Je ne peux pas me résoudre à éliminer Papy Kéno, je l'aime beaucoup trop
Mais Kéno, Hélène, Nathalie et Jonathan sont bien au chaud dans ma galerie, et plus dans le monde où ils vadrouillaient peinards de ville en ville pour venir voir Lou et taper la discute' autour d'un café-croissant ! Ils me tapaient sur le système à faire des "Coucou je suis pas en pleine guerre civile !" au second plan sur mes photos xD
"J'aurais voulu vivre au pays des Bisounours pour toujours, mais ils m'ont virée quand j'ai fait mon premier commentaire sarcastique."
Tu m'étonnes que ça devenait pénible à la fin de les voir squatter sur les photos x) Au pire tu en fais tes pires ennemis, sûr qu'ils ne se ramèneront plus jamais après
Les valises sous nos maigres bras, Meggie et moi nous dirigeâmes vers le centre-ville. Malgré la nuit tombante nous espérions trouver un toit sous lequel nous abriter pour la nuit, mais en dépit de toute espérance, les portes des hôtels restèrent closes et les agences nous renvoyèrent au son de notre accent.
Drôle de pays vraiment, avec cette profusion de gens des contrées voisines, cette nourriture pleine de mixité, ces mots empreints d’amour et de promesses d’accueil, de solidarité, où pourtant l’étranger ne trouve que des portes verrouillées.
Réduites à l’errance, Meggie et moi marchâmes en silence dans les dernières lueurs du jour, jusqu’à la campagne proche et pourtant si lointaine pour nos pieds fatigués. Enfin nous trouvâmes un coin de pelouse abrité du vent et de la pluie, et nous pûmes manger ce que nous avions pris avec nous ; avant de nous endormir blotties l’une contre l’autre sur un banc de bois.
- Mademoiselle ? Réveillez-vous, entendis-je un homme m’appeler depuis mon sommeil agité.
- Qui êtes vous ? baillais-je, la bouche pâteuse.
Il faisait totalement nuit, et même les lampadaires ne diffusaient plus leur lumière terne et inquiétante. L’homme qui m’avait tiré de mes rêves était barbu et tenait une lampe torche.
- Mademoiselle, c’est la police, vous ne pouvez pas dormir là, c’est interdit.
- C’est interdit de dormir sur un banc ?
- Oui.
- Quand on a pas de maison ?
- Oui.
- Mais alors où on dort ?
Le policier eut l’air gêné de celui qui n’a pas l’habitude qu’on le questionne.
- C’est pas ton problème Didier, tu les dégages et on va au banc d’après.
Je ne voyais pas le deuxième homme, mais distinguais le rougeoiement d’un bout de cigarette non loin de nous.
- J’ai nul part où aller, et j’ai ma sœur de neuf ans avec moi alors excusez-moi mais je pense que celui qui me vire du seul endroit qu’on a trouvé pour dormir est concerné.
- Vous n’avez vraiment nul part ? Des parents, des cousins ?
Malgré mon envie forte de répondre par un sarcasme à cette question des plus idiotes, je me retins.
- Non monsieur, fis-je avec mon plus beau sourire de petite biche innocente.
Didier se tourna vers son collègue et se gratta l’arrière de la tête. Le fumeur s’approcha finalement de moi, et me présenta sa bedaine impressionnante et une moustache frisant le ridicule. Il approchait l’âge de la retraite, et dégageait une forte odeur de transpiration et de tabac froid mêlés.
- Bon pitchoune, je connais une dame qui loge les sans-abris quand c’est important, alors comme y’a la môme, je vais t’envoyer là-bas. Mais fais-moi une faveur, dis pas que tu viens de ma part.
- Je connais pas votre nom, lui fis-je remarquer d’un air narquois malgré moi.
Finalement, le moustachu puant me tendis un bout de papier gras ; sans doute l’emballage d’une nourriture quelconque ; sur lequel se trouvait inscrit un numéro de téléphone.
- Meggie ma puce, réveille toi..
- Entrez mes chéries, vous avez l’air frigorifiées ! nous accueillie une vieille dame à la porte d’un bâtiment délabré.
On entendait les bruits de conversations houleuses de ceux qui se trouvaient déjà à l’intérieur.
- Alors, qu’est-ce que vous faites dans la rue ?
Meggie et moi nous jetâmes un rapide coup d’œil.
- Et bien, on a du partir précipitamment, et malheureusement les gens ne semblent pas très disposés à nous recevoir.
- Laissez-moi deviner, vous êtes Beanlandiennes !
- Comment tu sais ça toi ? laissa échapper Meggie en se levant d’un bond.
La mamie bien que surprise garda un ton doux en lui répondant.
- Ne t’inquiètes pas, je n’ai rien contre vous. Mais beaucoup de gens ici pensent, depuis que c’est la guerre chez vous, que vous êtes tous des tueurs, des tyrans, des mafieux comme la famille qui vous dirige. Ils ne voient pas que les gens qui fuient la guerre ont besoin d’être secourus. Regardez-vous, vous êtes belles comme des coeurs, de vrais amours, polies et gentilles, vous n’êtes pas dangereuses comme les Bean. Vous avez de l’argent pour trouver une maison ?
Après le discours de la vieille, Meggie se rassis avec crispation. Bien que j’eus pensé que ce fut par peur, je vis ses petits poings serrés trembler, et je sentais presque son sang bouillir.
- Oui oui, tout à fait, intervins-je avant que ne se déclenche un bain de sang qui n’aurait pas arrangé nos affaires.
- Bien, je vais arranger la situation, j’ai des relations voyez-vous ! nous dit-elle avec un clin d’oeil. Nous vous inquiétez plus, c’est réglé ! Allez dormir un peu, et au matin je vous aurais trouvé une maison.
Assises sur le lit double d’une chambre minuscule, je pris Meggie dans mes bras.
- La guerre ne durera pas toujours, lui dis-je
- Quand je rentrerai, je remettrais ces traîtres d’insurgés à leur place.
Je ne pu que pousser un petit cri de surprise face à cette déclaration, et ouvrir de grands yeux.
- Quoi ! Faut bien qu’il apprenne qui c’est les boss dans leur pays !
- Mais, si le peuple se soulève, c’est qu’il veulent changer les choses ma belle.
- Pour un pèquenot qui sort dans la rue avec une hâche, y’en a au moins 20 qui en ont rien à secouer. C’est la révolte d’une minorité armée.
Je reconnus derrière ce discours trop bien appris l’oeuvre d’un adulte.
- Qui t’as dit ça Meggie ?
- C’est Marine qui en parlait avec Céline l’autre jour. Elle disait qu’il fallait pas se laisser impressionner pas tout ces homi.. homo.. honidés..
- Hominidés ?
- Oui voilà.
Je mis sur ce un terme à la conversation comme la rage montait en moi d’entendre des propos politiques sortir de la bouche d’une enfant de neuf ans que l’on m’avait confié pour l’écarter de tout cela. Couchée sous les couvertures, je tournais et me retournais de nombreuses fois avant de trouver le sommeil. Un sommeil troublé par des rêves de violence, de passion et d’yeux bleus.
Le lendemain matin ainsi que nous l’avait promis la vieille, nous avions une maison. Le propriétaire était lui aussi un vieux, avec front dégarni et tout le package. Il nous tendit les clés avec un air fatigué, comme si la vie l’avait laissé ébahi, choqué, impuissant.
- J’espère que ça ira pour vous mes petites, moi j’ai rien contre les étrangers alors si je peux aider deux ch'tiottes, nous dit-il avec un fort accent paysan.
- Merci Monsieur, lui répondit Meggie d’une petite voix.
Si sa voix était petite, c’est que nous avions mal dormi, le refuge accueillait tout types de gens dans le besoin, et la détresse n’aidant pas à garder son calme, beaucoup de disputes éclataient dans les couloirs. Meggie avait peur, et se serrait contre moi sous les couvertures.
Après avoir réglé les détails avec le propriétaire de la maison, nous pûmes enfin en faire notre chez nous. Composée d’un petit salon, d’une cuisine lumineuse, de deux petites chambres et d’une salle de bain vraiment petite, notre nouvelle demeure gagnait beaucoup en charme grâce à un jardin foisonnant.
Il serait facile de s’y plaire.
Alors que je posais mes affaires dans les commodes de ma chambre, j’entendis Meggie à travers le mur, s’allonger sur son nouveau lit. Déjà endormie.
Maintenant qu’elle vivait ici, elle irait dans une autre école, et j’espérais déjà les réunions d’enfants dans le jardin, les soirées pyjamas avec ses copines, et le bonheur peint sur le joli minois de ma soeur. C’est sur ces pensées reposantes que je m’endormis sur le canapé.
Le silence était intense ici, et il était donc très facile de s’endormir pour de longues heures sans que rien ne nous réveille. Ce n’est donc que les jeux de Meggie dans le jardin qui me tirèrent de mon sommeil dans l’après-midi, et je constatais avec plaisir qu’elle jouait dans l’herbe comme une vraie enfant.
- Lou ! Lou ! Lou ! Tu veux jouer avec moi ? s’excita ma petite soeur
- Evidemment ! Alors je suis qui moi ? lui répondis-je en souriant jusqu’aux oreilles.
Et la vraie vie commença, une vie sans peur constante d’une explosion, d’une bagarre, ou de se faire zigouiller.
Je regardais les informations chaque jour, mais il n’y avait rien de particulier concernant notre pays, d’autres sujets avaient enfin pris la place de la Grande Révolte dans le fil des actualités. Manifestations, grèves, inondations, une journée normale dans ce pays d’anarchistes. Rien que des Bean n’auraient pu régler.
- Arrête de penser comme une dirigeante ma fille, m’intimais-je.
Avec régularité, les journées s’écoulaient autour de nous. J’avais désormais un emploi dans une entreprise de vente de trombones (pour les feuilles, pas l’instrument), et je passais donc huit heures chaque jour à classer des documents, appeler des clients et vendre des trombones comme si c’était merveilleux. C’était un travail qui n’envahissait pas ma vie, et j’en étais donc plutôt satisfaite, je travaillais derrière mon bureau au milieu des autres bureaux, je souriais à mes collègues même les plus méchants, et je n’en demandais pas plus. Je n’étais pas contrebandière de l’espace, ni agent double, ni grande patronne de la mafia, ni même flic, j’étais juste vendeuse de trombones, et qu’est-ce que c’était bon de ne pas avoir le poids du monde sur les épaules !
- Les autres enfants sont bizarres dans ma nouvelle école, je sais pas ce qu’ils préparent mais ils viennent me parler et tout. Ils jouent les gentils pour mieux me poignarder ensuite, les petits bâtards.
C’était le soir et on mangeait.. quelque chose que j’avais totalement raté. On avait l’habitude de se raconter nos journées à table, bien que mon travail ne passionne pas ma soeur. Elle m’écoutait gentiment, retenant le moindre détail car elle savait que j’avais besoin d’évacuer ma journée ; quant à moi je l’écoutais avec attention, passionnée par sa vie.
- Tu es sure qu’ils sont pas juste gentils ?
- Juste gentils ? Comment ça ?
- Et bien, gentils sans arrière pensée, pas pour préparer un mauvais coup.
- Je comprend pas.
- Pourquoi tu pense qu’ils vont te faire du mal ensuite ?
- C’est des gens. Les gens font ça.
- Meggie, je pense qu’ils sont juste gentils, tu devrais essayer d’être gentille avec eux toi aussi.
- T’as un plan pour se venger ?
Irrécupérable.
Le lendemain matin, je me décidais à tenter l’élaboration d’œufs brouillés, et ma réussite fut telle que Meggie décida de ne déjeuner que de jus d’orange.
- Tu vas appliquer le « plan » aujourd’hui ?
- Je vais voir, s’ils sont gentils je les taperais pas et puis on verra ce que ça donne. Faut que j’y aille !
- Attends ! Le mot de ta maitresse c’est parce que tu tapes les autres ?
Je parlais dans le vent, elle était partie en courant prendre son bus.
Après le travail, je ressorti ma vieille guitare et me mis à jouer dehors, et une fois ses devoirs finis (j’ose espérer), Meggie vint m’acclamer comme nouvelle super star mondiale du rock ; ce qui était un peu exagéré mais pas tant que ça !
De son côté, elle s’était mise au violon et pour ne pas le décourager je l’applaudissais à mon tour.
- Ah ! Ah oui je connais ce morceau ! C’est.. attends.. non je l’ai perdu..
- Bon alors aujourd’hui, t’as prévu quoi pour l’école ?
- C’est la journée des amis, alors j’emmène Jeremy mon feu follet de compagnie ! s’écria ma soeur avec un sourire radieux.
- Ton.. Je crois que la journée des amis c’est pour se faire des amis ma puce.
- Je suis pas prête pour ça, j’ai pas encore découvert ce qu’ils mijotent cette bande de rats. Et puis on est censés écrire un mot pour les camarades qu’on aime bien, mais déjà j’aime pas les machins mielleux, et puis j’aime que moi. Je vais pas m’écrire un mot, ça ferait circonspect.
- Narcissique ?
- Narcissique c’est pas tout ce qui est à la campagne ?
- Agricole.
- Oui voilà.
- Du coup tu emmène Jeremy le feu follet.
Pendant une seconde, j’eu peur qu’elle se prenne des coups pendant sa journée d’école, puis je me souvins du mot de sa maitresse et une autre peur me saisie.
- Meggie, tu ne tapes pas les autres, même s’ils t’embêtent okay ? J’ai pas envie d’être convoquée par ta maîtresse deux fois en une semaine.
- Bon d’accord, accepta Meggie d’un air penaud.
Journée des amis de mes fesses ouais, me dis-je à moi même au déjeuner, complètement seule dans le réfectoire.
A l’occasion de la journée des amis, tous mes collègues avaient préparés une journée pique-nique au bord d’un lac et ne m’avaient pas prévenus. Je me retrouvais donc seule au bureau, avec mes piles de documents et mes ventes de trombones au ralenti.
- All by myself .. me mis-je à chanter en touillant mon café.
En rentrant du travail cet après-midi là, je tombais sur une scène incongrue qui me remonta le moral à point nommé ; et m’empêcha un peu d’assouvir mon envie la plus urgente : pleurer son ma couette.
Meggie s’était enfin décidée à se faire des amis.
Une entreprise de trombone !!! Il fallait y penser !! En tout cas, ces collègues n'ont pas l'air super sympa...
Meggie me fait rigolé à croire qu'on va lui jouer un mauvais tour. J'espère qu'elle va tout de même se faire des amis (avec un bon caractère !)
Ah une nouvelle vie, enfin belle et sereine... ou pas. Qu'elles fassent gaffe quand même, les 2 mômes sur le jeu ont un petit air démoniaque.... la suite, la suite !!! Narcissique et légèrement paranoïaque (mais pas circonspect). Ils sont bientôt de retour...
Les enfants avaient l’air de beaucoup s’amuser sur leur échelle, et s’il y avait une chance que Meggie se décide à effacer sa moue méfiante et à participer je n’allais pas interférer. Aussi partis-je prendre un bain.
- Bonjour madame, me dit une gosse haute comme trois pommes sur le chemin de la salle de bain.
- Bonjour petite.
- Eh Meggie, elle est super jeune ta maman.
- Ah bon ? Moi je trouve pas. Mais d’où tu connais ma maman toi ?
- Je l’ai croisé en sortant des toilettes. Elle est belle aussi.
- Mais c’est pas ma maman ça ! C’est Lou ! C’est ma grande soeur !
- Elle est drôlement vieille pour une grande soeur.
- Insulte pas ma soeur Sophia ! Tu la connais pas, c’est la meilleure des soeurs, elle s’occupe de moi toute seule !
- Non mais je l’insultais pas, je trouve qu’elle est grande pour être ta soeur c’est tout.
- Elle fait une taille parfaitement normale, arrête de te moquer d’elle, c’est pas facile tous les jours d’être quelqu’un comme elle, elle a pleins de problèmes !
Je revins à ce moment là de mon bain, j’étais plutôt flattée de voir ma petite soeur me défendre aussi fortement, mais en même temps j’avais envie de lui gueuler dessus « Mais tu vas te calmer ouais ! » parce que niveau susceptibilité elle se pose là.
- Et pourquoi elle s’occupe de toi toute seule d’abord ? demanda l’autre petite fille blonde.
Une ombre se posa sur le visage de ma puce, et si un instant je crus que ça risquait le bain de sang, je compris à ces mots que ce n’était pas le problème.
- Parce que mes parents, ils sont morts ! Voilà !
Et de partir en courant se réfugier dans sa chambre.
J’entrais à sa suite à pas feutrés en l’appelant doucement.
- Quoi ! On peut même plus être tranquille pour pleurer ! C’était une mauvaise idée d’avoir des amis voilà !
Je ne savais pas vraiment quoi répondre à ça, mais je pouvais toujours m’asseoir et attendre la suite.
- Et puis d’abord, pourquoi on rentre pas, aux infos ils disent plus jamais rien sur nous, ça doit aller mieux.
- Ma puce, pourquoi tu penses que notre famille est ..
Meggie me regarda quelques secondes, les larmes faisant briller son joues.
- Morte. Il faut dire morte, ça veut rien dire « notre famille est .. ».
- Pourquoi tu penses ça ?
- J’ai reçu une carte postale.
- Quoi ! Et tu me l’as pas dit ! Y’a écrit dessus qu’ils sont morts ?
- On était pas si proche, et non, mais y’avait une photo avec.
Meggie se lève, et sort une clé d’une poche secrète avant d’ouvrir un tiroir de son bureau. Sous une pile infâme de déchets en tous genres, sa main atteint une couche de papiers rangés selon un code de couleur. Dans le rouge, elle prend une photo et me la tend.
La photo a déjà prit les couleurs du temps, et je vois les traces laissées par des larmes. Celles de ma soeur.
C’est chez nous, et pourtant rien n’est plus pareil. Les murs de la maison, auparavant si hauts et fiers, s’écroulent au sol et laissent à l’air libre la chambre de ma mère. Les plantes tentent l’ascension de la maison, et envahissent le marbre et le toit. La terre, les plantes, tout a brûlé et désormais je ne reconnais plus vraiment l’endroit où j’ai joué avec Céline toutes ces années.
Une larme s’écrase sur la photo et je cligne des yeux de surprise, en faisant tomber d’autres.
Je suis prise de sanglots, et je ne peux plus rien faire pour les retenir. Après tout, je n’ai pas de rôle à tenir alors j’ai le droit de pleurer tout mon saoul. Meggie me prend dans ses bras, et me berce comme si j’étais l’enfant et elle l’adulte. Je me blottis contre elle et me laisse aller à mes larmes.
Doucement, elle me reprend la photo et la pose à côté de nous. J’ai envie de la déchirer en petits morceaux, des miettes, de la réduire en poudre que je soufflerais dans le vent pour l’effacer. Mais les larmes continuent de couler sur mes joues comme des torrents, je renifle, je tousse un peu, mais je continu de me vider de toutes mes larmes.
- Tu vas te déshydrater si tu continu comme ça tu sais.
- C’est pas grave, ça fait du bien, je bredouille entre deux poussées d’eau salée.
Ils sont surement morts c’est vrai. Je me plaisais à croire que j’avais fait mon deuil de les revoir un jour, mais comme ma mère disparait un peu dans l’ombre, comme mon grand-père se change en spectre, comme ma grand-mère perd sa substance, je découvre la vraie douleur. Se rouler sur soi-même pour devenir si petite que je retournerais dans le ventre de ma maman, protégée. Mais elle n’est pas là, et elle ne me consolera jamais de toutes les peines que j’ai subi. Et pourtant j’ai tant de peine maintenant.
- Lou, me rappelle à la raison ma soeur.
Je lève les yeux vers elle, et dans le brouillard de mes larmes je ne vois que sa chevelure rousse et je pars d’un rire heureux. Elle est là, je la vois.
- Ca y est, elle devient dingue. Trop de pression.
- Maman est là, regarde tes cheveux.
- Mes cheveux ?
- Tu es rousse ! Et moi, moi..
- Tu as le même nez. Et le même sourire ! répond Meggie en souriant elle-même. Enfin là, il est plein de morve ton nez.
Je regarde autour de nous, et je vois John. Le petit beanizateur de Meggie, un dessin à la craie d’un corps par terre, une photo d’elle en uniforme. Elle est partout. Et moi je m’essuie le nez. Je me sens mieux maintenant que je sens ma mère autour de moi.
- Retourne jouer ma belle. Ils ont l’air gentils tes copains.
- Mais et toi ?
-T’inquiètes, promis si je me remet à pleurer je bois de l’eau pour me réhydrater !
J’entendis Meggie repartir dehors, et le brouhaha inquiet de ses camarades avant de m’asseoir sur l’espèce de banc hors-de-prix qu’elle avait exigé sous peine de retenir sa respiration jusqu’à ce qu’on cède.
*bzz bzz* me dit mon téléphone depuis ma poche.
« Salut Lou, c’est Céline, je sais que tu ne veux plus me parler mais je voulais savoir si tu vas bien. »
Que répondre, encore une fois le sujet Céline était complexe. Elle m’avait caché ces travaux secrets au sous-sol, à moi, sa meilleure amie de toujours. Elle avait installé un laboratoire secret dans la cave de notre maison, avec tout l’attirail nécessaire à une bonne séance de torture et à l’emprisonnement. Sans compter la présence du portail spatio-temporel et des nombreux Beanizateur. Et comment s’était-elle retrouvée avec les dossiers de ma famille ?
Et pourquoi est-ce que je brûlais autant de la voir et de me serrer contre elle pour pleurer ?
Avec un énorme soupir comme moi seule en ai le secret, je me décidais à lui répondre.
Au bout de cinquante versions différentes, je parvins enfin à trouver une formule correcte pour mon message.
« Salut, on va bien t’inquiètes pas. Passes à la maison si tu veux ; je suis sure que tu sais où c’est ; on pourra discuter. »
J’examinais mon texte avec minutie, et trouvais qu’il contenait assez de gentillesse et de rancune. Envoyer !
Je l’attend avec fébrilité, plantée devant le miroir de la salle de bain.
- Allez ma cocotte, on se motive ! C’est quoi cette tête d’insomniaque là, y’a du boulot.
Sur mon visage, les larmes ont laissé des trainées sèches qui me grattent, des cernes violettes me rendent blafarde. J’ai envie de prendre une douche, mais je n’ai pas le temps et il y a des enfants partout dans la maison. D’ailleurs, je ne les entend plus, et je me dis que je devrais peut-être les surveiller. « Y’a rien de plus dangereux qu’une Meggie par ici, ça devrait aller. » me dis-je pour me rassurer.
Un coup de peigne rend ma tignasse ingérable et je m’attache les cheveux comme je peux. Un peu de maquillage et la porte sonne avant que je fasse le deuxième oeil.
« Flûte ! » je m’exclame (enfin j’ai pas vraiment dit « flute » hein) et je boucle le boulot en trois secondes et demie.
Je porte un vieux t-shirt qui laisse dépasser un soutient-gorge noir pas hyper joli, mais je n’ai plus le temps.
Céline est là, derrière la porte vitrée et elle me regarde avec ses grands yeux bleus qui me fixent dans mes rêves.
Je me racle la gorge en posant la main sur la poignée, et j’ouvre.
- Entre, bienvenue chez moi.
C’est la seule chose normale que je trouve à dire, et mon ton me parait beaucoup trop cordial, comme pour un entretien, alors j’ajoute « Fais comme chez toi, mets toi à l’aise ! Retire tes chaussures et tout. » et c’est finalement pas assez cordial. Je jure dans ma tête : Flûte !
Céline a l’air mal à l’aise et s’installe finalement sur le canapé.
- C’est.. petit, mais chaleureux. Je te retrouve bien.
Je m’assoie également, au bout du canapé comme si je me méfiais et un silence gênant gagne l’atmosphère.
- Tu as le bonjour d’Alfred.
Je hoche la tête, elle meuble le silence. Je la regarde en l’intensifiant encore.
- Et la petite soeur de Cameron est arrivée en ville. Leurs parents sont décédés. De vieillesse bien sur, chez eux c’est tranquille. Elle est au lycée.
- La petite Hélène Trois ?
C’est à son tour de hocher la tête en silence.
- J’aurais du t’en parler.. pour la cave. Je sais, mais quand j’ai reçu mon ordre de mission c’était spécifié qu’il était formellement interdit de te mettre au courant. J’en ai parlé avec les autres ; pas tous bien sur, tous ne bossent pas pour .. - elle balaye la pièce du regard et baisse la voix - .. la famille. Ils ont tous insisté pour que je me taise, alors je l’ai fait. Mais ça me rongeais je te jure ! On avait une enfant dans la maison bon sang, j’étais terrifiée. L’autre fois j’allais t’en parler, mais tu es descendue avant et puis..
Les questions se bousculent dans ma tête.
Pourquoi elle m’en aurait parlé ce jour-là ? Qui lui avait donné cet ordre ? Est-ce que tu m’aimes ? Est-ce qu’ils sont vivants ?
Je pense à ma mère et je me demande ce qu’elle aurait dit d’une relation avec une femme. Elle était un peu raciste, je me souviens, était-elle homophobe ? Est-ce que je dois parler d’elle au passé ? Je choisis une question et je me lance :
- Pourquoi ce jour-là ?
Avec un regard surpris de ma question, Céline commence lentement à parler en détachant beaucoup ses mots.
- Tu étais partie, sans rien me dire, et je me suis sentie trahie. Et j’ai réalisé que c’est ce que je faisais en te cachant tout ça. Je te trahissais, chaque jour, à chaque seconde. Et c’était insupportable de me dire que tu me détesterais.
- C’est toi qui a rompu avec.. Quentin, n’est-ce pas ? je tente d’après un soupçon.
- Oui.
Mon coeur s’emballe un peu, et je prend quelques secondes.
- Pourquoi ? ai-je l’audace de demander.
Boum fait mon coeur, et ça fait presque mal de le sentir battre.
Les yeux de Céline se remplissent de larmes légères comme des ailes de papillons, elles ne coulent pas, elles restent là dans ses yeux et font briller ses iris comme un ciel d’azur, une mer tropicale.
- Parce que je te trahissais.
Boum boum, Boum boum.
Une tempête sévit sous mon crâne. « Je t’aime bon sang ! Je t’aime depuis toujours abrutie de Gothik de mes deux ! » j’ai envie de crier. Mais mon coeur ne sait dire que « boum boum », et c’est un rythme tellement chaud et doux que j’ai plutôt envie de le suivre. Je me penche doucement vers elle, je fixe ses lèvres pleines et roses. Elles ont l’air tellement appétissantes, je passe le bout de ma langue sur les miennes pour les rendre plus douces. Elle a l’air de m’attendre, les yeux mi-clos, les lèvres légèrement tendues vers moi.
J’ai peur soudain. Et si je commettais une grosse erreur, si j’aimais les hommes, si elle se riait de moi, si je me réveillais, si c’est un test.. mais mon coeur continu de me pousser vers l’avant, et mon appétit désigne cette cible parfaite qu’est sa bouche.
Alors je continue d’avancer lentement ; à moins que ce ne fut le temps lui-même qui ait ralenti ; et mon coeur bat la chamade dans ma poitrine et me brûle comme un soleil.
Boum Boum.
Non, tu n'as pas le droit. Attends...Voilà, j'ai trouvé la constitution du forum
"Article 3,8: Il est interdit de couper un chapitre avant ou pendant un moment fort en émotion dont l'issue est incertaine. Toute violation de cette article augmente le risque de se faire tronçonner par Daemonya, cuire au barbecue (avec du cumin et une sauce à la moutarde) par Solveig913 et qu'un grand pique-nique soit organisé pour l'occasion par tous les topains du forum."
...Désolé, j'ai faim
L'histoire "Promenons-nous dans les bois"? C'est juste en dessous! (Arrêtée)
Réponses
Mais Kéno, Hélène, Nathalie et Jonathan sont bien au chaud dans ma galerie, et plus dans le monde où ils vadrouillaient peinards de ville en ville pour venir voir Lou et taper la discute' autour d'un café-croissant ! Ils me tapaient sur le système à faire des "Coucou je suis pas en pleine guerre civile !" au second plan sur mes photos xD
~ Histoires ~
Legacy (G1, màj 26/06) : Descendance d'un Taulard (blog/forum)
Défi Apocalypse : Bref, j'ai tenté l'Apo'. (forum/blog)
Les valises sous nos maigres bras, Meggie et moi nous dirigeâmes vers le centre-ville. Malgré la nuit tombante nous espérions trouver un toit sous lequel nous abriter pour la nuit, mais en dépit de toute espérance, les portes des hôtels restèrent closes et les agences nous renvoyèrent au son de notre accent.
Drôle de pays vraiment, avec cette profusion de gens des contrées voisines, cette nourriture pleine de mixité, ces mots empreints d’amour et de promesses d’accueil, de solidarité, où pourtant l’étranger ne trouve que des portes verrouillées.
Réduites à l’errance, Meggie et moi marchâmes en silence dans les dernières lueurs du jour, jusqu’à la campagne proche et pourtant si lointaine pour nos pieds fatigués. Enfin nous trouvâmes un coin de pelouse abrité du vent et de la pluie, et nous pûmes manger ce que nous avions pris avec nous ; avant de nous endormir blotties l’une contre l’autre sur un banc de bois.
- Mademoiselle ? Réveillez-vous, entendis-je un homme m’appeler depuis mon sommeil agité.
- Qui êtes vous ? baillais-je, la bouche pâteuse.
Il faisait totalement nuit, et même les lampadaires ne diffusaient plus leur lumière terne et inquiétante. L’homme qui m’avait tiré de mes rêves était barbu et tenait une lampe torche.
- Mademoiselle, c’est la police, vous ne pouvez pas dormir là, c’est interdit.
- C’est interdit de dormir sur un banc ?
- Oui.
- Quand on a pas de maison ?
- Oui.
- Mais alors où on dort ?
Le policier eut l’air gêné de celui qui n’a pas l’habitude qu’on le questionne.
- C’est pas ton problème Didier, tu les dégages et on va au banc d’après.
Je ne voyais pas le deuxième homme, mais distinguais le rougeoiement d’un bout de cigarette non loin de nous.
- J’ai nul part où aller, et j’ai ma sœur de neuf ans avec moi alors excusez-moi mais je pense que celui qui me vire du seul endroit qu’on a trouvé pour dormir est concerné.
- Vous n’avez vraiment nul part ? Des parents, des cousins ?
Malgré mon envie forte de répondre par un sarcasme à cette question des plus idiotes, je me retins.
- Non monsieur, fis-je avec mon plus beau sourire de petite biche innocente.
Didier se tourna vers son collègue et se gratta l’arrière de la tête. Le fumeur s’approcha finalement de moi, et me présenta sa bedaine impressionnante et une moustache frisant le ridicule. Il approchait l’âge de la retraite, et dégageait une forte odeur de transpiration et de tabac froid mêlés.
- Bon pitchoune, je connais une dame qui loge les sans-abris quand c’est important, alors comme y’a la môme, je vais t’envoyer là-bas. Mais fais-moi une faveur, dis pas que tu viens de ma part.
- Je connais pas votre nom, lui fis-je remarquer d’un air narquois malgré moi.
Finalement, le moustachu puant me tendis un bout de papier gras ; sans doute l’emballage d’une nourriture quelconque ; sur lequel se trouvait inscrit un numéro de téléphone.
- Meggie ma puce, réveille toi..
- Entrez mes chéries, vous avez l’air frigorifiées ! nous accueillie une vieille dame à la porte d’un bâtiment délabré.
On entendait les bruits de conversations houleuses de ceux qui se trouvaient déjà à l’intérieur.
- Alors, qu’est-ce que vous faites dans la rue ?
Meggie et moi nous jetâmes un rapide coup d’œil.
- Et bien, on a du partir précipitamment, et malheureusement les gens ne semblent pas très disposés à nous recevoir.
- Laissez-moi deviner, vous êtes Beanlandiennes !
- Comment tu sais ça toi ? laissa échapper Meggie en se levant d’un bond.
La mamie bien que surprise garda un ton doux en lui répondant.
- Ne t’inquiètes pas, je n’ai rien contre vous. Mais beaucoup de gens ici pensent, depuis que c’est la guerre chez vous, que vous êtes tous des tueurs, des tyrans, des mafieux comme la famille qui vous dirige. Ils ne voient pas que les gens qui fuient la guerre ont besoin d’être secourus. Regardez-vous, vous êtes belles comme des coeurs, de vrais amours, polies et gentilles, vous n’êtes pas dangereuses comme les Bean. Vous avez de l’argent pour trouver une maison ?
Après le discours de la vieille, Meggie se rassis avec crispation. Bien que j’eus pensé que ce fut par peur, je vis ses petits poings serrés trembler, et je sentais presque son sang bouillir.
- Oui oui, tout à fait, intervins-je avant que ne se déclenche un bain de sang qui n’aurait pas arrangé nos affaires.
- Bien, je vais arranger la situation, j’ai des relations voyez-vous ! nous dit-elle avec un clin d’oeil. Nous vous inquiétez plus, c’est réglé ! Allez dormir un peu, et au matin je vous aurais trouvé une maison.
Assises sur le lit double d’une chambre minuscule, je pris Meggie dans mes bras.
- La guerre ne durera pas toujours, lui dis-je
- Quand je rentrerai, je remettrais ces traîtres d’insurgés à leur place.
Je ne pu que pousser un petit cri de surprise face à cette déclaration, et ouvrir de grands yeux.
- Quoi ! Faut bien qu’il apprenne qui c’est les boss dans leur pays !
- Mais, si le peuple se soulève, c’est qu’il veulent changer les choses ma belle.
- Pour un pèquenot qui sort dans la rue avec une hâche, y’en a au moins 20 qui en ont rien à secouer. C’est la révolte d’une minorité armée.
Je reconnus derrière ce discours trop bien appris l’oeuvre d’un adulte.
- Qui t’as dit ça Meggie ?
- C’est Marine qui en parlait avec Céline l’autre jour. Elle disait qu’il fallait pas se laisser impressionner pas tout ces homi.. homo.. honidés..
- Hominidés ?
- Oui voilà.
Je mis sur ce un terme à la conversation comme la rage montait en moi d’entendre des propos politiques sortir de la bouche d’une enfant de neuf ans que l’on m’avait confié pour l’écarter de tout cela. Couchée sous les couvertures, je tournais et me retournais de nombreuses fois avant de trouver le sommeil. Un sommeil troublé par des rêves de violence, de passion et d’yeux bleus.
Le lendemain matin ainsi que nous l’avait promis la vieille, nous avions une maison. Le propriétaire était lui aussi un vieux, avec front dégarni et tout le package. Il nous tendit les clés avec un air fatigué, comme si la vie l’avait laissé ébahi, choqué, impuissant.
- J’espère que ça ira pour vous mes petites, moi j’ai rien contre les étrangers alors si je peux aider deux ch'tiottes, nous dit-il avec un fort accent paysan.
- Merci Monsieur, lui répondit Meggie d’une petite voix.
Si sa voix était petite, c’est que nous avions mal dormi, le refuge accueillait tout types de gens dans le besoin, et la détresse n’aidant pas à garder son calme, beaucoup de disputes éclataient dans les couloirs. Meggie avait peur, et se serrait contre moi sous les couvertures.
Après avoir réglé les détails avec le propriétaire de la maison, nous pûmes enfin en faire notre chez nous. Composée d’un petit salon, d’une cuisine lumineuse, de deux petites chambres et d’une salle de bain vraiment petite, notre nouvelle demeure gagnait beaucoup en charme grâce à un jardin foisonnant.
Il serait facile de s’y plaire.
Alors que je posais mes affaires dans les commodes de ma chambre, j’entendis Meggie à travers le mur, s’allonger sur son nouveau lit. Déjà endormie.
Maintenant qu’elle vivait ici, elle irait dans une autre école, et j’espérais déjà les réunions d’enfants dans le jardin, les soirées pyjamas avec ses copines, et le bonheur peint sur le joli minois de ma soeur. C’est sur ces pensées reposantes que je m’endormis sur le canapé.
Le silence était intense ici, et il était donc très facile de s’endormir pour de longues heures sans que rien ne nous réveille. Ce n’est donc que les jeux de Meggie dans le jardin qui me tirèrent de mon sommeil dans l’après-midi, et je constatais avec plaisir qu’elle jouait dans l’herbe comme une vraie enfant.
- Lou ! Lou ! Lou ! Tu veux jouer avec moi ? s’excita ma petite soeur
- Evidemment ! Alors je suis qui moi ? lui répondis-je en souriant jusqu’aux oreilles.
Et la vraie vie commença, une vie sans peur constante d’une explosion, d’une bagarre, ou de se faire zigouiller.
Je regardais les informations chaque jour, mais il n’y avait rien de particulier concernant notre pays, d’autres sujets avaient enfin pris la place de la Grande Révolte dans le fil des actualités. Manifestations, grèves, inondations, une journée normale dans ce pays d’anarchistes. Rien que des Bean n’auraient pu régler.
- Arrête de penser comme une dirigeante ma fille, m’intimais-je.
Avec régularité, les journées s’écoulaient autour de nous. J’avais désormais un emploi dans une entreprise de vente de trombones (pour les feuilles, pas l’instrument), et je passais donc huit heures chaque jour à classer des documents, appeler des clients et vendre des trombones comme si c’était merveilleux. C’était un travail qui n’envahissait pas ma vie, et j’en étais donc plutôt satisfaite, je travaillais derrière mon bureau au milieu des autres bureaux, je souriais à mes collègues même les plus méchants, et je n’en demandais pas plus. Je n’étais pas contrebandière de l’espace, ni agent double, ni grande patronne de la mafia, ni même flic, j’étais juste vendeuse de trombones, et qu’est-ce que c’était bon de ne pas avoir le poids du monde sur les épaules !
- Les autres enfants sont bizarres dans ma nouvelle école, je sais pas ce qu’ils préparent mais ils viennent me parler et tout. Ils jouent les gentils pour mieux me poignarder ensuite, les petits bâtards.
C’était le soir et on mangeait.. quelque chose que j’avais totalement raté. On avait l’habitude de se raconter nos journées à table, bien que mon travail ne passionne pas ma soeur. Elle m’écoutait gentiment, retenant le moindre détail car elle savait que j’avais besoin d’évacuer ma journée ; quant à moi je l’écoutais avec attention, passionnée par sa vie.
- Tu es sure qu’ils sont pas juste gentils ?
- Juste gentils ? Comment ça ?
- Et bien, gentils sans arrière pensée, pas pour préparer un mauvais coup.
- Je comprend pas.
- Pourquoi tu pense qu’ils vont te faire du mal ensuite ?
- C’est des gens. Les gens font ça.
- Meggie, je pense qu’ils sont juste gentils, tu devrais essayer d’être gentille avec eux toi aussi.
- T’as un plan pour se venger ?
Irrécupérable.
Le lendemain matin, je me décidais à tenter l’élaboration d’œufs brouillés, et ma réussite fut telle que Meggie décida de ne déjeuner que de jus d’orange.
- Tu vas appliquer le « plan » aujourd’hui ?
- Je vais voir, s’ils sont gentils je les taperais pas et puis on verra ce que ça donne. Faut que j’y aille !
- Attends ! Le mot de ta maitresse c’est parce que tu tapes les autres ?
Je parlais dans le vent, elle était partie en courant prendre son bus.
Après le travail, je ressorti ma vieille guitare et me mis à jouer dehors, et une fois ses devoirs finis (j’ose espérer), Meggie vint m’acclamer comme nouvelle super star mondiale du rock ; ce qui était un peu exagéré mais pas tant que ça !
De son côté, elle s’était mise au violon et pour ne pas le décourager je l’applaudissais à mon tour.
- Ah ! Ah oui je connais ce morceau ! C’est.. attends.. non je l’ai perdu..
- Bon alors aujourd’hui, t’as prévu quoi pour l’école ?
- C’est la journée des amis, alors j’emmène Jeremy mon feu follet de compagnie ! s’écria ma soeur avec un sourire radieux.
- Ton.. Je crois que la journée des amis c’est pour se faire des amis ma puce.
- Je suis pas prête pour ça, j’ai pas encore découvert ce qu’ils mijotent cette bande de rats. Et puis on est censés écrire un mot pour les camarades qu’on aime bien, mais déjà j’aime pas les machins mielleux, et puis j’aime que moi. Je vais pas m’écrire un mot, ça ferait circonspect.
- Narcissique ?
- Narcissique c’est pas tout ce qui est à la campagne ?
- Agricole.
- Oui voilà.
- Du coup tu emmène Jeremy le feu follet.
Pendant une seconde, j’eu peur qu’elle se prenne des coups pendant sa journée d’école, puis je me souvins du mot de sa maitresse et une autre peur me saisie.
- Meggie, tu ne tapes pas les autres, même s’ils t’embêtent okay ? J’ai pas envie d’être convoquée par ta maîtresse deux fois en une semaine.
- Bon d’accord, accepta Meggie d’un air penaud.
Journée des amis de mes fesses ouais, me dis-je à moi même au déjeuner, complètement seule dans le réfectoire.
A l’occasion de la journée des amis, tous mes collègues avaient préparés une journée pique-nique au bord d’un lac et ne m’avaient pas prévenus. Je me retrouvais donc seule au bureau, avec mes piles de documents et mes ventes de trombones au ralenti.
- All by myself .. me mis-je à chanter en touillant mon café.
En rentrant du travail cet après-midi là, je tombais sur une scène incongrue qui me remonta le moral à point nommé ; et m’empêcha un peu d’assouvir mon envie la plus urgente : pleurer son ma couette.
Meggie s’était enfin décidée à se faire des amis.
Je vais aller acheter un trombone à Lou pour la soutenir *^*
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Meggie me fait rigolé à croire qu'on va lui jouer un mauvais tour. J'espère qu'elle va tout de même se faire des amis (avec un bon caractère !)
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Les enfants avaient l’air de beaucoup s’amuser sur leur échelle, et s’il y avait une chance que Meggie se décide à effacer sa moue méfiante et à participer je n’allais pas interférer. Aussi partis-je prendre un bain.
- Bonjour madame, me dit une gosse haute comme trois pommes sur le chemin de la salle de bain.
- Bonjour petite.
- Eh Meggie, elle est super jeune ta maman.
- Ah bon ? Moi je trouve pas. Mais d’où tu connais ma maman toi ?
- Je l’ai croisé en sortant des toilettes. Elle est belle aussi.
- Mais c’est pas ma maman ça ! C’est Lou ! C’est ma grande soeur !
- Elle est drôlement vieille pour une grande soeur.
- Insulte pas ma soeur Sophia ! Tu la connais pas, c’est la meilleure des soeurs, elle s’occupe de moi toute seule !
- Non mais je l’insultais pas, je trouve qu’elle est grande pour être ta soeur c’est tout.
- Elle fait une taille parfaitement normale, arrête de te moquer d’elle, c’est pas facile tous les jours d’être quelqu’un comme elle, elle a pleins de problèmes !
Je revins à ce moment là de mon bain, j’étais plutôt flattée de voir ma petite soeur me défendre aussi fortement, mais en même temps j’avais envie de lui gueuler dessus « Mais tu vas te calmer ouais ! » parce que niveau susceptibilité elle se pose là.
- Et pourquoi elle s’occupe de toi toute seule d’abord ? demanda l’autre petite fille blonde.
Une ombre se posa sur le visage de ma puce, et si un instant je crus que ça risquait le bain de sang, je compris à ces mots que ce n’était pas le problème.
- Parce que mes parents, ils sont morts ! Voilà !
Et de partir en courant se réfugier dans sa chambre.
J’entrais à sa suite à pas feutrés en l’appelant doucement.
- Quoi ! On peut même plus être tranquille pour pleurer ! C’était une mauvaise idée d’avoir des amis voilà !
Je ne savais pas vraiment quoi répondre à ça, mais je pouvais toujours m’asseoir et attendre la suite.
- Et puis d’abord, pourquoi on rentre pas, aux infos ils disent plus jamais rien sur nous, ça doit aller mieux.
- Ma puce, pourquoi tu penses que notre famille est ..
Meggie me regarda quelques secondes, les larmes faisant briller son joues.
- Morte. Il faut dire morte, ça veut rien dire « notre famille est .. ».
- Pourquoi tu penses ça ?
- J’ai reçu une carte postale.
- Quoi ! Et tu me l’as pas dit ! Y’a écrit dessus qu’ils sont morts ?
- On était pas si proche, et non, mais y’avait une photo avec.
Meggie se lève, et sort une clé d’une poche secrète avant d’ouvrir un tiroir de son bureau. Sous une pile infâme de déchets en tous genres, sa main atteint une couche de papiers rangés selon un code de couleur. Dans le rouge, elle prend une photo et me la tend.
La photo a déjà prit les couleurs du temps, et je vois les traces laissées par des larmes. Celles de ma soeur.
C’est chez nous, et pourtant rien n’est plus pareil. Les murs de la maison, auparavant si hauts et fiers, s’écroulent au sol et laissent à l’air libre la chambre de ma mère. Les plantes tentent l’ascension de la maison, et envahissent le marbre et le toit. La terre, les plantes, tout a brûlé et désormais je ne reconnais plus vraiment l’endroit où j’ai joué avec Céline toutes ces années.
Une larme s’écrase sur la photo et je cligne des yeux de surprise, en faisant tomber d’autres.
Je suis prise de sanglots, et je ne peux plus rien faire pour les retenir. Après tout, je n’ai pas de rôle à tenir alors j’ai le droit de pleurer tout mon saoul. Meggie me prend dans ses bras, et me berce comme si j’étais l’enfant et elle l’adulte. Je me blottis contre elle et me laisse aller à mes larmes.
Doucement, elle me reprend la photo et la pose à côté de nous. J’ai envie de la déchirer en petits morceaux, des miettes, de la réduire en poudre que je soufflerais dans le vent pour l’effacer. Mais les larmes continuent de couler sur mes joues comme des torrents, je renifle, je tousse un peu, mais je continu de me vider de toutes mes larmes.
- Tu vas te déshydrater si tu continu comme ça tu sais.
- C’est pas grave, ça fait du bien, je bredouille entre deux poussées d’eau salée.
Ils sont surement morts c’est vrai. Je me plaisais à croire que j’avais fait mon deuil de les revoir un jour, mais comme ma mère disparait un peu dans l’ombre, comme mon grand-père se change en spectre, comme ma grand-mère perd sa substance, je découvre la vraie douleur. Se rouler sur soi-même pour devenir si petite que je retournerais dans le ventre de ma maman, protégée. Mais elle n’est pas là, et elle ne me consolera jamais de toutes les peines que j’ai subi. Et pourtant j’ai tant de peine maintenant.
- Lou, me rappelle à la raison ma soeur.
Je lève les yeux vers elle, et dans le brouillard de mes larmes je ne vois que sa chevelure rousse et je pars d’un rire heureux. Elle est là, je la vois.
- Ca y est, elle devient dingue. Trop de pression.
- Maman est là, regarde tes cheveux.
- Mes cheveux ?
- Tu es rousse ! Et moi, moi..
- Tu as le même nez. Et le même sourire ! répond Meggie en souriant elle-même. Enfin là, il est plein de morve ton nez.
Je regarde autour de nous, et je vois John. Le petit beanizateur de Meggie, un dessin à la craie d’un corps par terre, une photo d’elle en uniforme. Elle est partout. Et moi je m’essuie le nez. Je me sens mieux maintenant que je sens ma mère autour de moi.
- Retourne jouer ma belle. Ils ont l’air gentils tes copains.
- Mais et toi ?
-T’inquiètes, promis si je me remet à pleurer je bois de l’eau pour me réhydrater !
J’entendis Meggie repartir dehors, et le brouhaha inquiet de ses camarades avant de m’asseoir sur l’espèce de banc hors-de-prix qu’elle avait exigé sous peine de retenir sa respiration jusqu’à ce qu’on cède.
*bzz bzz* me dit mon téléphone depuis ma poche. Que répondre, encore une fois le sujet Céline était complexe. Elle m’avait caché ces travaux secrets au sous-sol, à moi, sa meilleure amie de toujours. Elle avait installé un laboratoire secret dans la cave de notre maison, avec tout l’attirail nécessaire à une bonne séance de torture et à l’emprisonnement. Sans compter la présence du portail spatio-temporel et des nombreux Beanizateur. Et comment s’était-elle retrouvée avec les dossiers de ma famille ?
Et pourquoi est-ce que je brûlais autant de la voir et de me serrer contre elle pour pleurer ?
Avec un énorme soupir comme moi seule en ai le secret, je me décidais à lui répondre.
Au bout de cinquante versions différentes, je parvins enfin à trouver une formule correcte pour mon message. J’examinais mon texte avec minutie, et trouvais qu’il contenait assez de gentillesse et de rancune. Envoyer !
Je l’attend avec fébrilité, plantée devant le miroir de la salle de bain.
- Allez ma cocotte, on se motive ! C’est quoi cette tête d’insomniaque là, y’a du boulot.
Sur mon visage, les larmes ont laissé des trainées sèches qui me grattent, des cernes violettes me rendent blafarde. J’ai envie de prendre une douche, mais je n’ai pas le temps et il y a des enfants partout dans la maison. D’ailleurs, je ne les entend plus, et je me dis que je devrais peut-être les surveiller. « Y’a rien de plus dangereux qu’une Meggie par ici, ça devrait aller. » me dis-je pour me rassurer.
Un coup de peigne rend ma tignasse ingérable et je m’attache les cheveux comme je peux. Un peu de maquillage et la porte sonne avant que je fasse le deuxième oeil.
« Flûte ! » je m’exclame (enfin j’ai pas vraiment dit « flute » hein) et je boucle le boulot en trois secondes et demie.
Je porte un vieux t-shirt qui laisse dépasser un soutient-gorge noir pas hyper joli, mais je n’ai plus le temps.
Céline est là, derrière la porte vitrée et elle me regarde avec ses grands yeux bleus qui me fixent dans mes rêves.
Je me racle la gorge en posant la main sur la poignée, et j’ouvre.
- Entre, bienvenue chez moi.
C’est la seule chose normale que je trouve à dire, et mon ton me parait beaucoup trop cordial, comme pour un entretien, alors j’ajoute « Fais comme chez toi, mets toi à l’aise ! Retire tes chaussures et tout. » et c’est finalement pas assez cordial. Je jure dans ma tête : Flûte !
Céline a l’air mal à l’aise et s’installe finalement sur le canapé.
- C’est.. petit, mais chaleureux. Je te retrouve bien.
Je m’assoie également, au bout du canapé comme si je me méfiais et un silence gênant gagne l’atmosphère.
- Tu as le bonjour d’Alfred.
Je hoche la tête, elle meuble le silence. Je la regarde en l’intensifiant encore.
- Et la petite soeur de Cameron est arrivée en ville. Leurs parents sont décédés. De vieillesse bien sur, chez eux c’est tranquille. Elle est au lycée.
- La petite Hélène Trois ?
C’est à son tour de hocher la tête en silence.
- J’aurais du t’en parler.. pour la cave. Je sais, mais quand j’ai reçu mon ordre de mission c’était spécifié qu’il était formellement interdit de te mettre au courant. J’en ai parlé avec les autres ; pas tous bien sur, tous ne bossent pas pour .. - elle balaye la pièce du regard et baisse la voix - .. la famille. Ils ont tous insisté pour que je me taise, alors je l’ai fait. Mais ça me rongeais je te jure ! On avait une enfant dans la maison bon sang, j’étais terrifiée. L’autre fois j’allais t’en parler, mais tu es descendue avant et puis..
Les questions se bousculent dans ma tête.
Pourquoi elle m’en aurait parlé ce jour-là ? Qui lui avait donné cet ordre ? Est-ce que tu m’aimes ? Est-ce qu’ils sont vivants ?
Je pense à ma mère et je me demande ce qu’elle aurait dit d’une relation avec une femme. Elle était un peu raciste, je me souviens, était-elle homophobe ? Est-ce que je dois parler d’elle au passé ? Je choisis une question et je me lance :
- Pourquoi ce jour-là ?
Avec un regard surpris de ma question, Céline commence lentement à parler en détachant beaucoup ses mots.
- Tu étais partie, sans rien me dire, et je me suis sentie trahie. Et j’ai réalisé que c’est ce que je faisais en te cachant tout ça. Je te trahissais, chaque jour, à chaque seconde. Et c’était insupportable de me dire que tu me détesterais.
- C’est toi qui a rompu avec.. Quentin, n’est-ce pas ? je tente d’après un soupçon.
- Oui.
Mon coeur s’emballe un peu, et je prend quelques secondes.
- Pourquoi ? ai-je l’audace de demander.
Boum fait mon coeur, et ça fait presque mal de le sentir battre.
Les yeux de Céline se remplissent de larmes légères comme des ailes de papillons, elles ne coulent pas, elles restent là dans ses yeux et font briller ses iris comme un ciel d’azur, une mer tropicale.
- Parce que je te trahissais.
Boum boum, Boum boum.
Une tempête sévit sous mon crâne. « Je t’aime bon sang ! Je t’aime depuis toujours abrutie de Gothik de mes deux ! » j’ai envie de crier. Mais mon coeur ne sait dire que « boum boum », et c’est un rythme tellement chaud et doux que j’ai plutôt envie de le suivre. Je me penche doucement vers elle, je fixe ses lèvres pleines et roses. Elles ont l’air tellement appétissantes, je passe le bout de ma langue sur les miennes pour les rendre plus douces. Elle a l’air de m’attendre, les yeux mi-clos, les lèvres légèrement tendues vers moi.
J’ai peur soudain. Et si je commettais une grosse erreur, si j’aimais les hommes, si elle se riait de moi, si je me réveillais, si c’est un test.. mais mon coeur continu de me pousser vers l’avant, et mon appétit désigne cette cible parfaite qu’est sa bouche.
Alors je continue d’avancer lentement ; à moins que ce ne fut le temps lui-même qui ait ralenti ; et mon coeur bat la chamade dans ma poitrine et me brûle comme un soleil.
Boum Boum.
De la rancune ? Où ça ? Lou t'es trop amoureuse (et trop magnifique )
Faudrait vérifier ce que fait Meg' avec ses keupines, en général quand t'as un silence t'as des morts...
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Charmant ? Vous avez dit charmant ? (Terminée)
Hors-série issus de Charmant ? : Les charmantes petites histoires
En tout cas, c'est bien cool de lire tes Bean en mangeant mes céréales
Origin ID : Sakura5192
Le Blog màj Illidan-Maiev le 02/01/17.
Illidan & Tyrande
Mes "nouvelles images" chère Saku, c'est pas pour le prochain chapitre !
@Daemonya : Meg' the warrior ! (ne pas lui donner de tronçonneuse !)
"Article 3,8: Il est interdit de couper un chapitre avant ou pendant un moment fort en émotion dont l'issue est incertaine. Toute violation de cette article augmente le risque de se faire tronçonner par Daemonya, cuire au barbecue (avec du cumin et une sauce à la moutarde) par Solveig913 et qu'un grand pique-nique soit organisé pour l'occasion par tous les topains du forum."
...Désolé, j'ai faim
Une école un peu spéciale (Arrêtée)
Un challenge pour les amoureux des animaux
https://forums.thesims.com/fr_FR/discussion/782168/regles-le-refuge-de-la-derniere-chance#latest
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