIT OÙ ! ET JE NE VEUX PAS SAVOIR QUELLES MAUVAISES EXCUSES TU AS EU LE TEMPS DE T'INVENTER : LE PROBLÈME EST QUE TU TE CONSIDÈRES LIBRE DE TES MOUVEMENTS ! TANT QUE TU ES SOUS CE TOIT, TU DOIS TE PLIER À NOS RÈGLES, C'EST COMPRIS ? ET J'EXIGES QUE TU AILLES T'EXCUSER AUPRÈS DE TA MÈRE POUR TOUT CE QUE TU LUI AS FAIT SUBIR CES DERNIERS JOURS !"
"Écoute papa, je suis d'accord avec le fait que j'abuse. Mais ce serait bien qu'on ait une petite discussion, au sujet du couvre-feu et des horaires de sorties en général... parce que 21h, ça fait un peu tôt, quand même, vu que je travaille jusqu'à 21h aussi... Papa, tout va bien ?"
"Ô MON DIEU ! PAPA ! PAPAAAAAAA !"
Non, non, non ! Papa ne peut pas partir comme ça, pas maintenant ! Papa ! Papa !
Alors comme ça Al est un vampire En tout cas Anna a raison, il est canon !
Ahlala entre Rosie et Blanche c'est très très compliqué... Blanche a déjà du mal à gérer alors sans Akira qu'est-ce que ça va être ?
@Himari74 : Ah... mais quelle rebelle cette petite Rosalie!! Quand s'assagira t-elle ?
Le moindre que l'on puisse dire, c'est que mère Fontenêt ne plaisante pas, hi!hi!... elle fait de grosses colères...lol...
Et il y a de quoi avec une ado pareille
Mais quelle triste fin Faucheuse rabat-joie s'invite de la partie et fait des dégâts!!...
Il faut que Rosalie implore cette dernière afin d'épargner son père... a t-elle des chrysanthèmes dans son inventaire ?
Hâte de savoir l'issue de cet épisode
Quant à Al... il est canon de ché canon j'adore sa bouille et son look
@EstelleMinigames Contente que ça continue de te plaire
Oui, ça promet de ne pas être facile pour Rosie
@Blue8white Il aurait pas pu mieux choisir... J'avais eu la notification comme quoi il devait bientôt mourir mais j'avoue que je ne m'attendais pas à ce qu'il s'effondre pendant qu'il faisait son sermon à Rosalie ! Surtout qu'elle continuait de lui parler, sans se rendre compte de rien alors qu'il rendait son dernier souffle...
Un vampire ? Tu crois ? Le pire, c'est que c'est moi qui l'avais créé enfant et j'avais totalement occulté dans un coin de mon cerveau ce détail... C'est quand je l'ai vu se mettre à brûler sous mes yeux que je m'en suis souvenue
Tu l'as dit... Les relations sont plus que tendues et Rosalie n'est pas vraiment une adolescente facile à vivre...
@Kannelia Ah là là, cette Rosalie, alors !
Elle sait s'imposer quand elle veut, la douce Blanche ! Elle n'est pas la mère de sa fille pour rien !
Et oui... Il fallait que la Faucheuse choisisse justement ce moment...
Rosalie réussira-t-elle à obtenir un sursis pour son père ? Peut-être que oui, peut-être que non...
Ravie qu'Al te plaise ! J'ai passé du temps dans le Créer un sims mais je suis fière du résultat
@nicolasB Elle a gagné, elle a gagné... Faut le dire vite
Si c'est pas formidable, ça ! C'est que du bonheur, chez les Fontenêt
Oui, je pense qu'ils en auront besoin... Léo, consolateur ? Mais non, c'est pas son genre de profiter de la situation comme ça !... Ou peut-être que si...
@Pythonroux C'est le cas de le dire
Je sais pas pourquoi mais je savais que tu dirais ça...
Chapitre 43Les Fontenêt en deuil Point de vue de Rosalie
Ce fut un choc pour tout le monde. On aurait dû s'y attendre, je sais. Mais mon père était toujours si... vivant. Il jouait toujours du piano, chantant même avec entrain, sa voix à peine altérée par l'âge. Il allait au travail, sans jamais se plaindre de fatigue, ni rien. Il était plus vieux que maman, bien sûr. Il commençait même à être assez âgé mais... À côté de moi, Anna serrait les poings et les lèvres pour retenir ses larmes mais moi je ne pouvais pas. J'avais l'impression que je n'aurais jamais assez de larmes pour le pleurer.
L'ombre noire de la Faucheuse glissa silencieusement au-milieu de nous. Je me précipitai avant que ma mère eût seulement le temps de faire un geste.
"Je vous en prie ! Pas mon père ! Pas maintenant ! Il est encore en pleine forme, je suis sûre que vous pouvez lui accorder un peu de temps ! Je vous en supplie ! Mon petit frère est encore jeune... Vous ne pouvez pas lui prendre son père ! Songez à la famille que vous brisez ! Ô je vous en prie ! Je vous donnerais n'importe quoi mais ne prenez pas mon père !
- Désolé, petite. Son heure est venue. Ce n'est pas à moi de décider s'il doit vivre ou mourir. Je sais seulement que son nom est inscrit depuis un moment déjà sur ma liste.
- Vous êtes un monstre de cruauté ! Comment pouvez-vous priver trois enfants de leur père et une femme de son mari sans le moindre remords !
- Écoutez, vous êtes bien gentille mais j'ai mon boulot à faire ! Si j'écoutais toutes les jolies jeunes femmes qui me supplient de leur rendre un père, un mari, un frère, un ami ou je-ne-sais-qui encore, je me retrouverais au chômage ! Votre père martyrisait bien les touches d'un piano qui ne lui avait rien fait, non ? Moi, je me contente de récupérer les âmes des morts. Chacun son boulot. Maintenant, poussez-vous, mademoiselle."
J'avais échoué. Mon père allait partir pour de bon. Derrière moi, j'entendis les sanglots de ma mère redoubler. On ne s'était pas toujours entendue à merveille et il y avait bien des points sur lesquels on ne se comprenait pas mais elle aimait mon père. Profondément. C'était injuste de lui ôter la vie sous ses yeux.
N'y avait-il vraiment rien que je pusse faire ? À part assister à ce crime, les bras ballants, comme une pauvre imbécile face à la fatalité ? Non, je ne pouvais pas !
Plutôt mourir que voir cette odieuse créature ôter son dernier souffle à mon bon papa. Je préférais partir courir, malgré le vent glacé qui soufflait dans la nuit et malgré l'obscurité. Le vent me fouettait le visage mais je n'aspirais qu'à m'éloigner le plus vite possible de la scène macabre.
Point de vue de Blanche
Je ne m'étais jamais sentie aussi lasse de toute ma vie. J'étais horrifiée, désespérée, abasourdie, mais à l'instant où la Faucheuse abattit sa faux et récupéra l'âme d'Akira, il ne me resta plus qu'un immense lassitude.
J'avais l'impression qu'il avait toujours été à mes côtés. Quelques soient les tourments que je devais endurer, il était là. Il était là quand je débarquais dans cette ville, totalement perdue, sans rien savoir des choses de ce monde. Il était là quand Marcus se faisait désagréablement insistant. Il était là encore pour écouter l'histoire d'Angel. Il était là pour m'aider à avancer quand j'étais perdue dans un combat de sentiment. Il était là pour mes premières craintes de mère. Il était toujours là quand je n'arrivais à rien avec Rosalie, que je me sentais nulle et mauvaise mère. Il était là quand Léo avait débarqué, entraînant sa multitude de nouveaux tourments et de rappel du passé. Et maintenant qu'il n'était plus là, je me demandais comment j'allais survivre dans un monde sans lui et où je trouverais la force qui me permettrais d'avancer.
"Maman... Rosalie..."
Pourtant, il fallait que je vives, pour les enfants, pour cette famille que nous avions construite à deux. Maintenant, j'étais seule pour m'en occuper et il fallait que je sois forte. Pour eux. Gaby me regardait, les yeux emplis de larmes qu'il retenait courageusement. Et il trouvait encore le moyen de s'en faire pour sa sœur ! Je songeais à ce qu'aurait dit Akira à ma place.
"Elle reviendra, Gaby. Bien sûr qu'elle reviendra ! Elle revient toujours. Elle a juste besoin d'un peu d'air. Et puis, elle est très triste, tu sais.
- Toi-aussi, maman, tu es très triste, pas vrai ?
- Ne t'occupe pas de moi, Gaby. Je crois qu'on est tous très tristes. Mais on survivra. Mon petit Gabriel, tu lui ressembles tellement !"
Point de vue de Rosalie
Après cette nuit-là, maman avait préféré que nous déménageassions. Je crois qu'elle n'en pouvait plus de retrouver des images de lui à chaque pas qu'elle faisait. On était restés au même endroit mais la maison avait été reconstruite de A à Z. Maman essayait d'être présente au maximum pour nous.
Elle faisait de son mieux pour réconforter Anna qui ne pleurait que lorsqu'elle se trouvait seule. Le reste du temps, elle tentait d'arborer un masque impassible, qui ne manquait pas de se craqueler, surtout le soir, après des journées harassantes.
Et lorsqu'elle me voyait traîner des pieds, elle ne manquait pas de m'accorder son temps, avec équité. Moi, j'essayais de me faire plus discrète bien que l'envie me démangeât plus que jamais de fuir la maison et tout ce qui pouvait me rappeler mon père. Mais je restais, parce que je savais que ma mère n'avait vraiment pas envie d'avoir à s'occuper de ces histoires et de gérer mes horaires de sortie.
"Rosalie, je sais que c'est dur pour tout le monde mais pour toi, en ce moment, c'est particulièrement difficile.
- Non, maman, c'est pour toi que c'est difficile...
- Tu te sens seule, ici, pas vrai ?
- Mais non ! Je suis bien, avec vous. Je t'aime, maman.
- Moi-aussi, Rosie, je t'aime très fort. Je sais que tu te sens à l'étroit, ici. Je crois que nous n'avons pas la même notion des limites... Mais ce serait vraiment bien que tu en parles, quand tu sors, et qu'on établisse vraiment des règles, que tu t'engageras à respecter. Je me fais juste du souci, pour toi, tu sais.
- Ouais, je sais. Mais je t'en voulais vraiment pour la manière dont tu as parlé à Jake. C'est un type bien. Et je l'aime.
- Je suis désolée pour ça. J'étais fatiguée, sur les nerfs, et je ne me suis pas rendue compte des limites. S'il te rend heureuse, tant mieux, non ? On fait la paix ?
- On fait la paix."
Une chose, cependant, continuait de m'agacer chez ma mère. Elle ne pensait sûrement pas à mal mais je ne pouvais pas m'empêcher de grincer des dents chaque fois que je la voyais avec Léo. Il faisait de son mieux pour la consoler et ils parlaient de plus en plus, seuls tous les deux. Je fuyais dès que je les apercevais.
Je passais la majeure partie de mon temps dans ma nouvelle chambre, sur mon violon. Comme avant, je me réfugiais dans la musique.
J'avais également opéré un nouveau changement de look, qui correspondait pas mal avec mon humeur quotidienne. Nouvelle couleur de cheveux, que j'avais d'ailleurs coupés encore plus courts qu'avant. Nouveau tatouage dans le dos. Et du noir, beaucoup de noir. Je faisais presque tâche dans cette maison lumineuse et claire, à l'image de ma mère. Ma chambre était comme une antre, contrastant autant que moi dans la douceur environnante.
Point de vue de Léo
Je faisais tout mon possible mais elle ne guérissait pas. Et dans son veuvage, elle avait encore embelli. Comme Rosalie, elle avait changé de look. Mais elle avait opté pour tout le contraire de Rosalie. Elle semblait plus lumineuse, plus douce, plus splendide encore, comme grandie par ses larmes et sa douleur.
Mon cœur se serrait pourtant de la voir ainsi. Sans Akira, elle semblait démunie. Dès que ses enfants ne la voyaient pas, elle allait le pleurer. Devant eux, elle tâchait de faire bonne figure. Dans leur dos, elle s'adonnait à son désespoir, elle appelait son nom et ses yeux semblaient des nuages lourds et emplis d'une pluie qui semblait ne jamais vouloir cesser.
Et je ne pouvais que la regarder de loin. Dès qu'elle m'apercevait, son sourire revenait et elle faisait comme si de rien n'était. Alors je restais dans son dos, sans rien dire, faisant semblant de ne pas voir ses yeux rouges et gonflés puisqu'elle se braquait dès que j'essayais de la consoler. De son vivant comme après sa mort, je ne faisais décidément pas le poids face à Akira.
Mais qu'est-ce qu'elle pouvait être belle !
En ce moment, tous étaient tristes, de toute façon, ne faisant qu'accentuer encore mon sentiment d'impuissance. J'avais appris à les aimer tous. Je vivais parmi eux depuis longtemps, maintenant. Gabriel était comme sa mère à ce niveau-là : il ne pleurait que quand il croyait ne pas pouvoir être entendu. Mais parfois, ses sanglots pouvaient être entendus à travers les cloisons. Le reste de la famille faisait semblant de rien, je les imitais mais mon cœur se serrait.
Anna aussi, retenait ses larmes. Je crois qu'ils faisaient tous de leur mieux, en pensant que c'était leur mère qui avait le plus lourd fardeau à porter.
Mais Rosie courbait le dos d'une manière flagrante. Elle se rendait désormais au lycée sans un mot. Et peut-être était-ce plus inquiétant que son comportement d'ado rebelle. Son nouveau tatouage, sa couleur de cheveux, ça, c'était plus Rosalie. Mais cette posture, ces yeux remplis de larmes refoulées, cette soumission qui respirait le désespoir, ça, c'était pas Rosalie.
Ce fut difficile pour moi mais j'avais pris ma décision, en voyant les larmes de Blanche, chaque soir. J'avais compris. Ils n'avaient pas besoin de moi. Blanche n'avait pas besoin de moi. Il n'y avait eu qu'un homme dans sa vie et il n'y en aurait jamais qu'un. Elle n'avait même pas cherché à me retenir quand je lui avais exposé ma décision.
"Je savais que ce jour devait arriver... J'espère tu trouveras ta voie... Tes écrits sont bons, tu sais. Bonne chance pour l'avenir !"
Mais le cœur n'y était pas et dans ses yeux, je pouvais lire qu'il n'y en avait, encore et toujours, que pour Akira.
Point de vue de Rosalie
"Salut, Rosalie.
- Salut, Léo. Comment ça va ?
- Plutôt toi, comment ça va !
- Moi ? Bien.
- Tu veux rire ? Tu crois que j'ai pas vu la tronche de six pieds de long que tu tires ! Tu ne parles plus à personne, tu t'enfermes dans ta chambre toute la journée et tu ne parles même plus à tes amis !
- Mes amis ? Elle est bonne, celle-là ! J'ai au moins capté un truc quand papa est parti : j'ai pas d'"amis". La seule vraie amie que j'ai jamais eue, c'est Audrey mais j'ai tout laissé filé avec elle. Ça fait des mois qu'on se parle plus. Tout ça parce que je suis qu'une gamine égoïste et capricieuse et qu'au fond de moi, je lui en veux pour sa belle histoire avec Naoki. Kenza... elle a plus de potes qu'elle ne peut en compter. Et elle et moi, on n'est pas particulièrement proches. Elle a juste fait joujou à me rendre présentable et ça s'arrête là. Quant à Sarah... je croyais qu'elle s'était arrangée mais elle est vraiment devenue insupportable. À côté d'elle, je parle bien à ma mère.
- Et ton petit copain ?
- ...
- Ça va pas bien, vous deux ?
- J'sais pas.
- Vous vous êtes revus ?
- Non.
- Pourquoi ?
- J'sais pas.
- Vous vous êtes reparlés au moins ?
- Non. 'Fin, il m'a envoyé pleins de messages et m'a appelé un sacré nombre de fois mais j'ai pas répondu."
J'étais carrément spammée par Jake mais je ne répondais jamais. Je lisais tout mais je restais, les doigts au-dessus du clavier, sans réussir à trouver les mots. Je n'avais pas le cœur à faire semblant d'aller bien. Je l'avais aussi croisé plusieurs fois au lycée, faisant toujours comme si je ne l'avais pas vu. Je ne savais même pas pourquoi j'agissais ainsi avec lui. Il était si gentil, toujours et je savais qu'il était peut-être le seul à pouvoir me tirer de ce trou noir dans lequel je me trouvais aspirée, et pourtant... Il avait compris, au bout d'un moment. Il ne m'appelait plus ni ne me suivait dans les couloirs du lycée et la quantité des messages envoyés s'amenuisait de jour en jour. Une fois, il m'avait attrapée par le bras, alors que je le fuyais. Sans oser le regarder, j'avais juste dit : "Lâche-moi." et il m'avait lâchée. C'était après ça qu'il avait commencé à renoncer, ce qui me rendait encore plus malheureuse que le fait de devoir l'éviter.
"Rosie ?
- J'en peux plus, Léo ! Je sais même plus ce que je fais ni pourquoi je le fais ! J'suis totalement paumée... Déjà que je l'étais pas mal avant, c'est de pire en pire !
- Je suis désolé.
- Quoi "je suis désolé" ? J'ai besoin que tu m'aides, Léo ! Je peux plus, là.
- Rosie, je ne peux pas t'aider. Il n'y a que toi qui le peut. Et puis, j'étais venu te dire que je partais.
- Quoi ?"
Ma voix avait tremblé, se brisant. J'avais atteint mes limites. J'étais prête à fondre en larmes et à m'effondrer par terre. C'était trop pour moi, cette vie.
"Mais... Tu... Tu peux pas partir... C'est maintenant qu'on a besoin de toi... Que maman a besoin de toi, que j'ai besoin de toi !
- C'est faux. Vous vous débrouillez très bien, sans moi. Il est temps que je me trouve un vrai job et que je fasse ma vie, tant pis si elle n'est pas forcément celle dont j'ai rêvé."
"Quand... Quand est-ce que tu pars ?
- Euh... Je ne sais pas... Je pensais rester jusqu'à ce soir mais...
- On n'est jamais vraiment allés quelque part, ensemble.. On pourrait... je sais pas, moi ! Aller au karaoké, tous les deux. Je t'en prie !"
Je ne savais pas vraiment ce que je fabriquais mais je ne pouvais pas le laisser partir comme ça. Je l'avais trop aimé pour ne pas me sentir déchirée de le voir partir.
Il accepta. J'étais un peu intimidée au début. C'était vrai que nous n'étions jamais vraiment "sortis" ensemble. Au final, que savais-je de lui ?
Assez vite, cependant, je retrouvais mes habitudes. C'était la première fois que je revenais ici depuis la mort de mon père. Je n'aurais jamais pensé que ce serait avec Léo. Vaguement, dans un coin de mon esprit, je songeais à Jake. Que faisait-il en cet instant ?
"Mademoiselle Fontenêt ? Êtes-vous parmi nous ?
- Désolée ! Tu disais ?
- On fait une petite pause, peut-être ?
- Déjà fatigué ?
- C'est toi qui ne tiens pas le rythme !"
Je ris, comme je n'avais plus ri depuis le départ de mon père. Peut-être que sortir me manquait plus que je ne le croyais.
J'étais bien, là, avec Léo. J'oubliais presque que tout allait mal dans ma vie, en ce moment.
"Rosalie...
- Ouais, c'est moi !
- Je vais partir, pour de bon. Et rien de ce que tu feras ne pourra me retenir...
- Je sais, t'inquiètes !"
Mais au fond de moi, quelque part, j'espérais encore le retenir. Et je crois qu'il le sentait.
"Tu me laisserais aller chercher un jus de fruit ?
- Rosalie !
- Allez, s'teu plaît ! Les parents sont pas obligés de le savoir...
- N'importe quoi ! Un Coca et c'est tout, d'accord ?
- Pas marrant !"
Je riais en sortant de la pièce. Mais mon sourire se figea brusquement.
"Rosie ?
- Jake... Qu'est-ce que tu fiches ici ?
- Je peux te renvoyer la question. Tu m'évites pas cette fois ?"
Il eut un sourire tellement doux que j'eus l'impression d'être une traîtresse. C'était avec lui que j'aurais dû être, à m'amuser pour oublier que je me sentais seule.
"Écoute, je suis vraiment désolée. J'avais juste besoin de temps...
- C'est pas grave. C'est cool de retrouver ma Rosie."
"Rosie, qu'est-ce que tu fabriques ? ... Je peux savoir qui vous êtes ?
- Et vous, vous êtes qui ?
- Léo. Léo Chateaubriand.
- Moi c'est Jake Adams.
- Et qu'est-ce que vous voulez à Rosie ?
- Et vous ? Qu'est-ce que vous lui voulez ?
- Vous posez beaucoup de question mais vous ne répondez pas vraiment aux miennes...
- C'est pas croyable ! J'ai quand même le droit de causer à ma p'tite amie !
- Votre petite amie ?"
Léo haussa un sourcil.
"J'vois le genre.
- Quoi, "j'vois le genre" ? Vous commencez à m'courir, vous ! Je déteste les fils à papa dans vot' genre ! En quoi tu t'crois supérieur à moi, hein ?
- Peut-être parce que je ne suis pas un gamin arrogant sans rien dans la cervelle !
- J'vous permet pas ! Vous allez déguerpir tout de suite !
- Et de quel droit me donnez-vous des ordres ?
- Mais j'le prends, ce droit ! Si on le prend pas, y'aura jamais personne pour vous l'donner !
- Et peut-être qu'ils auront raison !
- Raison de quoi ? De se laisser marcher sur les pieds par un type sorti de je ne sais où qui veut faire sa loi ?"
Je restais pétrifiée sur place. Je ne les avais jamais vus aussi en colère, que ce soit Jake ou Léo.
"Ne t'approche plus d'elle !
- Jake...
- Ne t'approche plus d'elle, tu entends ? Si j'te revois traîner autour d'elle, je te referais le visage à ma manière, ok ?
- T'es pas croyable ! Tu crois vraiment que Rosie a besoin d'un balourd comme toi pour la défendre ? Si elle voulait pas que je l'approche, elle me l'aurait déjà fait remarquer ! T'as jamais pensé que t'étais peut-être pas le centre du monde, pour elle ? Et qu'elle pouvait avoir le droit de cotoyer d'autres gens ? Tu t'éclates bien à l'enfermer dans ta pseudo-bulle d'affection ?
- Arrête de faire genre que tu la connais mieux que moi ! Les types comme toi, ça m'dépasse. Quel plaisir tu prends, à tout ça ? J'suis sûr que tu t'en moques de Rosie mais juste parce que je débarque, tu veux faire ta loi ! Mais retourne dans ton petit palais de conte de fées l'prince charmant ! Rosie a pas besoin de toi !
- C'est sûr que si c'est toi, son prince charmant, j'ai du souci à me faire !"
Ils allaient finir par s'étriper sur place si je ne faisais rien mais je continuais de les regarder sans parvenir à faire un geste.
Jake était sur le point de lui sauter à la gorge. Je pouvais voir une drôle de lueur sauvage dans ses yeux. Il m'effrayait presque. Je ne reconnaissais plus le garçon doux qui m'aimait tendrement. Je n'avais jamais songé à ce qui se passerait si jamais ils se rencontraient. Mais je n'aurais sans doute jamais pu imaginer ce déchaînement de violence. Je ne comprenais pas non plus l'attitude de Léo. Il se montrait si possessif à mon égard... dans un même temps, cela me flattait mais j'étais aussi dérangée par cette attitude. J'aurais dû intervenir, pour lui dire que Jake était mon petit copain et qu'il n'avait pas le droit de lui parler comme ça. J'aurais dû intervenir, pourtant, une idée fixe me restait dans la tête : je ne reverrais plus jamais Léo. C'était ma dernière chance de rester un peu avec lui. Et dans ce scénario, c'était Jake, l'intrus.
Il se leva brusquement. Je crus qu'il allait le frapper. Mais il se dirigea vers moi, les dents serrées. Il se pencha vers moi et déposa un baiser sur ma joue. Je ne m'y attendais absolument pas. D'ailleurs, je ne l'aurais pas cru capable de tant de douceur dans l'était de colère où il se trouvait.
"On s'en va, Rosie.
- Pardon ?
- On s'en va. Si on reste ici, ça va mal finir.
- ARRÊTE TON DÉLIRE, UN PEU ! JE T'APPARTIENS PAS !"
Il se recula, surpris.
"Sérieux ! C'est quoi cette attitude ? J'suis venue ici avec lui et je repartirais avec toi ? Je suis libre, non ?
- Bien sûr, mais...
- TU ME TAPES SUR LES NERFS, OK ? LAISSE-MOI RESPIRER ! RES-PI-RER, T'ENTENDS ?"
"Ah. Ok. J'ai compris."
Je regrettais aussitôt mon brusque accès de colère. Il avait pâli. Toute trace de rage avait quitté son visage. Il était très calme, au contraire. Un peu pâle mais calme. Son regard posé sur moi me faisait me sentir horriblement mal.
Il tourna le dos, finalement. Un appel mourut au bord de mes lèvres. J'étais trop fière pour ça. Mais au fond de moi, quelque chose était brisé. Ce dos qui se dressait devant moi était comme une frontière infranchissable. Si je l'avais blessé, j'en ressortais au moins aussi meurtrie. Pourquoi fallait-il toujours que ça se termine comme ça ?
Je retournais dans la sale du karaoké mais le cœur n'y était plus. J'avais beau forcer mon sourire, me dire que c'était peut-être les derniers instants que je passais avec Léo, je ne songeais qu'à Jake.
Le soir tombait lorsque Léo me serra une ultime fois dans ses bras. J'avais des larmes pleins les yeux, que je ne retenais qu'avec difficulté. Pleurais-je pour Léo ? Pour Jake ? Je ne savais pas, plus. Toute ma joie s'était envolée. Revenait la solitude et la tristesse, encore plus lourdes sur mes épaules.
Ce soir-là, je ne regagnai pas ma chambre. Les anciens appartements de Léo furent le seul endroit où je pus trouver le sommeil. J'étais triste et lasse. Plus lasse que jamais.
Le lendemain matin, je sentis mon oreiller trempé et mes yeux encore tout humides d'une nuit de larmes. Je ne trouvais la force que de sortir dehors et de pleurer, de pleurer toutes les larmes de mon corps sur la tombe de mon père.
"Ô papa ! Papa ! Qu'est-ce que je dois faire ?"
@Himari74 : que de tristesse dans cette MAJ!
Le décès d'un être cher reste toujours un évènement extrêmement douloureux dans la vie et laisse une plaie béante...
Pas étonnant que Rosie soit aussi paumée. Souhaitons que cet épisode serve à renforcer les liens mère-fille
C'est le désespoir dans la famille et il faudra laisser le temps oeuvrer...
Qui de Léo ou de Jake remportera la palme dans le coeur de Rosie ? Sait-elle seulement ce qu'elle veut ?
Elle me semble bien perturbée la pauvre!
Très stylé son nouveau look: j'adore
Il s'adapte merveilleusement à son état d'esprit et son mal être du moment
Et ben la petite Rosie ne désire que ce qu'elle ne peux pas ou plus avoir, normal mais douloureux ^^
séquence émotion en tout cas, joli chapitre toute en tristesse
Réponses
Et merci pour Anna
@nicolasB On est d'accord ! Il la ménage beaucoup trop
Ouii ! Elle est toute mignonne ma petite Anna et, pour l'instant, elle se complique moins la vie que sa frangine
@Blue8white C'est clair que Jake aurait plus de raisons de se prendre la tête et se la prend moins qu'elle ! Notre Rosie doit vraiment avoir un problème
Et merci pour Anna
@Kannelia Je préférerais pour mes pauvres oreilles qu'elle ait l'art de jouer du violon
Ah là là, oui ! Elle se gâche son adolescence
Et Jake qui n'ose pas la secouer... Ça va nous mener loin tout ça !
@AmbreAngel Ooh ! Merci beaucoup, ça me fait très plaisir !
Pour Jake et Rosie... à voir
@EstelleMinigames Merciiii ! Ça me fait vraiment super plaisir de voir que mon histoire te plaît !
Je passe beaucoup de temps pour tout rédiger alors ça me fait vraiment plaisir de voir ce genre de messages
Chapitre 42 Aaah, la famille !
Point de vue de Jake
J'avais eu peur, si peur de la perdre. J'avais l'impression qu'elle s'amusait de me voir galérer comme ça. Elle était cruelle, ma Rosie... C'était aussi ce que pensais Aloïs. Je le voyais à sa grimace chaque fois que je parlais d'elle. Il ne pensait pas qu'elle fût la bonne pour moi.
"Tu t'fais du mal, Jake. J'ai pas l'impression qu'elle soit sérieuse avec toi...
- Mais si elle l'est ! Tu la comprends pas, c'est tout. Tu lui as jamais vraiment parlé alors commence pas à la juger tu veux !
- Ok, ok. Mais si tu me la présentais, aussi... Ça m'aiderait peut-être à me faire une idée !"
Sérieusement, Aloïs... Je t'aime bien, t'es mon meilleur pote et le seul à qui je dise vraiment tout mais j'sais pas si je tiens vraiment à te présenter ma copine. C'est pas que j'ai pas confiance... mais parfois je me dis que Rosie et moi, on n'appartient pas vraiment au même monde. Elle joue peut-être à la rebelle mais pas comme j'y ai joué, à son âge. Aloïs appartient plus à son monde. Lui-aussi il a une jolie famille qui l'adore. Moi, j'sais pas ce que c'est d'avoir une famille. Et puis, Rosie ressemble un peu à la sœur d'Aloïs. Sans compter que c'est lui qui l'a repérée le premier. J'ai pas compris ce qui lui est passé par la tête ce jour-là...
"Hey, Jake ! T'as vu la rouquine, là-bas, de seconde. Celle qui traîne parfois avec Naoki.
- Ouep', je vois. Pourquoi ?
- Pour rien.
- Quoi pour rien ? C'est la première fois de ta vie que tu te rends compte de l'existence d'une fille -et une seconde en plus- pour rien ? T'es au courant que la moitié des filles de la classe- celle qui n'est pas à fond sur moi- rêve que tu t'aperçoives un jour de son existence ?
- Genre qui ?
- Genre Julie, Amy, Dana, Chiara et j'en passe ! Mais c'est pas le sujet, pourquoi tu me parles de la rouquine ?
- Je sais pas, j'te dis ! J'trouve qu'elle ressemble à...
- Oh. À Alice, c'est ça ?
- Non. À toi.
- À... moi ?
- Ouep'. À toi, à l'époque où t'étais perdu."
Il dit des trucs bizarres parfois Aloïs alors j'ai laissé courir. Mais j'avoue que ça m'a trotté dans la tête un moment. Bah... Il s'est juste trompé. Si on se ressemblait tant que ça, je comprendrais tous ces moments de silence qu'elle laisse... Je comprendrais ce qui lui passe par la tête toutes ces fois où j'ai l'impression qu'elle m'échappe... Ouais, j'aimerais bien lui ressembler un peu plus, justement.
"À quoi tu penses Jake ?
- À toi.
- Arrête de dire des bêtises !
- Bah quoi ? Puisque c'est pas faux !
- Si c'est pas faux, ça veut dire que c'est pas vrai non plus !
- Ok, je pensais à un pote aussi.
- Au fait, tu m'as jamais présenté aucun pote !
- Parce que toi, tu m'as présenté beaucoup de potes ?
- Ben, tu les connais déjà tous ! Moi, je connais aucun des tiens à part Kenza.
- À part Kenza, y'a les potes qu'elle ramène chez-moi. J'ai pas autant de potes que tu crois !
- C'est qui, alors, le pote auquel tu pensais ? On m'l'a fait pas à moi !
- Ok, lui, c'est Aloïs. Lui, c'est vraiment mon pote. Il est super cool, vachement gentil... j'crois qu'il a que des qualités en fait ! Mais si je commence à te faire la liste, ça va te saouler. C'est mon grand gourou de la gentillesse ! Et c'est grâce à lui que je suis devenu celui que je suis aujourd'hui.
- Il a l'air cool. Et t'as l'air de l'aimer beaucoup. Du coup, pourquoi tu me l'as pas présenté ?
- Parce qu'il se rend pas compte quand il plaît aux filles.
- Et alors ?
- Et alors, t'es une fille.
- Heiiin ? Mais j'sors avec toi, moi !
- Ah bon ? T'avais pas l'air sûre au téléphone, tout-à-l'heure."
Et m**** ! Ça m'a échappé.
"'Faut que j'ailles au p'tit coin.
- Rosie, j'suis désolé.
- Non, t'as raison. C'est moi qui suis désolée."
J'aurais pas dû lui parler comme ça. Je suis un imbécile. Ça m'énerve. Parfois, j'ai l'impression de redevenir la fichue tête de mule que j'étais à l'époque où Aloïs est venu me trouver pour la première fois. Toujours sur la défensive, à vouloir toucher les gens là où ça faisait mal. Je sais qu'elle regrette... J'suis vraiment trop bête. Et j'la mérite pas.
Point de vue de Rosalie
Quel imbécile il peut faire, des fois ! Il est trop beau, mon Jake. Bien sûr que je ne lui préférerais pas son ami !
Mais en même temps, il n'a pas tort... Si dès que Léo est un peu gentil avec moi, je décide d'abandonner Jake, ça ne peut pas marcher. Mais son ami, là ! Je ne le connais même pas... C'est quand même pas pareil que Léo. Je suis pas assez stupide pour le laisser tomber pour son meilleur ami, si ? Et de toutes façons, s'il est aussi génial que le dit Jake, il voudrait pas d'une fille comme moi, c'est sûr. À quoi bon se prendre la tête, comme ça, alors que je ne le connais même pas ? Moi, je voudrais juste savoir grâce à qui, il est devenu ce qu'il est... Je voudrais juste en savoir un peu plus sur Jake... C'est trop demander ? Parfois, j'ai l'impression de ne rien connaître de sa vie... Et ça m'attriste.
"Ah ! Rosalie ! Ça te dirait qu'on aille au karaoké juste après ?
- Ah.. Euh..."
Je n'avais prévenu personne de ma sortie et j'avais un peu peur que si elle se prolongeait, mes parents ne commencent à s’inquiéter et que la réception au retour n'en soit que plus agréable... Mais je croisai le regard de Jake et toute résolution me quittai.
"Bien sûr ! Tant que je suis rentrée avant dîner, ça devrait le faire !
- T'es sûre, hein ?
- T'inquiètes !"
C'était surtout moi qui m'inquiétait en fait, mais bon... Je n'avais plus qu'à espérer très fort que mes parents ne se rendraient pas compte de mon absence. Mais j'oubliais tout ça en saisissant le micro. J'aimais beaucoup chanter à pleins poumons comme ça... et avec Jake, c'était le Paradis ! J'avais vraiment de la chance de l'avoir rencontrer... Je l'oubliais trop souvent. Et de la chance qu'il m'aime comme j'étais.
Finalement, il me ramena chez-moi. Ouf ! Il n'était pas trop tard. Au pire, si mes parents s'étaient aperçus de mon absence, ils laisseraient sans doute courir. Et en effet, ils auraient sans doute laissé courir si Jake ne s'était pas penché pour m'embrasser longuement. Et si maman ne nous avait pas aperçus par la fenêtre de la cuisine. Et si elle n'était pas sortie d'un air furibond alors que nous échangions un dernier regard plein de tendresse.
"ROSALIE FONTENÊT !"
Jake sursauta et moi aussi.
"MONSIEUR, VEUILLEZ VOUS ÉLOIGNER DE MA FILLE IMMÉDIATEMENT ! QUANT À TOI, ROSALIE, SACHE QUE JE N'APPRÉCIE ABSOLUMENT PAS LE COMPORTEMENT QUE TU ADOPTES EN CE MOMENT ! DEPUIS QUAND TU PARS REJOINDRE DES GARÇONS SANS PRÉVENIR ET EN CACHETTE DE TOUT LE MONDE ????"
Non mais elle a pété une durite, ma mère ! Qu'elle soit pas franchement contente que je sois partie sans prévenir ok, mais là, elle exagère ! Et devant Jake, en plus ! On dirait qu'elle nous a surpris en train de faire crac-crac dans le lit familial ! On n'est plus au Moyen-Âge, non plus ! J'ai le droit d'embrasser mon copain dans l'jardin, quand même ! Et je suis pas obligée de lui raconter toute ma vie amoureuse, si ? C'est pas comme si je ramenais un type différent toutes les semaines ! J'ai le droit d'avoir une vie, maman !!! J'sais pas quelle adolescence elle a eue ma mère mais ça devait pas être drôle !
"Alors, déjà, c'est un garçon, pas des ! J'aimerais bien que tu me respectes un minimum quand même ! C'est pas parce que j'ai un copain que je drague tous les types du quartier, ok !"
"JE NE CROIS PAS QUE TU SOIS EN POSITION DE RÉPLIQUER, JEUNE FILLE !
- MOI AUSSI, JE PEUX HAUSSER LE TON, SI TU VEUX, MAMAN ! NON MAIS T'ARRÊTES TON CHAR, LÀ ?
- Arrêtez ! Écoutez, Mme Fontenêt, je suis vraiment désolé. Ne vous disputez pas avec votre fille. C'est ma faute si Rosalie a dépassé les bornes. Je n'aurais pas dû insister pour qu'on aille au karaoké et excusez-moi si j'ai abusé en venant jusqu'ici. Et puis, j'aurais dû chercher à vous rencontrer pour savoir si vous approuviez notre relation. J'ai gaffé, pardon.
- C'EST À ROSALIE, QUE JE M'ADRESSE ! JE ME MOQUE DE VOS EXCUSES JEUNE HOMME !"
Alors là ! Si elle croit que je vais la laisser insulter Jake alors qu'il s'aplatit devant elle...
"JE NE VEUX PLUS VOUS VOIR APPROCHER MA FILLE, VOUS M'ENTENDEZ ? ET SI JE VOUS REVOIS ICI, VOUS AUREZ AFFAIRE À BLANCHE FONTENÊT !
- Mme Fontenêt, je suis désolé si...
- JE NE VEUX RIEN ENTENDRE ! DÉGUERPISSEZ ! SORTEZ DE CHEZ-MOI !"
"NON MAIS JE T'ARRÊTE TOUT DE SUITE, MAMAN ! T'AS PAS LE DROIT DE LUI PARLER COMME ÇA !
- ROSALIE !
- NON, PAS ROSALIE ! C'EST PAS TON CHIEN, OK ? TU LE RESPECTES UN MINIMUM QUAND TU LUI PARLES ! T'AS LE DROIT D'ÊTRE EN COLÈRE MAIS PAS DE LUI PARLER COMME ÇA !
- Rosalie... Laisse tomber. Vaut mieux que je parte là-maintenant, tout de suite. On en reparle...
- NON, NON, NON, IL N'Y A PAS DE "ON EN REPARLE" ! VOUS NE VOUS APPROCHEZ PLUS, POINT BARRE !
- MAIS MAMAN, ARRÊTE ! J'AI LE DROIT DE VIVRE QUAND MÊME ! ET DE TOUTES FAÇONS, ON EST DANS LE MÊME LYCÉE ! TU PEUX PAS NOUS INTERDIRE DE NOUS VOIR !"
Maman eut soudain l'air très fatiguée.
"Comment vous appelez-vous jeune homme ?
- Euh... Jake... Jake Adams.
- Eh bien, M. Adams, j'aimerais bien que vous nous laissiez. Il faut que j'ai une sérieuse discussion avec ma fille.
- Je... Je comprends madame mais je veux que vous vous calmiez avant.
- En aucun cas je ne lèverais la main sur Rosalie, M.Adams, si c'est ce que vous craigniez. Partez maintenant. Je crois que je suis ici chez-moi.
- Oui, vous avez raison... Ça va aller Rosalie ?"
"ARRÊTEZ DE PARLER DE MOI, COMME SI JE N'ÉTAIS PAS LÀ !
- Mais... Rosalie...
- J'EN AI MARRE DE CETTE FAMILLE POURRIE ! J'ÉTOUFFE ICI, MAMAN ! J'ÉTOUFFE !
- ROSALIE ! REVIENS ICI TOUT DE SUITE ! JE N'EN AI PAS FINI AVEC TOI !
- NON ! PLUS JAMAIS, TU M'ENTENDS ? PLUS JAMAIS !"
J'en ai marre... Elle m'a ridiculisée devant Jake, en plus ! Non mais qu'est-ce qu'elle nous fait la maman-poule, brusquement ! Elle s'en fiche de moi, sauf quand je ramène mon p'tit copain à la maison, c'est ça le truc, hein ? Elle se moque de moi ! Et l'autre qui s'aplatit comme une crêpe... J'ai l'air de quoi, moi, après ? D'une pauvre gamine capricieuse et égoïste... P't'être que c'est ce que je suis, au fond...
Point de vue de Blanche
Rosalie, Rosalie, Rosalie... Cette fille va me tuer, un jour. Pourquoi ne peut-elle pas être une petite fille comme les autres ? Elle est la seule à ne pas faire ses devoirs, la seule à avoir des notes en plonge depuis le début du lycée, la seule à avoir brusquement fait sa crise d'adolescence en se coupant et se teignant les cheveux... et ce tatouage, Mon Dieu ! Où est-ce qu'elle va chercher tout ça ? Et où est-ce qu'elle va chercher qu'on ne la laisse pas être qui elle veut ? Est-ce que je n'ai pas fini par céder pour la laisser être elle-même si c'était comme ça qu'elle croyait le devenir ? Et le violon, jusqu'à des heures pas possibles... Où était la limite ? Moi, je la voyais partout la limite ! Est-ce que je suis vraiment trop sévères avec mes idées moyenâgeuses ? Mais moi, à son âge, rien que le fait d'embrasser un garçon qui n'était pas mon mari était un crime ! Alors même que nous étions fiancés et destinés à nous marier dans un délai très bref ! Qu'est-ce qu'on allait faire de cette Rosalie ? Étais-je vraiment une si mauvaise mère ?
"Maman ? Tout va bien ?
- Non, tout ne va pas bien ! Je comprends plus ta sœur ! Elle vient encore une fois de fuguer toute la journée et quand elle rentre, c'est pour ramener un inconnu, l'embrasser sous mes yeux et re-fuguer dès que je commence à la disputer un peu !"
"Tu sais, maman... Elle est grande maintenant, Rosalie. Elle a bien le droit d'avoir un amoureux, non ?
- C'est pas ça le problème ! Pourquoi ne peut-elle nous parler de rien ? Je n'étais même pas au courant qu'elle voyait des garçons, lors de ses sorties ! Oooh, ma p'tite Anna ! Ne t'occupe pas de tout ça... Ta sœur va rentrer, ne t'en fais pas. Occupe-toi plutôt de tes propres soucis, hein ! Je suis vraiment désolée si on ne prend pas assez de temps pour s'occuper de vous...
- On sait que vous êtes très pris par vos travaux respectifs... C'est pas grave. Je t'aime maman.
- Je t'aime aussi ma fille. Je vous aime tous les trois... Ce serait bien que Rosie s'en rende compte, un jour.
- Elle le sait... Et elle t'aime aussi. C'est juste qu'elle a plus de mal à l'exprimer."
Aah... Ma petite Anna. Elle grandissait trop vite, elle-aussi.
"C'est gentil, Anna... Va te coucher maintenant, il se fait tard."
De mon côté, j'essayai d'appliquer mon propre conseil mais l'absence d'Akira et de Rosalie m'empêchèrent de trouver le sommeil. Je me cuisinai donc un petit plat en attendant... Pourvu que Rosalie ne soit pas assez stupide et bornée pour passer la nuit dehors !
Akira finit par rentrer.
"Tu n'es pas encore couchée, chérie ?
- Rosalie est rentrée tout-à-l'heure... et elle est repartie dès que j'ai commencé à la disputer parce qu'elle était avec un garçon... Et elle a dit qu'elle ne reviendrait plus jamais.
- Elle reviendra, Blanche ! Bien sûr qu'elle reviendra !
- Oui mais je m'inquiète... Akira, j'aimerais vraiment que tu prennes ta retraite... Je serais plus rassurée si je savais que tu es à la maison quand les enfants rentrent. Et puis, je m'inquiète aussi quand tu pars au travail, tout seul, comme ça. J'ai toujours peur que tu ne rentres pas.
- Blanche... On a encore le temps, tu sais. Je ne vais pas disparaître comme ça ! Mais tu as raison pour les enfants. Ce n'est pas bon pour eux de n'avoir jamais leurs parents à la maison. J'en parlerais avec mon patron demain.
- Oh, merci ! Je serais vraiment mieux de vous savoir tous à la maison !"
Puis il se mit à jouer du piano pour détendre l'atmosphère. Mais cela ne servit qu'à tordre mon cœur un peu plus. Je savais que ça lui coûtait de quitter son métier. Il adorait jouer et chanter devant tout ce monde et il était très apprécié dans le monde de la musique. C'était dur de lui demander de tout quitter juste pour que je me sente plus rassurée... Très dur. Pourtant, il avait accepté.
Quelques minutes plus tard, la porte claqua.
"Rosalie-chérie..."
Elle me jeta un regard haineux et traça droit jusqu'à sa chambre.
"ROSALIE !, commença à s'époumoner Akira.
- Laisse chéri. Il vaut mieux qu'on se repose tous. On en reparlera demain.
- Tu es sûre ?
- Oui, oui, ne t'en fais pas. Au moins, elle est rentrée."
Elle s'était enfermée dans sa chambre et le son de son violon commença à retentir.
Rosalie, Rosalie, Rosalie...
Point de vue de Gabriel
C'était compliqué en ce moment à la maison. Quand on rentrait à la maison, elle était vide : papa et maman au travail, Rosalie Dieu-savait-où et Anna et moi qui faisions nos devoirs en silence à la table de la cuisine. C'était pas dans mes habitudes que de manquer une seule heure de cours. Mais cette fois, quand Layla vint me voir à la récré, je cédai.
"Hey, Gaby ! On s'tire ?
- T'es folle !
- Je connais un passage.
- Je te préviens, je refuse de participer au genre de bêtises que tu fais d'habitude avec Al !
- T'inquiètes ! Al vient pas, de toutes façons : il veut avoir l'air sérieux auprès de sa princesse ! Maintenant qu'elle est plus vieille que nous, c'est encore pire qu'avant ! Anna par-ci, Anna par-là, j'pensais m'en être débarrassée quand elle est partie au lycée mais c'est horrible ! Vivement qu'on passe au lycée nous-aussi pour qu'il arrête de me saouler avec sa Nanapoubelle !!!
- Parle mieux de ma sœur !
- Oh ! Fais pas ton Al-bis ! J'vais te montrer un endroit que je connais, tu viens ?
- Nous attire pas d'ennuis !
- T'inquiète ! On fait rien de mal : on profite juste d'un p'tit moment loin des cours de maths à mourir de Mme Legourdin ! Personne pourra nous reprocher ça !"
"Viens, on entre !"
À l'intérieur, il n'y avait pas grand monde. Juste un mixologue et deux-trois personnes à l'air relativement jus-de-fruitisées. Mais ce qui était cool, c'était qu'il y avait un piano !
"Regarde Layla : y'a un piano !
- T'en joues ?
- Mon papa m'a appris.
- Ouais, c'est vrai que t'en as un, toi.
- Désolé...
- Mais non, joues un morceau pour te faire pardonner !"
La maman de Layla vit toute seule et a toujours élevée Layla sans qu'elle connaisse son papa. Y'en a qui disent que la maman de Layla, elle sait même pas qui sait, le papa de Layla et que c'est pour ça qu'elle le lui a jamais montré. Layla, elle en parle pas beaucoup de son papa, alors je sais pas ce qu'il en est vraiment.
Moi, je crois qu'elle est surtout très malheureuse Layla. Parce qu'elle a pas de papa et parce que son seul ami, c'est Al. Et depuis qu'Al aime ma sœur, il reste moins avec Layla. Mais je ne prétends pas tout savoir de Layla. Je ne sais pas pourquoi elle traîne avec moi alors que je devrais être son ennemi juré ! Après tout, je suis le frère d'Anna et moi-aussi, je fais partie des gens qui ont des bonnes notes. Et puis, Layla, elle cache une grande rancœur envers tout le monde. Son père qui n'a jamais cherché à la retrouver, sa mère qui n'a pas su garder son père, Al qui tombe sous le charme d'une fille à son opposé, et puis toute cette société qui la rejette parce qu'elle n'a pas de papa et que sa mère a des mœurs un peu douteuses.
"Tu joues bien, petit ! Mais qu'est-ce que vous faites ici, tous les deux ? Y'a pas classe ?"
Je lâchai aussitôt ma place, derrière le piano, pour me placer à côté de Layla.
"Qu'est-ce qu'on fait ? On va se faire tuer si ça remonte jusqu'à ma mère !, lâchai-je entre mes dents.
- T'inquiètes ! Je gère, Albert !, répondit-elle sur le même ton. Puis, à l'inconnu : Ben, m'sieur, c'est férié aujourd'hui !
- Férié ? Mais pourquoi ?
- Y paraît qu'y'a un saint qui a fait stopper la Deuxième Guerre Mondiale, du coup, ils ont rajouté un jour férié en son honneur !
- N'importe quoi ! Elle est belle la France ! Nos gosses fichent plus rien aujourd'hui.. Hey mais attendez un peu ! La Deuxième Guerre Mondiale, si je ne m'abuse, elle se termine pas le 8 mai ?
- Bah si, pourquoi ?
- On est le premier mars.
- C'est le moment où on file, capitaine Gaby !"
"Non mais j'le crois pas ! Tout le monde sait qu'elle se termine le 8 mai, la Seconde Guerre Mondiale ! C'était quoi cette excuse bidon ! C'est déjà férié, en plus, le 8 mai ! Elle était nulle ton histoire !
- T'aurais pas fait mieux ! Et puis, t'en fais pas. C'est pas ce pochtron qui risque de te cafter à ta mère. Il aura tout oublié dans cinq minutes !
- Il était assez lucide pour comprendre que tu le menais en bateau... Bon, après, c'était pas difficile !
- Tu m'saoules ! La prochaine fois, je te laisse te dépatouiller tout seul !
- Non mais c'était marrant.
- Ben oui, bien sûr ! Bien plus marrant que les cours de maths, reconnais-le !
- C'est pas faux mais les cours de maths, c'est plus utile pour ton avenir !
- J'm'en fiche de mon avenir. Moi, j'profite de l'instant présent !"
Layla... Elle a vraiment une drôle de manière de voir les choses. Mais avec elle, je me sens bien. Et malgré ce que peut en dire ma sœur, elle est pas irrécupérable.
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Aaaaaaaal !!!!!!!!!! Il m'a appelée, il y a cinq minutes.
"Anna ! Ça te dirait de venir au Bar à Burgers, c'midi ?
- Euh... Ouais, pourquoi pas ! Mais y'a une raison spéciale ?
- C'est vrai que j'te l'ai jamais dit ! C'est mon anniv' ! Moi-aussi, j'pourrais aller au lycée, lundi !
- Sérieuuux ? Mais c'est génial !
- Y'aura Layla et ma frangine, t'es ok ?
- Ouais, bien sûr !"
Of course, on ne pouvait pas échapper à Layla... Mais au moins, dans quelques jours, on sera tous les deux au lycée... et pas Layla !
"Purée, qu'est-ce que t'es grande ! C'est incroyable !
- Bah, bientôt, tu feras ma taille..
- Y'a intérêt que je sois plus grand ! Sinon, c'est trop la lose !"
Une chose est sûre, mon cœur bat toujours aussi vite quand je le prends dans mes bras... J'espère qu'il ne changera pas trop en grandissant... et qu'il continuera de bien vouloir d'une fille comme moi. En tous cas, le fait que j'ai grandi ne le fait pas changer de comportement. Ça me rassure. J'avais peur que l'écart d'âge ne change notre relation.
Par contre, j'ai eu une sacré mauvaise surprise.
Layla et Gabyyyy ? Depuis quand sont-ils aussi proches ? Assez proche pour qu'elle l'invite à cette fête d'anniv', comme ça, sans se gêner ? Elle savait pertinemment que je venais. Je suis certaine que c'est juste une provocation. Je ne sais pas quel malin plaisir elle prend à côtoyer mon frère juste pour me faire enrager mais ça commence à m'agacer sérieusement. L'amitié, c'est pas une blague ! Et Gaby est trop gentil pour se rendre compte qu'elle se moque de lui !
"J'peux savoir c'que tu fiches ici, Gabriel ?
- En quoi ça te regarde ? On a des amis communs, il se trouve, c'est tout.
- Tu te moques de moi, ou quoi ? Je sais très bien quels sont mes amis et aucun d'eux ne te côtoie.
- C'est pas une raison ! Et arrête de parler à mots couverts, c'est très désagréable pour tout le monde ! D'autant plus que tout le monde comprend très bien ce que tu sous-entend ! Sache que je m'en fiche si tu n'apprécies pas les gens que j'apprécie ! Je vais pas changer d'amis pour faire plaisir à ma stupide grande sœur !
- Je ne sous-entend rien du tout ! À part que tu devrais te méfier !
- C'est plutôt toi qui devrait te méfier, si tu veux mon avis !
- Non mais de quoi j'me mêle ? Je ne t'autorise pas !"
"Mais c'est bon, arrête ! Tu te montes la tête toute seule ! On était tous très bien, là !
- Tu m'accuses, en plus !
- Je dis juste que tu t'en fais pour rien !"
"C'est bon, les frangins, peace and love !
- Est-ce qu'on t'a parlé à toi ?
- Mais arrête de faire tout un char pour rien, Anna ! Ton frère a raison : là, c'est toi qui pourrit le truc, sans raison !
- C'était une discussion privée, merci !
- Alors fais-là comme il se doit : en privé ! Aujourd'hui, c'est l'anniversaire d'Al, au cas où t'aurais oublié ! On réglera nos comptes après !"
Mince. Pour une fois, je dois reconnaître qu'elle a raison. Je me suis laissée emporter. Et devant Al, en plus ! J'ai vraiment agi comme une idiote jalouse... Il va me haïr, c'est sûr !
Personne n'a vraiment reparlé de tout le repas. Quelle imbécile ! J'ai gâché son anniversaire ! Mais je n'eus pas le temps de m'en faire plus longtemps. Mon cœur rata un battement.
Al... Al ? Je restais bouche-bée comme une idiote. Là, pour le coup, c'était moi qui allais avoir du mal à me comporter normalement en sa présence. Avant, c'était Al... Il était mignon, et tout... Mais là, là, c'était... Al ! Et le moins qu'on puisse dire était qu'il était canon.
"Ça va, Anna ? T'es toute pâle.
- Ouais, ouais, ça va."
Côté pâleur, en même temps, il me battait. Je fronçai les sourcils. Une odeur de brûlé venait de me détourner du charme envoûtant des beaux yeux d'Al. Brusquement, son visage se ferma.
"Il faut que j'y aille, maintenant. Je vous rappellerais tous ! Désolé !
- C'était sûr qu'il fallait que ça tombe sur Al ! Chanceux, va !", lança Aemilia, la grande sœur d'Al.
Moi, je ne comprenais rien à ce qui se passait, à part que la fête était terminée, beaucoup plus tôt qu'elle n'aurait dû.
Je rentrai donc chez-moi, totalement désemparée, sans attendre que Gaby daigne cesser de parler avec Layla. Là, j'eus de nouveau une lueur d'espoir en voyant le numéro d'Al s'afficher sur mon téléphone. Il ne me haïssait donc pas !
"Salut, Anna.
- Salut, Al ! Tout va bien ?
- Ouais, ouais, tout va à peu près bien...
- Un problème ?
- T'en fais pas. On en reparlera plus tard, ok ? Je voulais juste te dire que j'étais désolé pour la fête... On rattrapera ça plus tard !
- D'accord mais... tu es sûr que tout va bien ?
- Impec' ! Et toi ?
- Impec' aussi. On se reverra, hein ?
- Ouais, t'inquiètes !"
Elle était bizarre, quand même, son histoire. Et comme je n'étais pas bête, je fis quelques recherches... et tombai sur un livre plutôt intéressant...
Point de vue de Rosalie
Sûre que mes parents vont me tuer. Après l'histoire d'hier soir, j'ai encore passé la journée dehors. Pour aller au boulot, entre autres mais étant donné que j'ai pris ce boulot dans leur dos, pas sûre que l'excuse soit valable. Et puis, de toutes façons, y'a pas eu que le boulot. Je suis sortie prendre un verre avec les collègues juste après et ça, c'est sûr que ça passe pas.
"MLLE FONTENÊT !"
Et c'est partiiiii !
"J'EN AI PLUS QU'ASSEZ DE VOS SORTIES INTEMPESTIVES ! JE SUIS RAREMENT À LA MAISON - ce qui va d'ailleurs changer très prochainement - ET QUAND JE RENTRE, JE M'APERÇOIS QUE MA FILLE PROFITE DE MON ABSENCE POUR ALLER FAIRE N'IMPORTE QUOI, DIEU SAIT OÙ ! ET JE NE VEUX PAS SAVOIR QUELLES MAUVAISES EXCUSES TU AS EU LE TEMPS DE T'INVENTER : LE PROBLÈME EST QUE TU TE CONSIDÈRES LIBRE DE TES MOUVEMENTS ! TANT QUE TU ES SOUS CE TOIT, TU DOIS TE PLIER À NOS RÈGLES, C'EST COMPRIS ? ET J'EXIGES QUE TU AILLES T'EXCUSER AUPRÈS DE TA MÈRE POUR TOUT CE QUE TU LUI AS FAIT SUBIR CES DERNIERS JOURS !"
"Écoute papa, je suis d'accord avec le fait que j'abuse. Mais ce serait bien qu'on ait une petite discussion, au sujet du couvre-feu et des horaires de sorties en général... parce que 21h, ça fait un peu tôt, quand même, vu que je travaille jusqu'à 21h aussi... Papa, tout va bien ?"
"Ô MON DIEU ! PAPA ! PAPAAAAAAA !"
Non, non, non ! Papa ne peut pas partir comme ça, pas maintenant ! Papa ! Papa !
Alors comme ça Al est un vampire
Ahlala entre Rosie et Blanche c'est très très compliqué... Blanche a déjà du mal à gérer alors sans Akira qu'est-ce que ça va être ?
♦ 100 bébés : La Vengeance de Rosabella Blackmoon ♦
♦ Gameplay : Du côté de chez mes Sims... ♦
♦ Crise Financière ♦ La Crise Comme Seconde Vie (Terminé) ♦
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@Himari74 : Ah... mais quelle rebelle cette petite Rosalie!! Quand s'assagira t-elle ?
Le moindre que l'on puisse dire, c'est que mère Fontenêt ne plaisante pas, hi!hi!... elle fait de grosses colères...lol...
Et il y a de quoi avec une ado pareille
Mais quelle triste fin
Il faut que Rosalie implore cette dernière afin d'épargner son père... a t-elle des chrysanthèmes dans son inventaire ?
Hâte de savoir l'issue de cet épisode
Quant à Al... il est canon de ché canon
bon et les jeunes trop bon, le copain est un vampire, Gaby et Anna qui se fritent, y a pas a dire y a de l'ambiance chez les fontenet
joli chapitre, et bon courage pour la suite, je crois qu'ils en ont tous besoins, d'ici a ce que le Leo joue le consolateur ....
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y en a un qui meurt d'envie que Faufau arrive très vite et que Rosie n'est pas de Chrysanthème ^^
Oui, ça promet de ne pas être facile pour Rosie
@Blue8white Il aurait pas pu mieux choisir... J'avais eu la notification comme quoi il devait bientôt mourir mais j'avoue que je ne m'attendais pas à ce qu'il s'effondre pendant qu'il faisait son sermon à Rosalie ! Surtout qu'elle continuait de lui parler, sans se rendre compte de rien alors qu'il rendait son dernier souffle...
Un vampire ? Tu crois ?
Tu l'as dit... Les relations sont plus que tendues et Rosalie n'est pas vraiment une adolescente facile à vivre...
@Kannelia Ah là là, cette Rosalie, alors !
Elle sait s'imposer quand elle veut, la douce Blanche ! Elle n'est pas la mère de sa fille pour rien !
Et oui... Il fallait que la Faucheuse choisisse justement ce moment...
Rosalie réussira-t-elle à obtenir un sursis pour son père ? Peut-être que oui, peut-être que non...
Ravie qu'Al te plaise ! J'ai passé du temps dans le Créer un sims mais je suis fière du résultat
@nicolasB Elle a gagné, elle a gagné... Faut le dire vite
Si c'est pas formidable, ça ! C'est que du bonheur, chez les Fontenêt
Oui, je pense qu'ils en auront besoin... Léo, consolateur ? Mais non, c'est pas son genre de profiter de la situation comme ça !... Ou peut-être que si...
@Pythonroux C'est le cas de le dire
Je sais pas pourquoi mais je savais que tu dirais ça...
Point de vue de Rosalie
Ce fut un choc pour tout le monde. On aurait dû s'y attendre, je sais. Mais mon père était toujours si... vivant. Il jouait toujours du piano, chantant même avec entrain, sa voix à peine altérée par l'âge. Il allait au travail, sans jamais se plaindre de fatigue, ni rien. Il était plus vieux que maman, bien sûr. Il commençait même à être assez âgé mais... À côté de moi, Anna serrait les poings et les lèvres pour retenir ses larmes mais moi je ne pouvais pas. J'avais l'impression que je n'aurais jamais assez de larmes pour le pleurer.
L'ombre noire de la Faucheuse glissa silencieusement au-milieu de nous. Je me précipitai avant que ma mère eût seulement le temps de faire un geste.
"Je vous en prie ! Pas mon père ! Pas maintenant ! Il est encore en pleine forme, je suis sûre que vous pouvez lui accorder un peu de temps ! Je vous en supplie ! Mon petit frère est encore jeune... Vous ne pouvez pas lui prendre son père ! Songez à la famille que vous brisez ! Ô je vous en prie ! Je vous donnerais n'importe quoi mais ne prenez pas mon père !
- Désolé, petite. Son heure est venue. Ce n'est pas à moi de décider s'il doit vivre ou mourir. Je sais seulement que son nom est inscrit depuis un moment déjà sur ma liste.
- Vous êtes un monstre de cruauté ! Comment pouvez-vous priver trois enfants de leur père et une femme de son mari sans le moindre remords !
- Écoutez, vous êtes bien gentille mais j'ai mon boulot à faire ! Si j'écoutais toutes les jolies jeunes femmes qui me supplient de leur rendre un père, un mari, un frère, un ami ou je-ne-sais-qui encore, je me retrouverais au chômage ! Votre père martyrisait bien les touches d'un piano qui ne lui avait rien fait, non ? Moi, je me contente de récupérer les âmes des morts. Chacun son boulot. Maintenant, poussez-vous, mademoiselle."
J'avais échoué. Mon père allait partir pour de bon. Derrière moi, j'entendis les sanglots de ma mère redoubler. On ne s'était pas toujours entendue à merveille et il y avait bien des points sur lesquels on ne se comprenait pas mais elle aimait mon père. Profondément. C'était injuste de lui ôter la vie sous ses yeux.
N'y avait-il vraiment rien que je pusse faire ? À part assister à ce crime, les bras ballants, comme une pauvre imbécile face à la fatalité ? Non, je ne pouvais pas !
Plutôt mourir que voir cette odieuse créature ôter son dernier souffle à mon bon papa. Je préférais partir courir, malgré le vent glacé qui soufflait dans la nuit et malgré l'obscurité. Le vent me fouettait le visage mais je n'aspirais qu'à m'éloigner le plus vite possible de la scène macabre.
Point de vue de Blanche
Je ne m'étais jamais sentie aussi lasse de toute ma vie. J'étais horrifiée, désespérée, abasourdie, mais à l'instant où la Faucheuse abattit sa faux et récupéra l'âme d'Akira, il ne me resta plus qu'un immense lassitude.
J'avais l'impression qu'il avait toujours été à mes côtés. Quelques soient les tourments que je devais endurer, il était là. Il était là quand je débarquais dans cette ville, totalement perdue, sans rien savoir des choses de ce monde. Il était là quand Marcus se faisait désagréablement insistant. Il était là encore pour écouter l'histoire d'Angel. Il était là pour m'aider à avancer quand j'étais perdue dans un combat de sentiment. Il était là pour mes premières craintes de mère. Il était toujours là quand je n'arrivais à rien avec Rosalie, que je me sentais nulle et mauvaise mère. Il était là quand Léo avait débarqué, entraînant sa multitude de nouveaux tourments et de rappel du passé. Et maintenant qu'il n'était plus là, je me demandais comment j'allais survivre dans un monde sans lui et où je trouverais la force qui me permettrais d'avancer.
"Maman... Rosalie..."
Pourtant, il fallait que je vives, pour les enfants, pour cette famille que nous avions construite à deux. Maintenant, j'étais seule pour m'en occuper et il fallait que je sois forte. Pour eux. Gaby me regardait, les yeux emplis de larmes qu'il retenait courageusement. Et il trouvait encore le moyen de s'en faire pour sa sœur ! Je songeais à ce qu'aurait dit Akira à ma place.
"Elle reviendra, Gaby. Bien sûr qu'elle reviendra ! Elle revient toujours. Elle a juste besoin d'un peu d'air. Et puis, elle est très triste, tu sais.
- Toi-aussi, maman, tu es très triste, pas vrai ?
- Ne t'occupe pas de moi, Gaby. Je crois qu'on est tous très tristes. Mais on survivra. Mon petit Gabriel, tu lui ressembles tellement !"
Point de vue de Rosalie
Après cette nuit-là, maman avait préféré que nous déménageassions. Je crois qu'elle n'en pouvait plus de retrouver des images de lui à chaque pas qu'elle faisait. On était restés au même endroit mais la maison avait été reconstruite de A à Z. Maman essayait d'être présente au maximum pour nous.
Elle faisait de son mieux pour réconforter Anna qui ne pleurait que lorsqu'elle se trouvait seule. Le reste du temps, elle tentait d'arborer un masque impassible, qui ne manquait pas de se craqueler, surtout le soir, après des journées harassantes.
Et lorsqu'elle me voyait traîner des pieds, elle ne manquait pas de m'accorder son temps, avec équité. Moi, j'essayais de me faire plus discrète bien que l'envie me démangeât plus que jamais de fuir la maison et tout ce qui pouvait me rappeler mon père. Mais je restais, parce que je savais que ma mère n'avait vraiment pas envie d'avoir à s'occuper de ces histoires et de gérer mes horaires de sortie.
"Rosalie, je sais que c'est dur pour tout le monde mais pour toi, en ce moment, c'est particulièrement difficile.
- Non, maman, c'est pour toi que c'est difficile...
- Tu te sens seule, ici, pas vrai ?
- Mais non ! Je suis bien, avec vous. Je t'aime, maman.
- Moi-aussi, Rosie, je t'aime très fort. Je sais que tu te sens à l'étroit, ici. Je crois que nous n'avons pas la même notion des limites... Mais ce serait vraiment bien que tu en parles, quand tu sors, et qu'on établisse vraiment des règles, que tu t'engageras à respecter. Je me fais juste du souci, pour toi, tu sais.
- Ouais, je sais. Mais je t'en voulais vraiment pour la manière dont tu as parlé à Jake. C'est un type bien. Et je l'aime.
- Je suis désolée pour ça. J'étais fatiguée, sur les nerfs, et je ne me suis pas rendue compte des limites. S'il te rend heureuse, tant mieux, non ? On fait la paix ?
- On fait la paix."
Une chose, cependant, continuait de m'agacer chez ma mère. Elle ne pensait sûrement pas à mal mais je ne pouvais pas m'empêcher de grincer des dents chaque fois que je la voyais avec Léo. Il faisait de son mieux pour la consoler et ils parlaient de plus en plus, seuls tous les deux. Je fuyais dès que je les apercevais.
Je passais la majeure partie de mon temps dans ma nouvelle chambre, sur mon violon. Comme avant, je me réfugiais dans la musique.
J'avais également opéré un nouveau changement de look, qui correspondait pas mal avec mon humeur quotidienne. Nouvelle couleur de cheveux, que j'avais d'ailleurs coupés encore plus courts qu'avant. Nouveau tatouage dans le dos. Et du noir, beaucoup de noir. Je faisais presque tâche dans cette maison lumineuse et claire, à l'image de ma mère. Ma chambre était comme une antre, contrastant autant que moi dans la douceur environnante.
Point de vue de Léo
Je faisais tout mon possible mais elle ne guérissait pas. Et dans son veuvage, elle avait encore embelli. Comme Rosalie, elle avait changé de look. Mais elle avait opté pour tout le contraire de Rosalie. Elle semblait plus lumineuse, plus douce, plus splendide encore, comme grandie par ses larmes et sa douleur.
Mon cœur se serrait pourtant de la voir ainsi. Sans Akira, elle semblait démunie. Dès que ses enfants ne la voyaient pas, elle allait le pleurer. Devant eux, elle tâchait de faire bonne figure. Dans leur dos, elle s'adonnait à son désespoir, elle appelait son nom et ses yeux semblaient des nuages lourds et emplis d'une pluie qui semblait ne jamais vouloir cesser.
Et je ne pouvais que la regarder de loin. Dès qu'elle m'apercevait, son sourire revenait et elle faisait comme si de rien n'était. Alors je restais dans son dos, sans rien dire, faisant semblant de ne pas voir ses yeux rouges et gonflés puisqu'elle se braquait dès que j'essayais de la consoler. De son vivant comme après sa mort, je ne faisais décidément pas le poids face à Akira.
Mais qu'est-ce qu'elle pouvait être belle !
En ce moment, tous étaient tristes, de toute façon, ne faisant qu'accentuer encore mon sentiment d'impuissance. J'avais appris à les aimer tous. Je vivais parmi eux depuis longtemps, maintenant. Gabriel était comme sa mère à ce niveau-là : il ne pleurait que quand il croyait ne pas pouvoir être entendu. Mais parfois, ses sanglots pouvaient être entendus à travers les cloisons. Le reste de la famille faisait semblant de rien, je les imitais mais mon cœur se serrait.
Anna aussi, retenait ses larmes. Je crois qu'ils faisaient tous de leur mieux, en pensant que c'était leur mère qui avait le plus lourd fardeau à porter.
Mais Rosie courbait le dos d'une manière flagrante. Elle se rendait désormais au lycée sans un mot. Et peut-être était-ce plus inquiétant que son comportement d'ado rebelle. Son nouveau tatouage, sa couleur de cheveux, ça, c'était plus Rosalie. Mais cette posture, ces yeux remplis de larmes refoulées, cette soumission qui respirait le désespoir, ça, c'était pas Rosalie.
Ce fut difficile pour moi mais j'avais pris ma décision, en voyant les larmes de Blanche, chaque soir. J'avais compris. Ils n'avaient pas besoin de moi. Blanche n'avait pas besoin de moi. Il n'y avait eu qu'un homme dans sa vie et il n'y en aurait jamais qu'un. Elle n'avait même pas cherché à me retenir quand je lui avais exposé ma décision.
"Je savais que ce jour devait arriver... J'espère tu trouveras ta voie... Tes écrits sont bons, tu sais. Bonne chance pour l'avenir !"
Mais le cœur n'y était pas et dans ses yeux, je pouvais lire qu'il n'y en avait, encore et toujours, que pour Akira.
Point de vue de Rosalie
"Salut, Rosalie.
- Salut, Léo. Comment ça va ?
- Plutôt toi, comment ça va !
- Moi ? Bien.
- Tu veux rire ? Tu crois que j'ai pas vu la tronche de six pieds de long que tu tires ! Tu ne parles plus à personne, tu t'enfermes dans ta chambre toute la journée et tu ne parles même plus à tes amis !
- Mes amis ? Elle est bonne, celle-là ! J'ai au moins capté un truc quand papa est parti : j'ai pas d'"amis". La seule vraie amie que j'ai jamais eue, c'est Audrey mais j'ai tout laissé filé avec elle. Ça fait des mois qu'on se parle plus. Tout ça parce que je suis qu'une gamine égoïste et capricieuse et qu'au fond de moi, je lui en veux pour sa belle histoire avec Naoki. Kenza... elle a plus de potes qu'elle ne peut en compter. Et elle et moi, on n'est pas particulièrement proches. Elle a juste fait joujou à me rendre présentable et ça s'arrête là. Quant à Sarah... je croyais qu'elle s'était arrangée mais elle est vraiment devenue insupportable. À côté d'elle, je parle bien à ma mère.
- Et ton petit copain ?
- ...
- Ça va pas bien, vous deux ?
- J'sais pas.
- Vous vous êtes revus ?
- Non.
- Pourquoi ?
- J'sais pas.
- Vous vous êtes reparlés au moins ?
- Non. 'Fin, il m'a envoyé pleins de messages et m'a appelé un sacré nombre de fois mais j'ai pas répondu."
J'étais carrément spammée par Jake mais je ne répondais jamais. Je lisais tout mais je restais, les doigts au-dessus du clavier, sans réussir à trouver les mots. Je n'avais pas le cœur à faire semblant d'aller bien. Je l'avais aussi croisé plusieurs fois au lycée, faisant toujours comme si je ne l'avais pas vu. Je ne savais même pas pourquoi j'agissais ainsi avec lui. Il était si gentil, toujours et je savais qu'il était peut-être le seul à pouvoir me tirer de ce trou noir dans lequel je me trouvais aspirée, et pourtant... Il avait compris, au bout d'un moment. Il ne m'appelait plus ni ne me suivait dans les couloirs du lycée et la quantité des messages envoyés s'amenuisait de jour en jour. Une fois, il m'avait attrapée par le bras, alors que je le fuyais. Sans oser le regarder, j'avais juste dit : "Lâche-moi." et il m'avait lâchée. C'était après ça qu'il avait commencé à renoncer, ce qui me rendait encore plus malheureuse que le fait de devoir l'éviter.
"Rosie ?
- J'en peux plus, Léo ! Je sais même plus ce que je fais ni pourquoi je le fais ! J'suis totalement paumée... Déjà que je l'étais pas mal avant, c'est de pire en pire !
- Je suis désolé.
- Quoi "je suis désolé" ? J'ai besoin que tu m'aides, Léo ! Je peux plus, là.
- Rosie, je ne peux pas t'aider. Il n'y a que toi qui le peut. Et puis, j'étais venu te dire que je partais.
- Quoi ?"
Ma voix avait tremblé, se brisant. J'avais atteint mes limites. J'étais prête à fondre en larmes et à m'effondrer par terre. C'était trop pour moi, cette vie.
"Mais... Tu... Tu peux pas partir... C'est maintenant qu'on a besoin de toi... Que maman a besoin de toi, que j'ai besoin de toi !
- C'est faux. Vous vous débrouillez très bien, sans moi. Il est temps que je me trouve un vrai job et que je fasse ma vie, tant pis si elle n'est pas forcément celle dont j'ai rêvé."
"Quand... Quand est-ce que tu pars ?
- Euh... Je ne sais pas... Je pensais rester jusqu'à ce soir mais...
- On n'est jamais vraiment allés quelque part, ensemble.. On pourrait... je sais pas, moi ! Aller au karaoké, tous les deux. Je t'en prie !"
Je ne savais pas vraiment ce que je fabriquais mais je ne pouvais pas le laisser partir comme ça. Je l'avais trop aimé pour ne pas me sentir déchirée de le voir partir.
Il accepta. J'étais un peu intimidée au début. C'était vrai que nous n'étions jamais vraiment "sortis" ensemble. Au final, que savais-je de lui ?
Assez vite, cependant, je retrouvais mes habitudes. C'était la première fois que je revenais ici depuis la mort de mon père. Je n'aurais jamais pensé que ce serait avec Léo. Vaguement, dans un coin de mon esprit, je songeais à Jake. Que faisait-il en cet instant ?
"Mademoiselle Fontenêt ? Êtes-vous parmi nous ?
- Désolée ! Tu disais ?
- On fait une petite pause, peut-être ?
- Déjà fatigué ?
- C'est toi qui ne tiens pas le rythme !"
Je ris, comme je n'avais plus ri depuis le départ de mon père. Peut-être que sortir me manquait plus que je ne le croyais.
J'étais bien, là, avec Léo. J'oubliais presque que tout allait mal dans ma vie, en ce moment.
"Rosalie...
- Ouais, c'est moi !
- Je vais partir, pour de bon. Et rien de ce que tu feras ne pourra me retenir...
- Je sais, t'inquiètes !"
Mais au fond de moi, quelque part, j'espérais encore le retenir. Et je crois qu'il le sentait.
"Tu me laisserais aller chercher un jus de fruit ?
- Rosalie !
- Allez, s'teu plaît ! Les parents sont pas obligés de le savoir...
- N'importe quoi ! Un Coca et c'est tout, d'accord ?
- Pas marrant !"
Je riais en sortant de la pièce. Mais mon sourire se figea brusquement.
"Rosie ?
- Jake... Qu'est-ce que tu fiches ici ?
- Je peux te renvoyer la question. Tu m'évites pas cette fois ?"
Il eut un sourire tellement doux que j'eus l'impression d'être une traîtresse. C'était avec lui que j'aurais dû être, à m'amuser pour oublier que je me sentais seule.
"Écoute, je suis vraiment désolée. J'avais juste besoin de temps...
- C'est pas grave. C'est cool de retrouver ma Rosie."
"Rosie, qu'est-ce que tu fabriques ? ... Je peux savoir qui vous êtes ?
- Et vous, vous êtes qui ?
- Léo. Léo Chateaubriand.
- Moi c'est Jake Adams.
- Et qu'est-ce que vous voulez à Rosie ?
- Et vous ? Qu'est-ce que vous lui voulez ?
- Vous posez beaucoup de question mais vous ne répondez pas vraiment aux miennes...
- C'est pas croyable ! J'ai quand même le droit de causer à ma p'tite amie !
- Votre petite amie ?"
Léo haussa un sourcil.
"J'vois le genre.
- Quoi, "j'vois le genre" ? Vous commencez à m'courir, vous ! Je déteste les fils à papa dans vot' genre ! En quoi tu t'crois supérieur à moi, hein ?
- Peut-être parce que je ne suis pas un gamin arrogant sans rien dans la cervelle !
- J'vous permet pas ! Vous allez déguerpir tout de suite !
- Et de quel droit me donnez-vous des ordres ?
- Mais j'le prends, ce droit ! Si on le prend pas, y'aura jamais personne pour vous l'donner !
- Et peut-être qu'ils auront raison !
- Raison de quoi ? De se laisser marcher sur les pieds par un type sorti de je ne sais où qui veut faire sa loi ?"
Je restais pétrifiée sur place. Je ne les avais jamais vus aussi en colère, que ce soit Jake ou Léo.
"Ne t'approche plus d'elle !
- Jake...
- Ne t'approche plus d'elle, tu entends ? Si j'te revois traîner autour d'elle, je te referais le visage à ma manière, ok ?
- T'es pas croyable ! Tu crois vraiment que Rosie a besoin d'un balourd comme toi pour la défendre ? Si elle voulait pas que je l'approche, elle me l'aurait déjà fait remarquer ! T'as jamais pensé que t'étais peut-être pas le centre du monde, pour elle ? Et qu'elle pouvait avoir le droit de cotoyer d'autres gens ? Tu t'éclates bien à l'enfermer dans ta pseudo-bulle d'affection ?
- Arrête de faire genre que tu la connais mieux que moi ! Les types comme toi, ça m'dépasse. Quel plaisir tu prends, à tout ça ? J'suis sûr que tu t'en moques de Rosie mais juste parce que je débarque, tu veux faire ta loi ! Mais retourne dans ton petit palais de conte de fées l'prince charmant ! Rosie a pas besoin de toi !
- C'est sûr que si c'est toi, son prince charmant, j'ai du souci à me faire !"
Ils allaient finir par s'étriper sur place si je ne faisais rien mais je continuais de les regarder sans parvenir à faire un geste.
Jake était sur le point de lui sauter à la gorge. Je pouvais voir une drôle de lueur sauvage dans ses yeux. Il m'effrayait presque. Je ne reconnaissais plus le garçon doux qui m'aimait tendrement. Je n'avais jamais songé à ce qui se passerait si jamais ils se rencontraient. Mais je n'aurais sans doute jamais pu imaginer ce déchaînement de violence. Je ne comprenais pas non plus l'attitude de Léo. Il se montrait si possessif à mon égard... dans un même temps, cela me flattait mais j'étais aussi dérangée par cette attitude. J'aurais dû intervenir, pour lui dire que Jake était mon petit copain et qu'il n'avait pas le droit de lui parler comme ça. J'aurais dû intervenir, pourtant, une idée fixe me restait dans la tête : je ne reverrais plus jamais Léo. C'était ma dernière chance de rester un peu avec lui. Et dans ce scénario, c'était Jake, l'intrus.
Il se leva brusquement. Je crus qu'il allait le frapper. Mais il se dirigea vers moi, les dents serrées. Il se pencha vers moi et déposa un baiser sur ma joue. Je ne m'y attendais absolument pas. D'ailleurs, je ne l'aurais pas cru capable de tant de douceur dans l'était de colère où il se trouvait.
"On s'en va, Rosie.
- Pardon ?
- On s'en va. Si on reste ici, ça va mal finir.
- ARRÊTE TON DÉLIRE, UN PEU ! JE T'APPARTIENS PAS !"
Il se recula, surpris.
"Sérieux ! C'est quoi cette attitude ? J'suis venue ici avec lui et je repartirais avec toi ? Je suis libre, non ?
- Bien sûr, mais...
- TU ME TAPES SUR LES NERFS, OK ? LAISSE-MOI RESPIRER ! RES-PI-RER, T'ENTENDS ?"
"Ah. Ok. J'ai compris."
Je regrettais aussitôt mon brusque accès de colère. Il avait pâli. Toute trace de rage avait quitté son visage. Il était très calme, au contraire. Un peu pâle mais calme. Son regard posé sur moi me faisait me sentir horriblement mal.
Il tourna le dos, finalement. Un appel mourut au bord de mes lèvres. J'étais trop fière pour ça. Mais au fond de moi, quelque chose était brisé. Ce dos qui se dressait devant moi était comme une frontière infranchissable. Si je l'avais blessé, j'en ressortais au moins aussi meurtrie. Pourquoi fallait-il toujours que ça se termine comme ça ?
Je retournais dans la sale du karaoké mais le cœur n'y était plus. J'avais beau forcer mon sourire, me dire que c'était peut-être les derniers instants que je passais avec Léo, je ne songeais qu'à Jake.
Le soir tombait lorsque Léo me serra une ultime fois dans ses bras. J'avais des larmes pleins les yeux, que je ne retenais qu'avec difficulté. Pleurais-je pour Léo ? Pour Jake ? Je ne savais pas, plus. Toute ma joie s'était envolée. Revenait la solitude et la tristesse, encore plus lourdes sur mes épaules.
Ce soir-là, je ne regagnai pas ma chambre. Les anciens appartements de Léo furent le seul endroit où je pus trouver le sommeil. J'étais triste et lasse. Plus lasse que jamais.
Le lendemain matin, je sentis mon oreiller trempé et mes yeux encore tout humides d'une nuit de larmes. Je ne trouvais la force que de sortir dehors et de pleurer, de pleurer toutes les larmes de mon corps sur la tombe de mon père.
"Ô papa ! Papa ! Qu'est-ce que je dois faire ?"
@Himari74 : que de tristesse dans cette MAJ!
Le décès d'un être cher reste toujours un évènement extrêmement douloureux dans la vie et laisse une plaie béante...
Pas étonnant que Rosie soit aussi paumée. Souhaitons que cet épisode serve à renforcer les liens mère-fille
C'est le désespoir dans la famille et il faudra laisser le temps oeuvrer...
Qui de Léo ou de Jake remportera la palme dans le coeur de Rosie ? Sait-elle seulement ce qu'elle veut ?
Elle me semble bien perturbée la pauvre!
Très stylé son nouveau look: j'adore
Il s'adapte merveilleusement à son état d'esprit et son mal être du moment
Beau récit et magnifiques captures.
séquence émotion en tout cas, joli chapitre toute en tristesse
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Rosie dans toute sa splendeur comme d'hab, quoi