[Legacy challenge] Potiron&co «1…45678910» Ok

Himari74

@nicolasB Je suppose que tu veux parler d'Achille... Tu dois avoir le sixième sens de Mareva
J'avoue que j'aime beaucoup ma petite Dissy aussi ^^ Ça me fait pitié de la voir jouer toute seule à son hélico ! Dans mon jeu, elle passe son temps avec, avec un air de tristesse incroyable !
Pauvre Kei ! Tout le monde se repose sur lui...

@Elleay Oh merci ! Je les adore, mes Potiron

@pytisa Elle est trop mignonne, cette petite ! Je me sens tellement coupable, quand je la vois avec son hélico
Merci beaucoup, c'est toujours un plaisir de voir vos retours

@Luluswan Oui, Dissy le mérite vraiment... Et Kei le voit bien, il adore la petite
Contente que tu aimes bien Kei ^^ Et oui, il est plus qu'uniquement un Esprit
On peut toujours se tromper... mais ça reste inquiétant
Haha, on dirait que c'est dans sa nature... Elle est le doute incarné !

@Kannelia Ah ça non ! Sans Kei, ce serait la catastrophe ! Et je t'avouerais que les jumeaux n'étaient vraiment pas un cadeau, de ce côté là...
Oui, Dissy est un peu trop jeune pour connaître déjà cette douleur que cause l'absence d'un père...
Merci beaucoup !


Chapitre 15 Le retour ?
Kei
"Entrez."
Une voix dure et froide. Ça promettait.
J'entrai donc. Mes yeux se posèrent aussitôt sur le désordre qui régnait dans l'appartement. Ça ne payait pas du luxe. Tous les meubles semblaient vieux, sales et ébréchés. Et je ne préférais pas savoir ce qu'était l'espèce de flaque douteuse devant le plan de travail.
Ça promettait vraiment.

Mes yeux se portèrent ensuite sur la personne qui m'avait autorisé l'entrée. Mais rien ne laissait supposer qu'il avait un invité. Il était resté assis sur le canapé, sans bouger. Si une respiration régulière n'avait pas soulevé son dos, je me serais demandé sérieusement s'il n'était pas tout simplement mort en regardant un film. C'était vraiment pire que je ne l'avais imaginé. Cet homme-là avait été détruit.

"Euh... Bonjour ?
- Ah. Bonjour. J'avais oublié."
Il eut un léger sourire plein de tristesse.
"Que désiriez-vous, jeune homme ?
- Écoutez, je vais pas y aller par quatre chemins. Je viens pour vous parler de Mareva."
Son sourire se figea aussitôt.

"Pardon ?
- Mareva, vous savez ? Celle que vous aimez depuis toujours. La mère de votre fille chérie... Vous vous souvenez vaguement ? Cette famille, que vous aviez, que vous avez abandonnée."
Je m'étais promis de ne pas m'énerver mais je pouvais sentir le poids qui pesait sur les épaules de Mareva depuis qu'il était parti, toutes les galères qu'elles avaient dû supporter, et ce sentiment de solitude que j'étais incapable de combler malgré mes efforts.

"Qui êtes-vous pour me parler comme ça ?"
Puis brusquement, ses yeux lancèrent des éclairs.
"C'EST VOUS, C'EST ÇA ? ET VOUS VENEZ POUR VOUS MOQUER DE MOI ?
- De quoi ?"
Je compris brusquement.
"Non ! Pas du tout ! Je...
- QU'EST-CE QUE VOUS FICHEZ ICI, ALORS ? COMMENT CONNAISSEZ-VOUS MAREVA ?"

Je vis dans ses yeux qu'il n'avait aucune intention de m'écouter. Il voulait juste que je lui fiche la paix, ne plus jamais entendre parler d'elle et finir le restant de ses jours à moisir ici. Mais je ne comptais pas renoncer. Il y avait trop de gens, là-bas, qui l'attendaient.
Sans vraiment savoir ce que je faisais, je pris fermement le bras de Gavin. Je sentis... je ne sais pas très bien ce que je sentis exactement. C'était comme si tous mes souvenirs et pensées de ces dernières semaines passaient de moi à lui.
Gavin se recula brusquement. Je lui lâchai le bras. Il avait l'air sous le choc.

"Qui êtes-vous exactement ?
- Je ne le sais pas moi-même.
- Et qu'est-ce que vous voulez ?
- Que vous reveniez.
- Je sais... Je sais. Il faut que je pardonne, ce n'était pas de sa faute, je lui manque et elle trime dur toute seule. J'ai entendu tout ce que vous pensiez ! Vous croyez que je n'y pense jamais ? Vous croyez qu'elle ne me manque pas ? Vous croyez que je n'ai pas envie que tout redevienne comme avant ? Vous croyez vraiment que je suis heureux de voir ma fille grandir loin de moi ?
- Alors revenez.
- Je... Je n'y arrive pas. Chaque fois que je pense à revenir, je me dis que je n'y arriverais jamais. Et les deux enfants.... Comment pourrais-je continuer de les regarder, de la regarder, sans chaque fois penser que...
- Je comprends ce que vous voulez dire. Vous croyez que ça m'a fait quoi quand j'ai vu qu'elle avait eu un gosse avec vous ? Mais vous savez, il faut pas la perdre, Mareva. Elle vous aime vraiment. Elle a besoin de vous. Ne commettez pas la même erreur que moi."

Il me regarda silencieusement.
"Partez maintenant", finit-il par dire.
"Quoi ? Mais, qu'est-ce que vous comptez faire, vous ?
- J'ai besoin de temps.
- Vous ne croyez pas qu'il y a déjà eu assez de temps perdu comme ça ? Je...
- S'il vous plaît, partez."

Devant ce visage fermé, je compris que toute nouvelle tentative de parlementer échouerais désormais. Je me levai donc et sortis. Je restai un moment devant la porte, sans vraiment réaliser ce qui venait d'arriver. J'avais échoué. Qu'allait dire Dissy ? J'étais pris dans mes questionnements lorsque je l'aperçus. Je la reconnus aussitôt. Et mon cœur s'emballa presque aussi rapidement.

Pourtant un appel resta coincé dans ma gorge. Il y avait tant de voix contraires qui se mélangeaient dans ma tête... Tout était encore flou mais je revoyais quelques bribes de souvenirs qui me perçaient le crâne de milles épines douloureuses.

"TU N'ES PAS LIBRE ! AUCUN DE VOUS NE L'EST ! JE SUIS LA SEULE, TU ENTENDS, LA SEULE QUI PUISSE DÉCIDER DE VOTRE BONHEUR ! EN UN CLAQUEMENT DE DOIGTS, JE PEUX RÉDUIRE TA VIE À NÉANT ! TU REVIENDRAS ME SUPPLIER EN RAMPANT DANS QUELQUES JOURS ! L'AMOUR, L'AMOUR, CE NE SONT QUE DE BELLES PAROLES ! IL N'EXISTE PAS D'AMOUR POUR LES ESPRITS !"

"Kei, mon petit Kei, j'ai tellement peur.
- Dis Ryô, tu reviendras hein ?
- Ô Kei ! J'aimerais tellement... J'aurais tellement aimé être là pour te voir grandir. Je suis sûre que papa et maman auraient été très fier de toi. Tu sais, je leur en ai beaucoup voulu de nous avoir laissé. Mais maintenant, je comprends. Parce qu'il n'y a rien au monde de plus beau que l'amour, tu sais, p'tit frère. N'oublie jamais, Kei. Quoi qu'on puisse te dire. Je ne regrette rien. Juste que ces gens soient à ce point incapables de comprendre. Sois fier d'être un Ishigura, Kei. Et ne laisse jamais les autres te dire qui tu dois être ou qui tu dois aimer. Si être un Esprit signifie ne pas pouvoir aimer, alors j'ai honte. Honte d'avoir été un Esprit tout ce temps et honte d'avoir pu croire une seule seconde en ces idéaux. Mais tu verras. Un jour, un jour, on sera libre. Et j'espère que tu seras là pour le voir."

"Qu'ils sont bêtes ! Regarde, Iona, comme ils sont bêtes ! C'est pitoyable ! Croire qu'ils pourraient s'aimer ! C'est bête, tellement bête ! Si c'est ça, les deux meilleurs de notre promo', où va le monde ? Moi j'étais, là, j'étais la reine ! Je les avais prévenus, ces imbéciles ! J'ai été si aimable avec cette pauvre idiote ! Et lui, et lui ! Pour une bêtise ! J'étais prête à lui pardonner mais regarde-le ! Regarde-les ! C'est pitoyable, tellement pitoyable."

Où se trouvait la réponse ? Qu'étais-je censé faire ? La laisser partir. Faire comme si je ne l'avais pas vue. Oublier son sourire. Oublier qu'elle faisait battre mon cœur comme personne.
Et ne laisse jamais les autres te dire qui tu dois être ou qui tu dois aimer.
Ou suivre cet élan irrépressible du cœur ? Faire quelque chose d'idiot, n'importe quoi pour qu'elle se retourne et qu'elle me sourie. Oublier les règles. Oublier les différences. Oublier que je n'étais pas libre. Oublier que, si jamais il y avait quoi que ce soit, le rêve s'achèverait sûrement aussi vite qu'il avait commencé.
Papa et maman
Ryô et Mori
Tant pis. Je ne me souvenais pas de la fin de leurs histoires mais tant pis. C'était stupide, irresponsable. J'allais l'entraîner dans une histoire qui la dépasserait, qui me dépassait moi-même. Mais je croyais, au fond de moi, qu'il n'y avait que cette manière-là, pour moi, d'être Kei Ishigura.
"Miko !"
Elle se retourna mais je n'eus pas le droit au sourire lumineux auquel je m'attendais.

"Oh. C'est toi. J'ai eu peur."
Elle avait une voix toute faible et timide qui ne ressemblait pas à celle que j'avais vue, et qui m'avait tant marqué.
"Quelque chose ne va pas ?
- Ça va comme ça peut, on va dire. Qu'est-ce que tu fabriques ici ?
- Je... J'allais...
- Un rapport avec Gavin ?
- Comment tu sais ?
- Peut-être parce que tu tiens juste devant sa porte... J'habite ici, tu sais, depuis que j'ai... quitté ma coloc', on va dire."
Elle fit un effort pour sourire mais le cœur n'y était pas. Et j'avais plutôt l'impression qu'elle était sur le point de fondre en larmes.

"Il t'a ouvert la porte, à toi ?
- Oui... mais ce ne fut pas vraiment ce que j'espérais.
- C'est déjà un début. J'y suis allée des tas de fois mais soit il n'était pas là, soit il faisait comme si.
- Miko...
- Tu sais, te fais pas trop de bile à ce sujet. C'est pas de ta faute. Je suis sûre qu'il finira par revenir. Ce que tu fais pour Mareva, c'est déjà énorme !
- Miko...
- D'ailleurs, je voulais te remercier pour...
- MIKO !"
Elle s'arrêta brusquement de parler, pétrifiée.
"Qu... Qu'est-ce qu'il y a ?
- C'est à toi que je pose cette question ! Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je... J'ai pas envie d'en parler."
Sa voix se brisa. Je tentais de refréner l'élan qui me dictait de la prendre dans mes bras et de rester stoïque. Qu'est-ce qu'on était censé dire, déjà ?
"D'accord. Si tu veux en parler, tu sais où me trouver."

"Non, attends ! Je... Tant pis, c'est trop dur. Je... Je viens d'apprendre que j'étais enceinte.
- Ah."
Ma voix était sèche et rauque. J'avais l'impression que quelque chose venait de s'effondrer sur ma tête.
"Je préfère te le dire moi-même, plutôt que tu l'entendes par les mauvaises personnes, tu vois. Je... Je ne sais pas si Mareva t'a parlé d'Akira...
- Non. Elle ne m'en a pas parlé.
- Je... je me suis mise en coloc' avec lui à mon arrivée à San My, avec une copine, Darling. On s'entendait bien tous les trois. Akira... Pour être franche, Akira me plais...
- Tu sais, tu n'es pas obligée de tout me raconter."
Chaque mot était un nouveau coup de massue sur la tête. Il m'était insupportable d'en entendre plus.
"Kei, s'il te plaît. Ça me coûte beaucoup de le dire, surtout... surtout à toi. Bref, Akira me plaisait. Et on s'entendait bien tous les deux. Quand je lui ai dit que je l'aimais, il a accepté qu'on se mette en couple. Je pensais qu'on allait se marier... Ça faisait un moment qu'on était ensemble... et... ça m'a fait un choc quand j'ai découvert qu'il... qu'il sortait en même temps avec une de mes amies. C'est là que j'ai tout lâché pour m'installer ici. Et maintenant, je découvre que j'attends un enfant de lui, alors que j'avais enfin tiré un trait sur tout ça. Je dois reconnaître que ça fait un choc, quand même."
Je n'aurais sans doute pas dû mais je me sentis tellement soulagé que je cédai à ma première impulsion et la serrai dans mes bras.

"Ça va aller, Miko...", balbutiai-je maladroitement. "Tu n'es pas seule. Mari et moi, on fera tout notre possible. Tu verras, tu... tu t'en tireras très bien. Tu seras une maman merveilleuse et tu pourras recommencer ta vie, avec quelqu'un d'autre... Et...
- C'est gentil. Tu es très gentil, Kei.
- Non. Je ne suis pas forcément gentil avec tout le monde.
- Avec moi, Mareva, Dissy et les jumeaux, tu es gentil. C'est déjà pas mal.
- Si tu le dis.
- Désolée Kei mais il va falloir que j'y aille, maintenant. Je suis déjà en retard pour le boulot...
- Attends ! Moi... Moi-aussi, j'aurais un truc à te dire, la prochaine fois qu'on se verra.
- Un truc ? Quel genre de truc ?
- Un truc... sur moi.
- OK... À la prochaine, alors ! Puisque je suppose que je n'ai le droit à rien de plus avant...
- Je croyais que t'étais en retard !
- T'as raison !"


Mareva
En ce moment, c'était l'enfer avec les jumeaux. Moi qui croyais que les nuits trop courtes à cause des biberons et des couches en étaient déjà une forme ! Ils passaient leur temps à mettre la maison sens dessus dessous, sans souci des règles que je tentais de leur inculquer.

Kei ne s'était absenté que l'espace d'une demi-journée mais c'était déjà bien plus que je ne pouvais le supporter avec deux canailles comme ceux-là. Et quand j'expliquais à Hector qu'il ne fallait en aucun cas jeter des pots de peinture partout dans la maison, c'était Achille qui décidait brusquement que ses vêtements ne lui plaisaient pas et qu'il était pour le naturisme.

Et évidemment, chaque fois, c'était une petite bouille d'ange candide qui se tendait vers moi. J'avais vraiment l'impression d'être un monstre qui leur refusait un petit amusement.
"Écoutez, puisque vous ne savez pas vous tenir tranquille quand Kei n'est pas là, c'est bien simple ! Au lit tous les deux !
- Ash veut pas dodo.
- Je m'en moque ! Il y a un moment : STOP !"


C'était un épuisement de chaque instant. Heureusement, dès que Kei rentra, il s'occupa de nettoyer leurs bêtises sans piper mot.
"Où étais-tu ?
- Désolé, j'ai amené Dissy à l'école et puis j'ai croisé Miko.
- Miko, hein ! Et alors ?
- Rien de spécial."
Je n'étais pas sûre de toujours comprendre ce qui pouvait passer par la tête de Kei. Il l'aimait, ça se voyait mais j'avais l'impression qu'il luttait pour ne rien laisser paraître.
"Elle est mignonne, Miko, non ?
- Ouais et alors ?
- Alors p'têt que tu lui plais...
- Écoute, je crois qu'elle a d'autres soucis en ce moment. Sans parler de moi.
- Ok, ok !"

Je renonçai devant son mutisme.
Ce fut ce moment que choisirent les deux monstres pour se mettre à hurler en cœur. Je soupirai une nouvelle fois. Heureusement, Dissy n'allait pas tarder de rentrer de l'école. Elle était la seule à réussir à les canaliser parfaitement. Avec elle, on passait du démon aux cornes rouges au petit ange en sucre. Un vrai miracle !


Il fallait dire aussi qu'elle était d'un calme à toute épreuve. Je devais avouer que niveau patience, elle me battait de loin. Elle devait le tenir de son père. Son père...

À cet instant-là, j'entendis la sonnerie de mon téléphone retentir.
"Allô ?
- Salut Mareva."
Mon cœur rata au moins trois battements.
"J'ai reçu la visite de ton ami, tu sais."
Kei ? Qu'est-ce qu'il avait fabriqué encore celui-là.
"Ah", répondis-je d'une voix blanche.
"J'ai réfléchi.
- Ah.
- Je ne sais pas si je suis encore prêt pour revenir à la maison. Mais... j'aimerais qu'on se revoie... juste tous les deux. Tu me manques, Mareva. Horriblement.
- Où ?
- Euh... Là où on s'est retrouvé, tu te souviens ? Le petit resto' du tout début...
- J'arrive."
J'avais peur. Peur de moi-même et de cet espoir qui montait dans mon ventre depuis que son nom s'était affiché sur l'écran de mon téléphone. Peur qu'il me dise que tout était fini, qu'il n'arriverait jamais à me pardonner. Peur de retomber dans une solitude si noire après un instant de lumière.

"Mareva... Tu as fait vite... Tu... Je..."
Je m'étais souvent demandé quelle réaction j'aurais en le revoyant. Joie, amour, tendresse, peur, honte, nostalgie, désespoir... Mais cette fois-ci, j'étais trop fatiguée, chaque journée passée sans lui avait été trop dure pour que je ressente aucune de ces émotions. Il dut le sentir, puisqu'il commença :
"Écoute, je sais que ça a été dur pour toi, mais..."

"MAIS QUOI ? TOI-AUSSI, TU T'ES SENTI SEUL ? EH BIEN TU N'AVAIS QU'À RESTER ! TU CROIS QUE J'AI RESSENTI QUOI EN VOYANT CES ENFANTS GRANDIR DANS MON VENTRE PUIS EN-DEHORS ? TU CROIS QUE ÇA ME FAISAIT PLAISIR DE DEVOIR VIVRE AVEC ÇA SUR LA CONSCIENCE ? DE VOIR LEUR PÈRE CHAQUE FOIS QUE JE LES REGARDAIS ? TU CROIS QUE ÇA M'AMUSAIT, À MOI ? MAIS JE SUIS RESTÉE, PARCE QUE, QUOI QU'IL EN SOIT, ILS ÉTAIENT TOUS LES TROIS MES ENFANTS, TU COMPRENDS ÇA ? Ce sont aussi tes enfants, Gavin. Que ce soit Dissy ou les jumeaux. Le père dont ils ont besoin, c'est toi. Je croyais que tu pourrais comprendre ça. Et moi, je suis fatiguée de devoir continuer sans toi. Très fatiguée. J'ai besoin de toi. Ils ont besoin de toi. Nous avons tous besoin de toi. Alors, arrête de faire l'imbécile et rentre à la maison. Je t'aime Gavin. Tu es le seul et tu le sais."
Je ne tins pas plus longtemps. Toute cette vague d'émotion me submergeait. Je le serrai dans mes bras et l'embrassai. Enfin, je retrouvais la chaleur de ses bras.

"Bon retour à la maison, Gav'.
- Ça m'avait manqué.
- De quoi ? Te faire crier dessus ?
- Entre autres... Ma Mareva."

"Ta Mareva ? On est toujours aussi possessif à ce que je vois. Tu rentres ?
- Je crois qu'il est temps.
- Je crois aussi. Tu verrais ta fille ! Elle te ressemble énormément ! Tu seras fière d'elle !
- Je suis sûr que je serais fier aussi des jumeaux : Achille et Hector, c'est ça ?
- Ils sont un peu turbulents mais tu verras, je suis sûre que tu les adoreras !"
J'avais rêvé de ce moment depuis si longtemps. Enfin, il parlait d'eux comme de ses enfants.

Mon Gavin. J'avais retrouvé mon Gavin ! J'en aurais presque pleuré de joie.



Dissy
Je savais que Kei s'en voulait de ne pas avoir pu me ramener mon papa.
"C'est pas grave, tonton. L'important c'est qu'on soit tous ensemble, comme une vraie famille !"

C'est vrai, quoi ! On avait déjà beaucoup de chance. Maman faisait tout son possible pour nous. On avait tonton Kei. Et puis, les jumeaux étaient toujours aussi adorables. Je savais que maman devait souvent les punir pour des bêtises mais moi, je les trouvais tellement mignons que je n'aurais même pas pu leur dire non. Heureusement que ce n'était pas mes enfants !

J'étais en train d'admirer leurs babillages quand j'ai entendu maman qui revenait. Je me suis approchée pour l'embrasser... et j'ai vu papa.
"Dissy... Je crois que ta mère est décidément plus forte que moi..."
Je suis restée pétrifiée. Papa était rentré. Après cette si longue absence, il était de retour, comme s'il n'était jamais parti.

Pour la première fois de ma vie, j'ai senti une colère noire monter en moi. J'étais souvent qualifiée de calme, tempérée, douce, réservée... Mais là, c'était trop. On avait tous trop souffert de cette séparation. Et puis, toutes les années perdues ne serait jamais rattrapées, quels que soit les sourires innocents qu'ils pourraient m'adresser. Moi, j'avais eu mal. Très mal. J'avais été très triste tout ce temps. Je m'étais peu à peu repliée sur moi-même. Et ce gentil sourire du papa qui rentre juste d'une longue absence, c'était trop pour moi.
"Coucou Dissy, comment ça va, ma grande fille ?
- Mais va t'en ! Qu'est-ce que tu fiches là ? Rentre chez-toi puisque tu y étais si bien ! Fais pas comme si tu t'intéressais à nous ! Si c'était le cas, tu serais jamais parti. Jamais !
- Eurydice... Je suis désolé...
- Un hélicoptère et une lettre ! C'est comme ça qu'un papa s'excuse pour avoir raté la moitié de la vie de sa fille ? Et bien moi, j'en veux pas de ce papa !"
Je criais plus fort pour refouler les larmes qui me montaient aux yeux.

"Maintenant, c'est bon, c'est trop tard ! J'ai plus besoin de toi ! Puisque j'ai passé toutes ces années sans papa, alors je peux bien continuer, non ?Peut-être que maman t'a pardonné mais moi non ! Moi jamais ! Je te déteste !"

Je savais qu'il devait avoir mal. J'avais cherché exprès les mots les plus blessants que je pouvais trouver. Mais il fallait qu'il comprenne que j'avais mal et que ça n'était pas juste que j'ai mal à cause de lui, pour une faute que je n'avais pas commise. Je savais qu'il s'était disputé avec maman pour une raison que j'ignorais mais ce n'était pas de ma faute.

En entrant dans ma chambre, j'ai vu l'hélicoptère sur mon lit et j'ai pleuré.

pytisa

Oooh pauvre petit poulette
Evidemment, un grand sourire et un "comment ça va, ma chérie?" ne pouvaient pas suffire. Il va falloir du temps à Gavin pour réapprivoiser sa fille.

J'ai été très touchée par la rencontre entre Kei et Miko. Pauvre Miko

Encore un super chapitre, j'ai adoré

Kannelia

@Himari74 : de l'amour... de l'amour dans l'air
Et des retrouvailles heureuses pour les uns... orageuses pour d'autres
Elle finira vite par se calmer la petite Dissy et savourer le bonheur d'avoir retrouvé son père

Les jumeaux sont trop drôles: j'ai adoré

La pauvre Miko pas de chance... faut qu'elle aille de l'avant maintenant

Très belle MAJ

Luluswan

Dur pour Dissy mais sa réaction est tellement compréhensive.
Gavin arrive, comme un cheveu sur la soupe, à quoi s'attendait-il ?
J'espère quand même que leur relation s'améliorera, parce que, même si Gavin a fait des erreurs, il reste quelqu'un de bien. Et Dissy mérite d'avoir un gentil papa.

Bien aussi le passage avec Kei et Miko. Miko se retrouve dans une situation difficile, mais je crois qu'elle a trouvé une épaule sur laquelle se reposer. Kei ne la laissera pas tomber.

nicolasB

bon ben Dissy se rebelle et elle est même pas ado nan j'plaisante pauv' puce, après faut mieux que ça sorte, comme ça elle va pourvoir de nouveau profiter correctement de son père. Pour Miko ben elle est dans la mouise et je sens que ce n'est que le début
joli chapitre

Elleay

Magnifique MAJ
Pauvre Miko...
Ah bah oui Gavin... T'a filke allait pas te sauter dans les bras alors qu'elle ne t'as pas revu depuis si longtemps

Himari74

@pytisa Oui... Son père lui a beaucoup manqué mais justement, elle n'arrive pas à lui pardonner d'être parti...
Je les aime beaucoup tous les deux mais ils n'auront pas eu la vie facile... Contente que leur rencontre t'ait plus
Merci beaucoup !

@Kannelia Oui, ça fait du bien
Au moins, Gavin est de retour. Mais les retrouvailles n'ont pas été aussi joyeuses qu'elles auraient pu l'être... on ne peut pas non plus effacer totalement des années d'absence...
Ils sont super mignons ces deux-là mais ce sont de vrais démons, surtout Achille
C'est le plus difficile... Mais elle a Kei pour l'aider
Merci beaucoup !

@Luluswan C'est sûr... en arrivant comme ça brusquement, comme si de rien n'était alors qu'il a été absent pendant la quasi-totalité de l'existence de sa fille, il ne pouvait pas s'attendre à ce qu'elle lui saute au cou...
Mais peut-être qu'avec le temps, la blessure finira par cicatriser... Gavin et Dissy sont tous les deux de bonnes personnes et ils méritent chacun d'avoir une fille et un papa, je pense. Il faut qu'ils réapprennent à se connaître et que Dissy pardonne... Plus facile à dire qu'à faire
Non, Kei ne la laissera pas tomber. Mais à voir ce que l'avenir leur réserva à tous les deux !

@nicolasB Mais c'est un ange, ma Dissy ! Elle pardonnera... peut-être
Pour Miko, ça ne va pas être facile mais elle a Kei... Bon, après, c'était peut-être pas le meilleur choix pour mener une petite vie tranquille
Merci beaucoup !

@Elleay Merci beaucoup !
Miko n'a pas eu de chance...Mais elle est forte, et avec Kei, il n'y a plus qu'à espérer qu'elle s'en remette
Non, elle ne lui a pas sauté dans les bras, c'est le moins qu'on puisse dire


Chapitre 16 Entre père et fille
Mareva
Il était là. Parfois encore, je me réveillais en sursaut avec la certitude qu'il aurait disparu mais il était là. Je ne m'étais pas sentie aussi heureuse et épanouie depuis longtemps. Le sentir à mes côtés pendant la nuit suffisait à me combler de joie. Ce lit m'avait semblé si vide, toutes ces années ! Bien sûr, tout n'était pas parfait : il y avait nos horaires qui ne se coordonnaient pas et Dissy qui ne sortait presque plus de sa chambre. Une fois, j'avais tenté d'aller la trouver pour lui parler de son père. En ouvrant doucement la porte, j'avais vu ma grande fille, assise sur son lit, les yeux fixés sur l'hélicoptère que son père lui avait offert pour son anniversaire, un sourire teinté de mélancolie sur le visage. J'avais eu l'impression d'avoir surpris une scène que je n'aurais pas dû surprendre. J'avais refermé la porte de la chambre tout aussi doucement. Dissy... elle parlait si peu, restant toujours sage et souriante. C'était un ange. Mais un ange qui en avait gros sur le cœur.

Elle ressemblait de plus en plus à son père avec le temps qui passait. J'avais déjà surpris plus d'une fois Gavin à regarder dans le vide, un sourire absent sur le visage. Le refus de sa fille de lui adresser la parole le blessait plus qu'il ne laissait paraître.

Au début, Kei et lui s'ignoraient cordialement. Puis, la solitude des journées pendant lesquelles je finissais mes nuits, Dissy était à l'école et les deux bambins en train de faire leurs siestes, avait fini par les rapprocher un peu.

Et ils formaient un admirable duo quand il s'agissait de réparer les bêtises d'Achille. Hector faisait aussi des bêtises, bien sûr. Mais vous auriez pu demander à n'importe qui dans cette maison à quoi lui faisait penser le mot de "bêtises" et il vous aurait répondu du tac au tac "Achille". Il avait un certain talent en cette matière. Il trouvait toujours des choses à projeter partout, dans le jardin comme sur lui-même.


Puis un soir, il se passa quelque chose à laquelle je ne me serais jamais attendue. Depuis que Kei était revenu, j'avait toujours trouvé sa présence naturelle et il faisait partie de la famille, au même titre que Dissy, Gavin et les jumeaux. Et puis, c'était mon "Esprit". Je m'étais presque mise à penser que sa présence m'était due. À tort, j'en ai conscience. Il était aussi libre de partir que de rester.
"Mareva... Je ne veux pas que tu penses que je me sens mal avec vous. Je vous aime tous beaucoup et...
- Où est-ce que tu veux en venir, Kei ?
- À vrai dire, je crois que j'ai besoin de m'éloigner un peu. Ces histoires d'Esprit, tout ça, ça m'a pas mal retourné le cerveau. Je ne sais plus trop où j'en suis. Peut-être que je suis le pire des Esprits protecteurs mais je crois que tu n'as plus vraiment besoin de moi, maintenant que Gavin est revenu. Bien sûr, s'il y a le moindre problème, j'accourrai et tu sais que... que je serais toujours là si tu en as besoin.
- Tu veux partir ?"
Ma voix trembla légèrement. C'était un coup de massue.

"Oui. Au moins pour un temps.
- Et tu irais où ?
- Je ne sais pas. Je pensais reprendre l'apart' qu'avait Gavin à San Myshuno et le rénover un peu.
- À San Myshuno ? Pourquoi si loin ?
- Je veux être près de Miko. Elle ne t'a rien dit ?
- Ça fait un moment que je ne l'ai pas vue. Je ne savais pas que vous étiez si proches tous les deux.
- Elle t'en parlera sans doute le moment venu. Désolé Mari, mais j'ai pris ma décision. Je ne resterais pas longtemps.
- D'accord."
Je n'avais rien à dire, de toute façon. Mais mon ton fut plus dur que je ne l'aurais voulu. Je devais être un peu jalouse, malgré moi. Kei m'avait toujours adorée plus que tout au monde, et maintenant, il préférait ma meilleure amie à moi-même. C'était égoïste bien sûr mais j'avais l'impression de perdre mes deux meilleurs et seuls amis. Depuis quand Miko préférait-elle se confier à Kei plutôt qu'à moi ? Et depuis quand Kei était du genre à partir à l'autre bout de la ville pour les beaux yeux d'une fille ?

Il ne partit pas tout de suite mais il était de plus en plus rarement là. Je ne pouvais m'empêcher de lui en vouloir un peu. Je me demandais s'il allait retrouver Miko. Et même si je me doutais de la réponse, je me demandais quel était ce mystère qu'ils avaient en commun. Mais même cela ne pouvait pas troubler mon bonheur et si mon instinct me disais que j'aurais dû avoir mon Esprit près de moi, il y avait mon cœur qui me soufflait que le principal était que Gavin fût à mes côtés.

L'amour avait refait son apparition dans ma vie après de trop longues années d'absence. Bien sûr, aucune blessure ne s'effaçait totalement mais nous faisions de notre mieux pour les réparer et rattraper le temps perdu.


Eurydice
Tonton Kei va s'en aller. Mes nuits sont devenues très agitées. Qu'est-ce que je vais devenir quand il n'y aura plus tonton Kei à la maison ? Je n'ai jamais beaucoup parlé et il est le seul à comprendre mon désir de solitude. Maman est gentille et fait tout son possible pour que je sois heureuse mais elle ne comprend pas qu'on puisse désirer la solitude. Je sais qu'elle était souvent seule dans son enfance. Elle en souffrait beaucoup. Alors le fait que moi je recherche cette solitude, elle ne le comprend pas. Je n'aime pas parler avec les gens mais j'ai toujours aimé entendre Kei parler. Quand il s'en ira, je serais plus seule que jamais.

Tous les matins, j'entends des rires tandis que je suis sous la douche. En attendant que la salle de bain se libèrent, papa s'en donne à cœur joie avec Hec' et Ash'. Et ça me fait encore plus mal au cœur. Je reste souvent un long moment derrière la porte et j'écoute la joie personnifiée. Moi, je n'ai pas eu le droit à tout ça... ou si peu... Pourquoi ? Cette question me reste en travers de la gorge. Pourquoi papa est-il parti en laissant maman enceinte et en me laissant moi ? Et pourquoi maintenant, il rit avec les jumeaux quand il n'était pas là pour moi ?


Quand j'entre enfin, je ferme mon visage. J'oublie ma tristesse, j'affiche une colère noire. Quand Hector murmure : "Dissy ?", je fais comme si je n'avais pas entendu. Si papa n'était pas là, je me serais aussitôt baissée pour lui faire un grand câlin. Mais papa est là et je n'ai qu'une envie : quitter la pièce au plus vite. Je voudrais lui pardonner mais je n'y arrive pas. La question est toujours en suspens : Pourquoi ?

"Bonjour Eurydice", lance papa. Je ne réponds pas.
Je lance en revanche : "Bonjour tonton !", dès que je vois Kei passer la porte.
Je sais que papa est blessé quand il soulève dans ses bras Hector pour l'amener à la baignoire mais j'ai été encore plus blessée de son absence et je le suis toujours tous les matins quand je le vois s'amuser avec les jumeaux.
Pour une fois, Kei ne dit rien en préparant le repas. J'attends qu'il parle ou qu'il se retourne mais il ne le fait pas.

Je dis au bout d'un moment : "Tu penses que j'ai tord ?".
Il se retourne en soupirant : "Je ne pense rien. Juste que c'est triste de vous voir souffrir tous les deux alors que ça n'en vaut pas la peine.
- Ça n'en vaut pas la peine ? Et ça en valait la peine que papa parte et rate mon enfance pour revenir tout sourire quelques années plus tard ?
- Non, ça n'en valait sûrement pas la peine. Mais tu sais, c'est parfois compliqué d'être adulte... et surtout d'être un adulte amoureux. Alors il faut pardonner à ton papa s'il a pu se perdre. Ça arrive à tout le monde de se paumer. L'important c'est d'avoir quelqu'un qui vous aide à vous retrouver. Alors aide-le à se retrouver en lui pardonnant. Vous vous aimez très fort tous les deux. C'est bête de perdre du temps à se bouder alors que la vie est si courte.
- Tu parles comme un vieux, tonton.
- Je suis plus vieux que tu ne crois.
- Pourquoi tu t'en vas, toi-aussi ?
- T'as la parlotte aujourd'hui !
- J'ai pas envie que tu partes.
- Désolé, Dissy. Je t'aime beaucoup, tu sais. Mais il faut que je parte."

À cet instant, papa est entré et je me suis aussitôt enfermée dans mon mutisme. Je le soupçonne d'avoir fait sa Dissy en restant derrière la porte parce qu'il nous lance un drôle de regard, plein de douleur. Puis il va droit à la chaise haute pour y poser un Hector tout propre. Hector ne dit rien. Il a l'air grave, comme s'il avait senti quelque chose dans l'air.

Ash me tire la jupe.
"Une histoire, Dissy !"
Je regarde ses grands yeux rouges et ses mains jointes.
"Pas maintenant, Ash."
Et je monte dans ma chambre, sous le regard désolé de papa, de tonton Kei et de mes frères.

Je passe mes journées dans ma chambre, quand je ne suis pas à l'école. J'ai décroché mon B et avec ça une toute nouvelle table d'échec dans ma chambre. Alors sitôt mes devoirs faits, je m'y mets et je progresse, petit-à-petit. C'est pas très pratique de jouer toute seule mais je m'y fais.

Puis un jour, la porte de ma chambre s'ouvre. Je me retourne un peu surprise. Maman essaye, de temps en temps de venir me voir mais à cette heure-ci, elle est au travail. Tonton Kei me laisse tranquille, la plupart du temps. Il sait que quand je suis dans ma chambre, je n'ai pas envie d'être dérangée et que je descends toujours quand je recherche sa compagnie. Quand je vois que c'est papa, je me retourne aussitôt, en faisant comme si je ne l'avais pas vu. Je continue de jouer en silence tandis qu'il s'assied devant moi.

"Dissy..."
Je déplace la tour.
"Dissy ?"
Le cavalier blanc tue un pion noir.
"Dissy."
La tour noire tue le cavalier blanc.
"Dissy !"
Échec au roi : la tour noire est juste en face de lui, à quatre cases de distance. Le roi est bloqué dans un coin du plateau.
"Dissy, il faut que tu m'écoutes !"
Échec et mat.
Je lève enfin les yeux.
"Oui ? Tu disais ?"

"Dissy, je sais que je suis impardonnable. Je sais que tu ne comprends pas pourquoi je suis parti. Mais j'aimerais que tu essaies au moins... Que tu essaies de comprendre. Que tu essaies de pardonner. Je t'aime, ma fille. Et je sais que tu le sais, malgré tout."
Je commence à ramasser quelques pions sur le plateau, la tête baissée.
"Dissy, dis quelque chose.
- J'essaie. J'essaie papa mais je n'y arrive pas."
Ce sont mes derniers mots et je sais que pour lui ils sont aussi tranchants qu'une lame de rasoir. Il se lève et, avant que j'ai le temps de faire un geste ou de regretter mes paroles, il est parti.

Tonton Kei est parti il y a quelques minutes et il me manque déjà.

Kei
Les portes de l'ascenseur étaient à peine ouvertes que je tombais nez-à-nez avec Miko.
"Kei ! Je me demandais si tu allais venir.
- Comment vont-ils ?
- Bien, vraiment bien."
La veille, lorsque j'étais venu chez-elle, nous avions dû partir précipitamment et Miko avait accouché de deux jolis enfants : Hiro et Kisa.

"Merci pour tout, Kei...", souffla-t-elle.
"Je te l'avais promis, non ?
- Et alors ? Tu n'étais pas obligé.
- Miko... Tu te souviens de quand tu m'as tout dit...
- Bien sûr que je m'en souviens !
- Je t'avais dit que j'avais un secret moi-aussi.
- Je me souviens.
- Je crois qu'il est temps...
- Entre."

J'avais le cœur qui battait à cent à l'heure. J'avais pris ma résolution depuis un moment déjà mais cela ne m'aidait pas vraiment à savoir comment elle réagirait. Je l'aimais. Et je commençais à croire qu'elle aussi, vu les regards qu'elle me lançait parfois. Mais je ne savais pas si elle était prête à accepter ce que j'étais, déjà que j'avais moi-même du mal. En entrant, je m'approchais des berceaux pour cacher ma gêne. Ils dormaient tous les deux. De vrais anges. Pas étonnant, avec la mère qu'ils avaient.


Je pris une grande inspiration et me lançai dans ma longue tirade. Au début, elle souriait. J'avais presque l'impression qu'elle n'écoutait pas ce que je disais, se contentant de me dévorer du regard. Je ne me laissai pas décontenancer et petit-à-petit, son sourire se figea. Elle écoutait à présent, et c'était pire.

À la fin, toute trace de sourire avait quitté son visage.

Lorsque j'eus achevé mon récit, je n'y tins plus et me levai. Je m'approchai du berceau des deux petits qui venaient de s'éveiller. Ils commençaient à peine de pleurer quand je les pris dans mes bras pour leur donner le biberon. J'avais l'impression que mon crâne allait exploser. Un mot, juste un mot d'elle et je me jetais en rampant aux pieds de la Prêtresse pour la supplier de la laisser être mienne. Et un mot, juste un mot d'elle et tous mes espoirs voleraient en éclats.


J'avais nourri Kisa puis Hiro, avec un sourie forcé, même si elle ne pouvait pas me voir. Je restais encore un instant devant les berceaux, les bras ballants. Miko se leva. Je retenais ma respiration. Sa main se posa doucement sur mon épaule mais je ne me retournai pas.
"M. l'Esprit ?
- Miko... Tu sais que rien n'a changé...
- Je vous aime, alors serait-il possible que vous cessiez de me tourner le dos ?"
Et elle m'offrit son plus beau sourire.

"Je suis là, Kei. Tu m'as appelée et je suis là."
Je me retournai en sursautant. Elle était comme dans mes souvenirs flous. Ces derniers temps, des images revenaient, de plus en plus fortes.
"Grande Prêtresse !
- J'ai toujours détesté que toi, Kei, tu m'appelles Grande Prêtresse mais tu as toujours été très têtu, toi-aussi. Je n'ai jamais eu l'âme d'une Grande Prêtresse. Je suis bien trop gentille avec les têtes de mule dans ton genre. Et encore plus quand ils sont de mes amis.
- Je suis de vos amis ?
- Kei. Si je n'étais pas aussi indulgente avec toi, avec n'importe laquelle des Grandes Prêtresse qui m'ont précédée, tu n'en serais pas là où tu en es.
- C'est-à-dire ?
- Tu serais au choix : six pieds sous terre, en train de balayer les jardins du monde des Esprits ou fugitif, comme l'ont été tes parents.
- Mes parents étaient des fugitifs ?
- Tu as oublié plus de choses que tu ne crois.
- J'ai... J'ai une famille, quelque part ?
- Tu en avais une. Mais ce n'est pas pour ça que tu as voulu me voir aujourd'hui."

"Tu sais pourquoi je suis ici ?
- Oui, je le sais. Ô Kei ! Vous, les Ishigura, vous me tuerez, un jour. J'ai connu tes parents et je les ai trouvé grands et beaux, je les adorais quand j'étais petite et je me suis toujours demandé pourquoi mes parents à moi étaient si différents. Je sais maintenant que c'est parce qu'ils ne s'aimaient pas. Tes parents à toi s'aimaient et c'est ce qui les a perdu. Kei, j'ai vu partir tes parents, j'ai vu partir Ryô et Mori, alors pour rien au monde je ne voudrais te voir partir toi. Je vais essayer, Kei. Je vais essayer de te protéger de mon mieux. De la colère d'Artémis. Elle ne peut rien contre le fait que tu aies décidé de te lier à l'enfant maudite. Mais je ne suis pas sûre qu'elle ne puisse rien contre le fait que tu aimes une humaines. Kei, moi je veux bien, je veux juste que tu sois heureux. Et je vais faire tout mon possible pour que tout ailles bien pour toi. J'essaierais de ne pas partir trop tôt, je veux bien survivre pour toi. Mais dès l'instant où je serais partie, ce sera fini.
- Tu ferais ça pour moi ? Tu ferais ça, Gran...
- Iona. Juste Iona. Je le ferais, oui. Si tu es sûr que c'est ce que tu veux.
- Bien sûr que j'en suis sûr ! Je...
- Il y a quelque chose. Quelque chose que je dois te montrer avant."

Elle me tendit un journal à la couverture défoncée. Surpris, je l'ouvris.

Himari74

Je m'appelle Kei. Kei Ishigura. Je suis un Esprit. Qu'est-ce que ça veut dire ? J'avoue que je ne le sais pas trop moi-même.

Je levai la tête mais Iona me fit signe de poursuivre ma lecture.

À l'école, on dit que si les Chasseresses descendent de la lune, alors les Esprits descendent des étoiles. C'est d'ailleurs pour ça que nous avons des Grandes Prêtresses : pour communiquer avec les étoiles. Mais je ne crois pas que Maggie Stanford ait jamais communiqué avec la moindre étoile. Ce n'est pas que je ne l'aime pas mais il y a quelque chose dans son regard qui me dérange. Et ce quelque chose n'a rien à voir avec les étoiles. Mais alors, que sommes-nous ? Ma mère m'a dit un jour, avant de partir, que les Esprits étaient nés de l'amour. Un jeune homme serait tombé amoureux d'une Chasseresse mais, ne pouvant braver les interdits qui planaient autour des filles de la lune, il serait mort de désespoir puis se serait réincarné en un animal qui protégeât la Chasseresse et mourut avec elle. Ainsi, le premier Esprit vit le jour. Mais si c'est le cas, pourquoi ne cesse-t-on de nous rabâcher que l'amour doit être banni de notre esprit et surtout envers les Chasseresses que nous serons amenés à protéger ? La bonne question est sans doute plutôt : Que devrions-nous être ?

Il fait soleil. Il fait toujours soleil chez-nous. Aujourd'hui est un jour de deuil pour les Esprits. Notre Grande Prêtresse est morte. Maggie Stanford est désormais officiellement Grande Prêtresse. Je crois que je ne perdrais jamais l'habitude de l'appeler Maggie. Je n'aimais pas l'ancienne Grande Prêtresse mais je ne suis pas sûr que Maggie Stanford soit bien placée pour lui succéder : toujours ce truc dans son regard. Depuis qu'elle a eu son titre, elle est encore plus horrible avec sa sœur, Iona. Je crois qu'elle m'aime bien, Iona. On est un peu tous les deux des rebuts de la société, tentant d'émerger derrière l'ombre immense de nos sœurs. J'adore la mienne, mais c'est parfois dur d'être le petit frère de la si fabuleuse Ryô Ishigura.
Pour en revenir à Maggie... C'est difficile de savoir ce qu'elle pense mais je suis presque sûr qu'elle déteste Ryô. D'ailleurs, elle n'a pas l'air d'aimer grand monde. Soit elle hait, soit elle méprise.

Aujourd'hui, j'ai parlé avec Mori, au parc, comme d'habitude. J'l'aime beaucoup Mori. Je n'ai pas beaucoup d'amis dans ma "génération" (Une génération d'Esprit se constitue de 5 années de naissance. Celle de ma grande sœur compte 7 membres : dont Mori, Maggie et Iona. Nous ne sommes que 5 dans la mienne.) On se moque de moi parce que je suis bien loin du génie naturel des Ishigura. Ma sœur est d'une intelligence hors du commun et elle est imbattable en sport, ou presque. Mori est le deuxième de sa génération. Et lui-aussi brille dans tous les domaines. Maggie est troisième de loin et elle ne le supporte pas. Moi, je suis dans la moyenne. Je n'ai rien de "particulier". Pas de talent spécifique si ce n'est celui de faire des bêtises. Mais Mori s'en moque, lui.

Ce matin, Ryô s'est faite battre à la course d'endurance. C'est la première fois que ça arrive. C'est Mori qui l'a battue. Les garçons ont toujours couru avec les filles mais ma sœur a toujours été la meilleure malgré tout. Alors quand je l'ai vue, je n'ai pas pu m'empêcher de la railler affectueusement :
"Tiens, on dirait la silhouette d'une perdante, là-bas !"
Je l'ai dit juste assez fort pour que Ryô l'entende.

Elle s'est retournée pour me fusiller du regard et juste au même moment, Mori s'est insurgé.
"Elle n'a pas perdu ! Elle aurait dû gagner : elle méritait cette place mais...
- Mori."
Le ton de ma sœur était sans appel. Mais Mori a continué :
"Je suis allé rendre la médaille qu'ils m'ont donné. C'est à ta sœur qu'elle revenait de droit.
- Mori, boucle-la, tu veux !"
Et pour la première fois de ma vie, j'ai vu Mori hésiter. Il avait perdu toute sa confiance en lui, comme désarmé. Je remarquais seulement à cet instant qu'il avait évité de la regarder dans les yeux depuis le début. Mori s'est tu brusquement. Il regardait Ryô. Ses yeux semblaient incertain. Je crois que Mori est amoureux de Ryô.

Je ne les avais jamais vraiment vus ensemble. Ma sœur est plutôt du style solitaire, en fait. Elle est jolie mais elle déteste se l'entendre dire. Je ne sais pas si Mori lui plaît : ce n'est pas le genre de sœur à étaler ses histoires de cœur. Il n'empêche qu'elle semble tolérer sa présence. Mori est un chic type. Ça m'embêterait vraiment qu'il finisse avec la marque de la main de Ryô comme marquée au fer rouge sur sa joue.

Je crois ne pas être le seul à avoir remarqué les regards de Mori sur Ryô. Maggie est venue nous voir, une fois, alors qu'on était seuls tous les deux sur le banc.
"Salut Mori !"
Pour la première fois, il n'y avait pas de mépris ni de haine dans ses yeux. Mori plaît à beaucoup de fille mais je ne pensais pas que Maggie Stanford était du genre à tomber amoureuse des beaux bruns aux yeux émeraudes.
"Salut, Maggie", j'ai dit et elle m'a à peine regardé.
"Qu'est-ce que tu nous veux, Margaret ?"
Visiblement, Mori préfère Ryô.

J'avoue que toute cette histoire me fait bien rire. Mais là, j'en ai peut-être fait un peu trop. Vu comment Mori perdait tous ses moyens face à Ryô, j'ai décidé de faire bouger un peu les choses.
"Hey ! Mori ! Tu sais que Ryô va courir tous les matins.
- Ouep' ! Moi-aussi.
- Ouais, mais moi, je sais qu'elle passe à un endroit précis, tous les matins..."
Comme je vous l'ai dit, je n'étais pas doué en grand chose si ce n'était les bêtises. Alors quelques jours plus tard, je suis allé me planquer dans un buisson, tout près du chemin où Ryô passait... et Mori, depuis peu.
"Salut, Ryô ! Quel hasard !
- Tu te moques de moi, Mori ? Ça fait trois jours que c'est un hasard !"

"Pourquoi tu me suis ?
- Je sais pas... Comme ça.
- Comme ça ? Mais qu'est-ce que tu veux bon sang ? Est-ce que tu te fiches de moi ?
- Non ! Jamais !
- Alors arrête ton petit manège ! C'est quoi ? Un pari ?
- Non ! Bien sûr que non !"

"Pardon, Ryô. J'ai été super lourd. Mais j't'aime bien, tu sais. Et j'ai l'impression que tu passes ton temps à m'éviter..."

J'ai vu la colère de ma sœur fondre comme neige au soleil. Et c'est là que j'ai compris que Ryô aimait Mori, depuis le début. Ça m'a fait bizarre d'assister à tout ça depuis ma cachette. Je suis sûr que ma sœur me tuerait si elle savait que j'étais là, le jour où elle a baissé sa garde pour la première fois.
"J'aurais pas dû crier comme ça. Sorry, Mori. Je crois que c'est parce que je t'aime bien, moi-aussi."

Après ça, ma sœur est devenue très différente. Moins glaciale, plus humaine. Avant, j'étais le seul à savoir que Ryô savait sourire et donner de l'amour. Maintenant, elle le cachait moins. Les doux yeux clairs de Mori semblait avoir fait fondre la glace dont elle s'était entourée le cœur depuis le départ de nos parents. Elle était devenue moins prudente.




J'ai vu avant eux que Maggie semblait passer très souvent devant leur banc. J'en ai parlé à Ryô. Elle a dit que ce n'était qu'une jalouse. Je n'ai rien dit mais je n'en ai pas moins pensé. Maggie n'était peut-être qu'une jalouse, mais elle avait du pouvoir.

J'étais là, lorsqu'elle est allée voir Mori pour la énième fois.
"Mori ! Je ne veux plus que tu la voies, je te l'ai déjà dit !
- Et moi, je t'ai déjà dit qu'il était hors de question que j'arrête de la voir !
- Nous n'avons pas besoin d'Esprits supplémentaires. La dernière génération compte déjà huit membres !
- Je m'en moque de tes problèmes démographiques : je l'aime !
- Nous n'avons pas besoin de votre amour, Mori !"

"Peu importe. Tu ne nous sépareras pas.
- Ne t'élève pas contre moi, Mori, tu le regretteras !
- Je ne regretterai jamais d'avoir aimé Ryô.
- Pourquoi ne veux-tu pas entendre raison ? Ne sais-tu pas que j'ai tous les pouvoirs ? Je peux te tuer si je le veux.
- Tu ne le feras pas.
- Oh non, je ne le ferais pas", murmura-t-elle. Et il y eut une lueur dans ses yeux, une lueur plus effrayante que ses cris. Quand elle criait, elle avait l'air humaine. Une humaine en colère mais une humaine quand même. Pas quand cette lueur brillait dans ses yeux.
"Qu'est-ce que tu as dit ?"
Elle explosa :
"TU N'ES PAS LIBRE ! AUCUN DE VOUS NE L'EST ! JE SUIS LA SEULE, TU ENTENDS, LA SEULE QUI PUISSE DÉCIDER DE VOTRE BONHEUR ! EN UN CLAQUEMENT DE DOIGTS, JE PEUX RÉDUIRE TA VIE À NÉANT ! TU REVIENDRAS ME SUPPLIER EN RAMPANT DANS QUELQUES JOURS ! L'AMOUR, L'AMOUR, CE NE SONT QUE DE BELLES PAROLES ! IL N'EXISTE PAS D'AMOUR POUR LES ESPRITS !"


"LAISSE-NOUS TRANQUILLE ! ON NE DÉRANGE PERSONNE À PART TON EGO ! C'EST TOI QUI N'ES PAS LIBRE ! ET TU SAIS POURQUOI ? PARCE QUE TU ES SEULE ! TU N'AIMES PERSONNE ET PERSONNE NE T'AIMES ! ET C'EST ÇA QUI TE RENDS SI HAINEUSE ! TU NE M'AIMES PAS, TU NE M'AS JAMAIS AIMÉ ! TU DÉTESTES TOUT CE QUI EST SUPÉRIEUR À TOI ET TU MÉPRISES LE RESTE ! MAIS TU DÉTESTES ENCORE PLUS LE FAIT QUE RYÔ PUISSE AVOIR PLUS DE BONHEUR QUE TOI QUI ES TOUTE PUISSANTE ! MAINTENANT, VA T'EN !"

Aujourd'hui, ma sœur va mourir. Maggie a gagné. Elle est tombée enceinte et maintenant elle part. Maggie lui a demandé de choisir. Sa mort ou celle de Mori. Elle a choisi.
"Kei, mon petit Kei, j'ai tellement peur.
- Dis Ryô, tu reviendras hein ?
- Ô Kei ! J'aimerais tellement... J'aurais tellement aimé être là pour te voir grandir. Je suis sûre que papa et maman auraient été très fier de toi. Tu sais, je leur en ai beaucoup voulu de nous avoir laissé. Mais maintenant, je comprends. Parce qu'il n'y a rien au monde de plus beau que l'amour, tu sais, p'tit frère. N'oublie jamais, Kei. Quoi qu'on puisse te dire. Je ne regrette rien. Juste que ces gens soient à ce point incapables de comprendre. Sois fier d'être un Ishigura, Kei. Et ne laisse jamais les autres te dire qui tu dois être ou qui tu dois aimer. Si être un Esprit signifie ne pas pouvoir aimer, alors j'ai honte. Honte d'avoir été un Esprit tout ce temps et honte d'avoir pu croire une seule seconde en ces idéaux. Mais tu verras. Un jour, un jour, on sera libre. Et j'espère que tu seras là pour le voir."

Je l'ai suivie et j'ai tout vu. J'ai vu Maggie et son visage triomphant.
"On a gagné, Iona ! On a gagné !
- Non, c'est faux. Ce n'est pas une victoire. Tu es devenue une meurtrière, Maggie.
- Ce que tu peux être odieuse ! Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort !
- Eh bien moi, ça me tue de te voir tuer quelqu'un d'autre.
- Alors va t'en, imbécile ! J'ai gagné, entends-tu ! J'ai enfin réduit la superbe Ryô à néant ! Et maintenant, ils pourront me cracher leur satané amour eu visage tant qu'ils voudront, ça ne servira à rien !"

Je ne sais pas à quel moment Maggie est devenue folle. Mais elle l'était, sans aucun doute. En un instant, elle changea son visage, pris un air désolé tandis que Iona s'en allait, pour ne pas voir sa sœur triompher de tout ce qu'il y avait d'un peu beau dans ce monde : l'amour.
"Ma pauvre Ryô. Tu sais que je n'ai pas d'autre choix. Ma pauvre, pauvre Ryô. Nous aurions pû être amies, je le pense sincérement.

"Arrête. Ne joue pas à ce jeu-là avec moi. Je sais parfaitement que tu es ravie.
- Tu te trompes, Ryô. C'est toi qui as toujours refusé la moindre entente. Tu sais, s'il n'y avait pas l'enfant, je vous aurais laissé. Mais vous n'avez pas voulu m'écouter.
- Je suis fière de porter l'enfant de Mori.
- Ne dis pas cela. Sans lui, tu vivrais.
- Et alors ? Je ne veux pas de cette vie que tu mènes toi, dans un désert sans oasis, sans personne pour t'aimer un peu. Même ta sœur, et Dieu sait qu'Iona t'a pardonné bien des choses, même ta sœur se détourne de toi !"
Je pleurais silencieusement, caché derrière la fontaine. Je savais que j'entendais les dernières paroles de Ryô.

"Oui, je suis fière de porter l'enfant de Mori et de mourir avec son sang mélangé dans le mien. Je suis fière de ce que je suis et de ce que j'ai fait. J'aime Mori."
J'ai fermé les yeux.

Ce matin, j'ai vu Mori. Son regard était vide et j'ai eu terriblement peur. Ses yeux avaient toujours eu cette couleur si singulière... Ses yeux avaient toujours été la caractéristique principale de Mori et on lisait tout dedans. Mais aujourd'hui, on n'y lisait rien. Un vide oppressant.
"Elle est partie, Kei. Elle ne m'aime plus.
- Bien sûr que si, elle t'aime ! Elle t'a aimé jusqu'au dernier moment !"
Les mots m'ont échappé mais je ne le regrette pas.
"Jusqu'au dernier moment ?
- Elle est morte, Mori. Et à la fin, c'est ton nom qu'elle a prononcé.
- Pou... Pourquoi ? Comment ?
- Maggie..."
Non, je ne le regrette pas. Parce qu'à cet instant, le vide a quitté ses yeux. Et je préférais mille fois cette lueur vengeresse au vide infini.
"Bonjour, Mori. Comment vas-tu ?"

Ce n'était pas de la haine dans ses yeux. Rien que du mépris à l'état pur, comme s'il regardait une minable crotte de chien sur un trottoir.
"C'est vrai ?
- De quoi parles-tu ?
- C'EST VRAI ?"

"JE T'AI LIBÉRÉ, MORI ! TU ÉTAIS ENSORCELÉ PAR SES CHARMES DE SIRÈNE ET JE T'AI LIBÉRÉ ! TU DEVRAIS ME SAUTER AU COU ET M'EMBRASSER MAIS NON, TU ES UN INGRAT !
- COMMENT OSES-TU ?
- Mais je t'aime, je t'aime quand même, je pourrais peut-être te pardonner...
- ME PARDONNER ? ALORS QUE TU L'AS TUÉE ?
- OUI ! OUI, JE L'AI TUÉE ET J'EN SUIS FIÈRE !"

"TU PEUX ME FRAPPER TANT QUE TU VEUX MAIS...
- Oh non. Je ne m'abaisserais pas à ça."
Il était devenu très calme. Son front luisait de sueur. Je l'ai vu. J'ai compris. Je n'ai rien dit.
"Qu'est-ce que tu veux, Maggie ? Quel est ton souhait le plus cher ? Tu me veux moi, c'est cela ? Dis, Maggie c'est moi que tu veux ? C'est pour moi que tu as fait ça ?
- Oui, c'est pour toi. Tu le comprends enfin ? Sois à moi. Tu auras tout ce que tu voudras. Tu n'as qu'à m'aimer.
- Tu le veux vraiment, Maggie ? Tu me veux vraiment ?
- Oui !
- TU NE M'AURAS JAMAIS !" Je ne sais pas où il a trouvé la force de hurler ces mots avec la fièvre qui perlait sur son front, la vie qui déjà quittait son corps. Je ne le sais pas. Je sais juste qu'il est tombé juste après et qu'il ne s'est jamais relevé.


Si à cet instant-là, il restait encore un soupçon de raison dans la tête de Maggie Stanford, elle a disparu.
"Mori ? Qu'est-ce que tu fiches, Mori ? Tu t'inclines enfin devant moi ? Mori ? MORI !"

"MORI ! RELÈVE-TOI, MORI ! C'EST UN ORDRE ! TU N'AS PAS LE DROIT ! JE TE L'INTERDIS, TU ENTENDS ? JE TE L'INTERDIS !"

Puis elle a éclaté d'un grand rire. J'ai cru qu'elle s'était enfin rendue compte que toute son œuvre, son crime, tous les efforts qu'elle avait fournis depuis le début pour détruire l'amour de Ryô et Mori. Mais non, jusqu'au bout elle a refusé de voir que c'était elle, elle qui était dérisoire.
"Qu'ils sont bêtes ! Regarde, Iona, comme ils sont bêtes ! C'est pitoyable ! Croire qu'ils pourraient s'aimer ! C'est bête, tellement bête ! Si c'est ça, les deux meilleurs de notre promo', où va le monde ? Moi j'étais, là, j'étais la reine ! Je les avais prévenus, ces imbéciles ! J'ai été si aimable avec cette pauvre idiote ! Et lui, et lui ! Pour une bêtise ! J'étais prête à lui pardonner mais regarde-le ! Regarde-les ! C'est pitoyable, tellement pitoyable."

Elle s'est retournée triomphante mais il n'y avait personne d'autre moi qui pleurait sur ma sœur et sur Mori. Iona, sa fidèle Iona qui lui pardonnait tout, qui excusait ses faiblesses par la dureté de leurs parents. Iona qui était toujours là, dans son ombre, Iona qui tentait, tant bien que mal, de croire que sa sœur avait encore une once d'humanité en elle et qu'elle n'était pas qu'une bête assoiffée de pouvoir et de vengeance. Non, Iona était partie. Il n'y avait personne pour acclamer Maggie. Maggie était seule.

"QU'EST-CE QUE TU AS, TOI, À PLEURER ? ILS N'ONT EU QUE CE QU'IL MÉRITAIT, À VOULOIR ME BRAVER, MOI !
- Tu as raison, Maggie. Je ne devrais pas pleurer. Je devrais être eux, parce que, où qu'ils soient, ils doivent sourire. Mais je pleure parce que je suis égoïste et que j'ai l'impression qu'ils m'ont abandonné, seul en bas. Mais au fond, ce n'est pas moi le plus triste. Parce que toi, tu as tout perdu. Tu as toujours été seule mais tu ne le savais pas parce que tu t'étais bâti un château de conte de fées et tu t'étais persuadée que tout était à toi et que le prince charmant finirait forcément par se rendre compte que c'était toi la princesse. Maintenant qu'ils ont tous préféré partir, je ne vois pas comment tu peux continuer de te faire ces illusions. Ton château s'est écroulé et tu t'es réveillée en te rendant enfin compte que tu ne vivais que dans une bicoque misérable et branlante.
- Tais-toi.
- Maggie, ce qui me fais peur c'est que toi, tu ne pleures pas. Pourquoi, Maggie ? Parce que tu as toujours été seule. Tu ne sais pas ce que c'est d'être aimée et d'être triste de perdre un être cher...
- TAIS-TOI ! TAIS-TOI ! IONA, FAIS-LE TAIRE !"

Aujourd'hui, Maggie Stanford est décédée. Je ne sais pas si au dernier instant, elle a enfin compris. Personne ne sait ce qui s'est passé dans la tête de Maggie Stanford. Personne ne l'a jamais su.



Personne ne l'a pleurée, à part Iona. Iona qui avait passé sa vie à être son ombre parce que Maggie ne supportait pas d'en être une. On dit que Iona va devenir Grande Prêtresse à la place de Maggie, maintenant que c'est fini. Elle voulait refuser mais on ne l'a pas laissé faire. Je crois que c'est mieux ainsi. Peut-être que tout est mieux ainsi. Peut-être qu'il n'y avait juste pas assez de place pour l'amour de Ryô et Mori sur cette planète.

Une chose est sûre. Moi, je ne tomberais jamais amoureux. Trop de gens sont partis. Demain, je vais partir pour devenir l'Esprit protecteur d'une fille, Maïa. Je verrais ce que la vie me réserve à ses côtés.

"Tu es sûr de toi ?
- Oui. J'aime Miko. Et je ne comprends pas ce qui est passé par la tête du Kei d'avant. Je trouve que c'est une très belle histoire.
- Tu es bien un Ishigura ! Allez, je suppose que je dois vous donner ma bénédiction ?
- Miko ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je l'ai appelée. À toi de jouer, maintenant."

Elle me regarda et je la regardais. J'en avais vraiment le droit ?

Peut-être pas. Mais des fois, dans la vie, il faut le prendre son droit. C'est une chose que m'a appris une certaine Ryô Ishigura.

Elleay

J'ai dévoré cette magnifique MAJ.
C'est cool que Kei et Miko soit ensemble : ils vont former un couple magnifique...
Dissy éléments est vraiment magnifique cette gamine...

pytisa

pfffiou
j'en ai des frissons, qu'est-ce que j'adore ton univers
Cette mise à jour est juste fabuleuse et parfaite J'ai adoré. Tout.

Edit: bon, je me suis un peu remise de toutes mes émotions; alors je reviens
J'adore ta façon de raconter Dissy. Dissy aimerait vraiment et sincèrement revenir auprès de son père mais toute sa colère reste contenue derrière le "pourquoi" qu'elle ne cesse de chercher et qu'elle pose sans cesse. A chaque fois, elle n'obtient aucune réponse, enfin, si: "essaye de comprendre" "fais ceci fais cela". Mais cela ne fait pas avancer le "pourquoi".
Comment comprendre quand on ne connait pas le pourquoi? C'est tout le paradoxe de l'enfance et du rapport entre adultes et enfants.
J'adore vraiment, c'est tellement vrai, tellement douloureux aussi. On se sent désarmé.

En même temps, lorsque je vois Gavin devant la table d'échec, Dissy lui tend une perche mais il ne parvient pas à la saisir, il aurait peut-être dû insister en changeant de sujet, en tentant de trouver un moyen d'intriguer sa fille... J e ne sais pas, j'ai vraiment l'impression qu'il y avait quelque chose à tenter. Mais je suis confiante, je pense qu'il va finir par trouver un moyen d'apprivoiser Dissy.

J'ai adoré aussi le moment où Kei annonce à Mareva qu'il s'en va. On sent si bien tout le paradoxe et la difficulté que ressent Mareva. Son envie de "lâcher" son esprit et en même temps de le retenir. J'adore ce lien tortueux entre eux, si compliqué à percevoir

Miko ralalala... j'ai eu peur de l'annonce de Kei mais au final, quelle belle histoire que voilà. Je suis tellement tellement heureuse pour eux.
Et tellement heureuse que Kei ait suivi le conseil de sa soeur (oooh mais quelle histoire poignante que cet amour qui n'a malheureusement pas pu survivre à la jalousie d'une puissante - et cet enfant en devenir sacrifié ) d'aimer, toujours aimer, peu importe les risques et le chemin. Ne rien regretter aussi.

Waouh, vraiment j'ai adoré

Luluswan

Pauvre Dissy, elle me fait de la peine, quand même. Elle voudrait aller vers son père, mais n'y arrive pas. J'aimerais tellement qu'ils apprennent à s'aimer, ils le méritent !

Quant à Kei, son histoire est très intéressante, mais si triste ! Au moins, il n'a jamais oublié sa soeur, et c'est elle qui lui a donné la force d'aimer. Contente pour lui et Miko

Kannelia

@Himari74 : quelle MAJ attendrissante
Il faut laisser faire le temps pour Dissy et son père. Ils ont été séparés trop longtemps.
S'apprivoiser l'un et l'autre dans ces circonstances, ne peut être chose aisée pourtant on sent tant d'amour entre eux deux
Son ressentiment à Dissy est compréhensible et normal: on a tellement besoin d'un père quand on est petite fille!
Mais l'amour triomphera comme d'habitude

Quant à Mareva, elle n'a plus qu'à consolider son amour avec Gavin maintenant

Ils sont adorables Miko et Kei: qu'ils profitent donc de la vie....

Bravo pour cette superbe suite je me suis régalée à te lire
Tes captures sont magnifiques!

nicolasB

très belle maj, et le voile du passé de Kei se lève.
allez fini les rancoeurs, fini la guerre, fini les mauvaises tetes, moi je veux plein de guimauve ^^

Himari74

@Elleay Merci beaucoup
Oui, ç'aura été un peu compliqué mais ils vont enfin pouvoir profiter l'un de l'autre... Je les aime beaucoup tous les deux ^^
Quant à Eurydice, elle est super mignonne et j'espère qu'elle le restera ! J'ai hâte de voir sa bouille d'ado

@pytisa Merci, vraiment merci beaucoup. Ça me fait tellement plaisir que mon univers te plaise et que tu sois à ce point dans l'histoire !
La petite Dissy... elle veut juste une réponse à son grand pourquoi. Et oui, le fait qu'on lui demande de comprendre sans connaître la réponse à cette question lui paraît impossible, ce qui est normal. On ne peut pas comprendre quelque chose, si on n'en connaît pas les causes mais uniquement les conséquences, qui sont, en l’occurrence, négatives pour tout le monde : elle en a souffert, sa mère en a souffert et son père lui-même en a souffert.
Peut-être, en effet, qu'il aurait dû essayer de lui parler d'autre chose. Il a été un peu maladroit, sur ce coup-là, Gavin. Mais lui-aussi s'en de son absence. Il aime sa fille mais elle ne le regarde même pas... et ça, ça le blesse énormément.
Oui, la relation entre Esprits et Chasseresses est compliquée. Mareva ne veut pas retenir Kei contre son gré et, quelque part, est contre cette idée d'un Esprit, entravé à celle qu'il protège et trouve injuste de priver un être de sa liberté comme cela. Mais elle reste liée à Kei, de ce lien si difficile à exprimer. Ravie que cette relation te plaise, en tout cas
C'est une fille bien, Miko et ils s'aiment énormément, tous les deux L'histoire de Ryô, je l'avais en tête depuis un moment et je suis contente qu'elle t'ait plu... C'est compliqué, l'amour, en tant qu'Esprit mais c'est encore pire de regretter de n'avoir pas saisi sa chance quand elle se présentait. Ryô aurait été fière de son p'tit frère
Encore merci à toi pour ta lecture et ton com' super gentil et touchant

@Luluswan Oui, Dissy est partagée entre son amour pour son papa et son incompréhension du fait qu'il l'ait quittée, si soudainement, pour ne revenir que bien plus tard... Mais ils finiront bien par se réconcilier, parce que l'amour est plus fort que tout, n'est-ce pas ?
Contente que l'histoire t'ait plu ! Oui, sa sœur lui a apporté beaucoup de choses et c'est tant mieux pour lui et Miko

@Kannelia Merci beaucoup !
La séparation a été une grande souffrance pour eux deux, mais on peut espérer que la blessure finira par se refermer car oui, ils s'aiment
Oui, il s'est passé beaucoup de temps et elle a l'impression qu'il a raté une trop grande partie de son enfance, sans même savoir pourquoi il a agi ainsi. Mais tant qu'il y a de l'amour, il y a de l'espoir, comme on dit et oui, on peut espérer qu'il triomphe
Pour Mareva et Gavin, ils finiront par se reconstruire : ils n'ont jamais cessé de s'aimer, malgré les épreuves
Je les aime beaucoup tous les deux ! Ils vont bien pouvoir profiter, maintenant, en effet
Merci beaucoup à toi !

@nicolasB Merci beaucoup !
Haha ! Pour la guimauve, on verra bien mais il ne faut pas oublier que nos petits Potiron sont maudits Mais bon, c'est vrai qu'un peu de guimauve de temps en temps ne fait jamais du mal... et ça leur ferait effectivement du bien à ces pauvres sims, maltraités par la vilaine Himari...



Chapitre 17 Nous sommes des frères jumeaux...
Gavin
Ces petites têtes blondes... tout comme des anges, bien qu'un peu turbulents. Parfois, je ne pouvais m'empêcher de me demander à quoi ressemblait leur père. Un petit ange, lui-aussi ? À quoi ressemblait un fils d'Aphrodite ? Un p'tit blond, avec un joli sourire, et sans doute plus carré que moi. Fallait pas penser à ça, Gavin. C'était toi qu'elle aimait. Et puis, j'avais pensé que j'aurais du mal avec les enfants d'un autre, que j'aurais du mal à les aimer. Je m'étais trompé. Je les aimais autant que Dissy... Dissy. Me pardonnerait-elle jamais ? Pouvais-je lui dire la véritable raison de mon départ ? Elle devrait bien savoir, un jour, pour ses frères. Peut-être qu'il valait mieux qu'elle l'apprit par moi, plutôt que par d'autres personnes.
"Hey Gav', pourquoi t'as pas la même couleur de peau que tes deux parents ? Ma maman elle dit qu'ils t'ont adopté !
- C'est pas vrai d'abord ! Ma maman, c'est ma vraie maman et mon papa, c'est mon vrai papa.
- Ma maman c'est pas une menteuse ! Et si elle a dit que t'étais adopté, ben tu l'es ! "
Non, il valait mieux que ce soit moi qui lui dise. Ce n'était pas vraiment agréable de s'entendre dire par des inconnus que la famille qu'on avait toujours connue, eh bien, ce n'était pas vraiment sa famille, biologiquement parlant. J'étais bien placé pour le savoir.

"Dissy ?"
Évidemment, comme je pouvais m'en douter, elle ne tourna même pas la tête en reconnaissant ma voix. Je m'efforçai de garder le sourire malgré tout.
"Ça s'est bien passé à l'école ?"
Toujours aucune réponse.
"Tu as fini tes devoirs ? Parce que si oui, on pourrait faire une petite partie d'échecs, juste tous les deux ! J'ai bien envie de voir ce que tu donnes, maintenant ! Tu sais, moi-aussi, quand j'étais pas dans mes bouquins, je quittais pas ma table d'échecs, petit ! Je voulais faire astronaute, à cette époque."
J'avais enfin réussi à lui faire tourner la tête. Au moins, elle ne m'ignorait plus, c'était déjà un début.

"Astronaute ?, lança-t-elle timidement.
- Oui, astronaute. Mais j'ai renoncé en devenant ado. Niveau condition physique, ça serait pas passé. Et puis c'est là que j'ai commencé à écrire et je me suis dit que ce serait génial si je pouvais faire ça toute ma vie."
Elle soupira. Elle avait l'air si adulte, ma petite Dissy... Et je ne l'avais pas vue grandir...
"Pourquoi t'es parti, papa ? Pourquoi ? Maman elle t'aimait, moi je t'aimais, toi tu l'aimais et puis il y avait les jumeaux. Pourquoi tu l'as laissée toute seule pour s'occuper de nous trois ? Pourquoi ? Je comprends pas, moi. Tu étais si malheureux, avec nous ?
- Non, je n'étais pas malheureux. J'étais le plus heureux des hommes avec mes deux princesses.
- Alors pourquoi ?"

"Tu promets d'être une grande fille ?
- J'en suis une, papa.
- D'accord. Tu as raison. Les jumeaux, tes frères, eh bien... Ce n'est pas moi leur papa."


Eurydice
Je m'étais parfois demandée : pourquoi les cheveux blonds, hein ? Pourquoi les jumeaux étaient-ils les seuls à avoir des cheveux couleur citron ? Mais je n'avais jamais pensé que peut-être, mon papa n'était pas le papa de mes frères. J'avais déjà entendu parler de gens dont les parents s'étaient fâchés et qui, désormais, vivaient avec une autre personne et les enfants avaient alors des frères et des sœurs qui n'étaient pas exactement leurs frères et leurs sœurs. Mais j'aurais jamais pensé que ma maman aurait pu faire une chose pareille à mon papa. Ils s'aimaient tellement, tous les deux...
"Dissy, ça va ?
- Pourquoi elle t'a fait ça, maman ?
- Ce n'était pas de sa faute. J'ai mis du temps à le comprendre mais finalement, je suis revenu. Il ne faut pas en vouloir à ta mère. Est-ce que tu connais un peu la mythologie grecque ?
- Oui, bien sûr.
- Eh bien les dieux dont on parle, ils existent vraiment. Tu as déjà entendu parler des Chasseresses ?
- Les servantes d'Artémis, je crois ?
- C'est ça. Elles ne devaient pas avoir d'enfant, tu sais ? Et bien la maman de ta maman, ta mamie, quoi, elle, elle a eu un enfant : ta maman. Et alors, les dieux se sont mis en colère contre ta maman et sa descendance. Ils l'ont maudite. Et ils veulent à tout prix empêcher ta maman et un de tes frères plus tard, d'avoir des enfants jusqu'à la dixième génération. Mais ils ne peuvent pas agir directement, alors ils envoient leur propres enfants, des demis-dieux. Ils ont envoyé un fils d'Aphrodite à ta mère pour briser notre couple. Je crois qu'ils voulaient l'empêcher d'avoir d'autres enfants avec moi puisque tu n'étais pas l'héritière désignée. Mais au final, c'est eux qui y ont perdu puisque ta mère est tombée enceinte des jumeaux et que l'un d'eux sera l'héritier.
- C'est... compliqué."
Je ne m'imaginais pas que ma famille cachait tous ces secrets.
"Tu l'as dit. Moi-même, je m'y perds un peu quand j'y réfléchis.
- Papa... Je t'aime.
- Moi-aussi, ma chérie. Et je te promets que je ne partirais plus jamais."

"Bon, on la fait, cette partie d'échecs ?"
Je souris jusqu'aux oreilles. Il m'avait beaucoup manqué, mon papa.

Je pus voir que mon entraînement avait porté ses fruits, même si c'était une des premières fois que je jouais face à quelqu'un d'autre. Je le battis à plate couture. Mais il ne se fâcha pas, au contraire. Il m'ébouriffa les cheveux, l'air très fier et très heureux.
"Tu sais que tu es devenue très intelligente, toi ?"

Puis il me mit au lit. C'était chouette d'avoir un papa.

Aujourd'hui, c'était l'anniversaire de maman et des deux jumeaux. Alors pour une fois, c'était papa qui cuisinait, pendant que maman essayait de gérer, tant bien que mal, les jumeaux, et surtout Achille.

Ash était un sacré monstre, il fallait le dire. Avec moi, il était tout doux, il voulait pleins de câlins, au moins autant qu'Hector. Mais le reste du temps, il trouvait toujours une nouvelle idée de bêtises.

"Aaaash ! Combien de fois faut-il te répéter d'arrêter de balancer tout et n'importe quoi dans la jardin ? La peinture, c'est toxique et je ne suis pas sûre que les plantes apprécient ! Rentre maintenant.
- J'veux pas !"
Oui, c'était ses mots préférés.

"Ash... Maman, elle dit que c'est pas propre de mettre ses mains dans les toilettes.
- Je sais et j'm'en fiche"

Après avoir forcé la petite tête de mule à prendre un bon bain, on put enfin fêter tous les anniversaires.

D'abord maman.

Elle était toujours toute jolie ma maman. Je regardais mon papa qui chantait -très faux d'ailleurs- "Joayeuuux zanniversaiiiiiireu !". J'étais contente de les voir tous les deux.

Puis ce fut au tour des deux plus jeunes. Hector d'abord.

Puis Achille.

Ils étaient beaux mes frères, après un petit relooking. Même si je n'étais pas sûre que maman approuve totalement ce qu'Achille avait fait à ses cheveux. Justement, elle se pencha vers eux. Leurs yeux. Les yeux d'Hector étaient restés rouges mais ceux d'Achille...



Achille
Mes cheveux, je sais ce qui leur sont arrivés : je déteste cette couleur jaune citron alors j'ai tout décoloré. Mais mes yeux, là, j'y ai rien fait. Ils sont devenus turquoises, brusquement. C'est pas trop grave. J'aime bien cette couleur, c'est classe. Et puis ça permet de me différencier d'Hec'. J'ai pas compris ce que maman s'est exclamé, par contre.
"Gavin, regarde ! Tu crois que ça veut dire que c'est Hector...
- Les embête pas avec ça maintenant", a répondu papa.
Et il nous a demandé d'aller regarder dehors les cadeaux qu'on avait : une échelle horizontale pour moi et un petit théâtre avec des marionnettes pour Hec'. Mais juste comme on sortait, Hector est tombé sur un petit renard roux qui gambadait joyeusement et lui a sauté au cou.

"Regarde, Ash ! Ah... attends, elle parle."
Moi je n'entendais qu'un espèce de piaillement mais Hector, lui, semblait très concentré.
"Elle dit... Elle dit que c'est une femelle et qu'elle s'appelle Natsu. C'est un... un Esprit ? Elle dit qu'elle est liée à moi..."

Il est devenu totalement fou, ou bien ? Pourquoi j'ai l'impression d'être mis à part ? Qu'est-ce qu'il a de plus que moi, Hector ? Pour que maman s'extasie alors que sa couleur d'yeux est juste restée la même ? Pour que cet espèce de renard bizarre lui saute au cou et qu'il comprenne ce qu'il dit ? À moins qu'il invente tout ? Mais ça paraît bizarre... Où irait-il chercher cet histoire d'esprit, de lien...

"T'as l'air tout triste, Ash ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
- Moi rien. C'est Hec' qui perd la boule ! Il croit qu'un renard lui parle.
- Vraiment ? Quoique, avec ce que j'ai appris récemment, c'est pas si bizarre que ça.
- Qu'est-ce que tu as appris récemment.
- Comment battre papa aux échecs ! Et que mes frangins sont les plus mignons du monde ! Qu'est-ce que t'as fichu à tes cheveux ? Et à tes yeux ?
- Les yeux, j'ai rien fait. Et les cheveux, c'est plutôt cool, non ?
- Pas sûre que papa et maman disent la même chose.
- Bah. Ils étaient plus occupés par Hec'. "

Quelques jours plus tard, maman se mariait enfin avec papa. Je croyais qu'ils voulaient faire un grand et beau mariage mais finalement, ils ont laissé tomber. Ils ont juste acheté une jolie arche et se sont mariés devant nous.

C'est nul, les mariages. Ils avaient l'air tout timides, tous les deux. Mais quoi ? Y'avait que nous. Et depuis le temps qu'ils sont ensemble, qu'ils vivent ensemble - même si je me rappelle vaguement que papa était parti un moment puis qu'il est revenu - et puis voilà, c'est un secret pour personne qu'ils s'aiment et qu'ils font crac-crac ensemble. On en est les preuves vivantes, non ?

Et voilà, "pour le meilleur et pour le pire, gniagniagnia...". On a compris. Je veux retourner à mon échelle horizontale.

Confettis lancées... On peut s'barrer maintenant ? Dissy me donne un coup de coude. J'ai dû penser à voix haute.

Mais non, évidemment, c'est jamais fini. Hector s'est exclamé, tout content, qu'il avait prévu un super spectacle en l'honneur de papa et maman. Qui a eu l'idée de lui offrir des marionnettes, sérieux ? Elle sont toutes moches en plus.

Mais bon, évidemment. C'est Hector qui le fait, alors de suite, c'est génial.

Avec l'argent que papa et maman ont gagné, on a pu refaire la cuisine, le salon et notre chambre.




Ouep', c'est toujours la même pièce. On l'a juste customisée à notre manière.


Hector
Je crois qu'Achille n'aime pas trop Natsu. Mais à part lui, elle a été acceptée par tout le monde. Quand j'ai dit à maman ce que Natsu m'avait dit, elle n'a même pas ri. Elle a dit qu'il faudrait qu'on en parle, mais pas tout de suite. Et elle m'a dit que Natsu pouvait rester. Je lui ai dit d'ailleurs.
"Natsu, c'est génial, tu restes à la maison !"
Elle a eu un petit cri, comme pour partager mon enthousiasme et j'ai presque eu l'impression que j'avais rêvé en l'entendant parler et que Natsu n'était rien de plus qu'un renard normal. Mais juste après, elle a ajouté :
"Fais attention, Hector. J'ai pas confiance en ton frangin."

Je trouve ça un peu bête comme avertissement. Ok, c'est Ash le roi des bêtises mais c'est mon frère et il ne ferait pas de mal à une mouche ! Il râle beaucoup mais il a un bon fond. Il suffit de le voir avec Dissy. Je crois que tout le monde adore Dissy. Et je crois que si jamais quelqu'un lui voulait du mal, ce serait compliqué, avec Ash et moi pour la défendre.

"Qu'est-ce qu'elle t'a dit, cette fois, Natsu ?"
C'est Ash. Je sais qu'il se moque de moi mais c'est pas méchant. C'est juste dans sa manière d'être.
"Il était chouette, ton spectacle de marionnettes !", dit Dissy.
Ash aime pas qu'on l'ignore.
"Tu parles !"

Je ne relève pas. Il se lasse au bout d'un moment.
"Merci ! J'essaie d'en faire un autre, maintenant !
- Génial, c'est quoi l'histoire ?
- Top secret !
- Allez, dis !
- Tu parles, il veut pas dire parce que c'est nul."

J'aime bien notre petite famille. On est tous heureux, en ce moment et ça, c'est chouette. Papa et maman travaillent dur mais ils sont amoureux, alors ça va. Et maman est toute contente de sa nouvelle cuisine.

À l'école, ça se passe bien. J'ai pas eu trop de mal à me faire des amis. Même Dissy, qui reste toujours très solitaire, elle s'est fait un copain. Il s'appelle Pierce. Il est très nul pour jouer aux échecs mais ça a pas l'air de le déranger, de se faire battre pas Dissy. Faudrait juste pas qu'il tombe amoureux d'elle parce que, voilà, c'est notre Dissy et j'ai pas envie qu'il lui fasse du mal.

Même Ash s'est fait une amie. C'est Hannah de notre classe. Elle est chouette Hannah. Et Ash, il est pas très doué quand il faut être gentil avec elle. Mais bon, elle l'aime bien alors...

Moi-aussi je l'aime bien Hannah, alors je lui ai montré le spectacle que j'étais en train de monter, en avant-première.


Elle a beaucoup applaudi, à la fin et j'étais plutôt fier de moi.
"C'était génial, Hector !
- Bah merci... Je pourrais t'apprendre, si tu veux et on pourrait monter des spectacles ensemble !
- Ce serait cool !"
Puis après un silence :
"Il est passé où Achille au fait ?
- Sur l'échelle horizontale, là-bas..."
J'avoue que j'étais un peu jaloux. Hannah est gentille et puis, elle est jolie. Et elle a l'air de s'amuser beaucoup plus avec mon frère qu'avec moi.
Quand je suis rentré dans la maison, tonton Kei était là.
"Oh, salut, tonton Kei.
- Salut, bonhomme ! On a bien grandi à ce que je vois ! C'est quoi cet air tout triste ?
- Bah, rien. C'est pas bien grave."

"J'vais au dodo. Bonne nuit tonton.
- Déjà ?
- Y'a école demain...
- C'est vrai. Attends, je vais te coucher. Bonne nuit, Hector !"

Mais la nuit a été un peu agitée. À six heures, je me suis réveillé en sursaut, avec l'horrible impression qu'il était arrivé quelque chose à Natsu pendant la nuit.

Pourtant, elle était là, en pleine forme.
"Tant mieux, tu n'as rien !"
J'ai jeté un coup d'œil au lit, vide, d'Achille.
"Tu sais où il est, mon frère ?
- Il est parti, tôt ce matin.
- Ah oui ?
- Il avait l'air... bizarre.
- Bah, c'était sans doute rien !"

Himari74

Achille
Hannah est... une drôle de fille. En-dehors de Dissy, c'est la seule fille de mon âge à m'adresser la parole de manière totalement naturelle. Les autres, j'ai l'impression qu'ils hésitent entre la peur, le mépris ou un ton amical beaucoup trop forcé pour ne pas cacher l'inverse.
"Ash ! Salut !
- Ah. Salut, Hannah. Hector est à l'intérieur, si tu veux.
- Moi, c'est toi que je cherchais."

C'est la première fois qu'on me dit un truc pareil. Mais comme d'hab', je ne sais que cacher le fait que je suis heureux en râlant.
"Ouais mais il voulait te montrer un truc avec ces marionnettes, je crois.
- Ah oui ? Maintenant ?
- J'crois.
- Et toi, tu voulais rien me montrer ?
- Laisse tomber. C'est pas moi le sociable des deux. J'aime pas les gens alors fiche-moi la paix."
Il lui a montré le truc des marionnettes. Je me suis barré sur l'échelle horizontale au moment où les marionnettes s'embrassent. Tant mieux pour lui s'il aime bien Hannah. Elle aussi elle doit bien l'aimer. Comme tout le monde, d'te façon.

J'ai vaguement espionné ce qu'ils se disaient, je l'admets. Et j'avoue que j'ai été super surpris quand Hannah a demandé où j'étais. Elle avait un problème ou quoi ?
"Salut, Ash !"
Ouais, elle devait avoir un sérieux problème. J'ai grommelé un truc inintelligible et, voyant que je ne comptais ni descendre pour lui parler ni lui proposer de jouer avec moi, elle est montée à son tour à l'échelle. Je m'attendais à ce qu'elle descende après une minute en pleurant pour ses pauvres mains. Mais Hannah était décidément une drôle de fille.

Au bout d'un moment, j'ai cédé et je suis descendu. Elle m'a suivi, un joli sourire aux lèvres. C'est vrai qu'elle est jolie, Hannah. Mais bon, on s'en fiche. C'est une fille et les filles, c'est plus le truc d'Hector que le mien. Alors j'ai testé un truc. Là, si elle continue de sourire et de faire la gentille fille avec moi, c'est qu'elle a un très gros problème.
"On fait la paix ?, j'ai dit en tendant la main.
- Euh... Ok ?"

Et très clairement, elle a un énorme problème parce que, une fois remise de sa surprise, elle a esquissé son sourire habituel.
"Quoi ?
- Quoi : quoi ?
- Tu te casses pas en courant et en pleurant que tu vas appeler ta maman et que jamais de la vie Hector il aurait été aussi méchant ?"
Elle s'est mise à rire.
"Faut que t'arrêtes un peu de te prendre pour le grand méchant de l'histoire !"

Comme je n'ai rien répondu, elle a repris, son sourire ayant disparu.
"Dis, Achille... Est-ce que tu me détestes vraiment ?"
J'ai répondu un peu trop vite :
"Non ! Enfin, je veux dire... T'es bizarre comme fille.
- Bizarre comment ?
- Bien..., j'ai grommelé.
- Bizarre bien ?
- Bizarre bien."

C'est à ce moment-là qu'il s'est passé quelque chose d'étrange. Quelque chose que je ne saurais pas définir. J'étais en train de la regarder et elle me regardait aussi quand j'ai senti un souffle, un peu surnaturel, passer à travers mes yeux. Elle s'est figée brusquement.
"T'as senti ?"
Elle a pas répondu tout de suite puis :
"Tes yeux... Ils sont turquoises.
- Euh ouais et alors ?
- Je croyais qu'ils étaient juste bleus.
- T'es sûre que ça va, Hannah ?"

Je me suis mis à lui donner des petits coups du bout des doigts, pour la taquiner. Son regard fixe me gênait.
"Ben alors ? Youhou, y'a quelqu'un ?
- Arrête Achille. Je crois que je vais devoir y aller."
J'ai été à la fois triste et surpris. Finalement, elle est peut-être pas si différente que ça des autres filles.

Je suis allé me coucher, un peu de vague à l'âme.
"Achille..."
Je me suis réveillé en sursaut. J'avais la certitude que quelqu'un venait de m'appeler, juste à mon oreille. La pièce est vide. Hector et Natsu dorment tous les deux. Je vais me recoucher quand...
"Achille !"
La voix s'est faite plus insistante. Bon sang, Hector doit déteindre sur moi ! Avec sa manie de parler à son renard...
"Achille, viens."
Cette fois, c'est sûr, quelqu'un a parlé. Je sens comme un parfum de femme dans la pièce. Mais ce n'est pas celui de maman.

Je suis la voix et le parfum. Je sors discrètement. Il fait un peu froid dehors. Je vais m'asseoir sur un banc, devant l'eau. Et la voix se fait entendre de nouveau.
"Alors Achille, que dis-tu de mon cadeau ?
- Qui êtes-vous ?
- Dans un certain sens, on peut dire que je suis ta grand-mère... Mais je n'aime pas trop ce mot, pas toi ?
- J'ai pas de grand-mère !
- Si... Mais tu ne le sais pas. Tu vois, mon petit Achille, je te regarde depuis un moment déjà. Elle m'a empêché de te parler mais elle fatigue, dans son armure de fer. Elle n'est pas toute puissante...
- De qui parles-tu ?
- De ton autre grand-mère, celle qui est dans l'armure.
- Dans l'armure ?
- Tu ne t'es jamais dit que tu étais différent, Ash ?
- Mais qui êtes-vous, à la fin ?
- Je te l'ai dit, je suis ta grand-mère. La mère de ton père, pour être plus précise. Je suis la déesse Aphrodite.
- Papa... Papa est le fils d'Aphrodite ?
- Non, pas cet homme. Tu n'es pas son fils. Tu es le fils de mon fils, Jérémy. Tu lui ressembles beaucoup. Mais j'ose espérer que tu réussiras mieux que lui...
- Vous êtes totalement folle ! Je suis le fils de Gavin Richards !
- Vraiment ? En es-tu sûr ?
- M... Même si je ne lui ressemble pas beaucoup, vous n'avez aucune preuve !
- Tes cheveux d'abord. Mais surtout tes yeux. Vois-tu ? Je te les ai donné. En es-tu fier ?
- C'est vous...
- Tu as mon sang dans tes veines. Ton frère a celui d'Artémis. Utilise tes yeux, Ash. Venge-toi de ceux qui t'ont mentis. Pourquoi préfèrent-ils tous ton frère ? Toi, tu restes seul. Personne ne t'aime. Mais moi si, moi je veille sur toi. Montre-leur qu'on ne se moque pas impunément des enfants d'Aphrodite !"

Subitement, la voix s'est tue. Mes yeux ? Mes yeux ont un pouvoir ?

Je rentre doucement. Hector est sous la douche. Je m'approche de Natsu. Elle ne me quitte pas des yeux. Quand je me penche vers elle, son poil s'hérisse et elle sort les crocs. Mais je me contente de la caresser doucement.
"Là, là, n'aies pas peur. Je ne t'ai jamais fait le moindre mal, pas vrai Natsu ?"

Elle reste méfiante mais elle se laisse soulever. Je la fixe des yeux. Et maintenant ? Maintenant, je sens le souffle d'énergie qui passe à travers mes yeux, comme avec Hannah. Mais cette fois, cette fois la réaction est immédiate.

Je sens un instant que la volonté de Natsu disparaît. Je sens la faiblesse. Je sens que j'ai tout pouvoir sur elle. Elle n'est plus qu'un esclave, esclave de mon regard. Je pourrais lui demander n'importe quoi, elle obéirait. Puis l'instant se brise, le renard me griffe et disparaît.
"QU'EST-CE QUE TU AS ESSAYÉ DE ME FAIRE ???"

"Oh oh oh ! Qu'est-ce qui s'est passé ? Natsu ?"
Mais ce n'est plus un renard qui me fait face, c'est une fille, de mon âge environ, dont les yeux lancent des éclairs.


Hannah
"Maman, tu m'entends ?
- Oui. Alors ?
- Alors tu avais raison. Ils ont un Esprit protecteur : Natsu, je crois, une renarde.
- Lequel des deux ?
- Hector.
- Et l'autre ?
- Il... Non rien.
- Tu me caches quelque chose ?
- Non, je te dis."
Elle m'a cru sur ce coup-là. Mais elle finira bien par découvrir la vérité un jour. Et si elle sait qu'Achille est l'enfant d'Aphrodite dont parlait l'oracle...
"J'pourrais pas toujours te protéger, Ash.", je souffle, bien qu'il n'y ait personne pour m'entendre.