Aujourd'hui pourtant, je ne vous retrouve pas (encore) pour une mise à jour. Mon dernier chapitre remonte à plus de trois mois mais ma vie IRL a été assez chargée (pas en mal, rassurez-vous) et j'ai eu du mal à trouver le temps de poster quoi que ce soit. Maintenant que les choses se calment de mon côté, sachez qu'Orchestra Vampirica va bientôt faire sa rentrée pour l'acte V (mieux vaut tard que jamais ). En attendant le prochain chapitre qui devrait arriver sous peu, j'ai pris la liberté de vous faire un récapitulatif des événements importants afin de vous remettre dans le bain Je le mets dans une mise à jour séparée car ça n'aurait jamais logé dans le prochain chapitre
(@oiseaudelune et @Elinoee : je répondrai à vos commentaires lors de la prochaine publication )
Dans les actes et chapitres précédents...
– Tu dois te préparer à cette éventualité. Tes enfants également. Vous aurez un rôle à jouer.
– Que veux-tu dire par là ? As-tu… vu quelque chose ?
– La réponse m’est parvenue en rêve cette nuit. Un jour viendra où Radamès reviendra sous un autre nom. Lorsque ce jour viendra, il cherchera à récupérer son enveloppe charnelle. Toi et moi connaissons son niveau en magie noire et crois-moi : peu lui importeront les dommages collatéraux pour parvenir à ses fins. Alors, de l’union de l’héritière Cents et d’un prince de grande lignée naîtra l’être qui mettra fin au plus grand mal de ce monde.
[***]
« Notre liaison m’a appris à penser à moi et à mes besoins. C’était une grande première, pour moi, qui me pliais toujours en quatre pour entrer dans le moule de mes parents. J’étais enfin heureuse et c’était parti pour durer. Paul me promettait déjà monts et merveilles à Tartosa une fois que sa femme et lui auraient divorcé. Comme tu peux le deviner, cela n’a pas duré.
« Comme je l’ai appris à mes dépens ce soir-là, les Nicholson vivaient toujours sous le même toit et n’avaient jamais été en instance de divorce. C’est donc tout naturellement que Mme Nicholson m’a chassée de chez elle, déterminée à mettre les choses au clair avec son époux infidèle.
[***]
Un vol à main armé. Telle était l’explication fournie.
Cependant, Aneliese était sortie sans rien sur elle. Au vu de sa tenue, qui aurait pu avoir l’idée de la détrousser ? Quelque chose n’était pas logique.
Grâce au journal intime d’Aneliese, j’en avais appris plus sur les circonstances qui l’avaient conduite à quitter l’appartement. Il semblerait qu’elle ait tenu à me rattraper avant que je n’aille casser la figure du critique.
[***]
– J’ai juste besoin d’argent, Chat. J’ai utilisé mes derniers simflouz dans les transports pour venir ici mais il va falloir que je reparte et plus loin, cette fois.
– Où ça ? Et pour combien de temps ?
– Aucune idée. Alors, tu… tu acceptes ?
J’ai effectivement accepté.
[***]
– Vous vous trouvez dans le Corridor et j’en suis la Sentinelle. C’est moi qui accueille les âmes venues ici pour passer de l’autre côté ou, comme l’a habilement nommé Méphistophélès, dans l’Après.
– J’imagine que je viens de la porte noire et que je dois me rendre derrière la blanche, mais qu’en est-il des autres ? Quelque chose me dit qu’il n’y a qu’une destination possible, non ?
– Les portes latérales peuvent avoir une fonction de passerelle entre les différents avenirs que vous auriez pu avoir. Ce sont des actes manqués, si vous préférez. Certaines personnes, en arrivant ici, éprouvent le désir de contempler ce qu’aurait été leur vie dans d’autres circonstances. Ne vous êtes vous jamais demandé l’avenir d’une Charlotte Fox qui se serait pliée à la volonté de ses parents en continuant les études de médecine, ce qu’elle serait devenue si son professeur avait quitté son épouse pour vivre avec elle ou encore si elle eût vécu davantage en choisissant de ne pas se rendre à Forgotten Hollow pour retrouver une amie d’enfance ?
[***]
– La seule raison pour laquelle tu demeures encore parmi nous est parce que ton urne est toujours connectée ici bas. Or, il existe une manière très simple de rompre la connexion d’un esprit avec le monde physique.
– Si c’est une menace, rétorqua Charlotte d’un air qui avait toutefois perdu un peu d’assurance, elle ne m’atteindra pas. Mon urne…
– ...t’attend sagement chez Vladislaus ? À ta place, j’en douterais fortement. Je suis allée la subtiliser peu de temps après ton retour. Je comptais m’en servir pour chercher à te ramener ultérieurement, mais il semblerait que ce soit un moyen de pression très efficace.
[***]
– J’ai bien compris que tu n’avais initialement pas souhaité un tel dénouement dans cette affaire du laboratoire, mais la moindre des choses est que tu paies pour tes actes.
– Et je le ferai, maman, répondit la cambionne. Et quand ma peine d’hibernation s’achèvera, j’irai voir Charlotte pour... lui demander pardon.
Enfin, le cercueil laissa échapper des volutes de fumée. Aïda était déjà en hibernation. Edith se sentit étrangement mal à l’aise à l’idée de la laisser dans cet endroit lugubre, mais il n’y avait pas d’autre alternative.
Ainsi, la vampire se dirigea vers la sortie sans un regard en arrière. À bientôt, ma fille.
[***]
– Tami’ ! s’exclama soudainement Odile en abandonnant complètement ses poupées au profit de son frère. Peux aller dans la po’te rouZe ?
– Euh… hésita Tamino.
– Bien sûr que tu peux ! répondit Carmen avec assurance. Et même que je t’y rejoindrai pour jouer, ça te plairait ?
– Ouiiii !
– Qu’est-ce qu’elle a avec les portes ? demanda Tamino à mi-voix alors que la bambine était partie débattre avec le Nounoursferatu.
– Aucune idée, murmura Carmen. Maman m’a dit qu’elle était un peu bizarre mais que ça allait lui passer en grandissant.
[***]
– Depuis dix-sept ans, les Nibelung usurpent l’identité d’une famille depuis longtemps disparue. Ils utilisent une technologie de Sixam pour se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas grâce à des déguisements de vampires. Ce sont en réalités deux extraterrestres !
– Maintenant, Wotan.
Je savais qu’Erda et Wotan avaient eu Edith et Siegfried ; ils n’allaient pas tarder à mettre également la main sur Odile qui dormait dans la pièce voisine et je ne pouvais pas prendre le risque d’aller la chercher. Je suis alors directement montée jusqu’à la chambre des enfants. Tamino et Carmen s’y étaient réfugiés à l’arrivée de Vladislaus et je comptais les faire quitter la chapelle avant que nos assaillants n’aient eu le temps de fouiller les autres étages.
– Tamino ! Carmen !
C’était le bibliothécaire de la place Clairdelune. J’ignore ce qu’il faisait sur la place principale – probablement avait-il accompagné Vladislaus – mais en l’état, sa présence m’était providentielle.
– Emmenez-les, s’il vous plaît. Protégez-les !
– Non ! Ulrike, que fais-tu ? Viens !
– Venez, les enfants, suivez-moi.
Du coin de l’œil, j’ai observé le bibliothécaire s’enfuir avec les enfants. Wotan Nibelung a tenté de leur courir après, mais je me suis interposée.
[***]
Orpheus avait alors avoué à Charlotte que quelques jours avant la plongée spectrale, il avait envoyé une candidature à l’université de Sunset Valley. Il avait reçu une réponse positive mais n’avait jusqu’à présent pas eu le déclic pour accepter. Les récents événements avaient toutefois changé la donne.
– C’est beaucoup trop précipité, s’était opposée Charlotte. Non seulement c’est à l’étranger, mais en plus tu vas arriver en cours d’année, comment veux-tu suivre ? Sans compter le fait de devoir cacher ton vampirisme à tes camarades, c’est trop dange…
– C’est mon problème, avait poliment coupé le jeune homme. Je ne t’ai pas dit ça pour te demander ton autorisation. Tu en as fait beaucoup pour moi, Charlotte, et je ne pourrai jamais assez te remercier. Mais je sens qu’il faut que je parte, comme lorsque nous avons quitté la Fledermaus ensemble. C’est simplement pour une affaire de trois ans. Je veux découvrir à quoi ressemble le monde normal. Ne t’inquiète pas pour moi, je saurai me cacher aux yeux des autres. Et je reviendrai vous voir toutes les deux de temps à autres.
Charlotte n’avait pas pu le retenir et inévitablement, Orpheus était parti dès le surlendemain. Ce n’est qu’après que l’état de mamie Lagrise s’est aggravé mais la Brindletonienne n’avait pu se résoudre à faire revenir le cambion pour lui demander son aide. Il avait besoin de s’éloigner de cette vie et elle se devait de respecter son choix.
[***]
– Elle est pas là ma maman ?
– Bah non, là c’est chez la mienne, pas la tienne.
Odile pleura de plus belle.
Le petit garçon s’approcha d’elle et la prit dans ses bras.
– Elle est peut-être dehors, ta maman, non ? Tu peux aller voir.
– Ibrahim ? appela une voix froide. Arrête de parler tout seul et viens ici, s’il te plaît, c’est l’heure de ton bain.
Ce devait être la maman du petit garçon. Odile n’aimait pas du tout le ton qu’elle avait employé. Cette maman n’avait pas l’air gentille du tout.
Cet endroit n’était en effet pas sa maison, mais le jardin ressemblait un peu au sien. La vue qu’elle avait de l’autre côté de la barrière était la même que celle qu’elle pouvait avoir quand elle allait jouer dehors avec sa maman. C’était bizarre.
– Qui est cette petite, Lilith ?
– Je ne sais pas, Caleb, mais elle sort d’en face. Elle ne lui ressemble pas, je ne pense pas que ce soit sa fille. […] Peut-être qu’elle s’est simplement perdue. Je ne pouvais pas la laisser dehors. Ses parents viendront bientôt la chercher et j’en profiterai pour leur dire deux mots sur leur manière de surveiller leur fille, surtout à Forgotten Hollow !
La dame reporta son attention sur Odile.
– En attendant, petite, lui dit-elle, nous allons nous occuper un peu de toi. Quel est ton parfum de glace préféré ?
[***]
– Que faites-vous ici, Robertson ?
– Je… ma maîtresse m’a envoyé chercher quelque chose, hésita Jacob.
– Ne me mentez pas, s’emporta le comte. À l’heure actuelle, tout Forgotten Hollow est au courant de ce qui est arrivé à mademoiselle Faust. Maintenant que votre chère maîtresse n’est plus parmi nous, vous cherchiez probablement de quoi vous permettre une belle vie loin d’ici ? Les rats quittent le navire, à ce que je vois…
– Je dis la vérité ! insista le jeune vampire. Avant sa disparition, elle m’avait demandé de surveiller…
– Et cette clé, dans votre main, coupa Vladislaus, qu’ouvre-t-elle ?
Jacob ouvrit la bouche pour répondre mais fut interrompu par un cliquetis métallique provenant de l’étage supérieur. Quelqu’un était entré dans l’appartement. Malheureusement pour Vladislaus, le disciple d’Edith profita de la distraction pour prendre ses jambes à son cou.
[***]
Cher Yamato,
Merci pour ton message sur Blic-Bloc Online. Je sais que tu me l’as écrit il y a deux ans, mais je n’avais pas d’ordinateur, ici, alors je n’ai jamais pu l’ouvrir. […] Comment tu vas, depuis le temps ? Personne ne sait où tu peux être mais tout le monde pense que tu es avec ta mère et mon père. C’est vrai ? Et est-ce que papa va bien ?
J’attends ta réponse.
À bientôt,
Brunehilde.
Brunehilde,
Je suis content de lire ton mail ! J’avais fini par croire que tu n’irais plus jamais sur Blic-Bloc Online mais si tu n’avais plus d’ordinateur je comprends mieux.
Je ne sais pas non plus où je suis. Tout est vraiment bizarre, ici. Il y a bien ma mère et ton père mais lui, je ne le vois pas beaucoup. Maman et lui travaillent tout le temps.
C’est surtout Kirali Noctis qui nous fait les cours. Oui, je ne suis pas tout seul, moi : tu te souviens de mon copain Siegfried ? Il est là aussi mais on n’a pas compris pourquoi. Il n’est pas extraterrestre. Moi non plus, bien sûr, mais ma mère l’est alors c’est plus logique.
Il cherche sa mère mais à chaque fois qu’il pose la question, on lui répond qu’elle est malade et qu’en attendant, ce sont les Noctis qui doivent s’occuper de lui. Mais Siegfried n’est pas très sage et se dispute souvent avec eux. Après, il est puni et doit passer ses soirées dans sa chambre sans parler à personne. Elle n’est pas très grande, d’ailleurs, et les Noctis la ferment à clé, quand il se met en colère.
J’espère qu’on pourra continuer de s’écrire. Kirali me surveille très souvent quand je suis sur l’ordinateur, alors il faudra que je fasse attention. Donne-moi de tes nouvelles et je répondrai quand je pourrai. En attendant, je pense qu’il vaut mieux que nos mères ne soient pas au courant...
À plus,
Yamato.
[***]
– À la mort d’Alexei, Yaritza s’est enfuie mais il semblerait qu’Alexei et elle aient eu le temps de concevoir un enfant. Vladislaus lui a reconnu aussi bien les traits de son fils que ceux de la Furie Écarlate.
– Les enfants d’Edith Faust sont des hybrides à moitié humains. Méphistophélès se débarrassera de cette mauvaise graine en apprenant ce que nous avons à lui offrir. Mon père n’ayant pas réussi à accomplir cet objectif, je me suis proposé à ma mère pour poursuivre cette mission en concevant le nombre initial d’enfants, tous des vampires pure souche.
– Au risque de vous décevoir, jeune homme, vous êtes bien loin du compte : mademoiselle Faust a déjà eu tous ses enfants. Méphistophélès n’attendra pas la conception de la suite de votre progéniture.
La dénommée Romy éclata d’un rire cristallin avant de prendre pour la première fois la parole :
– La suite ? Je crois bien, cher ancêtre, que de nous tous, vous êtes le plus loin du compte. Les combats ont eu lieu depuis des années et j’en suis la grande gagnante. Vous avez raison sur un point : Méphistophélès fera au plus rapide. Qui pensez-vous donc qu’il privilégiera : mon père s’offrant à lui en ayant déjà terminé le travail ou Edith Faust, laquelle est à l’heure actuelle prisonnière des Sixamiens et dont les enfants, en plus d’être à présent éparpillés partout, sauf ici, n’ont même pas tous l’âge requis pour combattre ?
[***]
– Rory m’aide beaucoup, bien sûr. Elle me dit qu’Odette et moi devons nous apprivoiser mutuellement. J’ai également sollicité l’aide d’une medium pour y voir plus clair.
– Vraiment ? Qu’a-t-elle dit ?
– Peu de choses concernant l’éducation de ma fille, mais elle a senti une aura mystique autour d’elle. Vous vous souvenez certainement que Lilith et moi avons des ancêtres medium ?
– Bien sûr. J’ai même vu l’un d’eux, lors de ma plongée spectrale dans l’urne de Méphistophélès.
– Lilith et moi pensions qu’au fil des générations, le don avait fini par s’estomper. Il semblerait qu’il ait ressurgi avec Odette. La medium essaiera d’approfondir ses capacités d’ici quelques années.
[***]
Rapide comme l’éclair, le fils de Yaritza dégaina une fiole ouverte et la renversa en plein sur le visage du comte.
– Vous n’êtes que des lâches, parvint-il à articuler alors que ses forces l’abandonnaient.
– Disons plutôt que nous sommes prêts à tout pour obtenir ce que nous désirons. Romy, conduis notre invité dans les cellules, je te prie. Un humain n’a rien à faire en liberté chez nous.
[***]
Ulrike avait obtenu des résultats encourageant auprès des disciples d’Edith, désormais menés par Tina Tinker. Ils ne seraient cependant pas tous de la partie car certains, trop effrayés à l’idée d’affronter des extraterrestres, avaient préféré décliner. D’autres étaient même allés jusqu’à fuir Forgotten Hollow, comme l’avait fait Jacob Robertson.
– Nous ignorons où il est allé mais la dernière fois que nous l’avons vu, il revenait de la Fledermaus, quelques temps après l’attaque. Apparemment, il est seulement revenu prendre quelques affaires au logement de la place Clairdelune mais d’après Diego Lobo, lorsqu’il a quitté le hameau, il était accompagné par une silhouette encapuchonnée. Nous ignorons encore de qui il s’agissait.
[***]
– Qui êtes-vous ? osa-t-elle demander, galvanisée par la nécessité de protéger Brunehilde.
– Charlotte Fox, n’est-ce pas ?
Charlotte ne prit pas la peine de répondre. Non contents de la connaître, ces individus la cherchaient et avaient fait le déplacement exprès pour la voir. Son regard fut toutefois attiré vers la femme aux cheveux châtains. Elle l’avait déjà vue quelque part… Au bout de quelques secondes de silence, elle se souvint du tableau de famille au-dessus de l’âtre du manoir Straud.
– Je me nomme Inna Cents, finit par se présenter la femme en question. Voici Lucian Bloodvein et Elvira Nightwood. Nous appartenons tous les trois à l’assemblée des grands maîtres vampires. Le comte Straud nous a récemment écrit et nous avons appris son sort avant d’avoir eu le temps de lui répondre. Pouvons-nous entrer ? Il me semble que nous avons beaucoup de choses à nous dire.
[***]
Le vieux carnet de Malvina était toujours où Charlotte l’avait laissé. Personne ne l’avait ouvert. Il y avait après tout eu ces derniers temps des priorités plus importantes que le témoignage d’une vieille dame. Cependant, la Brindletonienne avait désormais un peu de temps devant elle. Brunehilde jouait sur son ordinateur et Lilith et Ulrike entretenaient le potager. L’occasion était trop belle pour ne pas en profiter...
Ainsi donc, ma fille, si tu lis un jour ces lignes, sache que ton prénom te vient de la personne la plus généreuse que j’aie pu rencontrer. Je te souhaite de tout cœur d’être heureuse. Sois la bienvenue dans ce monde, ma jolie Ulrike Faust.
Il est alors passé aux menaces : soit je lui obéissais, soit il s’en prenait à mes enfants. Mais je ne sais que trop bien comment fonctionnent ses pactes. Il ne peut me contraindre à quoi que ce soit. Je dois accepter ses termes par ma propre volonté. Alors, comprenant que rien ne me ferait céder à son caprice, il a franchi le point de non-retour : puisque ma famille est ce qui me rend heureuse, il l’anéantira jusqu’au dernier membre si je ne la quitte pas. Ma seule manière d’épargner ce sort à Adler et aux enfants est de partir sans jamais revenir.
Je viens de la voir. Elle est arrivée ici, à Forgotten Hollow. Je m’en veux de ne pas l’avoir surveillée davantage. Par quelle ironie du sort a-t-elle trouvé le chemin de la ville de ses ancêtres ?
Les photos de classe d’Edith et le registre des anciens élèves de son école m’ont été très utiles. J’ai découvert l’existence d’une jeune femme de son âge. Une certaine Charlotte Fox. Elles étaient meilleures amies. Peut-être même le sont-elles encore aujourd’hui. Il paraît que Fox a longtemps mené l’enquête pour retrouver Edith. Sans succès, de toute évidence, mais son acharnement force l’admiration. D’autres qu’elle auraient lâché l’éponge bien avant.
J’aimerais qu’elle rencontre mon père afin qu’il lui explique lui-même la partie sur le vampirisme. Or, il n’est lui-même pas au courant de mes manœuvres. S’il l’était, il me faudrait lui dire pourquoi je déploie tant d’efforts pour Edith Faust et avouer qui elle est réellement pour nous. Je doute fort qu’il apprécierait savoir qu’en la transformant, c’est sa propre descendance qu’il a précipitée vers les sales pattes de Méphistophélès.
Si quelqu’un peut lui permettre de préserver une petite partie de son humanité, c’est bien [mademoiselle Fox]. Et si Edith conserve son humanité, nous aurons du temps supplémentaire pour réfléchir à un plan pour anéantir l’ectoplasme pour de bon. Je place le destin du monde occulte entre vos mains, Charlotte. Bonne chance à vous.
[***]
– Lucian et Elvira poursuivent régulièrement leurs recherches sur les lois vampiriques et en ont trouvé une très intéressante. Avant Cordélia, il se trouve qu’il était possible à un grand maître de « réclamer » à un autre grand maître un humain qui lui était attribué. Il fallait une bonne raison, bien sûr. Cette raison, c’était le mariage. La loi a fini par se perdre au fil des siècles mais n’a concrètement jamais été abolie.
– Ainsi, comprit Charlotte, il serait légalement possible de soustraire Vladislaus de la Fledermaus à condition de… l’épouser ?
– À vrai dire, répondit fièrement Inna, nous sommes toujours mariés, lui et moi. Tout ce que j’ai à faire est de me rendre à la chapelle et exiger le retour de mon époux. Quand il s’agit de réclamer un humain à un vampire dirigeant, il y a bien sûr des limites. Il y a fort à parier que Yaritza et Stanislav nous interdirons de le retransformer en vampire, mais il sera au moins en sécurité. C’est là notre objectif à court terme.
C’est ainsi que, sans nous concerter, Inna Cents a renoncé au vampirisme, devenant à son tour humaine. Ce que Vladislaus n’avait pas compris était pourtant clair depuis le début : la seule raison pour laquelle Inna s’est transformée en vampire en premier lieu était pour rester aux côtés de son âme sœur. Elle-même n’a jamais cherché l’immortalité ou la puissance. Tout ce qui lui importait était de vivre dans une famille heureuse en dépit de la supposée damnation vampirique.
La même nuit, Vladislaus et Inna ont quitté le manoir. Comme personne ne s’attendait à un tel retournement de situation, ils ont pu quitter le hameau sans aucune difficulté. Le lendemain, nous avions compris. Nous savions qu’il n’était plus qu’une question de temps avant que Yaritza ne l’apprenne et ordonne leur exécution, aussi sommes-nous partis à leur recherche.
Lorsqu’ils nous ont vus entrer dans leur chambre, ils ont tout de suite compris. Cette situation n’aurait pas pu durer éternellement, de toute manière. Tôt ou tard, les Istines les auraient retrouvés et plus l’attente aurait duré, pires auraient été leurs souffrances. Notre rôle était simplement d’apporter à Vladislaus et Inna une fin plus douce que celle qu’ils auraient connue.
[***]
Depuis la révélation de l’ascendance d’Ulrike aux grands maîtres, ces derniers lui fournissaient une formation intensive. Les grands maîtres voyaient probablement en la tante d’Edith une solution contre l’autorité de Stanislav. Après tout, l’ancienne gouvernante de la Fledermaus était, tout comme lui, une héritière potentielle de Vladislaus Straud. Elvira et Lucian devaient sans soute la préparer à un affrontement décisif pour l’avenir du monde vampirique.
Comme la Brindletonienne l’avait supposé, l’entraînement de la vampire avait bel et bien un objectif précis.
– D’un point de vue légitime, lui confia Ulrike, Stanislav passe avant moi car contrairement à lui, je ne suis pas née vampire. Mais d’après Elvira, j’ai le droit de le défier pour revendiquer l’héritage de… notre grand-père.
– Elvira se doute-t-elle seulement que vous n’avez que très peu de chance face à votre cousin ?
– C’est pourquoi nous allons patienter quelques années avant d’ouvrir les hostilités, répondit la vampire. Je pars terminer ma formation vampirique à Moonlight Falls. Elvira en est la dirigeante. Elle pourra faire croire à Yaritza qu’elle y a des affaires urgentes à régler. Cela justifiera son absence.
@oiseaudelune Eh oui, un nouveau livre s'ouvre et ce dès maintenant !
Vladislaus et Inna étaient effectivement choupis, je partage ton avis Je ne pouvais pas ne pas leur accorder un peu de tranquillité, même si celle-ci reste un peu douce-amère car je ne pouvais pas non plus faire en sorte que tout soit tout rose pour eux ! Mais au moins, on a bon espoir pour que même dépourvus de passé, ils auront un bel avenir
Un challenge dans un challenge, pas vraiment ! Plutôt une proposition de challenge Je ne compte pas le réaliser dans cette histoire. Considère que les "acteurs" de Vladislaus et Inna ont quitté la série
@Elinoee Je préparais cette révélation depuis le début de l'histoire mais j'avoue que c'est dur de laisser des traces par ci par là sans éveiller les soupçons Pour tout te dire j'ai pratiquement* tout tourné dans l'ordre chronologique, donc le challenge Maudit Héritage (c'est là le nom du challenge, pour répondre à ta question ) a été joué et réussi bien avant que je ne joue avec Edith pour la première fois !
*pratiquement seulement car il y a quelques exceptions, je l'avoue. Ainsi, pour la petite anecdote, la toute dernière scène de l'épilogue de l'histoire est déjà tournée car il se trouve que c'est carrément... la toute première que j'ai jouée ! J'ai hâte de vous la montrer. On n'y est pas encore mais mine de rien, plus les chapitres avancent, plus on s'en rapproche !
Comme tu dis, sacrée histoire de famille ! Quant à tes soupçons sur Méphistophélès à l'origine de tous les décès, sache qu'il est très vexé, lui qui, d'après ses dires, est "pourtant si adorable"
Tout comme toi, je trouve que Vlad et Inna sont parfaits ensemble. Je devais les faire partir comme ils méritaient de partir et j'avoue que la manière dont j'ai conclu leur histoire me satisfait beaucoup
Pour le challenge Place du Marché, comme je disais à oiseaudelune, ce n'est heureusement pas au programme Peut-être que je me pencherai sur le sujet sur une sauvegarde à part quand l'histoire sera finie mais là, nous allons nous reconcentrer sur les Faust
@myomao Merci beaucoup pour ton enthousiasme Finalement ce n'était pas le week-end dernier mais comme je publie un samedi, ça reste un peu pareil... Non ?
Revoici enfin le retour d'Orchestra Vampirica ! 🎉 Mes personnages et mon histoire m'ont beaucoup manqué ces derniers mois. Ceci dit je ne les ai pas laissés de côté pendant tout ce temps non plus car j'ai toujours des chapitres et des screens d'avance (et j'ai presque fini l'acte V ). Un grand merci à vous pour votre patience et pour continuer de suivre les aventures d'Edith et Charlotte
Sur ce, c'est parti avec un petit chapitre pour vous remettre dans le bain ! Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 60 : Correspondances secrètes ---
Odile adorait Perséphone. Elle l’avait rencontrée un an plus tôt, alors qu’elle se promenait sur la place principale de Forgotten Hollow. Bien sûr, Caleb et Lilith l’avaient déconseillée d’approcher la chienne, mais en dépit de son apparence, celle-ci se montrait toujours très douce avec elle.
– Je pense que c’est parce que tu es avec nous, expliqua Ibrahim. Elle voit que l’on s’amuse bien alors elle t’invite à jouer aussi avec elle.
– J’aimerais qu’elle soit toujours avec nous, confessa Odile. Si seulement les chiens vampires existaient. Ta mère la transformerait sûrement.
Il y eut un moment de silence embarrassant. La mère d’Ibrahim, la redoutable Comtesse, était justement la raison pour laquelle Caleb et Lilith cherchaient à éloigner Odile de Perséphone : la chienne était celle de la Comtesse.
Bien sûr, les Vatore désapprouvaient également les autres fréquentations d’Odile. Seulement, à part Ibrahim et sa fratrie, il n’y avait aucun enfant de son âge, à Forgotten Hollow. Avec qui aurait-elle joué, sans eux ? Ibrahim avait été son premier ami. Il avait huit ans. Les jumeaux Joachim et Myriam, qui jouaient à présent à leur tour avec Perséphone, en avaient sept. Le même âge qu’Odile.
– Toujours avec ton amoureuse, Ibrahim ?
– Arrête tes bêtises, Rachel, s’emporta l’aîné.
Ibrahim avait rougi jusqu’aux oreilles mais Odile avait trouvé la taquinerie très amusante. Du haut de ses six ans, Rachel était la plus jeune des enfants de la Comtesse. C’était la première fois qu’Odile la rencontrait.
Les enfants passèrent ainsi le reste de la soirée à jouer et plaisanter sur ce promontoire qui, à n’en point douter, allait devenir leur point de rassemblement privilégié au cours des années à venir.
Odile en profita même pour essayer l’appareil photo qu’elle avait eu pour son anniversaire.
– Les enfants, lança une voix sèche. Je sais que vous êtes là haut. Vous avez dépassé l’heure du couvre-feu, dépêchez-vous.
En un éclair, Odile se cacha dans les fourrés tandis qu’Ibrahim et les autres rejoignirent leur mère.
– Pouvez-vous m’expliquer les raisons de votre retard ? interrogea la comtesse d’un ton glacial.
– Pardonnez-nous, mère, risqua Ibrahim. Nous n’avons pas vu l’heure.
– Je passe l’éponge pour cette fois mais que je ne vous y reprenne plus. Vous pourriez croiser des loups-garous. Rentrons, à présent.
[…]
Odile avait attendu que la Comtesse et ses enfants furent retournés à la Chapelle Blanche pour sortir de sa cachette et regagner la maison. La fillette se doutait bien que son absence avait été remarquée mais elle tenta malgré tout de feindre l’innocence en pianotant vainement sur le clavier de l’orgue du salon.
– Comptes-tu nous prendre pour des idiots encore longtemps ? s’amusa Lilith en entrant dans la pièce. Je sais très bien où tu étais.
– C’était juste en face, répondit candidement Odile. Tout va bien.
– Que veux-tu dire par « en face » ? Tu n’es quand même pas entrée chez la Comtesse ?
– Bien sûr que non ! Elle fait beaucoup trop peur pour ça ! On était sur le promontoire, avec Ibrahim et les autres. Il m’a présenté sa petite sœur Rachel, aujourd’hui. Elle a un an de moins que moi.
– Encore une ? s’étonna l’aînée des Vatore. Combien sont-ils, à présent ? Quatre ?
– En fait, ils sont six, corrigea Odile. Enfin sept si on compte Lucretia, mais elle ne vit pas à la chapelle. Il y a encore une petite sœur que je n’ai pas rencontrée car elle a quatre ans et la Comtesse a eu un nouveau bébé il y a quelques semaines. Un garçon, cette fois.
– Voilà donc pourquoi elle n’est pas sortie de son manoir ces derniers mois, comprit Caleb qui venait à son tour de faire irruption. Quant à toi, jeune fille, ne crois-tu pas qu’il serait l’heure d’aller te coucher ?
– D’accord, soupira l’intéressée. Mais seulement si tu viens me border !
Caleb accepta de bon cœur et accompagna sa protégée jusqu’à sa chambre. Une fois arrivée, Odile ne put tenir davantage sa langue :
– Tu sais Caleb, tout à l’heure j’ai entendu la Comtesse dire à Ibrahim qu’il y avait des loups-garous, dans le coin.
– Elle lui a dit cela pour rire, assura le cadet des Vatore.
– Je ne sais pas trop si elle est capable de rire… Mais pour lui faire peur, c’est possible ! Enfin j’espère. Ça n’existe pas, hein ?
– J’aimerais te dire le contraire, ma puce, mais je ne peux pas non plus te mentir. Les loups-garous existent mais ils habitent loin d’ici.
– Alors c’est tout comme dans les livres ? Ils se battent contre les vampires et tout ?
– Nos deux espèces ne s’entendent pas, c’est vrai, concéda Caleb. Mais dans tous les cas, sois sure d’une chose : tu ne verras jamais le moindre loup à Forgotten Hollow. Ils n’ont aucun intérêt à venir ici.
Un peu rassurée, Odile accepta de se glisser sous les draps. Conformément à sa promesse, Caleb la borda.
– Mais si jamais ça arrivait, laissa échapper la fillette, comment est-ce que…
– Si cela arrivait, répondit patiemment Caleb, tu n’as aucune inquiétude à avoir. Lilith et moi te protégerons. Nous avons fait du bon travail l’année dernière, contre le monstre sous le lit, non ?
– Oui, c’est vrai. Bonne nuit, Caleb.
[...]
18/01/430 :
Cher Yamato,
J’espère que tu vas bien. Ici, les choses n’ont pas beaucoup bougé depuis le mois dernier. Maman et Charlotte continuent leurs recherches pour vous retrouver mais il n’y a pas le moindre indice. Es-tu vraiment sûr de ne pas savoir quoi que ce soit ?
Ulrike et Elvira sont revenues quelques jours, la semaine dernière. Elles voulaient nous donner quelques nouvelles. Charlotte trouve qu’Ulrike progresse lentement dans sa formation, mais il faut dire que contrairement à la mère de Siegfried, le développement de ses pouvoirs n’est pas accéléré par la magie d’un fantôme maléfique. Lucian est confiant. Pour lui, Ulrike finira par devenir une grande maîtresse. Il faut dire qu’elle est la petite-fille de Vladislaus Straud !
Ne crois-tu pas qu’il serait temps de prévenir les adultes de nos échanges ? Peut-être qu’ils pourraient nous aider ?
Brunehilde.
15/02/430 :
Brunehilde,
Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Si tu prévenais ta mère et les autres, tout le monde finirait par venir ici et s’en prendrait à ma mère et à ton père.
Pour moi, la meilleure solution est de faire en sorte que l’on puisse s’échapper. Surtout Siegfried. Il supporte de moins en moins l’enfermement et les Noctis le surveillent très étroitement.
Ici, je n’ai pas de fenêtre. Je pense que nous sommes en sous-sol. Siegfried et moi continuons les cours mais nous y apprenons des choses étranges. Dans le programme scolaire, il est dit que les vampires sont des êtres dangereux qui doivent être strictement contrôlés. Apparemment, ce ne serait pas le cas pour toi, moi et les Noctis car nous avons également du sang sixamien.
Mais Siegfried n’apprécie pas du tout d’être toujours comparé à une espèce inférieure. Il répond souvent à Kirali, notre enseignante. Selon lui, sa mère est plus forte qu’eux tous réunis.
Seulement, c’est difficilement prouvable en ce moment. Edith est en hibernation forcée et n’est réveillée qu’une fois par an dans une pièce pleine d’ail juste pour permettre à Siegfried de la voir une petite heure. Mais ce petit manège ne pourra pas durer indéfiniment : pour l’instant, nous avons dix ans, mais plus nous grandissons, plus nous devenons nous-mêmes sensibles à l’ail. Il arrivera un moment où Siegfried ne pourra plus du tout voir Edith. Peut-être qu’ils le feront hiberner, lui aussi. Je ne suis pas sûr de comprendre ce qu’ils ont prévu pour lui.
Fais attention à toi,
Yamato.
30/06/430 :
Bonjour Yamato,
Nous avons eu une nouvelle visite, aujourd’hui, et Charlotte était très contente : il s’agissait d’Orpheus, le frère de Siegfried.
Lui, en revanche, n’était pas très joyeux et pour cause : il a appris la mort de Malvina (avec qui il était très proche) cinq ans en retard, mais aussi l’attaque de la chapelle de sa mère. Ceci dit, c’est un peu de sa faute car il avait demandé à Charlotte de ne pas le contacter jusqu’à nouvel ordre.
Orpheus est donc revenu de son échange scolaire à Sunset Valley où il a validé un diplôme. Quand il a enfin appris tout ce qu’il avait raté en cinq ans, il a voulu se rendre chez les Istines pour se venger mais Charlotte a réussi à le retenir. Il veut donc repartir pour un nouveau cursus universitaire, cette fois-ci à Foxbury. Comme il est un vampire, il peut facilement passer pour un étudiant tout juste sorti du lycée. Personne ne devrait lui poser de questions.
Pourras-tu en parler à Siegfried ? Je pense que cela lui ferait plaisir d’avoir des nouvelles de son frère.
Brunehilde.
01/07/430 :
Salut Brunehilde, c’est Siegfried.
J’ai appris par Yamato que tu avais vu mon frère ? Est-ce que je peux te demander de lui donner un message pour moi ?
Avant-hier, j’ai entendu ta tante discuter avec des gens. Ils avaient l’air bizarres et c’est normal : ce sont des chasseurs de vampires !
Yamato et moi allons bien, et ces lamas de Noctis aussi. Personne ne s’en est pris à nous. En fait, j’ai écouté leur conversation et il y a quelques temps, ta tante et ton père ont demandé aux chasseurs de retrouver la trace de mes frères et sœurs. Et apparemment, ils en ont trouvé deux à Selvadorada !
Je crois qu’ils parlaient de Tam’ et Carmen. Il faut vite que tu préviennes Orpheus sinon Tam’ et Carmen vont se fa
08/09/430 :
Siegfried,
Désolée du retard, ma mère a voulu m’emmener en vacances pour nous changer les idées et je n’avais pas mon ordinateur avec moi !
Je n’ai pas reçu la fin de ton message mais je pense avoir compris ce que tu voulais dire. Seulement, Orpheus a dû repartir pendant mes vacances car quand nous sommes revenues à Henford-on-Bagley, il n’était plus là. Je vais essayer de le contacter. Je te tiens au courant !
01/03/431 :
Yamato et Siegfried,
J’espère que vous allez bien, tous les deux. Je n’ai plus de vos nouvelles, je m’inquiète un peu.
Siegfried, j’ai réussi à parler à Orpheus. Il m’a dit qu’il partait dès que possible pour Selvadorada. Il ne sait pas où chercher, par contre, car seul Vladislaus savait où se trouvaient exactement Tamino et Carmen. En plus, Selvadorada est un endroit très ensoleillé donc ce n’est pas idéal pour lui. Je crois qu’il va demander de l’aide à un camarade de dortoir, ils pourront se relayer dans leurs recherches. Seulement, ils ne pourront pas partir avant cet été car il leur faut assez d’argent pour l’avion. De votre côté, faites attention au retour des chasseurs. Orpheus pense qu’ils ne feront que capturer Tamino et Carmen alors s’ils se retrouvent avec vous, nous réfléchirons à un autre plan pour tous vous récupérer.
Prenez soin de vous,
Brunehilde.
13/08/431 :
Yamato,
Peux-tu me répondre au plus vite ? Cela fait plus d’un an que je n’ai plus de nouvelles et je commence à m’inquiéter.
Je suis à deux doigts d’en parler aux adultes, mais Orpheus m’a demandé de lui faire confiance.
Il est parti à Selvadorada il y a presque deux mois. J’ai parfois de ses nouvelles mais il semblerait que Tamino et Carmen ne soient pas dans la partie la plus touristique du pays. J’espère qu’il arrivera à les retrouver malgré tout.
Comme d’habitude, les recherches sont ici au point mort vous concernant. La nouvelle ambassadrice occulte de Sixam a été plusieurs fois invitée à Forgotten Hollow mais Lucian et Elvira n’ont jamais eu de réponse. C’est dommage car elle aurait pu ordonner de vous retrouver très facilement.
Je surveillerai mes messages en espérant que tu finisses par y répondre. Ne tarde pas trop,
Brunehilde.
À suivre...
Bonus :
Durant le laps de temps qu'il y a eu entre les deux actes, Caleb et Rory ont eu un petit Rémus, faisant un petit frère à Odette (et Odile) !
Et voici l'anniversaire des jumelles ! Odette souffles ses bougies dans les bras de Caleb tandis qu'Odile souffle les siennes dans les bras... de Caleb !
Quel plaisir de retrouver ton histoire!
Je suis inquiète pour Siegfried, qui est en de bien mauvaises mains...ainsi que pour Edith, du coup! Que c'est cruel de ne la réveiller qu'une fois par an dans une pièce remplie d'ail
Tamino et Carmen sont eux aussi en danger...
Odile a l'air de s'être bien adaptée dans son "monde parallèle" (?) Je suis bien curieuse de lire la suite de ses aventures avec les enfants de la comtesse ainsi que Caleb et Lilith v2 !
Wow! Enfin! Je m'en ennuyais tellement, c'est fou!
D'abord merci pour le recap, j'aurais été perdu sinon. Même si parfois, je me perds un peu quand même. Avec tous ces enfants éparpillés de partout, c'est parfois dur de s'y retrouver! En plus des univers parallèles! Mais c'est si passionnant. Mon dieu! Odile et Odète, je me demande ce qui leur arriver, si elles vont se retrouver. Se rendre compte qu'elles ont été élevé par Caleb toutes les deux, mais pas le même. Wow.... Et c'est qui cette drôle de maîtresse hyper méchante dans ce monde parallèle? Je me le demande bien. Serait-ce Édith?
Hum... Vraiment, c'est génial de voir les enfants s'écrire.
Je me demande... le petit blondinet s'est fait prendre en plein délit... ouf... que va-t-il lui arriver?
@Elinoee Merci plaisir partagé, ça me manquait beaucoup !
Le sort réservé à Edith est en effet plutôt sévère, mais du point de vue des Nibelung, c'est amplement mérité malheureusement Siegfried se retrouve emparqué dans cette histoire alors qu'il n'a rien fait ! Un curieux sens de la justices, ces extraterrestres
Héhéhé, ça me fait plaisir d'avoir attisé ta curiosité pour tout se qui se trame autour d'Odile
Il est vrai que maintenant, l'histoire est allée bien au-delà des limites de Forgotten Hollow En fait j'ai réalisé que cette sauvegarde m'a donné la possibilité d'aller plus loin qu'un VDC et carrément tester une grande partie des extensions (et pourtant je fais un Step By Step de mon côté avec une autre famille, mais je ne suis qu'aux premières générations, haha).
L'idée que chacune des jumelles ait techniquement été élevée par leur père, mais pas le même m'a beaucoup plu, moi aussi
Je vois que tu as déjà ta petite théorie concernant l'identité de la Comtesse ! Nous verrons si tu as juste plus tard
Après un petit chapitre tranquille pour la reprise la semaine dernière, en voici un avec un peu plus d'action et d'avancée dans l'intrigue Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 61 : Pueblo del Sol ---
L’été passé à Selvadorada avait finalement été des plus infructueux. Orpheus n’avait pas pris en compte l’impact du soleil ravageur du pays sur sa peau vampirique. Les semaines s’étaient écoulées à une vitesse folle et lorsque l’heure lui fut venue de rentrer à Britechester pour la rentrée des classes, le cambion n’avait trouvé ni Tamino, ni Carmen.
Durant le voyage, Orpheus n’avait aucunement fait mention de l’aspect « mission de sauvetage » du voyage à Isaac Ben-Ami, son colocataire. Le jeune homme avait prétexté à ce dernier vouloir changer d’air au milieu de la jungle omiscaine tout en laissant penser que son frère et sa sœur y étaient installés par réel choix et non par volonté d’échapper à des extra-terrestres vengeurs cherchant à capturer les enfants de leur ennemie vampire.
Lorsqu’il fût devenu évident qu’il ne retrouverait pas Tamino et Carmen au cours de ce séjour, Orpheus avait dû faire semblant de ne pas s’inquiéter et faire la fête avec Isaac et leurs amis d’Université venus les rejoindre au bout d’un mois.
Depuis son retour de Sunset Valley un diplôme de biologie en poche, Orpheus s’était inscrit à l’institut Foxbury dans un cursus de physique. Il vivait dans une grande maison dont les propriétaires, Daisy et Dino Fiore, louaient l’étage à cinq étudiants tout en vivant eux-mêmes au rez-de-chaussée.
Les Fiore étaient un couple de personnes âgées très sympathiques laissant également à leurs locataires étudiants un accès libre à leur sous-sol, lequel était un lieu idéal pour accueillir des camarades de promotion pour faire la fête. Orpheus avait en outre eu la liberté d’installer une station de robotique afin de s’exercer avec des matériaux « empruntés » à l’Institut Foxbury.
En cette veille du jour des récoltes, cependant, le temps n’était ni à la fête, ni au bricolage de matériaux robotiques. Orpheus s’affairait dans sa chambre, prêt à empaqueter tout ce qui lui serait nécessaire pour son deuxième voyage à Selvadorada : des vêtements de rechange aux provisions de plasmafruits en passant par les ingrédients nécessaires à la préparation du cocktail inverse-lumière, tout entra sans cérémonie dans sa valise.
Lorsqu’il boucla enfin cette dernière, des coups retentirent contre sa porte d’entrée.
– Tout est prêt pour moi, lui annonça Isaac. On peut partir.
– Parfait. Désolé de t’embarquer dans cette histoire une fois de plus.
– Ne t’en fais pas, grâce à toi, je vais cartonner pour ma dissertation sur les trésors omiscains !
Contrairement aux autres locataires de la maison des Fiore, Isaac Ben-Ami n’était pas étudiant de l’Institut Foxbury. Il suivait un cursus d’histoire à l’Université de Britechester. La rivalité entre les deux écoles ne se faisait heureusement pas ressentir au quotidien dans la maison, celle-ci étant après tout située en terrain neutre. En l’état, le fait qu’Isaac suivît une telle formation arrangeait fortement Orpheus : le jeune homme s’y connaissait beaucoup plus que lui sur Selvadorada et la culture locale. Par ailleurs, le cambion s’entendait très bien avec lui. Isaac pouvait parfois se montrer obtus et taciturne, mais il était authentique et Orpheus appréciait cela chez lui – parmi d’autres choses un peu moins facilement avouables –.
Ce fut dans une ambiance agréable qu’Orpheus et Isaac arrivèrent au bout de quelques jours de voyage dans leur location selvadorienne. Le cambion comptait bien faire de ce second séjour une expérience concluante, aussi se rendit-il au bar El Arbol del Jaguar une fois le soleil couché.
Mener une telle enquête n’était pas chose facile : Orpheus n’ayant pas de photo de Tamino et Carmen, il devait décrire son frère et sa sœur de manière plus qu’approximative à des selvadoriens qui le scrutaient avec méfiance. Le jeune homme ne pouvait leur en vouloir. D’un point de vue extérieur, il devait en effet sembler louche.
– Ah, te voilà, je te cherchais partout !
À la surprise d’Orpheus, Isaac s’était joint à l’escapade au bar. L’apprenti archéologue s’installa au comptoir et commanda deux Espuma Agria.
– Tu m’en diras des nouvelles ! s’exclama Isaac en invitant son colocataire à se servir. Je pensais que tu m’aurais proposé de t’accompagner. Nous sommes à peine arrivés que tu fuis déjà ma présence ?
– Pas du tout, répliqua Orpheus d’un air gauche. Ça me fait plaisir que tu sois venu.
– Alors où est le problème ?
Le cambion eut un instant de réflexion. Il n’avait évidemment jamais abordé son passé familial à ses colocataires et ne tenait pas spécialement à l’ébruiter. Pour autant, laisser penser à Isaac qu’il l’évitait le dérangeait curieusement. Pour faire bonne mesure, Orpheus vida son verre. Il avait pris sa décision.
– Écoute, Isaac, je ne t’ai pas tout dit. Mon frère et ma sœur ne sont pas vraiment ici par plaisir. Ils se cachent.
Le cambion pesait ses mots. Hors de question d’aborder le vampirisme. Mieux valait revenir aux fondamentaux et inventer une histoire cousue de fil blanc.
– De quoi se cachent-ils ? s’intéressa Isaac.
– De qui, plutôt. Nous ne le savons pas vraiment mais ce qui est sûr, c’est que ma mère a des ennemis et Tam’ et Carmen ont été envoyés ici pour leur sécurité.
– C’est si grave que ça ? Ta mère est une sorte de marraine de la mafia ?
– Euh… Oui, si on veut.
Isaac n’insista pas mais Orpheus comprit malgré tout que son acolyte n’était pas dupe et se doutait qu’une partie de la vérité lui était volontairement occultée. Le cambion lui était reconnaissant de ne pas compliquer les choses.
– S’ils sont plus en sécurité ici que chez vous, pourquoi tiens-tu à les recontacter ?
– Parce qu’il se pourrait que quelqu’un soit sur leurs traces au moment où l’on parle. Selvadorada n’est plus un endroit sûr pour eux. J’ai essayé de les retrouver cet été mais c’est plus compliqué que prévu. Sans compter qu’ils ont dû changer depuis la dernière fois que je les ai vus.
À son tour, Isaac acheva son Espuma Agria en silence. Orpheus se sentait fébrile. Au fil de son récit, il s’était aperçu que l’avis de l’apprenti archéologue lui importait plus qu’escompté. Cela faisait après tout longtemps qu’il ne s’était pas autant confié à quelqu’un.
– J’imagine qu’en dehors de ta volonté de les protéger, finit par demander Isaac, tu as hâte de les revoir.
– Pour être honnête je crois que j’ai un peu le trac. Nous ne nous sommes pas vraiment quittés de la meilleure des manières. J’ai fugué quelques années avant leur exil et ils m’en veulent certainement encore.
– Pour ça, je peux compatir ! Je sais ce que c’est que d’être la déception de sa famille.
Orpheus se sentit quelque peu honteux. Lui-même connaissait les rapports tumultueux que son ami entretenait encore avec ses parents concernant ses choix de vie. Ce dernier s’était déjà confié à lui il y a longtemps. Le cambion éprouvait à présent une certaine culpabilité à ne pas lui rendre la pareille. Isaac pouvait-il penser qu’Orpheus ne lui accordât pas la même confiance ?
– Isaac, tenta Orpheus...
– Tu n’es pas obligé, coupa le jeune homme qui avait visiblement compris ce qui tracassait son colocataire. Je ne t’en veux pas, tu as le droit de garder certains détails pour toi. Mais n’oublie pas que tu peux compter sur moi.
Orpheus sentit une vague de chaleur gagner sa poitrine. Son verre d’Espuma Agria, vide depuis plusieurs minutes, n’y était pour rien.
– Quoi qu’il en soit, reprit Isaac comme si de rien n’était, je t’ai vu interroger ces gens. Tu n’y arriveras jamais si tu es aussi bizarre. Essaie d’avoir l’air un peu plus à l’aise avec les selvadoriens.
Sur ces mots, l’apprenti archéologue se leva, ignorant superbement le regard interrogateur d’Orpheus.
– Essaie déjà de te fondre dans la masse en intégrant leurs coutumes. Connais-tu la simrumba ?
Instant immersion :
Je n'ai pas pu m'empêcher d'écrire et tourner cette scène en musique Je vous partage donc celle que j'ai "utilisée"
Joignant le geste à la parole, Isaac se laissa porter par la musique qui retentissait dans le bar. Orpheus le trouvait très doué.
– Ne me laisse pas me ridiculiser tout seul ! Joins-toi à moi !
– Tu ne te ridiculises pas du tout ! C’est si je m’y mets que tu te couvriras de ridicule.
– Allons, détends-toi le plumbob, t’amuser un peu ne t’empêchera pas de retrouver ton frère et ta sœur le moment venu.
Orpheus finit alors par se laisser convaincre. D’abord peu assuré dans ses mouvements, le cambion se contenta en premier lieu d’imiter ceux d’Isaac.
Il finit cependant par réaliser que la simrumba n’était pas si compliquée à danser, pour peu que l’on se laissât guider par le rythme de la musique.
– Tu vois ? Tu t’en sors comme un chef !
Orpheus en doutait fortement mais le compliment lui fit très plaisir. Les recherches attendraient le lendemain. Pour une fois, il comptait bien lâcher du lest le temps d’une soirée.
[…]
Force était de constater que les conseils d’Isaac avaient porté leurs fruits. En cherchant à s’intégrer aux selvadoriens, Orpheus gagnait plus forcément leur confiance, tant et si bien qu’après quelques jours, un villageois lui avait indiqué la direction d’une vieille place un peu plus haut dans la zone touristique : le Pueblo del Sol.
D’après ce que pouvait en voir le cambion, le lieu mêlait à la fois commerces et habitations. L’ensemble coloré lui paraissait très chaleureux.
– D’après cet homme, interrogea Isaac, ton frère et ta sœur habitent ici… C’est un peu étrange, non ?
– J’aurais aussi pensé qu’ils chercheraient à éviter les zones trop peuplées, mais leur accompagnateur a dû penser que c’était précisément au milieu de la foule qu’ils passeraient le plus inaperçus.
Orpheus occultait volontairement sa propre théorie sur la question, à savoir qu’un petit village comme celui-ci pouvait également être un garde-manger efficace. Le cambion tenta de chasser cette pensée. Il espérait vivement que Tamino et Carmen ne s’étaient jamais livrés à des actes trop barbares avec les humains.
Après s’être arrêtés à plusieurs reprises pour admirer la palette de couleurs qui s’offraient à eux, Orpheus et Isaac parvinrent devant la maison indiquée par leur interlocuteur de la veille. Selon lui, c’était derrière cette porte qu’avaient élu domicile, quelques années auparavant, un mystérieux homme aux yeux violets et deux adolescents qui ne lui ressemblaient pas. Le cambion demeura incertain devant le seuil. Quel accueil allait-il recevoir ? Il n’y avait qu’une seule manière d’en avoir le cœur net, aussi se décida-t-il à frapper.
Il ne fallut pas longtemps pour qu’un homme vienne leur ouvrir. Ses yeux correspondaient à la description donnée par le villageois. Orpheus devina aussitôt qu’il s’agissait d’un vampire.
– Bonjour, se présenta-t-il. Je m’appelle Orpheus Faust et…
– Le frère de Carmen et Tamino ? Entrez, je vous en prie.
Le cambion ne s’était pas attendu à être accepté aussi rapidement, mais l’occasion était trop bonne. Rapidement imité par Isaac, il suivit l’homme jusqu’à un salon pittoresque.
– Je suis Sanjay Kamdar. Vous et moi ne nous connaissons pas mais je viens de Forgotten Hollow, comme vous. Je travaillais à la bibliothèque de la place Clairdelune, où j’ai rencontré votre sœur et votre frère.
– C’est donc avec vous qu’ils ont pu s’enfuir lorsque la chap…
Orpheus ravala son dernier mot. Il avait presque oublié la présence d’Isaac et il était peu probable que ce dernier trouvât normal de vivre dans une chapelle.
– Lorsque ma famille a été attaquée, se rattrapa-t-il. Merci d’avoir veillé sur eux durant les six dernières années. Où sont-ils ?
– Je ne dirais pas avoir « veillé sur eux » aussi longtemps, vous savez. Voilà bien trois ans que notre cohabitation est plus amicale que protectionniste. Ils sont désormais majeurs, après tout. Quant à votre question, ils sont à la chapelle du village. Quelqu’un leur a donné rendez-vous.
Le cœur d’Orpheus manqua un battement.
– Vraiment ? paniqua-t-il. Qui est ce quelqu’un ?
– Ils ont reçu un courrier ce matin leur demandant de se rendre seuls à la chapelle. J’ai bien essayé de les en dissuader ou de les accompagner en secret. Seulement, vous connaissez Carmen : quand votre sœur a une idée derrière la tête, il est impossible de la faire changer d’a…
– Il faut qu’on file, coupa Orpheus. Vous et moi. Nous devons aller à cette chapelle. Isaac, reste ici.
Bien sûr, il était hors de question pour l’apprenti archéologue de rester derrière. Orpheus n’avait hélas pas le temps d’en discuter, aussi se laissa-t-il suivre par Isaac jusqu’à la chapelle du Pueblo del Sol.
Arrivé sur place, cependant, il lui fit comprendre d’un air catégorique qu’il devrait l’attendre devant la porte.
– Tu es déjà trop mêlé à cette histoire, ce qui va suivre peut être dangereux. Entrons, Sanjay.
Le cœur battant la chamade, le cambion poussa la porte et accéda à l’intérieur d’une chapelle dont la simplicité aurait fait pâlir la très extravagante Fledermaus. D’après la brochure touristique, les villageois se rendaient régulièrement dans ce lieu pour des cérémonies. Cette fois, cependant, il n’y avait presque personne.
Ils étaient bien là, assis au premier rang. Bien qu’ils fussent de dos, Orpheus les reconnut aussitôt. Qu’ils avaient changés. Le cambion s’éclaircit timidement la gorge, attirant l’attention de Tamino.
Celui-ci se leva et, à la vue de son grand frère, se figea momentanément.
– Carmen, souffla-t-il, regarde un peu ça.
Leur sœur obtempéra. Si elle eut la même surprise que Tamino, elle se referma aussitôt, prenant un air froid tout en s’avançant vers Orpheus.
Si celui-ci s’était douté d’une telle réaction, il n’avait pas vu la gifle venir.
– Un revenant, lança la jeune femme d’un ton cassant. Ravie de constater que tu as enfin pu trouver un peu de temps pour penser à nous. Et depuis quand un vampire a-t-il besoin de lunettes ?
Orpheus se retrouva incapable de répondre. Toute la culpabilité qu’il avait ressentie en fuguant de Forgotten Hollow à son adolescence était en train de remonter.
Sanjay s’en douta car il tenta de désamorcer la situation de lui-même.
– Carmen, tenta le bibliothécaire, Orpheus est venu vous…
– Ne commence pas à prendre sa défense, coupa la cambionne en prenant sa forme sombre. Je me fiche bien des raisons qui l’ont poussé à revenir.
Puis, s’adressant à son grand frère :
– Nous n’avons plus besoin de toi. Nous sommes à l’abri des Nibelung, ici, et lorsque Tam’ et moi nous serons entraînés, nous retournerons à la maison pour sauver maman. Retourne donc à tes af…
La diatribe de Carmen se perdit dans les airs. Orpheus n’en tenait plus et avait fini par gratifier sa sœur d’une forte étreinte. Celle-ci fut tellement désarçonnée qu’elle ne se rendit pas compte qu’elle lui rendait l’accolade à son tour.
– Vous m’avez manqué, tous les deux, souffla Orpheus d’un ton ému. Je suis heureux que vous soyez sains et saufs.
– Pas grâce à toi, en tout cas.
Carmen se dégagea doucement de l’étreinte, laissant tout de même comprendre qu’elle en voulait toujours à son aîné.
Tamino en profita pour prendre sa place.
– J’ai toujours su que tu reviendrais, Orpheus. Mais était-ce vraiment la peine de nous envoyer ce courrier ?
– De quoi parles-tu ?
– Ton rendez-vous, répondit Carmen. Puisque tu as emmené Sanjay avec toi, cela signifie que tu savais où nous habitions. Tu aurais pu te présenter directement chez nous.
– Tu aurais voulu que les choses se passent ainsi uniquement pour lui claquer la porte au nez, se moqua gentiment Tamino.
– Vous vous trompez, tous les deux, intervint Orpheus. Cette lettre n’est pas de moi et c’est justement ce que je cherchais à vous…
Les portes de la chapelle s’ouvrirent alors à la volée, faisant sursauter tout le monde. Orpheus laissa échapper un juron : Isaac se trouvait étendu à leurs pieds, visiblement projeté par la vampire qui entrait à présent dans la chapelle d’un air menaçant.
– Voici donc Tamino et Carmen Faust, dit-elle en ignorant superbement Sanjay et Orpheus. J’ai obtenu une superbe prime pour vos deux têtes, c’est pourquoi vous allez me suivre sans faire d’histoire.
Les demi-jumeaux se parèrent de leur forme sombre, visiblement prêts à en découdre. Orpheus appréhendait ce qui allait suivre. Leur vie à Selvadorada ne leur avait certainement pas permis de développer leurs compétences vampiriques. Étaient-ils suffisamment entraînés pour ce combat ?
Sanjay semblait avoir eu le même cheminement de pensée que le cambion car il se rua sur la femme, amorçant un combat contre elle.
Malheureusement, celle-ci se défendait très bien et le bibliothécaire se retrouva très vite hors d’état de nuire. Carmen se précipita à son chevet, visiblement très inquiète.
– Ne rendez pas les choses plus compliquées, reprit l’inconnue. Je possède un poison qui vous affaiblira quelques heures mais si vous ne vous montrez pas dociles, je n’hésiterai pas à utiliser d’autres moyens de pression. J’ai reçu l’ordre de vous ramener vivants mais un accident est si vite arrivé…
– Tu ne crois pas si bien dire.
Surgissant de nulle part, un deuxième inconnu bondit sur la femme. Attaquée par surprise, cette dernière n’eut pas le temps de parer le coup et se retrouva à son tour au sol, inconsciente. Tamino s’agenouilla alors à ses côtés, déclarant aux autres qu’elle était toujours vivante.
Orpheus était complètement perdu. Les événements s’étaient succédé beaucoup trop rapidement. Jetant un coup d’œil en direction de leur sauveur, il constata avec stupeur qu’il le connaissait. Il s’agissait de Jacob Robertson, l’un des musiciens de sa mère et qui était aux dernières nouvelles porté disparu.
– Nous sommes arrivés à temps, soupira Jacob. Comment allez-vous ?
– Par Cordélia, s’écria Orpheus, que faites-vous ici ? Non, attendez, peu importe… Il faut que nous partions d’ici au plus vite. Cette femme a donné rendez-vous à mon frère et ma sœur ici pour les enlever et par-dessus le marché, elle s’en est pris à mon a…
– À vrai dire, répliqua le musicien, elle n’a rien à voir avec le rendez-vous. Elle observe Tamino et Carmen depuis plusieurs mois mais c’est nous qui avons envoyé le courrier.
– Ne te rends pas plus important que tu ne l’as été, Jacob, intervint une voix à la porte. Tu t’es montré formidable aujourd’hui, mais n’oublions pas que je suis celle qui a écrit la lettre.
Orpheus se retourna subitement. Il identifierait cette voix entre mille. C’était bien elle.
Se demandant combien de surprises cette journée s’apprêtait à lui fournir, il observa bouche bée sa grande sœur entrer dans la chapelle et s’approcher du groupe.
– Salut microbe, lui lança Aïda. J’espère que je t’ai manqué.
À suivre...
Bonus :
Voici donc les semi-jumeaux au stade Jeune Adulte
Secret de tournage :
Voyons Orpheus, c'est toi le vampire, alors arrête ton cinéma
Tout d'abord, j'ai adoré suivre Orpheus dans sa vie à l'université. Je comprends que tu veuilles tester tous les pack avec une seule histoire, c'est plus immersif.
Et le beau Isaac... ouh... Je me demande s'ils vont devenir un joli petit couple. Bon, vu les combats à venir, on ne sait rien, hein... hihihi
Non mais! Voir qu'ils se sont cachés dans une ville surpeuplée! J'avoue qu'être proche de sa bouffe, ça a un côté appétissant. hahaha
Les retrouvailles sont touchantes. Bon, la gifle, je ne m'y attendais vraiment pas! Mais pour le câlin, c'était super cute.
Je ne m'attendais pas du tout à voir débarquer le blondinet... je me suis demandée sur le coup c'était qui... et puis... ces bottes noires... je me suis dis... ne me dis pas que... non... pas vrai!
"Salut Microbe."
ARGH! AÏDA!!!! hahaha
J'adore son look. Et, je dois bien l'Avouer, elle m'a manqué un peu. haha
Ses cheveux et son look. J'adore. C'est tellement elle. hihihi
Bon, je me relis et je pense avoir une relation amour/haine avec elle. Il me semble qu'elle n'était pas du tout gentille, mais vraiment pas du tout. hahaha Mais c'est ça qu'on aime chez les vampires, qu'ils soient un peu tordus et qu'ils aient une part d'ombre infranchissable.
Super épisode! Complètement dévoré. Il ne reste plus une seule miette!!! hihi
Erf ! Aïda est de retour ! Alors, a-t-elle changé ou pas ? Comment peux-tu nous laisser sur un tel cliffhanger ?
Je n'ai pas été étonnée par la gifle de Carmen, elle en avait gros quand Orpheus est parti, et avec tout ce qui s'est passé c'est pas étonnant qu'elle réagisse comme ça.
Orpheus traine toujours pour déclarer ses sentiments.. J'espère que ça va bien se passer avec son "coloc"...
Plus qu'a attendre la semaine prochaine pour la suite.
C'est vrai que tu vas bien au-delà du challenge de base et des vampires @Eljisim ! Tu explores les alien, Henford-on-Bagley, l'université, et maintenant Selvadorada avec la petite famille d'Edith
J'ai adoré l'interlude de Simrumba avec Orpheus et Isaac, top! Bizarrement c'est la "Carioca" qui m'est venue en tête au départ, heureusement que tu nous a mis Mano Negra en-dessous
Ils forment un joli couple ces deux-là en tout cas En espérant qu'Isaac se relève de l'attaque de la chasseuse de vampires et qu'il ne soit pas trop choqué par tout ça
Tamino et Carmen ont bien changé...autant l'un semble être une bonne pâte autant l'autre a un caractère bien trempé! Mais je crois me souvenir que c'était déjà le cas lorsqu'ils étaient petits.
Paf, la baffe Mais de chaleureuses retrouvailles juste après, ouf
BIen sûr la cerise sur le gâteau c'est l'arrivée d'Aïda... tu nous gâtes vraiment avec ce premier épisode
J'adore son nouveau look et j'ai vraiment hâte de savoir ce qu'elle a à dire!!
@oiseaudelune Oui, j'avais besoin de découvrir les packs non utilisés (ou très peu) tout en jouant individuellement avec mes cambions histoire de m'attacher davantage à eux afin d'avoir encore plus de rancœur lorsque l'Ordalie sera terminée
Promis, Tam' et Carmen n'ont touché à personne au Pueblo del Sol ! Ils ont carburé aux plasmafruits toute leur adolescence et vie d'adulte la première goutte de plasma que l'un des deux goûtera sera celui de l'autre, malheureusement, règle de l'Ordalie oblige
Mouahahahaha Aïda ne te laisse clairement pas insensible ! Effectivement, elle n'était pas gentille du tout, mais qu'en est-il maintenant ?
@myomao Eh oui, la seule et unique Aïda est de retour, mais est-ce pour nous jouer un mauvais tour ? Rien n'est moins sûr
Tout à fait, depuis la fugue d'Orpheus, Carmen avait accumulé une petite rancœur à son égard car elle a eu l'impression qu'il les abandonnait tous sans le moindre scrupule (il en avait, bien sûr, et elle le savait au moment de leurs adieux, mais au fil du temps, son inconscient a un peu zappé l'information et elle s'est juste concentrée sur le négatif).
Déjà pour qu'Orpheus déclare quoi que ce soit, encore faudrait-il que Jacob s'en sorte !
C'est vrai que tu vas bien au-delà du challenge de base et des vampires @Eljisim ! Tu explores les alien, Henford-on-Bagley, l'université, et maintenant Selvadorada avec la petite famille d'Edith
*voix de la dame de la pub SFR* "Et c'est pas fini !" J'ai d'autres surprises sous la main, certaines dès aujourd'hui !
Ahaha, non en effet, pas de Carioca On croise bien les doigts pour qu'Isaac se relève, oui
Les petits ont en effet bien grandi, mais tu as raison : leurs caractères étaient déjà un peu comme ça, à l'époque
Eh oui, je ne pouvais pas laisser juste une claque comme ça, il fallait un peu de douceur juste après
Aïda te remercie pour son look ! Pour ce qu'elle a à dire, c'est maintenant !
Nous voici aujourd'hui devant le dernier chapitre de l'année ! D'avance, je vous souhaite une bonne fin de 2023 et une très heureuse année 2024 en espérant que vous réussirez tout ce que vous entreprendrez. Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 62 : Retrouvailles ---
L’heure n’était pas encore aux explications. Si Aïda était bel et bien l’émettrice de la missive donnant rendez-vous à Tamino et Carmen, il n’empêchait que ces derniers étaient officiellement ciblés par quelqu’un. Orpheus savait déjà qu’il s’agissait des Nibelung. Combien d’autres chasseurs de têtes avaient bien pu être envoyés ?
Sans plus attendre, tout le monde se dirigea vers la maison des demi-jumeaux. Carmen soutenait un Sanjay encore étourdi tandis qu’Orpheus portait Isaac à bout de bras. Celui-ci ne s’était pas réveillé. Jacob, quant à lui, s’était chargé de la mystérieuse femme. Tamino et Carmen avaient précisé que le logement comprenait un cercueil dans lequel il serait possible de placer la chasseuse en hibernation le temps de réfléchir à un plan.
– Pour l’amour de l’Observateur, ne put s’empêcher Orpheus alors que tout le monde était enfin en sécurité, que fais-tu ici, Aïda ?
– Comme toi, je suppose : je suis venue chercher Tamino et Carmen. Comme nous l’a montré cette rencontre musclée, il n’est pas prudent de rester trop de temps au même endroit. Nous devons partir. Jacob et moi avons un point de chute à Tartosa. Nous y serons en sécurité.
– Attends cinq minutes… Comment peux-tu avoir… Depuis combien de temps es-tu sortie de ton hibernation ?
À cet instant, Jacob et Sanjay descendirent des chambres, rejoignant les quatre aînés de la fratrie Faust.
– La bonne nouvelle, annonça le bibliothécaire, c’est que je connais le poison que cette femme a utilisé contre moi lors de notre affrontement. Il est inoffensif contre les vampires.
– Lors de ta raclée, tu veux dire, s’emporta Carmen en prenant Sanjay dans ses bras. Ne me refais plus jamais ça, c’est compris ?
– Et quelle est la mauvaise nouvelle ? s’enquit Orpheus.
– La chasseuse a également piqué ton ami avant d’entrer dans la chapelle. Je ne vais pas te mentir, il est dans un mauvais état. Bien que je connaisse le poison, je ne sais pas en confectionner l’antidote. Cette femme doit sûrement en connaître le secret mais elle est encore inconsciente.
Orpheus commençait à paniquer.
– Qu’attendons-nous pour la réveiller et l’interroger ? s’exclama-t-il.
Le cambion s’apprêta à monter l’escalier, rapidement imité par Carmen. Celle-ci avait l’air déterminée à laver l’affront subi par Sanjay. Tamino se mit cependant en travers de son chemin. Orpheus lut dans les yeux de son frère une assurance qu’il ne lui avait jamais connue.
– Si cela ne vous ennuie pas, leur dit ce dernier, je vais y aller.
– Ne sois pas ridicule, rétorqua Orpheus, tu vas…
– ...éviter de la réduire en charpie, oui. Vous êtes trop remontés, tous les deux, et je pense vraiment que ce serait mieux que j’y aille à votre place.
Sans attendre de réponse, Tamino s’exécuta, laissant Orpheus et Carmen légèrement penauds.
– Il a changé, constata Orpheus.
– Tu l’aurais remarqué plus rapidement si tu étais resté avec nous, répliqua Carmen d’un ton sec.
La cambionne s’éloigna des escaliers pour s’installer auprès de sa sœur.
– Orpheus a soulevé quelque chose d’important, tout à l’heure. Maman t’avait placée en hibernation. Que fais-tu ici ?
– Pour ça, répondit Aïda, nous pouvons remercier Jacob.
[…]
Depuis que je suis entrée en hibernation, maman appréhendait secrètement une réponse sixamienne à la mort de la technicienne en pollinisation. Elle a tenu à avoir un plan de secours et pour cela, elle avait besoin de quelqu'un qui lui serait loyal. C'est ainsi qu'elle a prévenu un membre de son Orchestre : Jacob.
Maman lui a révélé tout ce qu'elle avait entrepris avec son laboratoire. Elle lui a également fait part de ses craintes concernant ses enfants.
– Je ne comprends pas ce qui vous fait peur, maîtresse.
– Je n'ai pas peur. La peur est un sentiment humain. Disons plutôt que je m'attends à une riposte des extraterrestres. Avant de lâchement m'abandonner en m'enlevant mon fils, Fox m'a mise en garde à ce sujet. Cela me coûte de le dire, mais je pense qu'elle a eu raison de s'en inquiéter. Qui sait de quoi les sixamiens seraient capables.
– D'après vous, ils pourraient s'en prendre à vos enfants ?
– Je ne le permettrai pas. Les quatre derniers sont en sécurité avec moi pour le moment. Orpheus se trouve l'Observateur sait où, mais il devrait passer inaperçu. C'est surtout mon aînée qui me tracasse.
– Aïda ? Soyez certaine qu'elle est en sécurité avec nous.
– Tu es gentil, Jacob. Ce n'est pas un compliment. Tu es aussi naïf. Vous ne ferez pas le poids si une armée venue d'ailleurs frappe un soir à votre porte. Arrange-toi pour la mettre à l'abri lorsque cela arrivera.
Maman faisait confiance en Jacob. Il est l'un de ses premiers disciples, après tout. En guise de paiement pour cette mission, elle lui a proposé un marché. Me protéger revenait à mettre une cible sur la tête de Jacob. Maman en avait bien conscience et a donc tenu à lui proposer un dédommagement.
– Ce dossier contient les informations personnelles sur tous mes disciples, toi inclus. En vous transformant, je vous ai pris vos souvenirs et votre passé.
– Vous avez réussi à recueillir autant d'informations sur nous tous ?
– Tout dépend de ce que j'ai pu apprendre en discutant avec vous avant de vous ôter l'esprit de vie. Je possède également quelques informations sur certains humains que j'ai offerts à Méphistophélès, mais pas pour tous. Dans tous les cas, te concernant, je vois que j'ai noté l'adresse de tes parents, par exemple. Lorsque je t'ai rencontré il y a une vingtaine d'années, ils étaient déjà vieux. Je ne pense pas qu'ils soient toujours parmi nous mais tu serais quand même en mesure de te rendre sur leurs tombes.
Enfin, un jour, ce qui devait arriver arriva : les Nibelung se sont retournés contre notre famille.
Conformément aux instructions, Jacob a attendu que la chapelle soit vide avant de se rendre dans la crypte de maman. Il a récupéré la clé de ma chambre forte, mais a croisé Vladislaus Straud. Heureusement, un bruit a distrait le comte et Jacob a pu échapper aux questions embarrassantes.
Il m'a ensuite libérée et nous avons quitté Forgotten Hollow en me déguisant sommairement.
Dans un premier temps, nous nous sommes rendus à Strangerville, dans la maison d’enfance de Jacob. Il avait retrouvé l’adresse par l’intermédiaire des fichiers de maman. Nous ne sommes cependant pas restés très longtemps : Greta Laurent, la dernière disciple ayant rejoint l’Orchestra Vampirica, est venue nous trouver. Celle-ci n’était alors arrivée à Forgotten Hollow que depuis un an.
Nous avons passé quelques temps tous les trois à Strangerville. N’en déplaise à Jacob, c’est un coin assez perdu où il n’y a rien à faire.
Nous nous sommes occupés comme nous le pouvions. Vous avez certainement entendu parler de ce scandale militaire et scientifique qui a eu lieu il y a quelques années là-bas ?
[…]
– Bien sûr, répondit Orpheus. C’est un jeune complotiste qui a résolu le mystère ! Le maire de Strangerville l’a récompensé avec les honneurs en grandes pompes.
– Erwin n’aurait rien réussi sans moi, répliqua Aïda. Enfin… sans nous, je suppose. Nous l’avons laissé briller seul histoire de ne pas attirer la lumière sur nous. Nous ne devions pas nous faire remarquer, à la base.
[…]
Une fois le mystère de Strangerville résolu, nous avons envisagé de quitter la ville. Il nous fallait un autre point de chute, aussi me suis-je penchée sur l’opportunité qu’apportait la présence de Greta.
– Voudrais-tu retrouver ta famille ?
– Je n’en ai plus aucun souvenir, mademoiselle Aïda.
– Tu n’as pas disparu depuis si longtemps. Personne ne remarquera que tu as arrêté de vieillir. Et puis comme tu le constates, nous sommes à l’étroit, ici. Ton illustre famille possède une grande demeure idéale pour nous cacher tout en bénéficiant d’un meilleur confort de vie qu’ici.
C’est ainsi que nous avons déménagé à Tartosa, chez les Laurent. Jacob et moi avons prétendu être des thérapeutes spécialisés dans le traitement de l’amnésie, ce qui nous a permis de vivre aux crochets de la famille de Greta.
Contre toute attente, avoir apaisé Arnessa Thebe en lui ramenant sa petite-fille m’a fait ressentir quelque chose de nouveau. J’avais envie de réitérer l’expérience.
Par chance, Jacob avait toujours les fichiers de maman. Les années qui ont suivi, j’ai retrouvé la trace de plusieurs familles de disciples ou de victimes de la Fledermaus.
– Que souhaitez-vous faire de ces personnes, mademoiselle Aïda ?
– Pour certaines de ces familles, il est trop tard pour leur rendre un proche disparu, mais je suppose que les aider un peu dans leurs difficultés permettra d’alléger quelque peu la dette que leur doit ma mère.
Tout comme maman, j’ai créé ma propre entreprise. La seule différence est que je ne touchais malheureusement pas un simflouz. Parfois, c’était même le contraire : certaines familles étaient dans le besoin. Comme nous étions chaudement installés chez les Laurent, Jacob et moi n’avions pas besoin d’argent. Je me suis donc lancée dans la composition de morceaux de violon afin de les commercialiser et d’avoir, si besoin, quelque chose à donner aux familles quand l’occasion se présentait.
Bien sûr, tout le monde n’était pas à plaindre, financièrement. Il était évidemment hors de question d’offrir quoi que ce soit aux Plènozas, mais j’ai quand même tenu à les approcher d’une autre manière.
– Tu vois Jacob, la jeune aux cheveux turquoise s’appelle Jade. Elle rêve d’entrer dans un cursus en physique, mais Malcolm n’est pas du tout de cet avis. Pour lui, sa fille devrait entrer dans l’entreprise familiale.
– La mère de Jade vous ressemble un peu, non ?
– Siobhan et moi avons le même géniteur, ce qui fait de Jade ma nièce. Elle est également celle d’Eugene, le premier humain de maman, par son grand-père Geoffrey, ainsi que la cousine de Siegfried par son oncle Johnny Zest. Heureusement que nous ne nous côtoyons pas pour les fêtes de l’Hiver, les plans de table seraient compliqués à suivre…
Je me suis rapprochée de Jade Plènozas et l’ai aidée à s’affirmer pour faire ce qu’elle a toujours rêvé. Nous sommes restées en contact occasionnel et j’ai ainsi découvert qu’elle suivait les mêmes cours que toi, microbe, mais avec deux ans d’avance.
Le fait qu’elle se soit mise en couple avec l’un de tes amis m’a permis d’apprendre que tu es venu à Selvadorada il y a quelques mois. Jacob et moi avons donc décidé de te suivre et t’avons entendu mentionner ton frère et ta sœur.
Nous avons cependant eu beaucoup plus de chance que toi. Alors que tu t’obstinais à chercher dans la mauvaise direction de la ville, nous nous sommes aventurés au Pueblo del Sol et avons trouvé Tamino et Carmen.
– Regarde un peu ce type assis à la fontaine, Jacob… Je n’aime pas du tout comment il les observe.
– Que peut-on y faire ?
– J’ai bien ma petite idée…
Malgré tout ce qui s’est passé depuis mon hibernation, je reste fidèle aux souhaits de maman. Dans un souci d’égalité lors de l’Ordalie, nous ne devons pas développer nos pouvoirs. Heureusement, aucune interdiction n’est faite pour les membres de l’Orchestra Vampirica. Nous avons… « questionné » ce premier malheureux et avons ainsi appris que les Nibelung l’avaient dépêché, ainsi que deux autres vampires mercenaires, pour capturer les morveux.
[…]
– Tu sais ce qu’ils te disent, les « morveux » ? coupa Carmen d’un ton sec.
– Oui, je suppose qu’ils pourraient dire « merci » car ce ne serait pas de trop, fit remarquer Aïda d’un ton pédant. Sans Jacob et moi, vous seriez tous les deux entre les mains des extraterrestres.
Carmen marmonna un remerciement contraint. Orpheus, de son côté, était partagé entre son désir d’en savoir plus et l’inquiétude sur l’état d’Isaac. Si seulement Tamino pouvait parvenir à extraire la moindre information de cette chasseuse !
– Et vous, alors ? finit par demander Aïda. Comment vous êtes-vous occupés, toutes ces années loin de Forgotten Hollow ?
Ce fut à cet instant que Tamino redescendit. La chasseuse, répondant apparemment au nom de Montana Jones, n’avait rien voulu dire.
– Nous réessaierons plus tard, décida Carmen. Je suis sure que tu arriveras à la faire changer d’avis, Tam’.
La cambionne semblait un peu moins remontée, à présent. Son regard croisa celui d’Orpheus et celui-ci comprit qu’elle compatissait au sujet du sort incertain d’Isaac.
L’aîné des garçons Faust ne voulait guère en parler, aussi entreprit-il de répondre à la question d’Aïda en racontant à ses adelphes sa vie depuis sa fugue. Il leur apprit ainsi l’existence d’Odette, mais revint également sur sa vie à Hendford-on-Bagley et ses études à l’étranger et à l’institut Foxbury.
Vint ensuite le tour de Tamino et Carmen. D’après leurs dires, Aïda et Orpheus comprirent que les demi-jumeaux avaient passé la première partie de leur cavale cachés de tous. Ils avaient eu une scolarité sobre dans un lycée komorebien et quelques cours supplémentaires dispensés par Sanjay mais les compétences de ce dernier ne touchaient presque qu’exclusivement la littérature.
– J’ai dû lire Lucas Dark une bonne dizaine de fois, soupira Carmen.
– Personnellement, compléta Tamino, j’ai adoré cette période ! Nous avons passé la première année au mont Komorebi. Sanjay devait finaliser quelques détails avant de nous permettre d’aller à Selvadorada en toute discrétion. J’en ai profité pour travailler mon écriture. Tu te souviens de mon livre de monstres, Orpheus ? J’en ai écrit deux suites, depuis, et je suis actuellement sur un quatrième. Il faudrait que tu lises le premier, puisque je n’ai pas eu le temps de te le montrer avant.
La dernière phrase de Tamino n’était qu’un constat dénué de la moindre animosité, mais Orpheus la prit comme un reproche voilé. Bien qu’il sût que ce n’était pas dans les intentions de son frère, il ne put s’empêcher d’éprouver une nouvelle pointe de culpabilité. À l’époque, il était parti sans explication. Cet abandon avait dû être violent pour ses cadets.
– Lorsque nous sommes arrivés à Selvadorada, enchaîna Carmen, je me suis sentie revivre ! Nous étions loin du pays, ce qui nous permettait de sortir au grand jour et prendre l’air en ayant plus de liberté qu’au mont Komorebi. Bien sûr, ce plaisir moyennait la fabrication du cocktail inverse-lumière mais au moins, nous faisions ce que nous voulions ! Tam’ n’a pas vraiment changé ses habitudes mais de mon côté, j’ai profité de ce nouveau départ pour voir d’autres têtes. J’ai pris part à la vie du Pueblo del Sol en participant aux différentes activités qui s’y déroulaient. Comme vous pouvez le constater, notre vie de fugitifs n’est pas des plus trépidantes, mais c’est la nôtre.
Aïda scruta sa sœur avec une expression nouvelle.
– J’espère que vous avez bien conscience que cette Montana Jones ne sera pas la dernière à venir vous voir.
Elle avait raison. D’après les échos qu’Orpheus avait pu avoir de Brunehilde, les Nibelung avaient engagé plusieurs chasseurs. Ces derniers avaient certes été vaincus par Aïda et Jacob, mais rien n’empêcherait Erda et Wotan de continuer d’envoyer des mercenaires. La position géographique de Tamino et Carmen n’était à présent plus secrète du tout.
– Nous allons quitter Selvadorada, annonça Tamino. Reste à savoir où nous pourrions aller. Resterait-il de la place chez Jacob et toi, Aïda ?
– Bien sûr, s’enorgueillit cette dernière. Mais seulement pour quelques temps. Après quoi, vous devrez partir.
– Quoi ? Mais où veux-tu que l’on aille ?
– Oh, ne t’inquiète pas, j’ai la destination idéale pour vous : Forgotten Hollow.
– Que veux-tu dire ? La chapelle est aux mains de ces Istines…
– Elle l’est pour le moment mais plus pour longtemps : maintenant que nous sommes réunis, il ne nous reste plus qu’à nous abriter quelques temps à Tartosa pour réfléchir à une stratégie nous permettant à la fois de récupérer maman, Siedfried et Odile tout en chassant les usurpateurs de chez nous. Ensemble, nous pouvons renverser aussi bien les Nibelung que les Istines. À moins bien sûr que vous ne préfériez continuer de vous claquemurer dans des taudis bon marché le temps que ces sixamiens ne meurent de vieillesse. Êtes-vous partants pour me suivre ou non ?
À suivre...
Crédit :
Montana Jones, la chasseuse qui a tenté de s'en prendre à Tamino et Carmen, est une simette que j'ai créée en jouant avec la génétique d'un sim qui n'est pas de moi puisqu'elle est la fille d'Iowa Jones, un sim créé par agentshirley dans le cadre de son let's play/challenge Le Richissime Archéologue. Le personnage n'apparaît pas dans mon histoire mais dans ma tête, Montana est bel et bien sa fille
Bonus 1 : Aïda, destructrice de végétaux mutants et nectarolique à ses heures perdues
Avant ton hibernation Aïda, tu avais déjà bien commencé le nectar mais depuis ton réveil, je te trouve un peu dans l'excès... Ah bon ? Ceci est un antidote pour le mystère de Strangerville ? Bon ça va alors...
Et tous en chœur !
Et ça alors, c'est un antidote de Strangerville, aussi ?!?!
J'aime beaucoup ce screen, alors je vous le partage
Bonus 2 : Tamino et Carmen : les bronzés cambions font du ski
Depuis mon acquisition d'Escapade Enneigée, mes sims n'avaient pratiquement jamais mis les pieds au mont Komorebi... j'ai profité de la cavale des semi-jumeaux pour (un peu) rattraper mon retard !
Tout le monde s'est beaucoup éclaté, sur cette période (et moi aussi, ça m'a fait plaisir de les voir dans un autre contexte qu'à la Fledermaus)
Haha, en effet ce n'étai pas fini niveau exploration des packs! Aïda sauveuse de Strangerville et les jumeaux au ski à Mont Komorebi; on ne s'ennuie pas
En parlant d'Aïda, je la trouve vraiment changée....elle a pris beaucoup de maturité et surtout semble s'être adoucie. J'ai été surprise de la voir capable d'empathie envers les familles des disciples de sa mère (et c'est une bonne surprise!)
Maintenant que l'équipe est au complet, nul doute qu'il vont être capables de reprendre la chapelle à Forgotten Hollow! J'ai hâte de voir ça...
J'espère que ça va aller pour Siegfried, et pour la petite Odile dans son monde parallèle
Superbe screen final de Strangerville ! Perso j'adore aussi celui de Carmen devant l'arche fleurie à Selvadorada: quelle beauté! Elle s'est vraiment épanouie là-bas
Wow! Mais quel épisode plein de rebondissements! Et aussi, plein de nouveaux horizons. J'aime bien l'histoire de Aïda qui explore le monde tout comme tu as exploré les pack.
Je trouve que Aïda est devenu une personne très humble envers les autres et c'est beau. Qu'elle travaille pour fournir une compensation aux familles qui ont été détruites par sa mère est incroyable! Je n'aurais jamais pensé ça d'elle. Le fait qu'elle ait voyagé de famille en famille est plutôt cool. J'avoue que tu dois t'être amusé à recréer les arbres généalogiques des descendants. Ouah! Ça a dû être intéressant. Je suis épatée. C'est comique qu'elle soit allée à l'université en même temps que son frère. C'est fou, les coïncidences! hihihi
Et le mystère de Strangerville! Génial! Je l'ai fait 2 fois, mais la 2e était de trop! hahaha Ce n'est pas le pack que j'utilise souvent, ni même la map. Alors que le mont Komorebi, je l'utilise surtout comme une destination de vacances pour faire du ski, du snow et de l'Escalade. En plus des festivals, j'adore cette map, elle est chouette. C'est cool que tu te sois amusé! hihi Mais ça va être dur de leur dire au revoir à l'Ordalie! Quoiqu'ils vont devenir humain... ou bien ils vont vraiment mourir... Je ne me rappelle plus les règles je pense. haha
Aïda a un plan et ça promet! J'adore! Hâte de voir la suite!
Toujours un régal à lire!
Ouah ! J'avais beaucoup, beaucoup de retard ! mais je suis heureuse de retrouver ton histoire.
Que de rebondissements depuis ma dernière lecture
Notamment sur la descendance de Malvina avec Ulrike... J'ai adoré la façon dont tu nous a amené ça.
J'ai beaucoup aimé également que tu aies également joué tous les personnages, chronologiquement, pour nous apporter des réponses et des explications à ce qui s'est passé pendant leur absence. Quel boulot ! Je suis sous le charme.
Bien sûr j'ai été triste d'apprendre le sort réservé à Vlad et Inna, mais, étant donné que leurs corridors respectifs sont vides, je reste positive quant à la suite. Ils sont forcément quelque part. De grands maîtres vampires comme eux ne peuvent pas finir ainsi, et je suis persuadée que tu es de mon avis
Les retrouvailles entre les enfants ont été un grand moment. Maintenant je suis vraiment curieuse de savoir comment tout se petit monde va faire pour sortir Edith et Siegfried de l'emprise des Nibelung sachant que les enfants n'ont pas le droit de combattre avant l'Ordalie. J'attends avec impatience ce moment, et la façon dont tu vas nous amener ce sauvetage
J'espère aussi que le futur petit ami d'Orpheus va s'en sortir.
@Elinoee En effet, personne ne s'est ennuyé dans cette affaire, et moi non plus
Aïda a, pour sûr, changé. Pour ma part je ne sais pas trop s'il s'agit de réelle empathie à l'égard des familles de victimes de sa mère ou par nécessité de faire quelque chose "de bien" histoire de s'auto-pardonner sa responsabilité dans la mort de Charlotte. Honnêtement je pense que c'est un peu des deux, c'est assez complexe dans sa tête
Tu auras bientôt des nouvelles des deux derniers cambions d'Edith mais pas ce soir, on se concentre sur les quatre premiers car il y a déjà beaucoup à dire !
C'est vrai que Carmen s'est épanouie ! Elle qui a le trait Extravertie depuis son enfance n'a pas pu bien l'employer à la chapelle, alors maintenant qu'elle se retrouve dans un endroit où personne ne la connaît, c'est comme une renaissance
quelle beauté!
Merci pour elle je trouve aussi D'après moi, Orpheus et elle dans leur look "final" (que vous n'avez pas encore vus) sont les deux cambions les plus beaux 💛🤎
@oiseaudelune Comme je disais à Elinoee un peu plus haut, je soupçonne Aïda de faire tout cela avec un petit intérêt derrière : un espoir de rédemption, mais cela n'enlève rien à la bonté de sa démarche, selon moi
C'est vrai que l'arbre généalogique part dans tous les sens Quand on voit qu'Edith a fait des enfants avec deux générations de Plénozas et qu'en plus, cette famille s'est unie à une autre avec qui elle a eu une fille, ça devient compliqué à suivre
Oui, j'ai trouvé toutes ces explorations très fun ! Ceci dit, pour la plupart, c'est assez compliqué de les jouer avec des vampires car il y a beaucoup d'activités de plein air et il faut faire attention soit à jouer de nuit, soit à concevoir toute une réserve de cocktails inverse-lumière
Le but de l'Ordalie est effectivement de faire mourir cinq des six enfants. Il n'en restera donc qu'un !
Merci beaucoup
C'est un plaisir de te revoir par ici, @nathalie986 🤗 Beaucoup de rebondissements, en effet ! Je te remercie pour ton appréciation sur la révélation du lien de parenté entre Edith, Ulrike, Malvina et Vladislaus C'est quelque chose que j'ai prévu depuis le début de l'histoire et j'avoue que c'était assez compliqué de jongler entre l'envie de laisser des indices sans non plus trop en dire !
Bien sûr j'ai été triste d'apprendre le sort réservé à Vlad et Inna, mais, étant donné que leurs corridors respectifs sont vides, je reste positive quant à la suite. Ils sont forcément quelque part. De grands maîtres vampires comme eux ne peuvent pas finir ainsi, et je suis persuadée que tu es de mon avis
Les tombes étaient des fausses, c'est pourquoi Charlotte n'a rien vu du tout quand elle s'est essayée à la plongée spectrale ! Tout à la fin du chapitre de leur "mort", on les revoit un an plus tard, tous deux amnésiques et prêts à commencer une nouvelle vie loin de Forgotten Hollow ! Les grands maîtres vampires culpabilisaient un peu de leur avoir ôté l'esprit de vie, au motel, alors ils se sont arrangés pour les faire se re-rencontrer, ce qui marque la conclusion de l'histoire de Vladislaus et Inna... ou plutôt le début de celle de Vadim et Irène
Le plan anti-Nibelung a en effet commencé, et ma petite chouette de Sixam me dit que cela ne saurait plus trop tarder avant d'attaquer le vif du sujet !
Et merci à toi pour ce retour
Premier chapitre de l'année, ce soir Il est un peu plus long que les précédents et j'y ai glissé beaucoup de screens en section bonus ! Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 63 : La ville de l'amour ---
Lorsqu’Isaac ouvrit les yeux, il ne reconnut ni le lit sur lequel il était allongé, ni la pièce où il se trouvait. Ses derniers souvenirs remontaient à l’instant où Orpheus et lui s’étaient apprêtés à entrer dans l’église du Pueblo del Sol. La suite était un trou noir total. Le jeune homme éprouva alors des sensations similaires à de vagues réminiscences, mais il ne parvenait à identifier ce qui tenait du rêve ou de la réalité.
Du rêve ? Plutôt du cauchemar. Les potentiels souvenirs qui cherchaient à présent à remonter apportaient quelque chose de désagréable. Isaac ne voulait pas s’avancer, mais il lui semblait bien avoir été victime d’une violente fièvre. À bien y réfléchir, l’apprenti archéologue s’était même demandé s’il n’allait pas en succomber. La douleur avait dû être insoutenable, alors pourquoi se sentait-il à présent en pleine forme ?
Comme pour contredire ses pensées, son estomac lui envoya alors de curieuses crampes. Depuis combien de temps n’avait-il pas mangé ?
Isaac jeta un regard par la fenêtre. Le paysage qui s’offrait à lui n’avait plus rien de selvadorien. Où était donc Orpheus ?
– Tiens, tu t’es réveillé !
Isaac se retourna en sursautant. Il n’avait pas entendu la porte s’ouvrir. Une jeune femme avait fait son apparition. Se concentrant davantage, il parvint à se remémorer l’entrée dans l’église ainsi que les retrouvailles d’Orpheus avec son frère et sa sœur.
– Je m’appelle Carmen, se présenta la jeune femme. Tu nous as fait une sacrée peur, tu sais ! Orpheus courait dans tous les sens, c’était à la fois amusant et mignon à voir. Je crois que tu lui plais bien.
– Où est-il, exactement ? s’inquiéta Isaac.
– Il se repose. Ces dernières semaines, il a eu beaucoup à encaisser, et une certaine décision lui a paru insupportable. Il est en hibernation jusqu’à la fin de la semaine.
Les propos de Carmen étaient incompréhensibles. Elle-même semblait amère au sujet de la « décision » ayant poussé Orpheus à se retirer. En outre, qu’entendait-elle par « hibernation » ? La saison actuelle était l’automne et d’ailleurs, Orpheus n’avait pas besoin d’hiberner, il n’était pas un ours – même si son amour pour le miel pouvait parfois laisser penser le contraire –.
Une nouvelle crampe d’estomac gagna Isaac. Carmen s’en aperçut et soupira profondément.
– Je suis désolée pour ça, confessa-t-elle. Ça ne devrait plus durer très longtemps, à présent. Écoute, n’en veux pas à Orpheus, d’accord ? Il était contre, et moi aussi, d’ailleurs.
Le jeune homme n’eut pas le temps de demander ce qu’entendait la sœur de son ami car la porte s’ouvrit à cet instant. Sanjay entra alors à son tour. Isaac se souvenait déjà un peu plus clairement de lui : ils étaient allés le voir juste avant de se rendre dans l’église.
– Je prends le relais, Carmen, dit le nouveau venu. Isaac, si vous voulez bien me suivre…
– Où ça, exactement ? s’emporta le jeune homme d’un ton ouvertement méfiant.
– Vous allez juste faire un tour à l’extérieur, le rassura Carmen. Tu as besoin de te dégourdir les jambes pour ce qui va suivre. Je serais bien venue, mais les courses n’ont pas été faites et je n’ai plus assez d’ingrédients pour me confectionner un cocktail inverse-lumière. Tu n’as pas à t’en faire, vous serez sur la place avec plein de témoins. De toute manière, Sanjay est végétarien.
Décidément, plus Isaac posait de questions, moins il était rassuré par les réponses. Carmen et Sanjay semblaient, certes, inoffensifs, mais les propos de la jeune femme demeuraient inquiétants, aussi se décida-t-il à suivre Sanjay sans plus tarder.
Une fois à l’extérieur, l’apprenti archéologue reconnut aisément Tartosa. Il n’avait toujours rien à y faire compte tenu du fait que ses derniers souvenirs se déroulaient à Selvadorada, mais le fait de se trouver entouré de monde parlant sa langue diminuait quelque peu ses inquiétudes.
Alors qu’ils s’étaient assis sur le rebord de la fontaine de la place principale, Sanjay prit la parole. Il se présenta davantage à Isaac, n’omettant aucun détail – vampirisme inclus –.
– Orpheus en est un aussi, n’est-ce pas ? réalisa le jeune homme alors qu’une nouvelle crampe d’estomac le gagnait.
Voilà qui expliquait bien des choses, à commencer par cette curieuse boisson que se préparait son camarade avant chaque sortie en plein soleil. Isaac ne savait pas qu’en penser.
– Pourquoi ne me l’a-t-il jamais dit ?
– Il souhaitait probablement vous protéger, répondit Sanjay. Je pense que vous avez compris tout seul que sa famille est assez compliquée. Je me suis moi-même occupé de la protection de Carmen et Tamino depuis leurs quinze ans et les récents événements nous ont prouvé que cette précaution était nécessaire.
À présent, les souvenirs d’Isaac refaisaient surface. Il revoyait plus clairement Orpheus entrer seul dans l’église, le laissant faire le guet devant la porte.
Mal lui en avait pris car cette mystérieuse femme avait fait son apparition. Isaac avait tenté de s’interposer mais n’avait évidemment pas fait le poids contre elle.
– Cette femme est l’une des vôtres aussi, conclut-il. J’ai vu son visage changer d’apparence au moment où elle m’a attaqué.
– Montana Jones vous a injecté un poison très puissant, expliqua le bibliothécaire. La dose était telle qu’elle aurait dû vous être fatale. Parmi nous, personne ne connaissait l’antidote, c’est pourquoi nous avons gardé Montana avec nous dans l’espoir qu’elle nous aide à vous guérir. Orpheus était fou de rage et était prêt à lui extirper les informations sur l’antidote par la force si nécessaire. Sa grande sœur Aïda partageait son avis, mais c’est en réalité grâce à Tamino que vous êtes encore parmi nous.
– Que voulez-vous dire ?
– Orpheus et Aïda n’auraient jamais rien obtenu par la violence. Montana est notre prisonnière depuis quelques semaines déjà, mais Tamino a été le seul à avoir fait connaissance avec elle. Quelque chose en lui a dû la toucher car elle s’est finalement décidée de son propre chef à vous administrer un antidote.
Isaac avait beaucoup de mal à imaginer Orpheus emprunter le chemin de « la violence » pour parvenir à ses fins. Il se sentit donc très reconnaissant vis-à-vis de Tamino d’avoir su empêcher le pire d’arriver. Au moins les choses étaient-elles rentrées dans l’ordre. Cependant, au vu de la mine assombrie de Sanjay, l’apprenti archéologue comprit que l’histoire n’était pas terminée.
– L’antidote n’a pas fonctionné sur vous, reprit Sanjay. Le poison était déjà trop répandu. Vous avez été inconscient pendant plusieurs jours et votre état empirait. Il ne restait plus qu’une seule solution.
Le jeune homme comprit aussitôt et Sanjay confirma ses suppositions : afin de lutter plus efficacement contre le poison, la solution qui avait été trouvée n’était autre que la transformation.
– L’ironie du sort, fit remarquer le bibliothécaire, c’est qu’aucun de nous ne possède le pouvoir de créer de nouveaux vampires. Les enfants Faust sont encore au stade néophyte et Jacob et moi n’avons pas développé cette capacité. Celle qui vous a empoisonné est également celle qui vous a sauvé la vie en vous mordant il y a de cela trois jours. Votre transformation devrait s’achever aujourd’hui.
Il y eut un instant de silence durant lequel Sanjay jaugea Isaac du regard, visiblement à l’affût d’une quelconque réaction de la part du jeune homme.
– La nouvelle n’a pas l’air de vous dévaster, constata le bibliothécaire.
En guise de réponse, Isaac haussa les épaules.
– Pour mes parents, je suis déjà un monstre, alors autant leur donner raison. Vous savez, même les humains peuvent avoir un passé qu’ils cherchent à laisser derrière. Je suppose que je peux remercier cette Montana pour avoir un peu précipité les choses. Est-elle toujours avec vous ?
– Nous ignorons encore ses intentions à l’égard des enfants Faust. Pour le moment, elle demeure enfermée dans une pièce remplie d’ail. Tamino lui rend fréquemment visite. Il lui lit les histoires qu’il a écrites et je pense qu’elle apprécie, ce qui est loin d’être le cas de Carmen. Elle cherche à le protéger, vous comprenez.
– Et qu’en est-il d’Orpheus ? Carmen a parlé d’hibernation en raison d’une certaine décision qui lui a déplu. Parlait-elle de ma transformation ?
Sanjay n’eut pas besoin de répondre. Cela ressemblait bien à Orpheus. Celui-ci avait dû s’être opposé à la vampirisation d’Isaac en arguant certainement qu’il n’était pas en état d’accepter ce changement radical. Le jeune homme était quelque peu touché par l’attention portée par son camarade, mais également excédé de sa réaction mélodramatique. N’avait-il donc pas pensé qu’Isaac eût largement préféré être accueilli par lui à son réveil ? L’apprenti archéologue n’avait rien contre Carmen ou Sanjay, mais il ne les connaissait pas.
– J’aimerais bien lui parler, dit-il maladroitement. Peut-on arrêter cette hibernation ?
[…]
Contre toute attente, l’hibernation avait été une expérience agréable.
Orpheus ne s’était néanmoins pas attendu à être réveillé aussi tôt et encore moins par Isaac. À en juger le regard de son ami, celui-ci semblait désormais au courant de tout. Il semblait également remonté.
– Les lunettes étaient également un mensonge, n’est-ce pas ? demanda Isaac sans préambule.
– Un camouflage, corrigea Orpheus. Nous n’en avons pas besoin mais c’était plus facile pour moi d’en porter afin de me fondre dans la masse.
– Pourquoi ne m’as-tu jamais rien dit de tout cela ?
– C’est une facette de moi que je voulais laisser derrière. Je ne sais pas jusqu’à quel niveau de détails est allée Carmen avec toi, mais je ne pouvais pas rester chez ma mère. J’avais trop de choses à digérer. Je me disais qu’avec les études, je pouvais être quelqu’un d’autre l’espace de quelques années.
Ce n’était apparemment pas la chose à dire, car Isaac démarra au quart de tour :
– C’était donc là ton plan ? s’emporta-t-il. Entrer dans la vie des gens et leur mentir ? As-tu déjà été sincère, avec nous, ou t’es-tu juste servi de notre bande comme d’un cache-misère que tu étais prêt à abandonner dès l’instant où tu rentrerais chez ta petite maman ?
Orpheus ne trouva pas la force de répondre et se contenta de baisser la tête d’un air contrit. Il avait tout lu sur les pouvoirs vampiriques et savait donc ce que traversait Isaac en cet instant.
La transformation aiguisait les émotions de l’apprenti archéologue et le rendait à fleur de peau. Bien sûr, le cambion savait que le vampirisme n’était pas la seule excuse. Isaac s’était confié à lui plus qu’à personne, dans leur bande. Il lui avait évoqué des détails personnels et parfois douloureux de son passé. Que lui avait-il donc offert en retour ? Des mensonges qu’il n’avait même pas été capable d’entretenir suffisamment pour préserver son ami. Celui-ci était désormais embarqué jusqu’au cou dans cette histoire, tel un dommage collatéral qui aurait pu être évité avec un peu plus de communication. La lointaine image de Rahul lui vint alors à l’esprit. Il ne pouvait pas reproduire la même erreur.
– Je ne t’ai jamais vu comme une personne jetable, Isaac, se lança-t-il. Je pensais que tu l’avais remarqué.
– C’est justement ton problème : à trop réfléchir dans ton coin, tu t’es persuadé que tout le monde raisonnait exactement de la même manière que toi. Personne n’est dans ta tête.
– Tu as raison. Pardonne-moi.
Visiblement lassé de l’âpreté de la conversation, Isaac reprit un ton plus joueur.
– Je vais essayer, répondit-il. De toute manière, si je n’y parviens pas dans l’immédiat, j’imagine que j’ai à présent tout le temps nécessaire pour réfléchir à te faire payer tous ces secrets ! Peut-être même que je pourrais passer l’éternité dans tes pattes à t’embêter !
Orpheus ne demandait que cela. Il se retint cependant d’informer Isaac que dans son cas, « l’éternité » pouvait ne durer que dix ans. Le cambion se promit néanmoins d’aborder le sujet de l’Ordalie une fois la transformation de son acolyte pleinement achevée. En l’état, l’heure était aux réconciliations.
[…]
Pour les cambions, les mois s’écoulèrent et la vie suivait son cours. D’un commun accord, il avait été convenu de demeurer à Tartosa. Aïda tenait à réunir les membres de l’Orchestra Vampirica de leur mère qui avaient fui le Forgotten Hollow des Istines. Ils seraient un atout précieux lorsque le moment viendrait de récupérer Edith, Siegfried et Odile.
Orpheus avait fini par prévenir Charlotte de sa réunion avec sa fratrie. La Brindletonienne avait évidemment été plus que ravie de se précipiter à Tartosa afin de retrouver les visages depuis longtemps perdus de vue.
Cela valait pour tout le monde, y compris une ancienne ennemie :
– Bonjour, Aïda.
– Bonjour à toi, la guimauve. Aurais-tu un moment ?
Les deux femmes s’étaient éclipsées afin d’avoir une conversation privée.
Personne n’avait eu de compte rendu détaillé de ce qui avait été dit lors de cette entrevue, mais à en juger l’attitude qu’elles avaient l’une avec l’autre quelques jours plus tard, alors que Charlotte regagnait Henford-on-Bagley, il était facile de comprendre que la hache de guerre était enterrée pour de bon.
– Elle n’est pas enterrée « pour de bon », avait contredit Aïda à Tamino. Nous la déterrerons lorsque le moment sera venu de la planter dans la tête des Nibelung.
Charlotte avait également pu faire la connaissance des accompagnateurs des cambions : Sanjay Kamdar, Isaac Ben-Ami – dont la transformation s’était achevée – et, plus étonnant, Montana Jones. Cette dernière n’était pas encore acceptée de tous. Après tout, elle avait initialement été envoyée par l’ennemi ! Cependant, sa présence dans la villa laissait entendre que l’on lui faisait relativement confiance.
Orpheus comptait sur Tamino pour l’avoir discrètement à l’œil. Celui-ci s’entendait après tout très bien avec la chasseuse. Il était d’ailleurs celui qui avait insisté pour la laisser sortir de sa chambre. Depuis lors, les deux étaient fréquemment vus ensemble sur la place de Tartosa, Tamino dévoilant à Montana les détails de ses derniers projets littéraires :
– Ils sont ennemis depuis toujours ?
– Pas vraiment ennemis. Disons que leur relation est… compliquée. L’un est jeteur de sorts alors que l’autre est vampire et pour des jumeaux, surtout avec leur passif, cela entraîne forcément beaucoup… d’incompréhension mutuelle.
– C’est un peu triste mais au moins, ton histoire a un excellent enjeu. J’espère que tu la termineras vite.
Peu d’habitants de la villa tartosienne ne voyait d’un très bon œil le rapprochement entre Tamino et Montana. Le cambion s’en moquait. La chasseuse s’était repentie, que cela plaise ou non. Même Isaac lui avait pardonné l’attaque ayant conduit à sa transformation, alors qu’attendaient les autres ?
Les choses avaient failli déraper très rapidement lorsque Tamino surprit un jour des éclats de voix dans un couloir. Il ne s’agissait ni plus ni moins que Carmen et Montana, en proie à une intense dispute.
– Alors comme ça il faudrait que je te fasse confiance ? Commence donc par nous dire où se trouve la cachette de tes employeurs.
– Je t’ai déjà dit que j’y ai été conduite les yeux bandés, je sais seulement qu’il s’agit d’une zone aride !
– La belle affaire, railla Carmen. Dans ce cas, tu ne nous sers à rien. Tu n’es pas la bienvenue, ici.
– C’est drôle, rétorqua Montana, mais il me semble que ton frère n’a eu de cesse de me dire le contraire.
– Il est sensible et naïf. Je ne te laisserai pas l’embobiner !
– Tamino est assez grand pour savoir ce qui est bon pour lui. Il n’a pas démarré au quart de tour, lui, quand tu as commencé à draguer Jace Laurent ! De toute manière, je ne vois même pas comment tu peux oser m’accuser d’embobiner ton frère alors que tu te sers allègrement de Jace par peur d’être éconduite par ton bibliothécaire. Mais je te comprends, après tout : ils ont tous les deux les yeux violets, c’est plus facile de te persuader que l’un est l’autre, comme ça.
Carmen resta silencieuse une fraction de seconde, accusant l’attaque. L’instant d’après, la cambionne fit apparaître sa forme sombre.
– Tout ceci ne te regarde absolument pas ! Maintenant, écoute-moi bien, aventurière de pacotille : je ne peux pas empêcher mon frère de te côtoyer, mais je peux le venger si tu lui fais mal d’une quelconque manière. Je t’ai à l’œil et avec une mère comme la nôtre, sois certaine que je peux être très inventive, alors je ne te le dirai qu’une fois : prends garde à toi !
[…]
– Greta a réussi à retrouver Becca, informa Jacob. Elles se dirigeront toutes les deux à Forgotten Hollow.
– Parfait, se réjouit Aïda. Encore quelques uns et tout l’Orchestra Vampirica sera réuni.
Les nuits tartosiennes plaisaient énormément à Aïda. La vie nocturne était plus calme, bien que suffisamment animée pour permettre à la cambionne de poursuivre son entraînement au violon avec un vrai public. L’instrument qu’elle utilisait manquait toutefois de l’étincelle dont elle avait besoin pour émouvoir son auditoire. Son véritable violon lui manquait, mais il se trouvait à la Fledermaus.
– Que ferons-nous, lorsque tout ceci sera terminé ? demanda Jacob.
– Après avoir sauvé maman et les deux morveux ? Je suppose que l’étape suivante consistera à chasser les Istines. Ensuite nous pourrons poursuivre tranquillement nos vies immortelles. Du moins jusqu’à l’Ordalie, en ce qui me concerne.
À l’évocation de l’ultime épreuve des cambions, Jacob frissonna. Aïda aurait préféré qu’il s’abstienne. Elle-même ne craignait pas l’Ordalie, mais pour une raison qui lui échappait, voir le disciple de sa mère inquiet pour elle la dérangeait.
– Ne t’inquiète pas, idiot, crut-elle bon d’ajouter. J’ai fait une promesse à maman. Je réussirai, alors soucie-toi plutôt du fait de m’avoir sur le dos encore un long moment !
Jacob eut un rire gêné. Ses yeux se posèrent maladroitement à quelques centimètres à gauche du visage de son interlocutrice.
De toute évidence, il désirait changer de sujet, alors Aïda le conduisit sur la piste de danse.
– Ton frère et ta sœur se sont réconciliés depuis cette altercation avec Montana, dit-il. Je préfère les voir ainsi.
– Carmen a mis de l’eau dans son nectar. Elle a bien compris que Tamino avait besoin de s’émanciper un peu et si tu veux mon avis, ce n’est pas trop tôt. Il serait temps que ces deux-là grandissent et deviennent un peu plus individualistes. Ils sont censés combattre l’un contre l’autre, lorsque le moment sera venu.
Jacob frissonna de nouveau. Aïda aurait préféré que cet imbécile s’abstienne. Son inconfort la mettait elle-même mal à l’aise. Que lui arrivait-il donc ? Mieux valait poursuivre la danse pour lui vider l’esprit.
Instant immersion : les paroles qui suivent viennent de Lay All Your Love on Me, du groupe A.B.B.A Je vous la mets depuis le début mais le moment où commence la danse est à 1:29
They didn’t last very long, and they’ve been pretty scarce
I used to think that was sensible
It makes the truth even more incomprehensible
‘Cause everything is new
And everything is you
And all I’ve learned has overturned
What can I do ?
Don’t go wasting your emotion
Lay all your love on me
Don’t go sharing your devotion
Lay all your love on me
– Et toi, alors, tenta-t-elle à la fin de la musique, que comptes-tu faire, après ?
– Eh bien, hésita le jeune homme, tout dépendra des besoins de ta mère. Mais lorsqu’elle n’aura plus besoin de l’Orchestra Vampirica, je souhaiterais voyager un peu. J’aimerais partir quelques temps à Sulani au bras de l’élue de mon cœur. Celle qui, ces dernières années, a été mon unique point de repère.
Aïda déglutit.
– Je… Greta ? Eh bien… Félicitations à tous les deux, j’imagine ! Je n’ai rien vu venir entre vous mais je suppose que ce sont… des choses qui arrivent lorsque l’on habite ensemble depuis tout ce temps.
– Comment ? balbutia Jacob. Non, ce n’est pas…
– Rentrons, coupa la cambionne. Il commence à pleuvoir.
Sans même prendre la peine de marcher au pas de son acolyte, Aïda se dirigea d’un air déterminé à la villa. Elle avait la mine revêche et éprouvait à présent une inexplicable envie de kava et de noix de coco.
À suivre...
Bonus 1 :
Je n'ai pas pu m'empêcher d'ouvrir une sauvegarde à part pour jouer le rêve de fin de chapitre d'Aïda 🖤
Bonus 2 :
Aïda publie littéralement DEUX morceaux de violon et trouve le moyen d'être invitée aux Topisim alors que j'avais rien demandé Du coup let's go !
Et le pire c'est qu'elle en a remporté un !!
Bravo championne 🖤
Comme à peu près partout sur nos maps, Judith Ward en a profité pour se taper l'incruste, mais avec un petit truc en plus elle a fait partie des génitrices transformées par Alexei et j'avoue que je n'ai pas pris le temps de relooker sa forme sombre
Bonus 3 :
Parce qu'il fallait bien occuper les cambions pendant leur cavale, Orpheus a validé son diplôme prestigieux 💛
Bien évidemment, Charlotte est très fière de son petit protégé
Et forcément, Orpheus et Isaac ont fêté ça comme il se doit 💛
Réponses
Aujourd'hui pourtant, je ne vous retrouve pas (encore) pour une mise à jour. Mon dernier chapitre remonte à plus de trois mois mais ma vie IRL a été assez chargée (pas en mal, rassurez-vous) et j'ai eu du mal à trouver le temps de poster quoi que ce soit. Maintenant que les choses se calment de mon côté, sachez qu'Orchestra Vampirica va bientôt faire sa rentrée pour l'acte V (mieux vaut tard que jamais
(@oiseaudelune et @Elinoee : je répondrai à vos commentaires lors de la prochaine publication
– Tu dois te préparer à cette éventualité. Tes enfants également. Vous aurez un rôle à jouer.
– Que veux-tu dire par là ? As-tu… vu quelque chose ?
– La réponse m’est parvenue en rêve cette nuit. Un jour viendra où Radamès reviendra sous un autre nom. Lorsque ce jour viendra, il cherchera à récupérer son enveloppe charnelle. Toi et moi connaissons son niveau en magie noire et crois-moi : peu lui importeront les dommages collatéraux pour parvenir à ses fins. Alors, de l’union de l’héritière Cents et d’un prince de grande lignée naîtra l’être qui mettra fin au plus grand mal de ce monde.
« Notre liaison m’a appris à penser à moi et à mes besoins. C’était une grande première, pour moi, qui me pliais toujours en quatre pour entrer dans le moule de mes parents. J’étais enfin heureuse et c’était parti pour durer. Paul me promettait déjà monts et merveilles à Tartosa une fois que sa femme et lui auraient divorcé. Comme tu peux le deviner, cela n’a pas duré.
« Comme je l’ai appris à mes dépens ce soir-là, les Nicholson vivaient toujours sous le même toit et n’avaient jamais été en instance de divorce. C’est donc tout naturellement que Mme Nicholson m’a chassée de chez elle, déterminée à mettre les choses au clair avec son époux infidèle.
Un vol à main armé. Telle était l’explication fournie.
Cependant, Aneliese était sortie sans rien sur elle. Au vu de sa tenue, qui aurait pu avoir l’idée de la détrousser ? Quelque chose n’était pas logique.
Grâce au journal intime d’Aneliese, j’en avais appris plus sur les circonstances qui l’avaient conduite à quitter l’appartement. Il semblerait qu’elle ait tenu à me rattraper avant que je n’aille casser la figure du critique.
– J’ai juste besoin d’argent, Chat. J’ai utilisé mes derniers simflouz dans les transports pour venir ici mais il va falloir que je reparte et plus loin, cette fois.
– Où ça ? Et pour combien de temps ?
– Aucune idée. Alors, tu… tu acceptes ?
J’ai effectivement accepté.
– Vous vous trouvez dans le Corridor et j’en suis la Sentinelle. C’est moi qui accueille les âmes venues ici pour passer de l’autre côté ou, comme l’a habilement nommé Méphistophélès, dans l’Après.
– J’imagine que je viens de la porte noire et que je dois me rendre derrière la blanche, mais qu’en est-il des autres ? Quelque chose me dit qu’il n’y a qu’une destination possible, non ?
– Les portes latérales peuvent avoir une fonction de passerelle entre les différents avenirs que vous auriez pu avoir. Ce sont des actes manqués, si vous préférez. Certaines personnes, en arrivant ici, éprouvent le désir de contempler ce qu’aurait été leur vie dans d’autres circonstances. Ne vous êtes vous jamais demandé l’avenir d’une Charlotte Fox qui se serait pliée à la volonté de ses parents en continuant les études de médecine, ce qu’elle serait devenue si son professeur avait quitté son épouse pour vivre avec elle ou encore si elle eût vécu davantage en choisissant de ne pas se rendre à Forgotten Hollow pour retrouver une amie d’enfance ?
– La seule raison pour laquelle tu demeures encore parmi nous est parce que ton urne est toujours connectée ici bas. Or, il existe une manière très simple de rompre la connexion d’un esprit avec le monde physique.
– Si c’est une menace, rétorqua Charlotte d’un air qui avait toutefois perdu un peu d’assurance, elle ne m’atteindra pas. Mon urne…
– ...t’attend sagement chez Vladislaus ? À ta place, j’en douterais fortement. Je suis allée la subtiliser peu de temps après ton retour. Je comptais m’en servir pour chercher à te ramener ultérieurement, mais il semblerait que ce soit un moyen de pression très efficace.
– J’ai bien compris que tu n’avais initialement pas souhaité un tel dénouement dans cette affaire du laboratoire, mais la moindre des choses est que tu paies pour tes actes.
– Et je le ferai, maman, répondit la cambionne. Et quand ma peine d’hibernation s’achèvera, j’irai voir Charlotte pour... lui demander pardon.
Enfin, le cercueil laissa échapper des volutes de fumée. Aïda était déjà en hibernation. Edith se sentit étrangement mal à l’aise à l’idée de la laisser dans cet endroit lugubre, mais il n’y avait pas d’autre alternative.
Ainsi, la vampire se dirigea vers la sortie sans un regard en arrière. À bientôt, ma fille.
– Tami’ ! s’exclama soudainement Odile en abandonnant complètement ses poupées au profit de son frère. Peux aller dans la po’te rouZe ?
– Euh… hésita Tamino.
– Bien sûr que tu peux ! répondit Carmen avec assurance. Et même que je t’y rejoindrai pour jouer, ça te plairait ?
– Ouiiii !
– Qu’est-ce qu’elle a avec les portes ? demanda Tamino à mi-voix alors que la bambine était partie débattre avec le Nounoursferatu.
– Aucune idée, murmura Carmen. Maman m’a dit qu’elle était un peu bizarre mais que ça allait lui passer en grandissant.
– Depuis dix-sept ans, les Nibelung usurpent l’identité d’une famille depuis longtemps disparue. Ils utilisent une technologie de Sixam pour se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas grâce à des déguisements de vampires. Ce sont en réalités deux extraterrestres !
– Maintenant, Wotan.
Je savais qu’Erda et Wotan avaient eu Edith et Siegfried ; ils n’allaient pas tarder à mettre également la main sur Odile qui dormait dans la pièce voisine et je ne pouvais pas prendre le risque d’aller la chercher. Je suis alors directement montée jusqu’à la chambre des enfants. Tamino et Carmen s’y étaient réfugiés à l’arrivée de Vladislaus et je comptais les faire quitter la chapelle avant que nos assaillants n’aient eu le temps de fouiller les autres étages.
– Tamino ! Carmen !
C’était le bibliothécaire de la place Clairdelune. J’ignore ce qu’il faisait sur la place principale – probablement avait-il accompagné Vladislaus – mais en l’état, sa présence m’était providentielle.
– Emmenez-les, s’il vous plaît. Protégez-les !
– Non ! Ulrike, que fais-tu ? Viens !
– Venez, les enfants, suivez-moi.
Du coin de l’œil, j’ai observé le bibliothécaire s’enfuir avec les enfants. Wotan Nibelung a tenté de leur courir après, mais je me suis interposée.
Orpheus avait alors avoué à Charlotte que quelques jours avant la plongée spectrale, il avait envoyé une candidature à l’université de Sunset Valley. Il avait reçu une réponse positive mais n’avait jusqu’à présent pas eu le déclic pour accepter. Les récents événements avaient toutefois changé la donne.
– C’est beaucoup trop précipité, s’était opposée Charlotte. Non seulement c’est à l’étranger, mais en plus tu vas arriver en cours d’année, comment veux-tu suivre ? Sans compter le fait de devoir cacher ton vampirisme à tes camarades, c’est trop dange…
– C’est mon problème, avait poliment coupé le jeune homme. Je ne t’ai pas dit ça pour te demander ton autorisation. Tu en as fait beaucoup pour moi, Charlotte, et je ne pourrai jamais assez te remercier. Mais je sens qu’il faut que je parte, comme lorsque nous avons quitté la Fledermaus ensemble. C’est simplement pour une affaire de trois ans. Je veux découvrir à quoi ressemble le monde normal. Ne t’inquiète pas pour moi, je saurai me cacher aux yeux des autres. Et je reviendrai vous voir toutes les deux de temps à autres.
Charlotte n’avait pas pu le retenir et inévitablement, Orpheus était parti dès le surlendemain. Ce n’est qu’après que l’état de mamie Lagrise s’est aggravé mais la Brindletonienne n’avait pu se résoudre à faire revenir le cambion pour lui demander son aide. Il avait besoin de s’éloigner de cette vie et elle se devait de respecter son choix.
– Elle est pas là ma maman ?
– Bah non, là c’est chez la mienne, pas la tienne.
Odile pleura de plus belle.
Le petit garçon s’approcha d’elle et la prit dans ses bras.
– Elle est peut-être dehors, ta maman, non ? Tu peux aller voir.
– Ibrahim ? appela une voix froide. Arrête de parler tout seul et viens ici, s’il te plaît, c’est l’heure de ton bain.
Ce devait être la maman du petit garçon. Odile n’aimait pas du tout le ton qu’elle avait employé. Cette maman n’avait pas l’air gentille du tout.
Cet endroit n’était en effet pas sa maison, mais le jardin ressemblait un peu au sien. La vue qu’elle avait de l’autre côté de la barrière était la même que celle qu’elle pouvait avoir quand elle allait jouer dehors avec sa maman. C’était bizarre.
– Qui est cette petite, Lilith ?
– Je ne sais pas, Caleb, mais elle sort d’en face. Elle ne lui ressemble pas, je ne pense pas que ce soit sa fille. […] Peut-être qu’elle s’est simplement perdue. Je ne pouvais pas la laisser dehors. Ses parents viendront bientôt la chercher et j’en profiterai pour leur dire deux mots sur leur manière de surveiller leur fille, surtout à Forgotten Hollow !
La dame reporta son attention sur Odile.
– En attendant, petite, lui dit-elle, nous allons nous occuper un peu de toi. Quel est ton parfum de glace préféré ?
– Que faites-vous ici, Robertson ?
– Je… ma maîtresse m’a envoyé chercher quelque chose, hésita Jacob.
– Ne me mentez pas, s’emporta le comte. À l’heure actuelle, tout Forgotten Hollow est au courant de ce qui est arrivé à mademoiselle Faust. Maintenant que votre chère maîtresse n’est plus parmi nous, vous cherchiez probablement de quoi vous permettre une belle vie loin d’ici ? Les rats quittent le navire, à ce que je vois…
– Je dis la vérité ! insista le jeune vampire. Avant sa disparition, elle m’avait demandé de surveiller…
– Et cette clé, dans votre main, coupa Vladislaus, qu’ouvre-t-elle ?
Jacob ouvrit la bouche pour répondre mais fut interrompu par un cliquetis métallique provenant de l’étage supérieur. Quelqu’un était entré dans l’appartement. Malheureusement pour Vladislaus, le disciple d’Edith profita de la distraction pour prendre ses jambes à son cou.
Cher Yamato,
Merci pour ton message sur Blic-Bloc Online. Je sais que tu me l’as écrit il y a deux ans, mais je n’avais pas d’ordinateur, ici, alors je n’ai jamais pu l’ouvrir. […] Comment tu vas, depuis le temps ? Personne ne sait où tu peux être mais tout le monde pense que tu es avec ta mère et mon père. C’est vrai ? Et est-ce que papa va bien ?
J’attends ta réponse.
À bientôt,
Brunehilde.
Brunehilde,
Je suis content de lire ton mail ! J’avais fini par croire que tu n’irais plus jamais sur Blic-Bloc Online mais si tu n’avais plus d’ordinateur je comprends mieux.
Je ne sais pas non plus où je suis. Tout est vraiment bizarre, ici. Il y a bien ma mère et ton père mais lui, je ne le vois pas beaucoup. Maman et lui travaillent tout le temps.
C’est surtout Kirali Noctis qui nous fait les cours. Oui, je ne suis pas tout seul, moi : tu te souviens de mon copain Siegfried ? Il est là aussi mais on n’a pas compris pourquoi. Il n’est pas extraterrestre. Moi non plus, bien sûr, mais ma mère l’est alors c’est plus logique.
Il cherche sa mère mais à chaque fois qu’il pose la question, on lui répond qu’elle est malade et qu’en attendant, ce sont les Noctis qui doivent s’occuper de lui. Mais Siegfried n’est pas très sage et se dispute souvent avec eux. Après, il est puni et doit passer ses soirées dans sa chambre sans parler à personne. Elle n’est pas très grande, d’ailleurs, et les Noctis la ferment à clé, quand il se met en colère.
J’espère qu’on pourra continuer de s’écrire. Kirali me surveille très souvent quand je suis sur l’ordinateur, alors il faudra que je fasse attention. Donne-moi de tes nouvelles et je répondrai quand je pourrai. En attendant, je pense qu’il vaut mieux que nos mères ne soient pas au courant...
À plus,
Yamato.
– À la mort d’Alexei, Yaritza s’est enfuie mais il semblerait qu’Alexei et elle aient eu le temps de concevoir un enfant. Vladislaus lui a reconnu aussi bien les traits de son fils que ceux de la Furie Écarlate.
– Les enfants d’Edith Faust sont des hybrides à moitié humains. Méphistophélès se débarrassera de cette mauvaise graine en apprenant ce que nous avons à lui offrir. Mon père n’ayant pas réussi à accomplir cet objectif, je me suis proposé à ma mère pour poursuivre cette mission en concevant le nombre initial d’enfants, tous des vampires pure souche.
– Au risque de vous décevoir, jeune homme, vous êtes bien loin du compte : mademoiselle Faust a déjà eu tous ses enfants. Méphistophélès n’attendra pas la conception de la suite de votre progéniture.
La dénommée Romy éclata d’un rire cristallin avant de prendre pour la première fois la parole :
– La suite ? Je crois bien, cher ancêtre, que de nous tous, vous êtes le plus loin du compte. Les combats ont eu lieu depuis des années et j’en suis la grande gagnante. Vous avez raison sur un point : Méphistophélès fera au plus rapide. Qui pensez-vous donc qu’il privilégiera : mon père s’offrant à lui en ayant déjà terminé le travail ou Edith Faust, laquelle est à l’heure actuelle prisonnière des Sixamiens et dont les enfants, en plus d’être à présent éparpillés partout, sauf ici, n’ont même pas tous l’âge requis pour combattre ?
– Rory m’aide beaucoup, bien sûr. Elle me dit qu’Odette et moi devons nous apprivoiser mutuellement. J’ai également sollicité l’aide d’une medium pour y voir plus clair.
– Vraiment ? Qu’a-t-elle dit ?
– Peu de choses concernant l’éducation de ma fille, mais elle a senti une aura mystique autour d’elle. Vous vous souvenez certainement que Lilith et moi avons des ancêtres medium ?
– Bien sûr. J’ai même vu l’un d’eux, lors de ma plongée spectrale dans l’urne de Méphistophélès.
– Lilith et moi pensions qu’au fil des générations, le don avait fini par s’estomper. Il semblerait qu’il ait ressurgi avec Odette. La medium essaiera d’approfondir ses capacités d’ici quelques années.
Rapide comme l’éclair, le fils de Yaritza dégaina une fiole ouverte et la renversa en plein sur le visage du comte.
– Vous n’êtes que des lâches, parvint-il à articuler alors que ses forces l’abandonnaient.
– Disons plutôt que nous sommes prêts à tout pour obtenir ce que nous désirons. Romy, conduis notre invité dans les cellules, je te prie. Un humain n’a rien à faire en liberté chez nous.
Ulrike avait obtenu des résultats encourageant auprès des disciples d’Edith, désormais menés par Tina Tinker. Ils ne seraient cependant pas tous de la partie car certains, trop effrayés à l’idée d’affronter des extraterrestres, avaient préféré décliner. D’autres étaient même allés jusqu’à fuir Forgotten Hollow, comme l’avait fait Jacob Robertson.
– Nous ignorons où il est allé mais la dernière fois que nous l’avons vu, il revenait de la Fledermaus, quelques temps après l’attaque. Apparemment, il est seulement revenu prendre quelques affaires au logement de la place Clairdelune mais d’après Diego Lobo, lorsqu’il a quitté le hameau, il était accompagné par une silhouette encapuchonnée. Nous ignorons encore de qui il s’agissait.
– Qui êtes-vous ? osa-t-elle demander, galvanisée par la nécessité de protéger Brunehilde.
– Charlotte Fox, n’est-ce pas ?
Charlotte ne prit pas la peine de répondre. Non contents de la connaître, ces individus la cherchaient et avaient fait le déplacement exprès pour la voir. Son regard fut toutefois attiré vers la femme aux cheveux châtains. Elle l’avait déjà vue quelque part… Au bout de quelques secondes de silence, elle se souvint du tableau de famille au-dessus de l’âtre du manoir Straud.
– Je me nomme Inna Cents, finit par se présenter la femme en question. Voici Lucian Bloodvein et Elvira Nightwood. Nous appartenons tous les trois à l’assemblée des grands maîtres vampires. Le comte Straud nous a récemment écrit et nous avons appris son sort avant d’avoir eu le temps de lui répondre. Pouvons-nous entrer ? Il me semble que nous avons beaucoup de choses à nous dire.
Le vieux carnet de Malvina était toujours où Charlotte l’avait laissé. Personne ne l’avait ouvert. Il y avait après tout eu ces derniers temps des priorités plus importantes que le témoignage d’une vieille dame. Cependant, la Brindletonienne avait désormais un peu de temps devant elle. Brunehilde jouait sur son ordinateur et Lilith et Ulrike entretenaient le potager. L’occasion était trop belle pour ne pas en profiter...
Ainsi donc, ma fille, si tu lis un jour ces lignes, sache que ton prénom te vient de la personne la plus généreuse que j’aie pu rencontrer. Je te souhaite de tout cœur d’être heureuse. Sois la bienvenue dans ce monde, ma jolie Ulrike Faust.
Il est alors passé aux menaces : soit je lui obéissais, soit il s’en prenait à mes enfants. Mais je ne sais que trop bien comment fonctionnent ses pactes. Il ne peut me contraindre à quoi que ce soit. Je dois accepter ses termes par ma propre volonté. Alors, comprenant que rien ne me ferait céder à son caprice, il a franchi le point de non-retour : puisque ma famille est ce qui me rend heureuse, il l’anéantira jusqu’au dernier membre si je ne la quitte pas. Ma seule manière d’épargner ce sort à Adler et aux enfants est de partir sans jamais revenir.
Je viens de la voir. Elle est arrivée ici, à Forgotten Hollow. Je m’en veux de ne pas l’avoir surveillée davantage. Par quelle ironie du sort a-t-elle trouvé le chemin de la ville de ses ancêtres ?
Les photos de classe d’Edith et le registre des anciens élèves de son école m’ont été très utiles. J’ai découvert l’existence d’une jeune femme de son âge. Une certaine Charlotte Fox. Elles étaient meilleures amies. Peut-être même le sont-elles encore aujourd’hui. Il paraît que Fox a longtemps mené l’enquête pour retrouver Edith. Sans succès, de toute évidence, mais son acharnement force l’admiration. D’autres qu’elle auraient lâché l’éponge bien avant.
J’aimerais qu’elle rencontre mon père afin qu’il lui explique lui-même la partie sur le vampirisme. Or, il n’est lui-même pas au courant de mes manœuvres. S’il l’était, il me faudrait lui dire pourquoi je déploie tant d’efforts pour Edith Faust et avouer qui elle est réellement pour nous. Je doute fort qu’il apprécierait savoir qu’en la transformant, c’est sa propre descendance qu’il a précipitée vers les sales pattes de Méphistophélès.
Si quelqu’un peut lui permettre de préserver une petite partie de son humanité, c’est bien [mademoiselle Fox]. Et si Edith conserve son humanité, nous aurons du temps supplémentaire pour réfléchir à un plan pour anéantir l’ectoplasme pour de bon. Je place le destin du monde occulte entre vos mains, Charlotte. Bonne chance à vous.
– Lucian et Elvira poursuivent régulièrement leurs recherches sur les lois vampiriques et en ont trouvé une très intéressante. Avant Cordélia, il se trouve qu’il était possible à un grand maître de « réclamer » à un autre grand maître un humain qui lui était attribué. Il fallait une bonne raison, bien sûr. Cette raison, c’était le mariage. La loi a fini par se perdre au fil des siècles mais n’a concrètement jamais été abolie.
– Ainsi, comprit Charlotte, il serait légalement possible de soustraire Vladislaus de la Fledermaus à condition de… l’épouser ?
– À vrai dire, répondit fièrement Inna, nous sommes toujours mariés, lui et moi. Tout ce que j’ai à faire est de me rendre à la chapelle et exiger le retour de mon époux. Quand il s’agit de réclamer un humain à un vampire dirigeant, il y a bien sûr des limites. Il y a fort à parier que Yaritza et Stanislav nous interdirons de le retransformer en vampire, mais il sera au moins en sécurité. C’est là notre objectif à court terme.
C’est ainsi que, sans nous concerter, Inna Cents a renoncé au vampirisme, devenant à son tour humaine. Ce que Vladislaus n’avait pas compris était pourtant clair depuis le début : la seule raison pour laquelle Inna s’est transformée en vampire en premier lieu était pour rester aux côtés de son âme sœur. Elle-même n’a jamais cherché l’immortalité ou la puissance. Tout ce qui lui importait était de vivre dans une famille heureuse en dépit de la supposée damnation vampirique.
La même nuit, Vladislaus et Inna ont quitté le manoir. Comme personne ne s’attendait à un tel retournement de situation, ils ont pu quitter le hameau sans aucune difficulté. Le lendemain, nous avions compris. Nous savions qu’il n’était plus qu’une question de temps avant que Yaritza ne l’apprenne et ordonne leur exécution, aussi sommes-nous partis à leur recherche.
Lorsqu’ils nous ont vus entrer dans leur chambre, ils ont tout de suite compris. Cette situation n’aurait pas pu durer éternellement, de toute manière. Tôt ou tard, les Istines les auraient retrouvés et plus l’attente aurait duré, pires auraient été leurs souffrances. Notre rôle était simplement d’apporter à Vladislaus et Inna une fin plus douce que celle qu’ils auraient connue.
Depuis la révélation de l’ascendance d’Ulrike aux grands maîtres, ces derniers lui fournissaient une formation intensive. Les grands maîtres voyaient probablement en la tante d’Edith une solution contre l’autorité de Stanislav. Après tout, l’ancienne gouvernante de la Fledermaus était, tout comme lui, une héritière potentielle de Vladislaus Straud. Elvira et Lucian devaient sans soute la préparer à un affrontement décisif pour l’avenir du monde vampirique.
Comme la Brindletonienne l’avait supposé, l’entraînement de la vampire avait bel et bien un objectif précis.
– D’un point de vue légitime, lui confia Ulrike, Stanislav passe avant moi car contrairement à lui, je ne suis pas née vampire. Mais d’après Elvira, j’ai le droit de le défier pour revendiquer l’héritage de… notre grand-père.
– Elvira se doute-t-elle seulement que vous n’avez que très peu de chance face à votre cousin ?
– C’est pourquoi nous allons patienter quelques années avant d’ouvrir les hostilités, répondit la vampire. Je pars terminer ma formation vampirique à Moonlight Falls. Elvira en est la dirigeante. Elle pourra faire croire à Yaritza qu’elle y a des affaires urgentes à régler. Cela justifiera son absence.
À bientôt pour l'acte V !! 🤗
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
Hâte de lire le début de l'acte 5
Vladislaus et Inna étaient effectivement choupis, je partage ton avis
Un challenge dans un challenge, pas vraiment ! Plutôt une proposition de challenge
@Elinoee Je préparais cette révélation depuis le début de l'histoire mais j'avoue que c'est dur de laisser des traces par ci par là sans éveiller les soupçons
*pratiquement seulement car il y a quelques exceptions, je l'avoue. Ainsi, pour la petite anecdote, la toute dernière scène de l'épilogue de l'histoire est déjà tournée car il se trouve que c'est carrément... la toute première que j'ai jouée ! J'ai hâte de vous la montrer. On n'y est pas encore mais mine de rien, plus les chapitres avancent, plus on s'en rapproche !
Comme tu dis, sacrée histoire de famille ! Quant à tes soupçons sur Méphistophélès à l'origine de tous les décès, sache qu'il est très vexé, lui qui, d'après ses dires, est "pourtant si adorable"
Tout comme toi, je trouve que Vlad et Inna sont parfaits ensemble. Je devais les faire partir comme ils méritaient de partir et j'avoue que la manière dont j'ai conclu leur histoire me satisfait beaucoup
Pour le challenge Place du Marché, comme je disais à oiseaudelune, ce n'est heureusement pas au programme
@myomao Merci beaucoup pour ton enthousiasme
Revoici enfin le retour d'Orchestra Vampirica ! 🎉 Mes personnages et mon histoire m'ont beaucoup manqué ces derniers mois. Ceci dit je ne les ai pas laissés de côté pendant tout ce temps non plus car j'ai toujours des chapitres et des screens d'avance (et j'ai presque fini l'acte V
Sur ce, c'est parti avec un petit chapitre pour vous remettre dans le bain ! Bonne lecture ! 🤗
Odile adorait Perséphone. Elle l’avait rencontrée un an plus tôt, alors qu’elle se promenait sur la place principale de Forgotten Hollow. Bien sûr, Caleb et Lilith l’avaient déconseillée d’approcher la chienne, mais en dépit de son apparence, celle-ci se montrait toujours très douce avec elle.
– Je pense que c’est parce que tu es avec nous, expliqua Ibrahim. Elle voit que l’on s’amuse bien alors elle t’invite à jouer aussi avec elle.
– J’aimerais qu’elle soit toujours avec nous, confessa Odile. Si seulement les chiens vampires existaient. Ta mère la transformerait sûrement.
Il y eut un moment de silence embarrassant. La mère d’Ibrahim, la redoutable Comtesse, était justement la raison pour laquelle Caleb et Lilith cherchaient à éloigner Odile de Perséphone : la chienne était celle de la Comtesse.
Bien sûr, les Vatore désapprouvaient également les autres fréquentations d’Odile. Seulement, à part Ibrahim et sa fratrie, il n’y avait aucun enfant de son âge, à Forgotten Hollow. Avec qui aurait-elle joué, sans eux ? Ibrahim avait été son premier ami. Il avait huit ans. Les jumeaux Joachim et Myriam, qui jouaient à présent à leur tour avec Perséphone, en avaient sept. Le même âge qu’Odile.
– Toujours avec ton amoureuse, Ibrahim ?
– Arrête tes bêtises, Rachel, s’emporta l’aîné.
Ibrahim avait rougi jusqu’aux oreilles mais Odile avait trouvé la taquinerie très amusante. Du haut de ses six ans, Rachel était la plus jeune des enfants de la Comtesse. C’était la première fois qu’Odile la rencontrait.
Les enfants passèrent ainsi le reste de la soirée à jouer et plaisanter sur ce promontoire qui, à n’en point douter, allait devenir leur point de rassemblement privilégié au cours des années à venir.
Odile en profita même pour essayer l’appareil photo qu’elle avait eu pour son anniversaire.
– Les enfants, lança une voix sèche. Je sais que vous êtes là haut. Vous avez dépassé l’heure du couvre-feu, dépêchez-vous.
En un éclair, Odile se cacha dans les fourrés tandis qu’Ibrahim et les autres rejoignirent leur mère.
– Pouvez-vous m’expliquer les raisons de votre retard ? interrogea la comtesse d’un ton glacial.
– Pardonnez-nous, mère, risqua Ibrahim. Nous n’avons pas vu l’heure.
– Je passe l’éponge pour cette fois mais que je ne vous y reprenne plus. Vous pourriez croiser des loups-garous. Rentrons, à présent.
[…]
Odile avait attendu que la Comtesse et ses enfants furent retournés à la Chapelle Blanche pour sortir de sa cachette et regagner la maison. La fillette se doutait bien que son absence avait été remarquée mais elle tenta malgré tout de feindre l’innocence en pianotant vainement sur le clavier de l’orgue du salon.
– Comptes-tu nous prendre pour des idiots encore longtemps ? s’amusa Lilith en entrant dans la pièce. Je sais très bien où tu étais.
– C’était juste en face, répondit candidement Odile. Tout va bien.
– Que veux-tu dire par « en face » ? Tu n’es quand même pas entrée chez la Comtesse ?
– Bien sûr que non ! Elle fait beaucoup trop peur pour ça ! On était sur le promontoire, avec Ibrahim et les autres. Il m’a présenté sa petite sœur Rachel, aujourd’hui. Elle a un an de moins que moi.
– Encore une ? s’étonna l’aînée des Vatore. Combien sont-ils, à présent ? Quatre ?
– En fait, ils sont six, corrigea Odile. Enfin sept si on compte Lucretia, mais elle ne vit pas à la chapelle. Il y a encore une petite sœur que je n’ai pas rencontrée car elle a quatre ans et la Comtesse a eu un nouveau bébé il y a quelques semaines. Un garçon, cette fois.
– Voilà donc pourquoi elle n’est pas sortie de son manoir ces derniers mois, comprit Caleb qui venait à son tour de faire irruption. Quant à toi, jeune fille, ne crois-tu pas qu’il serait l’heure d’aller te coucher ?
– D’accord, soupira l’intéressée. Mais seulement si tu viens me border !
Caleb accepta de bon cœur et accompagna sa protégée jusqu’à sa chambre. Une fois arrivée, Odile ne put tenir davantage sa langue :
– Tu sais Caleb, tout à l’heure j’ai entendu la Comtesse dire à Ibrahim qu’il y avait des loups-garous, dans le coin.
– Elle lui a dit cela pour rire, assura le cadet des Vatore.
– Je ne sais pas trop si elle est capable de rire… Mais pour lui faire peur, c’est possible ! Enfin j’espère. Ça n’existe pas, hein ?
– J’aimerais te dire le contraire, ma puce, mais je ne peux pas non plus te mentir. Les loups-garous existent mais ils habitent loin d’ici.
– Alors c’est tout comme dans les livres ? Ils se battent contre les vampires et tout ?
– Nos deux espèces ne s’entendent pas, c’est vrai, concéda Caleb. Mais dans tous les cas, sois sure d’une chose : tu ne verras jamais le moindre loup à Forgotten Hollow. Ils n’ont aucun intérêt à venir ici.
Un peu rassurée, Odile accepta de se glisser sous les draps. Conformément à sa promesse, Caleb la borda.
– Mais si jamais ça arrivait, laissa échapper la fillette, comment est-ce que…
– Si cela arrivait, répondit patiemment Caleb, tu n’as aucune inquiétude à avoir. Lilith et moi te protégerons. Nous avons fait du bon travail l’année dernière, contre le monstre sous le lit, non ?
– Oui, c’est vrai. Bonne nuit, Caleb.
[...]
18/01/430 :
Cher Yamato,
J’espère que tu vas bien. Ici, les choses n’ont pas beaucoup bougé depuis le mois dernier. Maman et Charlotte continuent leurs recherches pour vous retrouver mais il n’y a pas le moindre indice. Es-tu vraiment sûr de ne pas savoir quoi que ce soit ?
Ulrike et Elvira sont revenues quelques jours, la semaine dernière. Elles voulaient nous donner quelques nouvelles. Charlotte trouve qu’Ulrike progresse lentement dans sa formation, mais il faut dire que contrairement à la mère de Siegfried, le développement de ses pouvoirs n’est pas accéléré par la magie d’un fantôme maléfique. Lucian est confiant. Pour lui, Ulrike finira par devenir une grande maîtresse. Il faut dire qu’elle est la petite-fille de Vladislaus Straud !
Ne crois-tu pas qu’il serait temps de prévenir les adultes de nos échanges ? Peut-être qu’ils pourraient nous aider ?
Brunehilde.
15/02/430 :
Brunehilde,
Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Si tu prévenais ta mère et les autres, tout le monde finirait par venir ici et s’en prendrait à ma mère et à ton père.
Pour moi, la meilleure solution est de faire en sorte que l’on puisse s’échapper. Surtout Siegfried. Il supporte de moins en moins l’enfermement et les Noctis le surveillent très étroitement.
Ici, je n’ai pas de fenêtre. Je pense que nous sommes en sous-sol. Siegfried et moi continuons les cours mais nous y apprenons des choses étranges. Dans le programme scolaire, il est dit que les vampires sont des êtres dangereux qui doivent être strictement contrôlés. Apparemment, ce ne serait pas le cas pour toi, moi et les Noctis car nous avons également du sang sixamien.
Mais Siegfried n’apprécie pas du tout d’être toujours comparé à une espèce inférieure. Il répond souvent à Kirali, notre enseignante. Selon lui, sa mère est plus forte qu’eux tous réunis.
Seulement, c’est difficilement prouvable en ce moment. Edith est en hibernation forcée et n’est réveillée qu’une fois par an dans une pièce pleine d’ail juste pour permettre à Siegfried de la voir une petite heure. Mais ce petit manège ne pourra pas durer indéfiniment : pour l’instant, nous avons dix ans, mais plus nous grandissons, plus nous devenons nous-mêmes sensibles à l’ail. Il arrivera un moment où Siegfried ne pourra plus du tout voir Edith. Peut-être qu’ils le feront hiberner, lui aussi. Je ne suis pas sûr de comprendre ce qu’ils ont prévu pour lui.
Fais attention à toi,
Yamato.
30/06/430 :
Bonjour Yamato,
Nous avons eu une nouvelle visite, aujourd’hui, et Charlotte était très contente : il s’agissait d’Orpheus, le frère de Siegfried.
Lui, en revanche, n’était pas très joyeux et pour cause : il a appris la mort de Malvina (avec qui il était très proche) cinq ans en retard, mais aussi l’attaque de la chapelle de sa mère. Ceci dit, c’est un peu de sa faute car il avait demandé à Charlotte de ne pas le contacter jusqu’à nouvel ordre.
Orpheus est donc revenu de son échange scolaire à Sunset Valley où il a validé un diplôme. Quand il a enfin appris tout ce qu’il avait raté en cinq ans, il a voulu se rendre chez les Istines pour se venger mais Charlotte a réussi à le retenir. Il veut donc repartir pour un nouveau cursus universitaire, cette fois-ci à Foxbury. Comme il est un vampire, il peut facilement passer pour un étudiant tout juste sorti du lycée. Personne ne devrait lui poser de questions.
Pourras-tu en parler à Siegfried ? Je pense que cela lui ferait plaisir d’avoir des nouvelles de son frère.
Brunehilde.
01/07/430 :
Salut Brunehilde, c’est Siegfried.
J’ai appris par Yamato que tu avais vu mon frère ? Est-ce que je peux te demander de lui donner un message pour moi ?
Avant-hier, j’ai entendu ta tante discuter avec des gens. Ils avaient l’air bizarres et c’est normal : ce sont des chasseurs de vampires !
Yamato et moi allons bien, et ces lamas de Noctis aussi. Personne ne s’en est pris à nous. En fait, j’ai écouté leur conversation et il y a quelques temps, ta tante et ton père ont demandé aux chasseurs de retrouver la trace de mes frères et sœurs. Et apparemment, ils en ont trouvé deux à Selvadorada !
Je crois qu’ils parlaient de Tam’ et Carmen. Il faut vite que tu préviennes Orpheus sinon Tam’ et Carmen vont se fa
08/09/430 :
Siegfried,
Désolée du retard, ma mère a voulu m’emmener en vacances pour nous changer les idées et je n’avais pas mon ordinateur avec moi !
Je n’ai pas reçu la fin de ton message mais je pense avoir compris ce que tu voulais dire. Seulement, Orpheus a dû repartir pendant mes vacances car quand nous sommes revenues à Henford-on-Bagley, il n’était plus là. Je vais essayer de le contacter. Je te tiens au courant !
01/03/431 :
Yamato et Siegfried,
J’espère que vous allez bien, tous les deux. Je n’ai plus de vos nouvelles, je m’inquiète un peu.
Siegfried, j’ai réussi à parler à Orpheus. Il m’a dit qu’il partait dès que possible pour Selvadorada. Il ne sait pas où chercher, par contre, car seul Vladislaus savait où se trouvaient exactement Tamino et Carmen. En plus, Selvadorada est un endroit très ensoleillé donc ce n’est pas idéal pour lui. Je crois qu’il va demander de l’aide à un camarade de dortoir, ils pourront se relayer dans leurs recherches. Seulement, ils ne pourront pas partir avant cet été car il leur faut assez d’argent pour l’avion. De votre côté, faites attention au retour des chasseurs. Orpheus pense qu’ils ne feront que capturer Tamino et Carmen alors s’ils se retrouvent avec vous, nous réfléchirons à un autre plan pour tous vous récupérer.
Prenez soin de vous,
Brunehilde.
13/08/431 :
Yamato,
Peux-tu me répondre au plus vite ? Cela fait plus d’un an que je n’ai plus de nouvelles et je commence à m’inquiéter.
Je suis à deux doigts d’en parler aux adultes, mais Orpheus m’a demandé de lui faire confiance.
Il est parti à Selvadorada il y a presque deux mois. J’ai parfois de ses nouvelles mais il semblerait que Tamino et Carmen ne soient pas dans la partie la plus touristique du pays. J’espère qu’il arrivera à les retrouver malgré tout.
Comme d’habitude, les recherches sont ici au point mort vous concernant. La nouvelle ambassadrice occulte de Sixam a été plusieurs fois invitée à Forgotten Hollow mais Lucian et Elvira n’ont jamais eu de réponse. C’est dommage car elle aurait pu ordonner de vous retrouver très facilement.
Je surveillerai mes messages en espérant que tu finisses par y répondre. Ne tarde pas trop,
Brunehilde.
À suivre...
Durant le laps de temps qu'il y a eu entre les deux actes, Caleb et Rory ont eu un petit Rémus, faisant un petit frère à Odette (et Odile) !
Et voici l'anniversaire des jumelles ! Odette souffles ses bougies dans les bras de Caleb tandis qu'Odile souffle les siennes dans les bras... de Caleb !
Ces petits montages m'avaient manqué
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
Je suis inquiète pour Siegfried, qui est en de bien mauvaises mains...ainsi que pour Edith, du coup! Que c'est cruel de ne la réveiller qu'une fois par an dans une pièce remplie d'ail
Tamino et Carmen sont eux aussi en danger...
Odile a l'air de s'être bien adaptée dans son "monde parallèle" (?) Je suis bien curieuse de lire la suite de ses aventures avec les enfants de la comtesse ainsi que Caleb et Lilith v2 !
D'abord merci pour le recap, j'aurais été perdu sinon. Même si parfois, je me perds un peu quand même.
Hum... Vraiment, c'est génial de voir les enfants s'écrire.
Je me demande... le petit blondinet s'est fait prendre en plein délit... ouf... que va-t-il lui arriver?
Bref, c'était un super épisode!
Merci beaucoup!
Le sort réservé à Edith est en effet plutôt sévère, mais du point de vue des Nibelung, c'est amplement mérité
Héhéhé, ça me fait plaisir d'avoir attisé ta curiosité pour tout se qui se trame autour d'Odile
@oiseaudelune Merci pour ce gentil mot
Il est vrai que maintenant, l'histoire est allée bien au-delà des limites de Forgotten Hollow
L'idée que chacune des jumelles ait techniquement été élevée par leur père, mais pas le même m'a beaucoup plu, moi aussi
Je vois que tu as déjà ta petite théorie concernant l'identité de la Comtesse ! Nous verrons si tu as juste plus tard
Après un petit chapitre tranquille pour la reprise la semaine dernière, en voici un avec un peu plus d'action et d'avancée dans l'intrigue
L’été passé à Selvadorada avait finalement été des plus infructueux. Orpheus n’avait pas pris en compte l’impact du soleil ravageur du pays sur sa peau vampirique. Les semaines s’étaient écoulées à une vitesse folle et lorsque l’heure lui fut venue de rentrer à Britechester pour la rentrée des classes, le cambion n’avait trouvé ni Tamino, ni Carmen.
Durant le voyage, Orpheus n’avait aucunement fait mention de l’aspect « mission de sauvetage » du voyage à Isaac Ben-Ami, son colocataire. Le jeune homme avait prétexté à ce dernier vouloir changer d’air au milieu de la jungle omiscaine tout en laissant penser que son frère et sa sœur y étaient installés par réel choix et non par volonté d’échapper à des extra-terrestres vengeurs cherchant à capturer les enfants de leur ennemie vampire.
Lorsqu’il fût devenu évident qu’il ne retrouverait pas Tamino et Carmen au cours de ce séjour, Orpheus avait dû faire semblant de ne pas s’inquiéter et faire la fête avec Isaac et leurs amis d’Université venus les rejoindre au bout d’un mois.
Depuis son retour de Sunset Valley un diplôme de biologie en poche, Orpheus s’était inscrit à l’institut Foxbury dans un cursus de physique. Il vivait dans une grande maison dont les propriétaires, Daisy et Dino Fiore, louaient l’étage à cinq étudiants tout en vivant eux-mêmes au rez-de-chaussée.
Les Fiore étaient un couple de personnes âgées très sympathiques laissant également à leurs locataires étudiants un accès libre à leur sous-sol, lequel était un lieu idéal pour accueillir des camarades de promotion pour faire la fête. Orpheus avait en outre eu la liberté d’installer une station de robotique afin de s’exercer avec des matériaux « empruntés » à l’Institut Foxbury.
En cette veille du jour des récoltes, cependant, le temps n’était ni à la fête, ni au bricolage de matériaux robotiques. Orpheus s’affairait dans sa chambre, prêt à empaqueter tout ce qui lui serait nécessaire pour son deuxième voyage à Selvadorada : des vêtements de rechange aux provisions de plasmafruits en passant par les ingrédients nécessaires à la préparation du cocktail inverse-lumière, tout entra sans cérémonie dans sa valise.
Lorsqu’il boucla enfin cette dernière, des coups retentirent contre sa porte d’entrée.
– Tout est prêt pour moi, lui annonça Isaac. On peut partir.
– Parfait. Désolé de t’embarquer dans cette histoire une fois de plus.
– Ne t’en fais pas, grâce à toi, je vais cartonner pour ma dissertation sur les trésors omiscains !
Contrairement aux autres locataires de la maison des Fiore, Isaac Ben-Ami n’était pas étudiant de l’Institut Foxbury. Il suivait un cursus d’histoire à l’Université de Britechester. La rivalité entre les deux écoles ne se faisait heureusement pas ressentir au quotidien dans la maison, celle-ci étant après tout située en terrain neutre. En l’état, le fait qu’Isaac suivît une telle formation arrangeait fortement Orpheus : le jeune homme s’y connaissait beaucoup plus que lui sur Selvadorada et la culture locale. Par ailleurs, le cambion s’entendait très bien avec lui. Isaac pouvait parfois se montrer obtus et taciturne, mais il était authentique et Orpheus appréciait cela chez lui – parmi d’autres choses un peu moins facilement avouables –.
Ce fut dans une ambiance agréable qu’Orpheus et Isaac arrivèrent au bout de quelques jours de voyage dans leur location selvadorienne. Le cambion comptait bien faire de ce second séjour une expérience concluante, aussi se rendit-il au bar El Arbol del Jaguar une fois le soleil couché.
Mener une telle enquête n’était pas chose facile : Orpheus n’ayant pas de photo de Tamino et Carmen, il devait décrire son frère et sa sœur de manière plus qu’approximative à des selvadoriens qui le scrutaient avec méfiance. Le jeune homme ne pouvait leur en vouloir. D’un point de vue extérieur, il devait en effet sembler louche.
– Ah, te voilà, je te cherchais partout !
À la surprise d’Orpheus, Isaac s’était joint à l’escapade au bar. L’apprenti archéologue s’installa au comptoir et commanda deux Espuma Agria.
– Tu m’en diras des nouvelles ! s’exclama Isaac en invitant son colocataire à se servir. Je pensais que tu m’aurais proposé de t’accompagner. Nous sommes à peine arrivés que tu fuis déjà ma présence ?
– Pas du tout, répliqua Orpheus d’un air gauche. Ça me fait plaisir que tu sois venu.
– Alors où est le problème ?
Le cambion eut un instant de réflexion. Il n’avait évidemment jamais abordé son passé familial à ses colocataires et ne tenait pas spécialement à l’ébruiter. Pour autant, laisser penser à Isaac qu’il l’évitait le dérangeait curieusement. Pour faire bonne mesure, Orpheus vida son verre. Il avait pris sa décision.
– Écoute, Isaac, je ne t’ai pas tout dit. Mon frère et ma sœur ne sont pas vraiment ici par plaisir. Ils se cachent.
Le cambion pesait ses mots. Hors de question d’aborder le vampirisme. Mieux valait revenir aux fondamentaux et inventer une histoire cousue de fil blanc.
– De quoi se cachent-ils ? s’intéressa Isaac.
– De qui, plutôt. Nous ne le savons pas vraiment mais ce qui est sûr, c’est que ma mère a des ennemis et Tam’ et Carmen ont été envoyés ici pour leur sécurité.
– C’est si grave que ça ? Ta mère est une sorte de marraine de la mafia ?
– Euh… Oui, si on veut.
Isaac n’insista pas mais Orpheus comprit malgré tout que son acolyte n’était pas dupe et se doutait qu’une partie de la vérité lui était volontairement occultée. Le cambion lui était reconnaissant de ne pas compliquer les choses.
– S’ils sont plus en sécurité ici que chez vous, pourquoi tiens-tu à les recontacter ?
– Parce qu’il se pourrait que quelqu’un soit sur leurs traces au moment où l’on parle. Selvadorada n’est plus un endroit sûr pour eux. J’ai essayé de les retrouver cet été mais c’est plus compliqué que prévu. Sans compter qu’ils ont dû changer depuis la dernière fois que je les ai vus.
À son tour, Isaac acheva son Espuma Agria en silence. Orpheus se sentait fébrile. Au fil de son récit, il s’était aperçu que l’avis de l’apprenti archéologue lui importait plus qu’escompté. Cela faisait après tout longtemps qu’il ne s’était pas autant confié à quelqu’un.
– J’imagine qu’en dehors de ta volonté de les protéger, finit par demander Isaac, tu as hâte de les revoir.
– Pour être honnête je crois que j’ai un peu le trac. Nous ne nous sommes pas vraiment quittés de la meilleure des manières. J’ai fugué quelques années avant leur exil et ils m’en veulent certainement encore.
– Pour ça, je peux compatir ! Je sais ce que c’est que d’être la déception de sa famille.
Orpheus se sentit quelque peu honteux. Lui-même connaissait les rapports tumultueux que son ami entretenait encore avec ses parents concernant ses choix de vie. Ce dernier s’était déjà confié à lui il y a longtemps. Le cambion éprouvait à présent une certaine culpabilité à ne pas lui rendre la pareille. Isaac pouvait-il penser qu’Orpheus ne lui accordât pas la même confiance ?
– Isaac, tenta Orpheus...
– Tu n’es pas obligé, coupa le jeune homme qui avait visiblement compris ce qui tracassait son colocataire. Je ne t’en veux pas, tu as le droit de garder certains détails pour toi. Mais n’oublie pas que tu peux compter sur moi.
Orpheus sentit une vague de chaleur gagner sa poitrine. Son verre d’Espuma Agria, vide depuis plusieurs minutes, n’y était pour rien.
– Quoi qu’il en soit, reprit Isaac comme si de rien n’était, je t’ai vu interroger ces gens. Tu n’y arriveras jamais si tu es aussi bizarre. Essaie d’avoir l’air un peu plus à l’aise avec les selvadoriens.
Sur ces mots, l’apprenti archéologue se leva, ignorant superbement le regard interrogateur d’Orpheus.
– Essaie déjà de te fondre dans la masse en intégrant leurs coutumes. Connais-tu la simrumba ?
Je n'ai pas pu m'empêcher d'écrire et tourner cette scène en musique
Joignant le geste à la parole, Isaac se laissa porter par la musique qui retentissait dans le bar. Orpheus le trouvait très doué.
– Ne me laisse pas me ridiculiser tout seul ! Joins-toi à moi !
– Tu ne te ridiculises pas du tout ! C’est si je m’y mets que tu te couvriras de ridicule.
– Allons, détends-toi le plumbob, t’amuser un peu ne t’empêchera pas de retrouver ton frère et ta sœur le moment venu.
Orpheus finit alors par se laisser convaincre. D’abord peu assuré dans ses mouvements, le cambion se contenta en premier lieu d’imiter ceux d’Isaac.
Il finit cependant par réaliser que la simrumba n’était pas si compliquée à danser, pour peu que l’on se laissât guider par le rythme de la musique.
– Tu vois ? Tu t’en sors comme un chef !
Orpheus en doutait fortement mais le compliment lui fit très plaisir. Les recherches attendraient le lendemain. Pour une fois, il comptait bien lâcher du lest le temps d’une soirée.
[…]
Force était de constater que les conseils d’Isaac avaient porté leurs fruits. En cherchant à s’intégrer aux selvadoriens, Orpheus gagnait plus forcément leur confiance, tant et si bien qu’après quelques jours, un villageois lui avait indiqué la direction d’une vieille place un peu plus haut dans la zone touristique : le Pueblo del Sol.
D’après ce que pouvait en voir le cambion, le lieu mêlait à la fois commerces et habitations. L’ensemble coloré lui paraissait très chaleureux.
– D’après cet homme, interrogea Isaac, ton frère et ta sœur habitent ici… C’est un peu étrange, non ?
– J’aurais aussi pensé qu’ils chercheraient à éviter les zones trop peuplées, mais leur accompagnateur a dû penser que c’était précisément au milieu de la foule qu’ils passeraient le plus inaperçus.
Orpheus occultait volontairement sa propre théorie sur la question, à savoir qu’un petit village comme celui-ci pouvait également être un garde-manger efficace. Le cambion tenta de chasser cette pensée. Il espérait vivement que Tamino et Carmen ne s’étaient jamais livrés à des actes trop barbares avec les humains.
Après s’être arrêtés à plusieurs reprises pour admirer la palette de couleurs qui s’offraient à eux, Orpheus et Isaac parvinrent devant la maison indiquée par leur interlocuteur de la veille. Selon lui, c’était derrière cette porte qu’avaient élu domicile, quelques années auparavant, un mystérieux homme aux yeux violets et deux adolescents qui ne lui ressemblaient pas. Le cambion demeura incertain devant le seuil. Quel accueil allait-il recevoir ? Il n’y avait qu’une seule manière d’en avoir le cœur net, aussi se décida-t-il à frapper.
Il ne fallut pas longtemps pour qu’un homme vienne leur ouvrir. Ses yeux correspondaient à la description donnée par le villageois. Orpheus devina aussitôt qu’il s’agissait d’un vampire.
– Bonjour, se présenta-t-il. Je m’appelle Orpheus Faust et…
– Le frère de Carmen et Tamino ? Entrez, je vous en prie.
Le cambion ne s’était pas attendu à être accepté aussi rapidement, mais l’occasion était trop bonne. Rapidement imité par Isaac, il suivit l’homme jusqu’à un salon pittoresque.
– Je suis Sanjay Kamdar. Vous et moi ne nous connaissons pas mais je viens de Forgotten Hollow, comme vous. Je travaillais à la bibliothèque de la place Clairdelune, où j’ai rencontré votre sœur et votre frère.
– C’est donc avec vous qu’ils ont pu s’enfuir lorsque la chap…
Orpheus ravala son dernier mot. Il avait presque oublié la présence d’Isaac et il était peu probable que ce dernier trouvât normal de vivre dans une chapelle.
– Lorsque ma famille a été attaquée, se rattrapa-t-il. Merci d’avoir veillé sur eux durant les six dernières années. Où sont-ils ?
– Je ne dirais pas avoir « veillé sur eux » aussi longtemps, vous savez. Voilà bien trois ans que notre cohabitation est plus amicale que protectionniste. Ils sont désormais majeurs, après tout. Quant à votre question, ils sont à la chapelle du village. Quelqu’un leur a donné rendez-vous.
Le cœur d’Orpheus manqua un battement.
– Vraiment ? paniqua-t-il. Qui est ce quelqu’un ?
– Ils ont reçu un courrier ce matin leur demandant de se rendre seuls à la chapelle. J’ai bien essayé de les en dissuader ou de les accompagner en secret. Seulement, vous connaissez Carmen : quand votre sœur a une idée derrière la tête, il est impossible de la faire changer d’a…
– Il faut qu’on file, coupa Orpheus. Vous et moi. Nous devons aller à cette chapelle. Isaac, reste ici.
Bien sûr, il était hors de question pour l’apprenti archéologue de rester derrière. Orpheus n’avait hélas pas le temps d’en discuter, aussi se laissa-t-il suivre par Isaac jusqu’à la chapelle du Pueblo del Sol.
Arrivé sur place, cependant, il lui fit comprendre d’un air catégorique qu’il devrait l’attendre devant la porte.
– Tu es déjà trop mêlé à cette histoire, ce qui va suivre peut être dangereux. Entrons, Sanjay.
Le cœur battant la chamade, le cambion poussa la porte et accéda à l’intérieur d’une chapelle dont la simplicité aurait fait pâlir la très extravagante Fledermaus. D’après la brochure touristique, les villageois se rendaient régulièrement dans ce lieu pour des cérémonies. Cette fois, cependant, il n’y avait presque personne.
Ils étaient bien là, assis au premier rang. Bien qu’ils fussent de dos, Orpheus les reconnut aussitôt. Qu’ils avaient changés. Le cambion s’éclaircit timidement la gorge, attirant l’attention de Tamino.
Celui-ci se leva et, à la vue de son grand frère, se figea momentanément.
– Carmen, souffla-t-il, regarde un peu ça.
Leur sœur obtempéra. Si elle eut la même surprise que Tamino, elle se referma aussitôt, prenant un air froid tout en s’avançant vers Orpheus.
Si celui-ci s’était douté d’une telle réaction, il n’avait pas vu la gifle venir.
– Un revenant, lança la jeune femme d’un ton cassant. Ravie de constater que tu as enfin pu trouver un peu de temps pour penser à nous. Et depuis quand un vampire a-t-il besoin de lunettes ?
Orpheus se retrouva incapable de répondre. Toute la culpabilité qu’il avait ressentie en fuguant de Forgotten Hollow à son adolescence était en train de remonter.
Sanjay s’en douta car il tenta de désamorcer la situation de lui-même.
– Carmen, tenta le bibliothécaire, Orpheus est venu vous…
– Ne commence pas à prendre sa défense, coupa la cambionne en prenant sa forme sombre. Je me fiche bien des raisons qui l’ont poussé à revenir.
Puis, s’adressant à son grand frère :
– Nous n’avons plus besoin de toi. Nous sommes à l’abri des Nibelung, ici, et lorsque Tam’ et moi nous serons entraînés, nous retournerons à la maison pour sauver maman. Retourne donc à tes af…
La diatribe de Carmen se perdit dans les airs. Orpheus n’en tenait plus et avait fini par gratifier sa sœur d’une forte étreinte. Celle-ci fut tellement désarçonnée qu’elle ne se rendit pas compte qu’elle lui rendait l’accolade à son tour.
– Vous m’avez manqué, tous les deux, souffla Orpheus d’un ton ému. Je suis heureux que vous soyez sains et saufs.
– Pas grâce à toi, en tout cas.
Carmen se dégagea doucement de l’étreinte, laissant tout de même comprendre qu’elle en voulait toujours à son aîné.
Tamino en profita pour prendre sa place.
– J’ai toujours su que tu reviendrais, Orpheus. Mais était-ce vraiment la peine de nous envoyer ce courrier ?
– De quoi parles-tu ?
– Ton rendez-vous, répondit Carmen. Puisque tu as emmené Sanjay avec toi, cela signifie que tu savais où nous habitions. Tu aurais pu te présenter directement chez nous.
– Tu aurais voulu que les choses se passent ainsi uniquement pour lui claquer la porte au nez, se moqua gentiment Tamino.
– Vous vous trompez, tous les deux, intervint Orpheus. Cette lettre n’est pas de moi et c’est justement ce que je cherchais à vous…
Les portes de la chapelle s’ouvrirent alors à la volée, faisant sursauter tout le monde. Orpheus laissa échapper un juron : Isaac se trouvait étendu à leurs pieds, visiblement projeté par la vampire qui entrait à présent dans la chapelle d’un air menaçant.
– Voici donc Tamino et Carmen Faust, dit-elle en ignorant superbement Sanjay et Orpheus. J’ai obtenu une superbe prime pour vos deux têtes, c’est pourquoi vous allez me suivre sans faire d’histoire.
Les demi-jumeaux se parèrent de leur forme sombre, visiblement prêts à en découdre. Orpheus appréhendait ce qui allait suivre. Leur vie à Selvadorada ne leur avait certainement pas permis de développer leurs compétences vampiriques. Étaient-ils suffisamment entraînés pour ce combat ?
Sanjay semblait avoir eu le même cheminement de pensée que le cambion car il se rua sur la femme, amorçant un combat contre elle.
Malheureusement, celle-ci se défendait très bien et le bibliothécaire se retrouva très vite hors d’état de nuire. Carmen se précipita à son chevet, visiblement très inquiète.
– Ne rendez pas les choses plus compliquées, reprit l’inconnue. Je possède un poison qui vous affaiblira quelques heures mais si vous ne vous montrez pas dociles, je n’hésiterai pas à utiliser d’autres moyens de pression. J’ai reçu l’ordre de vous ramener vivants mais un accident est si vite arrivé…
– Tu ne crois pas si bien dire.
Surgissant de nulle part, un deuxième inconnu bondit sur la femme. Attaquée par surprise, cette dernière n’eut pas le temps de parer le coup et se retrouva à son tour au sol, inconsciente. Tamino s’agenouilla alors à ses côtés, déclarant aux autres qu’elle était toujours vivante.
Orpheus était complètement perdu. Les événements s’étaient succédé beaucoup trop rapidement. Jetant un coup d’œil en direction de leur sauveur, il constata avec stupeur qu’il le connaissait. Il s’agissait de Jacob Robertson, l’un des musiciens de sa mère et qui était aux dernières nouvelles porté disparu.
– Nous sommes arrivés à temps, soupira Jacob. Comment allez-vous ?
– Par Cordélia, s’écria Orpheus, que faites-vous ici ? Non, attendez, peu importe… Il faut que nous partions d’ici au plus vite. Cette femme a donné rendez-vous à mon frère et ma sœur ici pour les enlever et par-dessus le marché, elle s’en est pris à mon a…
– À vrai dire, répliqua le musicien, elle n’a rien à voir avec le rendez-vous. Elle observe Tamino et Carmen depuis plusieurs mois mais c’est nous qui avons envoyé le courrier.
– Ne te rends pas plus important que tu ne l’as été, Jacob, intervint une voix à la porte. Tu t’es montré formidable aujourd’hui, mais n’oublions pas que je suis celle qui a écrit la lettre.
Orpheus se retourna subitement. Il identifierait cette voix entre mille. C’était bien elle.
Se demandant combien de surprises cette journée s’apprêtait à lui fournir, il observa bouche bée sa grande sœur entrer dans la chapelle et s’approcher du groupe.
– Salut microbe, lui lança Aïda. J’espère que je t’ai manqué.
À suivre...
Voici donc les semi-jumeaux au stade Jeune Adulte
Voyons Orpheus, c'est toi le vampire, alors arrête ton cinéma
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
Tout d'abord, j'ai adoré suivre Orpheus dans sa vie à l'université. Je comprends que tu veuilles tester tous les pack avec une seule histoire, c'est plus immersif.
Et le beau Isaac... ouh... Je me demande s'ils vont devenir un joli petit couple. Bon, vu les combats à venir, on ne sait rien, hein...
Non mais! Voir qu'ils se sont cachés dans une ville surpeuplée!
Les retrouvailles sont touchantes. Bon, la gifle, je ne m'y attendais vraiment pas!
Je ne m'attendais pas du tout à voir débarquer le blondinet... je me suis demandée sur le coup c'était qui... et puis... ces bottes noires... je me suis dis... ne me dis pas que... non... pas vrai!
"Salut Microbe."
ARGH! AÏDA!!!! hahaha
J'adore son look. Et, je dois bien l'Avouer, elle m'a manqué un peu. haha
Ses cheveux et son look. J'adore. C'est tellement elle. hihihi
Bon, je me relis et je pense avoir une relation amour/haine avec elle.
Super épisode! Complètement dévoré. Il ne reste plus une seule miette!!!
Je n'ai pas été étonnée par la gifle de Carmen, elle en avait gros quand Orpheus est parti, et avec tout ce qui s'est passé c'est pas étonnant qu'elle réagisse comme ça.
Orpheus traine toujours pour déclarer ses sentiments.. J'espère que ça va bien se passer avec son "coloc"...
Plus qu'a attendre la semaine prochaine pour la suite.
J'ai adoré l'interlude de Simrumba avec Orpheus et Isaac, top! Bizarrement c'est la "Carioca" qui m'est venue en tête au départ, heureusement que tu nous a mis Mano Negra en-dessous
Ils forment un joli couple ces deux-là en tout cas
Tamino et Carmen ont bien changé...autant l'un semble être une bonne pâte autant l'autre a un caractère bien trempé! Mais je crois me souvenir que c'était déjà le cas lorsqu'ils étaient petits.
Paf, la baffe
BIen sûr la cerise sur le gâteau c'est l'arrivée d'Aïda... tu nous gâtes vraiment avec ce premier épisode
J'adore son nouveau look et j'ai vraiment hâte de savoir ce qu'elle a à dire!!
Promis, Tam' et Carmen n'ont touché à personne au Pueblo del Sol ! Ils ont carburé aux plasmafruits toute leur adolescence et vie d'adulte
Mouahahahaha
@myomao Eh oui, la seule et unique Aïda est de retour, mais est-ce pour nous jouer un mauvais tour ? Rien n'est moins sûr
Tout à fait, depuis la fugue d'Orpheus, Carmen avait accumulé une petite rancœur à son égard car elle a eu l'impression qu'il les abandonnait tous sans le moindre scrupule (il en avait, bien sûr, et elle le savait au moment de leurs adieux, mais au fil du temps, son inconscient a un peu zappé l'information et elle s'est juste concentrée sur le négatif).
Déjà pour qu'Orpheus déclare quoi que ce soit, encore faudrait-il que Jacob s'en sorte !
@Elinoee
*voix de la dame de la pub SFR* "Et c'est pas fini !" J'ai d'autres surprises sous la main, certaines dès aujourd'hui !
Ahaha, non en effet, pas de Carioca
Les petits ont en effet bien grandi, mais tu as raison : leurs caractères étaient déjà un peu comme ça, à l'époque
Eh oui, je ne pouvais pas laisser juste une claque comme ça, il fallait un peu de douceur juste après
Aïda te remercie pour son look !
Nous voici aujourd'hui devant le dernier chapitre de l'année ! D'avance, je vous souhaite une bonne fin de 2023 et une très heureuse année 2024 en espérant que vous réussirez tout ce que vous entreprendrez. Bonne lecture ! 🤗
L’heure n’était pas encore aux explications. Si Aïda était bel et bien l’émettrice de la missive donnant rendez-vous à Tamino et Carmen, il n’empêchait que ces derniers étaient officiellement ciblés par quelqu’un. Orpheus savait déjà qu’il s’agissait des Nibelung. Combien d’autres chasseurs de têtes avaient bien pu être envoyés ?
Sans plus attendre, tout le monde se dirigea vers la maison des demi-jumeaux. Carmen soutenait un Sanjay encore étourdi tandis qu’Orpheus portait Isaac à bout de bras. Celui-ci ne s’était pas réveillé. Jacob, quant à lui, s’était chargé de la mystérieuse femme. Tamino et Carmen avaient précisé que le logement comprenait un cercueil dans lequel il serait possible de placer la chasseuse en hibernation le temps de réfléchir à un plan.
– Pour l’amour de l’Observateur, ne put s’empêcher Orpheus alors que tout le monde était enfin en sécurité, que fais-tu ici, Aïda ?
– Comme toi, je suppose : je suis venue chercher Tamino et Carmen. Comme nous l’a montré cette rencontre musclée, il n’est pas prudent de rester trop de temps au même endroit. Nous devons partir. Jacob et moi avons un point de chute à Tartosa. Nous y serons en sécurité.
– Attends cinq minutes… Comment peux-tu avoir… Depuis combien de temps es-tu sortie de ton hibernation ?
À cet instant, Jacob et Sanjay descendirent des chambres, rejoignant les quatre aînés de la fratrie Faust.
– La bonne nouvelle, annonça le bibliothécaire, c’est que je connais le poison que cette femme a utilisé contre moi lors de notre affrontement. Il est inoffensif contre les vampires.
– Lors de ta raclée, tu veux dire, s’emporta Carmen en prenant Sanjay dans ses bras. Ne me refais plus jamais ça, c’est compris ?
– Et quelle est la mauvaise nouvelle ? s’enquit Orpheus.
– La chasseuse a également piqué ton ami avant d’entrer dans la chapelle. Je ne vais pas te mentir, il est dans un mauvais état. Bien que je connaisse le poison, je ne sais pas en confectionner l’antidote. Cette femme doit sûrement en connaître le secret mais elle est encore inconsciente.
Orpheus commençait à paniquer.
– Qu’attendons-nous pour la réveiller et l’interroger ? s’exclama-t-il.
Le cambion s’apprêta à monter l’escalier, rapidement imité par Carmen. Celle-ci avait l’air déterminée à laver l’affront subi par Sanjay. Tamino se mit cependant en travers de son chemin. Orpheus lut dans les yeux de son frère une assurance qu’il ne lui avait jamais connue.
– Si cela ne vous ennuie pas, leur dit ce dernier, je vais y aller.
– Ne sois pas ridicule, rétorqua Orpheus, tu vas…
– ...éviter de la réduire en charpie, oui. Vous êtes trop remontés, tous les deux, et je pense vraiment que ce serait mieux que j’y aille à votre place.
Sans attendre de réponse, Tamino s’exécuta, laissant Orpheus et Carmen légèrement penauds.
– Il a changé, constata Orpheus.
– Tu l’aurais remarqué plus rapidement si tu étais resté avec nous, répliqua Carmen d’un ton sec.
La cambionne s’éloigna des escaliers pour s’installer auprès de sa sœur.
– Orpheus a soulevé quelque chose d’important, tout à l’heure. Maman t’avait placée en hibernation. Que fais-tu ici ?
– Pour ça, répondit Aïda, nous pouvons remercier Jacob.
[…]
Depuis que je suis entrée en hibernation, maman appréhendait secrètement une réponse sixamienne à la mort de la technicienne en pollinisation. Elle a tenu à avoir un plan de secours et pour cela, elle avait besoin de quelqu'un qui lui serait loyal. C'est ainsi qu'elle a prévenu un membre de son Orchestre : Jacob.
Maman lui a révélé tout ce qu'elle avait entrepris avec son laboratoire. Elle lui a également fait part de ses craintes concernant ses enfants.
– Je ne comprends pas ce qui vous fait peur, maîtresse.
– Je n'ai pas peur. La peur est un sentiment humain. Disons plutôt que je m'attends à une riposte des extraterrestres. Avant de lâchement m'abandonner en m'enlevant mon fils, Fox m'a mise en garde à ce sujet. Cela me coûte de le dire, mais je pense qu'elle a eu raison de s'en inquiéter. Qui sait de quoi les sixamiens seraient capables.
– D'après vous, ils pourraient s'en prendre à vos enfants ?
– Je ne le permettrai pas. Les quatre derniers sont en sécurité avec moi pour le moment. Orpheus se trouve l'Observateur sait où, mais il devrait passer inaperçu. C'est surtout mon aînée qui me tracasse.
– Aïda ? Soyez certaine qu'elle est en sécurité avec nous.
– Tu es gentil, Jacob. Ce n'est pas un compliment. Tu es aussi naïf. Vous ne ferez pas le poids si une armée venue d'ailleurs frappe un soir à votre porte. Arrange-toi pour la mettre à l'abri lorsque cela arrivera.
Maman faisait confiance en Jacob. Il est l'un de ses premiers disciples, après tout. En guise de paiement pour cette mission, elle lui a proposé un marché. Me protéger revenait à mettre une cible sur la tête de Jacob. Maman en avait bien conscience et a donc tenu à lui proposer un dédommagement.
– Ce dossier contient les informations personnelles sur tous mes disciples, toi inclus. En vous transformant, je vous ai pris vos souvenirs et votre passé.
– Vous avez réussi à recueillir autant d'informations sur nous tous ?
– Tout dépend de ce que j'ai pu apprendre en discutant avec vous avant de vous ôter l'esprit de vie. Je possède également quelques informations sur certains humains que j'ai offerts à Méphistophélès, mais pas pour tous. Dans tous les cas, te concernant, je vois que j'ai noté l'adresse de tes parents, par exemple. Lorsque je t'ai rencontré il y a une vingtaine d'années, ils étaient déjà vieux. Je ne pense pas qu'ils soient toujours parmi nous mais tu serais quand même en mesure de te rendre sur leurs tombes.
Enfin, un jour, ce qui devait arriver arriva : les Nibelung se sont retournés contre notre famille.
Conformément aux instructions, Jacob a attendu que la chapelle soit vide avant de se rendre dans la crypte de maman. Il a récupéré la clé de ma chambre forte, mais a croisé Vladislaus Straud. Heureusement, un bruit a distrait le comte et Jacob a pu échapper aux questions embarrassantes.
Il m'a ensuite libérée et nous avons quitté Forgotten Hollow en me déguisant sommairement.
Dans un premier temps, nous nous sommes rendus à Strangerville, dans la maison d’enfance de Jacob. Il avait retrouvé l’adresse par l’intermédiaire des fichiers de maman. Nous ne sommes cependant pas restés très longtemps : Greta Laurent, la dernière disciple ayant rejoint l’Orchestra Vampirica, est venue nous trouver. Celle-ci n’était alors arrivée à Forgotten Hollow que depuis un an.
Nous avons passé quelques temps tous les trois à Strangerville. N’en déplaise à Jacob, c’est un coin assez perdu où il n’y a rien à faire.
Nous nous sommes occupés comme nous le pouvions. Vous avez certainement entendu parler de ce scandale militaire et scientifique qui a eu lieu il y a quelques années là-bas ?
[…]
– Bien sûr, répondit Orpheus. C’est un jeune complotiste qui a résolu le mystère ! Le maire de Strangerville l’a récompensé avec les honneurs en grandes pompes.
– Erwin n’aurait rien réussi sans moi, répliqua Aïda. Enfin… sans nous, je suppose. Nous l’avons laissé briller seul histoire de ne pas attirer la lumière sur nous. Nous ne devions pas nous faire remarquer, à la base.
[…]
Une fois le mystère de Strangerville résolu, nous avons envisagé de quitter la ville. Il nous fallait un autre point de chute, aussi me suis-je penchée sur l’opportunité qu’apportait la présence de Greta.
– Voudrais-tu retrouver ta famille ?
– Je n’en ai plus aucun souvenir, mademoiselle Aïda.
– Tu n’as pas disparu depuis si longtemps. Personne ne remarquera que tu as arrêté de vieillir. Et puis comme tu le constates, nous sommes à l’étroit, ici. Ton illustre famille possède une grande demeure idéale pour nous cacher tout en bénéficiant d’un meilleur confort de vie qu’ici.
C’est ainsi que nous avons déménagé à Tartosa, chez les Laurent. Jacob et moi avons prétendu être des thérapeutes spécialisés dans le traitement de l’amnésie, ce qui nous a permis de vivre aux crochets de la famille de Greta.
Contre toute attente, avoir apaisé Arnessa Thebe en lui ramenant sa petite-fille m’a fait ressentir quelque chose de nouveau. J’avais envie de réitérer l’expérience.
Par chance, Jacob avait toujours les fichiers de maman. Les années qui ont suivi, j’ai retrouvé la trace de plusieurs familles de disciples ou de victimes de la Fledermaus.
– Que souhaitez-vous faire de ces personnes, mademoiselle Aïda ?
– Pour certaines de ces familles, il est trop tard pour leur rendre un proche disparu, mais je suppose que les aider un peu dans leurs difficultés permettra d’alléger quelque peu la dette que leur doit ma mère.
Tout comme maman, j’ai créé ma propre entreprise. La seule différence est que je ne touchais malheureusement pas un simflouz. Parfois, c’était même le contraire : certaines familles étaient dans le besoin. Comme nous étions chaudement installés chez les Laurent, Jacob et moi n’avions pas besoin d’argent. Je me suis donc lancée dans la composition de morceaux de violon afin de les commercialiser et d’avoir, si besoin, quelque chose à donner aux familles quand l’occasion se présentait.
Bien sûr, tout le monde n’était pas à plaindre, financièrement. Il était évidemment hors de question d’offrir quoi que ce soit aux Plènozas, mais j’ai quand même tenu à les approcher d’une autre manière.
– Tu vois Jacob, la jeune aux cheveux turquoise s’appelle Jade. Elle rêve d’entrer dans un cursus en physique, mais Malcolm n’est pas du tout de cet avis. Pour lui, sa fille devrait entrer dans l’entreprise familiale.
– La mère de Jade vous ressemble un peu, non ?
– Siobhan et moi avons le même géniteur, ce qui fait de Jade ma nièce. Elle est également celle d’Eugene, le premier humain de maman, par son grand-père Geoffrey, ainsi que la cousine de Siegfried par son oncle Johnny Zest. Heureusement que nous ne nous côtoyons pas pour les fêtes de l’Hiver, les plans de table seraient compliqués à suivre…
Je me suis rapprochée de Jade Plènozas et l’ai aidée à s’affirmer pour faire ce qu’elle a toujours rêvé. Nous sommes restées en contact occasionnel et j’ai ainsi découvert qu’elle suivait les mêmes cours que toi, microbe, mais avec deux ans d’avance.
Le fait qu’elle se soit mise en couple avec l’un de tes amis m’a permis d’apprendre que tu es venu à Selvadorada il y a quelques mois. Jacob et moi avons donc décidé de te suivre et t’avons entendu mentionner ton frère et ta sœur.
Nous avons cependant eu beaucoup plus de chance que toi. Alors que tu t’obstinais à chercher dans la mauvaise direction de la ville, nous nous sommes aventurés au Pueblo del Sol et avons trouvé Tamino et Carmen.
– Regarde un peu ce type assis à la fontaine, Jacob… Je n’aime pas du tout comment il les observe.
– Que peut-on y faire ?
– J’ai bien ma petite idée…
Malgré tout ce qui s’est passé depuis mon hibernation, je reste fidèle aux souhaits de maman. Dans un souci d’égalité lors de l’Ordalie, nous ne devons pas développer nos pouvoirs. Heureusement, aucune interdiction n’est faite pour les membres de l’Orchestra Vampirica. Nous avons… « questionné » ce premier malheureux et avons ainsi appris que les Nibelung l’avaient dépêché, ainsi que deux autres vampires mercenaires, pour capturer les morveux.
[…]
– Tu sais ce qu’ils te disent, les « morveux » ? coupa Carmen d’un ton sec.
– Oui, je suppose qu’ils pourraient dire « merci » car ce ne serait pas de trop, fit remarquer Aïda d’un ton pédant. Sans Jacob et moi, vous seriez tous les deux entre les mains des extraterrestres.
Carmen marmonna un remerciement contraint. Orpheus, de son côté, était partagé entre son désir d’en savoir plus et l’inquiétude sur l’état d’Isaac. Si seulement Tamino pouvait parvenir à extraire la moindre information de cette chasseuse !
– Et vous, alors ? finit par demander Aïda. Comment vous êtes-vous occupés, toutes ces années loin de Forgotten Hollow ?
Ce fut à cet instant que Tamino redescendit. La chasseuse, répondant apparemment au nom de Montana Jones, n’avait rien voulu dire.
– Nous réessaierons plus tard, décida Carmen. Je suis sure que tu arriveras à la faire changer d’avis, Tam’.
La cambionne semblait un peu moins remontée, à présent. Son regard croisa celui d’Orpheus et celui-ci comprit qu’elle compatissait au sujet du sort incertain d’Isaac.
L’aîné des garçons Faust ne voulait guère en parler, aussi entreprit-il de répondre à la question d’Aïda en racontant à ses adelphes sa vie depuis sa fugue. Il leur apprit ainsi l’existence d’Odette, mais revint également sur sa vie à Hendford-on-Bagley et ses études à l’étranger et à l’institut Foxbury.
Vint ensuite le tour de Tamino et Carmen. D’après leurs dires, Aïda et Orpheus comprirent que les demi-jumeaux avaient passé la première partie de leur cavale cachés de tous. Ils avaient eu une scolarité sobre dans un lycée komorebien et quelques cours supplémentaires dispensés par Sanjay mais les compétences de ce dernier ne touchaient presque qu’exclusivement la littérature.
– J’ai dû lire Lucas Dark une bonne dizaine de fois, soupira Carmen.
– Personnellement, compléta Tamino, j’ai adoré cette période ! Nous avons passé la première année au mont Komorebi. Sanjay devait finaliser quelques détails avant de nous permettre d’aller à Selvadorada en toute discrétion. J’en ai profité pour travailler mon écriture. Tu te souviens de mon livre de monstres, Orpheus ? J’en ai écrit deux suites, depuis, et je suis actuellement sur un quatrième. Il faudrait que tu lises le premier, puisque je n’ai pas eu le temps de te le montrer avant.
La dernière phrase de Tamino n’était qu’un constat dénué de la moindre animosité, mais Orpheus la prit comme un reproche voilé. Bien qu’il sût que ce n’était pas dans les intentions de son frère, il ne put s’empêcher d’éprouver une nouvelle pointe de culpabilité. À l’époque, il était parti sans explication. Cet abandon avait dû être violent pour ses cadets.
– Lorsque nous sommes arrivés à Selvadorada, enchaîna Carmen, je me suis sentie revivre ! Nous étions loin du pays, ce qui nous permettait de sortir au grand jour et prendre l’air en ayant plus de liberté qu’au mont Komorebi. Bien sûr, ce plaisir moyennait la fabrication du cocktail inverse-lumière mais au moins, nous faisions ce que nous voulions ! Tam’ n’a pas vraiment changé ses habitudes mais de mon côté, j’ai profité de ce nouveau départ pour voir d’autres têtes. J’ai pris part à la vie du Pueblo del Sol en participant aux différentes activités qui s’y déroulaient. Comme vous pouvez le constater, notre vie de fugitifs n’est pas des plus trépidantes, mais c’est la nôtre.
Aïda scruta sa sœur avec une expression nouvelle.
– J’espère que vous avez bien conscience que cette Montana Jones ne sera pas la dernière à venir vous voir.
Elle avait raison. D’après les échos qu’Orpheus avait pu avoir de Brunehilde, les Nibelung avaient engagé plusieurs chasseurs. Ces derniers avaient certes été vaincus par Aïda et Jacob, mais rien n’empêcherait Erda et Wotan de continuer d’envoyer des mercenaires. La position géographique de Tamino et Carmen n’était à présent plus secrète du tout.
– Nous allons quitter Selvadorada, annonça Tamino. Reste à savoir où nous pourrions aller. Resterait-il de la place chez Jacob et toi, Aïda ?
– Bien sûr, s’enorgueillit cette dernière. Mais seulement pour quelques temps. Après quoi, vous devrez partir.
– Quoi ? Mais où veux-tu que l’on aille ?
– Oh, ne t’inquiète pas, j’ai la destination idéale pour vous : Forgotten Hollow.
– Que veux-tu dire ? La chapelle est aux mains de ces Istines…
– Elle l’est pour le moment mais plus pour longtemps : maintenant que nous sommes réunis, il ne nous reste plus qu’à nous abriter quelques temps à Tartosa pour réfléchir à une stratégie nous permettant à la fois de récupérer maman, Siedfried et Odile tout en chassant les usurpateurs de chez nous. Ensemble, nous pouvons renverser aussi bien les Nibelung que les Istines. À moins bien sûr que vous ne préfériez continuer de vous claquemurer dans des taudis bon marché le temps que ces sixamiens ne meurent de vieillesse. Êtes-vous partants pour me suivre ou non ?
À suivre...
Avant ton hibernation Aïda, tu avais déjà bien commencé le nectar mais depuis ton réveil, je te trouve un peu dans l'excès... Ah bon ? Ceci est un antidote pour le mystère de Strangerville ? Bon ça va alors...
Et tous en chœur !
Et ça alors, c'est un antidote de Strangerville, aussi ?!?!
J'aime beaucoup ce screen, alors je vous le partage
Depuis mon acquisition d'Escapade Enneigée, mes sims n'avaient pratiquement jamais mis les pieds au mont Komorebi... j'ai profité de la cavale des semi-jumeaux pour (un peu) rattraper mon retard !
Tout le monde s'est beaucoup éclaté, sur cette période (et moi aussi, ça m'a fait plaisir de les voir dans un autre contexte qu'à la Fledermaus)
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
En parlant d'Aïda, je la trouve vraiment changée....elle a pris beaucoup de maturité et surtout semble s'être adoucie. J'ai été surprise de la voir capable d'empathie envers les familles des disciples de sa mère (et c'est une bonne surprise!)
Maintenant que l'équipe est au complet, nul doute qu'il vont être capables de reprendre la chapelle à Forgotten Hollow! J'ai hâte de voir ça...
J'espère que ça va aller pour Siegfried, et pour la petite Odile dans son monde parallèle
Superbe screen final de Strangerville ! Perso j'adore aussi celui de Carmen devant l'arche fleurie à Selvadorada: quelle beauté! Elle s'est vraiment épanouie là-bas
Je trouve que Aïda est devenu une personne très humble envers les autres et c'est beau.
Et le mystère de Strangerville! Génial! Je l'ai fait 2 fois, mais la 2e était de trop!
Aïda a un plan et ça promet! J'adore!
Toujours un régal à lire!
Que de rebondissements depuis ma dernière lecture
Notamment sur la descendance de Malvina avec Ulrike... J'ai adoré la façon dont tu nous a amené ça.
J'ai beaucoup aimé également que tu aies également joué tous les personnages, chronologiquement, pour nous apporter des réponses et des explications à ce qui s'est passé pendant leur absence. Quel boulot ! Je suis sous le charme.
Bien sûr j'ai été triste d'apprendre le sort réservé à Vlad et Inna, mais, étant donné que leurs corridors respectifs sont vides, je reste positive quant à la suite. Ils sont forcément quelque part. De grands maîtres vampires comme eux ne peuvent pas finir ainsi, et je suis persuadée que tu es de mon avis
Les retrouvailles entre les enfants ont été un grand moment. Maintenant je suis vraiment curieuse de savoir comment tout se petit monde va faire pour sortir Edith et Siegfried de l'emprise des Nibelung sachant que les enfants n'ont pas le droit de combattre avant l'Ordalie. J'attends avec impatience ce moment, et la façon dont tu vas nous amener ce sauvetage
J'espère aussi que le futur petit ami d'Orpheus va s'en sortir.
Merci pour ces chapitres qui m'ont régalée
Aïda a, pour sûr, changé. Pour ma part je ne sais pas trop s'il s'agit de réelle empathie à l'égard des familles de victimes de sa mère ou par nécessité de faire quelque chose "de bien" histoire de s'auto-pardonner sa responsabilité dans la mort de Charlotte. Honnêtement je pense que c'est un peu des deux, c'est assez complexe dans sa tête
Tu auras bientôt des nouvelles des deux derniers cambions d'Edith
C'est vrai que Carmen s'est épanouie ! Elle qui a le trait Extravertie depuis son enfance n'a pas pu bien l'employer à la chapelle, alors maintenant qu'elle se retrouve dans un endroit où personne ne la connaît, c'est comme une renaissance
Merci pour elle
@oiseaudelune Comme je disais à Elinoee un peu plus haut, je soupçonne Aïda de faire tout cela avec un petit intérêt derrière : un espoir de rédemption, mais cela n'enlève rien à la bonté de sa démarche, selon moi
C'est vrai que l'arbre généalogique part dans tous les sens
Oui, j'ai trouvé toutes ces explorations très fun ! Ceci dit, pour la plupart, c'est assez compliqué de les jouer avec des vampires car il y a beaucoup d'activités de plein air et il faut faire attention soit à jouer de nuit, soit à concevoir toute une réserve de cocktails inverse-lumière
Le but de l'Ordalie est effectivement de faire mourir cinq des six enfants. Il n'en restera donc qu'un !
Merci beaucoup
C'est un plaisir de te revoir par ici, @nathalie986 🤗 Beaucoup de rebondissements, en effet ! Je te remercie pour ton appréciation sur la révélation du lien de parenté entre Edith, Ulrike, Malvina et Vladislaus
Les tombes étaient des fausses, c'est pourquoi Charlotte n'a rien vu du tout quand elle s'est essayée à la plongée spectrale ! Tout à la fin du chapitre de leur "mort", on les revoit un an plus tard, tous deux amnésiques et prêts à commencer une nouvelle vie loin de Forgotten Hollow ! Les grands maîtres vampires culpabilisaient un peu de leur avoir ôté l'esprit de vie, au motel, alors ils se sont arrangés pour les faire se re-rencontrer, ce qui marque la conclusion de l'histoire de Vladislaus et Inna... ou plutôt le début de celle de Vadim et Irène
Le plan anti-Nibelung a en effet commencé, et ma petite chouette de Sixam me dit que cela ne saurait plus trop tarder avant d'attaquer le vif du sujet !
Et merci à toi pour ce retour
Premier chapitre de l'année, ce soir
Lorsqu’Isaac ouvrit les yeux, il ne reconnut ni le lit sur lequel il était allongé, ni la pièce où il se trouvait. Ses derniers souvenirs remontaient à l’instant où Orpheus et lui s’étaient apprêtés à entrer dans l’église du Pueblo del Sol. La suite était un trou noir total. Le jeune homme éprouva alors des sensations similaires à de vagues réminiscences, mais il ne parvenait à identifier ce qui tenait du rêve ou de la réalité.
Du rêve ? Plutôt du cauchemar. Les potentiels souvenirs qui cherchaient à présent à remonter apportaient quelque chose de désagréable. Isaac ne voulait pas s’avancer, mais il lui semblait bien avoir été victime d’une violente fièvre. À bien y réfléchir, l’apprenti archéologue s’était même demandé s’il n’allait pas en succomber. La douleur avait dû être insoutenable, alors pourquoi se sentait-il à présent en pleine forme ?
Comme pour contredire ses pensées, son estomac lui envoya alors de curieuses crampes. Depuis combien de temps n’avait-il pas mangé ?
Isaac jeta un regard par la fenêtre. Le paysage qui s’offrait à lui n’avait plus rien de selvadorien. Où était donc Orpheus ?
– Tiens, tu t’es réveillé !
Isaac se retourna en sursautant. Il n’avait pas entendu la porte s’ouvrir. Une jeune femme avait fait son apparition. Se concentrant davantage, il parvint à se remémorer l’entrée dans l’église ainsi que les retrouvailles d’Orpheus avec son frère et sa sœur.
– Je m’appelle Carmen, se présenta la jeune femme. Tu nous as fait une sacrée peur, tu sais ! Orpheus courait dans tous les sens, c’était à la fois amusant et mignon à voir. Je crois que tu lui plais bien.
– Où est-il, exactement ? s’inquiéta Isaac.
– Il se repose. Ces dernières semaines, il a eu beaucoup à encaisser, et une certaine décision lui a paru insupportable. Il est en hibernation jusqu’à la fin de la semaine.
Les propos de Carmen étaient incompréhensibles. Elle-même semblait amère au sujet de la « décision » ayant poussé Orpheus à se retirer. En outre, qu’entendait-elle par « hibernation » ? La saison actuelle était l’automne et d’ailleurs, Orpheus n’avait pas besoin d’hiberner, il n’était pas un ours – même si son amour pour le miel pouvait parfois laisser penser le contraire –.
Une nouvelle crampe d’estomac gagna Isaac. Carmen s’en aperçut et soupira profondément.
– Je suis désolée pour ça, confessa-t-elle. Ça ne devrait plus durer très longtemps, à présent. Écoute, n’en veux pas à Orpheus, d’accord ? Il était contre, et moi aussi, d’ailleurs.
Le jeune homme n’eut pas le temps de demander ce qu’entendait la sœur de son ami car la porte s’ouvrit à cet instant. Sanjay entra alors à son tour. Isaac se souvenait déjà un peu plus clairement de lui : ils étaient allés le voir juste avant de se rendre dans l’église.
– Je prends le relais, Carmen, dit le nouveau venu. Isaac, si vous voulez bien me suivre…
– Où ça, exactement ? s’emporta le jeune homme d’un ton ouvertement méfiant.
– Vous allez juste faire un tour à l’extérieur, le rassura Carmen. Tu as besoin de te dégourdir les jambes pour ce qui va suivre. Je serais bien venue, mais les courses n’ont pas été faites et je n’ai plus assez d’ingrédients pour me confectionner un cocktail inverse-lumière. Tu n’as pas à t’en faire, vous serez sur la place avec plein de témoins. De toute manière, Sanjay est végétarien.
Décidément, plus Isaac posait de questions, moins il était rassuré par les réponses. Carmen et Sanjay semblaient, certes, inoffensifs, mais les propos de la jeune femme demeuraient inquiétants, aussi se décida-t-il à suivre Sanjay sans plus tarder.
Une fois à l’extérieur, l’apprenti archéologue reconnut aisément Tartosa. Il n’avait toujours rien à y faire compte tenu du fait que ses derniers souvenirs se déroulaient à Selvadorada, mais le fait de se trouver entouré de monde parlant sa langue diminuait quelque peu ses inquiétudes.
Alors qu’ils s’étaient assis sur le rebord de la fontaine de la place principale, Sanjay prit la parole. Il se présenta davantage à Isaac, n’omettant aucun détail – vampirisme inclus –.
– Orpheus en est un aussi, n’est-ce pas ? réalisa le jeune homme alors qu’une nouvelle crampe d’estomac le gagnait.
Voilà qui expliquait bien des choses, à commencer par cette curieuse boisson que se préparait son camarade avant chaque sortie en plein soleil. Isaac ne savait pas qu’en penser.
– Pourquoi ne me l’a-t-il jamais dit ?
– Il souhaitait probablement vous protéger, répondit Sanjay. Je pense que vous avez compris tout seul que sa famille est assez compliquée. Je me suis moi-même occupé de la protection de Carmen et Tamino depuis leurs quinze ans et les récents événements nous ont prouvé que cette précaution était nécessaire.
À présent, les souvenirs d’Isaac refaisaient surface. Il revoyait plus clairement Orpheus entrer seul dans l’église, le laissant faire le guet devant la porte.
Mal lui en avait pris car cette mystérieuse femme avait fait son apparition. Isaac avait tenté de s’interposer mais n’avait évidemment pas fait le poids contre elle.
– Cette femme est l’une des vôtres aussi, conclut-il. J’ai vu son visage changer d’apparence au moment où elle m’a attaqué.
– Montana Jones vous a injecté un poison très puissant, expliqua le bibliothécaire. La dose était telle qu’elle aurait dû vous être fatale. Parmi nous, personne ne connaissait l’antidote, c’est pourquoi nous avons gardé Montana avec nous dans l’espoir qu’elle nous aide à vous guérir. Orpheus était fou de rage et était prêt à lui extirper les informations sur l’antidote par la force si nécessaire. Sa grande sœur Aïda partageait son avis, mais c’est en réalité grâce à Tamino que vous êtes encore parmi nous.
– Que voulez-vous dire ?
– Orpheus et Aïda n’auraient jamais rien obtenu par la violence. Montana est notre prisonnière depuis quelques semaines déjà, mais Tamino a été le seul à avoir fait connaissance avec elle. Quelque chose en lui a dû la toucher car elle s’est finalement décidée de son propre chef à vous administrer un antidote.
Isaac avait beaucoup de mal à imaginer Orpheus emprunter le chemin de « la violence » pour parvenir à ses fins. Il se sentit donc très reconnaissant vis-à-vis de Tamino d’avoir su empêcher le pire d’arriver. Au moins les choses étaient-elles rentrées dans l’ordre. Cependant, au vu de la mine assombrie de Sanjay, l’apprenti archéologue comprit que l’histoire n’était pas terminée.
– L’antidote n’a pas fonctionné sur vous, reprit Sanjay. Le poison était déjà trop répandu. Vous avez été inconscient pendant plusieurs jours et votre état empirait. Il ne restait plus qu’une seule solution.
Le jeune homme comprit aussitôt et Sanjay confirma ses suppositions : afin de lutter plus efficacement contre le poison, la solution qui avait été trouvée n’était autre que la transformation.
– L’ironie du sort, fit remarquer le bibliothécaire, c’est qu’aucun de nous ne possède le pouvoir de créer de nouveaux vampires. Les enfants Faust sont encore au stade néophyte et Jacob et moi n’avons pas développé cette capacité. Celle qui vous a empoisonné est également celle qui vous a sauvé la vie en vous mordant il y a de cela trois jours. Votre transformation devrait s’achever aujourd’hui.
Il y eut un instant de silence durant lequel Sanjay jaugea Isaac du regard, visiblement à l’affût d’une quelconque réaction de la part du jeune homme.
– La nouvelle n’a pas l’air de vous dévaster, constata le bibliothécaire.
En guise de réponse, Isaac haussa les épaules.
– Pour mes parents, je suis déjà un monstre, alors autant leur donner raison. Vous savez, même les humains peuvent avoir un passé qu’ils cherchent à laisser derrière. Je suppose que je peux remercier cette Montana pour avoir un peu précipité les choses. Est-elle toujours avec vous ?
– Nous ignorons encore ses intentions à l’égard des enfants Faust. Pour le moment, elle demeure enfermée dans une pièce remplie d’ail. Tamino lui rend fréquemment visite. Il lui lit les histoires qu’il a écrites et je pense qu’elle apprécie, ce qui est loin d’être le cas de Carmen. Elle cherche à le protéger, vous comprenez.
– Et qu’en est-il d’Orpheus ? Carmen a parlé d’hibernation en raison d’une certaine décision qui lui a déplu. Parlait-elle de ma transformation ?
Sanjay n’eut pas besoin de répondre. Cela ressemblait bien à Orpheus. Celui-ci avait dû s’être opposé à la vampirisation d’Isaac en arguant certainement qu’il n’était pas en état d’accepter ce changement radical. Le jeune homme était quelque peu touché par l’attention portée par son camarade, mais également excédé de sa réaction mélodramatique. N’avait-il donc pas pensé qu’Isaac eût largement préféré être accueilli par lui à son réveil ? L’apprenti archéologue n’avait rien contre Carmen ou Sanjay, mais il ne les connaissait pas.
– J’aimerais bien lui parler, dit-il maladroitement. Peut-on arrêter cette hibernation ?
[…]
Contre toute attente, l’hibernation avait été une expérience agréable.
Orpheus ne s’était néanmoins pas attendu à être réveillé aussi tôt et encore moins par Isaac. À en juger le regard de son ami, celui-ci semblait désormais au courant de tout. Il semblait également remonté.
– Les lunettes étaient également un mensonge, n’est-ce pas ? demanda Isaac sans préambule.
– Un camouflage, corrigea Orpheus. Nous n’en avons pas besoin mais c’était plus facile pour moi d’en porter afin de me fondre dans la masse.
– Pourquoi ne m’as-tu jamais rien dit de tout cela ?
– C’est une facette de moi que je voulais laisser derrière. Je ne sais pas jusqu’à quel niveau de détails est allée Carmen avec toi, mais je ne pouvais pas rester chez ma mère. J’avais trop de choses à digérer. Je me disais qu’avec les études, je pouvais être quelqu’un d’autre l’espace de quelques années.
Ce n’était apparemment pas la chose à dire, car Isaac démarra au quart de tour :
– C’était donc là ton plan ? s’emporta-t-il. Entrer dans la vie des gens et leur mentir ? As-tu déjà été sincère, avec nous, ou t’es-tu juste servi de notre bande comme d’un cache-misère que tu étais prêt à abandonner dès l’instant où tu rentrerais chez ta petite maman ?
Orpheus ne trouva pas la force de répondre et se contenta de baisser la tête d’un air contrit. Il avait tout lu sur les pouvoirs vampiriques et savait donc ce que traversait Isaac en cet instant.
La transformation aiguisait les émotions de l’apprenti archéologue et le rendait à fleur de peau. Bien sûr, le cambion savait que le vampirisme n’était pas la seule excuse. Isaac s’était confié à lui plus qu’à personne, dans leur bande. Il lui avait évoqué des détails personnels et parfois douloureux de son passé. Que lui avait-il donc offert en retour ? Des mensonges qu’il n’avait même pas été capable d’entretenir suffisamment pour préserver son ami. Celui-ci était désormais embarqué jusqu’au cou dans cette histoire, tel un dommage collatéral qui aurait pu être évité avec un peu plus de communication. La lointaine image de Rahul lui vint alors à l’esprit. Il ne pouvait pas reproduire la même erreur.
– Je ne t’ai jamais vu comme une personne jetable, Isaac, se lança-t-il. Je pensais que tu l’avais remarqué.
– C’est justement ton problème : à trop réfléchir dans ton coin, tu t’es persuadé que tout le monde raisonnait exactement de la même manière que toi. Personne n’est dans ta tête.
– Tu as raison. Pardonne-moi.
Visiblement lassé de l’âpreté de la conversation, Isaac reprit un ton plus joueur.
– Je vais essayer, répondit-il. De toute manière, si je n’y parviens pas dans l’immédiat, j’imagine que j’ai à présent tout le temps nécessaire pour réfléchir à te faire payer tous ces secrets ! Peut-être même que je pourrais passer l’éternité dans tes pattes à t’embêter !
Orpheus ne demandait que cela. Il se retint cependant d’informer Isaac que dans son cas, « l’éternité » pouvait ne durer que dix ans. Le cambion se promit néanmoins d’aborder le sujet de l’Ordalie une fois la transformation de son acolyte pleinement achevée. En l’état, l’heure était aux réconciliations.
[…]
Pour les cambions, les mois s’écoulèrent et la vie suivait son cours. D’un commun accord, il avait été convenu de demeurer à Tartosa. Aïda tenait à réunir les membres de l’Orchestra Vampirica de leur mère qui avaient fui le Forgotten Hollow des Istines. Ils seraient un atout précieux lorsque le moment viendrait de récupérer Edith, Siegfried et Odile.
Orpheus avait fini par prévenir Charlotte de sa réunion avec sa fratrie. La Brindletonienne avait évidemment été plus que ravie de se précipiter à Tartosa afin de retrouver les visages depuis longtemps perdus de vue.
Cela valait pour tout le monde, y compris une ancienne ennemie :
– Bonjour, Aïda.
– Bonjour à toi, la guimauve. Aurais-tu un moment ?
Les deux femmes s’étaient éclipsées afin d’avoir une conversation privée.
Personne n’avait eu de compte rendu détaillé de ce qui avait été dit lors de cette entrevue, mais à en juger l’attitude qu’elles avaient l’une avec l’autre quelques jours plus tard, alors que Charlotte regagnait Henford-on-Bagley, il était facile de comprendre que la hache de guerre était enterrée pour de bon.
– Elle n’est pas enterrée « pour de bon », avait contredit Aïda à Tamino. Nous la déterrerons lorsque le moment sera venu de la planter dans la tête des Nibelung.
Charlotte avait également pu faire la connaissance des accompagnateurs des cambions : Sanjay Kamdar, Isaac Ben-Ami – dont la transformation s’était achevée – et, plus étonnant, Montana Jones. Cette dernière n’était pas encore acceptée de tous. Après tout, elle avait initialement été envoyée par l’ennemi ! Cependant, sa présence dans la villa laissait entendre que l’on lui faisait relativement confiance.
Orpheus comptait sur Tamino pour l’avoir discrètement à l’œil. Celui-ci s’entendait après tout très bien avec la chasseuse. Il était d’ailleurs celui qui avait insisté pour la laisser sortir de sa chambre. Depuis lors, les deux étaient fréquemment vus ensemble sur la place de Tartosa, Tamino dévoilant à Montana les détails de ses derniers projets littéraires :
– Ils sont ennemis depuis toujours ?
– Pas vraiment ennemis. Disons que leur relation est… compliquée. L’un est jeteur de sorts alors que l’autre est vampire et pour des jumeaux, surtout avec leur passif, cela entraîne forcément beaucoup… d’incompréhension mutuelle.
– C’est un peu triste mais au moins, ton histoire a un excellent enjeu. J’espère que tu la termineras vite.
Peu d’habitants de la villa tartosienne ne voyait d’un très bon œil le rapprochement entre Tamino et Montana. Le cambion s’en moquait. La chasseuse s’était repentie, que cela plaise ou non. Même Isaac lui avait pardonné l’attaque ayant conduit à sa transformation, alors qu’attendaient les autres ?
Les choses avaient failli déraper très rapidement lorsque Tamino surprit un jour des éclats de voix dans un couloir. Il ne s’agissait ni plus ni moins que Carmen et Montana, en proie à une intense dispute.
– Alors comme ça il faudrait que je te fasse confiance ? Commence donc par nous dire où se trouve la cachette de tes employeurs.
– Je t’ai déjà dit que j’y ai été conduite les yeux bandés, je sais seulement qu’il s’agit d’une zone aride !
– La belle affaire, railla Carmen. Dans ce cas, tu ne nous sers à rien. Tu n’es pas la bienvenue, ici.
– C’est drôle, rétorqua Montana, mais il me semble que ton frère n’a eu de cesse de me dire le contraire.
– Il est sensible et naïf. Je ne te laisserai pas l’embobiner !
– Tamino est assez grand pour savoir ce qui est bon pour lui. Il n’a pas démarré au quart de tour, lui, quand tu as commencé à draguer Jace Laurent ! De toute manière, je ne vois même pas comment tu peux oser m’accuser d’embobiner ton frère alors que tu te sers allègrement de Jace par peur d’être éconduite par ton bibliothécaire. Mais je te comprends, après tout : ils ont tous les deux les yeux violets, c’est plus facile de te persuader que l’un est l’autre, comme ça.
Carmen resta silencieuse une fraction de seconde, accusant l’attaque. L’instant d’après, la cambionne fit apparaître sa forme sombre.
– Tout ceci ne te regarde absolument pas ! Maintenant, écoute-moi bien, aventurière de pacotille : je ne peux pas empêcher mon frère de te côtoyer, mais je peux le venger si tu lui fais mal d’une quelconque manière. Je t’ai à l’œil et avec une mère comme la nôtre, sois certaine que je peux être très inventive, alors je ne te le dirai qu’une fois : prends garde à toi !
[…]
– Greta a réussi à retrouver Becca, informa Jacob. Elles se dirigeront toutes les deux à Forgotten Hollow.
– Parfait, se réjouit Aïda. Encore quelques uns et tout l’Orchestra Vampirica sera réuni.
Les nuits tartosiennes plaisaient énormément à Aïda. La vie nocturne était plus calme, bien que suffisamment animée pour permettre à la cambionne de poursuivre son entraînement au violon avec un vrai public. L’instrument qu’elle utilisait manquait toutefois de l’étincelle dont elle avait besoin pour émouvoir son auditoire. Son véritable violon lui manquait, mais il se trouvait à la Fledermaus.
– Que ferons-nous, lorsque tout ceci sera terminé ? demanda Jacob.
– Après avoir sauvé maman et les deux morveux ? Je suppose que l’étape suivante consistera à chasser les Istines. Ensuite nous pourrons poursuivre tranquillement nos vies immortelles. Du moins jusqu’à l’Ordalie, en ce qui me concerne.
À l’évocation de l’ultime épreuve des cambions, Jacob frissonna. Aïda aurait préféré qu’il s’abstienne. Elle-même ne craignait pas l’Ordalie, mais pour une raison qui lui échappait, voir le disciple de sa mère inquiet pour elle la dérangeait.
– Ne t’inquiète pas, idiot, crut-elle bon d’ajouter. J’ai fait une promesse à maman. Je réussirai, alors soucie-toi plutôt du fait de m’avoir sur le dos encore un long moment !
Jacob eut un rire gêné. Ses yeux se posèrent maladroitement à quelques centimètres à gauche du visage de son interlocutrice.
De toute évidence, il désirait changer de sujet, alors Aïda le conduisit sur la piste de danse.
– Ton frère et ta sœur se sont réconciliés depuis cette altercation avec Montana, dit-il. Je préfère les voir ainsi.
– Carmen a mis de l’eau dans son nectar. Elle a bien compris que Tamino avait besoin de s’émanciper un peu et si tu veux mon avis, ce n’est pas trop tôt. Il serait temps que ces deux-là grandissent et deviennent un peu plus individualistes. Ils sont censés combattre l’un contre l’autre, lorsque le moment sera venu.
Jacob frissonna de nouveau. Aïda aurait préféré que cet imbécile s’abstienne. Son inconfort la mettait elle-même mal à l’aise. Que lui arrivait-il donc ? Mieux valait poursuivre la danse pour lui vider l’esprit.
Instant immersion : les paroles qui suivent viennent de Lay All Your Love on Me, du groupe A.B.B.A
A little small talk, a smile and baby I was stuck
A grown-up woman should never fall so easily
When I don’t have you near
Unsatisfied, I skip my pride
I beg you dear
Lay all your love on me
Don’t go sharing your devotion
Lay all your love on me
They didn’t last very long, and they’ve been pretty scarce
It makes the truth even more incomprehensible
Lay all your love on me
Lay all your love on me
– Et toi, alors, tenta-t-elle à la fin de la musique, que comptes-tu faire, après ?
– Eh bien, hésita le jeune homme, tout dépendra des besoins de ta mère. Mais lorsqu’elle n’aura plus besoin de l’Orchestra Vampirica, je souhaiterais voyager un peu. J’aimerais partir quelques temps à Sulani au bras de l’élue de mon cœur. Celle qui, ces dernières années, a été mon unique point de repère.
Aïda déglutit.
– Je… Greta ? Eh bien… Félicitations à tous les deux, j’imagine ! Je n’ai rien vu venir entre vous mais je suppose que ce sont… des choses qui arrivent lorsque l’on habite ensemble depuis tout ce temps.
– Comment ? balbutia Jacob. Non, ce n’est pas…
– Rentrons, coupa la cambionne. Il commence à pleuvoir.
Sans même prendre la peine de marcher au pas de son acolyte, Aïda se dirigea d’un air déterminé à la villa. Elle avait la mine revêche et éprouvait à présent une inexplicable envie de kava et de noix de coco.
À suivre...
Je n'ai pas pu m'empêcher d'ouvrir une sauvegarde à part pour jouer le rêve de fin de chapitre d'Aïda 🖤
Aïda publie littéralement DEUX morceaux de violon et trouve le moyen d'être invitée aux Topisim alors que j'avais rien demandé
Et le pire c'est qu'elle en a remporté un !!
Bravo championne 🖤
Comme à peu près partout sur nos maps, Judith Ward en a profité pour se taper l'incruste, mais avec un petit truc en plus
Parce qu'il fallait bien occuper les cambions pendant leur cavale, Orpheus a validé son diplôme prestigieux 💛
Bien évidemment, Charlotte est très fière de son petit protégé
Et forcément, Orpheus et Isaac ont fêté ça comme il se doit 💛
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉