Oh la la, Odile voyage dans le temps?? Incroyable. Je me demande comment les 2 époques vont se relier... pauvre petite!
Est-ce que le disciple à la clé sait où elle est, et est capable de la retrouver??
Quant à sa jumelle, elle aussi semble dotée de pouvoirs fantastiques: la voilà future medium prometteuse en plus de loup-garou! Quel duo elles forment ces petites, si loin l'une de l'autre...
Caleb semble très bien s'acclimater à Moonwood Mills Apparemment son ancienne nature vampire a été complètement gommée vu son intérêt prononcé pour Rory
Siegfried est parmi les alien, gloups...j'ai l'impression qu'il est un peu devenu "sujet d'expérience"! Quel endroit étrange. Au moins est il avec son ami Yamato par moments! Je me deeemande si Yamato serait capable de "trahir" sa famille pour aider Siegfried.
Vladislaus enterre une fille mais rtrouve un petit-fils et bientôt une arrière petite-fille! Quel dommage que les liens de famille ne soient pas des plus cordiaux
Hâte d'avoir aussi des nouvelles de Tamino et Carmen!
Repose en paix Malvina. Elle va ma manquer, mamie Lagrise. Celle qui était entourée de mystère au début de l'histoire. Nostalgie. C'est trop mignon la petite cocotte mi loup-garou mi voyante! Ça promet! héhé Je le savais que trop bien qu'avec Rory... hum... hum...
L'altercation de Vladislaus avec son petit-fils non bienvenu! Ça promet une guerre de famille ça aussi!
L'endroit des aliens est plutôt spécial, j'en ai des frissons.
Oh! Ma petite cocotte qui voit des portes voyage dans le temps! Je suis subjuguée! Elle est incroyable!
Je me demande ce qui va se passer! Oh lala
Peu importe le temps qui passe, je serai toujours au rendez-vous pour lire ton histoire passionnante.
Je sais ce que c'est, que de ne pas être dans le "mood" pour créer. Ça arrive.
Merci pour cet épisode mystérieux. Je l'ai relu 2 fois! haha Troooop bbbonnnnnnn.
@Elinoee La clé que cherchait Jacob dans la crypte d'Edith avait une autre fonction. Tu en sauras un (tout petit) peu plus dans le chapitre d'aujourd'hui
Il n'a pas été difficile pour Caleb de mettre derrière lui son passif vampirique, en effet Il n'a jamais aimé être un vampire alors sa réhumanisation a été une renaissance pour lui
Le pauvre Siegfried est dans un sacré pétrin, c'est bien vrai ! Yamato ne sait pas encore s'il faut aller jusqu'à la trahison, mais il remet clairement en question la branche extraterrestre de sa famille ! À voir s'il finira par le regretter
Hahaha, la descendance de Vladislaus par Alexei est loin d'être celle qu'il souhaitait ! Heureusement que les vampires n'ont pas de repas de famille, je ne te raconte pas ce que donnerait une fête de l'Hiver avec une telle compagnie
@oiseaudelune Mamie Lagrise me manque déjà, à moi aussi Mais tout le mystère autour d'elle n'est pas mort pour autant, comme tu le découvriras très prochainement Ce serait très cruel de ma part de l'avoir fait mourir en vous privant de réponses
La guerre de famille chez les Straud/Istines semble inévitable, pour le moment, c'est bien vrai !
Merci beaucoup pour ton dernier paragraphe, ça me touche beaucoup 🤗
@Elinoee & @oiseaudelune Je me permets une petite précision concernant Odile : vous chauffez beaucoup, mais il ne s'agit pas tout à fait de voyage dans le temps Ça y ressemble très fort, ceci dit, je vous l'accorde ! Encore un peu de patience pour savoir de quoi il en retourne
Avant d'entamer le chapitre de ce soir, je tenais à vous dire que finalement, cet acte, l'avant-dernier de l'histoire, allait être un peu plus long que prévu. J'aimerais consacrer l'acte V à l'Ordalie alors pour le IV, il y a pas mal d'intrigues qui vont être résolues et de fait, l'histoire va, pour un temps, s'éloigner un peu du Vampire de Cimetière et être beaucoup plus axée "histoire", justement, que "challenge". Nous y reviendrons en temps voulu mais en l'état, nous allons brasser un peu plus large et j'espère que cela vous plaira. Sur ce, je vous laisse ! Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 55 : La Furie Écarlate ---
L’installation de Yaritza Istines dans la chapelle d’Edith ne rassurait personne, Lilith la première. Maintenant que Wotan l’avait trahie, l’aînée des Vatore sentait que Forgotten Hollow n’était plus un lieu sûr pour élever Brunehilde.
Erda Nibelung avait après tout emmené Yamato sans même se concerter avec Ryota Nogawa. Lilith ne laisserait pas son mari récupérer sa fille de la même manière.
Pendant un temps, elle avait songé à s’installer chez Caleb à Moonwood Mill mais la seule idée de croiser au quotidien les créatures qui y vivaient lui procurait un haut-le-cœur. En outre, Brunehilde et Odette ne s’entendaient que très moyennement. Rien d’étonnant, après tout, lorsqu’on savait ce que chacune d’elles représentait pour l’autre.
– Ulrike et moi repartons à Henford-on-Bagley la semaine prochaine, lui avait proposé Charlotte. Pourquoi ne viendriez-vous pas avec nous, toutes les deux ?
Après réflexion, Lilith avait fini par accepter pour le bien de sa fille. Si cela n’avait tenu qu’à elle, elle serait restée ici pour aider Vladislaus à élaborer une stratégie pour bouter Yaritza et son fils hors du hameau. Le jour du départ, cependant, lorsqu’elle fit part au comte de son hésitation, celui-ci se montra rassurant :
– Malheureusement, vous ne pourriez rien m’apporter de plus, Lilith. Ne m’en déplaise, cette histoire est une affaire de famille.
– Vous savez, Caleb et moi avons perdu nos parents assez jeunes. Entre vous et moi, les choses ont peut-être mal commencé, mais sachez qu’avec les années, j’ai appris à vous connaître. Vous avez été un excellent mentor. Que comptez-vous faire ?
– Les éliminer tous les deux. Yaritza tient à ce que je nomme son fils comme héritier. Il y a fort à parier qu’ils s’occuperont de mon cas à l’instant où je leur offrirai Forgotten Hollow et ma place d’ambassadeur occulte sur un plateau d’argent. Yaritza relancera la guerre contre les jeteurs de sorts et nous serons replongés des siècles en arrière. Je ne peux laisser passer cela.
[…]
La semaine suivante, le manoir s’était enfin vidé. Vladislaus remerciait intérieurement Charlotte d’avoir eu l’idée de partir avec Lilith et sa fille : lui-même avait autre chose à faire que de veiller sur elles !
L’arrivée de Yaritza Istines était évidemment problématique mais le comte avait beau chercher, il ne voyait rien dans les lois vampiriques qui pût légalement la faire partir. Pourquoi Diable avait-elle eu le temps de concevoir un enfant avec Alexei avant la mort de ce dernier ? À cause de cela, la Fledermaus revenait de droit à Stanislav et, d’après ce que Vladislaus avait compris, à sa fille. Probablement était-elle d’ailleurs arrivée à la chapelle, désormais.
Le comte n’avait toutefois pas dit son dernier mot. Il avait, certes, offert le terrain à son fils, mais c’était avant d’apprendre qu’il s’était fiancé à la Furie Écarlate. Avec celle-ci dans les parages, les humains s’aventurant à Forgotten Hollow ne feraient plus long feu et, avec eux, le secret vampirique. Il en allait donc de la sécurité de tous. Vladislaus devait reprendre la Fledermaus aux Istines. Pour ce faire, il n’y avait qu’une seule option : battre Stanislav, le propriétaire légal, en duel.
Vladislaus ne comptait néanmoins pas s’aventurer à la chapelle sans garantie. Avant de s’y rendre, il rédigea une lettre à l’attention d’Inna, son ancienne épouse. Ils n’avaient que très peu correspondu depuis l’éclatement de leur famille mais il savait qu’elle vivait avec les deux autres membres de l’assemblée des grands maîtres vampires.
Une fois la missive achevée, le comte la confia à un messager.
– Partez pour Moonlight Falls dans l’heure et transmettez ce message à Inna Cents en personne, c’est bien compris ?
Au départ du messager, Vladislaus prit sa forme de brume et se téléporta jusqu’à la chapelle.
Le visage fermé, le comte entra et vint à la rencontre de la famille Istines. Yaritza, un sourire satisfait sur les lèvres, se délecta de son arrivée.
– Nous vous attendions, comte. Je vous présente Romy, l’héritière de Stanislav et, par extension, la vôtre.
– Je vois que vous n’avez pas perdu votre temps durant ces décennies d’exil, répliqua Vladislaus en scrutant d’un air mauvais la descendance de Yaritza. À la mort de mon fils, vous auriez pu avoir la décence de vous promener dehors en plein soleil et vous laisser brûler. Vous avez peut-être réussi à faire d’Alexei votre famille, mais son fils et sa petite-fille ne feront jamais partie de la mienne.
– Voyez-vous ça ? intervint Stanislav. Nous qui pensions que vous viendriez me reconnaître légalement. Vous me décevez fortement, grand-père.
– Ne m’appelez pas ainsi. Nous n’avons rien en commun.
– Nous pourrions partager le même nom de famille, si vous me proclamiez héritier de Forgotten Hollow. Vous comprendriez alors que j’ai à cœur de respecter les traditions familiales.
– Quelles traditions ? Vous vendre stupidement au premier esprit maléfique venu comme l’a fait votre père irresponsable ?
Par ce sarcasme, Vladislaus avait cherché à déstabiliser ses interlocuteurs mais en voyant le regard échangé entre Yaritza et Romy, le comte comprit que quelque chose lui échappait encore.
– Félicitations, comte Straud ! applaudit froidement la Furie Écarlate. Vous avez découvert le pot-aux-roses ! Bien sûr, mon fils n’a jamais rencontré Méphistophélès, mais cela ne saurait tarder, à présent. Après tout, il est le digne fils de son père !
– Et si vous arrêtiez vos charades afin de m’expliquer ce que vous avez derrière la tête ? s’impatienta le comte.
– Voyez-vous, répondit Yaritza, Méphistophélès avait confié une mission à mon bien-aimé Alexei. Une mission dans laquelle j’avais un rôle à jouer. À terme, votre fils et moi devions réussir pour que ce cher fantôme nous fasse régner en maîtres sur la communauté vampirique. Pour ce faire, nous devions lui fournir une grande quantité d’énergie, notamment en concevant douze enfants vampires, lesquels devaient être départagés jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un.
– Je connais bien cet aspect du contrat, coupa Vladislaus. Je suis navré de vous décevoir, mais vous arrivez trop tard : Méphistophélès a trouvé une autre cliente bien plus efficace. Elle a même réussi à négocier à la baisse le nombre d’enfants.
– Les enfants d’Edith Faust sont des hybrides à moitié humains, répliqua Stanislav avec mépris. Méphistophélès se débarrassera de cette mauvaise graine en apprenant ce que nous avons à lui offrir. Mon père n’ayant pas réussi à accomplir cet objectif, je me suis proposé à ma mère pour poursuivre cette mission en concevant le nombre initial d’enfants, tous des vampires pure souche.
– Au risque de vous décevoir, jeune homme, vous êtes bien loin du compte : mademoiselle Faust a déjà eu tous ses enfants. Méphistophélès n’attendra pas la conception de la suite de votre progéniture.
La dénommée Romy éclata d’un rire cristallin avant de prendre pour la première fois la parole :
– La suite ? Je crois bien, cher ancêtre, que de nous tous, vous êtes le plus loin du compte. Les combats ont eu lieu depuis des années et j’en suis la grande gagnante. Vous avez raison sur un point : Méphistophélès fera au plus rapide. Qui pensez-vous donc qu’il privilégiera : mon père s’offrant à lui en ayant déjà terminé le travail ou Edith Faust, laquelle est à l’heure actuelle prisonnière des Sixamiens et dont les enfants, en plus d’être à présent éparpillés partout, sauf ici, n’ont même pas tous l’âge requis pour combattre ?
Vladislaus accusa le coup sans trahir la moindre émotion. Les Istines avaient manigancé depuis longtemps pour devenir bien plus légitimes qu’Edith Faust auprès de Méphistophélès : ils avaient après tout l’avantage de venir d’une puissante lignée vampirique, ce qui était exactement ce que recherchait l’esprit maléfique. Tout avait été savamment orchestré dans l’ombre pour permettre à Stanislav de signer un pacte avec lui. De la sorte, Yaritza assurait à sa famille la place qui aurait dû incomber à Alexei. Alors, même si Vladislaus s’opposait à reconnaître Stanislav comme étant son héritier, celui-ci s’arrangerait pour le devenir sans lui demander son avis.
– Vous ne me laissez guère le choix, dit le comte d’un air glacial. Je souhaitais vous affronter pour vous chasser d’ici mais ce que vous venez de me raconter m’oblige à vous éliminer avant que Méphistophélès ne vous rende apte à me renverser.
Sans autre préambule, Vladislaus engagea le combat contre Stanislav.
L’affrontement était rude, chacun des combattants étant déterminé à mettre l’autre au tapis sous le regard amusé de Yaritza.
Enfin, au terme de longues minutes acharnées, le comte de Forgotten Hollow en sortit vainqueur.
– C’est terminé, Yaritza, dit-il à son ennemie sans quitter Stanislav des yeux.
– Je n’en serais pas si sure, comte. Je me doutais bien que vous chercheriez à vous débarrasser de nous, c’est pourquoi j’ai prévu une issue de secours.
Vladislaus n’eut pas le temps d’en demander davantage : Stanislav s’était complètement ressaisi.
Rapide comme l’éclair, le fils de Yaritza dégaina une fiole ouverte et la renversa en plein sur le visage du comte.
Aussitôt, celui-ci décolla du sol, sentant l’énergie vampirique quitter son corps telle la flamme d’une bougie exposée au vent.
– Vous n’êtes que des lâches, parvint-il à articuler alors que ses forces l’abandonnaient.
– Disons plutôt que nous sommes prêts à tout pour obtenir ce que nous désirons. Romy, conduis notre invité dans les cellules, je te prie. Un humain n’a rien à faire en liberté chez nous.
[…]
La nouvelle de la défaite du grand Vladislaus Straud avait fait le tour du monde occulte. Il ne fallut pas plus longtemps pour que le groupe mené par Charlotte en soit informé à son tour. La Brindletonienne était désemparée. Depuis son premier séjour à Forgotten Hollow, elle avait considéré le comte comme un indéfectible soutien pour retrouver Edith. Or, vingt-et-un ans plus tard, Edith était encore plus éloignée d’elle et le sort de Vladislaus était encore incertain. Il lui arrivait parfois de se demander comment se seraient déroulées les choses si elle n’avait jamais quitté Brindleton Bay en premier lieu. Elle-même aurait continué une vie de mortelle bien plus reposante. Probablement se serait-elle apprêtée à vivre une fête surprise organisé par Flavio… Après tout, son cinquantième anniversaire approchait à grands pas. Son ami n’aurait jamais manqué cette occasion !
Personne n’avait osé retourner à Forgotten Hollow. Charlotte, Lilith et Ulrike passaient donc le plus clair de leur temps à spéculer sur ce qu’il convenait à présent de faire. Vladislaus était le seul qui avait réussi à calmer la colère des sixamiens. Maintenant que l’ambassadeur occulte des extraterrestres avait été terrassé par Stanislav, il n’y avait plus aucune raison pour que la guerre n’éclate pas.
– Les Nibelung sont également responsables de la mort de Saethin Sixam, rappela un jour Ulrike. Si seulement nous pouvions convaincre la nouvelle ambassadrice extraterrestre que tout ceci n’a rien à voir avec une quelconque rivalité entre nos deux espèces…
– Avant cela, intervint Charlotte, nous devrions arracher Edith, Siegfried et Odile de leurs griffes. Maintenant qu’Erda et Wotan ont été percés à jour, qui sait de quoi ils sont capables.
– À trois, le projet s’annonce impossible, objecta Lilith. Il nous faut des alliés. Nous pourrions commencer par le Carré d’As.
– C’est une bonne idée, se rengorgea la Brindletonienne. De mon côté, je vais essayer de rapatrier Orpheus avec nous. Vladislaus nous avait dit que Tamino et Carmen étaient en sécurité à Selvadorada avec le bibliothécaire de la place Clairdelune. Je ne m’inquiète pas trop pour eux car ils sont accompagnés. Mais Orpheus est tout seul et je ne suis pas à l’aise à cette idée.
Charlotte et Lilith se tournèrent instinctivement vers Ulrike, comme si elles attendaient une contribution de sa part. Celle-ci sembla prise de court mais avait bel et bien une suggestion à faire.
– Pourquoi ne pas demander de l’aide à l’orchestre d’Edith ? Elle a eu le temps de créer un certain nombre de disciples, après tout.
Ainsi, les jours suivants, chacune des trois femmes s’affaira à ses objectifs. Ulrike avait obtenu des résultats encourageant auprès des disciples d’Edith, désormais menés par Tina Tinker. Ils ne seraient cependant pas tous de la partie car certains, trop effrayés à l’idée d’affronter des extraterrestres, avaient préféré décliner. D’autres étaient même allés jusqu’à fuir Forgotten Hollow, comme l’avait fait Jacob Robertson.
– Nous ignorons où il est allé mais la dernière fois que nous l’avons vu, il revenait de la Fledermaus, quelques temps après l’attaque. Apparemment, il est seulement revenu prendre quelques affaires au logement de la place Clairdelune mais d’après Diego Lobo, lorsqu’il a quitté le hameau, il était accompagné par une silhouette encapuchonnée. Nous ignorons encore de qui il s’agissait.
Charlotte, en revanche, n’était pas parvenue à joindre Orpheus. Elle soupçonnait le cambion d’avoir changé de numéro sans la prévenir. Elle eut cependant de ses nouvelles un matin : Orpheus lui avait envoyé une longue lettre de Sunset Valley dans laquelle il lui donnait quelques nouvelles. Il lui avait également demandé de ne plus lui écrire car selon ses dires, il se sentait parfaitement à sa place pour la première fois de sa vie. Il tenait à profiter des années qui restaient avant la majorité d’Odile, laquelle impliquerait son retour à Forgotten Hollow pour l’Ordalie. Lui-même lui promit néanmoins de lui écrire quelques lettres de temps à autres, peut-être même ponctuées de photos. Il tenait simplement à ce que leurs échanges soient unilatéraux pendant un temps. La Brindletonienne se résigna une nouvelle fois à le laisser dans l’ignorance sur la gravité de la situation. Il avait après tout tellement déménagé depuis sa fuite de la Fledermaus qu’il était hautement improbable que les Nibelung ou Yaritza missent la main dessus.
Sans grande surprise, Lilith avait de son côté convaincu le Carré d’As. Après tout, Ryota Nogawa avait, tout comme elle, été berné par les Nibelung en en épousant une sans avoir su ce qu’elle cachait. Dans le cas du bâtisseur, c’était même pire : Erda avait disparu du jour au lendemain en emmenant leur fils loin de lui. Lilith, au moins, pouvait dans son chagrin se réconforter avec la présence de sa fille.
Brunehilde s’accommodait d’ailleurs plutôt bien à la ferme. Du fait de leurs natures respectives, ses relations avec Odette n’allaient pas en s’arrangeant, mais les visites de Caleb n’étaient pas suffisamment fréquentes pour que cela soit un problème. La fille de Lilith était curieuse de tout et assez précoce, ce qui n’était pas sans rappeler Orpheus à Charlotte.
Un soir, alors que la Brindletonienne et la fillette étaient seules, Brunehilde émit le souhait de lire toutes les deux. Charlotte accepta de bon cœur mais se figea net en voyant l’ouvrage qu’avait choisi l’enfant : il s’agissait du vieux journal de Malvina Straud. La fantôme avait été persuadée de l’avoir perdu à la mort de sa propriétaire.
– Où as-tu trouvé ce carnet ? demanda-t-elle.
– Dans notre chambre, à maman et moi, répondit Brunehilde. Il était derrière la commode. Je pense qu’il y a glissé. Alors ? Tu es d’accord pour qu’on le lise ensemble ?
Bien que la tentation fut grande, Charlotte préféra décliner la proposition. Elle ignorait ce qu’avait pu traverser Malvina durant ses années humaines et craignait que certains passages soient trop éprouvants pour Brunehilde.
Ainsi, la fantôme s’empara du carnet en planifiant de le lire une fois seule.
Soudain, quelqu’un frappa à la porte. Charlotte se rendit dans l’entrée d’une démarche méfiante. Caleb n’avait pas prévu de venir et Lilith et Ulrike avaient la clé. Qui pouvait bien avoir fait le déplacement ? Pour répondre à cette question, la Brindletonienne prit son courage à deux mains et ouvrit la porte.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle se retrouva avec non pas un, mais trois visiteurs. À en juger la couleur des yeux de l’homme et de ceux de l’une des deux femmes, Charlotte pouvait affirmer sans craindre de se tromper qu’il s’agissait de vampires. Seulement, étaient-ils alliés ou ennemis ?
– Qui êtes-vous ? osa-t-elle demander, galvanisée par la nécessité de protéger Brunehilde.
– Charlotte Fox, n’est-ce pas ?
Charlotte ne prit pas la peine de répondre. Non contents de la connaître, ces individus la cherchaient et avaient fait le déplacement exprès pour la voir. Son regard fut toutefois attiré vers la femme aux cheveux châtains. Elle l’avait déjà vue quelque part… Au bout de quelques secondes de silence, elle se souvint du tableau de famille au-dessus de l’âtre du manoir Straud.
– Je me nomme Inna Cents, finit par se présenter la femme en question. Voici Lucian Bloodvein et Elvira Nightwood. Nous appartenons tous les trois à l’assemblée des grands maîtres vampires. Le comte Straud nous a récemment écrit et nous avons appris son sort avant d’avoir eu le temps de lui répondre. Pouvons-nous entrer ? Il me semble que nous avons beaucoup de choses à nous dire.
À suivre...
Bonus : Le VDC à la sauce Stanislav
Si jamais cela vous intéresse, voici un petit compte-rendu express du VDC de Stanislav
Je l'ai fait emménager avec sa mère à Del Sol Valley, où il a rencontré les futures génitrices de ses enfants. Pour rappel, il faut savoir que dans mon histoire, à l'origine, Méphistophélès souhaitait que l'Ordalie se déroule avec non pas six, mais douze enfants nés vampires à 100 %. Ce n'est que parce qu'Edith a négocié au rabais qu'elle a pu n'en faire que six, mais au prix d'un peu de difficulté supplémentaire : les géniteurs devaient être humains.
De son côté, Stanislav n'a rien négocié du tout et était parfaitement d'accord pour douze enfants (tu m'étonnes, ce n'est pas lui qui les porte ! ). Il a donc pu les concevoir avec des vampires. Cela impliquait bien sûr qu'il transforme ses conquêtes avant la conception des bébés. Sans plus attendre, voici les (pas si) heureuses élues et leur descendance !
Petite explication pour les noms : Edith, fan de musique, a nommé ses enfants d'après des personnages d'opéra ou de ballet ; Stanislav, réfugié à Del Sol Valley, a opté pour la thématique d'acteurs et actrices célèbres Vous remarquerez qu'il n'y a pas douze enfants, mais quatorze. Il m'a donné deux fois des jumeaux alors que je n'avais rien demandé, hahaha m'enfin bon, il a fait avec et tant pis !
Enfin, voici le compte-rendu des combats avec la victoire finale de Romy.
Oh mon dieu! Non... Pauvre Vladi! Je l'aimais bien, moi, ce vampire.
Je m'étais dit: "Youppi! Il a gagné!" et je me suis fait avoir. Je savais bien qu'il y aurait une entourloupe, comme dirait mon Vladislaus Straud 1er!!! Maintenant prisonnier de leur grade-manger, j'espère qu'il sera libéré.
Tout le monde dispersé, c'est tristou.
Mais la fin! Ouah! La femme de Vladi qui vient à la rescousse. Comme elle est belle.
Et tu as fait un autre VDC en parallèle! Ouah! Ma foi! 14! Tu étais courageuse. J'avoue qu'avec un homme ce doit être différent d'une femme. J'avoue ne l'avoir jamais vu venir celle-là! hahahah Stanislav et l'usine à bébés.
Super épisode!
Je n'ai aucun problème à ce que ce soit plus histoire que challenge. Parfois, pour prendre plaisir à un challenge, faut avoir une petite histoire sinon on a tendance à décrocher. Je sais de quoi je parle avec mon Génération Laideur, mon Decades, mon Lord and Lady, mon Random Legacy à peine entamé... Pour vraiment y prendre goût et se laisser emporter, ça prend une bonne histoire! Alors laisse-toi aller!!! Moi, je suis plus que prête à t'accompagner! hihihi
Ah non, pas de voyage dans le temps pour Odile? J'ai vraiment hâte de savoir ce qui se passe alors! Ton histoire est foisonnante de tous les côtés et pleine de surprises, j'adore
Le petit-fils de Vlad a fait un VDC, ça alors! Et avec 14 enfants, quelle motivation
Romy, la grande gagnante, a l'air redoutable mais quand même pas autant que sa grand-mère
En tout cas c'était un petit aparté sympathique, avec l'arbre généalogique et tout
Par contre, Vlad transformé en humain mais quelle horreur Je crois que jamais personne n'a osé faire cela dans une histoire sims
C'est vraiment la punition ultime pour ce vampire si fier...ça me fait mal au coeur pour lui, tiens
Lilith et Brunehilde ont bien fait de s'installer à Henford-on-Bagley loin de tout ça, à mon avis...et la petite a l'air de se plaire à la campagne!
En plus, voilà qu'eelle nous retrouve le journal de Malvina Straud, qui risque d'être une lecture fort intéressante.
Encore une surprise à la fin, avec Inna Cents qui débarque...elle a l'air d'une jeune femme tellement normale d'ailleurs, j'ai du mal à l'imaginer en épouse de Vlad J'espère qu'avec les autres grands maîtres vampires elle va pouvoir aider à chasser la Furie rouge et sa descendance de Forgotten Hollow...
@oiseaudelune Eh bien oui, la victoire aurait été bien trop facile ! Les Istines sont coriaces et pour les battre, il va certainement falloir un peu plus que de la force brute
Je suis d'accord avec toi pour Inna C'est bien dommage que Les Sims ne l'ait pas installée par défaut à Forgotten Hollow avec les autres grands maîtres ! Tout ce petit monde est heureusement disponible dans la galerie de Maxis
Hahaha, Stanislav a en effet été une sacrée usine à bébés Bon par contre je te rassure : ce VDC alternatif, je ne l'ai vraiment pas fait à 100 %, j'ai juste fait en sorte que Stanislav transforme ses conquête et qu'il les mette enceintes une fois vampires ! Après ça, Romy et les 13 autres enfants ont connu une croissance très accélérée et j'ai enchaîné sur les combats
Merci à toi
@Elinoee Héhéhé, merci, ça me fait plaisir que ça te plaise toujours 🤗 Normalement, il me reste quelques surprises sous mon chapeau !
Stanislav a fait un VDC version extra light, on va dire Quant aux enfants, il les a eus avec quatre mères différentes alors autant te dire qu'il leur a refilé tout le boulot, les pauvres
Oui, hein ? Ça paraît terriblement contre-nature d'avoir un Vlad humain, comme s'il s'agissait de deux choses impossibles à mélanger, comme l'eau et l'huile
Je crois que jamais personne n'a osé faire cela dans une histoire sims
Mouahahahaha, il ne me semble pas avoir déjà vu ça non plus et je comptais bien là-dessus pour que mon histoire soit pionnière en la matière
La lecture du journal est susceptible d'être riche en informations, mais il faudra encore patienter un petit peu
C'est vrai qu'Inna semble l'exact opposé de Vlad ! Quand je l'ai vue sur les tableaux du mode construction, je me suis dit qu'il y avait clairement un potentiel pour les mettre ensemble malgré leurs différences, ces deux-là, un couple aussi bien assorti que la Belle et la Bête. D'ailleurs, la robe jaune d'Inna dans sa tenue officielle va dans ce sens !
Voici un plus petit chapitre pour ce soir, mais les deux suivants seront plus longs et un peu différents. Mais vous saurez tout en temps voulu ! Pour l'heure, place au chapitre 56. Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 56 : Sous cloche ---
08/11/427 :
Cher Yamato,
Merci pour ton message sur Blic-Bloc Online. Je sais que tu me l’as écrit il y a deux ans, mais je n’avais pas d’ordinateur, ici, alors je n’ai jamais pu l’ouvrir.
Comme j’ai eu huit ans hier, maman m’en a finalement acheté un. Il faut dire qu’on s’ennuie un peu, à la campagne.
Je sais que tonton Caleb a proposé à maman de nous installer avec lui et Odette, mais elle a refusé et c’est tant mieux car je ne m’entends pas beaucoup avec mon autre cousine. Pourtant, elle n’a que quatre ans alors ça devrait être plus facile.
Avec toi, je me souviens que c’était différent. On jouait souvent ensemble et ça me manque un peu, parfois. Ici, je suis la seule enfant. Charlotte me parle souvent d’un certain Horféusse (je ne sais pas comment ça s’écrit) dont elle s’était occupée et qui étudie loin, maintenant. Elle pense qu’on s’entendrait bien, lui et moi.
Comment tu vas, depuis le temps ? Personne ne sait où tu peux être mais tout le monde pense que tu es avec ta mère et mon père. C’est vrai ? Et est-ce que papa va bien ?
J’attends ta réponse.
À bientôt,
Brunehilde.
12/11/427 :
Brunehilde,
Je suis content de lire ton mail ! J’avais fini par croire que tu n’irais plus jamais sur Blic-Bloc Online mais si tu n’avais plus d’ordinateur je comprends mieux.
Je ne sais pas non plus où je suis. Tout est vraiment bizarre, ici. Il y a bien ma mère et ton père mais lui, je ne le vois pas beaucoup. Maman et lui travaillent tout le temps.
C’est surtout Kirali Noctis qui nous fait les cours. Oui, je ne suis pas tout seul, moi : tu te souviens de mon copain Siegfried ? Il est là aussi mais on n’a pas compris pourquoi. Il n’est pas extraterrestre. Moi non plus, bien sûr, mais ma mère l’est alors c’est plus logique.
Il cherche sa mère mais à chaque fois qu’il pose la question, on lui répond qu’elle est malade et qu’en attendant, ce sont les Noctis qui doivent s’occuper de lui. Mais Siegfried n’est pas très sage et se dispute souvent avec eux.
Après, il est puni et doit passer ses soirées dans sa chambre sans parler à personne. Elle n’est pas très grande, d’ailleurs, et les Noctis la ferment à clé, quand il se met en colère.
J’ai parlé de ton mail à Siegfried. Apparemment, Orpheus est son frère. Il a quitté la chapelle il y a cinq ans alors il ne s’en souvient pas beaucoup.
J’espère qu’on pourra continuer de s’écrire. Kirali me surveille très souvent quand je suis sur l’ordinateur, alors il faudra que je fasse attention. Donne-moi de tes nouvelles et je répondrai quand je pourrai. En attendant, je pense qu’il vaut mieux que nos mères ne soient pas au courant...
À plus,
Yamato.
[…]
Charlotte s’impatientait de plus en plus. Voilà deux ans que les grands maîtres vampires étaient de retour au pays et rien n’avait changé. Si Inna Cents, Lucian Bloodvein et Elvira Nightwood avaient désormais élu domicile au manoir de Vladislaus, cela ne semblait pas les déranger plus que cela d’avoir pour voisine celle qui usurpait à présent la place du comte.
– Les choses ne sont pas aussi simples, relativisa Lilith. D’après Elvira, l’humanisation de Vladislaus était dans le cadre d’un affrontement légal entre lui et Stanislav. Maintenant qu’il n’est plus vampire, son statut revient à son seul héritier.
– Héritier pour qui Vladislaus sert certainement de distributeur de plasma à l’heure où nous parlons, ragea la Brindletonienne.
Malheureusement pour Charlotte, Yaritza et sa famille ne bravaient aucun interdit du code des vampires. La communauté de la nuit se devait d’avoir un dirigeant et Stanislav était, par la force des choses, l’unique vampire pouvant prétendre à ce titre. Bien sûr, tout le monde savait que la Furie Écarlate était bel et bien celle qui dirigeait mais il eût été dangereux de l’affirmer haut et fort.
Les autres grands maîtres vampires avaient fait l’effort d’aller à sa rencontre et avaient ainsi pu s’assurer de la survie de Vladislaus. Stanislav avait pris connaissance de la règle qu’avait fixée Edith pour la Fledermaus stipulant qu’aucun humain n’avait le droit de quitter la chapelle en vie. Le nouveau comte avait adoré l’idée et l’avait étendue à l’ensemble de Forgotten Hollow, décrétant que le hameau constituerait désormais une terre sacrée pour les vampires.
– Sacrée ? s’était indignée Ulrike. Il n’a décidé de traiter Forgotten Hollow comme tel uniquement parce qu’il y vit. L’audace et la vanité de cet homme n’ont d’égales que celles de sa mère !
Audacieuse, Yaritza l’était assurément. Concernant la vanité, en revanche, l’affirmation n’était plus tellement à l’ordre du jour : d’après les dires des grands maîtres, ses plans ne se déroulaient pas comme elle le souhaitait : malgré deux années passées au hameau et en dépit de multiples tentatives, la Furie Écarlate n’était jamais parvenue à faire venir Méphistophélès.
Pose de Natalia Auditore.
– Bien sûr, confessa un jour Inna Cents, Yaritza ne comprend pas pourquoi cet esprit n’est pas prêt de signer le moindre pacte avec son fils. Pour elle, il a mieux à proposer qu’Edith. Elle n’a cependant pas pris en compte la prophétie de ma famille. Stanislav et sa fille Romy sont les descendants directs de mon ancêtre Rhiannon. C’est de sa lignée qu’est supposé naître « l’être qui mettra fin au plus grand mal de ce monde ».
– Comment peut-on avoir la certitude que mon propre ancêtre Cyrus Vatore a effectué une vraie prophétie ? demanda Lilith. Certains mediums sont capables d’apercevoir quelques bribes du futur, mais ce n’est jamais assez net pour parler concrètement de « prophétie »…
– Comme vous le savez déjà, à son époque, le clan Vatore était une lignée de puissants mediums. Autrefois, les pouvoirs des clairvoyants leur permettaient de faire bien plus que de visiter les Corridors des autres. Les prophéties existaient bel et bien. Il y a longtemps, je n’ai pas voulu l’écouter et voyez où cela nous a menés. Ce que votre ancêtre a formulé à la mienne n’est pas qu’une simple légende comme celle de la Dame de Forgotten Hollow.
– Alors pour vous, Stanislav pourrait être cette personne évoquée par Cyrus ?
– Cela peut être lui comme sa fille. Bien sûr, il est aussi possible qu’aucun d’eux ne soit concerné et que la prophétie parle d’un autre membre de la famille Cents et auquel cas, c’est du côté de la branche des jeteurs de sorts qu’il nous faudrait enquêter. Celle que j’ai jadis abandonnée pour trouver refuge au manoir Straud.
Inna marqua une pause, visiblement emplie d’une vague de nostalgie. Charlotte se doutait qu’elle pensait à la famille qu’elle avait trouvée à Forgotten Hollow. La vampire avait perdu son fils dans des circonstances qui avaient fait fuir sa fille, laquelle avait fini par mourir à son tour sans avoir eu le temps de la retrouver. Charlotte n’avait pas le cœur de la contrarier davantage mais selon elle, le raisonnement de la grande maîtresse concernant la prophétie comportait une lacune. Elle-même avait visité le Corridor de Méphistophélès et savait que l’esprit maléfique n’aurait pas reculé à l’idée de signer un pacte avec un héritier Cents. Il en avait après tout signé un avec Alexei et la Brindletonienne savait qu’il était déjà au courant de la prophétie à cette époque. Selon lui, procéder de la sorte devait lui permettre de corrompre le potentiel élu et l’empêcher de lui nuire. Seulement, Alexei était mort et Méphistophélès n’avait pas su que Yaritza portait son enfant. Il lui avait donc fallu changer ses plans en se rabattant, des décennies plus tard, sur une jeune femme n’ayant rien à voir avec la lignée Cents.
– Nous avons beaucoup digressé, reprit Inna après un moment. Au départ, je n’étais pas venue vous parler de la prophétie. Lucian et Elvira poursuivent régulièrement leurs recherches sur les lois vampiriques et en ont trouvé une très intéressante. Avant Cordélia, il se trouve qu’il était possible à un grand maître de « réclamer » à un autre grand maître un humain qui lui était attribué. Il fallait une bonne raison, bien sûr. Cette raison, c’était le mariage. La loi a fini par se perdre au fil des siècles mais n’a concrètement jamais été abolie.
– Ainsi, comprit Charlotte, il serait légalement possible de soustraire Vladislaus de la Fledermaus à condition de… l’épouser ?
La Brindletonienne se retenait à grand-peine de soupirer de soulagement. Le retour du comte impliquerait la reprise des recherches d’Edith ! Depuis l’arrivée de Yaritza, celles-ci avaient été stoppées. En outre, la Furie Écarlate se souciait si peu des relations entre vampires et sixamiens que ces dernier n’avaient pas pu passer outre la mort de leur dirigeant. Il était d’ailleurs étonnant que la guerre n’eût pas encore éclaté.
– À vrai dire, répondit fièrement Inna, nous sommes toujours mariés, lui et moi. Tout ce que j’ai à faire est de me rendre à la chapelle et exiger le retour de mon époux. Quand il s’agit de réclamer un humain à un vampire dirigeant, il y a bien sûr des limites. Il y a fort à parier que Yaritza et Stanislav nous interdirons de le retransformer en vampire, mais il sera au moins en sécurité. C’est là notre objectif à court terme.
[…]
Inna avait fini par quitter la fermette, visiblement très optimiste à l’idée de sauver Vladislaus. Charlotte l’admirait beaucoup. La vampire avait traversé beaucoup de malheurs et parvenait toujours à trouver du positif. D’aucuns pouvaient apparenter cela à une forme de naïveté, mais la Brindletonienne préférait y voir un optimisme à toute épreuve. À ses yeux, c’était une véritable force qu’Inna avait d’ailleurs transmise à sa fille.
Malvina… Charlotte éprouva un nouveau pincement au cœur en repensant à elle. La vieille dame était morte si peu de temps avant de retrouver sa mère. Peut-être les deux femmes se seraient-elles serré les coudes afin de récupérer leur mari et père ?
La fantôme eut alors comme une révélation : les grands maîtres vampires étaient parvenus à retrouver une vieille loi pré-cordélienne pouvant arranger la situation concernant Vladislaus. Ne pouvait-elle pas elle-même, à sa propre échelle, explorer les vestiges du passé ? Cela n’aurait probablement pas d’impact réel sur la situation à Forgotten Hollow, mais au moins Vladislaus et Inna obtiendraient-ils les pièces manquantes concernant la vie de leur fille en tant qu’humaine…
Le vieux carnet de Malvina était toujours où Charlotte l’avait laissé. Personne ne l’avait ouvert. Il y avait après tout eu ces derniers temps des priorités plus importantes que le témoignage d’une vieille dame.
Cependant, la Brindletonienne avait désormais un peu de temps devant elle. Brunehilde jouait sur son ordinateur et Lilith et Ulrike entretenaient le potager.
L’occasion était trop belle pour ne pas en profiter...
À suivre...
Crédits :
Au fait ! Je ne vous l'avais pas mis la dernière fois que l'on a vu Siegfried, mais la construction qui fait office de base extraterrestre est l'oeuvre de popinette113 ! Il s'agit de la base de son challenge Retour sur Terre
Brunehilde et Yamato ont pu entrer en contact, génial! ce n'est donc qu'une question de temps jusqu'à ce que Lilith apprenne où il est, ainsi que Siegfried et donc Edith (à priori!)
Pas de nouvelles d'Odile, mince...j'ai hâte de voir où en est cette petite puce!
Déjà deux ans de passés et Vlad est toujours retenu prisonnier! le pauvre, c'est trop triste de le voir comme ça
J'espère qu'Inna Cents le fera libérer et, encore mieux, pourra le re-transformer.
Je n'avais pas pensé à une référence à la "Belle et la Bête" mais oui, tu as raison! Inna est tout à fait la réplique de Belle.
Bon, c'est parti pour la découverte du journal de Malvina alors!? Je sens que cette lecture va être très instructive
Oh lala de lala Les enfants qui s'écrivent c'est trop mignon. Ils se posent des questions et je les comprends. Quand tu es témoin d'une grande bataille et que tu te demandes où sont tes frères et soeurs, pourquoi tu vis avec des aliens, où tu es, etc... Pauvres eux. J'espère que ça va aider Charlottre et Lilith à les retrouver.
Je me pose tellement de questions sur Edith. Où elle est?
Et sa fille qui hibernait? Est-elle toujours en sécurité? (Désolée, je suis une quiche pour me souvenir de tous les noms haha)
Inna est très belle. Comme ça, elle va revendiquer son droit d'épouse vampire... c'est bien. Devront-ils quitter la ville par la suite si elle appartient à ce méchant traitre et la dame en rouge? Peut-être que Méphisto en a rien à faire de ce blanc bec? hahaha D'ailleurs, il est où?
Et la cocotte minoue qui voit les portes? Ce serait un monde parallèle?
Hâte de voir ce que Malvina a écrit dans son journal intime. Je sens que ça va être TRES intéressant!!!
@Elinoee Exact, il serait judicieux de la part de Brunehilde de prévenir sa mère ! Reste à voir comment cela finira par arriver
Ahahaha, c'est vrai que je me montre un peu sadique avec notre Comte préféré promis, son calvaire ne durera pas longtemps (mais je n'ai pas dit comment il s'achèvera )
Une retransformation serait super, c'est clair ! Mais pour le moment, le nouveau comte (ou plutôt la comtesse car c'est Yaritza qui commande, il faut l'avouer) cherchera sûrement à l'interdire. Affaire à suivre !
Héhéhé, il est temps de replonger dans le passé, j'espère que cela te plaira
@oiseaudelune Voui, c'est vrai que le fait que ce soient deux petits innocents qui échangent sur les horreurs dont ils peuvent être témoins marque un certain contraste ! C'est ce qui rend l'expérience intéressante
Edith est prisonnière des Nibelung, c'est tout ce que je peux dire pour le moment 🤐
Quant à Aïda, elle était aux dernières nouvelles en hibernation dans une pièce dont seule Edith avait la clé !
Peut-être en effet que Méphistophélès ne s'intéresse pas à Stanislav ! Mais cela soulève une question : pourquoi ne s'y intéresserait-il pas, exactement ? Peut-être que ce chapitre apportera une réponse en la matière, qui sait ?
Tu as soulevé deux hypothèses très intéressantes, dans ton commentaire ! Je vais préparer une fournée de cookies au plasma car tu commences à chauffer !!
C'est parti pour deux chapitres de flashback !! Enfin, un seul ce soir et le suivant... une prochaine fois ! J'ai beaucoup aimé jouer le passé de Malvina, même si les screens remontent à février 2021, soit avant que je ne commence réellement le VDC ! Il faut dire que sauf quelques exceptions, j'ai tourné l'histoire dans l'ordre chronologique des événements. D'ailleurs, comme vous allez le constater sous peu, je ne pouvais pas trop faire autrement Sur ce, il est temps de lâcher la bombe ! Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 57 : Silvana Mutard et le maudit héritage ---
344 ap-c, Windenburg, hiver (impossible pour moi d’être plus précise),
Cher journal,
Plusieurs semaines se sont écoulées depuis mon départ de Forgotten Hollow et mon cœur n’a jamais été aussi vide. Ai-je eu raison de fuir ce manoir ? N’aurais-je pas mieux fait de demeurer auprès de Père et de Mère ? Nous sommes tous en deuil, mais le chagrin doit être plus difficile encore pour eux. D’ordinaire, ce n’est pas chose naturelle que de survivre à son enfant. Dans une société de vampires, cette anomalie est d’autant plus marquante. Mais bien qu’il m’arrive de culpabiliser de les avoir laissés derrière moi, une part de moi trouve consolation dans l’espoir qu’ils parviendront à avancer ensemble, comme ils l’ont toujours fait.
Windenburg est magnifique. La nature y est si apaisante ! Je bénis l’Observateur de m’avoir octroyé le pouvoir de résistance au soleil. Grâce à lui, je peux marcher de jour sans être la cible de questions indiscrètes. Bien sûr, je reste une curiosité aux yeux des mortels que je croise. Que pourrait bien faire une jeune femme seule en un temps si glacial ? Ma tenue semble en outre attirer les regards. Il est vrai que les femmes que j’ai pu croiser n’étaient pas vêtues de la même manière.
Plus pour paraître normale que par réelle nécessité, je me suis résolue à vendre mes bijoux et accessoires pour m’offrir quelques nuits sous le toit réconfortant d’auberges se trouvant sur mon chemin. C’est d’ailleurs dans l’une de celles-ci que je t’ai trouvé, cher journal. Tu étais seul sur la table de chevet de ma chambre. Le précédent client t’avait probablement acheté dans le but de t’offrir, mais je suppose qu’il t’a oublié lors de son départ. Dans tous les cas, je suis heureuse de t’avoir gardé près de moi tel un trésor inestimable. Tu me donnes l’impression d’être un ami auprès de qui me confier en toute sérénité. J’ignore encore où mes pas me conduiront mais avec toi, ce périple sera plus supportable. J’en suis convaincue.
344, Windenburg, visiblement quelques jours avant la fête de l’Hiver
Cher journal,
Une âme charitable a croisé mon chemin, ce soir. Pour être plus exacte, je suis plutôt celle s’étant mise en travers du sien. Le banc sur lequel j’avais prévu d’élire domicile pour la nuit était en contrebas de la maison de cette vieille dame.
Elle m’a offert le gîte et le couvert sans même se renseigner sur les raisons de mon errance.
Il semblerait que depuis le décès de son mari, cette femme soit une marginale, à Windenburg. Les habitants l’ont affublée d’un horrible surnom : la Grise. Seulement, au lieu de s’en offusquer, mon ange gardien assume aujourd’hui fièrement ce sobriquet. Selon elle, son véritable prénom, qu’elle m’a confié comme s’il s’agissait d’un secret honteux, est trop commun dans cette ville. Ainsi, se faire connaître sous le nom de la Grise lui offre un surcroît d’originalité. Mieux vaut ne pas lui dire que d’un point de vue personnel, je trouve son prénom très élégant. Si j’ai un jour une fille, j’envisagerai sérieusement de le lui donner en hommage à ma sauveuse.
Pour ma part, il serait de bon ton de suivre son exemple et de m’inventer un alias. J’ignore encore ce que je suis venue chercher ici mais je sens que je souhaite rester. Or, bien que je ne reproche rien à mes parents, je ne souhaite pas particulièrement qu’ils retrouvent ma trace pour le moment. Le deuil d’Alexei et une épreuve que je souhaite surmonter seule. Et si c’était le destin qui m’avait conduite sur la voie de la Grise ?
344, Windenburg, fête de l’Hiver,
J’ai longuement réfléchi à cette nouvelle identité que je souhaitais me constituer. Dorénavant, je répondrai au nom de Silvana Mutard. La Grise m’a approuvée. Elle ne connaît pas mon véritable nom mais n’insiste jamais pour le savoir. D’ailleurs, elle ne me pose jamais la moindre question.
Une telle vie est fort agréable, mais je sens que mon secret est en passe d’être découvert. De par mon vampirisme, je suis occasionnellement en proie à de désagréables sifflements. Je ne voudrais pas que la Grise s’en aperçoive. Je pense que sa tolérance à mon égard serait mise à rude épreuve si elle découvrait ma véritable nature. C’est pourquoi je dois poursuivre mes efforts et continuer à faire attention. Mon organisme supporte fort heureusement la nourriture humaine et je parviens à m’éclipser deux nuits par semaine pour puiser du plasma auprès d’une poignées de quidams que je peux rencontrer sur ma route. Je ne bois que très peu et prends toujours soin de faire oublier mon attaque à mes sources. C’est amplement suffisant, pour moi.
La journée a été chargée, avec le repas de fête que la Grise et moi nous sommes offert. Je tombe de sommeil. Il est temps pour moi de poser ma plume.
PS : Je préfère ne pas trop m’avancer, mais je crois avoir trouvé un petit travail à la bibliothèque de Windenburg. Bien que j’espère ardemment que ma candidature soit acceptée, j’espère également que mon père ne lira jamais ce journal : jamais il ne survivrait à l’idée que sa fille s’amuse à « jouer à l’humaine » !
10/01/346, Windenburg,
Cher journal,
Il y a bien longtemps que je n’avais pas écrit ces mots. Tout aussi longtemps que je ne t’ai pas ouvert, d’ailleurs. La vie passe en ce moment à une vitesse folle et je ne trouve plus le temps de rien. Ce soir, en revanche, j’ai bien besoin de te parler. Une chance que je t’aie retrouvé !
Comme tu peux t’en douter au vu de mon absence ces deux dernières années, j’ai trouvé un travail. Ma candidature à la bibliothèque de Windenburg a été retenue. Les débuts étaient plutôt compliqués mais j’ai réussi à gagner ma place. Il s’agit surtout d’un gagne-pain pour participer aux finances du foyer : il m’était impensable que la Grise dépensât toutes les économies de son défunt mari pour que je vive à ses crochets. Cela me permet également de me fondre dans la masse et d’apprendre à vivre, parler et m’habiller comme une humaine parfaitement normale.
Si je te raconte tout cela, c’est parce que j’ai rencontré Adler, à la bibliothèque, alors qu’il me demandait un conseil de lecture. Je crois que je lui plais. Plus important encore : je crois que ses sentiments à mon égard sont réciproques.
Nous nous rendons régulièrement visite et, hier soir, ce qui devait arriver arriva : nous nous sommes embrassés pour la première fois.
En apparence, mes propos semblent idylliques, mais il reste un détail non négligeable faisant obstacle à ce bonheur naissant : je suis dangereuse pour lui. Bien que cela soit très rare, il m’arrive d’avoir très soif de plasma en sa présence. Peut-être est-ce lié à mes sentiments amoureux. Cela ne m’était jamais arrivé, avant de le rencontrer. Afin de le protéger au mieux, je suis allée le retrouver hier pour lui demander de nous éloigner l’un de l’autre.
Bien sûr, il n’a pas compris mon choix. À ses yeux, tout avait l’air parfait, entre nous.
Je m’en veux terriblement. Adler a déjà des penchants très prononcés pour la morosité et voilà que je lui ai brisé le cœur, et le mien par la même occasion.
Je sens qu’il est ma « bonne personne », mais comment vivre à ses côtés dans mon état ?
23/01/346, Glimmerbrook,
Cher journal,
J’ai enfin trouvé la solution à mon problème ! Le vampirisme était un héritage qui me pesait trop lourdement. Il était devenu incompatible avec le mode de vie que je m’efforce de tenir. C’est pourquoi je m’en suis enfin débarrassé !
Pour y parvenir, mes recherches m’ont conduite à Glimmerbrook. Ma mère étant une ancienne jeteuse de sorts, il me fallait m’assurer qu’il existât encore une branche de la famille susceptible de m’aider. Je n’ai pas été déçue ! Dans un premier temps, j’ai craint que la lignée se fût éteinte mais seul le nom a disparu. Mère avait une sœur, Lorna Cents, laquelle a épousé Arthur Veritas. Ce sont eux que je suis allée voir pour leur exposer ma situation.
À mon arrivée, celle que je peux légitimement qualifier de tante n’était pas disposée au dialogue. Ma simple existence lui a rappelé une mauvaise période de sa vie. Comme elle me l’a évoqué, leurs parents devaient initialement marier ma mère à Arthur Veritas dans l’espoir de réaliser une prophétie. « De l’union de l’héritière Cents et d’un prince de grande lignée naîtra l’être qui mettra fin au plus grand mal de ce monde ».
Mère étant la plus vieille enfant du clan Cents, elle devait correspondre à la prophétie. Or, elle s’est enfuie avant le mariage. Mes grands-parents ont alors marié Lorna à Arthur, qu’ils soupçonnaient être ce fameux « prince de grande lignée ». D’après la famille d’Arthur, le nom de Veritas se doit de rester, peu importe si l’héritier est un homme ou une femme.
De cette union sont nées trois filles : Lily, la plus âgée, est déjà mère de deux enfants : Cécilia, quatre ans, et Théophile, deux ans. La cadette de Lorna et Arthur, Maria, est encore adolescente tandis que la benjamine, Amelia, est venue au monde plus tardivement que ses sœurs.
Sans que je ne comprenne comment, j’ai réussi à convaincre Lorna de m’aider. Elle m’a alors demandé de l’accompagner jusqu’au sous-sol du manoir Veritas où elle m’a concocté un remède contre le vampirisme.
Bien que j’aie brièvement pensé à mes parents et à leur réaction potentielle s’ils en venaient à apprendre ma décision, je n’ai pas hésité une seconde.
Je veux vivre comme je l’entends et je ferai tout pour avoir mon bonheur. Ma mère comprendrait. N’a-t-elle pas fait exactement la même chose en son temps ?
C’est une sensation étrange que d’être humaine. J’ai l’impression que mes sens sont à présent bridés. Pour autant, je ne remercierai jamais assez Lorna pour m’avoir offert cette nouvelle vie. Les Veritas ont eu la gentillesse de m’accorder le gîte le temps de me faire à ma nouvelle condition.
Après quoi, je rentrerai à Windenburg.
J’ai des excuses à présenter à quelqu’un, après tout !
16/05/347, Windenburg,
Cher journal,
Cela fait plus d’un an que j’ai emménagé avec Adler. Bien sûr, je reste très proche de la Grise, mon ange gardien. Il faut dire qu’elle habite juste en face de chez nous, ce qui est bien pratique !
Pour autant, ce chez nous ne va plus le rester très longtemps. Le propriétaire de la maison que loue Adler lui a donné congé. Apparemment, le logement sera détruit pour construire un magasin à la mode qui s’appellera, si j’ai bien compris, la Place du Marché.
C’est bien beau, mais cette décision municipale a bien failli nous mettre à la rue ! Pendant un temps, nous avons songé à demander à la Grise de nous héberger mais je ne veux pas l’épuiser davantage. En outre, dans notre malchance, nous avons reçu une bonne nouvelle : Adler a hérité une maison de son oncle Alfred. Le notaire nous l’a décrite comme très prometteuse. Elle se situe en dehors de la vieille ville, dans la partie rurale de Windenburg. Nous la visitons demain. J’espère que nous pourrons emménager dans la foulée !
17/05/347, Windenburg,
Peut-être ai-je finalement placé mes espoirs trop hauts, cher journal. La maison est absolument inhabitable. Adler était hors de lui. Nous avions après tout pour objectif de nous y installer au plus vite !
Pour ma part, j’y vois l’opportunité de faire de ce lieu notre nid d’amour. Les murs ont, certes, besoin d’être refaits et je ne donne pas cher de la plomberie et des revêtements intérieurs, mais j’ai très envie de tester mes compétences en bricolage avec Adler. Après tout, toutes les aventures sont bonnes à prendre ! C’est justement ce que j’ai cherché à lui faire comprendre, tout à l’heure.
Contre toute attente, il semblerait que mes arguments aient fait mouche : il m’a avoué se sentir extrêmement chanceux de m’avoir dans sa vie pour l’inspirer au quotidien et, dans la foulée, a mis le genou à terre.
Évidemment, j’ai accepté ! Je sens que l’année qui va suivre s’annonce très riche, mon tendre ami de papier.
02/08/347, Windenburg,
Cher journal,
Nous avons enfin emménagé dans notre futur nid douillet ! La maison nécessitera assurément une énorme quantité de travail, mais Adler et moi sommes confiants : ensemble, nous pouvons y arriver.
Nous nous sommes mariés la semaine dernière. Nous ne souhaitions pas de cérémonie extravagante : après tout, à partir de maintenant, chaque simflouz compte ! La Grise fut notre seule invitée. En prenant en compte mon faux prénom et le fait que j'aie pris le patronyme d'Adler suite à notre mariage, mes initiales sont désormais S.F., ce qui amuse beaucoup mon mari fan de science-fiction !
Qui aurait pu croire que je m’épanouirais un jour en jouant les menuisières ? Sûrement pas moi. C’est pourtant le cas : chacune de mes échardes me procure une sensation de fierté. Je construis littéralement mon avenir de mes propres mains. Adler et moi nous sommes rapidement rendus compte que je m’en sortais mieux que lui en la matière. Qu’à cela ne tienne ! Mon époux s’occupera des revêtements tandis que je réaliserai moi-même nos meubles !
En combinant nos efforts, nous avons finalement réussi à aménager une pièce. À terme, nous en ferons un salon mais en l’état, elle sera une très bonne chambre de fortune. Il me tarde de terminer le rez-de-chaussée !
09/04/350, nid douillet,
Cher journal,
Là encore, je ne me suis pas montrée des plus assidues dans ma rédaction. Pardonne-moi. Les travaux nous prennent un temps considérable.
À cela s’ajoute la contrainte financière : il nous serait après tout impossible de payer l’aménagement de notre maison si Adler ne vendait pas ses livres.
Dans tous les cas, me voici ce soir prête à t’écrire deux grandes nouvelles. La première me rend très fière : le rez-de-chaussée est enfin terminé ! Nous avons mis plus de temps que prévu, mais il faut dire que l’argent nous a très vite fait défaut, dans nos débuts. Par chance, le bouche-à-oreille a fini par opérer et les ventes du premier roman d’Adler nous ont beaucoup aidés.
Bien sûr, la vie est loin d’être un paisible conte de fées. L’humeur d’Adler est toujours très fluctuante. Le malheureux alterne souvent entre colère inexpliquée et profonde mélancolie. J’ai conscience que ce problème ne soit pas de sa faute. Il s’agit simplement d’une particularité que sa famille lui a transmise. Cela occasionne quand même quelques disputes entre nous.
Néanmoins, nous trouvons toujours le moyen de nous réconcilier.
La cuisine a été l’une de nos premières réussites. Elle est si belle et lumineuse ! Je me perds chaque matin à contempler la campagne environnante par la fenêtre.
Voilà six ans que j’ai quitté Forgotten Hollow. Je ne regrette ma décision pour rien au monde. Bien sûr, ma famille me manque, mais la vie nous a poussés vers des directions différentes. Je doute que mon père accepterait d’avoir une humaine pour fille. Malgré tout, je me surprends régulièrement à penser à eux.
Parfois, cher journal, j’ai même l’impression qu’ils sont tout proches et qu’ils veillent sur moi.
Mais je dois me faire des idées.
À vrai dire, la famille devient un sujet important pour moi car Adler et moi avons commencé à fonder la nôtre ! C’est là la deuxième bonne nouvelle que je tenais à t’annoncer, je t’ai gardé la meilleure pour la fin. Cher journal, c’est avec une immense joie que je t’apprends que je suis mère depuis hier soir.
La grossesse s’est très bien passée. Adler et moi avions après tout pris soin de terminer le rez-de-chaussée avant de songer à concevoir un bébé. Nous voulions lui apporter le plus de confort possible.
L’accouchement, en revanche, a été un peu plus compliqué puisque les contractions se sont déclenchées alors que j’étais seule chez nous (Adler s’étant absenté pour la promotion de son dernier livre).
Donner la vie est une sensation que je n’oublierai jamais. Tu n’as pas idée de ce que j’ai pu ressentir en croisant pour la première fois le regard de ma fille. Mon si précieux trésor. Par ailleurs, j’ai tenu la promesse que j’avais faite à mon arrivée à Windenburg : j’ai donné à ma fille le prénom de la Grise. Mon ange gardien me le reprochera certainement, arguant que ce prénom est bien trop commun ici. Peu importe. Il me fallait rendre hommage à ma bienfaitrice.
Ainsi donc, ma fille, si tu lis un jour ces lignes, sache que ton prénom te vient de la personne la plus généreuse que j’aie pu rencontrer. Je te souhaite de tout cœur d’être heureuse. Sois la bienvenue dans ce monde, ma jolie Ulrike Faust.
À suivre...
Crédits :
La maison d'Adler Faust et Malvina Straud/Silvana Mutard est une création de popinette113. Comme vous avez pu le constater, j'en ai également profité pour réaliser son challenge Maudit Héritage En outre, il est rapidement fait mention dans ce chapitre de la Place du Marché, un autre de ses challenges
Quoi?!? Ulrike Faust??? La tante de Édith qui est maintenant sa gouvernante?
Bien qu'on ne sait plus trop où elle est...
Tout est lié, ma foi! Je n'arrive pas à y croire!
Comme c'est intéressant, la belle histoire d'amour. Comme quoi qu'elle a tout de même bien vécu sa vie humaine.
Je pense qu'elle a fait le bon choix de choisir une vie auprès de l'homme qu'elle aime. C'est tellement romantique.
hihi Un challenge dans un challenge? Pourquoi pas?
Super épisode! Comme toujours! J'ai hâte au prochain! haha
@oiseaudelune Eh oui, le bébé du dernier screen est bien Ulrike Comme tu dis, tout est lié. J'ai pris beaucoup de plaisir à élaborer cette histoire permettant d'apporter beaucoup de solutions pour la problématique des Istines, mais également beaucoup de réponses pour les mystères qui subsistaient autour de l'identité de mamie Lagrise. Au final, la réponse à cette question était dans son surnom depuis le début : c'est une mamie, et pas de n'importe qui
Merci à toi La suite, c'est maintenant !
Aujourd'hui, je vous retrouve avec la deuxième et dernière partie de la lecture du journal de Malvina. Le prochain chapitre reprendra le cours du récit tel que nous l'avons laissé avant ces quelques souvenirs Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 58 : La promesse de Malvina Straud ---
Fête de l’Hiver 352, nid douillet :
Cher journal,
Le temps suit son cours chez nous. Ulrike est une petite fille timide qui passe le plus clair de son temps à dessiner. J’ai bien l’impression qu’Adler et moi avons engendré une future artiste !
Le repas de ce soir s’est très bien passé. Notre fête de l’Hiver a été simple comme on aime. La Grise a finalement pu le fêter avec nous. Cela m’a évoqué ma première année chez elle. Mon parcours depuis lors est certes atypique mais je n’en reste pas moins fière. Quant à mon ange gardien, je ne suis pas dupe : je vois bien qu’elle est moins en forme, ces derniers temps. J’essaie de profiter de sa présence au mieux avant qu’il ne soit trop tard.
Adler et moi allons avoir un second enfant. La naissance est prévue dans trois mois. J’espère que cette fois, je pourrai accoucher à l’hôpital ! Les deux années qui nous séparent de la naissance d’Ulrike ont apporté des progrès très bienvenus dans le domaine de la médecine. Nous avons ainsi pu déterminer que j’attendais cette fois un petit garçon. Il me tarde de faire sa connaissance !
26/05/353 :
Cher journal,
L’heure est grave. Je ne sais pas que faire pour protéger les miens. Il est revenu.
Pourquoi dois-je subir un tel acharnement ? L’Observateur n’a-t-il pas encore estimé que j’avais assez souffert ? J’en viens à croire que le destin cherche à me faire payer les péchés de mon frère. Et la nuit dernière, j’en ai eu la confirmation.
Méphistophélès est bel est bien parvenu à trouver ma trace. Comme s’il n’avait pas déjà causé assez de mal dans ma famille, il a osé me demander de prendre la place d’Alexei dans son plan macabre. J’ignore ce qu’il attend de moi mais il est facile de deviner que la lignée de ma mère l’intéresse beaucoup. Serait-ce lié à la prophétie des Cents ?
Comme tu peux t’en douter, j’ai refusé sa requête. Dans un premier temps, il a accusé le coup d’un air habile. Il m’a proposé un pacte pour que je redevienne vampire et que je le suive sans discuter. Un pacte duquel je pouvais, si je jouais bien, obtenir tout ce que je désirais. Ce sont là ses paroles. Or, comme je le lui ai fait remarquer, je n’avais aucun intérêt à céder : après tout, j’avais déjà l’essentiel : ma famille.
Mon argument ne lui a pas plu du tout et, vraisemblablement las de ses mièvreries, il m’a montré son vrai visage. Il est alors passé aux menaces : soit je lui obéissais, soit il s’en prenait à mes enfants. Mais je ne sais que trop bien comment fonctionnent ses pactes. Il ne peut me contraindre à quoi que ce soit. Je dois accepter ses termes par ma propre volonté. Alors, comprenant que rien ne me ferait céder à son caprice, il a franchi le point de non-retour : puisque ma famille est ce qui me rend heureuse, il l’anéantira jusqu’au dernier membre si je ne la quitte pas. Ma seule manière d’épargner ce sort à Adler et aux enfants est de partir sans jamais revenir.
Suite à cette menace, j’ai tenté de le chasser par mes propres moyens, mais que peut faire une simple humaine contre l’un des plus puissants jeteurs de sorts ? Méphistophélès est parti de lui-même, m’annonçant un délai de trois jours pour réfléchir : s’il ne peut profiter de moi, ma famille ne le pourra pas non plus et j’en serai séparée d’une manière ou d’une autre.
27/05/353 :
Méphistophélès me tient. Il peut aisément mettre sa menace à exécution. Mon départ ne lui profiterait même pas puisqu’il sait qu’il ne parviendra jamais à me faire signer un pacte de mon plein gré. Maintenant, tout ce qu’il souhaite est de me séparer des miens pour me faire souffrir. Peut-être espère-t-il là me briser afin que je lui offre ma dévotion éternelle en désespoir de cause. Comme je le lui ai dit hier, jamais je ne céderai. Si je dois partir en laissant tout derrière moi, autant consacrer ma nouvelle vie à trouver un moyen de le détruire.
Seulement, suis-je vraiment prête à tout quitter ? Comment être sure que cela sera suffisant pour qu’il laisse ma famille en paix ? Cette nuit, Herman m’a semblé très perturbé. Il a pleuré à plusieurs reprises. Aurait-il reçu une désagréable visite devant son berceau ? Je pense que toute cette histoire m’épuise et me fait croire à n’importe quoi.
Il semblerait que mon trouble soit visible. Adler me l’a fait remarquer. Voilà déjà quelques temps que son humeur est maussade. À me voir aussi tendue, il en vient à soupçonner quelque chose. Nous nous sommes disputés, ce matin. Il pense qu’il y a un homme derrière mon comportement évasif. S’il savait ! Je ne peux malheureusement rien lui dire : cela le mettrait en danger en plus de le fragiliser davantage.
28/05/353 :
L’échéance est arrivée. J’ai eu peu de temps pour réfléchir, mais ma décision est désormais prise : je n’ai pas d’autre alternative que quitter mon havre de paix. En un sens, le fait qu’Adler me soupçonne une aventure extra-conjugale m’arrange. Il vaut mieux pour tout le monde que je le laisse haïr mon souvenir.
Les adieux ont été concis. Ulrike et Herman dormaient tous les deux à poings fermés lorsque je suis allée les voir. Bien sûr, je me doutais que les laisser derrière moi constituerait la plus difficile de toutes mes épreuves, mais je fais cela pour leur bien.
Mon plus grand regret est qu’Herman n’aura aucun souvenir de moi. Ulrike a trois ans. Peut-être parviendra-t-elle à garder en mémoire tout l’amour que je lui porte.
Je suis ainsi partie de la même manière qu’à Forgotten Hollow : sans un regard en arrière. Cette fois-ci, en revanche, personne n’était là pour me regarder m’éloigner. Est-ce une vie de solitude qui m’attend ? Je le crains fort. Je l’ai senti dès lors que j’ai franchi la porte d’entrée pour la dernière fois : je suis désormais une étrangère pour ma famille. Dans un premier temps, ils me détesteront. J’espère simplement pour leur bien qu’à terme, ils finiront par m’oublier.
D’ici-là, c’est devant moi que je dois regarder. Certes, mon avenir s’annonce tortueux, mais je n’oublie pas la promesse que j’ai faite à Méphistophélès. Cela prendra le temps qu’il faudra mais tôt ou tard, il tombera et j’en serai la cause.
28/05/357, Granite Falls :
Cher journal,
Cela fait trois ans jour pour jour que j’ai quitté Windenburg. Depuis, j’erre dans le pays en explorant des régions qui m’étaient inconnues.
La dernière en date, c’est elle : Granite Falls. J’y suis installée depuis deux mois et l’atmosphère forestière m’apaise.
C’est du moins ce que je pensais jusqu’à la semaine dernière : alors que je marchais dans la forêt, j’ai croisé le chemin de nulle autre que Yaritza Istines. La Furie Écarlate qui a mis le grappin sur mon frère il y a déjà près de quinze ans. Bien sûr, elle n’a pas changé. Il en va autrement de moi.
L’occasion était trop belle. Il me fallait un exutoire et cette vampire était parfaite pour cela. Après tout, c’est en partie à cause d’elle que ma famille s’est brisée.
Nous nous sommes poursuivies jusqu’à une clairière abandonnée d’où je pouvais être certaine qu’elle ne s’échapperait pas.
Je voulais qu’elle m’explique ce qui était passé à travers la tête de mon frère pour le conduire à pactiser avec Méphistophélès.
Non contente de ne pas m’avoir répondu, elle s’est jetée sur moi. Bien sûr, elle a eu l’avantage et en a très vite profité pour planter ses crocs dans ma gorge.
J’ignore ce qu’il s’est passé ensuite car je me suis évanouie. Yaritza a dû me laisser pour morte au beau milieu de cette clairière.
Lorsque je me suis réveillée, j’étais dans un lit qui ne m’appartenait pas. La garde forestière m’avait trouvée inconsciente et m’avait conduite chez elle.
Dans un premier temps, la pauvre femme semblait assez évasive sur les soins qu’elle m’avait prodigués.
La malheureuse craignait assurément ma réaction qui allait suivre.
En me regardant dans le miroir, j’ai constaté qu’elle m’avait appliqué une généreuse quantité d’onguent cicatrisant. J’aurais dû m’en douter. Yaritza n’a jamais vraiment été capable de manger proprement.
Au bout de quelques jours, j’ai pu voir l’étendue des dégâts. Mon grain de beauté, seul témoin de mon ascendance Cents, est désormais presque invisible. La Furie Écarlate ne perd rien pour attendre, cher journal. Sois-en certain. Je ne suis plus à un ennemi près.
03/11/381, À la maison, Forgotten Hollow,
Cher journal,
Oui, oui, je sais. Je n’ai rien écrit depuis des années, mais que veux-tu ? J’étais occupée. Dans un premier temps, j’ai beaucoup travaillé par-ci, par là. En vingt-quatre ans, j’ai pu voyager bien plus loin que prévu. Contrairement à mes parents qui ont toujours repoussé au lendemain, je suis allée escalader le Mont Komorebi. C’était le début de mes aventures à l’étranger car j’ai ensuite enquillé sur Shang Simla avant d’aller me perdre dans les pyramides d’Al Simhara et manger un croissant devant la grande tour de Champs Les Sims. Tu comprendras donc que pour voyager autant, j’ai dû travailler en conséquence et donc te laisser de côté. J’en suis navrée, mon cher ami. Je crois bien qu’après tout ce temps sans t’ouvrir, j’ai fini par perdre un peu de ma belle plume.
Me voici enfin de retour au bercail, cher journal. De l’eau a coulé sous les ponts, depuis mon départ, mais rien n’a l’air d’avoir changé. Voilà trente-sept ans que je suis partie sans demander mon reste. J’avais hâte de voir la tête de mes parents, mais j’ai d’abord voulu passer une petite heure sur la place Clairdelune pour me rappeler les moments de mon enfance où je sortais en douce du manoir avec Alexei.
Je me suis ensuite dirigée chez mes parents. Il n’y avait personne d’autre que mon bon vieil orgue. Mon père doit l’accorder régulièrement. Peut-être qu’une part de lui attend mon retour tous les jours, qui sait ?
En tout cas, il m’a entendue jouer et est aussitôt venu me rejoindre. Comme tu t’en doutes, il s’est rendu compte que j’étais devenue humaine. Il faut dire que certains détails ne trompent pas, comme par exemple le fait que je fasse plus vieille que ma mère.
Elle n’est pas ici, d’ailleurs. Mon père m’en dira plus plus tard mais je sais qu’elle va bien. De mon côté, je pense profiter d’une nuit de sommeil au chaud.
04/11/381, Forgotten Hollow,
Comment ai-je pu être aussi idiote, cher journal ? Comment ai-je pu croire une seule seconde que mon crétin de père comprendrait ce que j’ai traversé ?
Tout commençait bien, pourtant. Nous avons brièvement échangé quelques bribes des années passées séparément. Et puis tout est parti en vrille : il a fini par me demander de lui donner une date pour qu’il puisse me retransformer. Du grand Vladislaus Straud ! Comme si je n’étais pas devenue humaine par choix.
À vrai dire, je crois que cela ne lui viendrait pas à l’esprit une seule seconde. Pour lui, la perte de mon vampirisme relève forcément de l’accident. Mieux vaut donc que je ne lui révèle pas le plus grand accomplissement de ma vie. Tant pis pour lui. Il ne saura pas qu’il est grand-père. Peut-être même arrière-grand-père, d’ailleurs. À l’heure actuelle, Ulrike et Herman ont peut-être déjà fondé leur propre famille… Se souviennent-ils encore un peu de moi ? Si c’est le cas, j’espère que ce n’est pas trop en mal.
Je ne dois plus y penser. Ils sont derrière moi et il est trop tard pour faire machine arrière. À partir de maintenant, je dois me concentrer sur cet ectoplasme maléfique qui a ruiné ma vie une deuxième fois.
Et ça, je le ferai seule. Hors de question de vivre chez mon père s’il n’est pas capable de m’accepter en tant qu’humaine. De toute manière, il était temps que je quitte le manoir car il avait un entretien avec les jeteurs de sorts. Tu parles d’un ambassadeur occulte ! Qu’importe. Je saurai me débrouiller. Que Méphistophélès compte ses dents : ses jours sont comptés !
06/01/383, Willow Creek,
Cher journal,
Le temps suit son cours et je t’avoue que je n’ai pas vraiment le cœur à continuer de t’écrire régulièrement. Je le ferai quand l’envie me viendra. Voilà qui tombe bien car aujourd’hui, j’en ai envie.
Je n’ai pas pu m’en empêcher plus longtemps : j’ai fini par faire des recherches sur la famille que j’ai quittée. Adler est décédé il y a quelques mois. Sur ses dernières années, il semblerait qu’il était en froid avec nos enfants. Apprendre cela m’a fait beaucoup de peine. Je sais que je ne le devrais pas, mais une part de moi ne peut s’empêcher de penser que je suis en partie responsable de cela.
Ulrike vit toujours à Windenburg. Je ne l’ai pas beaucoup vue sortir pour travailler. Je pense qu’elle effectue une profession à domicile. Je mettrais ma main à couper que c’est dans le domaine artistique ! Petite, elle nous demandait toujours de nouveaux crayons de couleur.
Je ne lui ai pas vu de partenaire. Ma fille se débrouille très bien toute seule et je suis très fière d’elle ! J’ai eu très envie d’aller la voir directement au lieu de restée cachée derrière mon buisson, mais je me suis abstenue. Elle pourrait me reconnaître.
J’ai eu un plus gros choc encore lorsque j’ai vu Herman. Tu comprends, mon dernier face-à-face avec lui remonte au temps où il était encore dans le berceau. Je me doutais bien que cela arriverait un jour, mais j’ai quand même ressenti quelque chose en découvrant qu’il avait fondé sa propre famille. Il s’est installé ici, à Willow Creek. Son quartier est assez modeste.
Je n’ai pas vraiment compris ce qu’il faisait dans la vie et cela m’intrigue beaucoup. L’autre jour, j’ai donc tenté d’établir un contact en quémandant un peu d’argent lorsqu’il est passé devant moi. Il ressemble énormément à son père et à sa sœur !
Bien sûr, il ne m’a pas reconnue et c’est tant mieux. Je ne pense pas qu’il ait besoin de moi, à présent. Nous n’avons pas échangé beaucoup. Il faut dire qu’eux non plus ne roulent pas sur les simflouz et avec deux filles à élever, chaque économie compte.
Ma belle-fille – cela me fait très étrange d’écrire ces mots – a quand même tenu à m’offrir un petit quelque chose : une casquette d’Herman. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est toujours ça. En ce moment, l’air est très froid.
Velma – car c’est là le nom de l’épouse de mon fils – ne se doute pas de ce qu’elle a fait en m’offrant ce cadeau si personnel : non content de me réchauffer les oreilles, il me réchauffera également le cœur.
Je vais éviter de revenir dans les parages, à l’avenir. J’ai vu ce que je voulais voir et je pars même avec un souvenir imprévu d’Herman. Je ne sais pas si je le mérite, mais je peux m’estimer heureuse.
01/10/383, Glimmerbrook :
Le temps est aujourd’hui venu de solliciter l’aide de la branche magicienne de la famille. En effet, je sens que vieillis de jour en jour. Évidemment, il est hors de question que cela n’arrive trop vite. Par chance, j’ai toujours gardé un bon contact avec les Veritas. Le clan est aujourd’hui dirigé par Amelia, dernière fille vivante de ma tante Lorna.
Depuis ma dernière visite, la famille s’est bien agrandie. Louise et Samuel, les héritiers du clan, sont diplômés de l’académie de magie locale et vont à présent commencer à construire leur vie.
De mon côté, je suis avant tout venue pour rallonger la mienne. Par chance, le plus si petit Théophile connaît toutes les recettes d’alchimie de sa grand-mère.
Je sais que la potion de jeunesse fonctionne car il semblerait que Cécilia en ait elle-même bénéficié : la voilà plus jeune que son petit frère ! Enfin, qui suis-je pour juger ? Ne suis-je pas moi-même plus âgée que mes parents, à présent ?
Malheureusement pour mon enquête, les Veritas n’en savent pas plus que moi sur Méphistophélès. Je pense même qu’ils ont fini par oublier la menace. À vrai dire, ce constat est intéressant car il met de l’eau dans le moulin de ma théorie : ma mère était bien l’héritière Cents dont parle la prophétie. Ce qui signifie que c’est dans notre branche familiale que se trouve « l’être qui mettra fin au plus grand mal de ce monde ». L’ectoplasme a dû le deviner, c’est pourquoi il a jeté son dévolu sur Alexei. D’une certaine manière, il a désigné notre lignée comme étant celle pouvant l’anéantir et c’est probablement ce qui va creuser sa tombe. Après tout, n’est-ce pas précisément parce que Lady Planelamort a choisi personnellement Henry Puffer que ce dernier est devenu l’Élu de sa prophétie ? Certes, ce n’est qu’un bouquin pour enfants, mais je pense que l’on peut en prendre de la graine.
21/12/393, Forgotten Hollow :
Je viens de la voir. Elle est arrivée ici, à Forgotten Hollow. Je m’en veux de ne pas l’avoir surveillée davantage.
Bien sûr, cher journal, tu ne comprends rien à ce que je suis en train d’écrire. C’est ma faute. J’ai encore passé plusieurs années sans t’ouvrir. Laisse-moi donc te faire une petite mise à jour :
L’été de l’année dernière, j’ai appris, impuissante, que la maison d’Herman avait pris feu. Mon fils et sa femme ont alors laissé derrière eux deux adolescentes complètement perdues. Ulrike les a heureusement recueilles et elles ont donc été, pour un temps, en sécurité.
Hélas, un an plus tard, les journaux m’ont appris le décès de la cadette, sauvagement attaquée dans les rues de San Myshuno.
Est-ce de ma faute, cher journal ? Tous ces malheurs ne seraient-ils pas liés au fait que j’aie tenté de prendre contact avec mon fils il y a quelques années ? Méphistophélès m’avait strictement interdit de les revoir… Aurais-je déclenché une malédiction sur ma famille en bravant cet interdit ne fût-ce que pour cinq minutes de discussion ? Parfois, je me demande si l’ectoplasme n’est pas derrière tout cela. Et puis je finis par me ressaisir. J’ai eu accès au rapport des pompiers. L’incendie qui a fauché mon fils est indiscutablement accidentel, la faute à un appareil électroménager trop bon marché. Quant à la mort de la petite cet automne, je sais qu’il n’est pas responsable car je le surveillais dans l’ombre au moment des faits. Il était à des lieues de la ville.
Toujours est-il qu’Edith est désormais ici, comme je l’ai déjà écrit. Par quelle ironie du sort a-t-elle trouvé le chemin de la ville de ses ancêtres ? Est-elle seulement au courant de la nature des êtres qui peuplent ces terres ? Il me faut l’aborder à la première occasion, ne serait-ce que pour la mettre en garde.
29/12/393, Forgotten Hollow,
Quelle petite peste ! J’ignore quels ont été les principes d’éducation d’Herman et de sa femme, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Edith a déjà tout le mauvais caractère du parfait vampire ! Et mon père qui lui accorde l’Observateur sans confession ! Je lui ai parlé de sa petite protégée, hier, et il ne tarissait pas d’éloges sur elle. Tu m’en diras tant ! Il semblerait qu’elle lui ait demandé une transformation pour se venger de l’assassin de sa sœur. Comment a-t-elle fait pour apprendre l’existence des vampires ? Tout le monde l’ignore mais dans tous les cas, Vladislaus l’a mise à l’épreuve pendant deux semaines. Pour ma part, hors de question que je m’en mêle davantage. La petite ingrate a quand même trouvé le moyen de me voler sans aucun scrupule le résultat d’une journée entière de pêche aux simflouz. Que vais-je bien pouvoir manger, moi, ce soir ?
30/05/397, Forgotten Hollow,
Cher journal,
C’était encore lui depuis le début. Mon père me l’a avoué ce soir. Il s’avère que Méphistophélès est celui qui était derrière l’arrivée d’Edith ici.
Il est déjà trop tard pour elle. Le pacte a été signé au moment de sa transformation, ce qui implique qu’elle va devoir aller jusqu’au bout si elle ne veut pas voir son âme dévorée par l’ectoplasme. Nous avons perdu et il a gagné, comme toujours. Vraisemblablement, il cherche toujours à contrer la prophétie en corrompant la lignée des Cents.
J’ignore encore à quoi il joue, mais c’est un jeu dangereux. Qui lui dit que la petite ne va pas se retourner contre lui une fois qu’ils ne seront plus liés par ce contrat ? Elle aurait toutes les raisons du monde de le faire, tant les modalités du Pacte sont horribles. Or, nous entrons là dans toute la difficulté de l’exercice, cher journal : comment faire en sorte qu’Edith conserve suffisamment d’humanité pour lui donner envie de se venger de son créateur le moment venu ?
11/11/404, Glimmerbrook,
Cher journal,
Le temps me rattrape et je sens que la potion de jeunesse que j’ai prise il y a quelques années ne sera pas suffisante. Il y a quelques temps, j’étais même prête à tout abandonner et laisser le vieillissement faire son travail. Je ne voyais aucun moyen de maintenir l’humanité d’Edith à un niveau contrôlable. Mais tout cela, c’était avant.
Il me fallait simplement un peu de motivation pour continuer. Cette motivation, je l’ai trouvée aux archives de Willow Creek. J’avais besoin d’un élément, n’importe lequel, pour m’aiguiller sur la marche à suivre.
Les photos de classe d’Edith et le registre des anciens élèves de son école m’ont été très utiles. J’ai découvert l’existence d’une jeune femme de son âge. Une certaine Charlotte Fox. Elles étaient meilleures amies. Peut-être même le sont-elles encore aujourd’hui. Il paraît que Fox a longtemps mené l’enquête pour retrouver Edith. Sans succès, de toute évidence, mais son acharnement force l’admiration. D’autres qu’elle auraient lâché l’éponge bien avant.
Malheureusement, ses investigations sont trop terre-à-terre. Elle n’arrivera jamais à la très surnaturelle Forgotten Hollow si je la laisse poursuivre de la sorte. Il lui faut simplement un petit coup de pouce.
C’est pourquoi je suis retournée voir les cousins de Glimmerbrook. Pour cela, mais également pour une seconde potion de jeunesse. Maintenant que j’ai retrouvé une once d’espoir, je peux arrêter de me laisser abattre !
Tu te demandes certainement comment nous allons procéder, mon cher ami. À vrai dire, c’est très simple. Nous avons récemment rencontré une âme errante décédée des suites d’un accident lors d’une séance de spiritisme.
Les Veritas l’ont ramenée à la vie grâce à moi. Figure-toi que depuis toutes ces années, j’ai quand même appris quelque chose de Méphistophélès : ne jamais faire gratuitement ce qui est susceptible de nous rapporter quoi que ce soit.
Cette voyante a donc une dette envers moi, comme je le lui ai rappelé. Peu m’importe qu’elle soit une vraie medium ou non, du moment qu’elle se débrouille pour conduire Fox jusqu’à Forgotten Hollow.
Bien sûr, cher journal, je pourrais également aller sonner moi-même à sa porte, mais penses-tu qu’elle serait susceptible de croire les dires d’une vieille débraillée sortie de nulle part ?
De plus, cela ne ferait pas mon affaire car j’aimerais qu’elle rencontre mon père afin qu’il lui explique lui-même la partie sur le vampirisme. Or, il n’est lui-même pas au courant de mes manœuvres.
S’il l’était, il me faudrait lui dire pourquoi je déploie tant d’efforts pour Edith Faust et avouer qui elle est réellement pour nous.
Je doute fort qu’il apprécierait savoir qu’en la transformant, c’est sa propre descendance qu’il a précipitée vers les sales pattes de Méphistophélès.
Cette fois-ci, j’ai entièrement confiance en mon plan. D’après les bulletins scolaires que j’ai volés à Willow Creek, Fox était une élève modèle qui trouvait toujours le moyen de tirer Edith vers le haut, que ce soit au niveau des notes comme au niveau du comportement.
Si quelqu’un peut lui permettre de préserver une petite partie de son humanité, c’est bien elle. Et si Edith conserve son humanité, nous aurons du temps supplémentaire pour réfléchir à un plan pour anéantir l’ectoplasme pour de bon. Je place le destin du monde occulte entre vos mains, Charlotte. Bonne chance à vous.
À suivre...
Bonus : La généalogie des Cents
Après toutes ces révélations, voici donc à quoi ressemble l'arbre généalogique de mon histoire Bon, vous m'excuserez de ne pas avoir mis les treize autres enfants de Stanislav et les cambions humains d'Edith, mais il fallait bien faire un peu de place
Ouahou! Mais quel revirement de situation! C'est impressionnant!
C'est même un peu tordu! Merci pour l'image de l'arbre généalogique à la fin car je pense que je serais perdue. haha
Mon dieu! Mais quelle vie cette mamie Lagrise a eu! Et tout ce qu'elle a fait pour sauver sa famille! Je suis impressionnée.
Aussi, comment elle a pu rester dans l'ombre, s'obliger à rester loin tout en restant proche. C'est incroyable.
Oui, elle sait manipuler les gens, mais c'est pour leur bien. Fort heureusement.
Elle n'aurait pas tenté de retrouver sa mère pour se confier à elle?
Reste que c'est très intrigant.
Super épisode! Comme toujours!
P.S. Je pense avoir reconnu Cecilia Veritas qui vient de ton autre histoire "L'académie Bleuhazur" dont ça fait longtemps que je n'ai pas lu un épisode et ça me manque.
Oui, je me doutais bien que l'arbre généalogique pourrait être nécessaire, surtout avec la branche Veritas où on peut ne plus trop savoir qui est qui
Du coup pour répondre à ton PS, c'est bien la même Cécilia Tu as dû reconnaître Louise et Samuel, aussi, qui sont tous encore élèves à l'époque de L'académie Bleuhazur. Je t'avoue que cette histoire me manque un peu aussi. Je ne sais pas encore quand je la reprendrai mais je ne l'ai pas abandonnée, promis
Merci à toi 🤗
Retour dans le présent, aujourd'hui ! Et aussi une petite info qui ne va rien changer pour vous : ce chapitre marque la fin de l'acte IV. Je n'avais pas prévu les choses comme ça mais en relisant les chapitres que j'ai d'avance l'autre jour, j'ai réalisé que je devais restructurer leur organisation. Orchestra Vampirica ne devait avoir que cinq actes, mais il en aura finalement six, autrement l'acte IV aurait été super long par rapport aux autres. Ça ne change pas le nombre de chapitres qu'il y aura à la fin, mais seulement la manière avec laquelle ils seront rangés Sur ce, retournons à Forgotten Hollow ! Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 59 : Vladislaus et Inna ---
Charlotte et Ulrike étaient enfin parvenues à faire le déplacement jusqu’à Forgotten Hollow, le journal de Malvina à la main. Les récentes découvertes laissaient entrevoir un semblant d’espoir qui rendait la Brindletonienne nerveuse.
– Ne vous inquiétez pas, chercha à la rassurer Ulrike. De nous deux, ce serait plutôt à moi de me faire du souci.
– À l’heure actuelle, lui répondit Charlotte, Inna a dû récupérer le comte.
Elle l’espérait très fort, en tout cas. Cela faisait un mois qu’Inna était venue à Henford-on-Bagley pour évoquer la vieille loi pré-cordélienne autorisant un grand maître vampire à « réclamer » un humain dans le but de l’épouser. Néanmoins, Charlotte n’avait depuis eu aucune nouvelle. Et si Inna avait échoué ? Était-elle à présent enfermée à son tour dans le garde-manger d’Edith ?
Ce fut Lucian Bloodvein qui vint leur ouvrit, visiblement surpris de leur venue.
Le grand maître les conduisit sans le salon où Elvira Nightwood ne tarda pas à les rejoindre. Tous deux semblaient étrangement mal à l’aise.
– Nous sommes venues voir Inna, amorça Charlotte. Et… Vladislaus aussi, s’il est ici. Nous avons des révélations à leur faire.
– Quelles sont-elles ? demanda Lucian d’un ton méfiant.
Il leur cachait quelque chose. Sa voix trahissait l’expression d’une personne cherchant à gagner du temps. Ulrike prit la suite de Charlotte :
– Nous vous informerons également, mais nous souhaiterions leur parler en premier. Ce que nous avons à dire est important, mais aussi… personnel.
– C’est impossible, confia Elvira à mi-voix.
Tous se tournèrent vers elle. Charlotte s’attendait au pire.
– Leur est-il… arrivé quelque chose ?
Personne ne lui apporta de réponse.
– Je ne comprends pas, s’emporta-t-elle. Vous avez vous-même découvert la loi qu’Inna devait utiliser pour ramener le comte ici. Pourquoi n’êtes-vous pas allés à la Fledermaus avec elle afin de vous assurer que Yaritza respecte ce qui lui était légitimement imposé ?
– Ce n’est pas aussi simple, intervint Lucian. Pour commencer, « le comte » répond désormais au nom de Stanislav Istines et nous ne pouvons rien y changer. Cependant, Inna a brillamment réussi ce qu’elle a entrepris. Yaritza a bel et bien été forcée de respecter la loi.
[...]
Comme vous pouvez l’imaginer, la Furie Écarlate était furieuse. Elle a néanmoins libéré Vladislaus en interdisant quiconque de le transformer. Or, les humains sont à présent étroitement surveillés. Ainsi, ils n’ont par exemple plus le droit de quitter Forgotten Hollow.
Évidemment, Vladislaus n’a pas apprécié de se retrouver confiné dans son propre manoir. Pour lui, le seul avantage à avoir quitté la Fledermaus était de posséder une cellule plus grande. Nous ne savions guère comment l’aborder. Lui qui n’avait jamais été humain vivait très mal la transition, même s’il ne servait à présent plus de réserve de plasma et que sa peau et ses cheveux reprenaient des couleurs de jour en jour.
Durant les premiers jours, même Inna ne pouvait lui arracher le moindre mot. Il ne cessait de se morfondre, complètement submergé par ses émotions, lesquelles étaient autrefois réduites par le vampirisme.
– Ce n’est pas une vie, Inna. Pourquoi m’as-tu libéré ?
– Qu’aurais-je bien pu faire ? Si tu étais resté là-bas, Yaritza aurait fini par te vider intégralement de ton plasma. Maintenant, tais-toi et mange.
Au bout d’une semaine, Vladislaus est parvenu à s’ouvrir davantage à Inna. Nous ignorons les mots qu’ils se sont échangés lors de leurs discussions à l’abri des oreilles indiscrètes, mais il nous semble facile de deviner quels étaient leurs sujets favoris.
– Tu sais, lorsqu’elle est revenue des années après nous avoir quittés, j’ai immédiatement évoqué sa retransformation. J’étais aveugle. Tout ce qui importait était que je sois présent pour elle. Je n’ai pas su être le père dont elle avait besoin.
– Alors nous sommes deux mauvais parents. Les premières années, je l’ai observée de loin. Je l’ai vue vivre parmi les humains et en devenir une elle-même par choix lorsqu’elle est allée à la rencontre de ma famille de Glimmerbrook. Elle était heureuse et cela me suffisait amplement. Seulement, il était temps pour moi de rejoindre Lucian et Elvira à Moonlight Falls et j’ai cessé de surveiller notre fille.
– Tu n’y es pour rien, Inna. Nous ne pouvions pas prévoir que son bonheur, quel qu’il fût, serait éphémère.
– C’est vrai. Mais si nous avions veillé un peu plus sur nos enfants, peut-être seraient-ils encore parmi nous aujourd’hui. J’ignore tout de ce qu’a été la vie de Malvina après avoir emménagé dans cette grande maison avec cet homme. Ils avaient l’air très amoureux, tu sais...
– J’aurais aimé le rencontrer.
Les jours continuaient de passer et il devenait de plus en plus évident pour tout le monde que quelque chose était en train de renaître entre eux. Elvira et moi avons observé ce rapprochement avec une certaine appréhension.
Vladislaus vieillissait, à présent, et les Istines nous interdisaient de le vampiriser. Inna n’allait pas pouvoir le garder auprès d’elle éternellement. Lui-même le savait.
– Je ne veux pas que tu me regardes décrépir et mourir de vieillesse, Inna. Ce n’est pas l’avenir que je t’avais promis lors de notre mariage.
– Je ne t’abandonnerai pas une nouvelle fois. Je suis tout ce qu’il te reste… tout comme tu es tout ce qu’il me reste.
– Tu t’es déjà assez damnée pour ma personne, je ne tolérerai pas que tu fasses une croix sur ton bonheur pour moi.
– N’as-tu donc toujours pas compris, Vladislaus ?
– Que suis-je donc censé comprendre, ma douce ? Je dois fuir, c’est aussi simple que cela… Inna, que fais-tu avec ce verre ?
C’est ainsi que, sans nous concerter, Inna Cents a renoncé au vampirisme, devenant à son tour humaine.
Ce que Vladislaus n’avait pas compris était pourtant clair depuis le début : la seule raison pour laquelle Inna s’est transformée en vampire en premier lieu était pour rester aux côtés de son âme sœur. Elle-même n’a jamais cherché l’immortalité ou la puissance. Tout ce qui lui importait était de vivre dans une famille heureuse en dépit de la supposée damnation vampirique.
Les paroles qui vont suivre dans le texte proviennent de la chanson A quiet life, de Teho Teardo et Blixa Bargeld
– Tu veux partir ? Accordé. Mais dans ce cas, laisse-moi t’accompagner.
– Accordé.
Maybe this time,
Maybe this time I'll outwit my past
I'll throw away the numbers, the keys
And all the cards
La même nuit, Vladislaus et Inna ont quitté le manoir. Comme personne ne s’attendait à un tel retournement de situation, ils ont pu quitter le hameau sans aucune difficulté. Le lendemain, nous avions compris. Nous savions qu’il n’était plus qu’une question de temps avant que Yaritza ne l’apprenne et ordonne leur exécution, aussi sommes-nous partis à leur recherche.
Maybe I can carve out a living in the cold
At the outskirts of some city
I extinguish all my recent pasts
Become another man again
And have a quiet life
[…]
– Les avez-vous trouvés ? demanda Charlotte.
Plus le récit avançait, plus son issue l’inquiétait. Certes, Elvira et Lucian étaient pleinement dévoués à Vladislaus depuis des siècles, mais l’étaient-ils au point de trahir le régime de terreur imposé par les Istines ?
Ce fut Elvira qui en apporta la réponse :
– Ils n’avaient pas eu le temps de partir très loin, révéla-t-elle. Désormais humains, ils n’avaient plus les mêmes facilités de déplacement que nous. Leur seul moyen d’aller plus vite était d’opter pour un moyen de locomotion. Il leur fallait donc dépendre des horaires des transports en commun.
[...]
« Nous avons alors découvert qu’ils s’étaient arrêtés dans un vieux motel malfamé.
Lorsqu’ils nous ont vus entrer dans leur chambre, ils ont tout de suite compris. Cette situation n’aurait pas pu durer éternellement, de toute manière. Tôt ou tard, les Istines les auraient retrouvés et plus l’attente aurait duré, pires auraient été leurs souffrances.
I lost, I ran
I started once a new
In northern grey, in drizzling rain
In salted slush and bitter hail
But the order as always merciless
It wants to see me fail
So the hunter is now the hunted
Past voices call my name
I renounce my past to live again
Notre rôle était simplement d’apporter à Vladislaus et Inna une fin plus douce que celle qu’ils auraient connue.
A quiet life
A quiet life
A quiet life for me
A quiet life for someone
An acquired life for me
[…]
Les jours s’étaient écoulés. Charlotte passait à présent le plus clair de son temps à l’extérieur, lisant et relisant le journal de Malvina devant les tombes de la famille Straud.
Vladislaus et Inna n’avaient jamais appris la vérité sur la vie de leur fille. Ils n’en avaient pas eu le temps et cette réalité procurait à la Brindletonienne une désagréable sensation de frustration. Si elles étaient arrivées quelques jours plus tôt à Forgotten Hollow, Ulrike et elle, peut-être que les choses eurent été différentes. Les écrits de Malvina leur auraient sûrement donné le même espoir qu’à Charlotte.
Depuis la révélation de l’ascendance d’Ulrike aux grands maîtres, ces derniers lui fournissaient une formation intensive. Dans un premier temps, Elvira et Lucian n’avaient cru qu’à moitié les dires de Charlotte, mais un vieux carnet présent dans le manoir Straud avait permis d’authentifier le journal de Malvina grâce à l’écriture de la vieille dame.
Les grands maîtres voyaient probablement en la tante d’Edith une solution contre l’autorité de Stanislav. Après tout, l’ancienne gouvernante de la Fledermaus était, tout comme lui, une héritière potentielle de Vladislaus Straud. Elvira et Lucian devaient sans soute la préparer à un affrontement décisif pour l’avenir du monde vampirique.
L’hypothèse de Charlotte se vérifia un soir, alors qu’Ulrike l’avait rejointe pour lui faire part de la décision des grands maîtres. Comme la Brindletonienne l’avait supposé, l’entraînement de la vampire avait bel et bien un objectif précis.
– D’un point de vue légitime, lui confia Ulrike, Stanislav passe avant moi car contrairement à lui, je ne suis pas née vampire. Mais d’après Elvira, j’ai le droit de le défier pour revendiquer l’héritage de… notre grand-père.
La formulation arracha un sourire à Charlotte. Vladislaus s’en serait certainement retourné dans sa tombe. Mais la Brindletonienne reprit rapidement son sérieux.
Un détail la préoccupait.
– Elvira se doute-t-elle seulement que vous n’avez que très peu de chance face à votre cousin ?
– C’est pourquoi nous allons patienter quelques années avant d’ouvrir les hostilités, répondit la vampire. Je pars terminer ma formation vampirique à Moonlight Falls. Elvira en est la dirigeante. Elle pourra faire croire à Yaritza qu’elle y a des affaires urgentes à régler. Cela justifiera son absence.
La fantôme n’était pas sereine du tout. Ulrike avait-elle seulement conscience de la dangerosité d’un tel périple ?
Comme si elle avait lu dans ses pensées, la vampire eut un sourire bienveillant.
– Rassurez-vous, Charlotte. Tout ira à merveille pour moi.
– En êtes-vous sure ? Vous serez seule en terrain inconnu avec Elvira Nightwood. Comment pouvez-vous…
– Comment puis-je être certaine qu’Elvira ne cherchera pas à se débarrasser de moi comme elle s’est débarrassée de Vladislaus ? Lucian et elle se doutaient de votre méfiance. C’est pourquoi ils m’ont chargée de vous demander de vérifier leur bonne foi par vous-même. Faites une plongée spectrale dans la tombe de ma grand-mère.
Charlotte ne voyait pas le rapport. Elle finit cependant par céder devant le regard de son acolyte. Décollant légèrement du sol, la Brindletonienne fondit alors droit dans la stèle qui lui faisait face.
Elle n’en ressortit que quelques secondes plus tard, l’air complètement désorientée.
Quelque chose n’était pas normal, aussi renouvela-t-elle l’expérience, cette fois-ci dans la tombe de Vladislaus.
– Je ne comprends pas, dit-elle à mi-voix. C’est impossible. Je devrais voir quelque chose. À moins que…
Ulrike lui offrit un large sourire. Alors, Charlotte comprit.
– Personne ne doit le savoir, intima l’ancienne gouvernante. C’était…
– La seule solution, compléta la Brindletonienne qui avait à présent beaucoup de mal à contenir sa joie. Je comprends. C’est entendu, Ulrike. Suivez Elvira et débarrassez-nous des Istines une bonne fois pour toutes !
[...]
Un an plus tard, loin de Forgotten Hollow…
L’homme avait enfin achevé toute la partie administrative ! Une chance que la mairie de Windenburg lui eût accordé ce prêt. La maison était désormais à lui.
– J’espère de tout cœur que vous y serez heureux, lui dit le maire. Le lieu était un ancien commerce à l’abandon. Lorsqu’il était dans la force de l’âge, il avait pour nom la Place du Marché.
– Pour ma part, répondit l’homme, j’espère avant tout parvenir à le réaménager un jour.
L’homme avait conscience que cela ne serait pas facile. Cependant, il avait signé en parfaite connaissance de cause : ce n’était pas pour rien que le terrain était à un prix aussi bas.
Le logement ne comportait en l’état qu’une pièce habitable. Il n’appartenait désormais qu’à lui de transformer les autres pièces en un foyer confortable. Bien sûr, il lui fallait pour cela disposer de fonds suffisants et d’un minimum de connaissance en travaux. Avec un peu de chance, se disait-il, cette situation lui remémorerait peut-être des détails de son ancienne vie mais il n’était pas certain de réellement avoir un passif de maçon…
Les clés désormais en poche, l’homme entreprit de visiter la bibliothèque. Celle-ci avait l’avantage d’être très proche de chez lui, ce qui lui serait très utile les premiers temps, lui-même n’ayant pas d’ordinateur personnel. En un an, il avait travaillé dans divers commerces pour gagner sa vie mais aspirait désormais à mieux. Maintenant qu’il était propriétaire, il tenait à exercer un métier qui lui tenait à cœur.
Arrivé sur place, l’homme fut quelque peu étonné d’y voir aussi peu de monde. Après réflexion, il se dit que les Windenbourgeois devaient travailler comme tout le monde, en pleine semaine.
– Bonjour, tenta-t-il auprès de la première personne qui croisa son chemin. Je cherche des ouvrages de compétences. En auriez-vous à me conseiller ?
– Je suis désolée, lui répondit la femme, mais je ne travaille pas ici. Je crois qu’il y a une bibliothécaire par là-bas.
Sans un mot de plus, l’inconnue poursuivit son chemin en se dirigeant vers la sortie.
– Bon courage, comte Straud.
L’homme se retourna interloqué mais s’aperçut qu’il était tout seul. Probablement avait-il rêvé mais pendant une fraction de seconde, il avait cru que la femme s’était adressé à lui.
Conformément à ce qui lui avait été dit, une bibliothécaire se tenait bel et bien dans la salle attenante.
– Je suis à la recherche d’un livre sur le solfège.
– Les livres de compétences sont à l’étage, je vous accompagne. Vous souhaitez vous lancer dans une carrière musicale ?
– C’est simplement un passe-temps pour commencer. Je ne sais pas si je possède des compétences pour un quelconque instrument…
L’homme s’arrêta net devant le regard intrigué de son interlocutrice. Il sentit son visage s’empourprer et tenta de se rattraper, peu désireux de devoir expliquer à une inconnue que ses plus anciens souvenirs remontaient à cette étrange nuit au beau milieu de nulle part, un an plus tôt.
– Je veux dire que je ne sais pas si j’ai suffisamment de talent pour prétendre à un poste en la matière. Sans compter qu’il me faudrait le bon réseau professionnel alors que je ne connais personne ici.
Son rougissement empirait de seconde en seconde. La pauvre bibliothécaire n’était pas payée pour l’entendre se plaindre ! Honteux, il marmonna quelques formules d’excuses à la jeune femme, mais celle-ci le regardait à présent avec un grand sourire.
– Il n’y a aucune honte à cela, vous savez, lui assura-t-elle en poursuivant la montée des marches. Si cela peut vous rassurer, je ne suis ici que depuis quelques mois. Je ne travaille à la bibliothèque que pour payer les cours de droit auxquels j’assiste le soir. Cela ne me laisse pas vraiment le temps de rencontrer du monde.
– J’espère que cela ne vous frustre pas trop.
– Un peu, mais je me dis qu’une fois diplômée, j’aurai plus de temps devant moi. J’en profiterai pour partir aussitôt en voyage.
– Avez-vous déjà une destination en tête ?
– Le mont Komorebi m’attire beaucoup. Saviez-vous qu’il s’agissait de l’une des plus hautes montagnes du monde ?
– Je l’igno…
L’homme marqua une pause, l’esprit ailleurs.
– Maintenant que vous en parlez, reprit-il, je crois avoir déjà entendu cela, en effet.
Tous deux s’observèrent en silence avant de baisser le regard, chacun étant parcouru d’un petit rire embarrassé.
– Je m’appelle Vadim.
– Et moi Irène.
Ils étaient à présents arrivés devant la collection de livres de compétences. Vadim remercia chaleureusement la bibliothécaire, qui s’apprêtait à tourner les talons pour redescendre.
Cependant, au dernier moment, Irène s’arrêta et se redirigea vers l’homme.
– Je n’ai pas cours, ce soir, et je termine dans deux heures à peine. Que diriez-vous d’aller discuter autour d’un café après mon travail ? C’est juste à côté de la bibliothèque.
– Accordé. Je vous attendrai bien sagement à une table avec mon livre à la main. Mais uniquement si vous me laissez payer l’addition !
Irène eut un sourire flatté.
– Accordé, répondit-elle.
Finalement, se dit Vadim, l’aménagement à Windenburg promettait d’être plus intéressant que prévu.
À suivre...
--- Fin de l'acte IV ---
Secret de tournage :
À quoi pouvait bien ressembler cette blague ? Sûrement quelque chose comme "Eh, Vlad, nos petits-enfants sont à couteaux tirés et ne vont pas tarder à se battre pour savoir qui prendra ta place en tant que comte !"
Crédits :
J'ai trouvé le motel dans la Galerie
La Place du Marché est une construction de popinette113 pour son challenge du même nom.
Concernant les poses :
- Les poses de danse sont de Beto
- Les poses de couple sont de Joanebernice
- Les poses où Vlad et Inna courent sous la pluie ainsi que celle d'Inna inconsciente dans les bras de Vlad après avoir bu le remède sont de Natalia Auditore
Oh lala de lala C'est donc ben intéressant ce chapitre. Et je l'aime beaucoup.
Un livre se ferme et un autre s'ouvre.
Ils sont vraiment faits pour s'aimer ces deux-là. Ils sont trop choupi.
J'étais triste d'apprendre leur mort et je me disais: "Non! C'est pas possible!" Alors quand je les ai vu à la fin, je dois dire que je suis plutôt contente!
C'est cool un challenge dans un challenge! hihihi
Super épisode! Comme toujours!
Et c'est très émouvant. Comme toujours!
Je viens de réaliser que j'ai loupé 2 chapitres... moi qui me disais justement que ça faisait bien longtemps!
Chapitre 57: sacrée révélation dis donc, je ne m'y attendais pas! Ainsi Malvina (et donc Vladislaus) ont un lien familial avec Edith!
En tout cas Malvina a eu un début de vie humaine heureuse, ça fait plaisir de savoir qu'elle était épanouie avec son mari, à retaper leur maison (d'ailleurs n'est-ce pas un challenge en particulier ;ça me dit quelque chose?)
Chapitre 58: Oh la la, tout est donc lié, aucune coïncidence dans la venue d'Edith, puis de Charlotte à Forgotten Hollow.
Ce Méphistophélès... il a dû vraiment se frotter les mains d'avoir réussi à prendre Edith dans ses filets après avoir loupé son coup avec sa...grand-mère du coup ! (ça me fait bizarre )
Une sacrée histoire de famille!! Et clairement, tous ces décès sont l'oeuvre de Méphisto, j'en suis persuadée...quelle saleté
Pauvre Mamie Lagrise, le temps du bonheur familial aura été bien court
Chapitre 59: Je vais vraiment de surprise en suprise ce soir! Inna Cents qui se transforme en humaine pour être auprès de son Vlad pour toujours, c'est tellement touchant... ils sont adorables tous les deux et semblent tellement faits l'un pour l'autre! J'aurais voulu qu'ils démarrent une nouvelle vie sous leur forme humaine, alors quelle tristesse quand j'ai vu (cru) qu'ils avaient été tués
Finalement leur mémoire a été simplement effacée, quel bonheur! J'ai eu du mal à reconnaître Inna sur le coup, mais j'adore le nouveau look humain de Vlad Le voilà parti pour le challenge de la place du marché, trop fort
Réponses
Est-ce que le disciple à la clé sait où elle est, et est capable de la retrouver??
Quant à sa jumelle, elle aussi semble dotée de pouvoirs fantastiques: la voilà future medium prometteuse en plus de loup-garou! Quel duo elles forment ces petites, si loin l'une de l'autre...
Caleb semble très bien s'acclimater à Moonwood Mills
Siegfried est parmi les alien, gloups...j'ai l'impression qu'il est un peu devenu "sujet d'expérience"! Quel endroit étrange. Au moins est il avec son ami Yamato par moments! Je me deeemande si Yamato serait capable de "trahir" sa famille pour aider Siegfried.
Vladislaus enterre une fille mais rtrouve un petit-fils et bientôt une arrière petite-fille! Quel dommage que les liens de famille ne soient pas des plus cordiaux
Hâte d'avoir aussi des nouvelles de Tamino et Carmen!
L'altercation de Vladislaus avec son petit-fils non bienvenu!
L'endroit des aliens est plutôt spécial, j'en ai des frissons.
Oh! Ma petite cocotte qui voit des portes voyage dans le temps!
Je me demande ce qui va se passer! Oh lala
Peu importe le temps qui passe, je serai toujours au rendez-vous pour lire ton histoire passionnante.
Je sais ce que c'est, que de ne pas être dans le "mood" pour créer. Ça arrive.
Merci pour cet épisode mystérieux. Je l'ai relu 2 fois! haha Troooop bbbonnnnnnn.
Il n'a pas été difficile pour Caleb de mettre derrière lui son passif vampirique, en effet
Le pauvre Siegfried est dans un sacré pétrin, c'est bien vrai ! Yamato ne sait pas encore s'il faut aller jusqu'à la trahison, mais il remet clairement en question la branche extraterrestre de sa famille ! À voir s'il finira par le regretter
Hahaha, la descendance de Vladislaus par Alexei est loin d'être celle qu'il souhaitait ! Heureusement que les vampires n'ont pas de repas de famille, je ne te raconte pas ce que donnerait une fête de l'Hiver avec une telle compagnie
@oiseaudelune Mamie Lagrise me manque déjà, à moi aussi
La guerre de famille chez les Straud/Istines semble inévitable, pour le moment, c'est bien vrai !
Merci beaucoup pour ton dernier paragraphe, ça me touche beaucoup 🤗
@Elinoee & @oiseaudelune Je me permets une petite précision concernant Odile : vous chauffez beaucoup, mais il ne s'agit pas tout à fait de voyage dans le temps
Avant d'entamer le chapitre de ce soir, je tenais à vous dire que finalement, cet acte, l'avant-dernier de l'histoire, allait être un peu plus long que prévu. J'aimerais consacrer l'acte V à l'Ordalie alors pour le IV, il y a pas mal d'intrigues qui vont être résolues et de fait, l'histoire va, pour un temps, s'éloigner un peu du Vampire de Cimetière et être beaucoup plus axée "histoire", justement, que "challenge". Nous y reviendrons en temps voulu mais en l'état, nous allons brasser un peu plus large et j'espère que cela vous plaira. Sur ce, je vous laisse ! Bonne lecture ! 🤗
L’installation de Yaritza Istines dans la chapelle d’Edith ne rassurait personne, Lilith la première. Maintenant que Wotan l’avait trahie, l’aînée des Vatore sentait que Forgotten Hollow n’était plus un lieu sûr pour élever Brunehilde.
Erda Nibelung avait après tout emmené Yamato sans même se concerter avec Ryota Nogawa. Lilith ne laisserait pas son mari récupérer sa fille de la même manière.
Pendant un temps, elle avait songé à s’installer chez Caleb à Moonwood Mill mais la seule idée de croiser au quotidien les créatures qui y vivaient lui procurait un haut-le-cœur. En outre, Brunehilde et Odette ne s’entendaient que très moyennement. Rien d’étonnant, après tout, lorsqu’on savait ce que chacune d’elles représentait pour l’autre.
– Ulrike et moi repartons à Henford-on-Bagley la semaine prochaine, lui avait proposé Charlotte. Pourquoi ne viendriez-vous pas avec nous, toutes les deux ?
Après réflexion, Lilith avait fini par accepter pour le bien de sa fille. Si cela n’avait tenu qu’à elle, elle serait restée ici pour aider Vladislaus à élaborer une stratégie pour bouter Yaritza et son fils hors du hameau. Le jour du départ, cependant, lorsqu’elle fit part au comte de son hésitation, celui-ci se montra rassurant :
– Malheureusement, vous ne pourriez rien m’apporter de plus, Lilith. Ne m’en déplaise, cette histoire est une affaire de famille.
– Vous savez, Caleb et moi avons perdu nos parents assez jeunes. Entre vous et moi, les choses ont peut-être mal commencé, mais sachez qu’avec les années, j’ai appris à vous connaître. Vous avez été un excellent mentor. Que comptez-vous faire ?
– Les éliminer tous les deux. Yaritza tient à ce que je nomme son fils comme héritier. Il y a fort à parier qu’ils s’occuperont de mon cas à l’instant où je leur offrirai Forgotten Hollow et ma place d’ambassadeur occulte sur un plateau d’argent. Yaritza relancera la guerre contre les jeteurs de sorts et nous serons replongés des siècles en arrière. Je ne peux laisser passer cela.
[…]
La semaine suivante, le manoir s’était enfin vidé. Vladislaus remerciait intérieurement Charlotte d’avoir eu l’idée de partir avec Lilith et sa fille : lui-même avait autre chose à faire que de veiller sur elles !
L’arrivée de Yaritza Istines était évidemment problématique mais le comte avait beau chercher, il ne voyait rien dans les lois vampiriques qui pût légalement la faire partir. Pourquoi Diable avait-elle eu le temps de concevoir un enfant avec Alexei avant la mort de ce dernier ? À cause de cela, la Fledermaus revenait de droit à Stanislav et, d’après ce que Vladislaus avait compris, à sa fille. Probablement était-elle d’ailleurs arrivée à la chapelle, désormais.
Le comte n’avait toutefois pas dit son dernier mot. Il avait, certes, offert le terrain à son fils, mais c’était avant d’apprendre qu’il s’était fiancé à la Furie Écarlate. Avec celle-ci dans les parages, les humains s’aventurant à Forgotten Hollow ne feraient plus long feu et, avec eux, le secret vampirique. Il en allait donc de la sécurité de tous. Vladislaus devait reprendre la Fledermaus aux Istines. Pour ce faire, il n’y avait qu’une seule option : battre Stanislav, le propriétaire légal, en duel.
Vladislaus ne comptait néanmoins pas s’aventurer à la chapelle sans garantie. Avant de s’y rendre, il rédigea une lettre à l’attention d’Inna, son ancienne épouse. Ils n’avaient que très peu correspondu depuis l’éclatement de leur famille mais il savait qu’elle vivait avec les deux autres membres de l’assemblée des grands maîtres vampires.
Une fois la missive achevée, le comte la confia à un messager.
– Partez pour Moonlight Falls dans l’heure et transmettez ce message à Inna Cents en personne, c’est bien compris ?
Au départ du messager, Vladislaus prit sa forme de brume et se téléporta jusqu’à la chapelle.
Le visage fermé, le comte entra et vint à la rencontre de la famille Istines. Yaritza, un sourire satisfait sur les lèvres, se délecta de son arrivée.
– Nous vous attendions, comte. Je vous présente Romy, l’héritière de Stanislav et, par extension, la vôtre.
– Je vois que vous n’avez pas perdu votre temps durant ces décennies d’exil, répliqua Vladislaus en scrutant d’un air mauvais la descendance de Yaritza. À la mort de mon fils, vous auriez pu avoir la décence de vous promener dehors en plein soleil et vous laisser brûler. Vous avez peut-être réussi à faire d’Alexei votre famille, mais son fils et sa petite-fille ne feront jamais partie de la mienne.
– Voyez-vous ça ? intervint Stanislav. Nous qui pensions que vous viendriez me reconnaître légalement. Vous me décevez fortement, grand-père.
– Ne m’appelez pas ainsi. Nous n’avons rien en commun.
– Nous pourrions partager le même nom de famille, si vous me proclamiez héritier de Forgotten Hollow. Vous comprendriez alors que j’ai à cœur de respecter les traditions familiales.
– Quelles traditions ? Vous vendre stupidement au premier esprit maléfique venu comme l’a fait votre père irresponsable ?
Par ce sarcasme, Vladislaus avait cherché à déstabiliser ses interlocuteurs mais en voyant le regard échangé entre Yaritza et Romy, le comte comprit que quelque chose lui échappait encore.
– Félicitations, comte Straud ! applaudit froidement la Furie Écarlate. Vous avez découvert le pot-aux-roses ! Bien sûr, mon fils n’a jamais rencontré Méphistophélès, mais cela ne saurait tarder, à présent. Après tout, il est le digne fils de son père !
– Et si vous arrêtiez vos charades afin de m’expliquer ce que vous avez derrière la tête ? s’impatienta le comte.
– Voyez-vous, répondit Yaritza, Méphistophélès avait confié une mission à mon bien-aimé Alexei. Une mission dans laquelle j’avais un rôle à jouer. À terme, votre fils et moi devions réussir pour que ce cher fantôme nous fasse régner en maîtres sur la communauté vampirique. Pour ce faire, nous devions lui fournir une grande quantité d’énergie, notamment en concevant douze enfants vampires, lesquels devaient être départagés jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un.
– Je connais bien cet aspect du contrat, coupa Vladislaus. Je suis navré de vous décevoir, mais vous arrivez trop tard : Méphistophélès a trouvé une autre cliente bien plus efficace. Elle a même réussi à négocier à la baisse le nombre d’enfants.
– Les enfants d’Edith Faust sont des hybrides à moitié humains, répliqua Stanislav avec mépris. Méphistophélès se débarrassera de cette mauvaise graine en apprenant ce que nous avons à lui offrir. Mon père n’ayant pas réussi à accomplir cet objectif, je me suis proposé à ma mère pour poursuivre cette mission en concevant le nombre initial d’enfants, tous des vampires pure souche.
– Au risque de vous décevoir, jeune homme, vous êtes bien loin du compte : mademoiselle Faust a déjà eu tous ses enfants. Méphistophélès n’attendra pas la conception de la suite de votre progéniture.
La dénommée Romy éclata d’un rire cristallin avant de prendre pour la première fois la parole :
– La suite ? Je crois bien, cher ancêtre, que de nous tous, vous êtes le plus loin du compte. Les combats ont eu lieu depuis des années et j’en suis la grande gagnante. Vous avez raison sur un point : Méphistophélès fera au plus rapide. Qui pensez-vous donc qu’il privilégiera : mon père s’offrant à lui en ayant déjà terminé le travail ou Edith Faust, laquelle est à l’heure actuelle prisonnière des Sixamiens et dont les enfants, en plus d’être à présent éparpillés partout, sauf ici, n’ont même pas tous l’âge requis pour combattre ?
Vladislaus accusa le coup sans trahir la moindre émotion. Les Istines avaient manigancé depuis longtemps pour devenir bien plus légitimes qu’Edith Faust auprès de Méphistophélès : ils avaient après tout l’avantage de venir d’une puissante lignée vampirique, ce qui était exactement ce que recherchait l’esprit maléfique. Tout avait été savamment orchestré dans l’ombre pour permettre à Stanislav de signer un pacte avec lui. De la sorte, Yaritza assurait à sa famille la place qui aurait dû incomber à Alexei. Alors, même si Vladislaus s’opposait à reconnaître Stanislav comme étant son héritier, celui-ci s’arrangerait pour le devenir sans lui demander son avis.
– Vous ne me laissez guère le choix, dit le comte d’un air glacial. Je souhaitais vous affronter pour vous chasser d’ici mais ce que vous venez de me raconter m’oblige à vous éliminer avant que Méphistophélès ne vous rende apte à me renverser.
Sans autre préambule, Vladislaus engagea le combat contre Stanislav.
L’affrontement était rude, chacun des combattants étant déterminé à mettre l’autre au tapis sous le regard amusé de Yaritza.
Enfin, au terme de longues minutes acharnées, le comte de Forgotten Hollow en sortit vainqueur.
– C’est terminé, Yaritza, dit-il à son ennemie sans quitter Stanislav des yeux.
– Je n’en serais pas si sure, comte. Je me doutais bien que vous chercheriez à vous débarrasser de nous, c’est pourquoi j’ai prévu une issue de secours.
Vladislaus n’eut pas le temps d’en demander davantage : Stanislav s’était complètement ressaisi.
Rapide comme l’éclair, le fils de Yaritza dégaina une fiole ouverte et la renversa en plein sur le visage du comte.
Aussitôt, celui-ci décolla du sol, sentant l’énergie vampirique quitter son corps telle la flamme d’une bougie exposée au vent.
– Vous n’êtes que des lâches, parvint-il à articuler alors que ses forces l’abandonnaient.
– Disons plutôt que nous sommes prêts à tout pour obtenir ce que nous désirons. Romy, conduis notre invité dans les cellules, je te prie. Un humain n’a rien à faire en liberté chez nous.
[…]
La nouvelle de la défaite du grand Vladislaus Straud avait fait le tour du monde occulte. Il ne fallut pas plus longtemps pour que le groupe mené par Charlotte en soit informé à son tour. La Brindletonienne était désemparée. Depuis son premier séjour à Forgotten Hollow, elle avait considéré le comte comme un indéfectible soutien pour retrouver Edith. Or, vingt-et-un ans plus tard, Edith était encore plus éloignée d’elle et le sort de Vladislaus était encore incertain. Il lui arrivait parfois de se demander comment se seraient déroulées les choses si elle n’avait jamais quitté Brindleton Bay en premier lieu. Elle-même aurait continué une vie de mortelle bien plus reposante. Probablement se serait-elle apprêtée à vivre une fête surprise organisé par Flavio… Après tout, son cinquantième anniversaire approchait à grands pas. Son ami n’aurait jamais manqué cette occasion !
Personne n’avait osé retourner à Forgotten Hollow. Charlotte, Lilith et Ulrike passaient donc le plus clair de leur temps à spéculer sur ce qu’il convenait à présent de faire. Vladislaus était le seul qui avait réussi à calmer la colère des sixamiens. Maintenant que l’ambassadeur occulte des extraterrestres avait été terrassé par Stanislav, il n’y avait plus aucune raison pour que la guerre n’éclate pas.
– Les Nibelung sont également responsables de la mort de Saethin Sixam, rappela un jour Ulrike. Si seulement nous pouvions convaincre la nouvelle ambassadrice extraterrestre que tout ceci n’a rien à voir avec une quelconque rivalité entre nos deux espèces…
– Avant cela, intervint Charlotte, nous devrions arracher Edith, Siegfried et Odile de leurs griffes. Maintenant qu’Erda et Wotan ont été percés à jour, qui sait de quoi ils sont capables.
– À trois, le projet s’annonce impossible, objecta Lilith. Il nous faut des alliés. Nous pourrions commencer par le Carré d’As.
– C’est une bonne idée, se rengorgea la Brindletonienne. De mon côté, je vais essayer de rapatrier Orpheus avec nous. Vladislaus nous avait dit que Tamino et Carmen étaient en sécurité à Selvadorada avec le bibliothécaire de la place Clairdelune. Je ne m’inquiète pas trop pour eux car ils sont accompagnés. Mais Orpheus est tout seul et je ne suis pas à l’aise à cette idée.
Charlotte et Lilith se tournèrent instinctivement vers Ulrike, comme si elles attendaient une contribution de sa part. Celle-ci sembla prise de court mais avait bel et bien une suggestion à faire.
– Pourquoi ne pas demander de l’aide à l’orchestre d’Edith ? Elle a eu le temps de créer un certain nombre de disciples, après tout.
Ainsi, les jours suivants, chacune des trois femmes s’affaira à ses objectifs. Ulrike avait obtenu des résultats encourageant auprès des disciples d’Edith, désormais menés par Tina Tinker. Ils ne seraient cependant pas tous de la partie car certains, trop effrayés à l’idée d’affronter des extraterrestres, avaient préféré décliner. D’autres étaient même allés jusqu’à fuir Forgotten Hollow, comme l’avait fait Jacob Robertson.
– Nous ignorons où il est allé mais la dernière fois que nous l’avons vu, il revenait de la Fledermaus, quelques temps après l’attaque. Apparemment, il est seulement revenu prendre quelques affaires au logement de la place Clairdelune mais d’après Diego Lobo, lorsqu’il a quitté le hameau, il était accompagné par une silhouette encapuchonnée. Nous ignorons encore de qui il s’agissait.
Charlotte, en revanche, n’était pas parvenue à joindre Orpheus. Elle soupçonnait le cambion d’avoir changé de numéro sans la prévenir. Elle eut cependant de ses nouvelles un matin : Orpheus lui avait envoyé une longue lettre de Sunset Valley dans laquelle il lui donnait quelques nouvelles. Il lui avait également demandé de ne plus lui écrire car selon ses dires, il se sentait parfaitement à sa place pour la première fois de sa vie. Il tenait à profiter des années qui restaient avant la majorité d’Odile, laquelle impliquerait son retour à Forgotten Hollow pour l’Ordalie. Lui-même lui promit néanmoins de lui écrire quelques lettres de temps à autres, peut-être même ponctuées de photos. Il tenait simplement à ce que leurs échanges soient unilatéraux pendant un temps. La Brindletonienne se résigna une nouvelle fois à le laisser dans l’ignorance sur la gravité de la situation. Il avait après tout tellement déménagé depuis sa fuite de la Fledermaus qu’il était hautement improbable que les Nibelung ou Yaritza missent la main dessus.
Sans grande surprise, Lilith avait de son côté convaincu le Carré d’As. Après tout, Ryota Nogawa avait, tout comme elle, été berné par les Nibelung en en épousant une sans avoir su ce qu’elle cachait. Dans le cas du bâtisseur, c’était même pire : Erda avait disparu du jour au lendemain en emmenant leur fils loin de lui. Lilith, au moins, pouvait dans son chagrin se réconforter avec la présence de sa fille.
Brunehilde s’accommodait d’ailleurs plutôt bien à la ferme. Du fait de leurs natures respectives, ses relations avec Odette n’allaient pas en s’arrangeant, mais les visites de Caleb n’étaient pas suffisamment fréquentes pour que cela soit un problème. La fille de Lilith était curieuse de tout et assez précoce, ce qui n’était pas sans rappeler Orpheus à Charlotte.
Un soir, alors que la Brindletonienne et la fillette étaient seules, Brunehilde émit le souhait de lire toutes les deux. Charlotte accepta de bon cœur mais se figea net en voyant l’ouvrage qu’avait choisi l’enfant : il s’agissait du vieux journal de Malvina Straud. La fantôme avait été persuadée de l’avoir perdu à la mort de sa propriétaire.
– Où as-tu trouvé ce carnet ? demanda-t-elle.
– Dans notre chambre, à maman et moi, répondit Brunehilde. Il était derrière la commode. Je pense qu’il y a glissé. Alors ? Tu es d’accord pour qu’on le lise ensemble ?
Bien que la tentation fut grande, Charlotte préféra décliner la proposition. Elle ignorait ce qu’avait pu traverser Malvina durant ses années humaines et craignait que certains passages soient trop éprouvants pour Brunehilde.
Ainsi, la fantôme s’empara du carnet en planifiant de le lire une fois seule.
Soudain, quelqu’un frappa à la porte. Charlotte se rendit dans l’entrée d’une démarche méfiante. Caleb n’avait pas prévu de venir et Lilith et Ulrike avaient la clé. Qui pouvait bien avoir fait le déplacement ? Pour répondre à cette question, la Brindletonienne prit son courage à deux mains et ouvrit la porte.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle se retrouva avec non pas un, mais trois visiteurs. À en juger la couleur des yeux de l’homme et de ceux de l’une des deux femmes, Charlotte pouvait affirmer sans craindre de se tromper qu’il s’agissait de vampires. Seulement, étaient-ils alliés ou ennemis ?
– Qui êtes-vous ? osa-t-elle demander, galvanisée par la nécessité de protéger Brunehilde.
– Charlotte Fox, n’est-ce pas ?
Charlotte ne prit pas la peine de répondre. Non contents de la connaître, ces individus la cherchaient et avaient fait le déplacement exprès pour la voir. Son regard fut toutefois attiré vers la femme aux cheveux châtains. Elle l’avait déjà vue quelque part… Au bout de quelques secondes de silence, elle se souvint du tableau de famille au-dessus de l’âtre du manoir Straud.
– Je me nomme Inna Cents, finit par se présenter la femme en question. Voici Lucian Bloodvein et Elvira Nightwood. Nous appartenons tous les trois à l’assemblée des grands maîtres vampires. Le comte Straud nous a récemment écrit et nous avons appris son sort avant d’avoir eu le temps de lui répondre. Pouvons-nous entrer ? Il me semble que nous avons beaucoup de choses à nous dire.
À suivre...
Si jamais cela vous intéresse, voici un petit compte-rendu express du VDC de Stanislav
Je l'ai fait emménager avec sa mère à Del Sol Valley, où il a rencontré les futures génitrices de ses enfants. Pour rappel, il faut savoir que dans mon histoire, à l'origine, Méphistophélès souhaitait que l'Ordalie se déroule avec non pas six, mais douze enfants nés vampires à 100 %. Ce n'est que parce qu'Edith a négocié au rabais qu'elle a pu n'en faire que six, mais au prix d'un peu de difficulté supplémentaire : les géniteurs devaient être humains.
De son côté, Stanislav n'a rien négocié du tout et était parfaitement d'accord pour douze enfants (tu m'étonnes, ce n'est pas lui qui les porte !
Petite explication pour les noms : Edith, fan de musique, a nommé ses enfants d'après des personnages d'opéra ou de ballet ; Stanislav, réfugié à Del Sol Valley, a opté pour la thématique d'acteurs et actrices célèbres
Enfin, voici le compte-rendu des combats avec la victoire finale de Romy.
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
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Je m'étais dit: "Youppi! Il a gagné!" et je me suis fait avoir.
Tout le monde dispersé, c'est tristou.
Mais la fin! Ouah! La femme de Vladi qui vient à la rescousse. Comme elle est belle.
Et tu as fait un autre VDC en parallèle!
Super épisode!
Je n'ai aucun problème à ce que ce soit plus histoire que challenge. Parfois, pour prendre plaisir à un challenge, faut avoir une petite histoire sinon on a tendance à décrocher. Je sais de quoi je parle avec mon Génération Laideur, mon Decades, mon Lord and Lady, mon Random Legacy à peine entamé... Pour vraiment y prendre goût et se laisser emporter, ça prend une bonne histoire!
Le petit-fils de Vlad a fait un VDC, ça alors! Et avec 14 enfants, quelle motivation
Romy, la grande gagnante, a l'air redoutable mais quand même pas autant que sa grand-mère
En tout cas c'était un petit aparté sympathique, avec l'arbre généalogique et tout
Par contre, Vlad transformé en humain mais quelle horreur
C'est vraiment la punition ultime pour ce vampire si fier...ça me fait mal au coeur pour lui, tiens
Lilith et Brunehilde ont bien fait de s'installer à Henford-on-Bagley loin de tout ça, à mon avis...et la petite a l'air de se plaire à la campagne!
En plus, voilà qu'eelle nous retrouve le journal de Malvina Straud, qui risque d'être une lecture fort intéressante.
Encore une surprise à la fin, avec Inna Cents qui débarque...elle a l'air d'une jeune femme tellement normale d'ailleurs, j'ai du mal à l'imaginer en épouse de Vlad
Je suis d'accord avec toi pour Inna
Hahaha, Stanislav a en effet été une sacrée usine à bébés
Merci à toi
@Elinoee Héhéhé, merci, ça me fait plaisir que ça te plaise toujours 🤗 Normalement, il me reste quelques surprises sous mon chapeau !
Stanislav a fait un VDC version extra light, on va dire
Oui, hein ? Ça paraît terriblement contre-nature d'avoir un Vlad humain, comme s'il s'agissait de deux choses impossibles à mélanger, comme l'eau et l'huile
Mouahahahaha, il ne me semble pas avoir déjà vu ça non plus et je comptais bien là-dessus pour que mon histoire soit pionnière en la matière
La lecture du journal est susceptible d'être riche en informations, mais il faudra encore patienter un petit peu
C'est vrai qu'Inna semble l'exact opposé de Vlad ! Quand je l'ai vue sur les tableaux du mode construction, je me suis dit qu'il y avait clairement un potentiel pour les mettre ensemble malgré leurs différences, ces deux-là, un couple aussi bien assorti que la Belle et la Bête. D'ailleurs, la robe jaune d'Inna dans sa tenue officielle va dans ce sens !
Voici un plus petit chapitre pour ce soir, mais les deux suivants seront plus longs et un peu différents. Mais vous saurez tout en temps voulu ! Pour l'heure, place au chapitre 56. Bonne lecture ! 🤗
08/11/427 :
Cher Yamato,
Merci pour ton message sur Blic-Bloc Online. Je sais que tu me l’as écrit il y a deux ans, mais je n’avais pas d’ordinateur, ici, alors je n’ai jamais pu l’ouvrir.
Comme j’ai eu huit ans hier, maman m’en a finalement acheté un. Il faut dire qu’on s’ennuie un peu, à la campagne.
Je sais que tonton Caleb a proposé à maman de nous installer avec lui et Odette, mais elle a refusé et c’est tant mieux car je ne m’entends pas beaucoup avec mon autre cousine. Pourtant, elle n’a que quatre ans alors ça devrait être plus facile.
Avec toi, je me souviens que c’était différent. On jouait souvent ensemble et ça me manque un peu, parfois. Ici, je suis la seule enfant. Charlotte me parle souvent d’un certain Horféusse (je ne sais pas comment ça s’écrit) dont elle s’était occupée et qui étudie loin, maintenant. Elle pense qu’on s’entendrait bien, lui et moi.
Comment tu vas, depuis le temps ? Personne ne sait où tu peux être mais tout le monde pense que tu es avec ta mère et mon père. C’est vrai ? Et est-ce que papa va bien ?
J’attends ta réponse.
À bientôt,
Brunehilde.
12/11/427 :
Brunehilde,
Je suis content de lire ton mail ! J’avais fini par croire que tu n’irais plus jamais sur Blic-Bloc Online mais si tu n’avais plus d’ordinateur je comprends mieux.
Je ne sais pas non plus où je suis. Tout est vraiment bizarre, ici. Il y a bien ma mère et ton père mais lui, je ne le vois pas beaucoup. Maman et lui travaillent tout le temps.
C’est surtout Kirali Noctis qui nous fait les cours. Oui, je ne suis pas tout seul, moi : tu te souviens de mon copain Siegfried ? Il est là aussi mais on n’a pas compris pourquoi. Il n’est pas extraterrestre. Moi non plus, bien sûr, mais ma mère l’est alors c’est plus logique.
Il cherche sa mère mais à chaque fois qu’il pose la question, on lui répond qu’elle est malade et qu’en attendant, ce sont les Noctis qui doivent s’occuper de lui. Mais Siegfried n’est pas très sage et se dispute souvent avec eux.
Après, il est puni et doit passer ses soirées dans sa chambre sans parler à personne. Elle n’est pas très grande, d’ailleurs, et les Noctis la ferment à clé, quand il se met en colère.
J’ai parlé de ton mail à Siegfried. Apparemment, Orpheus est son frère. Il a quitté la chapelle il y a cinq ans alors il ne s’en souvient pas beaucoup.
J’espère qu’on pourra continuer de s’écrire. Kirali me surveille très souvent quand je suis sur l’ordinateur, alors il faudra que je fasse attention. Donne-moi de tes nouvelles et je répondrai quand je pourrai. En attendant, je pense qu’il vaut mieux que nos mères ne soient pas au courant...
À plus,
Yamato.
[…]
Charlotte s’impatientait de plus en plus. Voilà deux ans que les grands maîtres vampires étaient de retour au pays et rien n’avait changé. Si Inna Cents, Lucian Bloodvein et Elvira Nightwood avaient désormais élu domicile au manoir de Vladislaus, cela ne semblait pas les déranger plus que cela d’avoir pour voisine celle qui usurpait à présent la place du comte.
– Les choses ne sont pas aussi simples, relativisa Lilith. D’après Elvira, l’humanisation de Vladislaus était dans le cadre d’un affrontement légal entre lui et Stanislav. Maintenant qu’il n’est plus vampire, son statut revient à son seul héritier.
– Héritier pour qui Vladislaus sert certainement de distributeur de plasma à l’heure où nous parlons, ragea la Brindletonienne.
Malheureusement pour Charlotte, Yaritza et sa famille ne bravaient aucun interdit du code des vampires. La communauté de la nuit se devait d’avoir un dirigeant et Stanislav était, par la force des choses, l’unique vampire pouvant prétendre à ce titre. Bien sûr, tout le monde savait que la Furie Écarlate était bel et bien celle qui dirigeait mais il eût été dangereux de l’affirmer haut et fort.
Les autres grands maîtres vampires avaient fait l’effort d’aller à sa rencontre et avaient ainsi pu s’assurer de la survie de Vladislaus. Stanislav avait pris connaissance de la règle qu’avait fixée Edith pour la Fledermaus stipulant qu’aucun humain n’avait le droit de quitter la chapelle en vie. Le nouveau comte avait adoré l’idée et l’avait étendue à l’ensemble de Forgotten Hollow, décrétant que le hameau constituerait désormais une terre sacrée pour les vampires.
– Sacrée ? s’était indignée Ulrike. Il n’a décidé de traiter Forgotten Hollow comme tel uniquement parce qu’il y vit. L’audace et la vanité de cet homme n’ont d’égales que celles de sa mère !
Audacieuse, Yaritza l’était assurément. Concernant la vanité, en revanche, l’affirmation n’était plus tellement à l’ordre du jour : d’après les dires des grands maîtres, ses plans ne se déroulaient pas comme elle le souhaitait : malgré deux années passées au hameau et en dépit de multiples tentatives, la Furie Écarlate n’était jamais parvenue à faire venir Méphistophélès.
– Bien sûr, confessa un jour Inna Cents, Yaritza ne comprend pas pourquoi cet esprit n’est pas prêt de signer le moindre pacte avec son fils. Pour elle, il a mieux à proposer qu’Edith. Elle n’a cependant pas pris en compte la prophétie de ma famille. Stanislav et sa fille Romy sont les descendants directs de mon ancêtre Rhiannon. C’est de sa lignée qu’est supposé naître « l’être qui mettra fin au plus grand mal de ce monde ».
– Comment peut-on avoir la certitude que mon propre ancêtre Cyrus Vatore a effectué une vraie prophétie ? demanda Lilith. Certains mediums sont capables d’apercevoir quelques bribes du futur, mais ce n’est jamais assez net pour parler concrètement de « prophétie »…
– Comme vous le savez déjà, à son époque, le clan Vatore était une lignée de puissants mediums. Autrefois, les pouvoirs des clairvoyants leur permettaient de faire bien plus que de visiter les Corridors des autres. Les prophéties existaient bel et bien. Il y a longtemps, je n’ai pas voulu l’écouter et voyez où cela nous a menés. Ce que votre ancêtre a formulé à la mienne n’est pas qu’une simple légende comme celle de la Dame de Forgotten Hollow.
– Alors pour vous, Stanislav pourrait être cette personne évoquée par Cyrus ?
– Cela peut être lui comme sa fille. Bien sûr, il est aussi possible qu’aucun d’eux ne soit concerné et que la prophétie parle d’un autre membre de la famille Cents et auquel cas, c’est du côté de la branche des jeteurs de sorts qu’il nous faudrait enquêter. Celle que j’ai jadis abandonnée pour trouver refuge au manoir Straud.
Inna marqua une pause, visiblement emplie d’une vague de nostalgie. Charlotte se doutait qu’elle pensait à la famille qu’elle avait trouvée à Forgotten Hollow. La vampire avait perdu son fils dans des circonstances qui avaient fait fuir sa fille, laquelle avait fini par mourir à son tour sans avoir eu le temps de la retrouver. Charlotte n’avait pas le cœur de la contrarier davantage mais selon elle, le raisonnement de la grande maîtresse concernant la prophétie comportait une lacune. Elle-même avait visité le Corridor de Méphistophélès et savait que l’esprit maléfique n’aurait pas reculé à l’idée de signer un pacte avec un héritier Cents. Il en avait après tout signé un avec Alexei et la Brindletonienne savait qu’il était déjà au courant de la prophétie à cette époque. Selon lui, procéder de la sorte devait lui permettre de corrompre le potentiel élu et l’empêcher de lui nuire. Seulement, Alexei était mort et Méphistophélès n’avait pas su que Yaritza portait son enfant. Il lui avait donc fallu changer ses plans en se rabattant, des décennies plus tard, sur une jeune femme n’ayant rien à voir avec la lignée Cents.
– Nous avons beaucoup digressé, reprit Inna après un moment. Au départ, je n’étais pas venue vous parler de la prophétie. Lucian et Elvira poursuivent régulièrement leurs recherches sur les lois vampiriques et en ont trouvé une très intéressante. Avant Cordélia, il se trouve qu’il était possible à un grand maître de « réclamer » à un autre grand maître un humain qui lui était attribué. Il fallait une bonne raison, bien sûr. Cette raison, c’était le mariage. La loi a fini par se perdre au fil des siècles mais n’a concrètement jamais été abolie.
– Ainsi, comprit Charlotte, il serait légalement possible de soustraire Vladislaus de la Fledermaus à condition de… l’épouser ?
La Brindletonienne se retenait à grand-peine de soupirer de soulagement. Le retour du comte impliquerait la reprise des recherches d’Edith ! Depuis l’arrivée de Yaritza, celles-ci avaient été stoppées. En outre, la Furie Écarlate se souciait si peu des relations entre vampires et sixamiens que ces dernier n’avaient pas pu passer outre la mort de leur dirigeant. Il était d’ailleurs étonnant que la guerre n’eût pas encore éclaté.
– À vrai dire, répondit fièrement Inna, nous sommes toujours mariés, lui et moi. Tout ce que j’ai à faire est de me rendre à la chapelle et exiger le retour de mon époux. Quand il s’agit de réclamer un humain à un vampire dirigeant, il y a bien sûr des limites. Il y a fort à parier que Yaritza et Stanislav nous interdirons de le retransformer en vampire, mais il sera au moins en sécurité. C’est là notre objectif à court terme.
[…]
Inna avait fini par quitter la fermette, visiblement très optimiste à l’idée de sauver Vladislaus. Charlotte l’admirait beaucoup. La vampire avait traversé beaucoup de malheurs et parvenait toujours à trouver du positif. D’aucuns pouvaient apparenter cela à une forme de naïveté, mais la Brindletonienne préférait y voir un optimisme à toute épreuve. À ses yeux, c’était une véritable force qu’Inna avait d’ailleurs transmise à sa fille.
Malvina… Charlotte éprouva un nouveau pincement au cœur en repensant à elle. La vieille dame était morte si peu de temps avant de retrouver sa mère. Peut-être les deux femmes se seraient-elles serré les coudes afin de récupérer leur mari et père ?
La fantôme eut alors comme une révélation : les grands maîtres vampires étaient parvenus à retrouver une vieille loi pré-cordélienne pouvant arranger la situation concernant Vladislaus. Ne pouvait-elle pas elle-même, à sa propre échelle, explorer les vestiges du passé ? Cela n’aurait probablement pas d’impact réel sur la situation à Forgotten Hollow, mais au moins Vladislaus et Inna obtiendraient-ils les pièces manquantes concernant la vie de leur fille en tant qu’humaine…
Le vieux carnet de Malvina était toujours où Charlotte l’avait laissé. Personne ne l’avait ouvert. Il y avait après tout eu ces derniers temps des priorités plus importantes que le témoignage d’une vieille dame.
Cependant, la Brindletonienne avait désormais un peu de temps devant elle. Brunehilde jouait sur son ordinateur et Lilith et Ulrike entretenaient le potager.
L’occasion était trop belle pour ne pas en profiter...
À suivre...
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
Pas de nouvelles d'Odile, mince...j'ai hâte de voir où en est cette petite puce!
Déjà deux ans de passés et Vlad est toujours retenu prisonnier! le pauvre, c'est trop triste de le voir comme ça
J'espère qu'Inna Cents le fera libérer et, encore mieux, pourra le re-transformer.
Je n'avais pas pensé à une référence à la "Belle et la Bête" mais oui, tu as raison! Inna est tout à fait la réplique de Belle.
Bon, c'est parti pour la découverte du journal de Malvina alors!? Je sens que cette lecture va être très instructive
Je me pose tellement de questions sur Edith. Où elle est?
Et sa fille qui hibernait? Est-elle toujours en sécurité? (Désolée, je suis une quiche pour me souvenir de tous les noms
Inna est très belle. Comme ça, elle va revendiquer son droit d'épouse vampire... c'est bien. Devront-ils quitter la ville par la suite si elle appartient à ce méchant traitre et la dame en rouge? Peut-être que Méphisto en a rien à faire de ce blanc bec?
Et la cocotte minoue qui voit les portes? Ce serait un monde parallèle?
Hâte de voir ce que Malvina a écrit dans son journal intime. Je sens que ça va être TRES intéressant!!!
Merci pour ce superbe épisode!
Ahahaha, c'est vrai que je me montre un peu sadique avec notre Comte préféré
Une retransformation serait super, c'est clair ! Mais pour le moment, le nouveau comte (ou plutôt la comtesse car c'est Yaritza qui commande, il faut l'avouer) cherchera sûrement à l'interdire. Affaire à suivre !
Héhéhé, il est temps de replonger dans le passé, j'espère que cela te plaira
@oiseaudelune Voui, c'est vrai que le fait que ce soient deux petits innocents qui échangent sur les horreurs dont ils peuvent être témoins marque un certain contraste ! C'est ce qui rend l'expérience intéressante
Edith est prisonnière des Nibelung, c'est tout ce que je peux dire pour le moment 🤐
Quant à Aïda, elle était aux dernières nouvelles en hibernation dans une pièce dont seule Edith avait la clé !
Peut-être en effet que Méphistophélès ne s'intéresse pas à Stanislav ! Mais cela soulève une question : pourquoi ne s'y intéresserait-il pas, exactement ? Peut-être que ce chapitre apportera une réponse en la matière, qui sait ?
Tu as soulevé deux hypothèses très intéressantes, dans ton commentaire !
C'est parti pour deux chapitres de flashback !! Enfin, un seul ce soir et le suivant... une prochaine fois !
344 ap-c, Windenburg, hiver (impossible pour moi d’être plus précise),
Cher journal,
Plusieurs semaines se sont écoulées depuis mon départ de Forgotten Hollow et mon cœur n’a jamais été aussi vide. Ai-je eu raison de fuir ce manoir ? N’aurais-je pas mieux fait de demeurer auprès de Père et de Mère ? Nous sommes tous en deuil, mais le chagrin doit être plus difficile encore pour eux. D’ordinaire, ce n’est pas chose naturelle que de survivre à son enfant. Dans une société de vampires, cette anomalie est d’autant plus marquante. Mais bien qu’il m’arrive de culpabiliser de les avoir laissés derrière moi, une part de moi trouve consolation dans l’espoir qu’ils parviendront à avancer ensemble, comme ils l’ont toujours fait.
Windenburg est magnifique. La nature y est si apaisante ! Je bénis l’Observateur de m’avoir octroyé le pouvoir de résistance au soleil. Grâce à lui, je peux marcher de jour sans être la cible de questions indiscrètes. Bien sûr, je reste une curiosité aux yeux des mortels que je croise. Que pourrait bien faire une jeune femme seule en un temps si glacial ? Ma tenue semble en outre attirer les regards. Il est vrai que les femmes que j’ai pu croiser n’étaient pas vêtues de la même manière.
Plus pour paraître normale que par réelle nécessité, je me suis résolue à vendre mes bijoux et accessoires pour m’offrir quelques nuits sous le toit réconfortant d’auberges se trouvant sur mon chemin. C’est d’ailleurs dans l’une de celles-ci que je t’ai trouvé, cher journal. Tu étais seul sur la table de chevet de ma chambre. Le précédent client t’avait probablement acheté dans le but de t’offrir, mais je suppose qu’il t’a oublié lors de son départ. Dans tous les cas, je suis heureuse de t’avoir gardé près de moi tel un trésor inestimable. Tu me donnes l’impression d’être un ami auprès de qui me confier en toute sérénité. J’ignore encore où mes pas me conduiront mais avec toi, ce périple sera plus supportable. J’en suis convaincue.
344, Windenburg, visiblement quelques jours avant la fête de l’Hiver
Cher journal,
Une âme charitable a croisé mon chemin, ce soir. Pour être plus exacte, je suis plutôt celle s’étant mise en travers du sien. Le banc sur lequel j’avais prévu d’élire domicile pour la nuit était en contrebas de la maison de cette vieille dame.
Elle m’a offert le gîte et le couvert sans même se renseigner sur les raisons de mon errance.
Il semblerait que depuis le décès de son mari, cette femme soit une marginale, à Windenburg. Les habitants l’ont affublée d’un horrible surnom : la Grise. Seulement, au lieu de s’en offusquer, mon ange gardien assume aujourd’hui fièrement ce sobriquet. Selon elle, son véritable prénom, qu’elle m’a confié comme s’il s’agissait d’un secret honteux, est trop commun dans cette ville. Ainsi, se faire connaître sous le nom de la Grise lui offre un surcroît d’originalité. Mieux vaut ne pas lui dire que d’un point de vue personnel, je trouve son prénom très élégant. Si j’ai un jour une fille, j’envisagerai sérieusement de le lui donner en hommage à ma sauveuse.
Pour ma part, il serait de bon ton de suivre son exemple et de m’inventer un alias. J’ignore encore ce que je suis venue chercher ici mais je sens que je souhaite rester. Or, bien que je ne reproche rien à mes parents, je ne souhaite pas particulièrement qu’ils retrouvent ma trace pour le moment. Le deuil d’Alexei et une épreuve que je souhaite surmonter seule. Et si c’était le destin qui m’avait conduite sur la voie de la Grise ?
344, Windenburg, fête de l’Hiver,
J’ai longuement réfléchi à cette nouvelle identité que je souhaitais me constituer. Dorénavant, je répondrai au nom de Silvana Mutard. La Grise m’a approuvée. Elle ne connaît pas mon véritable nom mais n’insiste jamais pour le savoir. D’ailleurs, elle ne me pose jamais la moindre question.
Une telle vie est fort agréable, mais je sens que mon secret est en passe d’être découvert. De par mon vampirisme, je suis occasionnellement en proie à de désagréables sifflements. Je ne voudrais pas que la Grise s’en aperçoive. Je pense que sa tolérance à mon égard serait mise à rude épreuve si elle découvrait ma véritable nature. C’est pourquoi je dois poursuivre mes efforts et continuer à faire attention. Mon organisme supporte fort heureusement la nourriture humaine et je parviens à m’éclipser deux nuits par semaine pour puiser du plasma auprès d’une poignées de quidams que je peux rencontrer sur ma route. Je ne bois que très peu et prends toujours soin de faire oublier mon attaque à mes sources. C’est amplement suffisant, pour moi.
La journée a été chargée, avec le repas de fête que la Grise et moi nous sommes offert. Je tombe de sommeil. Il est temps pour moi de poser ma plume.
PS : Je préfère ne pas trop m’avancer, mais je crois avoir trouvé un petit travail à la bibliothèque de Windenburg. Bien que j’espère ardemment que ma candidature soit acceptée, j’espère également que mon père ne lira jamais ce journal : jamais il ne survivrait à l’idée que sa fille s’amuse à « jouer à l’humaine » !
10/01/346, Windenburg,
Cher journal,
Il y a bien longtemps que je n’avais pas écrit ces mots. Tout aussi longtemps que je ne t’ai pas ouvert, d’ailleurs. La vie passe en ce moment à une vitesse folle et je ne trouve plus le temps de rien. Ce soir, en revanche, j’ai bien besoin de te parler. Une chance que je t’aie retrouvé !
Comme tu peux t’en douter au vu de mon absence ces deux dernières années, j’ai trouvé un travail. Ma candidature à la bibliothèque de Windenburg a été retenue. Les débuts étaient plutôt compliqués mais j’ai réussi à gagner ma place. Il s’agit surtout d’un gagne-pain pour participer aux finances du foyer : il m’était impensable que la Grise dépensât toutes les économies de son défunt mari pour que je vive à ses crochets. Cela me permet également de me fondre dans la masse et d’apprendre à vivre, parler et m’habiller comme une humaine parfaitement normale.
Si je te raconte tout cela, c’est parce que j’ai rencontré Adler, à la bibliothèque, alors qu’il me demandait un conseil de lecture. Je crois que je lui plais. Plus important encore : je crois que ses sentiments à mon égard sont réciproques.
Nous nous rendons régulièrement visite et, hier soir, ce qui devait arriver arriva : nous nous sommes embrassés pour la première fois.
En apparence, mes propos semblent idylliques, mais il reste un détail non négligeable faisant obstacle à ce bonheur naissant : je suis dangereuse pour lui. Bien que cela soit très rare, il m’arrive d’avoir très soif de plasma en sa présence. Peut-être est-ce lié à mes sentiments amoureux. Cela ne m’était jamais arrivé, avant de le rencontrer. Afin de le protéger au mieux, je suis allée le retrouver hier pour lui demander de nous éloigner l’un de l’autre.
Bien sûr, il n’a pas compris mon choix. À ses yeux, tout avait l’air parfait, entre nous.
Je m’en veux terriblement. Adler a déjà des penchants très prononcés pour la morosité et voilà que je lui ai brisé le cœur, et le mien par la même occasion.
Je sens qu’il est ma « bonne personne », mais comment vivre à ses côtés dans mon état ?
23/01/346, Glimmerbrook,
Cher journal,
J’ai enfin trouvé la solution à mon problème ! Le vampirisme était un héritage qui me pesait trop lourdement. Il était devenu incompatible avec le mode de vie que je m’efforce de tenir. C’est pourquoi je m’en suis enfin débarrassé !
Pour y parvenir, mes recherches m’ont conduite à Glimmerbrook. Ma mère étant une ancienne jeteuse de sorts, il me fallait m’assurer qu’il existât encore une branche de la famille susceptible de m’aider. Je n’ai pas été déçue ! Dans un premier temps, j’ai craint que la lignée se fût éteinte mais seul le nom a disparu. Mère avait une sœur, Lorna Cents, laquelle a épousé Arthur Veritas. Ce sont eux que je suis allée voir pour leur exposer ma situation.
À mon arrivée, celle que je peux légitimement qualifier de tante n’était pas disposée au dialogue. Ma simple existence lui a rappelé une mauvaise période de sa vie. Comme elle me l’a évoqué, leurs parents devaient initialement marier ma mère à Arthur Veritas dans l’espoir de réaliser une prophétie. « De l’union de l’héritière Cents et d’un prince de grande lignée naîtra l’être qui mettra fin au plus grand mal de ce monde ».
Mère étant la plus vieille enfant du clan Cents, elle devait correspondre à la prophétie. Or, elle s’est enfuie avant le mariage. Mes grands-parents ont alors marié Lorna à Arthur, qu’ils soupçonnaient être ce fameux « prince de grande lignée ». D’après la famille d’Arthur, le nom de Veritas se doit de rester, peu importe si l’héritier est un homme ou une femme.
De cette union sont nées trois filles : Lily, la plus âgée, est déjà mère de deux enfants : Cécilia, quatre ans, et Théophile, deux ans. La cadette de Lorna et Arthur, Maria, est encore adolescente tandis que la benjamine, Amelia, est venue au monde plus tardivement que ses sœurs.
Sans que je ne comprenne comment, j’ai réussi à convaincre Lorna de m’aider. Elle m’a alors demandé de l’accompagner jusqu’au sous-sol du manoir Veritas où elle m’a concocté un remède contre le vampirisme.
Bien que j’aie brièvement pensé à mes parents et à leur réaction potentielle s’ils en venaient à apprendre ma décision, je n’ai pas hésité une seconde.
Je veux vivre comme je l’entends et je ferai tout pour avoir mon bonheur. Ma mère comprendrait. N’a-t-elle pas fait exactement la même chose en son temps ?
C’est une sensation étrange que d’être humaine. J’ai l’impression que mes sens sont à présent bridés. Pour autant, je ne remercierai jamais assez Lorna pour m’avoir offert cette nouvelle vie. Les Veritas ont eu la gentillesse de m’accorder le gîte le temps de me faire à ma nouvelle condition.
Après quoi, je rentrerai à Windenburg.
J’ai des excuses à présenter à quelqu’un, après tout !
16/05/347, Windenburg,
Cher journal,
Cela fait plus d’un an que j’ai emménagé avec Adler. Bien sûr, je reste très proche de la Grise, mon ange gardien. Il faut dire qu’elle habite juste en face de chez nous, ce qui est bien pratique !
Pour autant, ce chez nous ne va plus le rester très longtemps. Le propriétaire de la maison que loue Adler lui a donné congé. Apparemment, le logement sera détruit pour construire un magasin à la mode qui s’appellera, si j’ai bien compris, la Place du Marché.
C’est bien beau, mais cette décision municipale a bien failli nous mettre à la rue ! Pendant un temps, nous avons songé à demander à la Grise de nous héberger mais je ne veux pas l’épuiser davantage. En outre, dans notre malchance, nous avons reçu une bonne nouvelle : Adler a hérité une maison de son oncle Alfred. Le notaire nous l’a décrite comme très prometteuse. Elle se situe en dehors de la vieille ville, dans la partie rurale de Windenburg. Nous la visitons demain. J’espère que nous pourrons emménager dans la foulée !
17/05/347, Windenburg,
Peut-être ai-je finalement placé mes espoirs trop hauts, cher journal. La maison est absolument inhabitable. Adler était hors de lui. Nous avions après tout pour objectif de nous y installer au plus vite !
Pour ma part, j’y vois l’opportunité de faire de ce lieu notre nid d’amour. Les murs ont, certes, besoin d’être refaits et je ne donne pas cher de la plomberie et des revêtements intérieurs, mais j’ai très envie de tester mes compétences en bricolage avec Adler. Après tout, toutes les aventures sont bonnes à prendre ! C’est justement ce que j’ai cherché à lui faire comprendre, tout à l’heure.
Contre toute attente, il semblerait que mes arguments aient fait mouche : il m’a avoué se sentir extrêmement chanceux de m’avoir dans sa vie pour l’inspirer au quotidien et, dans la foulée, a mis le genou à terre.
Évidemment, j’ai accepté ! Je sens que l’année qui va suivre s’annonce très riche, mon tendre ami de papier.
02/08/347, Windenburg,
Cher journal,
Nous avons enfin emménagé dans notre futur nid douillet ! La maison nécessitera assurément une énorme quantité de travail, mais Adler et moi sommes confiants : ensemble, nous pouvons y arriver.
Nous nous sommes mariés la semaine dernière. Nous ne souhaitions pas de cérémonie extravagante : après tout, à partir de maintenant, chaque simflouz compte ! La Grise fut notre seule invitée. En prenant en compte mon faux prénom et le fait que j'aie pris le patronyme d'Adler suite à notre mariage, mes initiales sont désormais S.F., ce qui amuse beaucoup mon mari fan de science-fiction !
Qui aurait pu croire que je m’épanouirais un jour en jouant les menuisières ? Sûrement pas moi. C’est pourtant le cas : chacune de mes échardes me procure une sensation de fierté. Je construis littéralement mon avenir de mes propres mains. Adler et moi nous sommes rapidement rendus compte que je m’en sortais mieux que lui en la matière. Qu’à cela ne tienne ! Mon époux s’occupera des revêtements tandis que je réaliserai moi-même nos meubles !
En combinant nos efforts, nous avons finalement réussi à aménager une pièce. À terme, nous en ferons un salon mais en l’état, elle sera une très bonne chambre de fortune. Il me tarde de terminer le rez-de-chaussée !
09/04/350, nid douillet,
Cher journal,
Là encore, je ne me suis pas montrée des plus assidues dans ma rédaction. Pardonne-moi. Les travaux nous prennent un temps considérable.
À cela s’ajoute la contrainte financière : il nous serait après tout impossible de payer l’aménagement de notre maison si Adler ne vendait pas ses livres.
Dans tous les cas, me voici ce soir prête à t’écrire deux grandes nouvelles. La première me rend très fière : le rez-de-chaussée est enfin terminé ! Nous avons mis plus de temps que prévu, mais il faut dire que l’argent nous a très vite fait défaut, dans nos débuts. Par chance, le bouche-à-oreille a fini par opérer et les ventes du premier roman d’Adler nous ont beaucoup aidés.
Bien sûr, la vie est loin d’être un paisible conte de fées. L’humeur d’Adler est toujours très fluctuante. Le malheureux alterne souvent entre colère inexpliquée et profonde mélancolie. J’ai conscience que ce problème ne soit pas de sa faute. Il s’agit simplement d’une particularité que sa famille lui a transmise. Cela occasionne quand même quelques disputes entre nous.
Néanmoins, nous trouvons toujours le moyen de nous réconcilier.
La cuisine a été l’une de nos premières réussites. Elle est si belle et lumineuse ! Je me perds chaque matin à contempler la campagne environnante par la fenêtre.
Voilà six ans que j’ai quitté Forgotten Hollow. Je ne regrette ma décision pour rien au monde. Bien sûr, ma famille me manque, mais la vie nous a poussés vers des directions différentes. Je doute que mon père accepterait d’avoir une humaine pour fille. Malgré tout, je me surprends régulièrement à penser à eux.
Parfois, cher journal, j’ai même l’impression qu’ils sont tout proches et qu’ils veillent sur moi.
Mais je dois me faire des idées.
À vrai dire, la famille devient un sujet important pour moi car Adler et moi avons commencé à fonder la nôtre ! C’est là la deuxième bonne nouvelle que je tenais à t’annoncer, je t’ai gardé la meilleure pour la fin. Cher journal, c’est avec une immense joie que je t’apprends que je suis mère depuis hier soir.
La grossesse s’est très bien passée. Adler et moi avions après tout pris soin de terminer le rez-de-chaussée avant de songer à concevoir un bébé. Nous voulions lui apporter le plus de confort possible.
L’accouchement, en revanche, a été un peu plus compliqué puisque les contractions se sont déclenchées alors que j’étais seule chez nous (Adler s’étant absenté pour la promotion de son dernier livre).
Donner la vie est une sensation que je n’oublierai jamais. Tu n’as pas idée de ce que j’ai pu ressentir en croisant pour la première fois le regard de ma fille. Mon si précieux trésor. Par ailleurs, j’ai tenu la promesse que j’avais faite à mon arrivée à Windenburg : j’ai donné à ma fille le prénom de la Grise. Mon ange gardien me le reprochera certainement, arguant que ce prénom est bien trop commun ici. Peu importe. Il me fallait rendre hommage à ma bienfaitrice.
Ainsi donc, ma fille, si tu lis un jour ces lignes, sache que ton prénom te vient de la personne la plus généreuse que j’aie pu rencontrer. Je te souhaite de tout cœur d’être heureuse. Sois la bienvenue dans ce monde, ma jolie Ulrike Faust.
À suivre...
La maison d'Adler Faust et Malvina Straud/Silvana Mutard est une création de popinette113. Comme vous avez pu le constater, j'en ai également profité pour réaliser son challenge Maudit Héritage
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
Bien qu'on ne sait plus trop où elle est...
Tout est lié, ma foi!
Comme c'est intéressant, la belle histoire d'amour. Comme quoi qu'elle a tout de même bien vécu sa vie humaine.
Je pense qu'elle a fait le bon choix de choisir une vie auprès de l'homme qu'elle aime. C'est tellement romantique.
hihi Un challenge dans un challenge? Pourquoi pas?
Super épisode! Comme toujours!
Merci à toi
Aujourd'hui, je vous retrouve avec la deuxième et dernière partie de la lecture du journal de Malvina. Le prochain chapitre reprendra le cours du récit tel que nous l'avons laissé avant ces quelques souvenirs
Fête de l’Hiver 352, nid douillet :
Cher journal,
Le temps suit son cours chez nous. Ulrike est une petite fille timide qui passe le plus clair de son temps à dessiner. J’ai bien l’impression qu’Adler et moi avons engendré une future artiste !
Le repas de ce soir s’est très bien passé. Notre fête de l’Hiver a été simple comme on aime. La Grise a finalement pu le fêter avec nous. Cela m’a évoqué ma première année chez elle. Mon parcours depuis lors est certes atypique mais je n’en reste pas moins fière. Quant à mon ange gardien, je ne suis pas dupe : je vois bien qu’elle est moins en forme, ces derniers temps. J’essaie de profiter de sa présence au mieux avant qu’il ne soit trop tard.
Adler et moi allons avoir un second enfant. La naissance est prévue dans trois mois. J’espère que cette fois, je pourrai accoucher à l’hôpital ! Les deux années qui nous séparent de la naissance d’Ulrike ont apporté des progrès très bienvenus dans le domaine de la médecine. Nous avons ainsi pu déterminer que j’attendais cette fois un petit garçon. Il me tarde de faire sa connaissance !
26/05/353 :
Cher journal,
L’heure est grave. Je ne sais pas que faire pour protéger les miens. Il est revenu.
Pourquoi dois-je subir un tel acharnement ? L’Observateur n’a-t-il pas encore estimé que j’avais assez souffert ? J’en viens à croire que le destin cherche à me faire payer les péchés de mon frère. Et la nuit dernière, j’en ai eu la confirmation.
Méphistophélès est bel est bien parvenu à trouver ma trace. Comme s’il n’avait pas déjà causé assez de mal dans ma famille, il a osé me demander de prendre la place d’Alexei dans son plan macabre. J’ignore ce qu’il attend de moi mais il est facile de deviner que la lignée de ma mère l’intéresse beaucoup. Serait-ce lié à la prophétie des Cents ?
Comme tu peux t’en douter, j’ai refusé sa requête. Dans un premier temps, il a accusé le coup d’un air habile. Il m’a proposé un pacte pour que je redevienne vampire et que je le suive sans discuter. Un pacte duquel je pouvais, si je jouais bien, obtenir tout ce que je désirais. Ce sont là ses paroles. Or, comme je le lui ai fait remarquer, je n’avais aucun intérêt à céder : après tout, j’avais déjà l’essentiel : ma famille.
Mon argument ne lui a pas plu du tout et, vraisemblablement las de ses mièvreries, il m’a montré son vrai visage. Il est alors passé aux menaces : soit je lui obéissais, soit il s’en prenait à mes enfants. Mais je ne sais que trop bien comment fonctionnent ses pactes. Il ne peut me contraindre à quoi que ce soit. Je dois accepter ses termes par ma propre volonté. Alors, comprenant que rien ne me ferait céder à son caprice, il a franchi le point de non-retour : puisque ma famille est ce qui me rend heureuse, il l’anéantira jusqu’au dernier membre si je ne la quitte pas. Ma seule manière d’épargner ce sort à Adler et aux enfants est de partir sans jamais revenir.
Suite à cette menace, j’ai tenté de le chasser par mes propres moyens, mais que peut faire une simple humaine contre l’un des plus puissants jeteurs de sorts ? Méphistophélès est parti de lui-même, m’annonçant un délai de trois jours pour réfléchir : s’il ne peut profiter de moi, ma famille ne le pourra pas non plus et j’en serai séparée d’une manière ou d’une autre.
27/05/353 :
Méphistophélès me tient. Il peut aisément mettre sa menace à exécution. Mon départ ne lui profiterait même pas puisqu’il sait qu’il ne parviendra jamais à me faire signer un pacte de mon plein gré. Maintenant, tout ce qu’il souhaite est de me séparer des miens pour me faire souffrir. Peut-être espère-t-il là me briser afin que je lui offre ma dévotion éternelle en désespoir de cause. Comme je le lui ai dit hier, jamais je ne céderai. Si je dois partir en laissant tout derrière moi, autant consacrer ma nouvelle vie à trouver un moyen de le détruire.
Seulement, suis-je vraiment prête à tout quitter ? Comment être sure que cela sera suffisant pour qu’il laisse ma famille en paix ? Cette nuit, Herman m’a semblé très perturbé. Il a pleuré à plusieurs reprises. Aurait-il reçu une désagréable visite devant son berceau ? Je pense que toute cette histoire m’épuise et me fait croire à n’importe quoi.
Il semblerait que mon trouble soit visible. Adler me l’a fait remarquer. Voilà déjà quelques temps que son humeur est maussade. À me voir aussi tendue, il en vient à soupçonner quelque chose. Nous nous sommes disputés, ce matin. Il pense qu’il y a un homme derrière mon comportement évasif. S’il savait ! Je ne peux malheureusement rien lui dire : cela le mettrait en danger en plus de le fragiliser davantage.
28/05/353 :
L’échéance est arrivée. J’ai eu peu de temps pour réfléchir, mais ma décision est désormais prise : je n’ai pas d’autre alternative que quitter mon havre de paix. En un sens, le fait qu’Adler me soupçonne une aventure extra-conjugale m’arrange. Il vaut mieux pour tout le monde que je le laisse haïr mon souvenir.
Les adieux ont été concis. Ulrike et Herman dormaient tous les deux à poings fermés lorsque je suis allée les voir. Bien sûr, je me doutais que les laisser derrière moi constituerait la plus difficile de toutes mes épreuves, mais je fais cela pour leur bien.
Mon plus grand regret est qu’Herman n’aura aucun souvenir de moi. Ulrike a trois ans. Peut-être parviendra-t-elle à garder en mémoire tout l’amour que je lui porte.
Je suis ainsi partie de la même manière qu’à Forgotten Hollow : sans un regard en arrière. Cette fois-ci, en revanche, personne n’était là pour me regarder m’éloigner. Est-ce une vie de solitude qui m’attend ? Je le crains fort. Je l’ai senti dès lors que j’ai franchi la porte d’entrée pour la dernière fois : je suis désormais une étrangère pour ma famille. Dans un premier temps, ils me détesteront. J’espère simplement pour leur bien qu’à terme, ils finiront par m’oublier.
D’ici-là, c’est devant moi que je dois regarder. Certes, mon avenir s’annonce tortueux, mais je n’oublie pas la promesse que j’ai faite à Méphistophélès. Cela prendra le temps qu’il faudra mais tôt ou tard, il tombera et j’en serai la cause.
28/05/357, Granite Falls :
Cher journal,
Cela fait trois ans jour pour jour que j’ai quitté Windenburg. Depuis, j’erre dans le pays en explorant des régions qui m’étaient inconnues.
La dernière en date, c’est elle : Granite Falls. J’y suis installée depuis deux mois et l’atmosphère forestière m’apaise.
C’est du moins ce que je pensais jusqu’à la semaine dernière : alors que je marchais dans la forêt, j’ai croisé le chemin de nulle autre que Yaritza Istines. La Furie Écarlate qui a mis le grappin sur mon frère il y a déjà près de quinze ans. Bien sûr, elle n’a pas changé. Il en va autrement de moi.
L’occasion était trop belle. Il me fallait un exutoire et cette vampire était parfaite pour cela. Après tout, c’est en partie à cause d’elle que ma famille s’est brisée.
Nous nous sommes poursuivies jusqu’à une clairière abandonnée d’où je pouvais être certaine qu’elle ne s’échapperait pas.
Je voulais qu’elle m’explique ce qui était passé à travers la tête de mon frère pour le conduire à pactiser avec Méphistophélès.
Non contente de ne pas m’avoir répondu, elle s’est jetée sur moi. Bien sûr, elle a eu l’avantage et en a très vite profité pour planter ses crocs dans ma gorge.
J’ignore ce qu’il s’est passé ensuite car je me suis évanouie. Yaritza a dû me laisser pour morte au beau milieu de cette clairière.
Lorsque je me suis réveillée, j’étais dans un lit qui ne m’appartenait pas. La garde forestière m’avait trouvée inconsciente et m’avait conduite chez elle.
Dans un premier temps, la pauvre femme semblait assez évasive sur les soins qu’elle m’avait prodigués.
La malheureuse craignait assurément ma réaction qui allait suivre.
En me regardant dans le miroir, j’ai constaté qu’elle m’avait appliqué une généreuse quantité d’onguent cicatrisant. J’aurais dû m’en douter. Yaritza n’a jamais vraiment été capable de manger proprement.
Au bout de quelques jours, j’ai pu voir l’étendue des dégâts. Mon grain de beauté, seul témoin de mon ascendance Cents, est désormais presque invisible. La Furie Écarlate ne perd rien pour attendre, cher journal. Sois-en certain. Je ne suis plus à un ennemi près.
03/11/381, À la maison, Forgotten Hollow,
Cher journal,
Oui, oui, je sais. Je n’ai rien écrit depuis des années, mais que veux-tu ? J’étais occupée. Dans un premier temps, j’ai beaucoup travaillé par-ci, par là. En vingt-quatre ans, j’ai pu voyager bien plus loin que prévu. Contrairement à mes parents qui ont toujours repoussé au lendemain, je suis allée escalader le Mont Komorebi. C’était le début de mes aventures à l’étranger car j’ai ensuite enquillé sur Shang Simla avant d’aller me perdre dans les pyramides d’Al Simhara et manger un croissant devant la grande tour de Champs Les Sims. Tu comprendras donc que pour voyager autant, j’ai dû travailler en conséquence et donc te laisser de côté. J’en suis navrée, mon cher ami. Je crois bien qu’après tout ce temps sans t’ouvrir, j’ai fini par perdre un peu de ma belle plume.
Me voici enfin de retour au bercail, cher journal. De l’eau a coulé sous les ponts, depuis mon départ, mais rien n’a l’air d’avoir changé. Voilà trente-sept ans que je suis partie sans demander mon reste. J’avais hâte de voir la tête de mes parents, mais j’ai d’abord voulu passer une petite heure sur la place Clairdelune pour me rappeler les moments de mon enfance où je sortais en douce du manoir avec Alexei.
Je me suis ensuite dirigée chez mes parents. Il n’y avait personne d’autre que mon bon vieil orgue. Mon père doit l’accorder régulièrement. Peut-être qu’une part de lui attend mon retour tous les jours, qui sait ?
En tout cas, il m’a entendue jouer et est aussitôt venu me rejoindre. Comme tu t’en doutes, il s’est rendu compte que j’étais devenue humaine. Il faut dire que certains détails ne trompent pas, comme par exemple le fait que je fasse plus vieille que ma mère.
Elle n’est pas ici, d’ailleurs. Mon père m’en dira plus plus tard mais je sais qu’elle va bien. De mon côté, je pense profiter d’une nuit de sommeil au chaud.
04/11/381, Forgotten Hollow,
Comment ai-je pu être aussi idiote, cher journal ? Comment ai-je pu croire une seule seconde que mon crétin de père comprendrait ce que j’ai traversé ?
Tout commençait bien, pourtant. Nous avons brièvement échangé quelques bribes des années passées séparément. Et puis tout est parti en vrille : il a fini par me demander de lui donner une date pour qu’il puisse me retransformer. Du grand Vladislaus Straud ! Comme si je n’étais pas devenue humaine par choix.
À vrai dire, je crois que cela ne lui viendrait pas à l’esprit une seule seconde. Pour lui, la perte de mon vampirisme relève forcément de l’accident. Mieux vaut donc que je ne lui révèle pas le plus grand accomplissement de ma vie. Tant pis pour lui. Il ne saura pas qu’il est grand-père. Peut-être même arrière-grand-père, d’ailleurs. À l’heure actuelle, Ulrike et Herman ont peut-être déjà fondé leur propre famille… Se souviennent-ils encore un peu de moi ? Si c’est le cas, j’espère que ce n’est pas trop en mal.
Je ne dois plus y penser. Ils sont derrière moi et il est trop tard pour faire machine arrière. À partir de maintenant, je dois me concentrer sur cet ectoplasme maléfique qui a ruiné ma vie une deuxième fois.
Et ça, je le ferai seule. Hors de question de vivre chez mon père s’il n’est pas capable de m’accepter en tant qu’humaine. De toute manière, il était temps que je quitte le manoir car il avait un entretien avec les jeteurs de sorts. Tu parles d’un ambassadeur occulte ! Qu’importe. Je saurai me débrouiller. Que Méphistophélès compte ses dents : ses jours sont comptés !
06/01/383, Willow Creek,
Cher journal,
Le temps suit son cours et je t’avoue que je n’ai pas vraiment le cœur à continuer de t’écrire régulièrement. Je le ferai quand l’envie me viendra. Voilà qui tombe bien car aujourd’hui, j’en ai envie.
Je n’ai pas pu m’en empêcher plus longtemps : j’ai fini par faire des recherches sur la famille que j’ai quittée. Adler est décédé il y a quelques mois. Sur ses dernières années, il semblerait qu’il était en froid avec nos enfants. Apprendre cela m’a fait beaucoup de peine. Je sais que je ne le devrais pas, mais une part de moi ne peut s’empêcher de penser que je suis en partie responsable de cela.
Ulrike vit toujours à Windenburg. Je ne l’ai pas beaucoup vue sortir pour travailler. Je pense qu’elle effectue une profession à domicile. Je mettrais ma main à couper que c’est dans le domaine artistique ! Petite, elle nous demandait toujours de nouveaux crayons de couleur.
Je ne lui ai pas vu de partenaire. Ma fille se débrouille très bien toute seule et je suis très fière d’elle ! J’ai eu très envie d’aller la voir directement au lieu de restée cachée derrière mon buisson, mais je me suis abstenue. Elle pourrait me reconnaître.
J’ai eu un plus gros choc encore lorsque j’ai vu Herman. Tu comprends, mon dernier face-à-face avec lui remonte au temps où il était encore dans le berceau. Je me doutais bien que cela arriverait un jour, mais j’ai quand même ressenti quelque chose en découvrant qu’il avait fondé sa propre famille. Il s’est installé ici, à Willow Creek. Son quartier est assez modeste.
Je n’ai pas vraiment compris ce qu’il faisait dans la vie et cela m’intrigue beaucoup. L’autre jour, j’ai donc tenté d’établir un contact en quémandant un peu d’argent lorsqu’il est passé devant moi. Il ressemble énormément à son père et à sa sœur !
Bien sûr, il ne m’a pas reconnue et c’est tant mieux. Je ne pense pas qu’il ait besoin de moi, à présent. Nous n’avons pas échangé beaucoup. Il faut dire qu’eux non plus ne roulent pas sur les simflouz et avec deux filles à élever, chaque économie compte.
Ma belle-fille – cela me fait très étrange d’écrire ces mots – a quand même tenu à m’offrir un petit quelque chose : une casquette d’Herman. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est toujours ça. En ce moment, l’air est très froid.
Velma – car c’est là le nom de l’épouse de mon fils – ne se doute pas de ce qu’elle a fait en m’offrant ce cadeau si personnel : non content de me réchauffer les oreilles, il me réchauffera également le cœur.
Je vais éviter de revenir dans les parages, à l’avenir. J’ai vu ce que je voulais voir et je pars même avec un souvenir imprévu d’Herman. Je ne sais pas si je le mérite, mais je peux m’estimer heureuse.
01/10/383, Glimmerbrook :
Le temps est aujourd’hui venu de solliciter l’aide de la branche magicienne de la famille. En effet, je sens que vieillis de jour en jour. Évidemment, il est hors de question que cela n’arrive trop vite. Par chance, j’ai toujours gardé un bon contact avec les Veritas. Le clan est aujourd’hui dirigé par Amelia, dernière fille vivante de ma tante Lorna.
Depuis ma dernière visite, la famille s’est bien agrandie. Louise et Samuel, les héritiers du clan, sont diplômés de l’académie de magie locale et vont à présent commencer à construire leur vie.
De mon côté, je suis avant tout venue pour rallonger la mienne. Par chance, le plus si petit Théophile connaît toutes les recettes d’alchimie de sa grand-mère.
Je sais que la potion de jeunesse fonctionne car il semblerait que Cécilia en ait elle-même bénéficié : la voilà plus jeune que son petit frère ! Enfin, qui suis-je pour juger ? Ne suis-je pas moi-même plus âgée que mes parents, à présent ?
Malheureusement pour mon enquête, les Veritas n’en savent pas plus que moi sur Méphistophélès. Je pense même qu’ils ont fini par oublier la menace. À vrai dire, ce constat est intéressant car il met de l’eau dans le moulin de ma théorie : ma mère était bien l’héritière Cents dont parle la prophétie. Ce qui signifie que c’est dans notre branche familiale que se trouve « l’être qui mettra fin au plus grand mal de ce monde ». L’ectoplasme a dû le deviner, c’est pourquoi il a jeté son dévolu sur Alexei. D’une certaine manière, il a désigné notre lignée comme étant celle pouvant l’anéantir et c’est probablement ce qui va creuser sa tombe. Après tout, n’est-ce pas précisément parce que Lady Planelamort a choisi personnellement Henry Puffer que ce dernier est devenu l’Élu de sa prophétie ? Certes, ce n’est qu’un bouquin pour enfants, mais je pense que l’on peut en prendre de la graine.
21/12/393, Forgotten Hollow :
Je viens de la voir. Elle est arrivée ici, à Forgotten Hollow. Je m’en veux de ne pas l’avoir surveillée davantage.
Bien sûr, cher journal, tu ne comprends rien à ce que je suis en train d’écrire. C’est ma faute. J’ai encore passé plusieurs années sans t’ouvrir. Laisse-moi donc te faire une petite mise à jour :
L’été de l’année dernière, j’ai appris, impuissante, que la maison d’Herman avait pris feu. Mon fils et sa femme ont alors laissé derrière eux deux adolescentes complètement perdues. Ulrike les a heureusement recueilles et elles ont donc été, pour un temps, en sécurité.
Hélas, un an plus tard, les journaux m’ont appris le décès de la cadette, sauvagement attaquée dans les rues de San Myshuno.
Est-ce de ma faute, cher journal ? Tous ces malheurs ne seraient-ils pas liés au fait que j’aie tenté de prendre contact avec mon fils il y a quelques années ? Méphistophélès m’avait strictement interdit de les revoir… Aurais-je déclenché une malédiction sur ma famille en bravant cet interdit ne fût-ce que pour cinq minutes de discussion ? Parfois, je me demande si l’ectoplasme n’est pas derrière tout cela. Et puis je finis par me ressaisir. J’ai eu accès au rapport des pompiers. L’incendie qui a fauché mon fils est indiscutablement accidentel, la faute à un appareil électroménager trop bon marché. Quant à la mort de la petite cet automne, je sais qu’il n’est pas responsable car je le surveillais dans l’ombre au moment des faits. Il était à des lieues de la ville.
Toujours est-il qu’Edith est désormais ici, comme je l’ai déjà écrit. Par quelle ironie du sort a-t-elle trouvé le chemin de la ville de ses ancêtres ? Est-elle seulement au courant de la nature des êtres qui peuplent ces terres ? Il me faut l’aborder à la première occasion, ne serait-ce que pour la mettre en garde.
29/12/393, Forgotten Hollow,
Quelle petite peste ! J’ignore quels ont été les principes d’éducation d’Herman et de sa femme, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Edith a déjà tout le mauvais caractère du parfait vampire ! Et mon père qui lui accorde l’Observateur sans confession ! Je lui ai parlé de sa petite protégée, hier, et il ne tarissait pas d’éloges sur elle. Tu m’en diras tant ! Il semblerait qu’elle lui ait demandé une transformation pour se venger de l’assassin de sa sœur. Comment a-t-elle fait pour apprendre l’existence des vampires ? Tout le monde l’ignore mais dans tous les cas, Vladislaus l’a mise à l’épreuve pendant deux semaines. Pour ma part, hors de question que je m’en mêle davantage. La petite ingrate a quand même trouvé le moyen de me voler sans aucun scrupule le résultat d’une journée entière de pêche aux simflouz. Que vais-je bien pouvoir manger, moi, ce soir ?
30/05/397, Forgotten Hollow,
Cher journal,
C’était encore lui depuis le début. Mon père me l’a avoué ce soir. Il s’avère que Méphistophélès est celui qui était derrière l’arrivée d’Edith ici.
Il est déjà trop tard pour elle. Le pacte a été signé au moment de sa transformation, ce qui implique qu’elle va devoir aller jusqu’au bout si elle ne veut pas voir son âme dévorée par l’ectoplasme. Nous avons perdu et il a gagné, comme toujours. Vraisemblablement, il cherche toujours à contrer la prophétie en corrompant la lignée des Cents.
J’ignore encore à quoi il joue, mais c’est un jeu dangereux. Qui lui dit que la petite ne va pas se retourner contre lui une fois qu’ils ne seront plus liés par ce contrat ? Elle aurait toutes les raisons du monde de le faire, tant les modalités du Pacte sont horribles. Or, nous entrons là dans toute la difficulté de l’exercice, cher journal : comment faire en sorte qu’Edith conserve suffisamment d’humanité pour lui donner envie de se venger de son créateur le moment venu ?
11/11/404, Glimmerbrook,
Cher journal,
Le temps me rattrape et je sens que la potion de jeunesse que j’ai prise il y a quelques années ne sera pas suffisante. Il y a quelques temps, j’étais même prête à tout abandonner et laisser le vieillissement faire son travail. Je ne voyais aucun moyen de maintenir l’humanité d’Edith à un niveau contrôlable. Mais tout cela, c’était avant.
Il me fallait simplement un peu de motivation pour continuer. Cette motivation, je l’ai trouvée aux archives de Willow Creek. J’avais besoin d’un élément, n’importe lequel, pour m’aiguiller sur la marche à suivre.
Les photos de classe d’Edith et le registre des anciens élèves de son école m’ont été très utiles. J’ai découvert l’existence d’une jeune femme de son âge. Une certaine Charlotte Fox. Elles étaient meilleures amies. Peut-être même le sont-elles encore aujourd’hui. Il paraît que Fox a longtemps mené l’enquête pour retrouver Edith. Sans succès, de toute évidence, mais son acharnement force l’admiration. D’autres qu’elle auraient lâché l’éponge bien avant.
Malheureusement, ses investigations sont trop terre-à-terre. Elle n’arrivera jamais à la très surnaturelle Forgotten Hollow si je la laisse poursuivre de la sorte. Il lui faut simplement un petit coup de pouce.
C’est pourquoi je suis retournée voir les cousins de Glimmerbrook. Pour cela, mais également pour une seconde potion de jeunesse. Maintenant que j’ai retrouvé une once d’espoir, je peux arrêter de me laisser abattre !
Tu te demandes certainement comment nous allons procéder, mon cher ami. À vrai dire, c’est très simple. Nous avons récemment rencontré une âme errante décédée des suites d’un accident lors d’une séance de spiritisme.
Les Veritas l’ont ramenée à la vie grâce à moi. Figure-toi que depuis toutes ces années, j’ai quand même appris quelque chose de Méphistophélès : ne jamais faire gratuitement ce qui est susceptible de nous rapporter quoi que ce soit.
Cette voyante a donc une dette envers moi, comme je le lui ai rappelé. Peu m’importe qu’elle soit une vraie medium ou non, du moment qu’elle se débrouille pour conduire Fox jusqu’à Forgotten Hollow.
Bien sûr, cher journal, je pourrais également aller sonner moi-même à sa porte, mais penses-tu qu’elle serait susceptible de croire les dires d’une vieille débraillée sortie de nulle part ?
De plus, cela ne ferait pas mon affaire car j’aimerais qu’elle rencontre mon père afin qu’il lui explique lui-même la partie sur le vampirisme. Or, il n’est lui-même pas au courant de mes manœuvres.
S’il l’était, il me faudrait lui dire pourquoi je déploie tant d’efforts pour Edith Faust et avouer qui elle est réellement pour nous.
Je doute fort qu’il apprécierait savoir qu’en la transformant, c’est sa propre descendance qu’il a précipitée vers les sales pattes de Méphistophélès.
Cette fois-ci, j’ai entièrement confiance en mon plan. D’après les bulletins scolaires que j’ai volés à Willow Creek, Fox était une élève modèle qui trouvait toujours le moyen de tirer Edith vers le haut, que ce soit au niveau des notes comme au niveau du comportement.
Si quelqu’un peut lui permettre de préserver une petite partie de son humanité, c’est bien elle. Et si Edith conserve son humanité, nous aurons du temps supplémentaire pour réfléchir à un plan pour anéantir l’ectoplasme pour de bon. Je place le destin du monde occulte entre vos mains, Charlotte. Bonne chance à vous.
À suivre...
Après toutes ces révélations, voici donc à quoi ressemble l'arbre généalogique de mon histoire
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
C'est même un peu tordu!
Mon dieu! Mais quelle vie cette mamie Lagrise a eu! Et tout ce qu'elle a fait pour sauver sa famille!
Aussi, comment elle a pu rester dans l'ombre, s'obliger à rester loin tout en restant proche. C'est incroyable.
Oui, elle sait manipuler les gens, mais c'est pour leur bien. Fort heureusement.
Elle n'aurait pas tenté de retrouver sa mère pour se confier à elle?
Reste que c'est très intrigant.
Super épisode! Comme toujours!
P.S. Je pense avoir reconnu Cecilia Veritas qui vient de ton autre histoire "L'académie Bleuhazur" dont ça fait longtemps que je n'ai pas lu un épisode et ça me manque.
Oui, je me doutais bien que l'arbre généalogique pourrait être nécessaire, surtout avec la branche Veritas où on peut ne plus trop savoir qui est qui
Du coup pour répondre à ton PS, c'est bien la même Cécilia
Merci à toi 🤗
Retour dans le présent, aujourd'hui ! Et aussi une petite info qui ne va rien changer pour vous : ce chapitre marque la fin de l'acte IV. Je n'avais pas prévu les choses comme ça mais en relisant les chapitres que j'ai d'avance l'autre jour, j'ai réalisé que je devais restructurer leur organisation. Orchestra Vampirica ne devait avoir que cinq actes, mais il en aura finalement six, autrement l'acte IV aurait été super long par rapport aux autres. Ça ne change pas le nombre de chapitres qu'il y aura à la fin, mais seulement la manière avec laquelle ils seront rangés
Charlotte et Ulrike étaient enfin parvenues à faire le déplacement jusqu’à Forgotten Hollow, le journal de Malvina à la main. Les récentes découvertes laissaient entrevoir un semblant d’espoir qui rendait la Brindletonienne nerveuse.
– Ne vous inquiétez pas, chercha à la rassurer Ulrike. De nous deux, ce serait plutôt à moi de me faire du souci.
– À l’heure actuelle, lui répondit Charlotte, Inna a dû récupérer le comte.
Elle l’espérait très fort, en tout cas. Cela faisait un mois qu’Inna était venue à Henford-on-Bagley pour évoquer la vieille loi pré-cordélienne autorisant un grand maître vampire à « réclamer » un humain dans le but de l’épouser. Néanmoins, Charlotte n’avait depuis eu aucune nouvelle. Et si Inna avait échoué ? Était-elle à présent enfermée à son tour dans le garde-manger d’Edith ?
Ce fut Lucian Bloodvein qui vint leur ouvrit, visiblement surpris de leur venue.
Le grand maître les conduisit sans le salon où Elvira Nightwood ne tarda pas à les rejoindre. Tous deux semblaient étrangement mal à l’aise.
– Nous sommes venues voir Inna, amorça Charlotte. Et… Vladislaus aussi, s’il est ici. Nous avons des révélations à leur faire.
– Quelles sont-elles ? demanda Lucian d’un ton méfiant.
Il leur cachait quelque chose. Sa voix trahissait l’expression d’une personne cherchant à gagner du temps. Ulrike prit la suite de Charlotte :
– Nous vous informerons également, mais nous souhaiterions leur parler en premier. Ce que nous avons à dire est important, mais aussi… personnel.
– C’est impossible, confia Elvira à mi-voix.
Tous se tournèrent vers elle. Charlotte s’attendait au pire.
– Leur est-il… arrivé quelque chose ?
Personne ne lui apporta de réponse.
– Je ne comprends pas, s’emporta-t-elle. Vous avez vous-même découvert la loi qu’Inna devait utiliser pour ramener le comte ici. Pourquoi n’êtes-vous pas allés à la Fledermaus avec elle afin de vous assurer que Yaritza respecte ce qui lui était légitimement imposé ?
– Ce n’est pas aussi simple, intervint Lucian. Pour commencer, « le comte » répond désormais au nom de Stanislav Istines et nous ne pouvons rien y changer. Cependant, Inna a brillamment réussi ce qu’elle a entrepris. Yaritza a bel et bien été forcée de respecter la loi.
[...]
Comme vous pouvez l’imaginer, la Furie Écarlate était furieuse. Elle a néanmoins libéré Vladislaus en interdisant quiconque de le transformer. Or, les humains sont à présent étroitement surveillés. Ainsi, ils n’ont par exemple plus le droit de quitter Forgotten Hollow.
Évidemment, Vladislaus n’a pas apprécié de se retrouver confiné dans son propre manoir. Pour lui, le seul avantage à avoir quitté la Fledermaus était de posséder une cellule plus grande. Nous ne savions guère comment l’aborder. Lui qui n’avait jamais été humain vivait très mal la transition, même s’il ne servait à présent plus de réserve de plasma et que sa peau et ses cheveux reprenaient des couleurs de jour en jour.
Durant les premiers jours, même Inna ne pouvait lui arracher le moindre mot. Il ne cessait de se morfondre, complètement submergé par ses émotions, lesquelles étaient autrefois réduites par le vampirisme.
– Ce n’est pas une vie, Inna. Pourquoi m’as-tu libéré ?
– Qu’aurais-je bien pu faire ? Si tu étais resté là-bas, Yaritza aurait fini par te vider intégralement de ton plasma. Maintenant, tais-toi et mange.
Au bout d’une semaine, Vladislaus est parvenu à s’ouvrir davantage à Inna. Nous ignorons les mots qu’ils se sont échangés lors de leurs discussions à l’abri des oreilles indiscrètes, mais il nous semble facile de deviner quels étaient leurs sujets favoris.
– Tu sais, lorsqu’elle est revenue des années après nous avoir quittés, j’ai immédiatement évoqué sa retransformation. J’étais aveugle. Tout ce qui importait était que je sois présent pour elle. Je n’ai pas su être le père dont elle avait besoin.
– Alors nous sommes deux mauvais parents. Les premières années, je l’ai observée de loin. Je l’ai vue vivre parmi les humains et en devenir une elle-même par choix lorsqu’elle est allée à la rencontre de ma famille de Glimmerbrook. Elle était heureuse et cela me suffisait amplement. Seulement, il était temps pour moi de rejoindre Lucian et Elvira à Moonlight Falls et j’ai cessé de surveiller notre fille.
– Tu n’y es pour rien, Inna. Nous ne pouvions pas prévoir que son bonheur, quel qu’il fût, serait éphémère.
– C’est vrai. Mais si nous avions veillé un peu plus sur nos enfants, peut-être seraient-ils encore parmi nous aujourd’hui. J’ignore tout de ce qu’a été la vie de Malvina après avoir emménagé dans cette grande maison avec cet homme. Ils avaient l’air très amoureux, tu sais...
– J’aurais aimé le rencontrer.
Les jours continuaient de passer et il devenait de plus en plus évident pour tout le monde que quelque chose était en train de renaître entre eux. Elvira et moi avons observé ce rapprochement avec une certaine appréhension.
Vladislaus vieillissait, à présent, et les Istines nous interdisaient de le vampiriser. Inna n’allait pas pouvoir le garder auprès d’elle éternellement. Lui-même le savait.
– Je ne veux pas que tu me regardes décrépir et mourir de vieillesse, Inna. Ce n’est pas l’avenir que je t’avais promis lors de notre mariage.
– Je ne t’abandonnerai pas une nouvelle fois. Je suis tout ce qu’il te reste… tout comme tu es tout ce qu’il me reste.
– Tu t’es déjà assez damnée pour ma personne, je ne tolérerai pas que tu fasses une croix sur ton bonheur pour moi.
– N’as-tu donc toujours pas compris, Vladislaus ?
– Que suis-je donc censé comprendre, ma douce ? Je dois fuir, c’est aussi simple que cela… Inna, que fais-tu avec ce verre ?
C’est ainsi que, sans nous concerter, Inna Cents a renoncé au vampirisme, devenant à son tour humaine.
Ce que Vladislaus n’avait pas compris était pourtant clair depuis le début : la seule raison pour laquelle Inna s’est transformée en vampire en premier lieu était pour rester aux côtés de son âme sœur. Elle-même n’a jamais cherché l’immortalité ou la puissance. Tout ce qui lui importait était de vivre dans une famille heureuse en dépit de la supposée damnation vampirique.
Les paroles qui vont suivre dans le texte proviennent de la chanson A quiet life, de Teho Teardo et Blixa Bargeld
– Tu veux partir ? Accordé. Mais dans ce cas, laisse-moi t’accompagner.
– Accordé.
Maybe this time I'll outwit my past
I'll throw away the numbers, the keys
And all the cards
La même nuit, Vladislaus et Inna ont quitté le manoir. Comme personne ne s’attendait à un tel retournement de situation, ils ont pu quitter le hameau sans aucune difficulté. Le lendemain, nous avions compris. Nous savions qu’il n’était plus qu’une question de temps avant que Yaritza ne l’apprenne et ordonne leur exécution, aussi sommes-nous partis à leur recherche.
At the outskirts of some city
I extinguish all my recent pasts
Become another man again
And have a quiet life
[…]
– Les avez-vous trouvés ? demanda Charlotte.
Plus le récit avançait, plus son issue l’inquiétait. Certes, Elvira et Lucian étaient pleinement dévoués à Vladislaus depuis des siècles, mais l’étaient-ils au point de trahir le régime de terreur imposé par les Istines ?
Ce fut Elvira qui en apporta la réponse :
– Ils n’avaient pas eu le temps de partir très loin, révéla-t-elle. Désormais humains, ils n’avaient plus les mêmes facilités de déplacement que nous. Leur seul moyen d’aller plus vite était d’opter pour un moyen de locomotion. Il leur fallait donc dépendre des horaires des transports en commun.
[...]
« Nous avons alors découvert qu’ils s’étaient arrêtés dans un vieux motel malfamé.
Lorsqu’ils nous ont vus entrer dans leur chambre, ils ont tout de suite compris. Cette situation n’aurait pas pu durer éternellement, de toute manière. Tôt ou tard, les Istines les auraient retrouvés et plus l’attente aurait duré, pires auraient été leurs souffrances.
I started once a new
In northern grey, in drizzling rain
In salted slush and bitter hail
But the order as always merciless
It wants to see me fail
So the hunter is now the hunted
Past voices call my name
I renounce my past to live again
Notre rôle était simplement d’apporter à Vladislaus et Inna une fin plus douce que celle qu’ils auraient connue.
A quiet life
A quiet life for me
A quiet life for someone
An acquired life for me
[…]
Les jours s’étaient écoulés. Charlotte passait à présent le plus clair de son temps à l’extérieur, lisant et relisant le journal de Malvina devant les tombes de la famille Straud.
Vladislaus et Inna n’avaient jamais appris la vérité sur la vie de leur fille. Ils n’en avaient pas eu le temps et cette réalité procurait à la Brindletonienne une désagréable sensation de frustration. Si elles étaient arrivées quelques jours plus tôt à Forgotten Hollow, Ulrike et elle, peut-être que les choses eurent été différentes. Les écrits de Malvina leur auraient sûrement donné le même espoir qu’à Charlotte.
Depuis la révélation de l’ascendance d’Ulrike aux grands maîtres, ces derniers lui fournissaient une formation intensive. Dans un premier temps, Elvira et Lucian n’avaient cru qu’à moitié les dires de Charlotte, mais un vieux carnet présent dans le manoir Straud avait permis d’authentifier le journal de Malvina grâce à l’écriture de la vieille dame.
Les grands maîtres voyaient probablement en la tante d’Edith une solution contre l’autorité de Stanislav. Après tout, l’ancienne gouvernante de la Fledermaus était, tout comme lui, une héritière potentielle de Vladislaus Straud. Elvira et Lucian devaient sans soute la préparer à un affrontement décisif pour l’avenir du monde vampirique.
L’hypothèse de Charlotte se vérifia un soir, alors qu’Ulrike l’avait rejointe pour lui faire part de la décision des grands maîtres. Comme la Brindletonienne l’avait supposé, l’entraînement de la vampire avait bel et bien un objectif précis.
– D’un point de vue légitime, lui confia Ulrike, Stanislav passe avant moi car contrairement à lui, je ne suis pas née vampire. Mais d’après Elvira, j’ai le droit de le défier pour revendiquer l’héritage de… notre grand-père.
La formulation arracha un sourire à Charlotte. Vladislaus s’en serait certainement retourné dans sa tombe. Mais la Brindletonienne reprit rapidement son sérieux.
Un détail la préoccupait.
– Elvira se doute-t-elle seulement que vous n’avez que très peu de chance face à votre cousin ?
– C’est pourquoi nous allons patienter quelques années avant d’ouvrir les hostilités, répondit la vampire. Je pars terminer ma formation vampirique à Moonlight Falls. Elvira en est la dirigeante. Elle pourra faire croire à Yaritza qu’elle y a des affaires urgentes à régler. Cela justifiera son absence.
La fantôme n’était pas sereine du tout. Ulrike avait-elle seulement conscience de la dangerosité d’un tel périple ?
Comme si elle avait lu dans ses pensées, la vampire eut un sourire bienveillant.
– Rassurez-vous, Charlotte. Tout ira à merveille pour moi.
– En êtes-vous sure ? Vous serez seule en terrain inconnu avec Elvira Nightwood. Comment pouvez-vous…
– Comment puis-je être certaine qu’Elvira ne cherchera pas à se débarrasser de moi comme elle s’est débarrassée de Vladislaus ? Lucian et elle se doutaient de votre méfiance. C’est pourquoi ils m’ont chargée de vous demander de vérifier leur bonne foi par vous-même. Faites une plongée spectrale dans la tombe de ma grand-mère.
Charlotte ne voyait pas le rapport. Elle finit cependant par céder devant le regard de son acolyte. Décollant légèrement du sol, la Brindletonienne fondit alors droit dans la stèle qui lui faisait face.
Elle n’en ressortit que quelques secondes plus tard, l’air complètement désorientée.
Quelque chose n’était pas normal, aussi renouvela-t-elle l’expérience, cette fois-ci dans la tombe de Vladislaus.
– Je ne comprends pas, dit-elle à mi-voix. C’est impossible. Je devrais voir quelque chose. À moins que…
Ulrike lui offrit un large sourire. Alors, Charlotte comprit.
– Personne ne doit le savoir, intima l’ancienne gouvernante. C’était…
– La seule solution, compléta la Brindletonienne qui avait à présent beaucoup de mal à contenir sa joie. Je comprends. C’est entendu, Ulrike. Suivez Elvira et débarrassez-nous des Istines une bonne fois pour toutes !
[...]
L’homme avait enfin achevé toute la partie administrative ! Une chance que la mairie de Windenburg lui eût accordé ce prêt. La maison était désormais à lui.
– J’espère de tout cœur que vous y serez heureux, lui dit le maire. Le lieu était un ancien commerce à l’abandon. Lorsqu’il était dans la force de l’âge, il avait pour nom la Place du Marché.
– Pour ma part, répondit l’homme, j’espère avant tout parvenir à le réaménager un jour.
L’homme avait conscience que cela ne serait pas facile. Cependant, il avait signé en parfaite connaissance de cause : ce n’était pas pour rien que le terrain était à un prix aussi bas.
Le logement ne comportait en l’état qu’une pièce habitable. Il n’appartenait désormais qu’à lui de transformer les autres pièces en un foyer confortable. Bien sûr, il lui fallait pour cela disposer de fonds suffisants et d’un minimum de connaissance en travaux. Avec un peu de chance, se disait-il, cette situation lui remémorerait peut-être des détails de son ancienne vie mais il n’était pas certain de réellement avoir un passif de maçon…
Les clés désormais en poche, l’homme entreprit de visiter la bibliothèque. Celle-ci avait l’avantage d’être très proche de chez lui, ce qui lui serait très utile les premiers temps, lui-même n’ayant pas d’ordinateur personnel. En un an, il avait travaillé dans divers commerces pour gagner sa vie mais aspirait désormais à mieux. Maintenant qu’il était propriétaire, il tenait à exercer un métier qui lui tenait à cœur.
Arrivé sur place, l’homme fut quelque peu étonné d’y voir aussi peu de monde. Après réflexion, il se dit que les Windenbourgeois devaient travailler comme tout le monde, en pleine semaine.
– Bonjour, tenta-t-il auprès de la première personne qui croisa son chemin. Je cherche des ouvrages de compétences. En auriez-vous à me conseiller ?
– Je suis désolée, lui répondit la femme, mais je ne travaille pas ici. Je crois qu’il y a une bibliothécaire par là-bas.
Sans un mot de plus, l’inconnue poursuivit son chemin en se dirigeant vers la sortie.
– Bon courage, comte Straud.
L’homme se retourna interloqué mais s’aperçut qu’il était tout seul. Probablement avait-il rêvé mais pendant une fraction de seconde, il avait cru que la femme s’était adressé à lui.
Conformément à ce qui lui avait été dit, une bibliothécaire se tenait bel et bien dans la salle attenante.
– Je suis à la recherche d’un livre sur le solfège.
– Les livres de compétences sont à l’étage, je vous accompagne. Vous souhaitez vous lancer dans une carrière musicale ?
– C’est simplement un passe-temps pour commencer. Je ne sais pas si je possède des compétences pour un quelconque instrument…
L’homme s’arrêta net devant le regard intrigué de son interlocutrice. Il sentit son visage s’empourprer et tenta de se rattraper, peu désireux de devoir expliquer à une inconnue que ses plus anciens souvenirs remontaient à cette étrange nuit au beau milieu de nulle part, un an plus tôt.
– Je veux dire que je ne sais pas si j’ai suffisamment de talent pour prétendre à un poste en la matière. Sans compter qu’il me faudrait le bon réseau professionnel alors que je ne connais personne ici.
Son rougissement empirait de seconde en seconde. La pauvre bibliothécaire n’était pas payée pour l’entendre se plaindre ! Honteux, il marmonna quelques formules d’excuses à la jeune femme, mais celle-ci le regardait à présent avec un grand sourire.
– Il n’y a aucune honte à cela, vous savez, lui assura-t-elle en poursuivant la montée des marches. Si cela peut vous rassurer, je ne suis ici que depuis quelques mois. Je ne travaille à la bibliothèque que pour payer les cours de droit auxquels j’assiste le soir. Cela ne me laisse pas vraiment le temps de rencontrer du monde.
– J’espère que cela ne vous frustre pas trop.
– Un peu, mais je me dis qu’une fois diplômée, j’aurai plus de temps devant moi. J’en profiterai pour partir aussitôt en voyage.
– Avez-vous déjà une destination en tête ?
– Le mont Komorebi m’attire beaucoup. Saviez-vous qu’il s’agissait de l’une des plus hautes montagnes du monde ?
– Je l’igno…
L’homme marqua une pause, l’esprit ailleurs.
– Maintenant que vous en parlez, reprit-il, je crois avoir déjà entendu cela, en effet.
Tous deux s’observèrent en silence avant de baisser le regard, chacun étant parcouru d’un petit rire embarrassé.
– Je m’appelle Vadim.
– Et moi Irène.
Ils étaient à présents arrivés devant la collection de livres de compétences. Vadim remercia chaleureusement la bibliothécaire, qui s’apprêtait à tourner les talons pour redescendre.
Cependant, au dernier moment, Irène s’arrêta et se redirigea vers l’homme.
– Je n’ai pas cours, ce soir, et je termine dans deux heures à peine. Que diriez-vous d’aller discuter autour d’un café après mon travail ? C’est juste à côté de la bibliothèque.
– Accordé. Je vous attendrai bien sagement à une table avec mon livre à la main. Mais uniquement si vous me laissez payer l’addition !
Irène eut un sourire flatté.
– Accordé, répondit-elle.
Finalement, se dit Vadim, l’aménagement à Windenburg promettait d’être plus intéressant que prévu.
À suivre...
À quoi pouvait bien ressembler cette blague ? Sûrement quelque chose comme "Eh, Vlad, nos petits-enfants sont à couteaux tirés et ne vont pas tarder à se battre pour savoir qui prendra ta place en tant que comte !"
J'ai trouvé le motel dans la Galerie
La Place du Marché est une construction de popinette113 pour son challenge du même nom.
Concernant les poses :
- Les poses de danse sont de Beto
- Les poses de couple sont de Joanebernice
- Les poses où Vlad et Inna courent sous la pluie ainsi que celle d'Inna inconsciente dans les bras de Vlad après avoir bu le remède sont de Natalia Auditore
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
Un livre se ferme et un autre s'ouvre.
Ils sont vraiment faits pour s'aimer ces deux-là.
J'étais triste d'apprendre leur mort et je me disais: "Non! C'est pas possible!" Alors quand je les ai vu à la fin, je dois dire que je suis plutôt contente!
C'est cool un challenge dans un challenge!
Super épisode! Comme toujours!
Et c'est très émouvant. Comme toujours!
Chapitre 57: sacrée révélation dis donc, je ne m'y attendais pas! Ainsi Malvina (et donc Vladislaus) ont un lien familial avec Edith!
En tout cas Malvina a eu un début de vie humaine heureuse, ça fait plaisir de savoir qu'elle était épanouie avec son mari, à retaper leur maison (d'ailleurs n'est-ce pas un challenge en particulier ;ça me dit quelque chose?)
Chapitre 58: Oh la la, tout est donc lié, aucune coïncidence dans la venue d'Edith, puis de Charlotte à Forgotten Hollow.
Ce Méphistophélès... il a dû vraiment se frotter les mains d'avoir réussi à prendre Edith dans ses filets après avoir loupé son coup avec sa...grand-mère du coup ! (ça me fait bizarre
Une sacrée histoire de famille!! Et clairement, tous ces décès sont l'oeuvre de Méphisto, j'en suis persuadée...quelle saleté
Pauvre Mamie Lagrise, le temps du bonheur familial aura été bien court
Chapitre 59: Je vais vraiment de surprise en suprise ce soir! Inna Cents qui se transforme en humaine pour être auprès de son Vlad pour toujours, c'est tellement touchant... ils sont adorables tous les deux et semblent tellement faits l'un pour l'autre! J'aurais voulu qu'ils démarrent une nouvelle vie sous leur forme humaine, alors quelle tristesse quand j'ai vu (cru) qu'ils avaient été tués
Finalement leur mémoire a été simplement effacée, quel bonheur! J'ai eu du mal à reconnaître Inna sur le coup, mais j'adore le nouveau look humain de Vlad