@Kannelia Oui mais il semblerait qu'il y ait une sacré rivale en face
Ce passé continue de la hanter malgré tout le temps qui a pu passer... Mais heureusement, sa famille peut lui rappeler tout ce qu'elle a construit, par-delà le passé ^^
Merci beaucoup !
@nicolasB Bah c'est pas vraiment elle qui décide, pas plus que Blanche d'ailleurs L'amour ça s'commande pas !
Chapitre 37Les amours Fontenêt Point de vue d'Annabel
"Dis Rosalie, y'a un copain qui veut qu'on fasse nos devoirs ensemble, j'peux y aller ?
- Attends que maman rentre, Anna.
- Mais j'suis sûre qu'elle sera d'accord, elle veut tout le temps que je sorte !
- Oui mais attends. J'ai pas envie de me faire punir pour cinq minutes, de toutes façons !"
Pas cool. J'ai pas franchement envie que maman me pose cinquante mille questions. Mais bon, j'aurais essayé. Et puis, moi j'm'en fiche de ce que les autres pensent de lui. Ok, des fois, il me fait faire ses devoirs à sa place mais ça me dérange pas de travailler en plus. C'est le seul de ma classe à m'adresser la parole et à être gentil avec moi. Même si tout le monde me dit que c'est pas un gentil garçon, il est toujours plus gentil que toutes les filles qui disent du mal de moi parce qu'elles sont jalouses.
Dès que maman est arrivé, je me suis dépêché d'aller lui faire un gros câlin. Maman, elle est gentille, même si c'est vrai qu'elle est un peu trop maman-poule avec moi des fois.
"Dis m'man ! J'peux aller voir un copain cet après-midi ? On va faire nos devoirs ensemble !
- Bien sûr que tu peux y aller ! Mais c'est qui ce... garçon ?"
Bingo... C'est parti pour les questions barbantes. En plus, le fait que c'est un garçon, ça a pas l'air de lui plaire franchement. J'suis sûre qu'elle m'aurait pas posé d'questions si j'avais dit que j'allais jouer à la poupée chez ma meilleure amie...
"Bah, c'est un garçon de ma classe. Il s'appelle Al..."
Maintenant, il me reste plus qu'à prier très fort pour qu'elle n'ait pas entendu parler de lui...
"Bon eh bien, d'accord. Tu fais bien attention, ma chérie. Et tu rentres avant le repas !
- Oui, bien sûr, maman !"
Yeeeeeeeessssssssssssssss !
Je suis donc allée à pied jusqu'à chez Al. Il habite pas très loin de chez-nous. Par contre, il a une maison beaucoup plus grande que la nôtre, c'est un peu intimidant. Mais il faut dire qu'Al, c'est le fils d'une des familles les plus riches du pays ! Ses deux parents, ils sont très connus en ville, je pense que j'ai bien fait de pas dire son nom de famille à maman. C'est pas que je veux lui mentir mais le nom d'Al Gothik, elle aurait eu du mal à passer à côté. Et on dit pas que du bien de lui. D'ailleurs, il paraît que sa famille trempe dans des affaires louches. Et puis, lui, je sais bien que c'est un p'tit rebelle avec ses cheveux rouges. Mais au moins, lui, il est gentil. Souvent je me dis qu'il est beaucoup plus gentil que les gentils garçons et les gentilles filles que je connais. Surtout les fille. Les garçons, je les connais pas trop mais les "gentilles filles", avant que je ne sois amie avec Al, elles m'ignoraient parce que j'étais première de la classe. Depuis que je connais Al, elles sont vraiment devenues insupportables. Elles disent que du mal de lui quand je suis là et puis je sais parfaitement que la punaise sur ma chaise, mes affaires de rechange après le sport toutes mouillées, mon casier avec les grenouilles à l'intérieur et puis tous les gros mots qu'il y avait d'écrits sur mon cahier après la récré.
"Ça va Anna ? T'as l'air de penser à autre chose."
"Non, non, c'est rien.
- Ok...C'est cool que tu sois venue ! J'étais trop deg' parce que Layla m'avait lâché sur ce coup-là ! Et entre ma mère qui me saoule dès que je traîne à rien faire que je vais rater ma vie et que si j'veux pas finir comme Alex, 'faut que je me bouge, mon père qui essaie de me faire comprendre comment gérer les fonds de la famille pour plus tard, Cassie qui m'hurle dessus dès que j'fais un peu trop de bruit alors qu'elle essaie de travailler, et Alex qui est un vrai boulet et qui veut que je joue aux Legos avec lui, j'aurais pas été gâté !
- Dis pas ça... J'aime bien Cassandra, moi, elle est gentille.
- Pfffh, tu parles, elle est trop relou !
- Et puis ta maman elle est gentille aussi...
- J'suis son chouchou en même temps, mais elle-aussi, elle est énervante quand elle s'y met ! Elle veut s'débrouiller pour que j'hérite de tout mais moi, j'm'en fiche bien de laisser des bouts à Alex et Cassandra et ça, elle comprend pas. Tout ou rien, ça c'est exactement ma mère !
- Bon... On va à la bibliothèque ?
- À la bibliothèque ?
- Bah oui, on y sera mieux pour travailler...
- Énorme ! Tu m'changes de Layla, tiens !
- Tu veux pas ?
- Ok, ok, on va "travailler" si tu veux. Mais c'est parce que j't'aime bien, hein !"
J'avoue que je comprends pas moi-même pourquoi il m'aime bien. Je suis le total opposé de Layla, sa meilleure amie, je crois. Layla, elle a peur de rien, une vraie casse-cou. Elle porte de jeans avec des trous, comme ma sœur, dans le temps. Elle sait grimper aux arbres, elle est rapide à la course, elle passe son temps à râler, elle a les pires notes de toute la Terre. La première fois que j'ai vu un zéro pour de vrai, c'était sur sa copie. Je n'aime pas qu'Al me compare à Layla. J'ai toujours eu l'impression qu'elle était plus proche de lui, qu'elle pouvait mieux le comprendre que je ne le pourrais jamais et cette pensée, je ne sais pas trop pourquoi, mais elle me fait mal au cœur.
Al et moi, nous sommes donc allés à la bibliothèque. Tout le long du chemin, Al ne cessait de répéter qu'il ne pouvait pas croire qu'il allait à la bibliothèque en cette belle après-midi. J'avais peur que ça ne l'ennuie vraiment trop mais à chaque fois que je lui posais la question, il disait que ça le changerait et que si ça me faisait plaisir, ça lui allait aussi. Je n'étais pas sûre de savoir ce que je devais en penser mais j'étais contente de passer cette journée avec lui. Quoi que puisse en dire les autres, y'avait pas deux Al sur Terre.
Il avait des défauts. Il en avait même sans doute plutôt pas mal. Comme quand il a décidé de laisser la marque de son passage sur la voie publique, par exemple.
Mais l'avantage avec lui, c'est que quand je lui fait remarquer que ça ne me plaît pas, il ne me regarde pas comme si j'étais une demeurée et ne me traite pas d'intello coincée.
"Mais t'es malade, Al ?
- Bah quoi ?
- Faut pas faire ça ! Imagine les gens qui doivent nettoyer après ! C'est pas cool !
- Pardon... J'pensais pas que ça te dérangerait... Avec Layla..."
Layla, Layla, toujours Layla ! Il n'a que ce prénom à la bouche ou quoi ?
"On va faire nos devoirs, plutôt, tu crois pas ?
- Ok. Tu m'aideras, hein ?
- Si tu veux."
Il ne s'est pas rendu compte de ma colère. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'il aurait été mieux avec Layla qu'avec moi. Layla elle était cool, elle était jolie. Il ne se serait pas ennuyé avec elle. Elle ne l'aurait pas traîné à la biblio'. Ils n'auraient pas fait leurs devoirs. Ils se seraient sans doute super amusés dans un recoin d'un parc, toute la journée, sans penser à l'école, aux devoirs et toutes ces choses barbantes. Ouais, quel dommage qu'elle n'est pas pu venir et qu'il se retrouve sur une chaise pourrie à faire ses devoirs avec Annabel Fontenêt, l'intello la plus barbante que la Terre ait jamais porté.
Soudain, il a relevé la tête, pour me poser une question sans doute. Mais il s'est arrêté juste avant.
"Ça va pas, Anna ? T'es fâchée ?
- Oh c'est bon ! Tu t'en fiches, pas vrai ? La prochaine fois, t'iras jouer avec ta Layla, tu t'ennuieras moins qu'avec moi !
- Hein mais qu'est-ce que tu racontes ?
- Vas-y, pas besoin de faire semblant ! Je sais bien que je t'ennuie à mourir ! Tout le monde le pense d'ailleurs : Annabel, de toutes façons, elle sait pas s'amuser, elle pense rien qu'aux devoirs, etc...Je sais très bien que c'est ce que tout le monde dit dans mon dos ! Tu dois pas te gêner toi non plus ! Mais j'comprends rien ! Pourquoi tu m'as invitée à venir chez-toi aujourd'hui ? Et pourquoi t'es gentil avec moi ? T'as pitié, c'est ça ? J'te fais pitié ?
- Mais pas du tout ! C'est vraiment ce que tu crois ?
- Pourquoi je croirais autre chose ? Depuis le début de la journée, tu fais que parler de Layla et puis, je sais bien que toi et moi, on est trop différents."
"Faut pas dire ça ! T'as pas le droit de dire qu'on est trop différents !"
Brusquement, il s'est mis en colère.
"Écoute, il faut qu'on parle, tous les deux. Mais promets moi de plus dire qu'on est trop différents, ok ?
- D... D'accord."
On s'est allongés tous les deux sur le sol de la terrasse de la bibliothèque. Il commençait à faire nuit. J'ai vaguement songé que j'allais me faire tuer par mes parents et puis il s'est mis à parler.
"Tu sais, moi, au début, je pensais aussi comme les autres, que t'étais une fille pas marrante."
En entendant ces mots, j'ai senti mon cœur se serrer.
"Mais si je pensais encore comme ça, j'aurais fait aucun effort pour venir vers toi. Je pensais qu'on ferait jamais partie du même monde, toi et moi. Et puis, j'ai vu que tout le monde te tournait le dos. Même les filles un peu comme toi, des fifilles à leurs mamans avec des bonnes notes et tout, elles se détournaient de toi pour faire semblant d'être des filles "cool" tout ça pour avoir une bonne réputation auprès des autres. Elles se moquaient de toi, juste parce qu'elles avaient peur d'être à ta place. Mais toi, tu pleurais pas. Tu continuais à être gentille avec tout le monde, même si, dans ton dos, les gens riaient. J'ai trouvé ça cool, bien plus cool que ces filles qui faisaient les belles pour pas voir qu'elles étaient pas bien différentes de toi. Quand je t'ai parlé pour la première fois, je pensais que t'allais pas apprécier qu'un type comme moi parle à une fille comme toi mais t'avais l'air tellement contente que quelqu'un se montre enfin gentil avec toi... Du coup, j'ai fait plein d'efforts pour être plus gentil et essayer de comprendre. Mais quand je vois que tu penses qu'on est trop différents pour s'entendre, ça me fait mal, tu sais. Parce que moi, j'essaie tout le temps de savoir ce qui te ferais vraiment plaisir. Et désolé si j'ai trop parlé de Layla, j'voulais pas. Bref, moi, j't'aime bien. T'es une fille bien et si ça t'embête pas, j'aimerais bien qu'on se revoit, de temps en temps en-dehors de l'école. Quand j'te comparais avec Layla, c'était pas négatif. Layla, elle en fait trop des fois. Elle est un peu comme moi, elle essaie d'avoir l'air cool et tout. Mais toi, j't'admire vraiment, tu sais."
Entendre tout ça, je crois que ça m'a fait beaucoup de bien. Et puis, je l'adore encore plus maintenant, je crois. Il est cool Al mais maintenant je sais qu'il peut être un peu timide aussi. Même si je vais sans doute me faire gronder en rentrant, ç'aurait été dommage d'être partis sur un malentendu.
Et effectivement, papa avait deux mots à me dire.
"Bon sang, Anna ! Mais où étais-tu passée ??? Tu sais quel sang d'encre on s'est fait ta mère et moi ? Ne nous refais plus jamais un coup pareil !
- Pardon papa... J'ai pas vu l'heure...
- Va te coucher, de suite ! Et hors de question que tu manques l'école demain, tu m'entends !"
Mais il m'a quand même embrassé avant d'aller au lit. Je pense qu'il s'est vraiment inquiété et même si je ne regrette pas, je me sens quand même un peu coupable vis-à-vis de mes parents.
Point de vue de Léo
Je ne me lassais pas de lire et relire les romans de Blanche. Ils étaient magnifiques, restant fidèles à elle-même. Quand elle n'était pas là, je la lisais. Quand elle était là, je ne me lassais pas de la regarder. Et j'avais beau savoir qu'elle n'était pas pour moi, rien n'y changeait.
Elle me rappelait mon enfance, quand je faisais répéter à ma mère cette légende, qui n'avait pas vieilli dans mon esprit. Je m'étais imaginé cent fois la femme de l'histoire si tragique d'Angel. Mais rien de ce que j'avais pu imaginer n'aurait pu s'approcher un peu d'une personne comme Blanche. Une femme comme Blanche, oui, sans doute que je l'aurais cherchée jusqu'à ce que la fatigue et la lassitude ne l'emportent. Elle était si parfaite. Je ne pouvais m'empêcher de me demander parfois, ce qui serait advenu si je l'avais rencontrée avant qu'elle ne rencontre Akira. Aurais-je alors eu une chance ?
Je n'avais rien à reprocher à Akira. Il jouait terriblement bien du piano, il aimai Blanche et elle l'aimait. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de songer qu'il n'était pas celui qu'il fallait à Blanche. Elle semblait parfaite, tout droit sortie d'un autre monde tandis qu'Akira était juste un homme normal. Je ne dis pas que j'aurais eu meilleure figure à sa place, seulement, Blanche était extra-ordinaire et son mari ne l'était pas.
Akira était très gentil avec moi. Ce n'était pas non plus le problème. Je ne savais pas s'il était conscient de mes regards sur sa femme mais si c'était le cas, il ne laissait rien paraître. Ils étaient tous gentils avec moi. Si gentils que je ne pouvais m'empêcher de me sentir honteux de mes coupables pensées. S'ils n'avaient pas existé, j'aurais peut-être eu ma chance. Le simple fait qu'ils soient, ruinait tout.
Mais grâce à eux, pour la première fois depuis longtemps, je me sentais pleinement satisfait en envoyant mon livre, fin prêt, à un éditeur. Blanche était l'héroïne que je n'avais jamais pu rencontrer et qui me manquait pour pouvoir être pleinement satisfait de ce personnage imaginaire qui ne me satisfaisait jamais assez. À présent, j'avais tout loisir de l'observer pour pouvoir peindre exactement la perfection recherchée.
Enfin satisfait, je pus remonter dans mon "appartement", si tant est qu'on puisse appeler ainsi l'étage qui me servait principalement de chambre.
Point de vue de Rosalie
La journée n'avait pas été brillante. Le sort ne m'avait pas doté d'un cerveau aussi brillant que celui de ma jeune sœur et plus les années passaient, plus j'avais du mal à suivre. Et puis, je devais avouer que mes préoccupations n'étaient pas uniquement tournées vers les études. Même les récents échos que j'avais pu avoir au sujet des -mauvaises- fréquentations d'Anna me perturbaient moins que Léo. Léo qui occupait toutes mes pensées. Et surtout : moi qui n'occupait pas toutes les siennes. J'étais amoureuse mais pas aveugle, contrairement à papa, maman, Anna et Gaby. Je n'avais, bien sûr, jamais imaginé qu'il fut tombé amoureux de moi comme j'étais tombé amoureuse de lui. Comme je l'ai dit, j'étais amoureuse mais réaliste. Et j'étais pratiquement sûre que Léo était attiré par... ma propre mère. Les regards qu'il lui lançait ne laissait pas place à grand doute sur ce sujet.
Et ça, c'est pire que toute journée de cours, aussi pénible soit-elle. Si ça avait été une autre fille, je n'y aurais vu aucun inconvénient : il a le droit d'aimer qui il veut non ? Mais il s'agit là de ma mère. Ma mère ! Elle est mariée, elle a une famille. J'aimerais bien me tromper... Je l'aime. J'aime ma mère. Et je sens que cette histoire ne peut que mal se finir. Je voudrais tellement lui parler... Cette situation est malsaine. Mais à chaque fois que je prends mon courage à deux mains, je n'arrive pas à aller jusqu'au bout. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai monté cet escalier avec une forte détermination.
Mais chaque marche est un coup porté à cette détermination. Je l'aime mais je n'ose même pas lui parler... Quelle imbécile je fais !
Pourtant cette fois-ci n'est pas comme les autres.
"Rosalie ? Rosalie, tu voulais me parler ?"
J'adore ce chapitre, AL et Anna, ça pourrait donner un truc sympa le cool dominé par la sage Anna ^^
pour Rosalie, c'est beaucoup moins gai, et ce jeune Léo est une cervelle de moineau, il a même pas remarqué que ce n'etait pas Akira ou Blanche qu'il devait surveillé, en même temps Akira est bien trop exceptionnel pour relevé les bravades inutile d'un jeune rêveur ^^
Encore un chapitre très sympa et très agréable à lire j'aime beaucoup la relation naissante entre Anna et Al, après tout il n'a pas l'air si bad boy que ça
@Pythonroux Il va bien falloir si elle veut avancer...
Merci ^^
@nicolasB ... on verra bien ce qu'ils vont donner tous les deux
Bah Léo... Disons qu'il est peu trop la tête perdue dans ces romans. Il idéalise carrément Blanche et du coup il fait pas trop attention aux autres autour de lui...
@CamD0144 Merci beaucoup
Pour Al et Anna... C'est à voir ce que ça donnera !
@Kannelia Mais c'était exactement le but
Contente qu'ils te plaisent
@sirhc59 Il semblerait qu'elle n'ait pas de chance en amour cette petite
Merci beaucoup ^^
Chapitre 38Les errances de Rosalie Point de vue de Rosalie
"Rosalie ! Tu voulais me parler ?
- N... Non pas particulièrement...
- Ah bon...
- Oh et puis zut !"
Il me regarda, intrigué. J'en avais marre de ne pas arriver à exprimer clairement ce que je voulais dire devant les personnes qui étaient importantes pour moi.
"Est-ce que tu aimes ma mère ?
- Oui, je l'aime beaucoup mais...
- Non, ce n'est pas ça que je veux dire. Est-ce que tu es amoureux d'elle ?"
Il écarquilla ses si jolis yeux bleus sans répondre. J'étais pitoyable. Pitoyable d'espérer encore. Il ne cachait même pas ses sentiments à son égard et moi, comme une cruche... Je continuais à espérer qu'il m'apercevrait enfin.
"C'est bon, j'ai compris. Désolée, c'était vraiment indiscret de ma part. Normal que t'aies pas franchement envie d'en parler avec moi. Je t'embêterais plus avec ça, ok. Et bien sûr, je dirais rien à personne."
Et même pendant que je faisais ce discours, en me retenant de pleurer, j'avais envie qu'il me retienne, qu'il me dise que je me trompais sur toute la ligne. Au moins qu'il dise quelque chose... Un mot, un geste, quelque chose...
Il n'en fit rien. Je me détournai, pleine de honte. Même maintenant, c'était à ma mère que j'en voulais d'être si belle et de m'avoir fait si laide. Je n'aurais jamais ses longs cheveux purs, ni toute sa grâce. C'était tout-à-fait normal qu'il l'aime. Je n'arrivais même pas à lui en vouloir. Il ne m'avait rien promis. Et j'avais de la chance qu'il ne me haïsse pas. Mon existence même était la preuve que son amour resterait à tout jamais à sans unique. Il avait été gentil avec moi, depuis le début. Alors pourquoi espérais-je plus ? Ne pouvais-je pas me contenter de ce qu'il m'offrait, de ses sourires et de ses gentilles paroles ?
"Rosalie ?"
Et là encore, je sentis mon cœur s'envoler, plein de cette écœurante espérance. J'aurais couru vers lui. J'aurais bu tous ses mensonges s'il avait voulu. Mais non, quand il parla, ce fut pour briser une fois de plus mon cœur en miettes.
"C'est vrai. Tu as le droit de savoir. J'aime ta mère.
- Tu n'étais pas obligé de le dire.
- Désolé.
- Tu n'as pas à t'excuser non plus. C'est moi qui m'excuse."
J'essayais de me retenir de pleurer. Je ne pleurerais pas. J'avais voulu savoir, j'avais su. Je n'avais à m'en prendre qu'à moi-même.
Point de vue de Léo
Rosalie... Elle avait toujours été si gentille avec moi et elle n'avait jamais cessé de sourire... alors qu'elle savait ? Depuis combien de temps ? Est-ce qu'elle l'avait toujours su ? Avait-elle réussi à cacher son dégoût de moi tout ce temps ? Et continuer à me parler, à me sourire en sachant quels sentiments m'abritaient ? Pourquoi ? Et pourquoi ne pas m'avoir pointé du doigt la sortie ? Pour préserver l'honneur de ses parents ? Mais elle n'aurait même eu qu'à leur donner une autre raison. Après tout je n'avais aucun droit à ce toit qu'ils m'avaient offerts si généreusement. Et puisqu'elle m'avait fait entrer dans cette maison si facilement, elle aurait tout aussi bien pu m'en faire sortir. Pourquoi Rosalie ? J'interrogeai du regard ce dos de jeune fille, presque une femme, maintenant. Je l'interrogeais du regard et alors je compris.
Bon sang ! Comment avais-je pu ne rien voir ! Alors que depuis tout ce temps... J'étais tellement obnubilé par Blanche que je n'avais rien vu venir. Et depuis le début, elle savait. Et elle m'aimait plus encore. Depuis le début, je n'avais été pour elle que source de souffrances et de malheurs et pourtant, elle continuait à m'aimer, victime d'un cœur malade, aveugle.
Oui, elle m'aimait tout en sachant l'horreur de mon propre amour. Elle m'aimait et quand il m'aurait été tellement plus simple de l'aimer en retour, je souffrais moi-même de la même maladie pour une autre. Je savais combien elle devait souffrir. J'étais le seul à pouvoir la guérir et je ne pouvais pas. Je voulais la remercier pour tout ce qu'elle avait pu faire pour moi mais au final, j'en étais bien incapable.
Point de vue de Rosalie
Transformer peine en rage. C'était une chose pour laquelle les ados étaient très forts. Comme on mettait un linge sur le visage des morts, par pudeur, les filles comme moi mettaient un voile de rage et de rancune sur leur chagrin. Pour ne pas pleurer, pour rester droite. À mon âge, on pleurait pas. C'était la honte, la lose ou tout ce que vous voulez. Et le seul moyen de ne pas pleurer, c'est cette armure de fer autour de son cœur. Il faut haïr parce qu'aimer, ça fait trop mal.
Et c'est au moment où je me composai ce masque que ma mère prononça exactement les mots qu'il ne fallait pas prononcer.
"Oh ma chérie ! Est-ce que Léo vient dîner avec nous ce soir ? Dis-lui qu'il est le bienvenu mais que nous pourrions tout-à-fait comprendre qu'il préfère dîner en toute intimité à l'étage !
- Et puis quoi encore ? J'suis pas ta bonniche !
- Pardon ?
- Va lui dire toi-même ! J'vois pas pourquoi ce serait à moi de le faire à ta place !"
"Je te prierais de me parler sur un autre ton ! Qu'est-ce qui te prends, Rosalie ?
- Il me prend que j'en ai marre, c'est tout ! J'ai passé une journée exécrable et quand je rentre, pas de "bonjour Rosie-chérie, ça s'est bien passé le lycée ?". Non, tu t'en fiches bien de toutes façons ! Ce qui t'importe c'est de jouer la parfaite hôtesse de maison et que ton petit invité se sente parfaitement bien ! Si tu veux mon avis, Léo viendra pas manger avec nous. Mais de toutes façons, t'es trop auto-centrée pour comprendre pourquoi !
- Ça suffit maintenant Rosalie ! Je ne t'autorise pas à me parler comme ça ! Bien sûr que je le soucie de toi ! Je m'inquiète beaucoup d'ailleurs : tes notes sont en baisse, tu sors de plus en plus souvent avec tes amies au lieu de faire tes devoirs et tu ressembles plus à une star de la mode qu'à l'élève sérieuse que tu étais avant ! Où est-ce que tu t'es encore achetée ce nouveau vernis ?
- Ça te regarde pas ! Ouais je suis moins douée qu'Anna et Gabriel mais et alors ? Le lycée c'est pas mon truc, c'est tout ! Et toi, t'étais une élève modèle peut-être ?
- ROSALIE ! Puisque tu le prends sur ce ton, je te laisse l'honneur de nous préparer le repas pour ce soir ET de le monter à Léo. Non mais je rêve !
- Monte-le toi-même ton repas à ce CHER Léo !
- Mais qu'est-ce qu'il t'a fait, bon sang ? Je ne crois pas qu'il est mérité un pareil traitement ! Toi qui disais tout le temps "Léo par ci, Léo par là", ce matin-même ! Je n'y comprends plus rien. J'en ai assez de me fâcher avec toi Rosalie, tu sais. Si tu as besoin de parler à quelqu'un, ton père et moi sommes là ! Mais tu n'arriveras à rien si tu passes ton temps à crier sur tout le monde. File à la cuisine, maintenant."
J'obéis. Moi-aussi cette dispute commençait à me lasser. Mais entendre ce nom partout dans sa bouche m'avait horrifiée. Je ne doutais pas de l'amour de ma mère pour mon père mais c'était vraiment terrible de l'entendre parler de lui comme ça en sachant qu'il l'aimait. La vue de mes deux parents par la suite me rasséréna un peu même si je ne pouvais m'empêcher de me demander comment aurait réagi Léo en les voyant ainsi. Aurait-il pu rester totalement impassible ?
Nous mangeâmes ensuite en famille dans une ambiance exécrable.
"Rosalie ? Tu as fait ce que je t'avais demandé ?
- Non. Et je ne le ferai pas. À moins que tu ne tiennes à empoisonner Léo, je te déconseille vivement de m'inciter à y aller.
- Peu m'importe quel goût peut avoir la nourriture ! Je te demande juste un geste pour montrer qu'il a sa place dans cette maison !"
Et ainsi de suite. Le p'tit Gabriel - comme je l'aimais mon petit frère adoré ! - tenta de détendre l'atmosphère.
"Franchement Rosie, y'a que toi pour rater un plat de pâtes ! Des pâtes quoi ! J'suis sûr qu j'me débrouillerais mieux que toi ! En tous cas la prochaine fois, je mange que si j'ai une attestation écrite que c'est maman qui a cuisiné !"
Il était mignon à tenter de créer une trêve. Mais ce fut un échec et il finit par demander timidement à quitter la table.
Je le rattrapai alors qu'il sortait de la cuisine après avoir nettoyé son assiette.
"Hey ! Gaby ! Désolée pour tout-à-l'heure ! Ça a pas dû être très agréable pour toi...
- C'est pas à cause de moi, au moins ?
- De quoi ?
- Que t'es fâchée avec Léo. C'est pas à cause de ce que j'ai dit l'autre jour ? Tu sais, quand j'ai dit que je voulais pas que tu te maries avec lui parce que c'était moi qui devais me marier avec toi !
- Non, c'est pas à cause de ça ! T'en fais pas. C'était fatal de toutes façons.
- Tu l'aimes plus, Léo ?
- Si ! Je l'adore, tu sais.
- Je comprends pas tout. Si tu l'aimes, pourquoi tu veux pas lui monter l'assiette ? T'as vraiment peur de l'empoisonner ?
- Non... Enfin, j'espère pas ! C'était pas si mauvais que ça, quand même !
- C'était pas très bon...
- Tu sais mon choubidou... Parfois c'est compliqué d'aimer quelqu'un. Regarde avec maman : je l'aime mais on se dispute tout le temps. Avec Léo c'est encore plus compliqué. Je crois que plus on aime, plus c'est compliqué. Et puis tu sais, les grands, ils sont très compliqués dans leur tête. Ils veulent toujours cacher leurs faiblesses et leurs sentiments. Ouep, c'est vraiment très compliqué d'aimer. Promet-moi de rester toujours mon bout d'chou adoré !
- C'est promis ! Toi et moi, on s'disputera jamais. Et puis, j'vais apporter l'assiette à Léo. Comme ça, maman et toi vous serez contente toutes les deux, non ?
- T'es à croquer Gabriel ! Merci beaucoup !"
Avec Gabriel, ça a toujours été plus facile. Maman, Audrey, Naoki, Léo et même papa, ça a toujours été beaucoup plus compliqué. Qu'est-ce que je dois dire ? Qu'est-ce que je dois taire ? Gaby, il m'accepte comme je suis. Peut-être que c'est parce qu'il est trop jeune pour voir tous mes défauts... J'ai moins peur de lui parler.
Point de vue de Gabriel
Ma sœur, elle dit que c'est compliqué d'aimer. Dans les histoires que me lit papa, la jolie fille, elle finit pourtant toujours avec le beau prince... Et ma sœur, elle le sait peut-être pas, mais elle est jolie. Je connais d'autres filles de son âge, ses copines qu'elle admire beaucoup et les filles qui sont au lycée rattaché à mon école. Elles sont toutes différentes mais pour moi, c'est Rosalie la plus jolie. Son problème, c'est juste qu'elle a pas confiance en elle. Et puis c'est pas grave si les autres le voient pas. Maintenant, je sais que je pourrais pas me marier avec elle, parce que c'est ma sœur et tout. Mais je sais qu'un jour, y'aura bien quelqu'un d'autre pour voir que ma sœur, elle est trop jolie. Tant pis si c'est pas Léo. Elle en trouvera un autre. Les filles de ma classe, y'en a plusieurs qui m'trouve "mignon" mais moi j'attends de tomber vraiment "amoureux", comme dans les histoires. J'sais pas si je dois embrasser une grenouille ou quoi mais j'comprends pas pourquoi Rosalie elle se presse. Elle a le temps de trouver le bon type. Et visiblement, c'est pas Léo.
Avec Anna, je parle moins. Anna, elle parle pas beaucoup. Je sais qu'elle est amoureuse, elle-aussi. Du p'tit rouquin qui s'appelle Al. Ça me fait de la peine, d'ailleurs. Al, il ressemble vraiment pas au prince charmant des contes de fées. Il joue au foot et il est "mignon", je crois, selon les critères des filles. Mais il est franchement pas sympa. Il est méchant avec les plus petits. Il sèche les cours. Il fait tout un tas de trucs interdits juste pour se donner un genre, il déchire les livres de l'école, il pique les goûters des gens quand ils ont l'air plus appétissants que le sien. Il m'a jamais piqué le mien et je crois qu'il est vraiment amoureux d'Anna. Mais j'vois bien qu'elle est triste quand il préfère monter aux arbres avec Layla plutôt que prendre son goûter avec elle. Je sais aussi que ça la rend triste quand il vient la voir juste pour copier ses devoirs ou quand il est méchant avec d'autres gens. Parce qu'Al, il se rend pas vraiment compte que les gens dont ils se moquent, ils ressemblent pas mal à ma frangine. Je sais aussi qu'Anna est très triste aujourd'hui parce que Al ne lui a pas parlé de la journée. Juste le soir, il lui a demandé si elle pouvait pas faire ses devoirs pour demain parce qu'il allait au parc avec Layla et il aurait pas le temps de les faire. Et ça, c'était vraiment pas sympa pour Anna. Il est bête ou quoi ? Il sait pas que Layla dit toujours du mal d'Anna dans son dos, qu'elles se détestent ? Il sait pas qu'Anna, c'est pas une machine à faire les devoirs ? Franchement, s'il l'aime, il devrait faire plus attention à elle !
Mais Rosie a sûrement raison. Ça doit être compliqué d'aimer. Sinon, mes deux sœurs seraient pas aussi tristes...
Point de vue de Léo
J'y ai songé toute la nuit. Je ne veux pas rendre Rosalie malheureuse. Elle compte beaucoup pour moi. C'est elle qui m'a "sauvé" en quelque sorte. Et même si ses sentiments pour moi ne sont pas réciproques, je ne veux pas qu'elle se torture pour moi. Gaby m'a monté une assiette hier. Il m'a déconseillée de la manger parce que Rosalie était une vraie catastrophe en cuisine mais il m'a aussi dit que Rosalie m'aimait beaucoup. Et que si je pouvais "guérir" sa sœur, il me remercierait. Il est jeune mais il comprend très vite ce petit. Et il a tout-à-fait raison.
Je suis donc descendu. J'étais sûr qu'à cette heure-ci, Rosalie serait en train de déjeuner. Je ne pensais cependant pas qu'elle y serait seule. Je ne sais pas vraiment si ça m'a rassuré de la trouver seule ou si au contraire, le nœud d'en mon estomac s'en est trouvé resserré. À voir sa tête, pour elle, c'était plutôt la deuxième solution.
"Salut Rosalie, ça va ?
- Oui, oui, ça va très bien."
Son visage exprimait tout le contraire mais elle devait dire ça pour se débarrasser de moi.
"Écoute Rosalie...
- Je t'ai déjà dit hier que je ne dirais rien et que c'était pas la peine d'en reparler. Alors si c'est pour ça que tu...
- C'est pas pour ça du tout. Rosalie... Je sais que tu... que tu m'aimes."
Elle se leva brusquement.
"Si tu crois que j'ai besoin de ta pitié à la noix...
Point de vue de Rosalie
Non mais je rêve ! J'ai vraiment l'air assez pitoyable pour avoir besoin qu'on vienne me consoler comme un bébé de trois mois ? Il croyait vraiment que j'aurais envie de parler d'amour avec lui ? De m'épancher sur son épaule sur à quel point il me fait souffrir chaque minute qui passe ? Oui je l'aime bon Dieu ! Mais s'il avait un peu plus de tact, il garderait ça pour lui ! C'est déjà assez humiliant de savoir qu'il aime ma mère pour qu'il ne vienne pas me balancer à la face toute cette honte !
Mais ma colère s'évapore presque aussitôt. Ah cœur faible ! Comme je te hais ! J'ai fait la même chose, hier en allant le voir. Il a avoué et moi je n'ai rien dit. Ce n'est pas du jeu. J'ai parlé trop vite. Il s'est levé lui-aussi. Il baisse les yeux.
Il voulait juste... être gentil... Je suis bien placée pour savoir que les gens sont plus que maladroits dans ce domaine.
"Pardon Léo. Je n'avais pas le droit de dire ça. C'est vrai. Je t'aime. Je suppose que toi-aussi, tu as le droit de savoir. Mais n'aies pas pitié de moi. Je suis une grande fille. Je sais très bien que je n'ai aucun chance. Je le sais depuis le début. Mais tu le savais aussi quand tu es tombé amoureux de ma mère. N'aies pas pitié de moi, c'est tout. Maintenant, il faut que j'y aille."
C'était faux. Mais je sortis tout de même. J'avais besoin de respirer un peu. J'étouffais, là-dedans.
Je composai le premier numéro qui me vint à l'esprit.
"Allô ?
- Patapouf... Je suis désolée de te déranger Patapouf mais...
- Rosalie ? Quelque chose ne va pas ?"
Entendre la voix de mon Patapouf, même déformée par le micro, me fit du bien. Patapouf était en quelque sorte mon "Teddy" grandeur nature. Je savais qu'il aurait juste les mots qu'il fallait. Il m'avait connu quand j'étais petite. J'étais la seule à ne pas avoir peur de son déguisement. Je savais qu'un grand cœur se cachait sous cette figure d'ours. Que c'était juste un Patapouf, un peu maladroit mais la gentillesse incarnée.
"Juste un gros chagrin...
- Naoki ?
- Non. Je croyais avoir réussi à passer à autre chose mais finalement, c'était pas mieux. Il s'appelle Léo..."
Je me mis à tout lui raconter : Léo, trouvé sur un banc, Léo, pour qui j'avais eu le coup de foudre, Léo, qui avait aussi eu le coup de foudre... pour ma mère, Léo enfin qui savait tout et mon cœur en miettes qui ne cessait pourtant pas de l'aimer...
"Ça ne doit pas être facile pour toi, Rosie. L'amour, c'est jamais facile. Mais ce Léo, si il t'aime pas, tu vas pas le forcer. C'est plus facile à dire qu'à faire, mais il faut tourner la page. Moi, je sais que tu as un grand cœur et que tu es une adorable petite fille qui est devenue une magnifique jeune fille. Tu sais que tu peux venir me voir quand tu veux. Ce bon gros Patapouf t'attend. Mais haut les cœurs, belle demoiselle ! Les chagrins d'amour, c'est pas un truc de ma petite Rosalie, ça ! T'es trop jeune et t'es trop jolie pour t'en faire comme ça ! Des Léo, y'en aura d'autres, mais la vie, petite, c'est court. 'Faut en profiter ! Maintenant, va au lycée ! Les cours aussi c'est important !"
Je savais que Léo avait entendu une partie de la conversation. Tant pis... Il devait bien se douter de ce que je ressentais, non ?
Au lycée, j'ai plus vraiment d'amies. Alors, je traînaille, toute seule. À la sortie du lycée, j'ai croisé Kenza. Je ne savais pas vraiment ce qu'elle faisait dans les parages ni pourquoi j'ai éprouvé le besoin d'aller lui parler.
"Tiens ! T'es la pote d'Audrey, non ? Rosalie, c'est ça ? Je reconnais mon œuvre !"
On a parlé un peu. Elle s'est coupé les cheveux. À part ça... elle est mannequin. Elle bosse pour une chaîne de magasins. J'en suis venue à tout lui raconter. Ça pesait trop lourd sur mon cœur sans doute... Ou alors je m'étais juste sentie trop seule pendant toute la journée. Ou un mélange des deux. Ce qu'elle m'a sorti, c'était du Kenza tout craché. C'était l'inverse de ce que m'avait dit toutes les personnes dignes de confiance ; "tourne la page, avance, change-toi les idées". Elle, elle m'a dit "fonce". Je sais que ce n'était pas la voix de la raison qui parlait mais je l'ai écoutée. Parce qu'un cœur malade n'écoute jamais sa raison.
"Ton problème, chérie, c'est ton look. J'ai fait ce que j'ai pu selon tes goûts. Mais j'vais te le dire franchement : t'es trop banale. T'es l'ombre de ta mère, c'est ça le blème ! Tu fais ta mignonne petite fille sage mais t'as pas sa grâce, ce je-ne-sais-quoi qui fait que Blanche est éblouissante ! 'Faut que tu t'assumes par toi-même. Et j'ai le truc pour que tu lui ressembles tout en étant différente."
Et maintenant, je me sens mieux. Le tatouage et la décoloration étaient peut-être too much mais Kenza a insisté.
"Voilà ! Pile ton problème : tu vas jamais à fond dans le truc. T'essaies d'avoir un look ado mais tu vas pas au fond de la chose. Et m'est avis que Poil de Carotte, ça doit pas plaire à ton Léo. T'es trop "carotte" justement. Rouge comme une pomme, j'dis pas. Une pomme, c'est un fruit, c'est sucré, on a envie de croquer dedans... mais une carotte ? Tu captes ? Et puis maintenant, t'as quasi la même couleur de cheveux que ta mère. Il s'ra pas dépaysé le p'tit !"
Elle parle très franchement, Kenza. Au début, j'avoue que je la trouvais trop directe, presque vulgaire mais maintenant... Avec elle, au moins, on peut parler sans avoir peur que ce qu'on dise soit mal interprété.
Évidemment, tout ça n'était pas du goût de ma mère. Elle aimait plutôt bien Audrey et Sarah, bien sûr. Je crois qu'elle a toujours voulu que je sois amie avec Sarah. Kenza, par contre... Y'a pas plus opposé que ma mère et Kenza. L'blanc et l'noir, ça fait pas bon mélange.
"ROSALIE !
- Salut m'man. Sinon, ça va très bien et toi ?
- MA FILLE, J'EXIGE DES EXPLICATIONS TOUT DE SUITE !
- Oh la relou !, s'est exclamée Kenza.
- Jeune fille, je vous prierais de me laisser m'entretenir avec ma fille. D'ailleurs, je ne me souviens pas de l'avoir autorisée à ramener une amie, aujourd'hui.
- Oups ! Pardon, m'dame ! J'vous apporte une laisse, aussi ? À moins que vous préfériez une chaîne avec des boulets pour être sûre que votre gamine ne s'échappe pas ?
- Parce que vous vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas avec insolence en plus ? Je plains votre mère, mademoiselle !
- Ben heureusement que j'en ai pas une comme vous, sinon j'aurais déjà fugué depuis vachement longtemps !
- S'teu plaît, aggrave pas l'affaire", soufflai-je à Kenza.
Elle finit par partir après avoir foudroyé du regard ma mère.
"Maintenant, puis-je avoir des explications, mademoiselle Fontenêt ?
"Oh vas-y ! Elle a raison Kenza ! Y'a pas pire comme mère que toi ! Laisse-moi respirer un peu ! Depuis que je suis petite, tu passes ton temps à vouloir faire de moi une parfaite petite princesse ! J'serais jamais une princesse, ok ? Et quoi que tu fasses, je serais jamais que Rosalie. Je sais bien que c'est pas ça ton idéal de fille parfaite. Je le sais trop bien. Mais voilà, moi, j'suis Rosalie et c'est un truc que ni toi ni moi ni personne ne pouvons changer."
ah ah ah, très intéressant ce chapitre et j'aime beaucoup la transformation de Rosalie
Est-ce que Gabriel va toujours autant aimer sa grande soeur ^^ pour les autres, on s'en fiche un peu
Two things only a man cannot hide : that he is drunk and that he is in love.
P.S. : le CC c'est le mal ^^
Comment appelle-t-on un chien qui n'a pas de pattes ?
Trop fort, j'aime bien moi cette Rosie avant ou après elle reste bien choupie, mais elle a un vrai gros manque de confiance après elle balance avec un gros trop d'adolescence et de crise de nerfs , et ce p'tit gars qu'est Gaby, un vrai p'tit sucre, il a bien raison d'aimer sa soeur comme ça, il est super clairvoyant.
@Blue8white Elle nous avait déjà fait une petite crise d'enfant mais là, c'est la vraie grosse crise d'ado
Moi-aussi, je l'aime bien comme ça
@Pythonroux Il va bien falloir si elle veut avancer...
Merci ^^
Bah... Gabriel, il adora sa sœur quoi qu'elle fasse... Il adore tout le monde en fait
@nicolasB Ça c'est sûr que niveau confiance en elle-même, y'a pas mal de boulot et elle garde beaucoup de choses dans son fort intérieur, ce qui fait que quand ça explose ben... ça explose
Gabriel, il est adorable ce môme et il voit bien ce qu'il a de positif dans chacun
Et j'adore ta petite conclusion C'est pas faux en même temps
@Isaw Contente que ce look te plaise ^^ Je l'aime beaucoup aussi. Ça lui va vraiment bien
Et contente aussi que Gaby plaise à tout le monde. C'est un ange ce garçon
@Kannelia Et Rosalie n'a vraiment pas de chance, de ce côté-là... ^^' Mais la première fois, elle tombera sur le bon... peut-être...
Ravie que ce look fasse l'unanimité vu que je l'aime beaucoup
Et merci beaucoup !!!
Chapitre 39Jake Point de vue de Rosalie
"Je ne t'autorise pas jeune fille ! Mais qu'est-ce qui te prend enfin, Rosalie ? Je ne te comprends plus ! Au début, tu semblais ravie d'accueillir Léo sous ton toit, maintenant, tu es extrêmement malpolie avec lui et odieuse avec tout le monde ! Et maintenant ça ? Ce n'est plus supportable !"
"Moi-aussi j'en ai marre ! Arrête de te mêler des affaires des autres ! L'histoire avec Léo, ça me regarde ! Ça te dérange peut-être ? Ah ouais, je vois l'genre, tu veux faire la belle devant lui, en lui montrant que tes enfants sont super bien élevés ! Mais 'faut que t'arrêtes avec ce petit jeu, parce que ça blesse tout le monde ! Papa mérite pas ça !
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tu débloques totalement, Rosalie !
- C'est moi qui débloque, maintenant ! Franchement, des fois, je me demande à quoi tu joues..."
"Bonjour Léo...", souffla ma mère. "Bon... Il faut que j'aille faire à manger. Je vous laisse."
"Rosalie...
- Qu'est-ce que tu veux ? T'as pitié de moi, c'est ça ?"
"N... Non, pas du tout ! T'es cool, comme ça. Je comprends que Blanche soit fâchée... Je pense que toute mère l'aurait été, si elle fait un tant soit peu attention à sa fille. Je voulais juste te demander pardon pour la dernière fois. Je t'ai blessée et j'en suis désolé. Mais ne te dispute pas avec ta mère à cause de moi, s'il te plaît."
Encore une fois, je me déteste. Je ne trouve rien à répondre. Toute ma fureur s'envole quand il parle avec tant de douceur et j'ai l'impression de me conduire comme une gamine égoïste. C'est juste ce que je suis. Une gamine égoïste et pourrie-gâtée qui ne sait même pas ce qu'elle veut. Mais comment être, autrement ? Je ne veux pas être personne. Et je voudrais juste que ma mère comprenne que je ne peux pas être comme elle, un monstre de douceur et de gentillesse. Que je ne le veux pas. La princesse, c'est Annabel. Moi, je ne veux pas être une princesse. Je serais l'anti-princesse, alors. Mais pour ça, il faut que je m'affirme, que j'arrête d'hésiter. Parce que jusque là, ça ne m'a rien apporté de bon, ces hésitations et ces balancements.
"Désolée mais je me dispute avec ma mère si je veux. Parce qu'apparemment, c'est le seul moyen pour que tu fasses enfin attention à moi.
- Hein ? Mais non... Je...
- Arrête. Depuis que tu m'as tout dit et que tu sais que je t'aime, tu ne viens me voir que quand tu as peur que je ne fasse une c**nerie avec ma mère. Je t'ai déjà dit que je ne dirais rien, même sur un coup de tête. De toutes façons, je ne tiens pas à ce que ma mère le sache. Ça la blesserait et elle se sentirait coupable. Même si elle et moi, ce n'est pas toujours rose, je l'aime trop pour ça.
- Rosalie, je suis désolé si c'est l'impression que j'ai donnée mais...
- Sorry, mais je crois que j'ai pas super envie d'entendre de mauvaises excuses."
Et je l'ai planté là. Trop tard pour regretter.
J'étais différente maintenant. Et ils allaient tous devoir accepter la nouvelle Rosalie. Mais alors que je commençais à reprendre du poil de la bête, je commis l'erreur d'ouvrir la porte qui reliait ma chambre avec celle de la princesse en entendant des éclats de voix.
"Wow ! Je suis impressionné, Anna !
- Bah... C'était pas compliqué...
- Non mais sérieusement, tu travailles beaucoup, mais ça porte ses fruits, bravo !
- ARRÊTE DE TE PRENDRE POUR NOTRE PÈRE !", ne pus-je m'empêcher de hurler.
Ils se retournèrent tous les deux, l'air surpris. Quelle idiote ! Mais il l'avait mérité. Quand il s'adressait à moi, je l'avais déjà remarqué mais en l'attendant parler avec Anna, c'était encore pire. J'avais l'impression d'entendre un beau-père qui tentait de paraître naturel et aimant avec la fille de celle qu'il avait épousée. Avant qu'ils n'aient tous les deux le temps de se remettre de leur émotion, je refermai la porte et filait dehors. J'avais besoin de courir un peu pour me vider l'esprit. J'en avais vraiment marre de toute cette histoire. Pourquoi est-ce que je n'arrivais jamais à lui adresser la parole sans devenir agressive ?
En revenant, je n'étais toujours pas calmée. Et j'avais l'impression que si, en rentrant, je tombais de nouveau sur lui, je finirais vraiment par péter les plombs.
Je réussis à contenir ma crise de nerfs en le voyant assis à NOTRE table familiale. Mais le regard que je lui lançais le dissuada d'engager la moindre conversation.
L'ambiance était vraiment pesante et, aussitôt mon repas avalé, je filais dans ma chambre. Je n'avais cependant pas envie de dormir. Je me mis alors brusquement à arracher tout ce qui se trouvait au mur, arrachant les petits tableaux "mignons", le papier peint, la moquette avec les ongles, me moquant de ceux que j'y laissais. Une fois ceci terminé, je me sentis un peu mieux. Ensuite, je refis tout. J'affichais au mur des posters que m'avait filé Sarah. Elle avait beaucoup changé depuis la dernière fois, notamment quand elle avait appris que Darling n'était pas sa vraie mère. Maintenant, elle traînait avec la bande de Kenza. Je mis aussi au mur un vieux papier peint abîmé, filé par Kenza, masquant du mieux que je pouvais les déchirures. Je mis aussi un nouveau tapis, très classe que j'avais moi-même acheté au marché aux puces. Puis je me mis à jouer du violon, cadeau de Maëlle, une autre des potes de Kenza. Elle en jouait un peu et m'avait appris deux-trois airs. C'était cool le violon, et apaisant. Personne ne vint me déranger malgré l'heure tardive. Soit, je ne les avais pas réveillé, soit ils avaient peur de ma réaction mais en tous cas, je pus jouer tranquille.
Il y avait école, demain. Mais je ne me couchai que bien après deux heures du matin. Tant pis. Au pire, je sécherais. La princesse avait des bonnes notes, alors l'anti-princesse devait sécher les cours, non ? On verrait bien. Avant de m'endormir, je songeai à Léo. 'Faudrait que j'aille m'excuser. J'avais vraiment abusé. Mais pas de suite... Il fallait que je me montre ferme un peu. Et qu'il n'ait pas l'impression que j'aille le supplier à deux genoux. C'était lui-aussi qui était allé trop loin. J'en avais marre de toujours tout lui pardonner...
Le lendemain, lorsque mon réveil sonna, j'avais l'impression de m'être endormie depuis cinq minutes. Sérieux... C'était déjà le matin ? Déjà que le lycée après une bonne nuit de sommeil, c'était assommant, alors là, j'allais vraiment m'endormir en cours ! C'est de la torture, tout ça. Comment elle fait, Anna, pour avoir d'aussi bonnes notes ?
Au même instant, je reçus un message de Kenza.
On sèche ? Flemme de me taper deux heures de maths, dès l'matin
J'étais toujours allée au lycée en temps et en heure, depuis le début. Je n'avais pas toujours été une élève modèle mais je n'étais quand même jamais allée jusque là... J'hésitais...
Pour faire quoi ?
On va au bar-karaoké. 'Faut juste que je rameute des potes.
À priori, on s'fait une sortie à 4. Maëlle peut pas, Audrey acceptera jamais de sécher et j'en ai marre de Blondie qui casse les oreilles de tout le monde et en plus se prend pour une star. Donc, y'aurait toi, Sarah, Jake (un pote de terminale, il est cool, tu verras ) et moi. Ça te tente ?
"Rosalie ? Dépêches-toi ou tu vas être en retard !
- J'arrive m'man !"
Ok. On se retrouve où ?
Devant chez Jake. T'étais pote avec Naoki, non ? Ben c'est l'apart' juste à côté.
T'es sûre que ça va pas le déranger que je vienne ?
Mais non ! Il est ok... et il est célibataire ! C'est ta chance, ma poulette !
N'importe quoi, elle ! Je le connais même pas et elle se fait déjà des films. J'suis sûre qu'il va me trouver super-ennuyeuse. Mais bon... De toutes façons, c'est sur le chemin du lycée, j'aurais juste à descendre du bus un peu avant. Et au pire, y'aura Sarah et Kenza.
Au moment où les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, j'entendis la voix de Kenza. Ouf. Elle était déjà arrivée au moins. Et je ne m'étais pas trompée. J'aurais pas à poiroter des heures à me demander si chaque type qui sortait n'était pas le fameux Jake.
"C'doit être ma pote, Rosalie.
- Elle ressemble à quoi ?, répondit une voix grave, Jake sans doute.
- Bah... J'sais pas moi. Elle est mignonne. Tu verras bien !
- Nan mais j'veux dire, maintenant..."
Les portes s'ouvrirent et je tombai nez-à-nez avec un type. Les trois premiers trucs qui me vinrent à l'esprit furent.
"Il est carrément bôgosse", "Pourvu que ce soit pas lui Jake, un type aussi cool pourra jamais accepter la présence d'une fille aussi insignifiante que moi" et "Si c'est lui, Jake, Kenza a pété une durite en pensant que je pourrais l'intéresser."
"Euh... Excusez-moi...
- Ah ! C'est elle, Jake !, s'exclama Kenza, ruinant tous les espoirs que j'avais encore que Jake serait un autre type, un peu moins canon, un peu moins cool, un peu moins... Jake.
- Bon, ben, salut Rosalie...
- Euh... Sa... Salut Jake..."
Oh Mon Dieu, je dois avoir l'air totalement stupide !
"J'envoie un SMS à Ojo pour lui dire qu'on arrive ! Faites connaissance tous les deux."
Elle nous fait quoi, là, Kenza ? J'ai l'impression d'être un cas désespéré qu'elle essaie de filer au premier type qui passe ! Bon, ok, Jake, c'est pas franchement le premier type qui passe mais je le connais à peine !
"T'es en seconde, c'est ça ?
- Ouais... Et toi, t'es en terminale quoi ?
- ES mais c'est pas trop mon truc...
- Ok...
- T'étais pote avec Naoki, non ?
- Euh... Ouais... Mais ça fait un moment que je l'ai plus vu... Tu le connais ?
- C'est mon voisin, tu sais. Puis, il faisait section sportive.
- Il fait basket, et toi, tu fais quoi ?
- J'faisais basket jusqu'au milieu de l'année dernière. J'avais quitté la section mais ils ont voulu que je revienne, du coup maintenant, j'fais de la boxe.
- T'aime plus le basket ?
- C'est... compliqué..."
Génial. J'suis quasi-sûre d'avoir dit une c**nerie. Il doit déjà me trouver super-lourde.
"Je te dirais toute l'histoire un jour... Mais, là, c'est pas trop le moment. Et puis ça plomberait l'ambiance."
Un jour ? Il compte me revoir ou c'est juste une manière de parler pour se débarrasser de moi ? J'arrive pas à comprendre ce qui peut lui passer par la tête. Il est...différent des autres mecs méga-populaires et sportifs que j'ai pu croiser jusqu'à présent. Naoki était différent mais c'était surtout parce qu'il aimait Audrey. Et puis, lui, il doit avoir vachement plus la côte que Naoki. Les gens comme lui ne feraient même pas attention aux gens comme moi, normalement... Ou alors c'est juste qu'il est amoureux de Kenza et qu'il veut être sympa avec ses potes ? Mais il lui a même pas accordé un regard... D'ailleurs, depuis que je suis arrivée, j'ai plutôt l'impression que c'est moi qu'il ne quitte pas des yeux... Non mais j'délire, là. Il est un peu sympa avec moi et je me fais des films... Mais ce regard, mon Dieu !
"Allez les tourtereaux, on file, Ojo nous attend.
- maistescomplétementfolleouquoi?, chuchotai-je à l'oreille de Kenza en panique totale.
- Mais nooon ! Si tu l'intéressais pas, il te boufferait pas des yeux comme il le fait ! C'est ta chance, ma vieille ! Il a plus eu de petite amie depuis milieu première...
- Encore ?
- De quoi ?
- Encore cette histoire de milieu première, ça veut dire quoi au juste ?
- Bah... Il reste toujours très vague, là-dessus. Mais je sais qu'il sortait avec une basketteuse jusque là. Avant, je le connaissais vite fait mais c'était pas un type fréquentable... Remarque, j'sais pas si on me coche dans la case des types fréquentables. Bref, il a beaucoup changé après ça, et maintenant, c'est le type de gars que je veux bien présenter à mes copines, même les fleurs bleues comme toi !
- Qu'est-ce que tu lui racontes sur moi, Kenza ?
- Mais rieeen ! À part que t'es le meilleur parti de tout Simcity et que t'es super canon et que t'as trop la classe quand tu frappes dans un punching-ball, t'as vraiment trop la classe, et que...
- Ok, ok, c'est bon, racontes-lui c'que tu veux, j'me fiche. Je sais que Rosalie est assez intelligente pour savoir que tu débloques complètement."
Il me lança un regard complice et s'éloigna.
"Tu vois ?
- Bah...N'importe quoi... Il est juste sympa.
- Ok, ok. Si tu préfères rester malheureuse avec ton écrivaillon à la noix, c'est pas mon problème. Juste, sois gentille avec lui... Rappelle-toi qu'il y a un cœur sous cette masse de muscle !"
Elle battit des paupières, sans relever mon regard furibond. Comme elle fuyait vers les salles du karaoké, je décidais de m'asseoir au bar. Regardez-moi si c'est pas classe, de commander des p'tits pains !
Pendant que je mangeai mon petit-déjeuner, je reçus un coup de fil. Je ne pris même pas la peine de regarder qui m'appelait. Aujourd'hui, j'étais Rosie Fontenêt, une fille classe qui traînait avec Kenza Lothario et Jake... Au fait, je ne connaissais même pas son nom de famille...
"Oui ? Allô ?
- Rosalie, je peux savoir ce que tu fabriques ? Où es-tu ?
- Salut Léoo... Je suis suuper occupée, là. Par contre, toi, tu ferais mieux de te mêler de tes affaires. Mercii..."
J'étais restée cool, extérieurement. Du moins, je l'espérais. Mais au fond de moi, je bouillais de rage. Je n'avais plus vraiment envie de chanter et de m'amuser maintenant.
"Ojo ! Viens, on va chanter toutes les deux !"
Super, maintenant, Kenza m'abandonne. Je ferais peut-être mieux d'aller au lycée et trouver une excuse bidon pour mon retard, plutôt que m'ennuyer toute seule ou dans la gêne entre Jake et moi.
"Elle est pas cool, Kenza, de te laisser toute seule. C'était tes parents au téléphone ?
- Non...Mais c'est tout comme, vu qu'il va sans doute tout balancer à mes parents.
- Et tu penses qu'aller au lycée maintenant va arranger la chose ? Si tu veux, on peut toujours inventer un truc, du style, tu t'es trouvée mal dans le bus et je... ou Kenza, plutôt, t'as ramenée chez-elle pour que tu te reposes...
- Non, ça va aller.
- Tu restes alors ?
- J'sais pas.
- Allez, viens chanter avec moi, la rouquine ! Ce serait trop nul de gâcher la journée, tu crois pas ?"
Il est vraiment gentil... Hey mais, comment il sait que je suis rousse ? J'ai toujours les cheveux décolorés, non ?
"Euh...
- Quoi ? Un problème ?
- Comment tu sais... Pour mes cheveux ?
- Hein ? Ah, sorry. Je t'avais déjà vue au lycée, c'est pour ça."
Heiiin ? Il m'avait captée au lycée ??? Non mais c'est qui ce Jake ? Un extraterrestre ? Depuis quand les terminales connaissent l'existence des secondes ? Depuis quand les bôgosses font attention au petites rouquines ultra-introverties ? Depuis quand Jake je-ne-sais-toujours-pas-son-nom-de-famille s'intéresse-t-il à Rosalie Fontenêt ?
"Tu connais cette chanson ?, lança-t-il, me tirant de ma rêverie.
- Oh ouais ! Je l'adore !
- Cool ! Moi-aussi. On se lance, alors ?"
Au début, je crois qu'on était un peu gênés tous les deux. Mais au final, on s'est mis vraiment à chanter à fond. Jake était plutôt doué. Moi, ben, j'étais pas franchement la voix du siècle mais au moins, je chantais juste. Et puis, Jake faisait vraiment tout pour me mettre en confiance.
À la fin, j'étais vraiment exténuée. Mais au moins, j'avais l'impression de m'être rapprochée de Jake. Il ne me faisait plus peur. Kenza avait raison quand elle disait que c'était le type de gars qu'elle voulait bien présenter à ses cops'. Il me connaissait depuis très peu de temps et pourtant, il se comportait comme si j'étais une vieille amie. Et quand il avait sentie que j'étais un peu mal-à-l'aise, il s'était aussitôt débrouillé pour que je me sente mieux. Et il avait eu raison. Ça m'avait fait un bien fou, bien mieux que si j'étais retournée au lycée, malgré l'heure tardive.
"Wow ! C'était cool mais ça m'a crevée !
- Tant mieux alors. Tu comptes plus partir ?
- Nan, je crois pas ! Tu vas encore devoir me supporter !"
"Oh... T'en fais pas, je devrais pouvoir y arriver sans trop de soucis."
Ce regard... Ça me gêne tellement quand il me regarde comme ça... Parce que c'est vrai qu'il est quand même super mignon. C'est juste un pote, contrairement à ce qu'espère Kenza, mais c'est quand même un pote super mignon.
"Au fait, Jake, je me demandais : c'est quoi ton nom de famille ?
- Adams, pourquoi ?
- Non, juste pour savoir.
- Tu veux que je t'appelle Mlle Fontenêt et que tu m'appelles M.Adams ou quoi ?
- Bah non mais c'est pas du jeu si tu connais mon nom de famille et moi non.
- J'aurais dû me taire, en fait.
- Hein ? Pourquoi ?
- Comme ça, j'aurais eu un avantage, Mlle Fontenêt.
- N'importe quoi ! Et arrête de m'appeler Mlle Fontenêt ! Moi, c'est Rosie !
- J'ai le droit à Rosie, du coup ?
- Bah oui. C'est Rosie pour tout le monde. Sauf quand ma mère est en colère.
- Et moi, je suis tout le monde ?
- Toi, t'es Jake, point."
Nan mais il nous fait quoi là ? On dirait une crise de jalousie.
J'étais super gênée mais j'ai réussi à lui demander de faire une photo avec lui. 'Faut que je prenne de nouvelles photos pour ma chambre, vu que j'ai arraché les anciennes. Il me reste juste Patapouf et Audrey. J'avoue que j'ai hésité pour Audrey, ça fait un moment qu'on ne s'est pas reparlé. Mais bon, passons.
J'avoue qu'un selfie devant un miroir, c'est pas la meilleure idée que j'ai eu de toute ma vie. Avant de se séparer, il m'a demandé de lui envoyer la photo.
"J'peux avoir ton numéro, du coup ?
- J'sais pas...
- Ok. J'm'en vais.
- Hey ! Je plaisante !"
Je lui envoyais donc avant de partir. Au moment de quitter la salle, je me retournais pour lui lancer une petite pique en guise d'adieu, du style "c'est 5$ pour le fond d'écran !" mais quand je vis la tête qu'il faisait, je n'eus plus du tout envie de rire. C'est la photo qu'il regarde comme ça ? Nan, ça doit être sa petite copine qui lui a envoyé un message. Attends, Kenza a bien dit qu'il était célibataire ? Bref, peu importe, la fille qu'il aime, même s'il sort pas encore avec. Pas la photo. Pas ma photo. C'est juste impossible.
Toujours est-il que je restai finalement muette. J'avais l'impression d'avoir surpris une scène que je n'aurais pas dû voir. Je partis donc, en courant. Heureusement que mes parents travaillaient, parce qu'il était beaucoup plus tard que je ne l'avais pensé. J'aurais déjà dû être rentrée depuis une bonne demie-heure.
J'hésitai un moment devant la porte. Pas envie de la leçon de morale signée Léo.
Alors que je m'apprêtai à me résigner à ce triste sort, je reçus un SMS. Jake. Déjà ?
Salut. Désolé si je te dérange. Tu t'es pas trop faite détruire par tes parents ? Tu veux que je passe ?
J'ai pas encore vu mes parents. Mais merci de t’inquiéter pour moi
J'espère que ça se passera bien, alors J'suis à Willow Creek, là. J'peux passer ?
Tu sais même pas où j'habite !
T'es devant chez-toi ?
Ouep !
Je trouverais alors. Y'a pas trente-six mille maisons avec une jolie petite Rosalie devant
Ça y est ! Je te vois. Je cours, je vole !
Il est sérieux ? On se connaît depuis ce matin et il m'envoie des cœurs, des "jolie Rosalie", etc... Mais c'est vrai que moi-aussi, j'ai beaucoup d'affection pour lui. J'ai l'impression de causer avec mon meilleur pote depuis mon enfance !
"Rosie !
- Jake... J'peux savoir ce que tu fiches ici ?
- Bah, je me demandais si la petite Rosalie était capable de se défendre devant la tempête des parents qui découvrent que leur adorable petite fille sèche les cours... J'avais peur de retrouver un petit tas de poussière...
- N'importe quoi, franchement ! T'es un enfant battu ou quoi ?
- Ouep'. C'est pour ça que je fais de la boxe, maintenant !
- Hein ? Sérieux ?
- Nan... C'est pas pour ça que je fais de la boxe.
- Tu veux dire que...
- En tous cas, j'suis content que tu n'aies rien !"
Jake...
Réponses
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Ce passé continue de la hanter malgré tout le temps qui a pu passer... Mais heureusement, sa famille peut lui rappeler tout ce qu'elle a construit, par-delà le passé ^^
Merci beaucoup !
@nicolasB Bah c'est pas vraiment elle qui décide, pas plus que Blanche d'ailleurs
@Pythonroux Non, c'est pas gagné
@sirhc59 Ils auraient pas pu mieux choisir
Chapitre 37 Les amours Fontenêt
Point de vue d'Annabel
"Dis Rosalie, y'a un copain qui veut qu'on fasse nos devoirs ensemble, j'peux y aller ?
- Attends que maman rentre, Anna.
- Mais j'suis sûre qu'elle sera d'accord, elle veut tout le temps que je sorte !
- Oui mais attends. J'ai pas envie de me faire punir pour cinq minutes, de toutes façons !"
Pas cool. J'ai pas franchement envie que maman me pose cinquante mille questions. Mais bon, j'aurais essayé. Et puis, moi j'm'en fiche de ce que les autres pensent de lui. Ok, des fois, il me fait faire ses devoirs à sa place mais ça me dérange pas de travailler en plus. C'est le seul de ma classe à m'adresser la parole et à être gentil avec moi. Même si tout le monde me dit que c'est pas un gentil garçon, il est toujours plus gentil que toutes les filles qui disent du mal de moi parce qu'elles sont jalouses.
Dès que maman est arrivé, je me suis dépêché d'aller lui faire un gros câlin. Maman, elle est gentille, même si c'est vrai qu'elle est un peu trop maman-poule avec moi des fois.
"Dis m'man ! J'peux aller voir un copain cet après-midi ? On va faire nos devoirs ensemble !
- Bien sûr que tu peux y aller ! Mais c'est qui ce... garçon ?"
Bingo... C'est parti pour les questions barbantes. En plus, le fait que c'est un garçon, ça a pas l'air de lui plaire franchement. J'suis sûre qu'elle m'aurait pas posé d'questions si j'avais dit que j'allais jouer à la poupée chez ma meilleure amie...
"Bah, c'est un garçon de ma classe. Il s'appelle Al..."
Maintenant, il me reste plus qu'à prier très fort pour qu'elle n'ait pas entendu parler de lui...
"Bon eh bien, d'accord. Tu fais bien attention, ma chérie. Et tu rentres avant le repas !
- Oui, bien sûr, maman !"
Yeeeeeeeessssssssssssssss !
Je suis donc allée à pied jusqu'à chez Al. Il habite pas très loin de chez-nous. Par contre, il a une maison beaucoup plus grande que la nôtre, c'est un peu intimidant. Mais il faut dire qu'Al, c'est le fils d'une des familles les plus riches du pays ! Ses deux parents, ils sont très connus en ville, je pense que j'ai bien fait de pas dire son nom de famille à maman. C'est pas que je veux lui mentir mais le nom d'Al Gothik, elle aurait eu du mal à passer à côté. Et on dit pas que du bien de lui. D'ailleurs, il paraît que sa famille trempe dans des affaires louches. Et puis, lui, je sais bien que c'est un p'tit rebelle avec ses cheveux rouges. Mais au moins, lui, il est gentil. Souvent je me dis qu'il est beaucoup plus gentil que les gentils garçons et les gentilles filles que je connais. Surtout les fille. Les garçons, je les connais pas trop mais les "gentilles filles", avant que je ne sois amie avec Al, elles m'ignoraient parce que j'étais première de la classe. Depuis que je connais Al, elles sont vraiment devenues insupportables. Elles disent que du mal de lui quand je suis là et puis je sais parfaitement que la punaise sur ma chaise, mes affaires de rechange après le sport toutes mouillées, mon casier avec les grenouilles à l'intérieur et puis tous les gros mots qu'il y avait d'écrits sur mon cahier après la récré.
"Ça va Anna ? T'as l'air de penser à autre chose."
"Non, non, c'est rien.
- Ok...C'est cool que tu sois venue ! J'étais trop deg' parce que Layla m'avait lâché sur ce coup-là ! Et entre ma mère qui me saoule dès que je traîne à rien faire que je vais rater ma vie et que si j'veux pas finir comme Alex, 'faut que je me bouge, mon père qui essaie de me faire comprendre comment gérer les fonds de la famille pour plus tard, Cassie qui m'hurle dessus dès que j'fais un peu trop de bruit alors qu'elle essaie de travailler, et Alex qui est un vrai boulet et qui veut que je joue aux Legos avec lui, j'aurais pas été gâté !
- Dis pas ça... J'aime bien Cassandra, moi, elle est gentille.
- Pfffh, tu parles, elle est trop relou !
- Et puis ta maman elle est gentille aussi...
- J'suis son chouchou en même temps, mais elle-aussi, elle est énervante quand elle s'y met ! Elle veut s'débrouiller pour que j'hérite de tout mais moi, j'm'en fiche bien de laisser des bouts à Alex et Cassandra et ça, elle comprend pas. Tout ou rien, ça c'est exactement ma mère !
- Bon... On va à la bibliothèque ?
- À la bibliothèque ?
- Bah oui, on y sera mieux pour travailler...
- Énorme ! Tu m'changes de Layla, tiens !
- Tu veux pas ?
- Ok, ok, on va "travailler" si tu veux. Mais c'est parce que j't'aime bien, hein !"
J'avoue que je comprends pas moi-même pourquoi il m'aime bien. Je suis le total opposé de Layla, sa meilleure amie, je crois. Layla, elle a peur de rien, une vraie casse-cou. Elle porte de jeans avec des trous, comme ma sœur, dans le temps. Elle sait grimper aux arbres, elle est rapide à la course, elle passe son temps à râler, elle a les pires notes de toute la Terre. La première fois que j'ai vu un zéro pour de vrai, c'était sur sa copie. Je n'aime pas qu'Al me compare à Layla. J'ai toujours eu l'impression qu'elle était plus proche de lui, qu'elle pouvait mieux le comprendre que je ne le pourrais jamais et cette pensée, je ne sais pas trop pourquoi, mais elle me fait mal au cœur.
Al et moi, nous sommes donc allés à la bibliothèque. Tout le long du chemin, Al ne cessait de répéter qu'il ne pouvait pas croire qu'il allait à la bibliothèque en cette belle après-midi. J'avais peur que ça ne l'ennuie vraiment trop mais à chaque fois que je lui posais la question, il disait que ça le changerait et que si ça me faisait plaisir, ça lui allait aussi. Je n'étais pas sûre de savoir ce que je devais en penser mais j'étais contente de passer cette journée avec lui. Quoi que puisse en dire les autres, y'avait pas deux Al sur Terre.
Il avait des défauts. Il en avait même sans doute plutôt pas mal. Comme quand il a décidé de laisser la marque de son passage sur la voie publique, par exemple.
Mais l'avantage avec lui, c'est que quand je lui fait remarquer que ça ne me plaît pas, il ne me regarde pas comme si j'étais une demeurée et ne me traite pas d'intello coincée.
"Mais t'es malade, Al ?
- Bah quoi ?
- Faut pas faire ça ! Imagine les gens qui doivent nettoyer après ! C'est pas cool !
- Pardon... J'pensais pas que ça te dérangerait... Avec Layla..."
Layla, Layla, toujours Layla ! Il n'a que ce prénom à la bouche ou quoi ?
"On va faire nos devoirs, plutôt, tu crois pas ?
- Ok. Tu m'aideras, hein ?
- Si tu veux."
Il ne s'est pas rendu compte de ma colère. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'il aurait été mieux avec Layla qu'avec moi. Layla elle était cool, elle était jolie. Il ne se serait pas ennuyé avec elle. Elle ne l'aurait pas traîné à la biblio'. Ils n'auraient pas fait leurs devoirs. Ils se seraient sans doute super amusés dans un recoin d'un parc, toute la journée, sans penser à l'école, aux devoirs et toutes ces choses barbantes. Ouais, quel dommage qu'elle n'est pas pu venir et qu'il se retrouve sur une chaise pourrie à faire ses devoirs avec Annabel Fontenêt, l'intello la plus barbante que la Terre ait jamais porté.
Soudain, il a relevé la tête, pour me poser une question sans doute. Mais il s'est arrêté juste avant.
"Ça va pas, Anna ? T'es fâchée ?
- Oh c'est bon ! Tu t'en fiches, pas vrai ? La prochaine fois, t'iras jouer avec ta Layla, tu t'ennuieras moins qu'avec moi !
- Hein mais qu'est-ce que tu racontes ?
- Vas-y, pas besoin de faire semblant ! Je sais bien que je t'ennuie à mourir ! Tout le monde le pense d'ailleurs : Annabel, de toutes façons, elle sait pas s'amuser, elle pense rien qu'aux devoirs, etc...Je sais très bien que c'est ce que tout le monde dit dans mon dos ! Tu dois pas te gêner toi non plus ! Mais j'comprends rien ! Pourquoi tu m'as invitée à venir chez-toi aujourd'hui ? Et pourquoi t'es gentil avec moi ? T'as pitié, c'est ça ? J'te fais pitié ?
- Mais pas du tout ! C'est vraiment ce que tu crois ?
- Pourquoi je croirais autre chose ? Depuis le début de la journée, tu fais que parler de Layla et puis, je sais bien que toi et moi, on est trop différents."
"Faut pas dire ça ! T'as pas le droit de dire qu'on est trop différents !"
Brusquement, il s'est mis en colère.
"Écoute, il faut qu'on parle, tous les deux. Mais promets moi de plus dire qu'on est trop différents, ok ?
- D... D'accord."
On s'est allongés tous les deux sur le sol de la terrasse de la bibliothèque. Il commençait à faire nuit. J'ai vaguement songé que j'allais me faire tuer par mes parents et puis il s'est mis à parler.
"Tu sais, moi, au début, je pensais aussi comme les autres, que t'étais une fille pas marrante."
En entendant ces mots, j'ai senti mon cœur se serrer.
"Mais si je pensais encore comme ça, j'aurais fait aucun effort pour venir vers toi. Je pensais qu'on ferait jamais partie du même monde, toi et moi. Et puis, j'ai vu que tout le monde te tournait le dos. Même les filles un peu comme toi, des fifilles à leurs mamans avec des bonnes notes et tout, elles se détournaient de toi pour faire semblant d'être des filles "cool" tout ça pour avoir une bonne réputation auprès des autres. Elles se moquaient de toi, juste parce qu'elles avaient peur d'être à ta place. Mais toi, tu pleurais pas. Tu continuais à être gentille avec tout le monde, même si, dans ton dos, les gens riaient. J'ai trouvé ça cool, bien plus cool que ces filles qui faisaient les belles pour pas voir qu'elles étaient pas bien différentes de toi. Quand je t'ai parlé pour la première fois, je pensais que t'allais pas apprécier qu'un type comme moi parle à une fille comme toi mais t'avais l'air tellement contente que quelqu'un se montre enfin gentil avec toi... Du coup, j'ai fait plein d'efforts pour être plus gentil et essayer de comprendre. Mais quand je vois que tu penses qu'on est trop différents pour s'entendre, ça me fait mal, tu sais. Parce que moi, j'essaie tout le temps de savoir ce qui te ferais vraiment plaisir. Et désolé si j'ai trop parlé de Layla, j'voulais pas. Bref, moi, j't'aime bien. T'es une fille bien et si ça t'embête pas, j'aimerais bien qu'on se revoit, de temps en temps en-dehors de l'école. Quand j'te comparais avec Layla, c'était pas négatif. Layla, elle en fait trop des fois. Elle est un peu comme moi, elle essaie d'avoir l'air cool et tout. Mais toi, j't'admire vraiment, tu sais."
Entendre tout ça, je crois que ça m'a fait beaucoup de bien. Et puis, je l'adore encore plus maintenant, je crois. Il est cool Al mais maintenant je sais qu'il peut être un peu timide aussi. Même si je vais sans doute me faire gronder en rentrant, ç'aurait été dommage d'être partis sur un malentendu.
Et effectivement, papa avait deux mots à me dire.
"Bon sang, Anna ! Mais où étais-tu passée ??? Tu sais quel sang d'encre on s'est fait ta mère et moi ? Ne nous refais plus jamais un coup pareil !
- Pardon papa... J'ai pas vu l'heure...
- Va te coucher, de suite ! Et hors de question que tu manques l'école demain, tu m'entends !"
Mais il m'a quand même embrassé avant d'aller au lit. Je pense qu'il s'est vraiment inquiété et même si je ne regrette pas, je me sens quand même un peu coupable vis-à-vis de mes parents.
Point de vue de Léo
Je ne me lassais pas de lire et relire les romans de Blanche. Ils étaient magnifiques, restant fidèles à elle-même. Quand elle n'était pas là, je la lisais. Quand elle était là, je ne me lassais pas de la regarder. Et j'avais beau savoir qu'elle n'était pas pour moi, rien n'y changeait.
Elle me rappelait mon enfance, quand je faisais répéter à ma mère cette légende, qui n'avait pas vieilli dans mon esprit. Je m'étais imaginé cent fois la femme de l'histoire si tragique d'Angel. Mais rien de ce que j'avais pu imaginer n'aurait pu s'approcher un peu d'une personne comme Blanche. Une femme comme Blanche, oui, sans doute que je l'aurais cherchée jusqu'à ce que la fatigue et la lassitude ne l'emportent. Elle était si parfaite. Je ne pouvais m'empêcher de me demander parfois, ce qui serait advenu si je l'avais rencontrée avant qu'elle ne rencontre Akira. Aurais-je alors eu une chance ?
Je n'avais rien à reprocher à Akira. Il jouait terriblement bien du piano, il aimai Blanche et elle l'aimait. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de songer qu'il n'était pas celui qu'il fallait à Blanche. Elle semblait parfaite, tout droit sortie d'un autre monde tandis qu'Akira était juste un homme normal. Je ne dis pas que j'aurais eu meilleure figure à sa place, seulement, Blanche était extra-ordinaire et son mari ne l'était pas.
Akira était très gentil avec moi. Ce n'était pas non plus le problème. Je ne savais pas s'il était conscient de mes regards sur sa femme mais si c'était le cas, il ne laissait rien paraître. Ils étaient tous gentils avec moi. Si gentils que je ne pouvais m'empêcher de me sentir honteux de mes coupables pensées. S'ils n'avaient pas existé, j'aurais peut-être eu ma chance. Le simple fait qu'ils soient, ruinait tout.
Mais grâce à eux, pour la première fois depuis longtemps, je me sentais pleinement satisfait en envoyant mon livre, fin prêt, à un éditeur. Blanche était l'héroïne que je n'avais jamais pu rencontrer et qui me manquait pour pouvoir être pleinement satisfait de ce personnage imaginaire qui ne me satisfaisait jamais assez. À présent, j'avais tout loisir de l'observer pour pouvoir peindre exactement la perfection recherchée.
Enfin satisfait, je pus remonter dans mon "appartement", si tant est qu'on puisse appeler ainsi l'étage qui me servait principalement de chambre.
Point de vue de Rosalie
La journée n'avait pas été brillante. Le sort ne m'avait pas doté d'un cerveau aussi brillant que celui de ma jeune sœur et plus les années passaient, plus j'avais du mal à suivre. Et puis, je devais avouer que mes préoccupations n'étaient pas uniquement tournées vers les études. Même les récents échos que j'avais pu avoir au sujet des -mauvaises- fréquentations d'Anna me perturbaient moins que Léo. Léo qui occupait toutes mes pensées. Et surtout : moi qui n'occupait pas toutes les siennes. J'étais amoureuse mais pas aveugle, contrairement à papa, maman, Anna et Gaby. Je n'avais, bien sûr, jamais imaginé qu'il fut tombé amoureux de moi comme j'étais tombé amoureuse de lui. Comme je l'ai dit, j'étais amoureuse mais réaliste. Et j'étais pratiquement sûre que Léo était attiré par... ma propre mère. Les regards qu'il lui lançait ne laissait pas place à grand doute sur ce sujet.
Et ça, c'est pire que toute journée de cours, aussi pénible soit-elle. Si ça avait été une autre fille, je n'y aurais vu aucun inconvénient : il a le droit d'aimer qui il veut non ? Mais il s'agit là de ma mère. Ma mère ! Elle est mariée, elle a une famille. J'aimerais bien me tromper... Je l'aime. J'aime ma mère. Et je sens que cette histoire ne peut que mal se finir. Je voudrais tellement lui parler... Cette situation est malsaine. Mais à chaque fois que je prends mon courage à deux mains, je n'arrive pas à aller jusqu'au bout. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai monté cet escalier avec une forte détermination.
Mais chaque marche est un coup porté à cette détermination. Je l'aime mais je n'ose même pas lui parler... Quelle imbécile je fais !
Pourtant cette fois-ci n'est pas comme les autres.
"Rosalie ? Rosalie, tu voulais me parler ?"
j'aime beaucoup la petite histoire d'Anna avec Al ^^
pour Rosalie, c'est beaucoup moins gai, et ce jeune Léo est une cervelle de moineau, il a même pas remarqué que ce n'etait pas Akira ou Blanche qu'il devait surveillé, en même temps Akira est bien trop exceptionnel pour relevé les bravades inutile d'un jeune rêveur ^^
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Rosalie va t-elle enfin pouvoir se jeter à l'eau et dire les choses ?
Trop drôles tes petits chenapans Al et Anna: ils m'ont fait rire
Sinon elle est vraiment cool Anna, et j'aime bien Al aussi !
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Merci ^^
@nicolasB ... on verra bien ce qu'ils vont donner tous les deux
Bah Léo... Disons qu'il est peu trop la tête perdue dans ces romans. Il idéalise carrément Blanche et du coup il fait pas trop attention aux autres autour de lui...
@CamD0144 Merci beaucoup
Pour Al et Anna... C'est à voir ce que ça donnera !
@Kannelia Mais c'était exactement le but
Contente qu'ils te plaisent
@sirhc59 Il semblerait qu'elle n'ait pas de chance en amour cette petite
Merci beaucoup ^^
Chapitre 38 Les errances de Rosalie
Point de vue de Rosalie
"Rosalie ! Tu voulais me parler ?
- N... Non pas particulièrement...
- Ah bon...
- Oh et puis zut !"
Il me regarda, intrigué. J'en avais marre de ne pas arriver à exprimer clairement ce que je voulais dire devant les personnes qui étaient importantes pour moi.
"Est-ce que tu aimes ma mère ?
- Oui, je l'aime beaucoup mais...
- Non, ce n'est pas ça que je veux dire. Est-ce que tu es amoureux d'elle ?"
Il écarquilla ses si jolis yeux bleus sans répondre. J'étais pitoyable. Pitoyable d'espérer encore. Il ne cachait même pas ses sentiments à son égard et moi, comme une cruche... Je continuais à espérer qu'il m'apercevrait enfin.
"C'est bon, j'ai compris. Désolée, c'était vraiment indiscret de ma part. Normal que t'aies pas franchement envie d'en parler avec moi. Je t'embêterais plus avec ça, ok. Et bien sûr, je dirais rien à personne."
Et même pendant que je faisais ce discours, en me retenant de pleurer, j'avais envie qu'il me retienne, qu'il me dise que je me trompais sur toute la ligne. Au moins qu'il dise quelque chose... Un mot, un geste, quelque chose...
Il n'en fit rien. Je me détournai, pleine de honte. Même maintenant, c'était à ma mère que j'en voulais d'être si belle et de m'avoir fait si laide. Je n'aurais jamais ses longs cheveux purs, ni toute sa grâce. C'était tout-à-fait normal qu'il l'aime. Je n'arrivais même pas à lui en vouloir. Il ne m'avait rien promis. Et j'avais de la chance qu'il ne me haïsse pas. Mon existence même était la preuve que son amour resterait à tout jamais à sans unique. Il avait été gentil avec moi, depuis le début. Alors pourquoi espérais-je plus ? Ne pouvais-je pas me contenter de ce qu'il m'offrait, de ses sourires et de ses gentilles paroles ?
"Rosalie ?"
Et là encore, je sentis mon cœur s'envoler, plein de cette écœurante espérance. J'aurais couru vers lui. J'aurais bu tous ses mensonges s'il avait voulu. Mais non, quand il parla, ce fut pour briser une fois de plus mon cœur en miettes.
"C'est vrai. Tu as le droit de savoir. J'aime ta mère.
- Tu n'étais pas obligé de le dire.
- Désolé.
- Tu n'as pas à t'excuser non plus. C'est moi qui m'excuse."
J'essayais de me retenir de pleurer. Je ne pleurerais pas. J'avais voulu savoir, j'avais su. Je n'avais à m'en prendre qu'à moi-même.
Point de vue de Léo
Rosalie... Elle avait toujours été si gentille avec moi et elle n'avait jamais cessé de sourire... alors qu'elle savait ? Depuis combien de temps ? Est-ce qu'elle l'avait toujours su ? Avait-elle réussi à cacher son dégoût de moi tout ce temps ? Et continuer à me parler, à me sourire en sachant quels sentiments m'abritaient ? Pourquoi ? Et pourquoi ne pas m'avoir pointé du doigt la sortie ? Pour préserver l'honneur de ses parents ? Mais elle n'aurait même eu qu'à leur donner une autre raison. Après tout je n'avais aucun droit à ce toit qu'ils m'avaient offerts si généreusement. Et puisqu'elle m'avait fait entrer dans cette maison si facilement, elle aurait tout aussi bien pu m'en faire sortir. Pourquoi Rosalie ? J'interrogeai du regard ce dos de jeune fille, presque une femme, maintenant. Je l'interrogeais du regard et alors je compris.
Bon sang ! Comment avais-je pu ne rien voir ! Alors que depuis tout ce temps... J'étais tellement obnubilé par Blanche que je n'avais rien vu venir. Et depuis le début, elle savait. Et elle m'aimait plus encore. Depuis le début, je n'avais été pour elle que source de souffrances et de malheurs et pourtant, elle continuait à m'aimer, victime d'un cœur malade, aveugle.
Oui, elle m'aimait tout en sachant l'horreur de mon propre amour. Elle m'aimait et quand il m'aurait été tellement plus simple de l'aimer en retour, je souffrais moi-même de la même maladie pour une autre. Je savais combien elle devait souffrir. J'étais le seul à pouvoir la guérir et je ne pouvais pas. Je voulais la remercier pour tout ce qu'elle avait pu faire pour moi mais au final, j'en étais bien incapable.
Point de vue de Rosalie
Transformer peine en rage. C'était une chose pour laquelle les ados étaient très forts. Comme on mettait un linge sur le visage des morts, par pudeur, les filles comme moi mettaient un voile de rage et de rancune sur leur chagrin. Pour ne pas pleurer, pour rester droite. À mon âge, on pleurait pas. C'était la honte, la lose ou tout ce que vous voulez. Et le seul moyen de ne pas pleurer, c'est cette armure de fer autour de son cœur. Il faut haïr parce qu'aimer, ça fait trop mal.
Et c'est au moment où je me composai ce masque que ma mère prononça exactement les mots qu'il ne fallait pas prononcer.
"Oh ma chérie ! Est-ce que Léo vient dîner avec nous ce soir ? Dis-lui qu'il est le bienvenu mais que nous pourrions tout-à-fait comprendre qu'il préfère dîner en toute intimité à l'étage !
- Et puis quoi encore ? J'suis pas ta bonniche !
- Pardon ?
- Va lui dire toi-même ! J'vois pas pourquoi ce serait à moi de le faire à ta place !"
"Je te prierais de me parler sur un autre ton ! Qu'est-ce qui te prends, Rosalie ?
- Il me prend que j'en ai marre, c'est tout ! J'ai passé une journée exécrable et quand je rentre, pas de "bonjour Rosie-chérie, ça s'est bien passé le lycée ?". Non, tu t'en fiches bien de toutes façons ! Ce qui t'importe c'est de jouer la parfaite hôtesse de maison et que ton petit invité se sente parfaitement bien ! Si tu veux mon avis, Léo viendra pas manger avec nous. Mais de toutes façons, t'es trop auto-centrée pour comprendre pourquoi !
- Ça suffit maintenant Rosalie ! Je ne t'autorise pas à me parler comme ça ! Bien sûr que je le soucie de toi ! Je m'inquiète beaucoup d'ailleurs : tes notes sont en baisse, tu sors de plus en plus souvent avec tes amies au lieu de faire tes devoirs et tu ressembles plus à une star de la mode qu'à l'élève sérieuse que tu étais avant ! Où est-ce que tu t'es encore achetée ce nouveau vernis ?
- Ça te regarde pas ! Ouais je suis moins douée qu'Anna et Gabriel mais et alors ? Le lycée c'est pas mon truc, c'est tout ! Et toi, t'étais une élève modèle peut-être ?
- ROSALIE ! Puisque tu le prends sur ce ton, je te laisse l'honneur de nous préparer le repas pour ce soir ET de le monter à Léo. Non mais je rêve !
- Monte-le toi-même ton repas à ce CHER Léo !
- Mais qu'est-ce qu'il t'a fait, bon sang ? Je ne crois pas qu'il est mérité un pareil traitement ! Toi qui disais tout le temps "Léo par ci, Léo par là", ce matin-même ! Je n'y comprends plus rien. J'en ai assez de me fâcher avec toi Rosalie, tu sais. Si tu as besoin de parler à quelqu'un, ton père et moi sommes là ! Mais tu n'arriveras à rien si tu passes ton temps à crier sur tout le monde. File à la cuisine, maintenant."
J'obéis. Moi-aussi cette dispute commençait à me lasser. Mais entendre ce nom partout dans sa bouche m'avait horrifiée. Je ne doutais pas de l'amour de ma mère pour mon père mais c'était vraiment terrible de l'entendre parler de lui comme ça en sachant qu'il l'aimait. La vue de mes deux parents par la suite me rasséréna un peu même si je ne pouvais m'empêcher de me demander comment aurait réagi Léo en les voyant ainsi. Aurait-il pu rester totalement impassible ?
Nous mangeâmes ensuite en famille dans une ambiance exécrable.
"Rosalie ? Tu as fait ce que je t'avais demandé ?
- Non. Et je ne le ferai pas. À moins que tu ne tiennes à empoisonner Léo, je te déconseille vivement de m'inciter à y aller.
- Peu m'importe quel goût peut avoir la nourriture ! Je te demande juste un geste pour montrer qu'il a sa place dans cette maison !"
Et ainsi de suite. Le p'tit Gabriel - comme je l'aimais mon petit frère adoré ! - tenta de détendre l'atmosphère.
"Franchement Rosie, y'a que toi pour rater un plat de pâtes ! Des pâtes quoi ! J'suis sûr qu j'me débrouillerais mieux que toi ! En tous cas la prochaine fois, je mange que si j'ai une attestation écrite que c'est maman qui a cuisiné !"
Il était mignon à tenter de créer une trêve. Mais ce fut un échec et il finit par demander timidement à quitter la table.
Je le rattrapai alors qu'il sortait de la cuisine après avoir nettoyé son assiette.
"Hey ! Gaby ! Désolée pour tout-à-l'heure ! Ça a pas dû être très agréable pour toi...
- C'est pas à cause de moi, au moins ?
- De quoi ?
- Que t'es fâchée avec Léo. C'est pas à cause de ce que j'ai dit l'autre jour ? Tu sais, quand j'ai dit que je voulais pas que tu te maries avec lui parce que c'était moi qui devais me marier avec toi !
- Non, c'est pas à cause de ça ! T'en fais pas. C'était fatal de toutes façons.
- Tu l'aimes plus, Léo ?
- Si ! Je l'adore, tu sais.
- Je comprends pas tout. Si tu l'aimes, pourquoi tu veux pas lui monter l'assiette ? T'as vraiment peur de l'empoisonner ?
- Non... Enfin, j'espère pas ! C'était pas si mauvais que ça, quand même !
- C'était pas très bon...
- Tu sais mon choubidou... Parfois c'est compliqué d'aimer quelqu'un. Regarde avec maman : je l'aime mais on se dispute tout le temps. Avec Léo c'est encore plus compliqué. Je crois que plus on aime, plus c'est compliqué. Et puis tu sais, les grands, ils sont très compliqués dans leur tête. Ils veulent toujours cacher leurs faiblesses et leurs sentiments. Ouep, c'est vraiment très compliqué d'aimer. Promet-moi de rester toujours mon bout d'chou adoré !
- C'est promis ! Toi et moi, on s'disputera jamais. Et puis, j'vais apporter l'assiette à Léo. Comme ça, maman et toi vous serez contente toutes les deux, non ?
- T'es à croquer Gabriel ! Merci beaucoup !"
Avec Gabriel, ça a toujours été plus facile. Maman, Audrey, Naoki, Léo et même papa, ça a toujours été beaucoup plus compliqué. Qu'est-ce que je dois dire ? Qu'est-ce que je dois taire ? Gaby, il m'accepte comme je suis. Peut-être que c'est parce qu'il est trop jeune pour voir tous mes défauts... J'ai moins peur de lui parler.
Point de vue de Gabriel
Ma sœur, elle dit que c'est compliqué d'aimer. Dans les histoires que me lit papa, la jolie fille, elle finit pourtant toujours avec le beau prince... Et ma sœur, elle le sait peut-être pas, mais elle est jolie. Je connais d'autres filles de son âge, ses copines qu'elle admire beaucoup et les filles qui sont au lycée rattaché à mon école. Elles sont toutes différentes mais pour moi, c'est Rosalie la plus jolie. Son problème, c'est juste qu'elle a pas confiance en elle. Et puis c'est pas grave si les autres le voient pas. Maintenant, je sais que je pourrais pas me marier avec elle, parce que c'est ma sœur et tout. Mais je sais qu'un jour, y'aura bien quelqu'un d'autre pour voir que ma sœur, elle est trop jolie. Tant pis si c'est pas Léo. Elle en trouvera un autre. Les filles de ma classe, y'en a plusieurs qui m'trouve "mignon" mais moi j'attends de tomber vraiment "amoureux", comme dans les histoires. J'sais pas si je dois embrasser une grenouille ou quoi mais j'comprends pas pourquoi Rosalie elle se presse. Elle a le temps de trouver le bon type. Et visiblement, c'est pas Léo.
Avec Anna, je parle moins. Anna, elle parle pas beaucoup. Je sais qu'elle est amoureuse, elle-aussi. Du p'tit rouquin qui s'appelle Al. Ça me fait de la peine, d'ailleurs. Al, il ressemble vraiment pas au prince charmant des contes de fées. Il joue au foot et il est "mignon", je crois, selon les critères des filles. Mais il est franchement pas sympa. Il est méchant avec les plus petits. Il sèche les cours. Il fait tout un tas de trucs interdits juste pour se donner un genre, il déchire les livres de l'école, il pique les goûters des gens quand ils ont l'air plus appétissants que le sien. Il m'a jamais piqué le mien et je crois qu'il est vraiment amoureux d'Anna. Mais j'vois bien qu'elle est triste quand il préfère monter aux arbres avec Layla plutôt que prendre son goûter avec elle. Je sais aussi que ça la rend triste quand il vient la voir juste pour copier ses devoirs ou quand il est méchant avec d'autres gens. Parce qu'Al, il se rend pas vraiment compte que les gens dont ils se moquent, ils ressemblent pas mal à ma frangine. Je sais aussi qu'Anna est très triste aujourd'hui parce que Al ne lui a pas parlé de la journée. Juste le soir, il lui a demandé si elle pouvait pas faire ses devoirs pour demain parce qu'il allait au parc avec Layla et il aurait pas le temps de les faire. Et ça, c'était vraiment pas sympa pour Anna. Il est bête ou quoi ? Il sait pas que Layla dit toujours du mal d'Anna dans son dos, qu'elles se détestent ? Il sait pas qu'Anna, c'est pas une machine à faire les devoirs ? Franchement, s'il l'aime, il devrait faire plus attention à elle !
Mais Rosie a sûrement raison. Ça doit être compliqué d'aimer. Sinon, mes deux sœurs seraient pas aussi tristes...
Point de vue de Léo
J'y ai songé toute la nuit. Je ne veux pas rendre Rosalie malheureuse. Elle compte beaucoup pour moi. C'est elle qui m'a "sauvé" en quelque sorte. Et même si ses sentiments pour moi ne sont pas réciproques, je ne veux pas qu'elle se torture pour moi. Gaby m'a monté une assiette hier. Il m'a déconseillée de la manger parce que Rosalie était une vraie catastrophe en cuisine mais il m'a aussi dit que Rosalie m'aimait beaucoup. Et que si je pouvais "guérir" sa sœur, il me remercierait. Il est jeune mais il comprend très vite ce petit. Et il a tout-à-fait raison.
Je suis donc descendu. J'étais sûr qu'à cette heure-ci, Rosalie serait en train de déjeuner. Je ne pensais cependant pas qu'elle y serait seule. Je ne sais pas vraiment si ça m'a rassuré de la trouver seule ou si au contraire, le nœud d'en mon estomac s'en est trouvé resserré. À voir sa tête, pour elle, c'était plutôt la deuxième solution.
"Salut Rosalie, ça va ?
- Oui, oui, ça va très bien."
Son visage exprimait tout le contraire mais elle devait dire ça pour se débarrasser de moi.
"Écoute Rosalie...
- Je t'ai déjà dit hier que je ne dirais rien et que c'était pas la peine d'en reparler. Alors si c'est pour ça que tu...
- C'est pas pour ça du tout. Rosalie... Je sais que tu... que tu m'aimes."
Elle se leva brusquement.
"Si tu crois que j'ai besoin de ta pitié à la noix...
Point de vue de Rosalie
Non mais je rêve ! J'ai vraiment l'air assez pitoyable pour avoir besoin qu'on vienne me consoler comme un bébé de trois mois ? Il croyait vraiment que j'aurais envie de parler d'amour avec lui ? De m'épancher sur son épaule sur à quel point il me fait souffrir chaque minute qui passe ? Oui je l'aime bon Dieu ! Mais s'il avait un peu plus de tact, il garderait ça pour lui ! C'est déjà assez humiliant de savoir qu'il aime ma mère pour qu'il ne vienne pas me balancer à la face toute cette honte !
Mais ma colère s'évapore presque aussitôt. Ah cœur faible ! Comme je te hais ! J'ai fait la même chose, hier en allant le voir. Il a avoué et moi je n'ai rien dit. Ce n'est pas du jeu. J'ai parlé trop vite. Il s'est levé lui-aussi. Il baisse les yeux.
Il voulait juste... être gentil... Je suis bien placée pour savoir que les gens sont plus que maladroits dans ce domaine.
"Pardon Léo. Je n'avais pas le droit de dire ça. C'est vrai. Je t'aime. Je suppose que toi-aussi, tu as le droit de savoir. Mais n'aies pas pitié de moi. Je suis une grande fille. Je sais très bien que je n'ai aucun chance. Je le sais depuis le début. Mais tu le savais aussi quand tu es tombé amoureux de ma mère. N'aies pas pitié de moi, c'est tout. Maintenant, il faut que j'y aille."
C'était faux. Mais je sortis tout de même. J'avais besoin de respirer un peu. J'étouffais, là-dedans.
Je composai le premier numéro qui me vint à l'esprit.
"Allô ?
- Patapouf... Je suis désolée de te déranger Patapouf mais...
- Rosalie ? Quelque chose ne va pas ?"
Entendre la voix de mon Patapouf, même déformée par le micro, me fit du bien. Patapouf était en quelque sorte mon "Teddy" grandeur nature. Je savais qu'il aurait juste les mots qu'il fallait. Il m'avait connu quand j'étais petite. J'étais la seule à ne pas avoir peur de son déguisement. Je savais qu'un grand cœur se cachait sous cette figure d'ours. Que c'était juste un Patapouf, un peu maladroit mais la gentillesse incarnée.
"Juste un gros chagrin...
- Naoki ?
- Non. Je croyais avoir réussi à passer à autre chose mais finalement, c'était pas mieux. Il s'appelle Léo..."
Je me mis à tout lui raconter : Léo, trouvé sur un banc, Léo, pour qui j'avais eu le coup de foudre, Léo, qui avait aussi eu le coup de foudre... pour ma mère, Léo enfin qui savait tout et mon cœur en miettes qui ne cessait pourtant pas de l'aimer...
"Ça ne doit pas être facile pour toi, Rosie. L'amour, c'est jamais facile. Mais ce Léo, si il t'aime pas, tu vas pas le forcer. C'est plus facile à dire qu'à faire, mais il faut tourner la page. Moi, je sais que tu as un grand cœur et que tu es une adorable petite fille qui est devenue une magnifique jeune fille. Tu sais que tu peux venir me voir quand tu veux. Ce bon gros Patapouf t'attend. Mais haut les cœurs, belle demoiselle ! Les chagrins d'amour, c'est pas un truc de ma petite Rosalie, ça ! T'es trop jeune et t'es trop jolie pour t'en faire comme ça ! Des Léo, y'en aura d'autres, mais la vie, petite, c'est court. 'Faut en profiter ! Maintenant, va au lycée ! Les cours aussi c'est important !"
Je savais que Léo avait entendu une partie de la conversation. Tant pis... Il devait bien se douter de ce que je ressentais, non ?
Au lycée, j'ai plus vraiment d'amies. Alors, je traînaille, toute seule. À la sortie du lycée, j'ai croisé Kenza. Je ne savais pas vraiment ce qu'elle faisait dans les parages ni pourquoi j'ai éprouvé le besoin d'aller lui parler.
"Tiens ! T'es la pote d'Audrey, non ? Rosalie, c'est ça ? Je reconnais mon œuvre !"
On a parlé un peu. Elle s'est coupé les cheveux. À part ça... elle est mannequin. Elle bosse pour une chaîne de magasins. J'en suis venue à tout lui raconter. Ça pesait trop lourd sur mon cœur sans doute... Ou alors je m'étais juste sentie trop seule pendant toute la journée. Ou un mélange des deux. Ce qu'elle m'a sorti, c'était du Kenza tout craché. C'était l'inverse de ce que m'avait dit toutes les personnes dignes de confiance ; "tourne la page, avance, change-toi les idées". Elle, elle m'a dit "fonce". Je sais que ce n'était pas la voix de la raison qui parlait mais je l'ai écoutée. Parce qu'un cœur malade n'écoute jamais sa raison.
"Ton problème, chérie, c'est ton look. J'ai fait ce que j'ai pu selon tes goûts. Mais j'vais te le dire franchement : t'es trop banale. T'es l'ombre de ta mère, c'est ça le blème ! Tu fais ta mignonne petite fille sage mais t'as pas sa grâce, ce je-ne-sais-quoi qui fait que Blanche est éblouissante ! 'Faut que tu t'assumes par toi-même. Et j'ai le truc pour que tu lui ressembles tout en étant différente."
Et maintenant, je me sens mieux. Le tatouage et la décoloration étaient peut-être too much mais Kenza a insisté.
"Voilà ! Pile ton problème : tu vas jamais à fond dans le truc. T'essaies d'avoir un look ado mais tu vas pas au fond de la chose. Et m'est avis que Poil de Carotte, ça doit pas plaire à ton Léo. T'es trop "carotte" justement. Rouge comme une pomme, j'dis pas. Une pomme, c'est un fruit, c'est sucré, on a envie de croquer dedans... mais une carotte ? Tu captes ? Et puis maintenant, t'as quasi la même couleur de cheveux que ta mère. Il s'ra pas dépaysé le p'tit !"
Elle parle très franchement, Kenza. Au début, j'avoue que je la trouvais trop directe, presque vulgaire mais maintenant... Avec elle, au moins, on peut parler sans avoir peur que ce qu'on dise soit mal interprété.
Évidemment, tout ça n'était pas du goût de ma mère. Elle aimait plutôt bien Audrey et Sarah, bien sûr. Je crois qu'elle a toujours voulu que je sois amie avec Sarah. Kenza, par contre... Y'a pas plus opposé que ma mère et Kenza. L'blanc et l'noir, ça fait pas bon mélange.
"ROSALIE !
- Salut m'man. Sinon, ça va très bien et toi ?
- MA FILLE, J'EXIGE DES EXPLICATIONS TOUT DE SUITE !
- Oh la relou !, s'est exclamée Kenza.
- Jeune fille, je vous prierais de me laisser m'entretenir avec ma fille. D'ailleurs, je ne me souviens pas de l'avoir autorisée à ramener une amie, aujourd'hui.
- Oups ! Pardon, m'dame ! J'vous apporte une laisse, aussi ? À moins que vous préfériez une chaîne avec des boulets pour être sûre que votre gamine ne s'échappe pas ?
- Parce que vous vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas avec insolence en plus ? Je plains votre mère, mademoiselle !
- Ben heureusement que j'en ai pas une comme vous, sinon j'aurais déjà fugué depuis vachement longtemps !
- S'teu plaît, aggrave pas l'affaire", soufflai-je à Kenza.
Elle finit par partir après avoir foudroyé du regard ma mère.
"Maintenant, puis-je avoir des explications, mademoiselle Fontenêt ?
"Oh vas-y ! Elle a raison Kenza ! Y'a pas pire comme mère que toi ! Laisse-moi respirer un peu ! Depuis que je suis petite, tu passes ton temps à vouloir faire de moi une parfaite petite princesse ! J'serais jamais une princesse, ok ? Et quoi que tu fasses, je serais jamais que Rosalie. Je sais bien que c'est pas ça ton idéal de fille parfaite. Je le sais trop bien. Mais voilà, moi, j'suis Rosalie et c'est un truc que ni toi ni moi ni personne ne pouvons changer."
En tout cas je la préfère comme ça, là c'est vraiment la Rosalie qu'on connaît
♦ 100 bébés : La Vengeance de Rosabella Blackmoon ♦
♦ Gameplay : Du côté de chez mes Sims... ♦
♦ Crise Financière ♦ La Crise Comme Seconde Vie (Terminé) ♦
♦ Not So Berry : Le Compte-Rendu de Blue (Terminé) ♦
♦ Blog d'Histoires & Challenges ♦
♦ Twitter ♦
Est-ce que Gabriel va toujours autant aimer sa grande soeur
Bon Léo c'est une cause perdue
ID Origin : nicolas6525 - Ma bibliothèque - Mon Studio
Pensez à redimensionner vos images et les convertir en jpg avant de les mettre sur le forum ! Merci : Tuto cliquez ici
Et Gabriel est tellement mignon et adorable!
@Himari74 : ah... l'amour est parfois cruel... lol
J'adore le nouveau look si fashion de Rosalie, et elle trouvera bien quelqu'un d'autre!
Mère Fontenêt a de la concurrence à présent, hi!hi!...
Joli chapitre
Moi-aussi, je l'aime bien comme ça
@Pythonroux Il va bien falloir si elle veut avancer...
Merci ^^
Bah... Gabriel, il adora sa sœur quoi qu'elle fasse... Il adore tout le monde en fait
@nicolasB Ça c'est sûr que niveau confiance en elle-même, y'a pas mal de boulot
Gabriel, il est adorable ce môme et il voit bien ce qu'il a de positif dans chacun
Et j'adore ta petite conclusion
@Isaw Contente que ce look te plaise ^^ Je l'aime beaucoup aussi. Ça lui va vraiment bien
Et contente aussi que Gaby plaise à tout le monde. C'est un ange ce garçon
@Kannelia Et Rosalie n'a vraiment pas de chance, de ce côté-là... ^^' Mais la première fois, elle tombera sur le bon... peut-être...
Ravie que ce look fasse l'unanimité vu que je l'aime beaucoup
Et merci beaucoup !!!
Chapitre 39 Jake
Point de vue de Rosalie
"Je ne t'autorise pas jeune fille ! Mais qu'est-ce qui te prend enfin, Rosalie ? Je ne te comprends plus ! Au début, tu semblais ravie d'accueillir Léo sous ton toit, maintenant, tu es extrêmement malpolie avec lui et odieuse avec tout le monde ! Et maintenant ça ? Ce n'est plus supportable !"
"Moi-aussi j'en ai marre ! Arrête de te mêler des affaires des autres ! L'histoire avec Léo, ça me regarde ! Ça te dérange peut-être ? Ah ouais, je vois l'genre, tu veux faire la belle devant lui, en lui montrant que tes enfants sont super bien élevés ! Mais 'faut que t'arrêtes avec ce petit jeu, parce que ça blesse tout le monde ! Papa mérite pas ça !
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tu débloques totalement, Rosalie !
- C'est moi qui débloque, maintenant ! Franchement, des fois, je me demande à quoi tu joues..."
"Bonjour Léo...", souffla ma mère. "Bon... Il faut que j'aille faire à manger. Je vous laisse."
"Rosalie...
- Qu'est-ce que tu veux ? T'as pitié de moi, c'est ça ?"
"N... Non, pas du tout ! T'es cool, comme ça. Je comprends que Blanche soit fâchée... Je pense que toute mère l'aurait été, si elle fait un tant soit peu attention à sa fille. Je voulais juste te demander pardon pour la dernière fois. Je t'ai blessée et j'en suis désolé. Mais ne te dispute pas avec ta mère à cause de moi, s'il te plaît."
Encore une fois, je me déteste. Je ne trouve rien à répondre. Toute ma fureur s'envole quand il parle avec tant de douceur et j'ai l'impression de me conduire comme une gamine égoïste. C'est juste ce que je suis. Une gamine égoïste et pourrie-gâtée qui ne sait même pas ce qu'elle veut. Mais comment être, autrement ? Je ne veux pas être personne. Et je voudrais juste que ma mère comprenne que je ne peux pas être comme elle, un monstre de douceur et de gentillesse. Que je ne le veux pas. La princesse, c'est Annabel. Moi, je ne veux pas être une princesse. Je serais l'anti-princesse, alors. Mais pour ça, il faut que je m'affirme, que j'arrête d'hésiter. Parce que jusque là, ça ne m'a rien apporté de bon, ces hésitations et ces balancements.
"Désolée mais je me dispute avec ma mère si je veux. Parce qu'apparemment, c'est le seul moyen pour que tu fasses enfin attention à moi.
- Hein ? Mais non... Je...
- Arrête. Depuis que tu m'as tout dit et que tu sais que je t'aime, tu ne viens me voir que quand tu as peur que je ne fasse une c**nerie avec ma mère. Je t'ai déjà dit que je ne dirais rien, même sur un coup de tête. De toutes façons, je ne tiens pas à ce que ma mère le sache. Ça la blesserait et elle se sentirait coupable. Même si elle et moi, ce n'est pas toujours rose, je l'aime trop pour ça.
- Rosalie, je suis désolé si c'est l'impression que j'ai donnée mais...
- Sorry, mais je crois que j'ai pas super envie d'entendre de mauvaises excuses."
Et je l'ai planté là. Trop tard pour regretter.
J'étais différente maintenant. Et ils allaient tous devoir accepter la nouvelle Rosalie. Mais alors que je commençais à reprendre du poil de la bête, je commis l'erreur d'ouvrir la porte qui reliait ma chambre avec celle de la princesse en entendant des éclats de voix.
"Wow ! Je suis impressionné, Anna !
- Bah... C'était pas compliqué...
- Non mais sérieusement, tu travailles beaucoup, mais ça porte ses fruits, bravo !
- ARRÊTE DE TE PRENDRE POUR NOTRE PÈRE !", ne pus-je m'empêcher de hurler.
Ils se retournèrent tous les deux, l'air surpris. Quelle idiote ! Mais il l'avait mérité. Quand il s'adressait à moi, je l'avais déjà remarqué mais en l'attendant parler avec Anna, c'était encore pire. J'avais l'impression d'entendre un beau-père qui tentait de paraître naturel et aimant avec la fille de celle qu'il avait épousée. Avant qu'ils n'aient tous les deux le temps de se remettre de leur émotion, je refermai la porte et filait dehors. J'avais besoin de courir un peu pour me vider l'esprit. J'en avais vraiment marre de toute cette histoire. Pourquoi est-ce que je n'arrivais jamais à lui adresser la parole sans devenir agressive ?
En revenant, je n'étais toujours pas calmée. Et j'avais l'impression que si, en rentrant, je tombais de nouveau sur lui, je finirais vraiment par péter les plombs.
Je réussis à contenir ma crise de nerfs en le voyant assis à NOTRE table familiale. Mais le regard que je lui lançais le dissuada d'engager la moindre conversation.
L'ambiance était vraiment pesante et, aussitôt mon repas avalé, je filais dans ma chambre. Je n'avais cependant pas envie de dormir. Je me mis alors brusquement à arracher tout ce qui se trouvait au mur, arrachant les petits tableaux "mignons", le papier peint, la moquette avec les ongles, me moquant de ceux que j'y laissais. Une fois ceci terminé, je me sentis un peu mieux. Ensuite, je refis tout. J'affichais au mur des posters que m'avait filé Sarah. Elle avait beaucoup changé depuis la dernière fois, notamment quand elle avait appris que Darling n'était pas sa vraie mère. Maintenant, elle traînait avec la bande de Kenza. Je mis aussi au mur un vieux papier peint abîmé, filé par Kenza, masquant du mieux que je pouvais les déchirures. Je mis aussi un nouveau tapis, très classe que j'avais moi-même acheté au marché aux puces. Puis je me mis à jouer du violon, cadeau de Maëlle, une autre des potes de Kenza. Elle en jouait un peu et m'avait appris deux-trois airs. C'était cool le violon, et apaisant. Personne ne vint me déranger malgré l'heure tardive. Soit, je ne les avais pas réveillé, soit ils avaient peur de ma réaction mais en tous cas, je pus jouer tranquille.
Il y avait école, demain. Mais je ne me couchai que bien après deux heures du matin. Tant pis. Au pire, je sécherais. La princesse avait des bonnes notes, alors l'anti-princesse devait sécher les cours, non ? On verrait bien. Avant de m'endormir, je songeai à Léo. 'Faudrait que j'aille m'excuser. J'avais vraiment abusé. Mais pas de suite... Il fallait que je me montre ferme un peu. Et qu'il n'ait pas l'impression que j'aille le supplier à deux genoux. C'était lui-aussi qui était allé trop loin. J'en avais marre de toujours tout lui pardonner...
Le lendemain, lorsque mon réveil sonna, j'avais l'impression de m'être endormie depuis cinq minutes. Sérieux... C'était déjà le matin ? Déjà que le lycée après une bonne nuit de sommeil, c'était assommant, alors là, j'allais vraiment m'endormir en cours ! C'est de la torture, tout ça. Comment elle fait, Anna, pour avoir d'aussi bonnes notes ?
Au même instant, je reçus un message de Kenza. J'étais toujours allée au lycée en temps et en heure, depuis le début. Je n'avais pas toujours été une élève modèle mais je n'étais quand même jamais allée jusque là... J'hésitais...
- J'arrive m'man !" N'importe quoi, elle ! Je le connais même pas et elle se fait déjà des films. J'suis sûre qu'il va me trouver super-ennuyeuse. Mais bon... De toutes façons, c'est sur le chemin du lycée, j'aurais juste à descendre du bus un peu avant. Et au pire, y'aura Sarah et Kenza.
Au moment où les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, j'entendis la voix de Kenza. Ouf. Elle était déjà arrivée au moins. Et je ne m'étais pas trompée. J'aurais pas à poiroter des heures à me demander si chaque type qui sortait n'était pas le fameux Jake.
"C'doit être ma pote, Rosalie.
- Elle ressemble à quoi ?, répondit une voix grave, Jake sans doute.
- Bah... J'sais pas moi. Elle est mignonne. Tu verras bien !
- Nan mais j'veux dire, maintenant..."
Les portes s'ouvrirent et je tombai nez-à-nez avec un type. Les trois premiers trucs qui me vinrent à l'esprit furent.
"Il est carrément bôgosse", "Pourvu que ce soit pas lui Jake, un type aussi cool pourra jamais accepter la présence d'une fille aussi insignifiante que moi" et "Si c'est lui, Jake, Kenza a pété une durite en pensant que je pourrais l'intéresser."
"Euh... Excusez-moi...
- Ah ! C'est elle, Jake !, s'exclama Kenza, ruinant tous les espoirs que j'avais encore que Jake serait un autre type, un peu moins canon, un peu moins cool, un peu moins... Jake.
- Bon, ben, salut Rosalie...
- Euh... Sa... Salut Jake..."
Oh Mon Dieu, je dois avoir l'air totalement stupide !
"J'envoie un SMS à Ojo pour lui dire qu'on arrive ! Faites connaissance tous les deux."
Elle nous fait quoi, là, Kenza ? J'ai l'impression d'être un cas désespéré qu'elle essaie de filer au premier type qui passe ! Bon, ok, Jake, c'est pas franchement le premier type qui passe mais je le connais à peine !
"T'es en seconde, c'est ça ?
- Ouais... Et toi, t'es en terminale quoi ?
- ES mais c'est pas trop mon truc...
- Ok...
- T'étais pote avec Naoki, non ?
- Euh... Ouais... Mais ça fait un moment que je l'ai plus vu... Tu le connais ?
- C'est mon voisin, tu sais. Puis, il faisait section sportive.
- Il fait basket, et toi, tu fais quoi ?
- J'faisais basket jusqu'au milieu de l'année dernière. J'avais quitté la section mais ils ont voulu que je revienne, du coup maintenant, j'fais de la boxe.
- T'aime plus le basket ?
- C'est... compliqué..."
Génial. J'suis quasi-sûre d'avoir dit une c**nerie. Il doit déjà me trouver super-lourde.
"Je te dirais toute l'histoire un jour... Mais, là, c'est pas trop le moment. Et puis ça plomberait l'ambiance."
Un jour ? Il compte me revoir ou c'est juste une manière de parler pour se débarrasser de moi ? J'arrive pas à comprendre ce qui peut lui passer par la tête. Il est...différent des autres mecs méga-populaires et sportifs que j'ai pu croiser jusqu'à présent. Naoki était différent mais c'était surtout parce qu'il aimait Audrey. Et puis, lui, il doit avoir vachement plus la côte que Naoki. Les gens comme lui ne feraient même pas attention aux gens comme moi, normalement... Ou alors c'est juste qu'il est amoureux de Kenza et qu'il veut être sympa avec ses potes ? Mais il lui a même pas accordé un regard... D'ailleurs, depuis que je suis arrivée, j'ai plutôt l'impression que c'est moi qu'il ne quitte pas des yeux... Non mais j'délire, là. Il est un peu sympa avec moi et je me fais des films... Mais ce regard, mon Dieu !
"Allez les tourtereaux, on file, Ojo nous attend.
- maistescomplétementfolleouquoi?, chuchotai-je à l'oreille de Kenza en panique totale.
- Mais nooon ! Si tu l'intéressais pas, il te boufferait pas des yeux comme il le fait ! C'est ta chance, ma vieille ! Il a plus eu de petite amie depuis milieu première...
- Encore ?
- De quoi ?
- Encore cette histoire de milieu première, ça veut dire quoi au juste ?
- Bah... Il reste toujours très vague, là-dessus. Mais je sais qu'il sortait avec une basketteuse jusque là. Avant, je le connaissais vite fait mais c'était pas un type fréquentable... Remarque, j'sais pas si on me coche dans la case des types fréquentables. Bref, il a beaucoup changé après ça, et maintenant, c'est le type de gars que je veux bien présenter à mes copines, même les fleurs bleues comme toi !
- Qu'est-ce que tu lui racontes sur moi, Kenza ?
- Mais rieeen ! À part que t'es le meilleur parti de tout Simcity et que t'es super canon et que t'as trop la classe quand tu frappes dans un punching-ball, t'as vraiment trop la classe, et que...
- Ok, ok, c'est bon, racontes-lui c'que tu veux, j'me fiche. Je sais que Rosalie est assez intelligente pour savoir que tu débloques complètement."
Il me lança un regard complice et s'éloigna.
"Tu vois ?
- Bah...N'importe quoi... Il est juste sympa.
- Ok, ok. Si tu préfères rester malheureuse avec ton écrivaillon à la noix, c'est pas mon problème. Juste, sois gentille avec lui... Rappelle-toi qu'il y a un cœur sous cette masse de muscle !"
Elle battit des paupières, sans relever mon regard furibond. Comme elle fuyait vers les salles du karaoké, je décidais de m'asseoir au bar. Regardez-moi si c'est pas classe, de commander des p'tits pains !
Pendant que je mangeai mon petit-déjeuner, je reçus un coup de fil. Je ne pris même pas la peine de regarder qui m'appelait. Aujourd'hui, j'étais Rosie Fontenêt, une fille classe qui traînait avec Kenza Lothario et Jake... Au fait, je ne connaissais même pas son nom de famille...
"Oui ? Allô ?
- Rosalie, je peux savoir ce que tu fabriques ? Où es-tu ?
- Salut Léoo... Je suis suuper occupée, là. Par contre, toi, tu ferais mieux de te mêler de tes affaires. Mercii..."
J'étais restée cool, extérieurement. Du moins, je l'espérais. Mais au fond de moi, je bouillais de rage. Je n'avais plus vraiment envie de chanter et de m'amuser maintenant.
"Ojo ! Viens, on va chanter toutes les deux !"
Super, maintenant, Kenza m'abandonne. Je ferais peut-être mieux d'aller au lycée et trouver une excuse bidon pour mon retard, plutôt que m'ennuyer toute seule ou dans la gêne entre Jake et moi.
"Elle est pas cool, Kenza, de te laisser toute seule. C'était tes parents au téléphone ?
- Non...Mais c'est tout comme, vu qu'il va sans doute tout balancer à mes parents.
- Et tu penses qu'aller au lycée maintenant va arranger la chose ? Si tu veux, on peut toujours inventer un truc, du style, tu t'es trouvée mal dans le bus et je... ou Kenza, plutôt, t'as ramenée chez-elle pour que tu te reposes...
- Non, ça va aller.
- Tu restes alors ?
- J'sais pas.
- Allez, viens chanter avec moi, la rouquine ! Ce serait trop nul de gâcher la journée, tu crois pas ?"
Il est vraiment gentil... Hey mais, comment il sait que je suis rousse ? J'ai toujours les cheveux décolorés, non ?
"Euh...
- Quoi ? Un problème ?
- Comment tu sais... Pour mes cheveux ?
- Hein ? Ah, sorry. Je t'avais déjà vue au lycée, c'est pour ça."
Heiiin ? Il m'avait captée au lycée ??? Non mais c'est qui ce Jake ? Un extraterrestre ? Depuis quand les terminales connaissent l'existence des secondes ? Depuis quand les bôgosses font attention au petites rouquines ultra-introverties ? Depuis quand Jake je-ne-sais-toujours-pas-son-nom-de-famille s'intéresse-t-il à Rosalie Fontenêt ?
"Tu connais cette chanson ?, lança-t-il, me tirant de ma rêverie.
- Oh ouais ! Je l'adore !
- Cool ! Moi-aussi. On se lance, alors ?"
Au début, je crois qu'on était un peu gênés tous les deux. Mais au final, on s'est mis vraiment à chanter à fond. Jake était plutôt doué. Moi, ben, j'étais pas franchement la voix du siècle mais au moins, je chantais juste. Et puis, Jake faisait vraiment tout pour me mettre en confiance.
À la fin, j'étais vraiment exténuée. Mais au moins, j'avais l'impression de m'être rapprochée de Jake. Il ne me faisait plus peur. Kenza avait raison quand elle disait que c'était le type de gars qu'elle voulait bien présenter à ses cops'. Il me connaissait depuis très peu de temps et pourtant, il se comportait comme si j'étais une vieille amie. Et quand il avait sentie que j'étais un peu mal-à-l'aise, il s'était aussitôt débrouillé pour que je me sente mieux. Et il avait eu raison. Ça m'avait fait un bien fou, bien mieux que si j'étais retournée au lycée, malgré l'heure tardive.
"Wow ! C'était cool mais ça m'a crevée !
- Tant mieux alors. Tu comptes plus partir ?
- Nan, je crois pas ! Tu vas encore devoir me supporter !"
"Oh... T'en fais pas, je devrais pouvoir y arriver sans trop de soucis."
Ce regard... Ça me gêne tellement quand il me regarde comme ça... Parce que c'est vrai qu'il est quand même super mignon. C'est juste un pote, contrairement à ce qu'espère Kenza, mais c'est quand même un pote super mignon.
"Au fait, Jake, je me demandais : c'est quoi ton nom de famille ?
- Adams, pourquoi ?
- Non, juste pour savoir.
- Tu veux que je t'appelle Mlle Fontenêt et que tu m'appelles M.Adams ou quoi ?
- Bah non mais c'est pas du jeu si tu connais mon nom de famille et moi non.
- J'aurais dû me taire, en fait.
- Hein ? Pourquoi ?
- Comme ça, j'aurais eu un avantage, Mlle Fontenêt.
- N'importe quoi ! Et arrête de m'appeler Mlle Fontenêt ! Moi, c'est Rosie !
- J'ai le droit à Rosie, du coup ?
- Bah oui. C'est Rosie pour tout le monde. Sauf quand ma mère est en colère.
- Et moi, je suis tout le monde ?
- Toi, t'es Jake, point."
Nan mais il nous fait quoi là ? On dirait une crise de jalousie.
J'étais super gênée mais j'ai réussi à lui demander de faire une photo avec lui. 'Faut que je prenne de nouvelles photos pour ma chambre, vu que j'ai arraché les anciennes. Il me reste juste Patapouf et Audrey. J'avoue que j'ai hésité pour Audrey, ça fait un moment qu'on ne s'est pas reparlé. Mais bon, passons.
J'avoue qu'un selfie devant un miroir, c'est pas la meilleure idée que j'ai eu de toute ma vie. Avant de se séparer, il m'a demandé de lui envoyer la photo.
"J'peux avoir ton numéro, du coup ?
- J'sais pas...
- Ok. J'm'en vais.
- Hey ! Je plaisante !"
Je lui envoyais donc avant de partir. Au moment de quitter la salle, je me retournais pour lui lancer une petite pique en guise d'adieu, du style "c'est 5$ pour le fond d'écran !" mais quand je vis la tête qu'il faisait, je n'eus plus du tout envie de rire. C'est la photo qu'il regarde comme ça ? Nan, ça doit être sa petite copine qui lui a envoyé un message. Attends, Kenza a bien dit qu'il était célibataire ? Bref, peu importe, la fille qu'il aime, même s'il sort pas encore avec. Pas la photo. Pas ma photo. C'est juste impossible.
Toujours est-il que je restai finalement muette. J'avais l'impression d'avoir surpris une scène que je n'aurais pas dû voir. Je partis donc, en courant. Heureusement que mes parents travaillaient, parce qu'il était beaucoup plus tard que je ne l'avais pensé. J'aurais déjà dû être rentrée depuis une bonne demie-heure.
J'hésitai un moment devant la porte. Pas envie de la leçon de morale signée Léo.
Alors que je m'apprêtai à me résigner à ce triste sort, je reçus un SMS. Jake. Déjà ?
"Rosie !
- Jake... J'peux savoir ce que tu fiches ici ?
- Bah, je me demandais si la petite Rosalie était capable de se défendre devant la tempête des parents qui découvrent que leur adorable petite fille sèche les cours... J'avais peur de retrouver un petit tas de poussière...
- N'importe quoi, franchement ! T'es un enfant battu ou quoi ?
- Ouep'. C'est pour ça que je fais de la boxe, maintenant !
- Hein ? Sérieux ?
- Nan... C'est pas pour ça que je fais de la boxe.
- Tu veux dire que...
- En tous cas, j'suis content que tu n'aies rien !"
Jake...