Arrivé dans son Corridor, Radamès rencontra la Sentinelle, qu’il repoussa aussitôt. Hors de question pour lui d’en finir maintenant et de passer la porte blanche.
Il avait anticipé cette éventualité alors qu’il vivait reclus avec Amneris et la magie sacrificielle, ainsi que son propre pouvoir, allait lui permettre de s’échapper.
Canalisant toute son énergie, le sorcier détruisit toutes les portes du Corridor.
Il réalisa trop tard que dans sa rage, il avait également fait disparaître la porte noire, s’enfermant sans aucune échappatoire possible.
Il avait cependant étudié les arcanes de la mort et savait que cette situation ne serait que temporaire : un Corridor ne pouvait pas retenir une âme indéfiniment si celle-ci n’avait pas emprunté la porte blanche. Puisqu’il n’avait pas rejoint l’Après, son monde d’origine lui serait encore accessible. La porte noire se reconstituerait obligatoirement.
D’ici-là, autant rentabiliser le temps en élaborant un plan d’action pour son retour. Cela commencerait par se constituer une nouvelle identité.
Radamès était mort : longue vie à Méphistophélès.
Il fallut deux siècles pour que la porte noire réapparaisse. Désormais libre de circuler comme bon lui semblait, le nouveau fantôme laissa son urne derrière lui sans même prendre la peine de la sécuriser. Visiblement, quelqu’un l’avait déjà mise en lieu sûr et lui-même, en détruisant sa porte blanche, s’était assuré que personne ne puisse le forcer à rejoindre l’Après contre sa volonté.
Errant dans un premier temps sans but, Méphistophélès cherchait des réponses sur ce qu’étaient advenus ses contemporains de l’époque. C’est ainsi qu’il trouva un jour la tombe de Cyrus Vatore, celui-là même qui lui avait prédit un destin funeste dès sa naissance.
L’occasion était trop belle pour ne pas s’essayer à la plongée spectrale.
**
Les clairvoyants avaient réussi à examiner l’urne de l’enfant du puits. En raison de l’absence de porte noire, nul ne parvint à effectuer une plongée spectrale pour s’assurer de la disparition de Radamès. Pour Cyrus Vatore, il s’agissait d’un très mauvais présage.
– Il reviendra, Rhiannon. J’en suis certain.
– C’est impossible. Quand bien même il réapparaissait, il ne serait qu’un fantôme aux pouvoirs diminués et après ce qu’il a fait à son propre Corridor, il lui serait très compliqué de reprendre consistance.
– Tu dois te préparer à cette éventualité. Tes enfants également. Vous aurez un rôle à jouer.
– Que veux-tu dire par là ? As-tu… vu quelque chose ?
– La réponse m’est parvenue en rêve cette nuit. Un jour viendra où Radamès reviendra sous un autre nom. Lorsque ce jour viendra, il cherchera à récupérer son enveloppe charnelle. Toi et moi connaissons son niveau en magie noire et crois-moi : peu lui importeront les dommages collatéraux pour parvenir à ses fins. Alors, de l’union de l’héritière Cents et d’un prince de grande lignée naîtra l’être qui mettra fin au plus grand mal de ce monde.
– L’héritière Cents… moi ? Et un prince… de grande lignée ? Es-tu certain de ce que tu as vu, Cyrus ? La lignée de Nathaniel est loin d’être prestigieuse et c’est encore moins un prince.
– Je ne pense pas que ce rêve parle de ton époux, pas plus qu’il ne parle de toi. Nous ne pouvons dire quand Radamès fera son retour. Qui sait, l’être en question sera probablement l’enfant que l’une de tes descendantes aura avec ce mystérieux prince. La guerre que nous menons ne durera plus très longtemps, à présent, et les humains commencent à se méfier de nous. Emmène ta famille loin d’ici, à l’abri. Et n’oublie pas mon rêve.
Conformément aux prédictions de Cyrus, la première guerre occulte prit fin trois lunes plus tard. Les humains d’Henford-on-Bagley désormais libres de circuler sans danger semblaient préparer quelque chose. Suivant les conseils de son tendre ami, Rhiannon tenta de raisonner son peuple. Si beaucoup l’imitèrent après son départ, d’autres décidèrent de rester, marquant ainsi leur condamnation par des henfobaglois désireux de se débarrasser de toute magie sur leurs terres. La sorcière des forêts, quant à elle, avait su protéger sa famille.
**
Ainsi donc, la lignée de Rhiannon lui serait fatale ? Il attendait de le voir pour y croire. La sorcière des forêts avait simplement eu de la chance, lors de leur affrontement. Quand bien même cette prophétie fût fondée, il n’appartenait qu’à lui de s’assurer qu’elle ne se réalisât jamais.
Pour cela, quoi de mieux que faire un pied de nez au destin ? Celui-ci semblait même d’humeur moqueuse : trois-cents ans après son retour en fantôme, Méphistophélès découvrit que la potentielle héritière de la grande figure de la guerre contre les vampires que fut Rhiannon Cents avait épousé un buveur de plasma de noble rang.
Par la suite, les pions s’étaient mis en place sans le moindre effort. Puisqu’il était annoncé que la descendance Cents précipiterait sa chute, Méphistophélès ferait en sorte qu’au contraire, elle l’aide à retrouver son enveloppe charnelle.
Après quoi, il trouverait bien le moyen de se débarrasser de cette lignée une bonne fois pour toutes. Échec et mat, Rhiannon.
[…]
La vision s’arrêta là. Charlotte resta un moment silencieuse, cherchant un sens à tout ce qu’elle venait de voir.
Ainsi donc, Méphistophélès avait autrefois été un mortel parfaitement normal – abstraction faite des circonstances de sa naissance – et avait été exécuté en raison d’une pratique intensive de magie noire. Il avait également bel et bien détruit lui-même sa porte blanche. Les sources de mamie Lagrise avaient été justes.
Mamie Lagrise… Malvina, fille d’Inna Cents et, par extension, dernière descendante de Rhiannon. Était-il possible que la prophétie de Cyrus Vatore – à n’en point douter l’ancêtre de Lilith et Caleb – concernât justement la vieille dame ? Mamie Lagrise était-elle « l’être qui mettra fin au plus grand mal de ce monde » ? Voilà qui expliquait probablement son insistance à mêler Charlotte dans cette enquête : elle avait besoin de quelqu’un pour lui confirmer son destin et l’aiguiller sur la marche à suivre.
Cependant, la Brindletonienne n’avait aucune idée de ce que pouvait être cette marche à suivre. La plongée spectrale ne le lui avait pas dit. Contrairement à la porte noire, il semblait impossible de réparer la porte blanche. Peut-être existait-il un moyen de faire disparaître un esprit sans même passer par son Corridor ? Charlotte concevait difficilement la chose. En admettant que mamie Lagrise fût bien destinée à éliminer elle-même Méphistophélès, elle n’en restait pas moins une humaine fragile. Seul un fantôme pourrait lutter à armes presque égales contre l’esprit maléfique.
Cette prise de conscience rappela à Charlotte un lointain souvenir, alors qu’elle venait juste de revenir d’entre les morts dans le manoir de Vladislaus. À cette époque, elle avait demandé au dénommé Dandelion, l’ambassadeur des jeteurs de sorts, de lui redonner son enveloppe charnelle. Le comte de Forgotten Hollow l’en avait dissuadée en argumentant que sa nouvelle condition serait utile et qu’il eût été dangereux de ressusciter tout de suite.
– Je comprends parfaitement ce qui vous anime, mademoiselle Fox. N'oubliez pas néanmoins que c'est avant tout à Méphistophélès que vous aurez affaire. Que se passerait-il, selon vous, si vous retourniez à la chapelle en tant qu'humaine ?
– Il finirait par trouver un autre moyen de me tuer. Peut-être même qu'il pousserait Edith à le faire de ses propres mains, ce qui l'autoriserait à s'en prendre à moi dans mon Corridor.
Une puissante inspiration frappa alors Charlotte avec l’intensité d’un coup de tonnerre.
Elle ne voulait pas trop s’avancer, mais elle pensait avoir trouvé la solution.
– Malvina ! s’écria-t-elle alors qu’elle quittait l’urne de l’esprit maléfique. Si ce Corridor ne peut plus produire de porte blanche à travers laquelle envoyer Méphistophélès, pourquoi ne nous arrangerions-nous pas pour en créer un tout nouveau ? C’est très risqué, bien sûr, mais je pense qu’il nous suffirait de laisser Méphistophélès re…
La suite de sa phrase se perdit dans sa gorge. Mamie Lagrise était étendue au sol, inerte. Charlotte se précipita à ses côtés, craignant le pire. La vieille dame avait encore un pouls, mais il était très faible.
– Non, pas maintenant ! Tenez bon, nous sommes si près du but ! Restez avec nous, Malvina !
À suivre...
Crédits :
L'un des villages utilisés dans ce tournage vient de cette personne.
Le cimetière où repose Cyrus Vatore vient également de la galerie
Et maintenant, une petite énumération pour les poses *prend une énorme inspiration comme avant un long discours*
- Natalia Auditore pour les poses des scènes de combat, de la scène de mort d'Amneris, de mamie Lagrise évanouie et de Charlotte agenouillée à ses côtés
- Atashi77 pour la pose du câlin triste entre Radamès/Méphistophélès et Amneris
- Onlinda pour les poses au sol de Rhiannon et Cyrus
- Joannebernice pour les poses en face à face de Radamès/Méphistophélès et Amneris (juste avant le rituel conduisant à la mort de cette dernière)
Secret de tournage :
Rhiannon est à la base une simette d'une partie privée. Après une session coiffure/maquillage, Héloïse était fin prête pour camper le rôle de la sorcière des forêts
Comment ? Elle vous rappelle quelqu'un ? eh bien c'est normal ! Il s'agit également de la simette que j'ai utilisée dans le CUS pour créer Edith il y a déjà deux ans (en la mixant avec un sim de la même partie privée).
Eh bien, quel chapitre, et que de révélations! Voilà les secrets du passé de Méphistophélès dévoilés, enfin!
C'était passionnant à lire,et tant de choses s'éclairenet à présent.
Bravo pour toute cette mise en scène, les décors et les poses judicieusement utilisés, c'était très prenant!
WWWWOOOOOWWWWWW
Ai-je dit: WOW?
C'est incroyable, ce chapitre!
L'histoire de Méphisto! Ouah!
J'aurais jamais imaginé une telle enfance. C'était donc l'enfant du puits à souhait? Et il aurait détruit son père?! Quel ingrat!
Oh lala Tout ça parce qu'il voulait être père puis être plus fort pour sauver son village des vampires... C'est incroyable que la magie noire l'a enfoncé de plus en plus dans un environnement sombre et inquiétant...
Déjà que c'était un personnage bien mystérieux, il l'est devenu encore plus.
Et son corridor n'en est plus un! Quel magicien aurait le pouvoir de détruire les portes menant au repos éternel?
Je me demande si la fille d'Édith et Caleb, celle qui vit avec Edith, celle qui voit le corridor et aurait hérité des dons de sa soeur, celle qui voit des portes de couleurs... Elle pourra sûrement aider Charlotte dans sa quête. hum...
Bref, super épisode! Je l'ai dévoré!!!!
Eh bien, sacrées révélations sur Méphisto !
Ce double chapitre était vraiment très captivant. Je m'attendais pas du tout à ça pour la plongée spectrale, et franchement, c'était grandiose. Et je rejoins @Elinoee à propos de la mise en scène, des décors et des poses. Un bien beau chapitre, écrit de main de maître, et dans lequel on commence à entrevoir les liens entre les différents personnages de l'histoire.
J'espère que Mamie Malvina Lagrise n'est pas morte mais, quoiqu'il arrive pour la suite de l'histoire, je ne suis pas persuadée du tout qu'elle soit la dernière descendante des Cents. La prophétie se réalisera quand même.
(Honnêtement, j'aimerais que ce soit Malvina qui la réalise, mais bon... je sens que ça ne va pas se faire )
Merci beaucoup @Elinoee 🤗 Ça me fait très plaisir que ce chapitre t'ait plu. J'espère que tu apprécieras tout autant le supplément d'informations qui surviendra au fur et à mesure des prochains chapitres !
@oiseaudelune Merci D'une certaine manière, Méphistophélès est bien le fils du puits à souhaits, même si c'est plus au sens figuré car il ne s'agit pas vraiment d'une personne J'espère que la plongée dans les ténèbres de notre ectoplasme maléfique favori t'a semblé cohérente 🤗 J'aime bien ta théorie sur Odile
@nathalie986 Ça me touche que tu aies trouvé tout cela grandiose, merci à toi 🤗
Sois rassurée, mamie Lagrise n'est pas morte, simplement évanouie. L'âge est en train de la rattraper plus rapidement que prévu Qu'elle soit celle qui viendra à bout de la prophétie ou non, nous verrons cela en temps voulu
Un grand merci pour vos retours du chapitre précédent J'ai adoré le réaliser. Je vous retrouve donc cet après-midi pour une suite un peu plus calme. Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 51 : Une transmission indésirable ? ---
À Forgotten Hollow, Carmen poursuivait son enquête avec acharnement. Elle avait lu Généalogie vampirique : les grandes familles de l’ère cordélienne à aujourd’hui en long, en large et en travers, il n’était jamais fait mention de la survie du moindre héritier de la famille Nibelung. La jeune fille n’en démordait pas : cela signifiait que Wotan et Erda mentaient. Leur stratagème était en outre relativement habile : qui d’autre qu’elle aurait pu avoir envie d’ouvrir un vieux livre de généalogie de vampires perdu dans un recoin oublié de la bibliothèque de la place Clairdelune ?
Occasionnellement, la cambionne était aidée de Tamino mais le garçon finissait toujours par arrêter ses recherches dès qu’il trouvait un livre de fiction qui l’intéressait. Probablement y trouvait-il une forme d’inspiration pour ses propres histoires de monstres.
– Celui-ci est vraiment bien, raconta-t-il un jour à sa sœur. La fillette entre dans une vieille armoire et devient amie avec un…
– Tam’, s’impatienta Carmen, je suis sure que l’histoire est très intéressante, mais nous ne sommes pas là pour ça. Je te rappelle que maman ne nous autorise que deux heures de sortie par semaine et que nous avons déjà passé presque six mois à brasser de l’air.
– Nous pourrions aller plus vite si tu acceptais l’aide de M. Kamdar.
Carmen fit semblant de ne pas avoir entendu. Depuis quelques semaines, elle évitait d’adresser la parole au bibliothécaire. Elle était encore vexée que le vampire eut refusé sa proposition d’organiser un rendez-vous galant avec sa mère. Tamino comprit immédiatement la raison du silence de sa sœur.
– Il n’a pas décliné méchamment, tu sais. Et puis ils ne se sont jamais rencontrés, avoue que la proposition sortait un peu de nulle part.
– Un rencard n’engage à rien, ce n’est pas comme si je lui avais proposé de l’épouser, même si je lui ai listé toutes les raisons de le faire. Tant pis pour lui, après tout.
– Tu lui fais la tête uniquement parce que c’est la première fois que tu échoues à des négociations, fit remarquer Tamino. C’est dommage car je suis sûr qu’il pourrait nous aider. Mais si tu préfères te débrouiller toute seule, ça me va aussi puisqu’on passe plus de temps à la bibliothèque. Et puisqu’on y passe plus de temps, je ne vois pas pourquoi je me priverais de lire les chouettes fictions qui s’y trouvent.
À contrecœur, Carmen finit par céder et descendit elle-même trouver Sanjay Kamdar. Le bibliothécaire était devant son ordinateur et semblait captivé par un reportage sur Selvadorada. La cambionne toussota pour attirer son attention.
– Ça a l’air intéressant, dit-elle par politesse. Vous y êtes déjà allé ?
– Une fois, répondit le bibliothécaire. C’étaient des vacances fantastiques. Je compte y retourner bientôt. Les ruines omiscaines sont ma passion cachée. Un peu comme toi avec la généalogie vampirique.
– Pas vraiment, mais je n’ai pas le choix. Il faut bien quelqu’un pour protéger ma famille.
– Allons donc ! Peux-tu m’expliquer un peu ton problème ?
Carmen scruta autour d’elle pour vérifier qu’aucune oreille indiscrète ne la surprendrait. Une fois l’assurance qu’elle était bien seule avec Sanjay Kamdar, la jeune fille fit part de ses suspicions concernant la famille Nibelung.
– Tam’ et moi avons vérifié. La lignée a bien existé mais est supposée avoir disparu.
– Il s’agit d’un très vieil ouvrage, Carmen. L’auteur de l’époque n’était peut-être pas au fait de la survie d’un membre isolé ayant fait perdurer le patronyme jusqu’à aujourd’hui. C’est fréquent, chez les anciennes familles vampiriques.
– D’accord, répondit la cambionne du tac au tac, mais est-ce aussi fréquent chez les anciennes familles vampiriques de s’entourer d’un halo lumineux lors d’une émotion forte ?
Soudain, l’expression de Sanjay – jusqu’alors d’un scepticisme bienveillant – changea du tout au tout. Il semblait à présent inquiet. Cela signifiait-il que Carmen avait raison depuis le début ?
[…]
La commande de pétillotofu était fin prête à l’expédition. Depuis quelques temps, Edith croulait de plus en plus sous les contrats. Certes, un tel engouement des clients témoignait d’une popularité sans précédent de la marque Fledermaus, mais à ce rythme-là, il allait lui falloir dépêcher l’ensemble de son Orchestra Vampirica en guise de main d’œuvre !
Les enfants étaient partis à la bibliothèque. La vampire avait longuement réfléchi avant d’accepter de leur laisser deux heures par semaine. Néanmoins, force était désormais de constater que la chapelle était bien plus calme. Profitant du temps libre dont elle disposait, Edith descendit dans sa crypte personnelle où Odile faisait la sieste.
Cependant, en entrant dans la pièce, la maîtresse des lieux eut un haut le cœur. Le lit de la bambine était vide. Edith n’avait ni vu, ni entendu sa fille quitter la crypte et monter l’escalier.
Elle ne pouvait être qu’à cet étage mais les pièces s’avérèrent vides l’une après l’autre.
Un très mauvais pressentiment commença à la gagner quand le seul endroit qui restait à vérifier était la pièce de la source chaude.
– Ulrike ! interpela la maîtresse des lieux en désespoir de cause.
À son tour, la salle était vide. La tante d’Edith finit toutefois par arriver, curieuse du ton de la voix de sa nièce.
– Je ne trouve pas Odile. Est-elle avec toi ?
– Non, répondit la gouvernante. Nous l’avions laissée dans votre crypte personnelle et elle ne peut pas encore monter l’escalier toute seule.
– Elle ne peut quand même pas s’être envolée ! s’emporta Edith. J’ai refait le test à son anniversaire exprès pour m’assurer qu’elle était bien vampire et…
– Mama ?
Edith et Ulrike se regardèrent un court instant. La voix provenait de la crypte. Sans se concerter, les deux femmes s’y précipitèrent et y découvrirent une Odile légèrement essoufflée.
– Pour l’amour de l’Observateur, interrogea Edith en se contenant le plus possible, où étais-tu passée, jeune fille ? Je te cherche depuis tout à l’heure !
– Z’ai vu les po’tes !
– Mais de quelles portes parles-tu, à la fin ? Il n’y a pas de portes, ici !
– Mais si, les po’tes de toutes les couleu’ !
Visiblement, Odile s’amusait beaucoup et Edith, qui ne comprenait toujours pas où sa fille voulait en venir, préféra quitter la pièce pour ne pas s’énerver après la cambionne.
[…]
– Votre fille est vraiment très imaginative, s’amusa Erda Nibelung.
Quelques jours après le curieux épisode, Edith, entre la préparation de deux bouteilles de kombucha, s’était confiée à sa collaboratrice. Celle-ci semblait disposée à relativiser l’événement, mais la maîtresse des lieux voyait les choses sous un angle bien différent.
– Vous savez Erda, ma famille a un passif assez particulier avec tout ce qui touche à « l’imagination ».
– Que voulez-vous dire ?
– Ma sœur voyait des choses, elle aussi. Elle n’a jamais parlé de portes colorées et n’a jamais mystérieusement quitté la surveillance de mes parents, mais il n’empêche que cette particularité a fini par aller de pair avec des sautes d’humeur de plus en plus fréquentes. Je ne voudrais pas qu’Odile suive le même chemin.
La commande de kombucha était à son tour prête à l’envoi. Edith s’empressa vers l’atelier de bougies pour la seconde partie de la demande de son client. Erda, de son côté, s’affairait à l’établi d’ébénisterie.
– Si je comprends bien, résuma cette dernière, vous craignez que le mal dont souffrait votre sœur soit héréditaire ?
– Oh, non, clarifia Edith. Je ne le crains pas : je le sais. Je m’en rends compte à présent. Le peu de souvenirs que j’ai de mon grand-père vont dans ce sens. J’ai toujours cru que c’était lié au fait que sa femme l’ait abandonné avec deux enfants en bas âge sur les bras, mais à bien y réfléchir, je me demande si ce n’était pas un problème plus sérieux qui polluait son esprit. Il a dû transmettre cette chose à sa descendance.
– Vous avez tiré des leçons de toutes ces années passées à veiller sur votre petite sœur. Je suis certaine que vous parviendrez à gérer ce que traverse Odile. Gardez à l’esprit que vous vous alarmez probablement pour rien : elle est encore très jeune.
Edith se sentit étrangement apaisée par les propos rassurants d’Erda. Les péripéties de sa fille l’avaient momentanément replongée dans les tourments de son ancienne vie mais son associée avait raison : Odile n’était pas Aneliese.
– Merci, Erda.
– Ce n’est rien, je vous assure.
– J’aimerais beaucoup que vous veniez à l’anniversaire de Tamino et Carmen, la semaine prochaine. Yamato pourra jouer avec Siegfried. Ce sera ma manière de vous remercier.
[…]
Sanjay Kamdar avait conduit Tamino et Carmen jusqu’au manoir le plus haut de Forgotten Hollow. Si les cambions avaient tenu à en connaître la raison, le bibliothécaire s’était contenté de répondre d’un air énigmatique que « des points restaient à éclaircir ».
Carmen n’avait pas eu le temps d’insister que la porte du manoir s’ouvrit, dévoilant un vampire à l’allure squelettique se présentant comme étant Vladislaus Straud, le comte de Forgotten Hollow. Bien sûr, Tamino avait déjà entendu ce nom dans la chapelle mais jamais le garçon n’aurait imaginé le rencontrer un jour en chair et en os. Mieux valait éviter de dire au comte qu’il avait donné son nom à un monstre de son livre d’histoires.
– Selon Sanjay, demanda Vladislaus, vous éprouveriez tous les deux des soupçons sur la famille Nibelung.
– Ouais, répondit Carmen avec impertinence. Ils ont l’air bizarre et Tam’ et moi trouvons curieux qu’ils soient arrivés de nulle part il y a quelques années, pas vrai, Tam’ ?
Tamino détestait quand sa sœur cherchait à lui faire prendre parti de la sorte. Sentant ses joues s’enflammer, il se contenta d’acquiescer. Carmen l’en remercia d’un regard encourageant avant de poursuivre la discussion à l’aide d’éléments plus pertinents les uns que les autres. Tamino avait toujours pensé que Carmen et lui étaient complémentaires : lui avait l’aisance des mots par l’écriture ; elle par l’éloquence.
Le comte écouta la cambionne avec la plus grande attention. Lorsqu’elle eût terminé, il reprit la parole :
– Êtes-vous certaine d’avoir vu Erda Nibelung briller ?
Son ton était grave. Tamino le vit même échanger un regard furtif avec Sanjay Kamdar.
– Et vous alors, répondit Carmen, êtes-vous certain de vous en préoccuper un minimum ? Je vous signale que cette femme usurpe l’identité d’une famille dont vous n’avez même pas remarqué la disparition il y a plus d’un siècle et que cette même femme passe maintenant ses journées avec notre mère. Je croyais que maman et vous aviez été amis ? À quoi bon l’avoir transformée si c’est pour l’abandonner à un sort incertain juste parce que vous n’êtes pas capable de faire confiance à deux gamins qui vous disent pourtant la vérité ?
– Carmen ! souffla Tamino, horrifié.
Vladislaus ne semblait toutefois pas offusqué, bien qu’il scruta Carmen d’un air impénétrable pendant un long moment.
– Quel âge avez-vous, jeune fille ?
– Quatorze ans, répondit Carmen avec méfiance. Enfin, quinze la semaine prochaine. Pourquoi ?
– Vous me rappelez ma fille. Elle non plus n’a pas sa langue dans sa poche, mais je reconnais aisément que vous êtes bien plus précoce qu’elle en la matière.
Le comte reprit alors une expression sérieuse.
– N’ayez crainte, ajouta-t-il. Sanjay m’a raconté toute l’énergie que vous avez investie dans vos recherches. Je refuse de croire que vous l’ayez fait sans fondement. Je n’ai personnellement jamais eu affaire aux Nibelung – aussi bien la vraie famille historique que ces deux imposteurs – mais ce que vous avez remarqué chez Erda est quelque peu alarmant. Je vais mener l’enquête mais pour cela, je vais devoir demander de l’aide.
– Et nous, alors ? risqua Tamino. Que faisons-nous, en attendant ?
– Rien du tout. Je comprends votre inquiétude pour votre mère, mais ce que je soupçonne est très grave. Je prendrai personnellement contact avec Edith lorsque j’aurai la confirmation attendue. D’ici-là, profitez de vos derniers jours d’enfant, tous les deux.
À suivre...
Bonus :
Comme vous avez pu le voir dans ce chapitre, la chambre dans laquelle ont été conçues Odette et Odile a été reconvertie en salle de yoga j'ai récemment acquis Détente au Spa et je voulais en tester le gameplay
Chouette, c'est détente et méditation à la crypte Même si cela ne semble pas trop bien fonctionner, du moins sur Edith et Carmen
La petite Odile est décidément très intéressante avec sa faculté de voir les portes...diparaîtrait elle donc physiquement pour aller faire un tout dans un autre monde? C'est vraiment impressionant si c'est le cas!
Edith n'est pas au bout de ses suprises avec elle, à mon avis! Y a -t-il un lien avec ce dont souffrait sa petite soeur et son grand-père? cela pourrait expliquer bien des choses et j'ai hâte d'en savoir plus!
Carmen est une petite Edith en puissance; quel aplomb, même face à Vladislaus! Et le pauvre Tamino qui est entraîné dans tout ça sans vraiment le vouloir
En tout cas elle a du pif, cette histoire de halo n'est clairement pas anodine...je me demande ce que ça peut bien révéler! Sanjay et Vlad sont vriament inquiets et Vlad fait un peu peur quand il dit aux enfants de profiter de leurs derniers jours d'enfance
Pourvu qu'il n'arrive pas de grand malheur...
Sinon je suis de l'avis de Carmen concernant Sanjay: il ferait un beau parti pour Edith
Oh lala la petite Odile est très intéressante! Disparaître comme ça dans l'entre-deux!!! J'espère juste qu'elle ne croisera pas Méphisto au passage!
Mais Carmen et Tam sont trop mignons. Je suis certaine que cette Erda est une alien venue se venger! De l'autre alien qui avait été emprisonnée au début...
@Elinoee En vrai ça fonctionne plutôt bien sur Edith, preuve en image
Elle y trouve même de l'inspiration pour remplir son garde-manger
Mystère et boule de gomme, pour Odile ! L'heure n'est pas encore aux révélations à ce sujet Mais tu as bien raison : Edith n'est pas au bout de ses surprises
En effet, l'enquête de Tamino et Carmen est bien périlleuse, espérons qu'ils ne finissent pas par se brûler les ailes
Hahaha, sait-on jamais, pour Edith et Sanjay sur un malentendu, ça pourrait passer ! (en vrai non, j'ai prévu autre chose pour ce personnage, mais Carmen a clairement de la suite dans les idées )
@oiseaudelune Oh non, pitié, espérons qu'Odile reste aussi loin de Méphistophélès que possible ! elle n'est pas encore prête à le voir en chair et en os ^^
Ta théorie est intéressante Le mystère s'apprête à être levé, tel qu'il soit !
Merci pour ton commentaire
Retrouvons-nous ce soir pour un nouveau chapitre ! L'heure est à la fête à la Fledermaus, mais pour combien de temps ? Réponse ci-dessous ! Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 52 : La fin de l'innocence ---
Les jours s’enchaînèrent et, très vite, le jour des quinze ans de Tamino et Carmen se profila. Comme lors de leur dernier changement de tranche d’âge, il avait été convenu que les deux cambions fêtassent leur anniversaire au même moment, bien qu’ils eussent en réalité une journée d’écart.
Au matin, alors qu’Ulrike s’affairait à la préparation des gâteaux préférés des semi-jumeaux, Edith reçut la visite d’Erda. Celle-ci venait en effet lui annoncer une nouvelle inattendue.
– Stanislav est arrivé de Del Sol Valley hier soir pour finaliser des détails avec vous. Il ne peut malheureusement pas rester longtemps à Forgotten Hollow. J’ai pris la liberté de l’inviter ici ce soir pour que vous puissiez signer quelques papiers. J’espère que cela ne vous pose pas de problème.
– Pas le moindre. Il me tarde de régler toutes ces formalités afin de passer au concret.
Un peu plus haut, Tamino et Carmen se préparaient pour le grand moment, chacun apportant de précieux conseils sur la tenue de l’autre.
– Replie ton col, proposa Carmen. Je n’arrive pas à croire que nous allons enfin grandir. Ça veut dire que nous allons pouvoir goûter aux packs de plasma. Qu’en penses-tu ?
– Pas grand-chose, répondit Tamino en contemplant sa nouvelle coiffure d’un air distrait. Je réfléchis toujours à mon vœu. Tu as trouvé le tien ?
La jeune fille s’empourpra légèrement.
– Je ne peux pas te le dire, dit-elle. Tu te moquerais de moi.
– Au moins, toi, tu en as trouvé un.
Une fois apprêtés, les deux cambions descendirent à l’appartement en direction de la chambre verte. Ils avaient promis à leur mère qu’ils s’occuperaient un peu d’Odile. La bambine était déjà surveillée par Siegfried mais le garçon supportait difficilement de rester immobile en surveillant sa sœur.
– Joyeux anniversaire, Tam’ et Carmen ! parvint-il tout de même à s’exclamer à l’entrée des aînés.
– ZoniveSSère ! répéta Odile avec entrain.
– Merci, tous les deux ! C’est bon, Siegfried, on prend la relève. Yamato est arrivé avec sa mère.
Il n’en fallut pas plus pour que Siegfried file à toute allure hors de la chambre. Odile retourna à ses occupations tandis que Tamino et Carmen en profitèrent pour discuter à nouveau de leur échange avec le comte Vladislaus Straud.
– Sanjay est un espion à sa botte, résuma Carmen, c’est évident ! Heureusement qu’il est de notre côté ! Tu imagines s’il était tout allé raconter aux Nibelung ?
– Ils n’auraient sûrement pas été très contents, compléta Tamino. Mais peut-être que ça les aurait conduits dans leurs derniers retranchements ?
– Que veux-tu dire ?
– Tu te souviens de mon monstre lama-tigre ? Il est inoffensif mais dès qu’on l’accule à un mur ou qu’on l’encercle en trop grand nombre, il attaque tout ce qui bouge. Si les Nibelung se sentaient vulnérables, peut-être qu’ils finiraient par se trahir.
– Tu as raison, Tam’. Ça peut être une idée à mettre en pratique, en plus. Espérons juste que la mère et l’oncle de Yamato tiennent plus du lama que du tigre…
– Tu veux la po’te rouZe ou la po’te bleue ? demanda Odile à l’une de ses poupées. Moi Z’aime bien la rouZe. C’est Zoli le rouZe.
Carmen n’aimait vraiment pas savoir Erda Nibelung dans la chapelle, et encore moins le jour de son anniversaire. De plus, elle avait appris que la suspecte avait trouvé le moyen d’inviter également son frère Wotan. La cambionne se rassurait toutefois en se disant qu’avec leur mère, ils ne risquaient rien. Comment arriver à lui faire avouer son secret ?
– On pourrait lui donner du jus de fruits pétillant, suggéra Tamino. Les quelques jours avant qu’Aïda n’aille hiberner, elle en buvait vraiment beaucoup et ça la rendait toute joyeuse. Peut-être que dans les mêmes conditions, Erda se montrerait plus bavarde.
– Je ne crois pas que maman mette assez de bulles à disposition pour notre fête, objecta Carmen.
– Tami’ ! s’exclama soudainement Odile en abandonnant complètement ses poupées au profit de son frère. Peux aller dans la po’te rouZe ?
– Euh… hésita Tamino.
– Bien sûr que tu peux ! répondit Carmen avec assurance. Et même que je t’y rejoindrai pour jouer, ça te plairait ?
– Ouiiii !
– Qu’est-ce qu’elle a avec les portes ? demanda Tamino à mi-voix alors que la bambine était partie débattre avec le Nounoursferatu.
– Aucune idée, murmura Carmen. Maman m’a dit qu’elle était un peu bizarre mais que ça allait lui passer en grandissant.
[…]
– Je pensais que vous seriez le seul propriétaire ! se méfia Edith. Ne pensez-vous pas que vous êtes un peu vieux pour avoir votre petite maman sur le dos ?
– Ma mère est également très attachée à vos valeurs, Edith, se rattrapa Stanislav. Mais je comprends bien le détail qui vous contrarie.
La maîtresse des lieux leva les yeux au ciel. Bien évidemment qu’un détail la contrariait ! Elle qui avait appris à suivre un train de vie très strict et réglé au millimètre près devait faire face à un nouvel imprévu. Elle aurait aimé rencontrer la mère de Stanislav avant, aussi convint-elle avec le vampire d’une date pour une future entrevue.
– Vous comprendrez bien qu’il est hors de question que je signe quoi que ce soit avant cela, bougonna Edith. Ma confiance a été bien trop abusée ces derniers temps alors je tiens à connaître mes collaborateurs au mieux.
– Ne vous inquiétez pas, souffla Stanislav d’un air étrange. Ma mère sera plus que ravie de vous rencontrer.
Il y eut un silence durant lequel Edith en profita pour jeter un nouveau regard au nom qui lui était présenté sur le contrat.
– Sans vouloir être impolie… Comment se prononce son prénom, au juste ?
[…]
La journée passa alors à une vitesse folle et le moment tant attendu finit enfin par arriver. Tout le monde était descendu dans la salle à manger où Ulrike avait exposé les gâteaux, lesquels comprenaient déjà les bougies allumées.
– Deux d’un coup, Edith ! fit remarquer Stanislav Istines à la maîtresse des lieux. Vous devez être doublement fière.
– Je croise surtout les doigts pour que leur adolescence ne me cause pas doublement de soucis, répondit l’intéressée. J’aspire à présent à un peu de calme dans cette chapelle.
– Avez-vous réglé vos soucis avec Odile ? demanda Erda Nibelung.
– Disons que je les ai réglés pour ce soir : je l’ai envoyée au lit. J’espère juste qu’elle n’en aura pas profité pour mystérieusement disparaître à nouveau.
Puis, s’adressant à ses enfants :
– Allez-y, mes stars du jour. Il est temps de souffler !
D’un même mouvement, Tamino et Carmen s’approchèrent de leur gâteau respectif. Chacun regarda ses bougies en formulant secrètement leur vœu.
Je voudrais que mes histoires deviennent réelles…
Je voudrais découvrir le monde et me faire plein d’amis…
[…]
Charlotte avait beau persister dans les soins, rien de ce qu’elle ne faisait ne parvenait à remettre mamie Lagrise d’aplomb. La vieille dame parvenait occasionnellement à retrouver un éclair de lucidité, mais elle demeurait alitée la plupart du temps. Au fond d’elle, la Brindletonienne savait qu’il était inutile de tenter de repousser l’inévitable : l’heure était bientôt venue.
– Pardonne-moi… articula mamie Lagrise.
Charlotte était à présent habituée aux cauchemars de l’humaine. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu’elle était à son chevet et mamie Lagrise marmonnait dans son sommeil des paroles parfois intelligibles, parfois complètement incohérentes.
– Il les menaçait… je n’avais pas le choix…
– Tout va bien, Malvina, murmura Charlotte avec douceur. Vous faites un mauvais rêve.
Elle n’était hélas que vétérinaire. Ce qui concernait les humains dépassait le champ de ses compétences. Elle aurait tellement aimé faire plus que préparer à sa camarade des tisanes améliorant le sommeil. Personne n’avait prévu que les choses se compliqueraient ainsi.
Le soir de sa plongée spectrale dans l’urne de Méphistophélès, Charlotte avait réussi à quitter la maison des Chopra en soutenant seule mamie Lagrise, laquelle était complètement inanimée. Rahul n’avait rien remarqué mais au fil des jours, Orpheus avait fini par se sentir de plus en plus coupable.
– Je n’en peux plus de lui mentir.
– Jusqu’à présent, lui avait assuré Charlotte, tu t’en es très bien sorti.
– Cette fois-ci, c’est différent ! Il s’agissait d’un moment important pour nous et j’ai l’impression de l’avoir gâché en ayant pris Rahul pour un lama. Il ne mérite pas cela. C’était mal et regarde, c’est comme si l’Observateur nous le faisait savoir avec l’état de Malvina.
– Cela n’a rien à voir. Tu es intelligent, Orpheus. Tu ne vas pas te mettre à croire à de telles choses.
Mais plus le temps avait passé, plus Orpheus avait eu du mal à affronter le regard de Rahul. L’henfobaglois n’avait d’ailleurs pas compris l’attitude de son petit-ami. Pour lui, tout se passait à merveille entre eux.
Sa surprise avait donc été douloureuse lorsqu’un soir, Orpheus, ne tenant plus, s’était décidé à mettre un terme à leur relation sans lui fournir la moindre explication.
– Il sera beaucoup mieux sans moi, avait confié le cambion à Charlotte.
– Ce n’est pas à toi de décider ce qui est bon pour lui. Et tu sais très bien que tu ne crois toi-même pas un mot de ce que tu dis. Il ne s’agit que d’une excuse pour te punir.
– Peut-être bien, avait répliqué Orpheus sur un ton de défi. Mais au moins, maintenant, il me déteste. Il pourra tourner la page plus rapidement. Je lui ai rendu service.
– On croirait entendre ta mère, avait frissonné Charlotte. C’est typiquement le genre de réflexion qu’elle pourrait avoir.
– Je sais et je n’aime pas ça, moi non plus. Écoute, il a quelque chose dont je voulais te parler il y a quelques temps et je pense que c’est maintenant le bon moment.
Orpheus avait alors avoué à Charlotte que quelques jours avant la plongée spectrale, il avait envoyé une candidature à l’université de Sunset Valley.
Il avait reçu une réponse positive mais n’avait jusqu’à présent pas eu le déclic pour accepter. Les récents événements avaient toutefois changé la donne.
– C’est beaucoup trop précipité, s’était opposée Charlotte. Non seulement c’est à l’étranger, mais en plus tu vas arriver en cours d’année, comment veux-tu suivre ? Sans compter le fait de devoir cacher ton vampirisme à tes camarades, c’est trop dange…
– C’est mon problème, avait poliment coupé le jeune homme. Je ne t’ai pas dit ça pour te demander ton autorisation. Tu en as fait beaucoup pour moi, Charlotte, et je ne pourrai jamais assez te remercier. Mais je sens qu’il faut que je parte, comme lorsque nous avons quitté la Fledermaus ensemble. C’est simplement pour une affaire de trois ans. Je veux découvrir à quoi ressemble le monde normal. Ne t’inquiète pas pour moi, je saurai me cacher aux yeux des autres. Et je reviendrai vous voir toutes les deux de temps à autres.
Charlotte n’avait pas pu le retenir et inévitablement, Orpheus était parti dès le surlendemain. Ce n’est qu’après que l’état de mamie Lagrise s’est aggravé mais la Brindletonienne n’avait pu se résoudre à faire revenir le cambion pour lui demander son aide. Il avait besoin de s’éloigner de cette vie et elle se devait de respecter son choix.
Mamie Lagrise dormait à présent paisiblement. La tisane avait fait son effet. Charlotte s’apprêtait à quitter la pièce lorsqu’elle vit un livret sur la commode de la vieille dame. Il s’agissait vraisemblablement d’un journal. La fantôme ne l’avait jamais vu auparavant.
Une intense vague de curiosité la gagna alors. Depuis leur rencontre sur la place Clairdelune vingt-et-un ans auparavant, mamie Lagrise s’était toujours montrée mystérieuse, et ce même après le début de leur cohabitation à Henford-on-Bagley. Que pouvait bien avoir été sa vie depuis la mort d’Alexei ?
Charlotte jeta un regard coupable en direction du lit. Elle ne ferait que regarder les premières lignes, rien de plus.
Rassemblant son courage et laissant ses scrupules de côté, la Brindletonienne ouvrit le journal à la couverture usée à la première page.
344 ap-c, Windenburg, hiver (impossible pour moi d’être plus précise),
Cher journal,
Plusieurs semaines se sont écoulées depuis mon départ de Forgotten Hollow et mon cœur n’a jamais été aussi vide. Ai-je eu raison de fuir ce manoir ? N’aurais-je pas mieux fait de demeurer auprès de Père et de Mère ? Nous sommes tous en deuil, mais le chagrin doit être plus difficile encore pour eux. D’ordinaire, ce n’est pas chose naturelle que de survivre à son enfant. Dans une société de vampires, cette anomalie est d’autant plus marquante. Mais bien qu’il m’arrive de culpabiliser de les avoir laissés derrière moi, une part de moi trouve consolation dans l’espoir qu’ils parviendront à avancer ensemble, comme ils l’ont toujours fait.
Windenburg est magnifique. La nature y est si apaisante ! Je bénis l’Observateur de m’avoir octroyé le pouvoir de résistance au soleil. Grâce à lui, je peux marcher de jour sans être la cible de questions indiscrètes. Bien sûr, je reste une curiosité aux yeux des mortels que je croise. Que pourrait bien faire une jeune femme seule en un temps si glacial ? Ma tenue semble en outre attirer les regards. Il est vrai que les femmes que j’ai pu croiser n’étaient pas vêtues de la même manière.
Plus pour paraître normale que par réelle nécessité, je me suis résolue à vendre mes bijoux et accessoires pour m’offrir quelques nuits sous le toit réconfortant d’auberges se trouvant sur mon chemin. C’est d’ailleurs dans l’une de celles-ci que je t’ai trouvé, cher journal. Tu étais seul sur la table de chevet de ma chambre. Le précédent client t’avait probablement acheté dans le but de t’offrir, mais je suppose qu’il t’a oublié lors de son départ. Dans tous les cas, je suis heureuse de t’avoir gardé près de moi tel un trésor inestimable. Tu me donnes l’impression d’être un ami auprès de qui me confier en toute sérénité. J’ignore encore où mes pas me conduiront mais avec toi, ce périple sera plus supportable. J’en suis convaincue.
Charlotte reposa le carnet, honteuse. Elle qui n’avait voulu survoler que quelques phrases avait lu une entrée entière d’un journal qui ne lui appartenait pas.
Ainsi donc, la première destination de Malvina Straud après son départ de chez elle avait été Windenburg. La Brindletonienne se demandait à présent ce qu’elle y avait trouvé et si elle y était restée. Elle se promit alors de demander tout cela à mamie Lagrise lorsque celle-ci irait un peu mieux.
Des coups précipités retentirent alors au rez-de-chaussée. Quelqu’un frappait à la porte.
Il était pourtant assez tard. Était-il possible que ce fût Orpheus ? Charlotte redescendit en toute hâte jusqu’à la porte d’entrée.
En ouvrant celle-ci, cependant, la fantôme eut une surprise de taille.
– Ulrike ?
Le cerveau de Charlotte accéléra aussitôt. Était-il possible qu’Edith eût retrouvé sa trace ?
Comme pour répondre à sa question, la gouvernante de la Fledermaus prit la parole :
– Charlotte, articula-t-elle à grand-peine. Aidez-moi, je vous en supplie.
À suivre...
Bonus :
Un peu de choupinerie pour ces deux grands enfants, en cette fin de chapitre
Secrets de tournage :
J'ai beaucoup aimé les propositions automatiques faites par le jeu au moment de la réalisation des screens
Oh mon dieu! Mais il s'en passe des choses!
Tout d'abord, les deux enfants qui grandissent c'est trop mignon! Et la tite cocotte qui veut la porte rouge! J'ai bien ri!
Je me demande quel coup pendable ils vont faire pour démasquer les fautifs! hum...
J'étais triste pour le pauvre Rahul mais ensuite d'apprendre qu'il quitte Henford-on-bagley pour aller à la fac... ouah!
J'étais intriguée durant la lecture du journal intime de mamie lagrise. Ouhhh
Pauvre Charlotte qui regarde tous ces départs... et bientôt mamie en plus! Elle va se retrouver seule à enquêter sur ce mystère. Je me demande comment ça va finir!!!!
Bref, super épisode! Comme toujours!!!
Rho mais non, tu nous laisses sur beaucoup trop de suspense de tous les côtés là, c'est pas possible
Vite, la suite!!!
La petite Odile avec ses portes m'inquiète beaucoup...pourvu qu'il ne lui arrive rien de mal. Carmen n'aurait peut-être pas dû l'autoriser à ouvrir la porte rouge Va-t-elle l'y rejoindre réellement, pour "jouer" ou alors pour la sauver ?
Tamino et Carmen qui soufflent leurs bougies, ça y est! J'ai hâte de voir à quoi ils ressemblent à présent
Mais je ne suis pas sûre que Tamino ait bien fait de prononcer un tel voeu, imaginons qu'un tigre/lama dévaste tout dans la crypte?
Genre un tigre/lama prenant la forme d'Erda et de Stanislav par exemple...je sens qu'il y a eu un couac pendant la fête d'anniversaire, mais que s'est il passé ???
En tout cas ça se confirme par le fait qu'Ulrike soit venue chercher Charlotte...mais d'ailleurs, comment l'a-t-elle retrouvée? J'ai en même temps hâte et peur de connaître la suite
Je suis triste pour Orpheus, qui s'est forcé à rompre avec Rahul... quel dommage qu'il n'ait pas fait le choix de la transparence car ces deux-là s'aimaient réellement... peut-être se retrouveront-ils plus tard? Je l'espère vraiment pour eux. Et j'espère aussi que Rahul ne va pas se retourner contre Orpheus et sa famille; ce serait si triste...
En attendant voilà Orpheus parti vers de nouvelles aventures, sans savoir qu'il se passe (enfin d'après mon imagination ) quelque chose de grave à la crypte...
Mince... Orpheus s'en va. Moi qui l'imaginais tout avouer à Rahul, le voilà qui le quitte, et qu'il quitte tout le monde, par la même occasion. Quelle tristesse.
Je me demande d'où sort ce Stanislav ? Qui est sa mère, et que préparent-ils ? Je ne le sens pas du tout.
Et puis, quelle idée Edith a eu de les inviter, Erda et lui à l'anniversaire de Carmen et Tamino ! J'ai un mauvais pressentiment concernant Odile. Cette fois elle va peut-être disparaître pour de bon. Un enlèvement ? Je m'inquiète beaucoup pour cette poupette.
J'aurais bien voulu voir les têtes de Carmen et Tamino adolescents, mais je vois qu'il va falloir attendre le prochain chapitre
Je me demande pour Ulrike a besoin d'aide. Est-ce que ça a un rapport avec Odile, ou tout autre chose ? Mon mauvais pressentiment s'est accru au fil de ma lecture...
D'ailleurs, comment Ulrike a-t-elle su où trouver Charlotte ? Est-ce que Edith sait aussi où la trouver ? Encore beaucoup de questions sans réponses à la fin de ce beau chapitre... 🫣
@oiseaudelune Un vilain coup de la part de Tamino et Carmen ? Maaaais non, ils sont honnêtes
Intriguée pour le journal intime ? C'est normal ! Nous en entendrons parler à nouveau, promis
Charlotte assiste en effet à tous ces départs, mais sait-on jamais, peut-être recevra-t-elle de l'aide providentielle
@Elinoee J'avoue que je voulais publier le chapitre 53 plus tôt que cela, mais j'ai été à court de temps Mais ce soir, ça y est, l'attente est terminée !!
Je comprends bien que cette histoire de porte est un peu alarmante, concernant Odile l'avenir nous dira si tu as eu raison ou non de t'inquiéter !
Il semble bien s'être passé quelque chose, ce soir-là, mais quoi ? Il est temps d'écouter Ulrike pour le savoir
Bien d'accord avec toi concernant Rahul ! Mais les premiers sont rarement les derniers Après, qui sait de quoi l'avenir sera fait (ben... moi, je sais ! ). Dans tous les cas, Orpheus part en effet la conscience tranquille. Espérons pour lui que cela dure !
@nathalie986 Orpheus a accumulé beaucoup de responsabilités depuis sa fugue, je pense qu'il en a accepté plus qu'il ne pouvait encaisser. C'est ce trop-plein qui le pousse à partir aujourd'hui. Il reviendra, bien sûr, mais avant ça, il va essayer d'apprendre à être jeune
Tu as bien raison de te méfier de Stanislav Les réponses le concernant arrivent très vite !
L'arrivée d'Ulrike est en effet inquiétante, elle soulève beaucoup de questions. Mais tout nous est expliqué aujourd'hui
Voici enfin la suite de l'histoire ! Que fait donc Ulrike à Henford-on-Bagley ? Réponse ci-dessous ! Bonne lecture ! 🤗 Moi je pars me cacher en espérant que vous ne chercherez pas à me taper à l'issue de ce chapitre 🫣
--- Chapitre 53 : Le secret des Nibelung ---
Bien sûr, Charlotte avait aussitôt invité Ulrike à entrer. La vampire semblait en état de choc et à en voir son allure, elle était partie à la hâte. Y avait-il eu un problème à la Fledermaus ?
– Que s’est-il passé ? finit par demander la Brindletonienne au bout de quelques minutes de silence.
– Edith… marmonna Ulrike.
Si elle en avait encore eu, le sang de Charlotte n’aurait fait qu’un tour.
– Edith quoi ? paniqua-t-elle. C’est elle qui vous envoie, n’est-ce pas ? Elle a retrouvé notre trace ?
– Elle… a disparu.
La fantôme resta silencieuse quelques secondes. Les propos d’Ulrike l’inquiétaient grandement mais elle préféra attendre que la gouvernante rassemble son courage pour aller au bout de son récit. Après tout, il était question d’Edith Faust. Il n’y avait pas de raison de se préoccuper de son absence outre mesure. Probablement était-elle simplement partie chasser. Cependant, un détail interloqua Charlotte.
– Si elle a disparu, récapitula-t-elle, et que vous-même êtes ici… Qui garde les enfants ?
Alors, sans aucun signe avant-coureur, Ulrike fondit en larmes.
– Les enfants ont également disparu. La Fledermaus a été attaquée, je suis la seule rescapée. Oh, Charlotte, qu’allons-nous faire ?
La Brindletonienne sursauta d’effroi à la nouvelle. Voyant cependant l’état de son interlocutrice, elle décida de garder l’esprit clair.
– J’ai besoin que vous me racontiez les événements, Ulrike. C’est très important. Nous verrons ensuite ce que nous pouvons en tirer.
Après un instant nécessaire pour reprendre contenance, Ulrike prit une profonde inspiration durant laquelle Charlotte envisageait déjà le pire pour Edith et les enfants. Enfin, la vampire finit par prendre la parole :
– Tout est arrivé si vite… Je n’ai moi-même pas eu le temps de tout comprendre. Lorsque c’est arrivé, nous fêtions l’anniversaire de Tamino et Carmen...
[...]
Nous avions des invités, ce soir-là. Edith a accueilli Erda Nibelung, qui vous remplace pour l’entreprise depuis quelques temps, mais également un certain Stanislav Istines, avec qui Edith tenait à s’associer. Enfin, plus tard dans la soirée, Erda a été rejointe par son frère Wotan. Par égard pour Erda, Edith s’est montrée cordiale avec lui mais il était évident de constater qu’elle le voyait avant tout comme le mari de Lilith.
Par la suite, les jumeaux s’apprêtaient à souffler leurs bougies lorsque deux individus imprévus à la fête se sont joints à nous et ont interrompu la célébration. Il s’agissait du comte Vladislaus Straud accompagné d’un homme curieusement vêtu.
– Bonsoir, Edith.
– Par Cordélia, pour qui vous prenez-vous, Vladislaus ? Qui vous a invité ? Allez-vous-en immédiatement. C’est une propriété privée, ne vous rappelez-vous pas me l’avoir cédée ?
Le comte ne s’est évidement pas laissé faire. Le ton est monté. Tamino et Carmen, qui étaient plus près de la porte, se sont éclipsés. En suivant la dispute entre Edith et Vladislaus, j’ai compris qu’il était question de Sixam. L’apparence de l’acolyte du comte devenait alors plus logique.
– Mademoiselle Faust, je suis Saethin Sixam, l’ambassadeur occulte des extraterrestres. J’ai le regret de vous informer que tous vos faits et gestes ont été épiés depuis des années.
– Si vous parlez de cette traîtresse de Charlotte Fox, je vous informe que vous auriez tout aussi bien pu rester sur votre planète. Je suis au courant depuis longtemps et le problème n’est même plus d’actualité.
– Il n’est pas question de quelqu’un de votre espèce, mais bien de la mienne.
– Fox n’est pas de mon es…
C’est alors qu’Erda Nibelung a jugé bon d’intervenir.
– Vos motivations importent peu. Ne voyez-vous pas que vous êtes en train de gâcher une superbe fête d’anniversaire ?
Saethin a alors dévisagé Erda et Wotan durant un long moment.
– Ce sont bien eux, comte Straud.
– De quoi parlez-vous, à la fin ? s’est emportée Edith.
– Depuis dix-sept ans, a répondu Vladislaus, les Nibelung usurpent l’identité d’une famille depuis longtemps disparue. Ils utilisent une technologie de Sixam pour se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas grâce à des déguisements de vampires. Ce sont en réalités deux extraterrestres !
Bien sûr, Edith a ri au nez du comte. Pour sa défense, il était difficile de croire en de telles révélations.
– Leurs déguisements n’ont pas pris une ride depuis tout ce temps. Pensez-vous donc vraiment que des sixamiens soient capables de copier des traits vampiriques avec autant de perfection ?
– À vous de me dire s’il est possible ou non d’emprunter les savoirs d’une autre espèce, mademoiselle Faust. N’avez-vous pas vous-même usé d’une technologie de notre planète en capturant une sixamienne ?
– Je…
– La technicienne en question se nommait Andraste Geozys. Bien sûr, je parle d’elle au passé car la malheureuse est morte il y a dix-sept ans.
Saethin s’est alors tourné vers les Nibelung.
– N’est-ce pas à cette période que vous avez perdu votre sœur, Wotan et Erda ? Bien sûr, vous avez eu la courtoisie de conserver vos prénoms, mais vous n’êtes pas plus Nibelung que je ne suis sirène.
Un silence glaçant s’est alors installé. Un silence qu’Erda a fini par rompre d’elle-même :
– Maintenant, Wotan.
Tout est encore flou, dans ma tête. Ce dont je suis sure, c’est que j’ai été projetée au sol tout en percevant divers bruits de mécanismes. Je me suis alors cachée, cherchant désespérément à atteindre Siegfried pour le protéger. Je n’ai jamais pu l’atteindre. Le chaos régnait tout autour de moi.
– Maman ! Que se passe-t-il ?
– Qu’avez-vous fait, inconscient ? Il s’agissait de l’ambassadeur occulte de Sixam ! Comment allons-nous nous justifier auprès des extraterrestres ?
– C’est bien le cadet de mes soucis, comte ! Les Nibelung ont obtenu leur dû, à moi d’obtenir le mien.
– Qui êtes-vous donc ?
– Ne l’avez-vous pas déjà deviné ? Ma mère m’a pourtant toujours dit que je lui ressemblais tellement…
– Vous… Alexei…
J’ai honte, mais j’ai profité du combat entre Vladislaus et Stanislav pour m’enfuir. Toutefois, mes mouvements étaient ralentis : il ne m’en a pas fallu plus pour comprendre que les Nibelung avaient ajouté dans mon verre et – et probablement celui d’Edith – une dose indétectable de solution d’ail et d’aconit entravant nos pouvoirs vampiriques.
Je savais qu’Erda et Wotan avaient eu Edith et Siegfried ; ils n’allaient pas tarder à mettre également la main sur Odile qui dormait dans la pièce voisine et je ne pouvais pas prendre le risque d’aller la chercher. Je suis alors directement montée jusqu’à la chambre des enfants. Tamino et Carmen s’y étaient réfugiés à l’arrivée de Vladislaus et je comptais les faire quitter la chapelle avant que nos assaillants n’aient eu le temps de fouiller les autres étages.
– Ils ne vous ont pas encore trouvés. Venez.
– Où allons-nous, Ulrike ? Que se passe-t-il, en bas ?
Je n’ai pas su leur répondre. J’avais la vague idée de les conduire jusqu’aux musiciens d’Edith sur la place Clairdelune mais je n’avais aucun plan pour la suite des événements.
De plus, à peine étions-nous sortis que Wotan s’est précipité à notre poursuite.
– Vous ne m’échapperez pas ! Rendez-vous sans faire d’histoire !
– Tamino ! Carmen !
C’était le bibliothécaire de la place Clairdelune. J’ignore ce qu’il faisait sur la place principale – probablement avait-il accompagné Vladislaus – mais en l’état, sa présence m’était providentielle.
– Emmenez-les, s’il vous plaît. Protégez-les !
– Non ! Ulrike, que fais-tu ? Viens !
– Venez, les enfants, suivez-moi.
Du coin de l’œil, j’ai observé le bibliothécaire s’enfuir avec les enfants. Wotan Nibelung a tenté de leur courir après, mais je me suis interposée. J’étais déterminée à faire gagner le plus de temps possible à Tamino et Carmen, quitte à commettre l’irréparable.
Mes pouvoirs étaient cependant toujours entravés et Wotan était sur le point de m’éliminer. Vlasislaus a alors surgi à cet instant et m’a secourue.
J’ai passé les jours qui ont suivi alitée, occasionnellement soignée par nulle autre que Lilith Vatore. Elle avait assisté à la scène depuis sa fenêtre et depuis l’attaque de la Fledermaus, Wotan n’était pas rentré. Il avait laissé derrière lui sa femme et sa fille. Du côté de Ryuzo Nogawa, Erda avait également disparu mais a pris le soin d’emmener Yamato avec elle. Vladislaus m’a alors avoué ne pas avoir pu anéantir Stanislav, celui-ci s’étant enfui pendant leur combat. Lilith et lui m’ont ensuite révélé où vous vous trouviez afin que je vous y rejoigne.
[…]
Charotte s’était fait violence pour ne pas interrompre Ulrike à chacune de ses phrases. Les choses allaient décidément très mal à Forgotten Hollow. Ce que Vladislaus avait tant redouté s’était finalement réalisé : une poignée d’extraterrestres s’en était pris à Edith et ses enfants pour se venger du sort réservé à la technicienne sixamienne.
– D’après vos dires, résuma la Brindletonienne, ce Stanislav a quitté les lieux. Êtes-vous retournée à la chapelle après avoir été soignée ? Êtes-vous sure que tout le monde là-bas…
– Lorsque j’y suis retournée, répondit Ulrike, la Fledermaus était déserte. J’ai trouvé l’urne de Saethin Sixam mais aucune trace d’Edith ni de Siegfried et Odile.
– Et Tam’ et Carmen ? Sont-ils revenus ?
– Sanjay Kamdar les a emmenés loin d’ici et Vladislaus estime qu’ils sont mieux où ils sont. Ils n’auraient pas dû échapper aux griffes des Nibelung, après tout, alors ils seront toujours en danger. Le comte juge en outre fort probable que Stanislav revienne pour s’accaparer ce qui reviendrait de droit à sa famille : la chapelle.
Charlotte laissa échapper une exclamation incrédule.
– De quel droit pourrait-il s’installer à la Fledermaus ? Elle appartient à Edith et avant qu’elle n’y emménage, le terrain n’appartenait à personne. Il était à la base destiné à…
– ...Alexei Straud, compléta la gouvernante. Ainsi qu’à sa fiancée Yaritza Istines. Seulement, à la mort d’Alexei, Yaritza s’est enfuie mais il semblerait qu’Alexei et elle aient eu le temps de concevoir un enfant. Vladislaus lui a reconnu aussi bien les traits de son fils que ceux de la Furie Écarlate.
La situation prenait une ampleur de plus en plus alarmante. Ainsi donc, il n’y avait pas un seul ennemi, mais bien deux groupes distincts, lesquels s’étaient momentanément alliés pour renverser Edith. Où pouvait bien être cette dernière, à présent ?
– Edith a besoin de votre aide, dit Ulrike. J’ai conscience de la rancœur que chacune de vous entretient pour l’autre, mais l’heure est grave. Je suis venue vous demander une trêve et je suis pour cela venue avec quelque chose qui pourrait vous intéresser.
Fouillant dans ses affaires, la vampire sortit une urne qu’elle plaça devant Charlotte. La Brindletonienne la reconnut aussitôt : c’était la sienne.
La fantôme aurait aimé remercier son interlocutrice mais l’arrivée de mamie Lagrise dans la pièce l’en empêcha.
– À qui parlez-vous, Charlotte ? demanda cette dernière.
Comme pour répondre à la vieille dame, Ulrike se retourna vers elle.
– Bonsoir, dit poliment la vampire. Nous n’avons jamais eu le plaisir de nous rencontrer, il me semble.
Mamie Lagrise ne répondit pas immédiatement, trop occupée à dévisager Ulrike avec une expression que Charlotte ne lui avait jamais vue.
– Toi ? Ici ? Non…
Ce furent là les dernières paroles de Malvina Straud, qui s’effondra alors au sol.
Charlotte se précipita vers son amie mais elle savait qu’il était trop tard. Après avoir bravé tant d’épreuves, sa plus fidèle alliée venait de la quitter pour toujours, emportée par le mal le plus vieux et le plus commun du monde : le temps. Dehors, l’orage éclata, masquant des sanglots que la Brindletonienne ne parvint à retenir…
À suivre...
Crédits :
Les poses utilisées dans ce chapitre sont en majorité de Natalia Auditore. Celles grâce auxquelles Tamino et Carmen s'enfuient en courant sont de Cement (j'avoue avoir mis du temps pour trouver des poses de course dramatique pour enfants !).
C'est l'heure des cookies
Félicitations à @nathalie986 qui a vu clair dans le jeu des Nibelung depuis déjà plusieurs chapitres, ainsi qu'à @oiseaudelune qui a également émis la bonne hypothèse lors du dernier chapitre ! 🤗
Bonus :
Mamie Lagrise partant comme une boss . Merci à toi pour avoir porté toute une partie de l'intrigue de cette histoire
Oh! Merci pour le cookie! Miam!
Pauvre mamie Lagrise! Je m'étais pris d'affection pour cette pauvre femme dont le destin était de renverser celui qui a détruit sa famille.
C'est complètement fou ce qui s'est passé à La Fledermaus! J'en reviens pas!
Et Alexei a eu un fils! Incroyable! Je n'aurais jamais deviné! Bon, je suis un peu quiche pour découvrir des intrigues. J'avoue. hahaha
Pauvres enfants là-dedans. Heureusement que le beau bibliothécaire était là pour emmener et secourir les enfants.
Je me demande par contre... pourquoi mamie Lagrise a dit à Ulrike ces derniers mots:
– Toi ? Ici ? Non…
Hum... Étrange... mystérieux.... hum...
Vraiment, je me demande ce qui va arriver!
Est-ce que Méphisto va venir à la rescousse en mettant le chaos chez nos ennemis! Ça pourrait être comique!
Et la pauvre tite cocotte qui aiment les portes?
Eh lala... Vivement la suite!!!!
Toujours une superbe histoire que je dévore!!!!
Je m'attendais à ce qu'il se soit passé quelque chose de grave lors de l'anniversaire de Tamino et Carmen mais quand même pas à ce point là
Toute la famille disparue, rien que ça! Reste à espérer qu'il ne soit rien arrivé d'irréversible
Je suis surtout inquiète pour les enfants bien sûr, Siegfried et Odile...pauvres petits bouts...
Heureusement que Tamino et Carmen ont pu s'enfuir avec le providentiel bibliothécaire (un peu louche d'ailleurs, non?). Mais du coup ils n'ont pas eu les temps de grandir ces deux-là! Moi qui avais hâte de voir leurs bouilles ado! Ah, ces empêcheurs de tourner les anniversaires en rond, grr...
N'empêche j'ai adoré cette "invasion" extra-terrestre à la crypte, c'était génial Quel scénario palpitant! Et doublement génial avec l'apparition du fils d'Alexei...je ne m'y attendais pas du tout! Les poses étaient parfaitement choisies tout au long du chapitre en plus
RIP Mamie Lagrise... mais que de mystère entoure ces dernires mots! Qui est donc véritablement Ulrike? Pourquoi Mamie Lagrise la connaît-elle??
Et maintenant que Charlotte a retrouvé son urne,va-t-elle pouvoir retrouver sa forme humaine et revenir à la vie? Serait-ce souhaitable d'ailleurs? Je trouve qu'elle serait bien fragile en tant que pauvre humaine "solide" face aux méchants extra-terrestres et aux méchants vampires
Elle serait peut-être mieux à même d'aider Edith et les enfants sous sa forme de fantôme...
@oiseaudelune Je suis bien d'accord avec toi au sujet de mamie Lagrise, j'ai eu beaucoup de mal à faire mourir ce personnage car je l'aimais beaucoup Mais c'était malheureusement nécessaire pour la suite.
En ce qui concerne ses derniers mots, je ne dirai qu'une seule chose : mystère !
Tu vas avoir des nouvelles de "la petite cocotte qui aime les portes" dans ce chapitre ! 🤗
Merci beaucoup !
@Elinoee Le moins que l'on puisse dire, c'est que si j'avais organisé un événement social avec le téléphone de mes sims, cet anniversaire n'aurait pas reçu la médaille d'or du tout
Cela finit en effet relativement bien pour Tamino et Carmen. Le bibliothécaire est bienveillant, promis Héhéhé, c'est vrai que faire grandir les demi-jumeaux "hors caméra" a été frustrant Merci beaucoup pour tes compliments sur la scène d'action !
Les réponses concernant les derniers secrets de mamie Lagrise arriveront très bientôt
Tu as parfaitement raison : en l'état, il n'est pas prévu pour Charlotte de retrouver forme humaine. Elle est bien plus en sécurité en étant déjà morte, et d'autant plus maintenant qu'elle a récupéré son urne, s'assurant ainsi de ne plus avoir à subir de chantage sur fond de "fais ce que je dis ou je libère ton esprit"
Coucou tout le monde ! Voici le retour de cette histoire après un petit mois d'absence. Je n'ai pas pris la peine de vous faire un "précédemment..." alors nous allons partir du principe que vous vous souvenez de tout ce qui s'est passé lors des derniers chapitres ! Bonne lecture à vous ! 🤗
--- Chapitre 54 : Coup d'état ---
Charlotte et Ulrike avaient rapporté l’urne de Malvina à Forgotten Hollow. La Brindletonienne savait qu’il s’agissait là des dernières volontés de la vieille dame, et ce malgré le fait qu’elle eût passé la majeure partie de sa vie à fuir son héritage familial. Elle reposerait dorénavant aux côtés de son frère, au sein de la demeure de leur père.
La cérémonie avait été très rapide et intime. Vladislaus cherchait à recontacter son épouse pour la prévenir de la nouvelle tragédie survenue dans leur famille, mais Inna Cents semblait injoignable.
Il en allait de même pour Orpheus. À vrai dire, Charlotte n’avait pas beaucoup insisté dans ses tentatives de l’appeler et n’avait essayé qu’une seule fois sans laisser de message. Cela était probablement mieux ainsi pour le cambion, lequel s’épanouissait assurément à Sunset Valley.
Quelques jours après l’arrivée de Charlotte et Ulrike au manoir Straud, Caleb et Odette avaient rejoint le groupe pour se recueillir. Père et fille avaient l’air de s’être plutôt bien acclimatés à leur nouveau lieu de vie : une petite maison en plein cœur de Moonwood Mill.
Lilith semblait ravie de revoir son frère mais Charlotte l’avait surprise plusieurs fois à dévisager sa nièce d’un air renfrogné. Ce n’était d’ailleurs pas la seule : Vladislaus préférait ignorer tout bonnement la bambine. Ulrike tentait d’arrondir les angles mais elle ne semblait pas supporter non plus d’être trop longtemps en présence d’Odette.
– Je me doutais que cela serait difficile, confia Caleb à Charlotte un soir. Ce sont des vampires, après tout. Leur réaction est naturelle.
– Comment vous en sortez-vous, là-bas ? lui demanda la Brindletonienne.
– C’est compliqué, mais je m’accroche. Rory m’aide beaucoup, bien sûr. Elle me dit qu’Odette et moi devons nous apprivoiser mutuellement. J’ai également sollicité l’aide d’une medium pour y voir plus clair.
– Vraiment ? Qu’a-t-elle dit ?
– Peu de choses concernant l’éducation de ma fille, mais elle a senti une aura mystique autour d’elle. Vous vous souvenez certainement que Lilith et moi avons des ancêtres medium ?
– Bien sûr. J’ai même vu l’un d’eux, lors de ma plongée spectrale dans l’urne de Méphistophélès.
– Lilith et moi pensions qu’au fil des générations, le don avait fini par s’estomper. Il semblerait qu’il ait ressurgi avec Odette. La medium essaiera d’approfondir ses capacités d’ici quelques années.
– Votre fille va décidément avoir beaucoup à apprendre !
Caleb finit par retourner à Moonwood Mill au bout d’une semaine. Lilith s’en désolait un peu. Charlotte la comprenait : l’attaque de la Fledermaus avait révélé la supercherie de son époux, lequel était parti sans la moindre explication. L’aînée des Vatore se demandait toujours si Wotan s’était montré sincère avec elle ne fût-ce qu’un instant. Ils avaient après tout eu une fille ensemble, mais Brunehilde ne semblait pas valoir plus à ses yeux que sa vengeance sur Edith.
– Peu importe, dit un jour Lilith. Ce qui compte, maintenant, c’est de les arrêter, sa sœur et lui. Il nous faut ramener Siegfried et Odile.
– Vladislaus est allé glaner quelques informations à la Fledermaus, déclara Charlotte. Peut-être qu’il trouvera un indice quelconque.
[…]
En effet, quelques centaines de mètres plus loin, le comte de Forgotten Hollow progressait avec prudence dans la chapelle d’Edith. Son affrontement contre Stanislav l’avait empêché de voir les Nibelung fuir avec la maîtresse des lieux et ses enfants.
Rien que cette attaque au sein d’une demeure de vampire était susceptible de mettre le feu aux poudres entre les deux espèces. Cela serait bien évidemment pire lorsque les sixamiens apprendraient la mort de leur dirigeant. Vladislaus avait beau bénéficier d’une grande expérience, il ne voyait en l’état pas comment éviter une guerre.
Atteignant le deuxième sous-sol, Vladislaus surprit un bruit dans la pièce juste en face de lui. S’il n’avait pas tort, il s’agissait là de la crypte d’Edith. Qui pouvait bien s’y trouver sans y avoir été invité ?
– Sortez immédiatement si vous tenez à votre misérable vie, intima-t-il dans le plus grand des calmes.
Il y eut un instant de silence au bout duquel la porte s’ouvrit lentement, laissant apparaître une silhouette qui sortit timidement de la crypte. Vladislaus toisa l’homme qui se présentait à lui. Il s’agissait de l’un des descendants d’Edith.
– Que faites-vous ici, Robertson ?
– Je… ma maîtresse m’a envoyé chercher quelque chose, hésita Jacob.
– Ne me mentez pas, s’emporta le comte. À l’heure actuelle, tout Forgotten Hollow est au courant de ce qui est arrivé à mademoiselle Faust. Maintenant que votre chère maîtresse n’est plus parmi nous, vous cherchiez probablement de quoi vous permettre une belle vie loin d’ici ? Les rats quittent le navire, à ce que je vois…
– Je dis la vérité ! insista le jeune vampire. Avant sa disparition, elle m’avait demandé de surveiller…
– Et cette clé, dans votre main, coupa Vladislaus, qu’ouvre-t-elle ?
Jacob ouvrit la bouche pour répondre mais fut interrompu par un cliquetis métallique provenant de l’étage supérieur. Quelqu’un était entré dans l’appartement. Malheureusement pour Vladislaus, le disciple d’Edith profita de la distraction pour prendre ses jambes à son cou. Le comte le maudit intérieurement et prit sa forme de brume pour découvrir l’identité du nouvel intrus.
Sans grande surprise, il s’agissait de Stanislav. Le vampire semblait déjà avoir pris ses aises, déambulant dans l’appartement toutes lumières allumées comme s’il en était le propriétaire.
– Notre combat a été coupé la dernière fois, lui lança Vladislaus, mais je vous conseille fortement de fuir pour votre survie. Ces lieux ne vous appartiennent pas.
– Bien au contraire, rétorqua Stanislav avec un calme insupportable. Le terrain me revient de droit. N’aviez-vous pas pour projet de l’offrir à votre fils en guise de cadeau de mariage, il y a de cela quelques décennies ? Et n’avez-vous pas déjà compris qui j’étais ?
– Le fait que vous soyez mon petit-fils ne m’empêchera pas de vous anéantir si vous ne me laissez pas le choix. Votre physique ressemble fortement à Alexei, je vous l’accorde. Mais à l’intérieur, vous êtes le portrait craché de votre mère.
– Il l’est, en effet, lança une voix.
Aussitôt après, une femme fit son apparition. Vladislaus l’aurait reconnue entre mille. Elle avait eu le toupet de porter un haut-de-forme normalement réservé aux comtes vampiriques.
– Bien le bonsoir, comte, salua ironiquement Yariza Istines. Je vois qu’il est inutile de faire les présentations. Alexei avait des gênes remarquables ! Stanislav a hérité le meilleur de nous deux. Mais mon fils et moi manquons à tous nos devoirs : peut-être avez-vous soif ? Il me semble avoir flairé quelques humains dans les cellules de cet étage, alors je vous en prie : faites-vous plaisir !
– Il ne vous appartient pas de me traiter en tant qu’invité dans une demeure qui n’est pas la vôtre, répliqua sèchement Vladislaus. Ne tentez même pas de me considérer comme appartenant à votre famille.
– Nous sommes pourtant la seule qui vous reste, non ? Quatre-vingt-un ans après la mort de mon bien-aimé, votre délicieuse Inna ne vous a pas donné le moindre signe de vie. Elle ne doit guère se soucier de vous. Sait-elle seulement que sa chère Malvina a désormais rejoint son frère dans l’au-delà ?
Vladislaus bouillonnait intérieurement. Hors de question cependant de se prendre au jeu de la Furie Écarlate.
– Que souhaitez-vous, tous les deux ?
– À vrai dire, nous sommes trois. Vous êtes arrière-grand-père, Vladislaus ! Mais la fille de Stanislav nous rejoindra ultérieurement. D’ici-là, nous ne souhaitons qu’une chose de vous : que vous nommiez officiellement mon fils héritier de Forgotten Hollow et du titre d’ambassadeur occulte des vampires.
[…]
Siegfried ignorait combien de jours s’étaient écoulés depuis l’anniversaire de Tamino et Carmen. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il n’avait pas vu sa mère depuis ce moment où Erda Nibelung l’avait changée en une espèce de gros glaçon avec son curieux appareil. Le reste de la soirée était flou, pour lui. Il se souvenait simplement s’être réveillé dans cette chambre sans personne à ses côtés.
Les jours suivants, un médecin était venu vérifier son état de santé. Le garçon se sentait en forme. Il ne pouvait pas en dire autant du médecin : était-ce normal d’avoir une peau aussi verte ? Siegfried n’avait jamais eu de réponse à cette question.
Le médecin ne lui avait jamais parlé plus que nécessaire et l’avait très vite confié aux soins de Kirali Noctis. D’après ce qu’elle lui avait dit, elle était enseignante. Elle au moins n’avait pas la peau verte mais dégageait la même impression que le médecin. Étaient-ils semblables ?
Les cours avec Kirali étaient intéressants, d’autant plus depuis que le cambion y avait retrouvé son ami Yamato. Lui non plus ne comprenait pas pourquoi il avait été conduit en ce lieu mais d’après ce qu’il racontait à Siegfried, il semblait être mieux traité. Sa chambre était plus grande et il voyait sa mère tous les jours. Les deux garçons suivaient les mêmes cours et avaient ainsi l’occasion de discuter.
– Ta mère a attaqué la mienne, dit Siegfried un matin.
– Tu dis des bêtises, nia Yamato. Ma mère ne ferait jamais ça.
– Et la mienne ne me laisserait jamais aussi longtemps sans elle. Pourquoi n’est-elle toujours pas venue me chercher ? Où est-elle ?
Bien sûr, Yamato n’en savait rien. Lui-même n’avait d’ailleurs pas revu toute sa famille : seuls sa mère et son oncle étaient présents.
– Je ne sais pas pourquoi mon père n’est pas là, avoua-t-il, mais peut-être qu’il est juste en train de travailler avec les autres du Carré d’As. Par contre, je ne comprends pas pourquoi tata Lilith et Brunehilde ne sont pas venues avec tonton Wotan…
– Mon frère et mes sœurs ne sont pas là non plus. Tu crois qu’il est arrivé quelque chose à tout le monde ?
– Je peux essayer de regarder sur Blic-Bloc Online si ma cousine s’est connectée depuis longtemps ou pas, mais il me faudrait un ordinateur...
[…]
Odile ne savait pas où elle était.
De toute évidence, ce n’était pas sa maison. Où était sa maman ?
Peut-être à l’étage. La bambine trouva un escalier et l’emprunta aussitôt.
Elle ne reconnaissait toujours pas cet endroit et cela lui faisait peur. Elle se laissa alors gagner par les sanglots. Sa maman l’entendrait à coup sûr et elle viendrait la chercher.
Mais ce n’était pas sa maman qui apparut devant elle. C’était un petit garçon à peine plus grand qu’elle.
– T’es qui, toi ? demanda-t-il d’un air curieux. Pourquoi tu pleures ?
– Elle est pas là ma maman ?
– Bah non, là c’est chez la mienne, pas la tienne.
Odile pleura de plus belle.
Le petit garçon s’approcha d’elle et la prit dans ses bras.
– Elle est peut-être dehors, ta maman, non ? Tu peux aller voir.
– Ibrahim ? appela une voix froide. Arrête de parler tout seul et viens ici, s’il te plaît, c’est l’heure de ton bain.
Ce devait être la maman du petit garçon. Odile n’aimait pas du tout le ton qu’elle avait employé. Cette maman n’avait pas l’air gentille du tout : que dirait-elle si elle s’apercevait de la présence d’une enfant qui n’était pas la sienne ? La cambionne ne voulait pas le savoir et préféra sortir, ignorant les mots du petit garçon :
– Tu reviens bientôt ?
Odile était enfin dehors.
Cet endroit n’était en effet pas sa maison, mais le jardin ressemblait un peu au sien. La vue qu’elle avait de l’autre côté de la barrière était la même que celle qu’elle pouvait avoir quand elle allait jouer dehors avec sa maman. C’était bizarre.
La bambine savait qu’elle n’avait pas le droit, mais elle franchit quand même la limite du terrain et arriva sur la route. Sa maman ne voulait jamais qu’elle y joue. Odile explora les lieux, toute curieuse de découvrir un nouvel endroit. Si seulement sa maman pouvait venir la chercher !
– Que fais-tu ici, jeune fille ?
Odile se retourna, pleine d’espoir, mais ce n’était toujours pas sa maman. C’était une dame aux cheveux noirs qu’elle n’avait jamais vue.
– Veux ma maman !
La dame l’observa attentivement avant de jeter un coup d’œil vers la maison qu’Odile venait de quitter.
Elle avait apparemment compris quelque chose car elle se dépêcha de prendre la bambine dans ses bras avant de se diriger de l’autre côté de la rue. Ce devait être sa maison.
À l’intérieur se trouvait un monsieur habillé bizarrement.
– Qui est cette petite, Lilith ?
– Je ne sais pas, Caleb, mais elle sort d’en face. Elle ne lui ressemble pas, je ne pense pas que ce soit sa fille.
Le monsieur regarda la dame avec inquiétude.
– Comment est-ce possible ? Elle est beaucoup trop jeune pour…
– Peu importe ! Peut-être qu’elle s’est simplement perdue. Je ne pouvais pas la laisser dehors. Ses parents viendront bientôt la chercher et j’en profiterai pour leur dire deux mots sur leur manière de surveiller leur fille, surtout à Forgotten Hollow !
La dame reporta son attention sur Odile.
– En attendant, petite, lui dit-elle, nous allons nous occuper un peu de toi. Quel est ton parfum de glace préféré ?
À suivre...
Bonus :
Ce que Caleb n'a pas dit à Charlotte, c'était que Rory et lui ne faisaient pas que s'occuper d'Odette, à Moonwood Mill !
Réponses
Arrivé dans son Corridor, Radamès rencontra la Sentinelle, qu’il repoussa aussitôt. Hors de question pour lui d’en finir maintenant et de passer la porte blanche.
Il avait anticipé cette éventualité alors qu’il vivait reclus avec Amneris et la magie sacrificielle, ainsi que son propre pouvoir, allait lui permettre de s’échapper.
Canalisant toute son énergie, le sorcier détruisit toutes les portes du Corridor.
Il réalisa trop tard que dans sa rage, il avait également fait disparaître la porte noire, s’enfermant sans aucune échappatoire possible.
Il avait cependant étudié les arcanes de la mort et savait que cette situation ne serait que temporaire : un Corridor ne pouvait pas retenir une âme indéfiniment si celle-ci n’avait pas emprunté la porte blanche. Puisqu’il n’avait pas rejoint l’Après, son monde d’origine lui serait encore accessible. La porte noire se reconstituerait obligatoirement.
D’ici-là, autant rentabiliser le temps en élaborant un plan d’action pour son retour. Cela commencerait par se constituer une nouvelle identité.
Radamès était mort : longue vie à Méphistophélès.
Il fallut deux siècles pour que la porte noire réapparaisse. Désormais libre de circuler comme bon lui semblait, le nouveau fantôme laissa son urne derrière lui sans même prendre la peine de la sécuriser. Visiblement, quelqu’un l’avait déjà mise en lieu sûr et lui-même, en détruisant sa porte blanche, s’était assuré que personne ne puisse le forcer à rejoindre l’Après contre sa volonté.
Errant dans un premier temps sans but, Méphistophélès cherchait des réponses sur ce qu’étaient advenus ses contemporains de l’époque. C’est ainsi qu’il trouva un jour la tombe de Cyrus Vatore, celui-là même qui lui avait prédit un destin funeste dès sa naissance.
L’occasion était trop belle pour ne pas s’essayer à la plongée spectrale.
**
Les clairvoyants avaient réussi à examiner l’urne de l’enfant du puits. En raison de l’absence de porte noire, nul ne parvint à effectuer une plongée spectrale pour s’assurer de la disparition de Radamès. Pour Cyrus Vatore, il s’agissait d’un très mauvais présage.
– Il reviendra, Rhiannon. J’en suis certain.
– C’est impossible. Quand bien même il réapparaissait, il ne serait qu’un fantôme aux pouvoirs diminués et après ce qu’il a fait à son propre Corridor, il lui serait très compliqué de reprendre consistance.
– Tu dois te préparer à cette éventualité. Tes enfants également. Vous aurez un rôle à jouer.
– Que veux-tu dire par là ? As-tu… vu quelque chose ?
– La réponse m’est parvenue en rêve cette nuit. Un jour viendra où Radamès reviendra sous un autre nom. Lorsque ce jour viendra, il cherchera à récupérer son enveloppe charnelle. Toi et moi connaissons son niveau en magie noire et crois-moi : peu lui importeront les dommages collatéraux pour parvenir à ses fins. Alors, de l’union de l’héritière Cents et d’un prince de grande lignée naîtra l’être qui mettra fin au plus grand mal de ce monde.
– L’héritière Cents… moi ? Et un prince… de grande lignée ? Es-tu certain de ce que tu as vu, Cyrus ? La lignée de Nathaniel est loin d’être prestigieuse et c’est encore moins un prince.
– Je ne pense pas que ce rêve parle de ton époux, pas plus qu’il ne parle de toi. Nous ne pouvons dire quand Radamès fera son retour. Qui sait, l’être en question sera probablement l’enfant que l’une de tes descendantes aura avec ce mystérieux prince. La guerre que nous menons ne durera plus très longtemps, à présent, et les humains commencent à se méfier de nous. Emmène ta famille loin d’ici, à l’abri. Et n’oublie pas mon rêve.
Conformément aux prédictions de Cyrus, la première guerre occulte prit fin trois lunes plus tard. Les humains d’Henford-on-Bagley désormais libres de circuler sans danger semblaient préparer quelque chose. Suivant les conseils de son tendre ami, Rhiannon tenta de raisonner son peuple. Si beaucoup l’imitèrent après son départ, d’autres décidèrent de rester, marquant ainsi leur condamnation par des henfobaglois désireux de se débarrasser de toute magie sur leurs terres. La sorcière des forêts, quant à elle, avait su protéger sa famille.
**
Ainsi donc, la lignée de Rhiannon lui serait fatale ? Il attendait de le voir pour y croire. La sorcière des forêts avait simplement eu de la chance, lors de leur affrontement. Quand bien même cette prophétie fût fondée, il n’appartenait qu’à lui de s’assurer qu’elle ne se réalisât jamais.
Pour cela, quoi de mieux que faire un pied de nez au destin ? Celui-ci semblait même d’humeur moqueuse : trois-cents ans après son retour en fantôme, Méphistophélès découvrit que la potentielle héritière de la grande figure de la guerre contre les vampires que fut Rhiannon Cents avait épousé un buveur de plasma de noble rang.
Par la suite, les pions s’étaient mis en place sans le moindre effort. Puisqu’il était annoncé que la descendance Cents précipiterait sa chute, Méphistophélès ferait en sorte qu’au contraire, elle l’aide à retrouver son enveloppe charnelle.
Après quoi, il trouverait bien le moyen de se débarrasser de cette lignée une bonne fois pour toutes. Échec et mat, Rhiannon.
[…]
La vision s’arrêta là. Charlotte resta un moment silencieuse, cherchant un sens à tout ce qu’elle venait de voir.
Ainsi donc, Méphistophélès avait autrefois été un mortel parfaitement normal – abstraction faite des circonstances de sa naissance – et avait été exécuté en raison d’une pratique intensive de magie noire. Il avait également bel et bien détruit lui-même sa porte blanche. Les sources de mamie Lagrise avaient été justes.
Mamie Lagrise… Malvina, fille d’Inna Cents et, par extension, dernière descendante de Rhiannon. Était-il possible que la prophétie de Cyrus Vatore – à n’en point douter l’ancêtre de Lilith et Caleb – concernât justement la vieille dame ? Mamie Lagrise était-elle « l’être qui mettra fin au plus grand mal de ce monde » ? Voilà qui expliquait probablement son insistance à mêler Charlotte dans cette enquête : elle avait besoin de quelqu’un pour lui confirmer son destin et l’aiguiller sur la marche à suivre.
Cependant, la Brindletonienne n’avait aucune idée de ce que pouvait être cette marche à suivre. La plongée spectrale ne le lui avait pas dit. Contrairement à la porte noire, il semblait impossible de réparer la porte blanche. Peut-être existait-il un moyen de faire disparaître un esprit sans même passer par son Corridor ? Charlotte concevait difficilement la chose. En admettant que mamie Lagrise fût bien destinée à éliminer elle-même Méphistophélès, elle n’en restait pas moins une humaine fragile. Seul un fantôme pourrait lutter à armes presque égales contre l’esprit maléfique.
Cette prise de conscience rappela à Charlotte un lointain souvenir, alors qu’elle venait juste de revenir d’entre les morts dans le manoir de Vladislaus. À cette époque, elle avait demandé au dénommé Dandelion, l’ambassadeur des jeteurs de sorts, de lui redonner son enveloppe charnelle. Le comte de Forgotten Hollow l’en avait dissuadée en argumentant que sa nouvelle condition serait utile et qu’il eût été dangereux de ressusciter tout de suite.
– Je comprends parfaitement ce qui vous anime, mademoiselle Fox. N'oubliez pas néanmoins que c'est avant tout à Méphistophélès que vous aurez affaire. Que se passerait-il, selon vous, si vous retourniez à la chapelle en tant qu'humaine ?
– Il finirait par trouver un autre moyen de me tuer. Peut-être même qu'il pousserait Edith à le faire de ses propres mains, ce qui l'autoriserait à s'en prendre à moi dans mon Corridor.
Une puissante inspiration frappa alors Charlotte avec l’intensité d’un coup de tonnerre.
Elle ne voulait pas trop s’avancer, mais elle pensait avoir trouvé la solution.
– Malvina ! s’écria-t-elle alors qu’elle quittait l’urne de l’esprit maléfique. Si ce Corridor ne peut plus produire de porte blanche à travers laquelle envoyer Méphistophélès, pourquoi ne nous arrangerions-nous pas pour en créer un tout nouveau ? C’est très risqué, bien sûr, mais je pense qu’il nous suffirait de laisser Méphistophélès re…
La suite de sa phrase se perdit dans sa gorge. Mamie Lagrise était étendue au sol, inerte. Charlotte se précipita à ses côtés, craignant le pire. La vieille dame avait encore un pouls, mais il était très faible.
– Non, pas maintenant ! Tenez bon, nous sommes si près du but ! Restez avec nous, Malvina !
À suivre...
L'un des villages utilisés dans ce tournage vient de cette personne.
Le cimetière où repose Cyrus Vatore vient également de la galerie
Et maintenant, une petite énumération pour les poses *prend une énorme inspiration comme avant un long discours*
- Natalia Auditore pour les poses des scènes de combat, de la scène de mort d'Amneris, de mamie Lagrise évanouie et de Charlotte agenouillée à ses côtés
- Atashi77 pour la pose du câlin triste entre Radamès/Méphistophélès et Amneris
- Onlinda pour les poses au sol de Rhiannon et Cyrus
- Joannebernice pour les poses en face à face de Radamès/Méphistophélès et Amneris (juste avant le rituel conduisant à la mort de cette dernière)
Rhiannon est à la base une simette d'une partie privée. Après une session coiffure/maquillage, Héloïse était fin prête pour camper le rôle de la sorcière des forêts
Comment ? Elle vous rappelle quelqu'un ?
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
C'était passionnant à lire,et tant de choses s'éclairenet à présent.
Bravo pour toute cette mise en scène, les décors et les poses judicieusement utilisés, c'était très prenant!
Ai-je dit: WOW?
C'est incroyable, ce chapitre!
L'histoire de Méphisto! Ouah!
J'aurais jamais imaginé une telle enfance. C'était donc l'enfant du puits à souhait? Et il aurait détruit son père?! Quel ingrat!
Oh lala Tout ça parce qu'il voulait être père puis être plus fort pour sauver son village des vampires... C'est incroyable que la magie noire l'a enfoncé de plus en plus dans un environnement sombre et inquiétant...
Déjà que c'était un personnage bien mystérieux, il l'est devenu encore plus.
Et son corridor n'en est plus un! Quel magicien aurait le pouvoir de détruire les portes menant au repos éternel?
Je me demande si la fille d'Édith et Caleb, celle qui vit avec Edith, celle qui voit le corridor et aurait hérité des dons de sa soeur, celle qui voit des portes de couleurs... Elle pourra sûrement aider Charlotte dans sa quête. hum...
Bref, super épisode! Je l'ai dévoré!!!!
Ce double chapitre était vraiment très captivant. Je m'attendais pas du tout à ça pour la plongée spectrale, et franchement, c'était grandiose. Et je rejoins @Elinoee à propos de la mise en scène, des décors et des poses. Un bien beau chapitre, écrit de main de maître, et dans lequel on commence à entrevoir les liens entre les différents personnages de l'histoire.
J'espère que Mamie Malvina Lagrise n'est pas morte mais, quoiqu'il arrive pour la suite de l'histoire, je ne suis pas persuadée du tout qu'elle soit la dernière descendante des Cents. La prophétie se réalisera quand même.
(Honnêtement, j'aimerais que ce soit Malvina qui la réalise, mais bon... je sens que ça ne va pas se faire
@oiseaudelune Merci
@nathalie986 Ça me touche que tu aies trouvé tout cela grandiose, merci à toi 🤗
Sois rassurée, mamie Lagrise n'est pas morte, simplement évanouie. L'âge est en train de la rattraper plus rapidement que prévu
Un grand merci pour vos retours du chapitre précédent
À Forgotten Hollow, Carmen poursuivait son enquête avec acharnement. Elle avait lu Généalogie vampirique : les grandes familles de l’ère cordélienne à aujourd’hui en long, en large et en travers, il n’était jamais fait mention de la survie du moindre héritier de la famille Nibelung. La jeune fille n’en démordait pas : cela signifiait que Wotan et Erda mentaient. Leur stratagème était en outre relativement habile : qui d’autre qu’elle aurait pu avoir envie d’ouvrir un vieux livre de généalogie de vampires perdu dans un recoin oublié de la bibliothèque de la place Clairdelune ?
Occasionnellement, la cambionne était aidée de Tamino mais le garçon finissait toujours par arrêter ses recherches dès qu’il trouvait un livre de fiction qui l’intéressait. Probablement y trouvait-il une forme d’inspiration pour ses propres histoires de monstres.
– Celui-ci est vraiment bien, raconta-t-il un jour à sa sœur. La fillette entre dans une vieille armoire et devient amie avec un…
– Tam’, s’impatienta Carmen, je suis sure que l’histoire est très intéressante, mais nous ne sommes pas là pour ça. Je te rappelle que maman ne nous autorise que deux heures de sortie par semaine et que nous avons déjà passé presque six mois à brasser de l’air.
– Nous pourrions aller plus vite si tu acceptais l’aide de M. Kamdar.
Carmen fit semblant de ne pas avoir entendu. Depuis quelques semaines, elle évitait d’adresser la parole au bibliothécaire. Elle était encore vexée que le vampire eut refusé sa proposition d’organiser un rendez-vous galant avec sa mère. Tamino comprit immédiatement la raison du silence de sa sœur.
– Il n’a pas décliné méchamment, tu sais. Et puis ils ne se sont jamais rencontrés, avoue que la proposition sortait un peu de nulle part.
– Un rencard n’engage à rien, ce n’est pas comme si je lui avais proposé de l’épouser, même si je lui ai listé toutes les raisons de le faire. Tant pis pour lui, après tout.
– Tu lui fais la tête uniquement parce que c’est la première fois que tu échoues à des négociations, fit remarquer Tamino. C’est dommage car je suis sûr qu’il pourrait nous aider. Mais si tu préfères te débrouiller toute seule, ça me va aussi puisqu’on passe plus de temps à la bibliothèque. Et puisqu’on y passe plus de temps, je ne vois pas pourquoi je me priverais de lire les chouettes fictions qui s’y trouvent.
À contrecœur, Carmen finit par céder et descendit elle-même trouver Sanjay Kamdar. Le bibliothécaire était devant son ordinateur et semblait captivé par un reportage sur Selvadorada. La cambionne toussota pour attirer son attention.
– Ça a l’air intéressant, dit-elle par politesse. Vous y êtes déjà allé ?
– Une fois, répondit le bibliothécaire. C’étaient des vacances fantastiques. Je compte y retourner bientôt. Les ruines omiscaines sont ma passion cachée. Un peu comme toi avec la généalogie vampirique.
– Pas vraiment, mais je n’ai pas le choix. Il faut bien quelqu’un pour protéger ma famille.
– Allons donc ! Peux-tu m’expliquer un peu ton problème ?
Carmen scruta autour d’elle pour vérifier qu’aucune oreille indiscrète ne la surprendrait. Une fois l’assurance qu’elle était bien seule avec Sanjay Kamdar, la jeune fille fit part de ses suspicions concernant la famille Nibelung.
– Tam’ et moi avons vérifié. La lignée a bien existé mais est supposée avoir disparu.
– Il s’agit d’un très vieil ouvrage, Carmen. L’auteur de l’époque n’était peut-être pas au fait de la survie d’un membre isolé ayant fait perdurer le patronyme jusqu’à aujourd’hui. C’est fréquent, chez les anciennes familles vampiriques.
– D’accord, répondit la cambionne du tac au tac, mais est-ce aussi fréquent chez les anciennes familles vampiriques de s’entourer d’un halo lumineux lors d’une émotion forte ?
Soudain, l’expression de Sanjay – jusqu’alors d’un scepticisme bienveillant – changea du tout au tout. Il semblait à présent inquiet. Cela signifiait-il que Carmen avait raison depuis le début ?
[…]
La commande de pétillotofu était fin prête à l’expédition. Depuis quelques temps, Edith croulait de plus en plus sous les contrats. Certes, un tel engouement des clients témoignait d’une popularité sans précédent de la marque Fledermaus, mais à ce rythme-là, il allait lui falloir dépêcher l’ensemble de son Orchestra Vampirica en guise de main d’œuvre !
Les enfants étaient partis à la bibliothèque. La vampire avait longuement réfléchi avant d’accepter de leur laisser deux heures par semaine. Néanmoins, force était désormais de constater que la chapelle était bien plus calme. Profitant du temps libre dont elle disposait, Edith descendit dans sa crypte personnelle où Odile faisait la sieste.
Cependant, en entrant dans la pièce, la maîtresse des lieux eut un haut le cœur. Le lit de la bambine était vide. Edith n’avait ni vu, ni entendu sa fille quitter la crypte et monter l’escalier.
Elle ne pouvait être qu’à cet étage mais les pièces s’avérèrent vides l’une après l’autre.
Un très mauvais pressentiment commença à la gagner quand le seul endroit qui restait à vérifier était la pièce de la source chaude.
– Ulrike ! interpela la maîtresse des lieux en désespoir de cause.
À son tour, la salle était vide. La tante d’Edith finit toutefois par arriver, curieuse du ton de la voix de sa nièce.
– Je ne trouve pas Odile. Est-elle avec toi ?
– Non, répondit la gouvernante. Nous l’avions laissée dans votre crypte personnelle et elle ne peut pas encore monter l’escalier toute seule.
– Elle ne peut quand même pas s’être envolée ! s’emporta Edith. J’ai refait le test à son anniversaire exprès pour m’assurer qu’elle était bien vampire et…
– Mama ?
Edith et Ulrike se regardèrent un court instant. La voix provenait de la crypte. Sans se concerter, les deux femmes s’y précipitèrent et y découvrirent une Odile légèrement essoufflée.
– Pour l’amour de l’Observateur, interrogea Edith en se contenant le plus possible, où étais-tu passée, jeune fille ? Je te cherche depuis tout à l’heure !
– Z’ai vu les po’tes !
– Mais de quelles portes parles-tu, à la fin ? Il n’y a pas de portes, ici !
– Mais si, les po’tes de toutes les couleu’ !
Visiblement, Odile s’amusait beaucoup et Edith, qui ne comprenait toujours pas où sa fille voulait en venir, préféra quitter la pièce pour ne pas s’énerver après la cambionne.
[…]
– Votre fille est vraiment très imaginative, s’amusa Erda Nibelung.
Quelques jours après le curieux épisode, Edith, entre la préparation de deux bouteilles de kombucha, s’était confiée à sa collaboratrice. Celle-ci semblait disposée à relativiser l’événement, mais la maîtresse des lieux voyait les choses sous un angle bien différent.
– Vous savez Erda, ma famille a un passif assez particulier avec tout ce qui touche à « l’imagination ».
– Que voulez-vous dire ?
– Ma sœur voyait des choses, elle aussi. Elle n’a jamais parlé de portes colorées et n’a jamais mystérieusement quitté la surveillance de mes parents, mais il n’empêche que cette particularité a fini par aller de pair avec des sautes d’humeur de plus en plus fréquentes. Je ne voudrais pas qu’Odile suive le même chemin.
La commande de kombucha était à son tour prête à l’envoi. Edith s’empressa vers l’atelier de bougies pour la seconde partie de la demande de son client. Erda, de son côté, s’affairait à l’établi d’ébénisterie.
– Si je comprends bien, résuma cette dernière, vous craignez que le mal dont souffrait votre sœur soit héréditaire ?
– Oh, non, clarifia Edith. Je ne le crains pas : je le sais. Je m’en rends compte à présent. Le peu de souvenirs que j’ai de mon grand-père vont dans ce sens. J’ai toujours cru que c’était lié au fait que sa femme l’ait abandonné avec deux enfants en bas âge sur les bras, mais à bien y réfléchir, je me demande si ce n’était pas un problème plus sérieux qui polluait son esprit. Il a dû transmettre cette chose à sa descendance.
– Vous avez tiré des leçons de toutes ces années passées à veiller sur votre petite sœur. Je suis certaine que vous parviendrez à gérer ce que traverse Odile. Gardez à l’esprit que vous vous alarmez probablement pour rien : elle est encore très jeune.
Edith se sentit étrangement apaisée par les propos rassurants d’Erda. Les péripéties de sa fille l’avaient momentanément replongée dans les tourments de son ancienne vie mais son associée avait raison : Odile n’était pas Aneliese.
– Merci, Erda.
– Ce n’est rien, je vous assure.
– J’aimerais beaucoup que vous veniez à l’anniversaire de Tamino et Carmen, la semaine prochaine. Yamato pourra jouer avec Siegfried. Ce sera ma manière de vous remercier.
[…]
Sanjay Kamdar avait conduit Tamino et Carmen jusqu’au manoir le plus haut de Forgotten Hollow. Si les cambions avaient tenu à en connaître la raison, le bibliothécaire s’était contenté de répondre d’un air énigmatique que « des points restaient à éclaircir ».
Carmen n’avait pas eu le temps d’insister que la porte du manoir s’ouvrit, dévoilant un vampire à l’allure squelettique se présentant comme étant Vladislaus Straud, le comte de Forgotten Hollow. Bien sûr, Tamino avait déjà entendu ce nom dans la chapelle mais jamais le garçon n’aurait imaginé le rencontrer un jour en chair et en os. Mieux valait éviter de dire au comte qu’il avait donné son nom à un monstre de son livre d’histoires.
– Selon Sanjay, demanda Vladislaus, vous éprouveriez tous les deux des soupçons sur la famille Nibelung.
– Ouais, répondit Carmen avec impertinence. Ils ont l’air bizarre et Tam’ et moi trouvons curieux qu’ils soient arrivés de nulle part il y a quelques années, pas vrai, Tam’ ?
Tamino détestait quand sa sœur cherchait à lui faire prendre parti de la sorte. Sentant ses joues s’enflammer, il se contenta d’acquiescer. Carmen l’en remercia d’un regard encourageant avant de poursuivre la discussion à l’aide d’éléments plus pertinents les uns que les autres. Tamino avait toujours pensé que Carmen et lui étaient complémentaires : lui avait l’aisance des mots par l’écriture ; elle par l’éloquence.
Le comte écouta la cambionne avec la plus grande attention. Lorsqu’elle eût terminé, il reprit la parole :
– Êtes-vous certaine d’avoir vu Erda Nibelung briller ?
Son ton était grave. Tamino le vit même échanger un regard furtif avec Sanjay Kamdar.
– Et vous alors, répondit Carmen, êtes-vous certain de vous en préoccuper un minimum ? Je vous signale que cette femme usurpe l’identité d’une famille dont vous n’avez même pas remarqué la disparition il y a plus d’un siècle et que cette même femme passe maintenant ses journées avec notre mère. Je croyais que maman et vous aviez été amis ? À quoi bon l’avoir transformée si c’est pour l’abandonner à un sort incertain juste parce que vous n’êtes pas capable de faire confiance à deux gamins qui vous disent pourtant la vérité ?
– Carmen ! souffla Tamino, horrifié.
Vladislaus ne semblait toutefois pas offusqué, bien qu’il scruta Carmen d’un air impénétrable pendant un long moment.
– Quel âge avez-vous, jeune fille ?
– Quatorze ans, répondit Carmen avec méfiance. Enfin, quinze la semaine prochaine. Pourquoi ?
– Vous me rappelez ma fille. Elle non plus n’a pas sa langue dans sa poche, mais je reconnais aisément que vous êtes bien plus précoce qu’elle en la matière.
Le comte reprit alors une expression sérieuse.
– N’ayez crainte, ajouta-t-il. Sanjay m’a raconté toute l’énergie que vous avez investie dans vos recherches. Je refuse de croire que vous l’ayez fait sans fondement. Je n’ai personnellement jamais eu affaire aux Nibelung – aussi bien la vraie famille historique que ces deux imposteurs – mais ce que vous avez remarqué chez Erda est quelque peu alarmant. Je vais mener l’enquête mais pour cela, je vais devoir demander de l’aide.
– Et nous, alors ? risqua Tamino. Que faisons-nous, en attendant ?
– Rien du tout. Je comprends votre inquiétude pour votre mère, mais ce que je soupçonne est très grave. Je prendrai personnellement contact avec Edith lorsque j’aurai la confirmation attendue. D’ici-là, profitez de vos derniers jours d’enfant, tous les deux.
À suivre...
Comme vous avez pu le voir dans ce chapitre, la chambre dans laquelle ont été conçues Odette et Odile a été reconvertie en salle de yoga
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
La petite Odile est décidément très intéressante avec sa faculté de voir les portes...diparaîtrait elle donc physiquement pour aller faire un tout dans un autre monde? C'est vraiment impressionant si c'est le cas!
Edith n'est pas au bout de ses suprises avec elle, à mon avis! Y a -t-il un lien avec ce dont souffrait sa petite soeur et son grand-père? cela pourrait expliquer bien des choses et j'ai hâte d'en savoir plus!
Carmen est une petite Edith en puissance; quel aplomb, même face à Vladislaus! Et le pauvre Tamino qui est entraîné dans tout ça sans vraiment le vouloir
En tout cas elle a du pif, cette histoire de halo n'est clairement pas anodine...je me demande ce que ça peut bien révéler! Sanjay et Vlad sont vriament inquiets et Vlad fait un peu peur quand il dit aux enfants de profiter de leurs derniers jours d'enfance
Pourvu qu'il n'arrive pas de grand malheur...
Sinon je suis de l'avis de Carmen concernant Sanjay: il ferait un beau parti pour Edith
Mais Carmen et Tam sont trop mignons. Je suis certaine que cette Erda est une alien venue se venger!
Super épisode!
Elle y trouve même de l'inspiration pour remplir son garde-manger
Mystère et boule de gomme, pour Odile ! L'heure n'est pas encore aux révélations à ce sujet
En effet, l'enquête de Tamino et Carmen est bien périlleuse, espérons qu'ils ne finissent pas par se brûler les ailes
Hahaha, sait-on jamais, pour Edith et Sanjay
@oiseaudelune Oh non, pitié, espérons qu'Odile reste aussi loin de Méphistophélès que possible !
Ta théorie est intéressante
Merci pour ton commentaire
Retrouvons-nous ce soir pour un nouveau chapitre ! L'heure est à la fête à la Fledermaus, mais pour combien de temps ? Réponse ci-dessous ! Bonne lecture ! 🤗
Les jours s’enchaînèrent et, très vite, le jour des quinze ans de Tamino et Carmen se profila. Comme lors de leur dernier changement de tranche d’âge, il avait été convenu que les deux cambions fêtassent leur anniversaire au même moment, bien qu’ils eussent en réalité une journée d’écart.
Au matin, alors qu’Ulrike s’affairait à la préparation des gâteaux préférés des semi-jumeaux, Edith reçut la visite d’Erda. Celle-ci venait en effet lui annoncer une nouvelle inattendue.
– Stanislav est arrivé de Del Sol Valley hier soir pour finaliser des détails avec vous. Il ne peut malheureusement pas rester longtemps à Forgotten Hollow. J’ai pris la liberté de l’inviter ici ce soir pour que vous puissiez signer quelques papiers. J’espère que cela ne vous pose pas de problème.
– Pas le moindre. Il me tarde de régler toutes ces formalités afin de passer au concret.
Un peu plus haut, Tamino et Carmen se préparaient pour le grand moment, chacun apportant de précieux conseils sur la tenue de l’autre.
– Replie ton col, proposa Carmen. Je n’arrive pas à croire que nous allons enfin grandir. Ça veut dire que nous allons pouvoir goûter aux packs de plasma. Qu’en penses-tu ?
– Pas grand-chose, répondit Tamino en contemplant sa nouvelle coiffure d’un air distrait. Je réfléchis toujours à mon vœu. Tu as trouvé le tien ?
La jeune fille s’empourpra légèrement.
– Je ne peux pas te le dire, dit-elle. Tu te moquerais de moi.
– Au moins, toi, tu en as trouvé un.
Une fois apprêtés, les deux cambions descendirent à l’appartement en direction de la chambre verte. Ils avaient promis à leur mère qu’ils s’occuperaient un peu d’Odile. La bambine était déjà surveillée par Siegfried mais le garçon supportait difficilement de rester immobile en surveillant sa sœur.
– Joyeux anniversaire, Tam’ et Carmen ! parvint-il tout de même à s’exclamer à l’entrée des aînés.
– ZoniveSSère ! répéta Odile avec entrain.
– Merci, tous les deux ! C’est bon, Siegfried, on prend la relève. Yamato est arrivé avec sa mère.
Il n’en fallut pas plus pour que Siegfried file à toute allure hors de la chambre. Odile retourna à ses occupations tandis que Tamino et Carmen en profitèrent pour discuter à nouveau de leur échange avec le comte Vladislaus Straud.
– Sanjay est un espion à sa botte, résuma Carmen, c’est évident ! Heureusement qu’il est de notre côté ! Tu imagines s’il était tout allé raconter aux Nibelung ?
– Ils n’auraient sûrement pas été très contents, compléta Tamino. Mais peut-être que ça les aurait conduits dans leurs derniers retranchements ?
– Que veux-tu dire ?
– Tu te souviens de mon monstre lama-tigre ? Il est inoffensif mais dès qu’on l’accule à un mur ou qu’on l’encercle en trop grand nombre, il attaque tout ce qui bouge. Si les Nibelung se sentaient vulnérables, peut-être qu’ils finiraient par se trahir.
– Tu as raison, Tam’. Ça peut être une idée à mettre en pratique, en plus. Espérons juste que la mère et l’oncle de Yamato tiennent plus du lama que du tigre…
– Tu veux la po’te rouZe ou la po’te bleue ? demanda Odile à l’une de ses poupées. Moi Z’aime bien la rouZe. C’est Zoli le rouZe.
Carmen n’aimait vraiment pas savoir Erda Nibelung dans la chapelle, et encore moins le jour de son anniversaire. De plus, elle avait appris que la suspecte avait trouvé le moyen d’inviter également son frère Wotan. La cambionne se rassurait toutefois en se disant qu’avec leur mère, ils ne risquaient rien. Comment arriver à lui faire avouer son secret ?
– On pourrait lui donner du jus de fruits pétillant, suggéra Tamino. Les quelques jours avant qu’Aïda n’aille hiberner, elle en buvait vraiment beaucoup et ça la rendait toute joyeuse. Peut-être que dans les mêmes conditions, Erda se montrerait plus bavarde.
– Je ne crois pas que maman mette assez de bulles à disposition pour notre fête, objecta Carmen.
– Tami’ ! s’exclama soudainement Odile en abandonnant complètement ses poupées au profit de son frère. Peux aller dans la po’te rouZe ?
– Euh… hésita Tamino.
– Bien sûr que tu peux ! répondit Carmen avec assurance. Et même que je t’y rejoindrai pour jouer, ça te plairait ?
– Ouiiii !
– Qu’est-ce qu’elle a avec les portes ? demanda Tamino à mi-voix alors que la bambine était partie débattre avec le Nounoursferatu.
– Aucune idée, murmura Carmen. Maman m’a dit qu’elle était un peu bizarre mais que ça allait lui passer en grandissant.
[…]
– Je pensais que vous seriez le seul propriétaire ! se méfia Edith. Ne pensez-vous pas que vous êtes un peu vieux pour avoir votre petite maman sur le dos ?
– Ma mère est également très attachée à vos valeurs, Edith, se rattrapa Stanislav. Mais je comprends bien le détail qui vous contrarie.
La maîtresse des lieux leva les yeux au ciel. Bien évidemment qu’un détail la contrariait ! Elle qui avait appris à suivre un train de vie très strict et réglé au millimètre près devait faire face à un nouvel imprévu. Elle aurait aimé rencontrer la mère de Stanislav avant, aussi convint-elle avec le vampire d’une date pour une future entrevue.
– Vous comprendrez bien qu’il est hors de question que je signe quoi que ce soit avant cela, bougonna Edith. Ma confiance a été bien trop abusée ces derniers temps alors je tiens à connaître mes collaborateurs au mieux.
– Ne vous inquiétez pas, souffla Stanislav d’un air étrange. Ma mère sera plus que ravie de vous rencontrer.
Il y eut un silence durant lequel Edith en profita pour jeter un nouveau regard au nom qui lui était présenté sur le contrat.
– Sans vouloir être impolie… Comment se prononce son prénom, au juste ?
[…]
La journée passa alors à une vitesse folle et le moment tant attendu finit enfin par arriver. Tout le monde était descendu dans la salle à manger où Ulrike avait exposé les gâteaux, lesquels comprenaient déjà les bougies allumées.
– Deux d’un coup, Edith ! fit remarquer Stanislav Istines à la maîtresse des lieux. Vous devez être doublement fière.
– Je croise surtout les doigts pour que leur adolescence ne me cause pas doublement de soucis, répondit l’intéressée. J’aspire à présent à un peu de calme dans cette chapelle.
– Avez-vous réglé vos soucis avec Odile ? demanda Erda Nibelung.
– Disons que je les ai réglés pour ce soir : je l’ai envoyée au lit. J’espère juste qu’elle n’en aura pas profité pour mystérieusement disparaître à nouveau.
Puis, s’adressant à ses enfants :
– Allez-y, mes stars du jour. Il est temps de souffler !
D’un même mouvement, Tamino et Carmen s’approchèrent de leur gâteau respectif. Chacun regarda ses bougies en formulant secrètement leur vœu.
Je voudrais que mes histoires deviennent réelles…
Je voudrais découvrir le monde et me faire plein d’amis…
[…]
Charlotte avait beau persister dans les soins, rien de ce qu’elle ne faisait ne parvenait à remettre mamie Lagrise d’aplomb. La vieille dame parvenait occasionnellement à retrouver un éclair de lucidité, mais elle demeurait alitée la plupart du temps. Au fond d’elle, la Brindletonienne savait qu’il était inutile de tenter de repousser l’inévitable : l’heure était bientôt venue.
– Pardonne-moi… articula mamie Lagrise.
Charlotte était à présent habituée aux cauchemars de l’humaine. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu’elle était à son chevet et mamie Lagrise marmonnait dans son sommeil des paroles parfois intelligibles, parfois complètement incohérentes.
– Il les menaçait… je n’avais pas le choix…
– Tout va bien, Malvina, murmura Charlotte avec douceur. Vous faites un mauvais rêve.
Elle n’était hélas que vétérinaire. Ce qui concernait les humains dépassait le champ de ses compétences. Elle aurait tellement aimé faire plus que préparer à sa camarade des tisanes améliorant le sommeil. Personne n’avait prévu que les choses se compliqueraient ainsi.
Le soir de sa plongée spectrale dans l’urne de Méphistophélès, Charlotte avait réussi à quitter la maison des Chopra en soutenant seule mamie Lagrise, laquelle était complètement inanimée. Rahul n’avait rien remarqué mais au fil des jours, Orpheus avait fini par se sentir de plus en plus coupable.
– Je n’en peux plus de lui mentir.
– Jusqu’à présent, lui avait assuré Charlotte, tu t’en es très bien sorti.
– Cette fois-ci, c’est différent ! Il s’agissait d’un moment important pour nous et j’ai l’impression de l’avoir gâché en ayant pris Rahul pour un lama. Il ne mérite pas cela. C’était mal et regarde, c’est comme si l’Observateur nous le faisait savoir avec l’état de Malvina.
– Cela n’a rien à voir. Tu es intelligent, Orpheus. Tu ne vas pas te mettre à croire à de telles choses.
Mais plus le temps avait passé, plus Orpheus avait eu du mal à affronter le regard de Rahul. L’henfobaglois n’avait d’ailleurs pas compris l’attitude de son petit-ami. Pour lui, tout se passait à merveille entre eux.
Sa surprise avait donc été douloureuse lorsqu’un soir, Orpheus, ne tenant plus, s’était décidé à mettre un terme à leur relation sans lui fournir la moindre explication.
– Il sera beaucoup mieux sans moi, avait confié le cambion à Charlotte.
– Ce n’est pas à toi de décider ce qui est bon pour lui. Et tu sais très bien que tu ne crois toi-même pas un mot de ce que tu dis. Il ne s’agit que d’une excuse pour te punir.
– Peut-être bien, avait répliqué Orpheus sur un ton de défi. Mais au moins, maintenant, il me déteste. Il pourra tourner la page plus rapidement. Je lui ai rendu service.
– On croirait entendre ta mère, avait frissonné Charlotte. C’est typiquement le genre de réflexion qu’elle pourrait avoir.
– Je sais et je n’aime pas ça, moi non plus. Écoute, il a quelque chose dont je voulais te parler il y a quelques temps et je pense que c’est maintenant le bon moment.
Orpheus avait alors avoué à Charlotte que quelques jours avant la plongée spectrale, il avait envoyé une candidature à l’université de Sunset Valley.
Il avait reçu une réponse positive mais n’avait jusqu’à présent pas eu le déclic pour accepter. Les récents événements avaient toutefois changé la donne.
– C’est beaucoup trop précipité, s’était opposée Charlotte. Non seulement c’est à l’étranger, mais en plus tu vas arriver en cours d’année, comment veux-tu suivre ? Sans compter le fait de devoir cacher ton vampirisme à tes camarades, c’est trop dange…
– C’est mon problème, avait poliment coupé le jeune homme. Je ne t’ai pas dit ça pour te demander ton autorisation. Tu en as fait beaucoup pour moi, Charlotte, et je ne pourrai jamais assez te remercier. Mais je sens qu’il faut que je parte, comme lorsque nous avons quitté la Fledermaus ensemble. C’est simplement pour une affaire de trois ans. Je veux découvrir à quoi ressemble le monde normal. Ne t’inquiète pas pour moi, je saurai me cacher aux yeux des autres. Et je reviendrai vous voir toutes les deux de temps à autres.
Charlotte n’avait pas pu le retenir et inévitablement, Orpheus était parti dès le surlendemain. Ce n’est qu’après que l’état de mamie Lagrise s’est aggravé mais la Brindletonienne n’avait pu se résoudre à faire revenir le cambion pour lui demander son aide. Il avait besoin de s’éloigner de cette vie et elle se devait de respecter son choix.
Mamie Lagrise dormait à présent paisiblement. La tisane avait fait son effet. Charlotte s’apprêtait à quitter la pièce lorsqu’elle vit un livret sur la commode de la vieille dame. Il s’agissait vraisemblablement d’un journal. La fantôme ne l’avait jamais vu auparavant.
Une intense vague de curiosité la gagna alors. Depuis leur rencontre sur la place Clairdelune vingt-et-un ans auparavant, mamie Lagrise s’était toujours montrée mystérieuse, et ce même après le début de leur cohabitation à Henford-on-Bagley. Que pouvait bien avoir été sa vie depuis la mort d’Alexei ?
Charlotte jeta un regard coupable en direction du lit. Elle ne ferait que regarder les premières lignes, rien de plus.
Rassemblant son courage et laissant ses scrupules de côté, la Brindletonienne ouvrit le journal à la couverture usée à la première page.
344 ap-c, Windenburg, hiver (impossible pour moi d’être plus précise),
Cher journal,
Plusieurs semaines se sont écoulées depuis mon départ de Forgotten Hollow et mon cœur n’a jamais été aussi vide. Ai-je eu raison de fuir ce manoir ? N’aurais-je pas mieux fait de demeurer auprès de Père et de Mère ? Nous sommes tous en deuil, mais le chagrin doit être plus difficile encore pour eux. D’ordinaire, ce n’est pas chose naturelle que de survivre à son enfant. Dans une société de vampires, cette anomalie est d’autant plus marquante. Mais bien qu’il m’arrive de culpabiliser de les avoir laissés derrière moi, une part de moi trouve consolation dans l’espoir qu’ils parviendront à avancer ensemble, comme ils l’ont toujours fait.
Windenburg est magnifique. La nature y est si apaisante ! Je bénis l’Observateur de m’avoir octroyé le pouvoir de résistance au soleil. Grâce à lui, je peux marcher de jour sans être la cible de questions indiscrètes. Bien sûr, je reste une curiosité aux yeux des mortels que je croise. Que pourrait bien faire une jeune femme seule en un temps si glacial ? Ma tenue semble en outre attirer les regards. Il est vrai que les femmes que j’ai pu croiser n’étaient pas vêtues de la même manière.
Plus pour paraître normale que par réelle nécessité, je me suis résolue à vendre mes bijoux et accessoires pour m’offrir quelques nuits sous le toit réconfortant d’auberges se trouvant sur mon chemin. C’est d’ailleurs dans l’une de celles-ci que je t’ai trouvé, cher journal. Tu étais seul sur la table de chevet de ma chambre. Le précédent client t’avait probablement acheté dans le but de t’offrir, mais je suppose qu’il t’a oublié lors de son départ. Dans tous les cas, je suis heureuse de t’avoir gardé près de moi tel un trésor inestimable. Tu me donnes l’impression d’être un ami auprès de qui me confier en toute sérénité. J’ignore encore où mes pas me conduiront mais avec toi, ce périple sera plus supportable. J’en suis convaincue.
Charlotte reposa le carnet, honteuse. Elle qui n’avait voulu survoler que quelques phrases avait lu une entrée entière d’un journal qui ne lui appartenait pas.
Ainsi donc, la première destination de Malvina Straud après son départ de chez elle avait été Windenburg. La Brindletonienne se demandait à présent ce qu’elle y avait trouvé et si elle y était restée. Elle se promit alors de demander tout cela à mamie Lagrise lorsque celle-ci irait un peu mieux.
Des coups précipités retentirent alors au rez-de-chaussée. Quelqu’un frappait à la porte.
Il était pourtant assez tard. Était-il possible que ce fût Orpheus ? Charlotte redescendit en toute hâte jusqu’à la porte d’entrée.
En ouvrant celle-ci, cependant, la fantôme eut une surprise de taille.
– Ulrike ?
Le cerveau de Charlotte accéléra aussitôt. Était-il possible qu’Edith eût retrouvé sa trace ?
Comme pour répondre à sa question, la gouvernante de la Fledermaus prit la parole :
– Charlotte, articula-t-elle à grand-peine. Aidez-moi, je vous en supplie.
À suivre...
Un peu de choupinerie pour ces deux grands enfants, en cette fin de chapitre
J'ai beaucoup aimé les propositions automatiques faites par le jeu au moment de la réalisation des screens
Ouais... euh, non, sauf celle-ci !
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
Tout d'abord, les deux enfants qui grandissent c'est trop mignon! Et la tite cocotte qui veut la porte rouge! J'ai bien ri!
Je me demande quel coup pendable ils vont faire pour démasquer les fautifs! hum...
J'étais triste pour le pauvre Rahul mais ensuite d'apprendre qu'il quitte Henford-on-bagley pour aller à la fac... ouah!
J'étais intriguée durant la lecture du journal intime de mamie lagrise.
Pauvre Charlotte qui regarde tous ces départs... et bientôt mamie en plus! Elle va se retrouver seule à enquêter sur ce mystère.
Bref, super épisode! Comme toujours!!!
Vite, la suite!!!
La petite Odile avec ses portes m'inquiète beaucoup...pourvu qu'il ne lui arrive rien de mal. Carmen n'aurait peut-être pas dû l'autoriser à ouvrir la porte rouge
Tamino et Carmen qui soufflent leurs bougies, ça y est! J'ai hâte de voir à quoi ils ressemblent à présent
Mais je ne suis pas sûre que Tamino ait bien fait de prononcer un tel voeu, imaginons qu'un tigre/lama dévaste tout dans la crypte?
Genre un tigre/lama prenant la forme d'Erda et de Stanislav par exemple...je sens qu'il y a eu un couac pendant la fête d'anniversaire, mais que s'est il passé ???
En tout cas ça se confirme par le fait qu'Ulrike soit venue chercher Charlotte...mais d'ailleurs, comment l'a-t-elle retrouvée? J'ai en même temps hâte et peur de connaître la suite
Je suis triste pour Orpheus, qui s'est forcé à rompre avec Rahul... quel dommage qu'il n'ait pas fait le choix de la transparence car ces deux-là s'aimaient réellement... peut-être se retrouveront-ils plus tard? Je l'espère vraiment pour eux. Et j'espère aussi que Rahul ne va pas se retourner contre Orpheus et sa famille; ce serait si triste...
En attendant voilà Orpheus parti vers de nouvelles aventures, sans savoir qu'il se passe (enfin d'après mon imagination
Je me demande d'où sort ce Stanislav ? Qui est sa mère, et que préparent-ils ? Je ne le sens pas du tout.
Et puis, quelle idée Edith a eu de les inviter, Erda et lui à l'anniversaire de Carmen et Tamino ! J'ai un mauvais pressentiment concernant Odile. Cette fois elle va peut-être disparaître pour de bon. Un enlèvement ? Je m'inquiète beaucoup pour cette poupette.
J'aurais bien voulu voir les têtes de Carmen et Tamino adolescents, mais je vois qu'il va falloir attendre le prochain chapitre
Je me demande pour Ulrike a besoin d'aide. Est-ce que ça a un rapport avec Odile, ou tout autre chose ? Mon mauvais pressentiment s'est accru au fil de ma lecture...
D'ailleurs, comment Ulrike a-t-elle su où trouver Charlotte ? Est-ce que Edith sait aussi où la trouver ? Encore beaucoup de questions sans réponses à la fin de ce beau chapitre... 🫣
Intriguée pour le journal intime ? C'est normal ! Nous en entendrons parler à nouveau, promis
Charlotte assiste en effet à tous ces départs, mais sait-on jamais, peut-être recevra-t-elle de l'aide providentielle
@Elinoee J'avoue que je voulais publier le chapitre 53 plus tôt que cela, mais j'ai été à court de temps
Je comprends bien que cette histoire de porte est un peu alarmante, concernant Odile
Il semble bien s'être passé quelque chose, ce soir-là, mais quoi ? Il est temps d'écouter Ulrike pour le savoir
Bien d'accord avec toi concernant Rahul ! Mais les premiers sont rarement les derniers
@nathalie986 Orpheus a accumulé beaucoup de responsabilités depuis sa fugue, je pense qu'il en a accepté plus qu'il ne pouvait encaisser. C'est ce trop-plein qui le pousse à partir aujourd'hui. Il reviendra, bien sûr, mais avant ça, il va essayer d'apprendre à être jeune
Tu as bien raison de te méfier de Stanislav
L'arrivée d'Ulrike est en effet inquiétante, elle soulève beaucoup de questions. Mais tout nous est expliqué aujourd'hui
Voici enfin la suite de l'histoire ! Que fait donc Ulrike à Henford-on-Bagley ? Réponse ci-dessous ! Bonne lecture ! 🤗 Moi je pars me cacher en espérant que vous ne chercherez pas à me taper à l'issue de ce chapitre 🫣
Bien sûr, Charlotte avait aussitôt invité Ulrike à entrer. La vampire semblait en état de choc et à en voir son allure, elle était partie à la hâte. Y avait-il eu un problème à la Fledermaus ?
– Que s’est-il passé ? finit par demander la Brindletonienne au bout de quelques minutes de silence.
– Edith… marmonna Ulrike.
Si elle en avait encore eu, le sang de Charlotte n’aurait fait qu’un tour.
– Edith quoi ? paniqua-t-elle. C’est elle qui vous envoie, n’est-ce pas ? Elle a retrouvé notre trace ?
– Elle… a disparu.
La fantôme resta silencieuse quelques secondes. Les propos d’Ulrike l’inquiétaient grandement mais elle préféra attendre que la gouvernante rassemble son courage pour aller au bout de son récit. Après tout, il était question d’Edith Faust. Il n’y avait pas de raison de se préoccuper de son absence outre mesure. Probablement était-elle simplement partie chasser. Cependant, un détail interloqua Charlotte.
– Si elle a disparu, récapitula-t-elle, et que vous-même êtes ici… Qui garde les enfants ?
Alors, sans aucun signe avant-coureur, Ulrike fondit en larmes.
– Les enfants ont également disparu. La Fledermaus a été attaquée, je suis la seule rescapée. Oh, Charlotte, qu’allons-nous faire ?
La Brindletonienne sursauta d’effroi à la nouvelle. Voyant cependant l’état de son interlocutrice, elle décida de garder l’esprit clair.
– J’ai besoin que vous me racontiez les événements, Ulrike. C’est très important. Nous verrons ensuite ce que nous pouvons en tirer.
Après un instant nécessaire pour reprendre contenance, Ulrike prit une profonde inspiration durant laquelle Charlotte envisageait déjà le pire pour Edith et les enfants. Enfin, la vampire finit par prendre la parole :
– Tout est arrivé si vite… Je n’ai moi-même pas eu le temps de tout comprendre. Lorsque c’est arrivé, nous fêtions l’anniversaire de Tamino et Carmen...
[...]
Nous avions des invités, ce soir-là. Edith a accueilli Erda Nibelung, qui vous remplace pour l’entreprise depuis quelques temps, mais également un certain Stanislav Istines, avec qui Edith tenait à s’associer. Enfin, plus tard dans la soirée, Erda a été rejointe par son frère Wotan. Par égard pour Erda, Edith s’est montrée cordiale avec lui mais il était évident de constater qu’elle le voyait avant tout comme le mari de Lilith.
Par la suite, les jumeaux s’apprêtaient à souffler leurs bougies lorsque deux individus imprévus à la fête se sont joints à nous et ont interrompu la célébration. Il s’agissait du comte Vladislaus Straud accompagné d’un homme curieusement vêtu.
– Bonsoir, Edith.
– Par Cordélia, pour qui vous prenez-vous, Vladislaus ? Qui vous a invité ? Allez-vous-en immédiatement. C’est une propriété privée, ne vous rappelez-vous pas me l’avoir cédée ?
Le comte ne s’est évidement pas laissé faire. Le ton est monté. Tamino et Carmen, qui étaient plus près de la porte, se sont éclipsés. En suivant la dispute entre Edith et Vladislaus, j’ai compris qu’il était question de Sixam. L’apparence de l’acolyte du comte devenait alors plus logique.
– Mademoiselle Faust, je suis Saethin Sixam, l’ambassadeur occulte des extraterrestres. J’ai le regret de vous informer que tous vos faits et gestes ont été épiés depuis des années.
– Si vous parlez de cette traîtresse de Charlotte Fox, je vous informe que vous auriez tout aussi bien pu rester sur votre planète. Je suis au courant depuis longtemps et le problème n’est même plus d’actualité.
– Il n’est pas question de quelqu’un de votre espèce, mais bien de la mienne.
– Fox n’est pas de mon es…
C’est alors qu’Erda Nibelung a jugé bon d’intervenir.
– Vos motivations importent peu. Ne voyez-vous pas que vous êtes en train de gâcher une superbe fête d’anniversaire ?
Saethin a alors dévisagé Erda et Wotan durant un long moment.
– Ce sont bien eux, comte Straud.
– De quoi parlez-vous, à la fin ? s’est emportée Edith.
– Depuis dix-sept ans, a répondu Vladislaus, les Nibelung usurpent l’identité d’une famille depuis longtemps disparue. Ils utilisent une technologie de Sixam pour se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas grâce à des déguisements de vampires. Ce sont en réalités deux extraterrestres !
Bien sûr, Edith a ri au nez du comte. Pour sa défense, il était difficile de croire en de telles révélations.
– Leurs déguisements n’ont pas pris une ride depuis tout ce temps. Pensez-vous donc vraiment que des sixamiens soient capables de copier des traits vampiriques avec autant de perfection ?
– À vous de me dire s’il est possible ou non d’emprunter les savoirs d’une autre espèce, mademoiselle Faust. N’avez-vous pas vous-même usé d’une technologie de notre planète en capturant une sixamienne ?
– Je…
– La technicienne en question se nommait Andraste Geozys. Bien sûr, je parle d’elle au passé car la malheureuse est morte il y a dix-sept ans.
Saethin s’est alors tourné vers les Nibelung.
– N’est-ce pas à cette période que vous avez perdu votre sœur, Wotan et Erda ? Bien sûr, vous avez eu la courtoisie de conserver vos prénoms, mais vous n’êtes pas plus Nibelung que je ne suis sirène.
Un silence glaçant s’est alors installé. Un silence qu’Erda a fini par rompre d’elle-même :
– Maintenant, Wotan.
Tout est encore flou, dans ma tête. Ce dont je suis sure, c’est que j’ai été projetée au sol tout en percevant divers bruits de mécanismes. Je me suis alors cachée, cherchant désespérément à atteindre Siegfried pour le protéger. Je n’ai jamais pu l’atteindre. Le chaos régnait tout autour de moi.
– Maman ! Que se passe-t-il ?
– Qu’avez-vous fait, inconscient ? Il s’agissait de l’ambassadeur occulte de Sixam ! Comment allons-nous nous justifier auprès des extraterrestres ?
– C’est bien le cadet de mes soucis, comte ! Les Nibelung ont obtenu leur dû, à moi d’obtenir le mien.
– Qui êtes-vous donc ?
– Ne l’avez-vous pas déjà deviné ? Ma mère m’a pourtant toujours dit que je lui ressemblais tellement…
– Vous… Alexei…
J’ai honte, mais j’ai profité du combat entre Vladislaus et Stanislav pour m’enfuir. Toutefois, mes mouvements étaient ralentis : il ne m’en a pas fallu plus pour comprendre que les Nibelung avaient ajouté dans mon verre et – et probablement celui d’Edith – une dose indétectable de solution d’ail et d’aconit entravant nos pouvoirs vampiriques.
Je savais qu’Erda et Wotan avaient eu Edith et Siegfried ; ils n’allaient pas tarder à mettre également la main sur Odile qui dormait dans la pièce voisine et je ne pouvais pas prendre le risque d’aller la chercher. Je suis alors directement montée jusqu’à la chambre des enfants. Tamino et Carmen s’y étaient réfugiés à l’arrivée de Vladislaus et je comptais les faire quitter la chapelle avant que nos assaillants n’aient eu le temps de fouiller les autres étages.
– Ils ne vous ont pas encore trouvés. Venez.
– Où allons-nous, Ulrike ? Que se passe-t-il, en bas ?
Je n’ai pas su leur répondre. J’avais la vague idée de les conduire jusqu’aux musiciens d’Edith sur la place Clairdelune mais je n’avais aucun plan pour la suite des événements.
De plus, à peine étions-nous sortis que Wotan s’est précipité à notre poursuite.
– Vous ne m’échapperez pas ! Rendez-vous sans faire d’histoire !
– Tamino ! Carmen !
C’était le bibliothécaire de la place Clairdelune. J’ignore ce qu’il faisait sur la place principale – probablement avait-il accompagné Vladislaus – mais en l’état, sa présence m’était providentielle.
– Emmenez-les, s’il vous plaît. Protégez-les !
– Non ! Ulrike, que fais-tu ? Viens !
– Venez, les enfants, suivez-moi.
Du coin de l’œil, j’ai observé le bibliothécaire s’enfuir avec les enfants. Wotan Nibelung a tenté de leur courir après, mais je me suis interposée. J’étais déterminée à faire gagner le plus de temps possible à Tamino et Carmen, quitte à commettre l’irréparable.
Mes pouvoirs étaient cependant toujours entravés et Wotan était sur le point de m’éliminer. Vlasislaus a alors surgi à cet instant et m’a secourue.
J’ai passé les jours qui ont suivi alitée, occasionnellement soignée par nulle autre que Lilith Vatore. Elle avait assisté à la scène depuis sa fenêtre et depuis l’attaque de la Fledermaus, Wotan n’était pas rentré. Il avait laissé derrière lui sa femme et sa fille. Du côté de Ryuzo Nogawa, Erda avait également disparu mais a pris le soin d’emmener Yamato avec elle. Vladislaus m’a alors avoué ne pas avoir pu anéantir Stanislav, celui-ci s’étant enfui pendant leur combat. Lilith et lui m’ont ensuite révélé où vous vous trouviez afin que je vous y rejoigne.
[…]
Charotte s’était fait violence pour ne pas interrompre Ulrike à chacune de ses phrases. Les choses allaient décidément très mal à Forgotten Hollow. Ce que Vladislaus avait tant redouté s’était finalement réalisé : une poignée d’extraterrestres s’en était pris à Edith et ses enfants pour se venger du sort réservé à la technicienne sixamienne.
– D’après vos dires, résuma la Brindletonienne, ce Stanislav a quitté les lieux. Êtes-vous retournée à la chapelle après avoir été soignée ? Êtes-vous sure que tout le monde là-bas…
– Lorsque j’y suis retournée, répondit Ulrike, la Fledermaus était déserte. J’ai trouvé l’urne de Saethin Sixam mais aucune trace d’Edith ni de Siegfried et Odile.
– Et Tam’ et Carmen ? Sont-ils revenus ?
– Sanjay Kamdar les a emmenés loin d’ici et Vladislaus estime qu’ils sont mieux où ils sont. Ils n’auraient pas dû échapper aux griffes des Nibelung, après tout, alors ils seront toujours en danger. Le comte juge en outre fort probable que Stanislav revienne pour s’accaparer ce qui reviendrait de droit à sa famille : la chapelle.
Charlotte laissa échapper une exclamation incrédule.
– De quel droit pourrait-il s’installer à la Fledermaus ? Elle appartient à Edith et avant qu’elle n’y emménage, le terrain n’appartenait à personne. Il était à la base destiné à…
– ...Alexei Straud, compléta la gouvernante. Ainsi qu’à sa fiancée Yaritza Istines. Seulement, à la mort d’Alexei, Yaritza s’est enfuie mais il semblerait qu’Alexei et elle aient eu le temps de concevoir un enfant. Vladislaus lui a reconnu aussi bien les traits de son fils que ceux de la Furie Écarlate.
La situation prenait une ampleur de plus en plus alarmante. Ainsi donc, il n’y avait pas un seul ennemi, mais bien deux groupes distincts, lesquels s’étaient momentanément alliés pour renverser Edith. Où pouvait bien être cette dernière, à présent ?
– Edith a besoin de votre aide, dit Ulrike. J’ai conscience de la rancœur que chacune de vous entretient pour l’autre, mais l’heure est grave. Je suis venue vous demander une trêve et je suis pour cela venue avec quelque chose qui pourrait vous intéresser.
Fouillant dans ses affaires, la vampire sortit une urne qu’elle plaça devant Charlotte. La Brindletonienne la reconnut aussitôt : c’était la sienne.
La fantôme aurait aimé remercier son interlocutrice mais l’arrivée de mamie Lagrise dans la pièce l’en empêcha.
– À qui parlez-vous, Charlotte ? demanda cette dernière.
Comme pour répondre à la vieille dame, Ulrike se retourna vers elle.
– Bonsoir, dit poliment la vampire. Nous n’avons jamais eu le plaisir de nous rencontrer, il me semble.
Mamie Lagrise ne répondit pas immédiatement, trop occupée à dévisager Ulrike avec une expression que Charlotte ne lui avait jamais vue.
– Toi ? Ici ? Non…
Ce furent là les dernières paroles de Malvina Straud, qui s’effondra alors au sol.
Charlotte se précipita vers son amie mais elle savait qu’il était trop tard. Après avoir bravé tant d’épreuves, sa plus fidèle alliée venait de la quitter pour toujours, emportée par le mal le plus vieux et le plus commun du monde : le temps. Dehors, l’orage éclata, masquant des sanglots que la Brindletonienne ne parvint à retenir…
À suivre...
Les poses utilisées dans ce chapitre sont en majorité de Natalia Auditore. Celles grâce auxquelles Tamino et Carmen s'enfuient en courant sont de Cement (j'avoue avoir mis du temps pour trouver des poses de course dramatique pour enfants !).
Félicitations à @nathalie986 qui a vu clair dans le jeu des Nibelung depuis déjà plusieurs chapitres, ainsi qu'à @oiseaudelune qui a également émis la bonne hypothèse lors du dernier chapitre ! 🤗
Mamie Lagrise partant comme une boss
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
Pauvre mamie Lagrise! Je m'étais pris d'affection pour cette pauvre femme dont le destin était de renverser celui qui a détruit sa famille.
C'est complètement fou ce qui s'est passé à La Fledermaus!
Et Alexei a eu un fils! Incroyable! Je n'aurais jamais deviné! Bon, je suis un peu quiche pour découvrir des intrigues. J'avoue.
Pauvres enfants là-dedans. Heureusement que le beau bibliothécaire était là pour emmener et secourir les enfants.
Je me demande par contre... pourquoi mamie Lagrise a dit à Ulrike ces derniers mots: Hum... Étrange... mystérieux.... hum...
Vraiment, je me demande ce qui va arriver!
Est-ce que Méphisto va venir à la rescousse en mettant le chaos chez nos ennemis! Ça pourrait être comique!
Et la pauvre tite cocotte qui aiment les portes?
Eh lala... Vivement la suite!!!!
Toujours une superbe histoire que je dévore!!!!
Toute la famille disparue, rien que ça! Reste à espérer qu'il ne soit rien arrivé d'irréversible
Je suis surtout inquiète pour les enfants bien sûr, Siegfried et Odile...pauvres petits bouts...
Heureusement que Tamino et Carmen ont pu s'enfuir avec le providentiel bibliothécaire (un peu louche d'ailleurs, non?). Mais du coup ils n'ont pas eu les temps de grandir ces deux-là! Moi qui avais hâte de voir leurs bouilles ado! Ah, ces empêcheurs de tourner les anniversaires en rond, grr...
N'empêche j'ai adoré cette "invasion" extra-terrestre à la crypte, c'était génial
RIP Mamie Lagrise... mais que de mystère entoure ces dernires mots! Qui est donc véritablement Ulrike? Pourquoi Mamie Lagrise la connaît-elle??
Et maintenant que Charlotte a retrouvé son urne,va-t-elle pouvoir retrouver sa forme humaine et revenir à la vie? Serait-ce souhaitable d'ailleurs? Je trouve qu'elle serait bien fragile en tant que pauvre humaine "solide" face aux méchants extra-terrestres et aux méchants vampires
Elle serait peut-être mieux à même d'aider Edith et les enfants sous sa forme de fantôme...
En ce qui concerne ses derniers mots, je ne dirai qu'une seule chose : mystère !
Tu vas avoir des nouvelles de "la petite cocotte qui aime les portes" dans ce chapitre ! 🤗
Merci beaucoup !
@Elinoee Le moins que l'on puisse dire, c'est que si j'avais organisé un événement social avec le téléphone de mes sims, cet anniversaire n'aurait pas reçu la médaille d'or du tout
Cela finit en effet relativement bien pour Tamino et Carmen. Le bibliothécaire est bienveillant, promis
Les réponses concernant les derniers secrets de mamie Lagrise arriveront très bientôt
Tu as parfaitement raison : en l'état, il n'est pas prévu pour Charlotte de retrouver forme humaine. Elle est bien plus en sécurité en étant déjà morte, et d'autant plus maintenant qu'elle a récupéré son urne, s'assurant ainsi de ne plus avoir à subir de chantage sur fond de "fais ce que je dis ou je libère ton esprit"
Coucou tout le monde ! Voici le retour de cette histoire après un petit mois d'absence. Je n'ai pas pris la peine de vous faire un "précédemment..." alors nous allons partir du principe que vous vous souvenez de tout ce qui s'est passé lors des derniers chapitres !
Charlotte et Ulrike avaient rapporté l’urne de Malvina à Forgotten Hollow. La Brindletonienne savait qu’il s’agissait là des dernières volontés de la vieille dame, et ce malgré le fait qu’elle eût passé la majeure partie de sa vie à fuir son héritage familial. Elle reposerait dorénavant aux côtés de son frère, au sein de la demeure de leur père.
La cérémonie avait été très rapide et intime. Vladislaus cherchait à recontacter son épouse pour la prévenir de la nouvelle tragédie survenue dans leur famille, mais Inna Cents semblait injoignable.
Il en allait de même pour Orpheus. À vrai dire, Charlotte n’avait pas beaucoup insisté dans ses tentatives de l’appeler et n’avait essayé qu’une seule fois sans laisser de message. Cela était probablement mieux ainsi pour le cambion, lequel s’épanouissait assurément à Sunset Valley.
Quelques jours après l’arrivée de Charlotte et Ulrike au manoir Straud, Caleb et Odette avaient rejoint le groupe pour se recueillir. Père et fille avaient l’air de s’être plutôt bien acclimatés à leur nouveau lieu de vie : une petite maison en plein cœur de Moonwood Mill.
Lilith semblait ravie de revoir son frère mais Charlotte l’avait surprise plusieurs fois à dévisager sa nièce d’un air renfrogné. Ce n’était d’ailleurs pas la seule : Vladislaus préférait ignorer tout bonnement la bambine. Ulrike tentait d’arrondir les angles mais elle ne semblait pas supporter non plus d’être trop longtemps en présence d’Odette.
– Je me doutais que cela serait difficile, confia Caleb à Charlotte un soir. Ce sont des vampires, après tout. Leur réaction est naturelle.
– Comment vous en sortez-vous, là-bas ? lui demanda la Brindletonienne.
– C’est compliqué, mais je m’accroche. Rory m’aide beaucoup, bien sûr. Elle me dit qu’Odette et moi devons nous apprivoiser mutuellement. J’ai également sollicité l’aide d’une medium pour y voir plus clair.
– Vraiment ? Qu’a-t-elle dit ?
– Peu de choses concernant l’éducation de ma fille, mais elle a senti une aura mystique autour d’elle. Vous vous souvenez certainement que Lilith et moi avons des ancêtres medium ?
– Bien sûr. J’ai même vu l’un d’eux, lors de ma plongée spectrale dans l’urne de Méphistophélès.
– Lilith et moi pensions qu’au fil des générations, le don avait fini par s’estomper. Il semblerait qu’il ait ressurgi avec Odette. La medium essaiera d’approfondir ses capacités d’ici quelques années.
– Votre fille va décidément avoir beaucoup à apprendre !
Caleb finit par retourner à Moonwood Mill au bout d’une semaine. Lilith s’en désolait un peu. Charlotte la comprenait : l’attaque de la Fledermaus avait révélé la supercherie de son époux, lequel était parti sans la moindre explication. L’aînée des Vatore se demandait toujours si Wotan s’était montré sincère avec elle ne fût-ce qu’un instant. Ils avaient après tout eu une fille ensemble, mais Brunehilde ne semblait pas valoir plus à ses yeux que sa vengeance sur Edith.
– Peu importe, dit un jour Lilith. Ce qui compte, maintenant, c’est de les arrêter, sa sœur et lui. Il nous faut ramener Siegfried et Odile.
– Vladislaus est allé glaner quelques informations à la Fledermaus, déclara Charlotte. Peut-être qu’il trouvera un indice quelconque.
[…]
En effet, quelques centaines de mètres plus loin, le comte de Forgotten Hollow progressait avec prudence dans la chapelle d’Edith. Son affrontement contre Stanislav l’avait empêché de voir les Nibelung fuir avec la maîtresse des lieux et ses enfants.
Rien que cette attaque au sein d’une demeure de vampire était susceptible de mettre le feu aux poudres entre les deux espèces. Cela serait bien évidemment pire lorsque les sixamiens apprendraient la mort de leur dirigeant. Vladislaus avait beau bénéficier d’une grande expérience, il ne voyait en l’état pas comment éviter une guerre.
Atteignant le deuxième sous-sol, Vladislaus surprit un bruit dans la pièce juste en face de lui. S’il n’avait pas tort, il s’agissait là de la crypte d’Edith. Qui pouvait bien s’y trouver sans y avoir été invité ?
– Sortez immédiatement si vous tenez à votre misérable vie, intima-t-il dans le plus grand des calmes.
Il y eut un instant de silence au bout duquel la porte s’ouvrit lentement, laissant apparaître une silhouette qui sortit timidement de la crypte. Vladislaus toisa l’homme qui se présentait à lui. Il s’agissait de l’un des descendants d’Edith.
– Que faites-vous ici, Robertson ?
– Je… ma maîtresse m’a envoyé chercher quelque chose, hésita Jacob.
– Ne me mentez pas, s’emporta le comte. À l’heure actuelle, tout Forgotten Hollow est au courant de ce qui est arrivé à mademoiselle Faust. Maintenant que votre chère maîtresse n’est plus parmi nous, vous cherchiez probablement de quoi vous permettre une belle vie loin d’ici ? Les rats quittent le navire, à ce que je vois…
– Je dis la vérité ! insista le jeune vampire. Avant sa disparition, elle m’avait demandé de surveiller…
– Et cette clé, dans votre main, coupa Vladislaus, qu’ouvre-t-elle ?
Jacob ouvrit la bouche pour répondre mais fut interrompu par un cliquetis métallique provenant de l’étage supérieur. Quelqu’un était entré dans l’appartement. Malheureusement pour Vladislaus, le disciple d’Edith profita de la distraction pour prendre ses jambes à son cou. Le comte le maudit intérieurement et prit sa forme de brume pour découvrir l’identité du nouvel intrus.
Sans grande surprise, il s’agissait de Stanislav. Le vampire semblait déjà avoir pris ses aises, déambulant dans l’appartement toutes lumières allumées comme s’il en était le propriétaire.
– Notre combat a été coupé la dernière fois, lui lança Vladislaus, mais je vous conseille fortement de fuir pour votre survie. Ces lieux ne vous appartiennent pas.
– Bien au contraire, rétorqua Stanislav avec un calme insupportable. Le terrain me revient de droit. N’aviez-vous pas pour projet de l’offrir à votre fils en guise de cadeau de mariage, il y a de cela quelques décennies ? Et n’avez-vous pas déjà compris qui j’étais ?
– Le fait que vous soyez mon petit-fils ne m’empêchera pas de vous anéantir si vous ne me laissez pas le choix. Votre physique ressemble fortement à Alexei, je vous l’accorde. Mais à l’intérieur, vous êtes le portrait craché de votre mère.
– Il l’est, en effet, lança une voix.
Aussitôt après, une femme fit son apparition. Vladislaus l’aurait reconnue entre mille. Elle avait eu le toupet de porter un haut-de-forme normalement réservé aux comtes vampiriques.
– Bien le bonsoir, comte, salua ironiquement Yariza Istines. Je vois qu’il est inutile de faire les présentations. Alexei avait des gênes remarquables ! Stanislav a hérité le meilleur de nous deux. Mais mon fils et moi manquons à tous nos devoirs : peut-être avez-vous soif ? Il me semble avoir flairé quelques humains dans les cellules de cet étage, alors je vous en prie : faites-vous plaisir !
– Il ne vous appartient pas de me traiter en tant qu’invité dans une demeure qui n’est pas la vôtre, répliqua sèchement Vladislaus. Ne tentez même pas de me considérer comme appartenant à votre famille.
– Nous sommes pourtant la seule qui vous reste, non ? Quatre-vingt-un ans après la mort de mon bien-aimé, votre délicieuse Inna ne vous a pas donné le moindre signe de vie. Elle ne doit guère se soucier de vous. Sait-elle seulement que sa chère Malvina a désormais rejoint son frère dans l’au-delà ?
Vladislaus bouillonnait intérieurement. Hors de question cependant de se prendre au jeu de la Furie Écarlate.
– Que souhaitez-vous, tous les deux ?
– À vrai dire, nous sommes trois. Vous êtes arrière-grand-père, Vladislaus ! Mais la fille de Stanislav nous rejoindra ultérieurement. D’ici-là, nous ne souhaitons qu’une chose de vous : que vous nommiez officiellement mon fils héritier de Forgotten Hollow et du titre d’ambassadeur occulte des vampires.
[…]
Siegfried ignorait combien de jours s’étaient écoulés depuis l’anniversaire de Tamino et Carmen. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il n’avait pas vu sa mère depuis ce moment où Erda Nibelung l’avait changée en une espèce de gros glaçon avec son curieux appareil. Le reste de la soirée était flou, pour lui. Il se souvenait simplement s’être réveillé dans cette chambre sans personne à ses côtés.
Les jours suivants, un médecin était venu vérifier son état de santé. Le garçon se sentait en forme. Il ne pouvait pas en dire autant du médecin : était-ce normal d’avoir une peau aussi verte ? Siegfried n’avait jamais eu de réponse à cette question.
Le médecin ne lui avait jamais parlé plus que nécessaire et l’avait très vite confié aux soins de Kirali Noctis. D’après ce qu’elle lui avait dit, elle était enseignante. Elle au moins n’avait pas la peau verte mais dégageait la même impression que le médecin. Étaient-ils semblables ?
Les cours avec Kirali étaient intéressants, d’autant plus depuis que le cambion y avait retrouvé son ami Yamato. Lui non plus ne comprenait pas pourquoi il avait été conduit en ce lieu mais d’après ce qu’il racontait à Siegfried, il semblait être mieux traité. Sa chambre était plus grande et il voyait sa mère tous les jours. Les deux garçons suivaient les mêmes cours et avaient ainsi l’occasion de discuter.
– Ta mère a attaqué la mienne, dit Siegfried un matin.
– Tu dis des bêtises, nia Yamato. Ma mère ne ferait jamais ça.
– Et la mienne ne me laisserait jamais aussi longtemps sans elle. Pourquoi n’est-elle toujours pas venue me chercher ? Où est-elle ?
Bien sûr, Yamato n’en savait rien. Lui-même n’avait d’ailleurs pas revu toute sa famille : seuls sa mère et son oncle étaient présents.
– Je ne sais pas pourquoi mon père n’est pas là, avoua-t-il, mais peut-être qu’il est juste en train de travailler avec les autres du Carré d’As. Par contre, je ne comprends pas pourquoi tata Lilith et Brunehilde ne sont pas venues avec tonton Wotan…
– Mon frère et mes sœurs ne sont pas là non plus. Tu crois qu’il est arrivé quelque chose à tout le monde ?
– Je peux essayer de regarder sur Blic-Bloc Online si ma cousine s’est connectée depuis longtemps ou pas, mais il me faudrait un ordinateur...
[…]
Odile ne savait pas où elle était.
De toute évidence, ce n’était pas sa maison. Où était sa maman ?
Peut-être à l’étage. La bambine trouva un escalier et l’emprunta aussitôt.
Elle ne reconnaissait toujours pas cet endroit et cela lui faisait peur. Elle se laissa alors gagner par les sanglots. Sa maman l’entendrait à coup sûr et elle viendrait la chercher.
Mais ce n’était pas sa maman qui apparut devant elle. C’était un petit garçon à peine plus grand qu’elle.
– T’es qui, toi ? demanda-t-il d’un air curieux. Pourquoi tu pleures ?
– Elle est pas là ma maman ?
– Bah non, là c’est chez la mienne, pas la tienne.
Odile pleura de plus belle.
Le petit garçon s’approcha d’elle et la prit dans ses bras.
– Elle est peut-être dehors, ta maman, non ? Tu peux aller voir.
– Ibrahim ? appela une voix froide. Arrête de parler tout seul et viens ici, s’il te plaît, c’est l’heure de ton bain.
Ce devait être la maman du petit garçon. Odile n’aimait pas du tout le ton qu’elle avait employé. Cette maman n’avait pas l’air gentille du tout : que dirait-elle si elle s’apercevait de la présence d’une enfant qui n’était pas la sienne ? La cambionne ne voulait pas le savoir et préféra sortir, ignorant les mots du petit garçon :
– Tu reviens bientôt ?
Odile était enfin dehors.
Cet endroit n’était en effet pas sa maison, mais le jardin ressemblait un peu au sien. La vue qu’elle avait de l’autre côté de la barrière était la même que celle qu’elle pouvait avoir quand elle allait jouer dehors avec sa maman. C’était bizarre.
La bambine savait qu’elle n’avait pas le droit, mais elle franchit quand même la limite du terrain et arriva sur la route. Sa maman ne voulait jamais qu’elle y joue. Odile explora les lieux, toute curieuse de découvrir un nouvel endroit. Si seulement sa maman pouvait venir la chercher !
– Que fais-tu ici, jeune fille ?
Odile se retourna, pleine d’espoir, mais ce n’était toujours pas sa maman. C’était une dame aux cheveux noirs qu’elle n’avait jamais vue.
– Veux ma maman !
La dame l’observa attentivement avant de jeter un coup d’œil vers la maison qu’Odile venait de quitter.
Elle avait apparemment compris quelque chose car elle se dépêcha de prendre la bambine dans ses bras avant de se diriger de l’autre côté de la rue. Ce devait être sa maison.
À l’intérieur se trouvait un monsieur habillé bizarrement.
– Qui est cette petite, Lilith ?
– Je ne sais pas, Caleb, mais elle sort d’en face. Elle ne lui ressemble pas, je ne pense pas que ce soit sa fille.
Le monsieur regarda la dame avec inquiétude.
– Comment est-ce possible ? Elle est beaucoup trop jeune pour…
– Peu importe ! Peut-être qu’elle s’est simplement perdue. Je ne pouvais pas la laisser dehors. Ses parents viendront bientôt la chercher et j’en profiterai pour leur dire deux mots sur leur manière de surveiller leur fille, surtout à Forgotten Hollow !
La dame reporta son attention sur Odile.
– En attendant, petite, lui dit-elle, nous allons nous occuper un peu de toi. Quel est ton parfum de glace préféré ?
À suivre...
Ce que Caleb n'a pas dit à Charlotte, c'était que Rory et lui ne faisaient pas que s'occuper d'Odette, à Moonwood Mill !
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉