Je me demande ce qui va ressortir de tout ça... Qu'est-ce que manigance Caleb avec Rory ?
Et Mamie Lagrise ? En quoi Rahul pourrait-il lui servir ?
Il y a encore beaucoup de questions en suspens dans ce chapitre, mais bon, il faut dire qu'on commence à peine l'acte IV. Va falloir être patients, je le sens
Petit mot de la fin : Fais boire une potion à notre mamie préférée, s'il te plait. Je n'ai pas envie qu'elle meure. Elle mériterait d'assister à la chute de Méphistophélès. 😇
Hum, voilà que les loup-garous vont se mêler de cette histoire..? Je me demande quel est le "plan" de Caleb...faire transformer la petite Odette en loup-garou?! Ce serait étrange... Bien curieuse de voir quel rôle aura à jouer Rory en tout cas!
Orpheus et Rahul roucoulent, ça y est! C'est chouette de voir Orpheus découvrir l'amour ainsi que bien d'autres plaisirs simples de la vie... finalement, je le verrais bien devenir humain!
En quoi ce rapprochement arrange Mamie Lagrise, ça! Peut-être pour avoir un "pied" ou plutôt une oreille au milieu des habitants d'Henford en Bagley?
@nathalie986 L'acte IV apporte son lot de questions, en effet, mais promis, il y aura des réponses à foison ! C'est l'acte des révélations, en quelque sorte
Je suis bien d'accord avec toi : si quelqu'un mérite d'assister à la fin de Méphistophélès, c'est bien mamie Lagrise... Mais comme elle-même, elle n'a plus envie de tricher espérons juste qu'elle ait le temps de tout faire avant le moment fatidique !
@Elinoee Rory arrive tout bientôt, et avec elle les réponses à tes questions Je n'en dis pas plus pour le moment
La vie d'humain irait beaucoup à Orpheus, c'est certain ! Il saurait s'en accommoder sans la moindre difficulté.
J'ai remarqué avoir laissé une petite bourde chronologique, dans le dernier chapitre, bourde que j'ai corrigée ce soir :
Orpheus n’entendit jamais la fin de la phrase du livreur et mit un certain temps avant de réaliser que ses propres lèvres, désormais plaquées inexplicablement contre celles de Rahul, en étaient la cause. Au loin, les grillons avaient entamé leur chant tandis que les lucioles s’apprêtaient à illuminer la pénombre. C’était une si belle soirée d’été.
En fait non, ce n'est pas du tout l'été ! Le chapitre 46 se passe 7 mois après la naissance d'Odette et Odile et quelques semaines avant le passage d'Orpheus à l'âge adulte. Or, les jumelles sont nées début septembre (plus exactement le 9 ). C'est donc début avril qu'Orpheus et Rahul nous ont fait grâce de leur petit instant romantique
Nous voici de retour ce soir pour le chapitre 47 qui, lui, se passe bel et bien en été Retournons à Forgotten Hollow pour voir comment s'en sortent Edith, Ulrike et les enfants. Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 47 : Soupçons ---
– À toi de jouer, à présent, Siegfried !
Écoutant sa mère, le bambin souffla sa sixième bougie sous la clameur des convives.
Après quoi, Edith reposa son fils au sol, le laissant grandir et aussitôt quitter la pièce avec son ami Yamato pour aller jouer dans la chambre verte. La vampire aimait voir ses enfants vieillir : cela allait de pair avec leur gain d’autonomie et, par extension, avec sa propre tranquillité. D’ici trois semaines viendrait le tour des deux ans d’Odile. Après quoi, la Fledermaus n’abriterait plus le moindre bébé. Dire qu’il lui avait fallu trente ans pour avoir ses six cambions !
Bien sûr, en l’état, seuls quatre étaient encore à la chapelle. Edith ne comptait réveiller Aïda qu’à la majorité d’Odile. Quant à son deuxième enfant parti avec son ancienne amie, il n’y avait toujours aucune nouvelle.
– Siegfried vous ressemble beaucoup, Edith ! constata Erda Nibelung-Nogawa en la tirant de ses pensées. Il a vos yeux.
C’était vrai. Des six enfants, Carmen et Siegfried étaient les seuls à partager ses yeux. Edith avait eu un maigre espoir en la matière avec Odile, mais elle semblait avoir hérité ceux de son maudit géniteur. La vampire ne s’en formalisait pas. Il y avait plus urgent à penser, à commencer par cette monstrueuse commande de meubles, aussi s’empressa-t-elle de discuter de travail avec Erda et Ulrike.
– Vous rendez-vous compte du temps que va nous prendre cette commande ? s’insurgea Edith. À ce rythme, nous allons devoir doubler notre main d’œuvre !
– Ce serait l’occasion rêvée pour vous de faire développer l’entreprise, fit remarquer Erda. Figurez-vous que j’ai repris contact avec mon ami de Del Sol Valley. Il m’a rappelé qu’il serait ravi de s’associer avec vous pour implanter une succursale là-bas. Seriez-vous toujours intéressée par la proposition ?
À l’autre bout de la table, Carmen mangeait silencieusement sa part de gâteau au thé matcha. Tamino remarqua que sa sœur semblait pensive, jetant occasionnellement des coups d’œil en direction de sa mère.
– Quelque chose ne va pas ? demanda Tamino.
– De quoi parlent-elles, à ton avis ? murmura Carmen.
– Elles parlent de leur gros client du début de semaine. Tu sais, celui qui a commandé trois lits doubles, deux bibliothèques, cinq armoires et dix-sept tapis. Toi, ajouta le garçon en baissant encore plus la voix, tu cherches encore à espionner la mère de Yamato.
– Pas ici, s’inquiéta la jeune fille en tournant la tête vers les trois femmes.
Cependant, celles-ci n’avaient rien entendu, trop concentrées sur le type de bois nécessaire à la confection des armoires.
Tamino et Carmen en profitèrent pour prendre congé, montant trois étages plus haut, dans la chambre des garçons.
– Maintenant que Siegfried a grandi, il dormira dans le lit du traître ? demanda Carmen.
– Orpheus, corrigea Tamino.
Le garçon était quelque peu lassé de la situation. Il avait parfois l’impression d’être le seul dans la chapelle à se rappeler le prénom de son grand-frère. À vrai dire, lui-même n’avait rien à reprocher à Orpheus car il dormait lorsque ce dernier avait quitté la Fledermaus. Carmen, en revanche, avait assisté impuissante à la scène et, en deux ans, avait vu ses sentiments évoluer. Elle avait après tout cherché à le retenir sans succès. De la tristesse, la jeune fille était passée à la colère et, enfin, à la rancœur. Tamino espérait toutefois qu’elle changeât d’avis un jour mais il n’était malheureusement pas dans sa tête.
– La mère de Yamato est bizarre, trancha Carmen de but en blanc après un long silence.
– Tu ne l’as pas revue briller depuis cette fameuse fois. Tu es sure que tu n’as pas rêvé ?
– Non, je n’ai pas rêvé ! Pourquoi tout le monde me dit ça ? Elle m’a posé la même question, quand je lui ai demandé quelques temps plus tard.
– Pardon ? s’étrangla Tamino. Tu lui as vraiment demandé ça en personne ?
– Oui, et alors ? s’impatienta la jeune fille. Ce n’est pas le plus important. Je sais ce que j’ai vu et elle fait comme si j’avais eu une hallucination. Elle cache quelque chose, c’est évident. J’aimerais bien poser des questions à Yamato, mais à sept ans, je ne vois pas ce qu’il pourrait savoir… Si seulement il y avait un moyen d’en savoir plus sur cette famille bizarre…
– Je crois qu’il y en a un, assura Tamino.
[…]
Quelques jours plus tard, Carmen avait pris sa décision. Entrant courageusement dans la salle de répétition, la jeune fille se retrouva face à sa mère.
– Maman, je sais que tu es occupée, mais j’aurais quelque chose à te demander.
– J’imagine que ça ne peut pas attendre la fin de ma répétition ?
– Les musiciens ne sont pas encore arrivés, trancha Carmen avec pertinence. Voilà, Tam’ et moi aimerions aller à la place Clairdelune.
La cambionne n’avait pas encore achevé sa phrase que les yeux de sa mère répondaient déjà « non ».
– Que souhaitez-vous faire là-bas ? demanda Edith d’un air suspicieux.
– Il y a une bibliothèque et on aimerait bien voir les vieux livres de Forgotten Hollow. Peut-être que le bibliothécaire nous laissera les regarder. Il paraît qu’il est sympa. Tu le connais ?
– Lui non, mais disons que j’ai brièvement connu son prédécesseur, répondit la maîtresse des lieux d’un air évasif. Toujours est-il que je ne veux pas que vous vous aventuriez tous seuls aussi loin.
– Ce n’est pas si loin, objecta Carmen. Et puis Tam’ et moi avons quatorze ans. Mais si c’est juste le fait de sortir seuls qui t’inquiète, tu pourrais peut-être accepter si quelqu’un nous accompagnait ?
– J’y réfléchirais peut-être un peu plus, mais ce n’est pas possible. J’ai du travail ici et Ulrike aussi.
– C’est donc une chance que tes musiciens viennent justement de la place Clairdelune pour répéter ici ! Si Tam’ et moi les suivions à leur retour et que l’un d’entre eux nous raccompagnait après, tu serais d’accord ?
Carmen avait pensé à tout et ne put s’empêcher de ressentir une pointe de fierté personnelle en constatant que sa mère était à court d’arguments valables. Edith la scruta silencieusement, le coin de ses lèvres cherchant à masquer un tressaillement.
– C’est d’accord, finit par céder la vampire. Mais je ne vous donne qu’une heure. L’un de mes disci… enfin de mes musiciens vous accompagnera et vous ne devrez à aucun moment quitter son champ de vision, c’est bien compris ?
– Oui, maman. Merci beaucoup ! Nous ne te décevrons pas.
– J’espère bien, jeune fille, sinon, ce genre de sorties ne se reproduira pas. Aussi, une dernière chose : je veux que vous emmeniez Siegfried avec vous. Maintenant qu’il est plus grand, il n’y a pas de raison qu’il vous voie aller vous amuser sans y avoir droit lui-même. Bien entendu, vous le surveillerez personnellement.
Cette dernière condition n’arrangeait guère Carmen, mais elle n’avait pas le choix, aussi accepta-t-elle les consignes de sa mère. Restait désormais à trouver une solution pour que son jeune frère ne cherchât pas à se mêler des affaires des grands.
[…]
La répétition toucha rapidement à sa fin. Fidèle à sa parole, Edith missionna Jacob Robertson pour accompagner ses enfants hors de la chapelle. Ainsi, Tamino, Carmen et Siegfried découvrirent pour la première fois la place Clairdelune, chacun ayant des motivations précises.
– Monsieur Siegfried, interpella Jacob alors que le garçon commençait déjà à explorer les lieux, ne vous éloignez pas trop, s’il vous plaît ! Rappelez-vous ce que vous a demandé votre mère.
– Siegfried, renchérit Carmen, reste avec nous s’il te plaît, nous n’avons pas beaucoup de temps !
À contrecœur, le benjamin du groupe suivit ses aînés dans la bibliothèque. Tamino et Carmen proposèrent à leur jeune frère de regarder les livres illustrés avec Jacob pendant qu’eux-mêmes arpentaient les différentes étagères en quête d’un ouvrage en particulier. Mais hormis un registre sur les habitants du hameau dans lequel figurait la date d’arrivée de leur mère, ils ne trouvèrent rien d’intéressant.
– Il n’est pas ici, constata Tamino après un long silence. Peut-être que quelqu’un l’a emprunté.
– Je croyais que les bibliothécaires étaient censés savoir classer les livres ! s’indigna Carmen en rangeant une encyclopédie à sa juste place. Tu sais quoi ? Cela ne m’étonnerait même pas qu’il soit en haut. Le problème, c’est que Jacob est avec Siegfried et qu’on n’a pas le droit de se disperser…
– Monte, souffla le garçon. Je vais me mettre au bout de cette étagère et il croira que tu es derrière moi.
Stupéfaite de l’initiative de son demi-jumeau – peut-être avait-elle finalement une mauvaise influence sur lui –, Carmen profita que Jacob eût son attention focalisée sur Siegfried pour se précipiter vers les escaliers, gagnant enfin l’étage supérieur.
D’après ce qu’elle pouvait voir sur les couvertures des livres face à elle, la jeune fille se trouvait dans la section historique de Forgotten Hollow. Était-il possible qu’elle eût fait bonne pioche ?
– Parfait, se réjouit-elle alors qu’elle avait mis la main sur un exemplaire de Généalogie vampirique : les grandes familles de l’ère cordélienne à aujourd’hui qui avait connu de meilleurs jours.
– Étudies-tu l’histoire, jeune fille ? demanda une voix derrière elle.
La surprise fit sursauter Carmen. Le bibliothécaire venait de faire son apparition. À en juger la couleur caractéristique de ses yeux et la longueur de ses canines, il ne pouvait s’agir que d’un vampire.
– Euh, oui, inventa la cambionne. Je cherche des informations sur, euh… la famille Straud.
– C’est une bien triste histoire, répondit le bibliothécaire. Le comte Vladislaus est sûrement le dernier représentant de sa lignée, laquelle était pourtant prestigieuse il y a de cela des siècles. Il a perdu son fils il y a plusieurs décennies et nous savons très peu de choses sur ce que sont devenues sa femme et sa fille. Tu trouveras certainement dans cet ouvrage des récits bien plus complets et fiables sur d’autres familles de grands maîtres. Pour tout te dire, je ne me souvenais même pas que nous en possédions un exemplaire. Souhaites-tu l’emprunter ?
Contente de ne pas avoir été démasquée sur ses intentions, Carmen confirma son souhait. Le bibliothécaire s’empara de l’ouvrage et regagna le rez-de-chaussée pour mettre à jour le logiciel de prêts et de retours de livres. Cet homme semblait sympathique et plutôt beau garçon. La jeune fille se demandait si sa mère serait intéressée pour le rencontrer.
L’heure n’était toutefois pas celle de jouer les entremetteuses. Reprenant ses esprits, Carmen descendit à son tour afin de rejoindre ses frères et Jacob. Elle trouva Tamino où elle l’avait laissé, vraisemblablement plongé dans la lecture de l’histoire d’un jeune fermier trouvant par hasard un œuf de dragonne, marquant pour lui le début d’une aventure épique.
Siegfried, de son côté, était accaparé par une nouvelle venue : une bambine à la chevelure noir corbeau. Jacob ne savait plus où donner de la tête pour surveiller les trois cambions à la fois, aussi Tamino et Carmen décidèrent-ils de se rapprocher pour lui faciliter le travail. En observant la fillette de plus près, Carmen remarqua un subtil air de famille avec Yamato.
– Brunehilde ! s’exclama une femme qui gagnait à présent l’étage. Ne t’éloigne pas de nous comme ça et surtout pas pour entrer toute seule quelque part ! Tu es trop petite pour…
La femme n’acheva pas sa phrase, remarquant la présence des trois autres enfants. Ses yeux s’attardèrent quelques secondes de plus sur Carmen et semblait la reconnaître.
– Bonjour, dit-elle poliment. Vous devez être les enfants d’Edith.
– Vous connaissez maman ? demanda Carmen.
– Tu lui ressembles beaucoup, répondit l’inconnue en évitant la question de la cambionne.
Avant que Carmen n’eût le temps de poser d’autres questions, un homme apparut dans l’escalier, rejoignant la femme et la bambine. Ces trois-là devaient être de la même famille.
– Notre fille s’est trouvée un ami, Wotan, s’amusa la femme.
– C’est ce que je vois, répondit le dénommé Wotan. Bonjour, les enfants. Nous sommes Wotan et Lilith Nibelung-Vatore, les parents de Brunehilde.
– Vous êtes le tonton de Yamato ? intervint Siegfried.
Wotan acquiesça. Carmen constata qu’il ressemblait beaucoup à sa sœur et ne put en tirer qu’une seule conclusion : lui aussi devait être louche. Mieux valait s’en méfier.
[…]
– Moi je n’ai rien trouvé de bizarre chez lui, objecta Tamino.
C’était le soir et les enfants étaient de retour à la chapelle en temps et en heure. Edith avait été forcée de constater que l’engagement avait été tenu. Par ailleurs, le fait que Carmen eût emprunté un livre à la bibliothèque signifiait qu’il lui faudrait le rendre et, de fait, renouveler l’expérience. La jeune fille avait ainsi trouvé la journée enrichissante en bien des points.
– Tu avais encore la tête dans ton histoire, répondit Carmen, mais moi j’ai bien vu. Wotan et sa sœur cachent quelque chose.
– En admettant que ce soit vrai, je ne vois pas ce que nous pourrions trouver. Mais Siegfried est ami avec leurs enfants. Peut-être que d’ici quelques temps, il arrivera à leur tirer les vers du nez.
– Pas la peine d’attendre aussi longtemps, contra fièrement la jeune fille. J’ai la preuve.
Comme pour étayer ses propos, Carmen sortit Généalogie vampirique : les grandes familles de l’ère cordélienne à aujourd’hui et l’ouvrit à la page du sommaire. Celui-ci était organisé par ordre alphabétique des noms de famille des lignées vampiriques étudiées par l’auteur.
– Tu te souviens du registre que l’on a trouvé au premier étage, avant que je ne monte ?
– Oui, répondit Tamino. Grâce à lui, on a appris que maman avait emménagé à Forgotten Hollow en 393.
– Exactement. Les Nibelung, quant à eux, sont arrivés en 408.
– Nous n’étions pas nés. Aïda avait neuf ans et Orpheus en avait deux.
Tamino marqua une pause.
– Ce n’est pas l’année de la mort de Charlotte ?
– Je crois que si, répondit Carmen, mais en tout cas, ce qui est sûr, c’est que les Nibelung sont arrivés après maman.
– Où est le problème ?
En guise de réponse, Carmen montra à son frère le sommaire du livre qu’elle tenait encore dans ses mains.
– Regarde dans les N.
Tamino obtempéra et parcourut rapidement l’ensemble des noms de famille de cette lettre. Son regard s’arrêta sur le nom des Nibelung, nom qui précédait un symbole en forme de croix. Intrigué, il se rendit à la page indiquée par le sommaire. L’inscription lui sauta alors aux yeux. Éteinte en 311 ap-c pendant la dernière guerre occulte.
– Alors ? lui demanda sa sœur. Comment expliques-tu qu’Erda Nibelung soit en train de fabriquer dix-sept tapis avec maman alors que sa famille est censée avoir disparu depuis cent quatorze ans ?
À suivre...
Bonus :
Voici Siegfried enfant
Secret de tournage :
Non Aïda, je ne pense VRAIMENT pas que dans ton état d'hibernation, tu aies gentiment envoyé un cadeau à un frère que tu as essayé de livrer à Méphistophélès à ses deux ans
Coucou!
Pour l'erreur du jour d'été, je n'ai jamais remarqué.
Ouah! Les enfants sont tellement cool et téméraires! Aller à la bibliothèque! C'est rendu téméraire! Attention! haha
Edith les garde vraiment sous verre, ses enfants! Remarque je peux comprendre puisqu'ils sont spéciaux.
Je suis triste que Carmen pense du mal de son grand frère qui a quitté la maison. Elle a eu un goût amer par la suite. Ça se comprend. Mais elle a une bonne chimie avec Tamino. Ce qui est une bonne nouvelle!
Super épisode!
Revenons à ce chapitre : mais quelle petite futée cette Carmen ! J'adore cette fillette et ses enquêtes dignes d'un détective privé. Tamino a l'air de se prendre au jeu, et on peut dire qu'ils ont fait des découvertes très intéressantes.
Toute cette enquête, et ses résultats, me confortent d'ailleurs à propos de la théorie que j'avais émise il y a quelques temps à propos des Nibelung et de leur troisième soeur...
Je me demande comment tout cela va finir.
Edith est vraiment très belle avec ce nouveau look !
J'espère que Carmen finira par ne plus en vouloir à Orpheus, mais j'arrive à comprendre qu'elle lui en veuille...
Ravie de retrouver Edith et les enfants restés à Forgotten Hollow
Effectivement, il y a quelque chose de fort louche avec Erda Nibelung...mais que cherche-t-elle à faire exactement? Je me demande aussi ce qu'est ce pouvoir (enfin j'imagien que c'en est un) qui la fait briller.
Carmen lui en a parlé directement; j'espère qu'elle ne s'est pas mise en danger en faisant cela! Est-ce que Erda se méfie d'elle à présent ou se dit elle que ce n'est qu'une enfant et ne représente aucun danger?
En tout cas Carmen est sacrément maline et observatrice! Ce qui est triste c'est le fait qu'elle garde tant de rancoeur envers Orpheus...voilà des tensions dans la fratrie...
Siegfrid a bien grandi et ressemble beaucoup à son papa (sauf les yeux ), j'ai hâte de voir ce qu'il va en être d'Odile et Odette
@oiseaudelune C'est vrai que quand on passe toute son enfance dans une crypte, n'importe quelle sortie est une petite folie
Je me suis dit que ce qu'éprouve Carmen vis-à-vis d'Orpheus était un comportement plutôt réaliste... Il est parti sans vraiment lui dire pourquoi et malgré ses supplications, alors elle s'est simplement concentrée sur le factuel : il est parti et les a laissés derrière, Tamino et elle
@nathalie986 Carmen a du flair, c'est le moins que l'on puisse dire En tout cas, elle a clairement les Nibelung dans le collimateur ! Tamino la suit car ces deux-là sont toujours fourrés ensemble, mais pour l'instant, lui-même ne voit pas grand-chose. Nous verrons bien comment l'enquête évolue
Edith te remercie pour ton avis sur son nouveau style Je crois qu'elle a eu le même styliste que Cendre, non, pour cette tenue ? Quant à la coiffure, j'ai eu du mal à en trouver une qui me convienne... Mais le résultat me plaît bien
J'espère aussi que la relation entre Carmen et Orpheus s'arrange, mais pour cela, encore faudrait-il qu'il revienne à la chapelle
@Elinoee Le mystère reste entier pour Erda Nibelung Mais Carmen veille au grain. C'est vrai qu'elle a tendance à foncer un peu vite dans le tas et confronter Erda sans preuve n'était peut-être pas très prudent de sa part
La rancœur de la cambionne envers son grand frère est effectivement triste La pauvre l'a vu partir sans explication, alors elle n'a eu droit qu'à la version de leur mère qui, bien sûr, n'était pas très élogieuse
Il y a indéniablement pas mal de Johnny en Siegfried ! Pour ce qui est des jumelles, la réponse est dans ce chapitre
Voici le chapitre 48 Nous allons faire un petit tour aussi bien chez Charlotte que chez Edith, ce soir. Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 48 : Double anniversaire ---
L’été touchait presque à sa fin. À Henford-on-Bagley, Charlotte s’affairait à l’entretien de l’enclos de Clarabelle. Aux yeux de n’importe qui, cette tâche pouvait paraître dégoûtante mais pour les habitants de l’ancienne ferme, la vache était une membre à part entière de la famille et personne ne renâclait à la besogne.
– Je pensais faire un gâteau pour l’anniversaire d’Odette, confia la Brindletonienne. Je sais bien qu’elle n’a que deux ans alors ce n’est pas ce qu’Edith aurait fait à ma place, bien sûr. Seulement, Edith n’est pas là et je me retrouve à m’occuper moi-même de sa fille, fille dont elle ignore totalement l’existence. Je ferai donc comme il me plaît.
Clarabelle poussa un léger meuglement, ce que Charlotte identifia comme étant une marque d’approbation. Oui, il y aurait un gâteau d’anniversaire. Restait encore à se faire livrer certains ingrédients pour y parvenir. Après tout, cela ferait une occasion à Orpheus de recevoir la visite de Rahul.
L’imminent changement d’âge d’Odette préoccupait cependant la Brindletonienne. Les enfants d’Edith étaient d’ordinaire liés à Méphistophélès, ce qui permettait à l’esprit maléfique de récolter les nés-humains dès leur deuxième anniversaire. Or, Charlotte ignorait si la règle était ou non susceptible de s’appliquer en dehors de la chapelle Fledermaus. Que se passerait-il si la fille de Caleb n’était pas vampire ?
Cette crainte n’était d’ailleurs pas le seul souci au sein de la fermette : depuis quelques temps, les malaises de mamie Lagrise se faisaient de plus en plus nombreux. L’ancienne vampire ne parvenait plus à faire des journées aussi complètes qu’avant et se reposait de plus en plus – et malgré elle – sur l’assistance de Charlotte, Caleb et Orpheus.
– Je vous dis que je vais le faire, ce gâteau ! s’emporta-t-elle au matin de l’anniversaire d’Odette. Il me reste encore assez de tête pour ça !
– Vous avez nettoyé le poulailler toute seule, hier, objecta Charlotte. Vous êtes encore pleine de courbatures. Ne me mentez pas, je le vois !
Mamie Lagrise tenta de répliquer d’un ton cinglant mais sembla défaillir l’espace d’une seconde.
Orpheus décida d’intervenir pour prêter main-forte à la Brindletonienne.
– Tu devrais te reposer, Malvina. Charlotte et moi nous occupons du gâteau. Je viendrai te chercher quand on le servira.
– Très bien, Alexei, répondit la vieille femme après un instant de silence. À plus tard, alors.
L’humaine quitta alors la cuisine, laissant Charlotte et Orpheus quelque peu désemparés. Ils avaient remarqué la confusion de mamie Lagrise concernant le prénom du jeune homme mais, d’un commun accord, décidèrent de la laisser aller se coucher sans chercher à lui faire remarquer quoi que ce fût.
Le repas se déroula dans une ambiance assez tendue. Caleb avait invité sa sœur, mais également une certaine Rory venue tout droit de Moonwood Mill. Charlotte ne l’avait jamais rencontrée mais force était de constater qu’une animosité semblait se dégager entre Lilith et mamie Lagrise d’un côté et elle d’un autre.
– J’ai toujours entendu dire que Moonwood Mill était... dangereux, s’étonna Orpheus. N’est-ce pas trop mouvementé d’habiter là-bas ?
– C’est un coin parfait pour les personnes allergiques aux pinces à épiler, rétorqua mamie Lagrise d’un ton dédaigneux. Les habitants n’acceptent pas non plus les vampires. Comme s’ils pouvaient se permettre d’être sélectifs sur leurs fréquentations !
La vieille femme semblait plus reposée mais Charlotte ne put s’empêcher de constater qu’elle était encore bien loin de la forme qu’elle avait eue lors de leur rencontre. C’était un fait : Malvina Straud vieillissait et sa santé déclinait en proportion. À cette simple pensée, la Brindletonienne éprouva un désagréable pincement au cœur.
– Les vampires ne sont pas des saints non plus, Malvina, rétorqua froidement Rory. Vous oubliez les actes de votre père lors de la première guerre occulte.
– Aucun de nous n’était né, à l’époque. C’est un peu facile d’arranger le passé à votre guise.
– Nos livres d’histoires retracent bien plus fidèlement les événements que les vôtres.
– Avant d’affirmer cela, encore faudrait-il que votre espèce sache lire !
– Et si nous passions au gâteau ? demanda Charlotte d’une voix forte alors que Rory bouillonnait dangereusement.
– Je vais chercher Odette, répondit précipitamment Caleb. Tu m’accompagnes, Rory ?
Les deux amis s’éclipsèrent, laissant une ambiance électrique. Mamie Lagrise les suivit du regard, la mine réprobatrice.
– J’ai rencontré Tamino, Carmen et Siegfried, le mois dernier, déclara une Lilith désirant changer de conversation. Ils étaient à la bibliothèque de la Place Clairdelune.
– Comment vont-ils ? demanda aussitôt Orpheus. Ils ne sont pas autorisés à sortir.
– Tout va bien pour eux, rassure-toi. Il semblerait que ta mère ait donné son accord. Ils étaient surveillés par l’un de ses musiciens. Nous n’avons pas discuté très longtemps car ils devaient rentrer rapidement. Ils m’ont néanmoins appris quelque chose ! D’après leurs dires, l’enfant que nous appelons entre nous Vierzehn est une petite fille qu’Edith a nommée Odile.
– Elle lui a donné un vrai prénom ? s’intéressa Charlotte. C’est encore trop tôt pour déterminer sa nature. C’est étrange.
– Pour certains enfants, lui apprit l’aînée des Vatore, il est possible de détecter le vampirisme dès la naissance, parfois même pendant la grossesse. C’est probablement ce qui s’est passé dans ce cas.
– Siegfried a eu six ans il y a trois semaines, compta Orpheus. Je n’étais pas là pour son anniversaire. Je ne connais même pas Odile.
Le cambion fit la moue. Charlotte savait que le reste de sa fratrie lui manquait et qu’il avait toujours apprécié les anniversaires au sein de la Fledermaus. Au printemps, lui-même avait fêté ses dix-huit ans coupé des autres. Orpheus ne disait rien mais il était évident de constater que l’éloignement lui pesait de plus en plus.
Apparemment, le jeune homme avait remarqué le regard de la fantôme vers sa direction car il quitta la table à son tour pour gagner l’étage, prétextant avoir envie de se reposer. Charlotte, Lilith et mamie Lagrise en vinrent alors à discuter de la lutte contre Méphistophélès, laquelle était en suspens depuis la naissance d’Odette.
– Maintenant que la petite va grandir, Caleb va certainement quitter la ville avec elle, annonça mamie Lagrise qui avait pris la place de Caleb.
– Orpheus est au courant ? demanda Lilith. Odette est sa sœur.
– Nous en avons discuté tous les deux, répondit Charlotte. Il est d’accord. Cette enfant mérite un nouveau départ.
– Nouveau départ qui nous permettra d’aller récupérer l’urne de Meph’ et de faire en sorte que Charlotte puisse plonger en toute sérénité. Ensuite…
Un cri retentit alors à l’étage, faisant sursauter Charlotte. Pendant une fraction de secondes, la Brindletonienne avait craint pour Odette. Elle devait avoir grandi, à présent : était-elle humaine ? Méphistophélès avait-il trouvé le moyen de la récupérer ?
Toutefois, le cri fut aussitôt suivi par d’autres éclats de voix. C’était une dispute et Charlotte reconnut la voix d’Orpheus. La fantôme se leva aussitôt et gagna l’étage à son tour. Elle trouva alors le cambion en pleine lutte contre Rory, Caleb tentant tant bien que mal de les séparer. Dans la pièce voisine, Odette pleurait.
– Pourquoi lui as-tu demandé de faire ça ? hurla Orpheus.
– Arrêtez tout de suite ! intervint Charlotte. Que se passe-t-il ? Qu’est-il arrivé à Odette ?
– Rien, tenta Caleb. Ma fille est maintenant en sécu…
– Façon de parler ! s’écria le cambion en orientant sa colère contre le cadet des Vatore. Vas-y Caleb, dis-lui ce que tu as ordonné à ce cabot de faire à ma sœur !
Rory, visiblement piquée à vif par le choix de mots d'Orpheus, se précipita sur ce dernier. Charlotte s'interposa alors en se rappelant une scène bien trop similaire entre Edith et Aïda.
– Ne m'insulte pas de cabot, jeune vampire ! rugit Rory. Je te taille en pièces quand je veux alors fais bien attention.
– Pour l'amour de l'Observateur, s'écria Charlotte, personne ne taillera qui que ce soit en pièces ! Orpheus, surveille ton langage. Rory, éloignez-vous de lui tout de suite. Quant à toi, Caleb, explique-moi ce qui s'est passé.
Le cadet des Vatore ne répondit pas tout de suite, fuyant le regard de la Brindletonienne.
– Je n'avais pas le choix, finit-il par murmurer. Je ne pouvais pas prendre le risque de perdre ma fille. Il me fallait une précaution.
– Que veux-tu dire par...
– Il veut dire qu'il a demandé à cette femme de mordre Odette ! s’égosilla Orpheus. Elle a deux ans, par Cordélia !
– De la mordre ?!
Les premières secondes, Charlotte était persuadée d’avoir mal compris. Cependant, une lointaine conversation avec Méphistophélès lui revint en mémoire.
La Brindletonienne fit alors le lien avec Rory, qui se disait justement venir de Moonwood Mill…
[…]
– Lilith a correctement soigné le bras d’Odette, déclara Charlotte.
Quelques heures après l’incident, la fantôme avait regagné la chambre que Caleb partageait avec Orpheus, Odette dans ses bras.
– Comment as-tu pu avoir une idée aussi idiote, Caleb ?
– Je me doutais que tu l’aurais désapprouvée, répondit le cadet des Vatore. Malvina a tenté de me dissuader, elle aussi.
– Te rends-tu compte de ce dans quoi tu as mis les pieds ? Que va devenir Odette ?
– Elle s'en sortira à merveille. Rory sera là pour nous aider.
– Mais imagine...
– Non, Charlotte, s'il te plaît : toi imagine. Odette n'est pas seulement ma fille. Elle est également celle d'Edith. Une fille d'Edith qui n'est pas née vampire. Les enfants Faust sont liés à Méphistophélès, qui s'empare lui-même des cambions nés humains. Peut-être que le cas d'Odette aurait été différent car elle n'est pas née à la Fledermaus, mais je ne voulais pas prendre le moindre risque. Le comprends-tu ?
Bien qu'elle eût préféré le contraire, Charlotte comprenait. Caleb avait déjà tant perdu, ces derniers temps. Certes, la perte de son vampirisme était ce qu'il avait désiré depuis longtemps, mais le prix qu'il avait dû payer avait été trop important. Le jeune homme avait dû fuir son foyer et s'éloigner de sa famille et de celle qu'il considérait probablement encore comme l'amour de sa vie. Le retour de son humanité avait été un immense changement pour lui. Odette était devenue son nouveau point de repère. Impossible donc de laisser Méphistophélès la lui arracher. Qu'elle fût née vampire n'aurait pas non plus été une solution car cela aurait impliqué qu'elle prenne part à l'Ordalie avec Orpheus et les autres cambions d'Edith. D'une certaine manière, la décision de Caleb faisait sens.
– J'ai demandé à Rory de partir, finit par dire la Brindletonienne. J'ai également calmé Orpheus. Je ne l'avais jamais vu dans cet état.
– Il doit à présent me détester.
– Eh bien... Disons qu'il t'en veut beaucoup et qu'il préfère rester loin de toi pour le moment. Il va dormir sur le canapé de la bibliothèque, cette nuit.
– Cela ne durera pas, déclara Caleb. Odette et moi allons quitter Henford-on-Bagley.
[…]
– Je dois admettre que sur ce coup, Edith Faust, tu m’as épaté.
À Forgotten Hollow, le temps avait également été venu de célébrer un anniversaire.
Edith s’était chargée de faire grandir Odile sous le regard de Méphistophélès et, pour faire bonne mesure, avait réitéré le test de vampirisme, lequel s’était à nouveau révélé positif.
– Je suis heureuse d’en avoir enfin fini avec les enfants, souffla la maîtresse des lieux. Bien sûr, je savais déjà qu’Odile était vampire depuis ma grossesse, mais j’ai préféré éviter le moindre risque.
– Elle ressemble beaucoup à ce jeune Vatore, ne put s’empêcher de faire remarquer Méphistophélès. As-tu d’ailleurs des nouvelles de toute cette bande de fugitifs ?
– Pas depuis deux ans, répondit Edith. Mais mon Orchestra Vampirica veille au grain. Mes disciples se relaient régulièrement pour partir à leur poursuite.
– Je suppose que Charlotte Fox est toujours avec lui. C’est elle qui t’a trahie, en premier lieu. Pourquoi ne t’es-tu toujours pas débarrassée de son urne ?
– Je n’ai pas besoin de toi pour savoir quoi faire sur le sujet. Fox ne perd rien pour attendre, sois-en certain. En attendant, je me concentre sur mon entreprise.
– C’est à croire que tu as pris goût à la création de meubles !
– Tu ne crois pas si bien dire. Je compte même créer une succursale à Del Sol Valley. Erda Nibelung y connaît un vampire qui souhaiterait y développer une petite fabrique de meubles et de bougies. Nous devions d’ailleurs nous rencontrer dans la journée et Erda vient de m’écrire pour me confirmer le rendez-vous, alors je ne te retiens pas.
– Mais je viens juste d’arriver !
– Je sais bien, mais que veux-tu… les affaires n’attendent pas !
[…]
– Edith, introduisit Erda, je vous présente Stanislav Istines.
– C’est un honneur de vous rencontrer, mademoiselle Faust, dit aimablement le nouveau venu.
– Moi de même, répondit Edith.
Pour une raison qui lui échappait, la vampire avait une sensation de déjà-vu en présence de cet homme. Il lui rappelait probablement quelqu’un, mais là n’était pas l’objet de leur rencontre. Alors, prenant sa posture de femme d’affaires, Edith exposa à son collaborateur potentiel les différents enjeux de la marque Fledermaus. Le courant passa bien entre eux, ce qui était un bon prérequis pour établir une relation de confiance.
– Je comprends tout à fait votre souhait de maintenir une fabrication artisanale et responsable, se réjouit Stanislav. Après tout, nous autres vampires serons toujours là dans le monde de demain, alors autant le rendre le plus vivable possible.
– Pour nous comme pour les humains, ajouta Edith. C’est important de penser à eux, aussi : la nourriture est toujours meilleure lorsqu’elle est élevée dans un environnement sain.
La plaisanterie qui n’en était pas vraiment une amusa beaucoup Stanislav. Edith n’était pas habituée à ce genre de réaction lorsqu’elle évoquait les humains de la sorte. À une époque pas si lointaine mais toutefois bien révolue, une certaine vétérinaire ectoplasmique n’aurait pu s’empêcher de l’affliger d’une moue réprobatrice. Heureusement pour Edith, Stanislav semblait partager son humour !
– En parlant de nourriture, reprit l’homme, vous n’êtes pas sans savoir que la météo de Del Sol Valley n’est pas aussi clémente qu’ici. Nous pourrions trouver un arrangement pour y exporter vos plasmafruits qui seront de toute évidence de bien meilleure qualité.
– Nous pourrions envisager un échange de bons procédés, répondit la maîtresse des lieux. Vous-même devez connaître du beau monde, dans votre ville. Voyez-vous, j’envisage de réaliser un concert à Forgotten Hollow et un coup de pouce de quelques célébrités vampiriques influentes ne serait pas de refus.
Stanislav accepta la proposition sans hésiter. Qu’il était agréable d’être sur la même longueur d’ondes que quelqu’un d’extérieur à Forgotten Hollow ! Edith se sentait revivre. Entre une entreprise florissante et une représentation musicale promettant de lui permettre de tirer un trait définitif sur sa première expérience à San Myshuno, la vampire ne trouverait pas le temps de s’ennuyer durant les années à venir. De quoi la faire patienter pour l’Ordalie d’une manière des plus productives !
[…]
Bien sûr, de telles préoccupations étaient loin d’atteindre la petite Odile. Au fil des jours qui s’écoulaient, la cambionne était trop occupée à découvrir la vie hors du berceau.
Contre toute attente, Edith avait aménagé un espace pour sa fille non pas dans la chambre rouge comme ses autres enfants – cette pièce ayant d’ailleurs été reconvertie en bureau –, mais directement dans sa propre crypte. Personne ne connaissait les raisons exactes de ce qui ressemblait à un traitement de faveur, mais durant son temps libre en dehors de son entreprise, la vampire ne quittait que très rarement sa fille des yeux.
La marque Fledermaus étant désormais disponible sur toutes les meilleures plateformes d’achat en ligne, Edith avait de fait beaucoup de travail. Il n’était pas rare qu’elle s’affaire plusieurs jours d’affilée avec Ulrike et Erda. Même à trois, le rythme pouvait parfois être tendu. Durant ce temps, Tamino et Carmen étaient en charge de la surveillance de leurs jeunes adelphes. Siegfried commençait toutefois à devenir plus autonome – bien qu’Edith eût été forcée d’accepter de lui céder une pièce de la chapelle pour lui permettre de se défouler – et passait le plus clair de son temps à jouer avec son ami Yamato. Odile, quant à elle, semblait constamment dans son monde. Contrairement à Tamino en son temps, elle ne s’inventait pas d’histoires par le biais de jouets, mais bel et bien à partir de son imagination seule.
– Il est temps d’aller au lit, mademoiselle !
– Vais voi’ les po’tes en couleu’ ?
– Certainement, lui répondait tous les soirs une Edith qui ne comprenait pas le sens des paroles de sa fille.
La vampire se rassurait au mieux en se disant qu’à son âge, sa fille avait une imagination débordante, mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce que pouvait bien voir sa fille lorsqu’elle évoquait ces mystérieuses portes.
Sa manière de se comporter pouvait parfois lui rappeler sa sœur Aneliese.
L’imprévisibilité était un trait qui semblait se transmettre au fil des générations dans la famille Faust, Aneliese l’ayant acquis de son grand-père paternel. Était-il possible qu’Odile fût la prochaine sur la liste ?
À suivre...
Bonus :
Odette...
...et Odile !
Secrets de tournage :
C'est déjà très fort d'envoyer un cadeau à une sœur que l'on n'a jamais rencontrée, mais ça l'est encore plus quand on est une petite bambine
Orpheus est devenu jeune adulte et a reçu un coup de fil plutôt surprenant, compte tenu de son dernier tête-à-tête avec sa mère
Un petit mariage éphémère dans le seul but de gratter des simflouz ! Clairement, ceci n'est jamais arrivé dans l'histoire, mais quand j'ai vu cette opportunité en jeu, j'ai eu envie de la tester
WOW! Mais quel chapitre rempli de rebondissements! Je suis encore toute retournée!
Bon. Caleb a fait un bon choix malgré les inconvénients. Quoique être vampire ou loup-garou ça se ressemble bien. Et peut-être que la cocotte sauvera tout le monde? Bon, je me fais des scénarios! Peut-être que la morsure d'un loup-garou sur Méphisto est la clé! Peut-on mordre un fantôme? hum...
C'est tristou pour mamie lagrise qui perd un peu la mémoire des noms et semble de plus en plus fatiguée. Pauvre mamie.
C'est triste que Caleb s'en aille avec sa fille. J'espère que nous les reverrons.
Oh lala! Edith a un traitement de faveur pour sa fille avec Caleb. C'est trop chou. Elle est super mignonne en plus. Je l'adore!
Elle voit des portes de couleurs? Elle se promènerait donc dans le monde des morts? What!?? Elle serait donc la clé elle aussi pour détruire Méphisto! Elle pourra le trouver dans le monde des morts et lui tordre le cou!!! Bon, peut-on tordre le cou d'un fantôme? hum... Je divague un peu, là. Bref, j'aime déjà cette cocotte imaginative qui n'imagine pas tant que ça. Elle le vit!!!
Super épisode! Superbe histoire! Comme toujours! Merci beaucoup pour cette agréable lecture!
Oups, quelle ambiance électrique pour l'anniversaire d'Odette C'est clair qu'entre vampires et loup-garous, c'est tendu
Je me doutais un peu que Caleb avait pris cette terrible décision de faire mordre sa fille, même si je n'en étais pas sûre...elle est si petite! Mais en même temps, il a certainement fait ce qu'il y a de mieux pour la protéger...Choix difficile mais c'est un super papa, bravo à lui!
J'espère que nous allons le revoir avec Odette plus tard dans l'histoire...
Quant à sa jumelle Odile, elle semble avoir un don particulier, c'est intrigant...
Toutes deux sont adorables et ressemblent beaucoup à leur papa en tout cas
PS: Wouah, Caleb et Charlotte, je ne m'y attendais pas Tu les a vendus, carrément
@oiseaudelune Ahaha, si le dernier chapitre t'a autant retournée que ça, j'espère que tu as fini par te remettre à l'endroit
Ah oui en effet, une morsure de loup-garou serait intéressante sur Méphistophélès ! Après, que ça marche ou non, on s'en fiche : au minimum, ça lui fera très mal et c'est déjà très bien
Eh oui, mamie Lagrise vieillit, il va peut-être falloir se préparer à l'arrivée de la Faucheuse mais pas tout de suite
Je te laisse la surprise pour ce qui est de Caleb et Odette, mais je n'en ai pas encore fini avec eux
À la Fledermaus, il faut croire qu'il y a bien un petit traitement de faveur pour Odile Edith peut se le permettre, maintenant qu'elle n'a plus à concevoir d'enfants. Mais c'est vrai que c'est quand même très curieux que ça tombe pile sur la fille qu'elle a eue avec Caleb
Alors pour ce qui est des portes de couleurs, je n'appellerais pas tout à fait cela le monde des morts, mais tu chauffes, c'est presque ça ! Peut-on tordre le cou d'un fantôme ? Tu me poses une colle, mais je suppose que la réponse est la même que pour une morsure de loup-garou : ça aurait au minimum le mérite de lui faire mal
Un grand merci à toi pour ce commentaire dithyrambique
@Elinoee Il faut croire que cette rivalité entre les espèces traverse tous les supports de fiction les personnages d'Orchestra Vampirica ne pouvaient de fait pas y échapper non plus
Cela me fait plaisir que tu approuves la difficile décision de Caleb. Pas évident de condamner volontairement sa fille à un sort qui n'a que le mérite d'être "moins pire" que celui qui pouvait l'attendre de base si elle était restée humaine
Je suis bien d'accord, les jumelles sont choupies En plus je n'ai bien sûr pas pu m'empêcher de regarder à quoi elles ressembleront à l'âge adulte pour constater que le travail d'Edith et Caleb est plus que satisfaisant
Hahahaha, je n'ai eu aucun scrupule à vendre Charlotte et Caleb Ce qu'on ne ferait pas à nos Sims pour une poignée de Simflouz, je vous jure Mine de rien c'est assez enquiquinant sur le tournage car même après le divorce, il reste une barre relationnelle qui redevient rose si je ne fais pas attention à leurs interactions (et ce même avec une autonomie désactivée). Et comme Charlotte est un fantôme, si elle devient enjôleuse, ça se voit tout de suite et je dois m'arranger pour lui supprimer ce moodlet puisque dans l'histoire, il n'a jamais été question de les mettre ensemble
Retrouvons-nous ce soir avec le chapitre 49. Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 49 : L'urne perdue ---
Caleb quitta la fermette d’Henford-on-Bagley à la fin de l’été. Malgré les questions de Charlotte, l’ancien vampire demeurait muet sur la destination qu’il s’apprêtait à prendre avec Odette.
– Il vaut mieux que tu ne le saches pas, dit Caleb à la Brindletonienne. Malvina avait raison. Je dois suivre une nouvelle voie et faire grandir Odette loin de la menace de sa mère.
– Promets-moi que tu prendras soin d’elle.
– Bien sûr. C’est ma fille.
– Prend soin de toi aussi, d’accord ?
Les deux amis s’enlacèrent dans une étreinte qui se passait de mots supplémentaires. Après quoi, Charlotte saisit brièvement Odette dans ses bras. La bambine n’avait aucunement l’air chagrinée par la situation. Probablement avait-elle la chance de ne pas réaliser qu’il s’agissait sûrement de la dernière fois qu’elle voyait les habitants si particuliers de cette maison. Un peu plus tôt dans la matinée, ils avaient tenté de frapper à la porte de la chambre de mamie Lagrise, mais celle-ci était ces derniers temps trop fatiguée pour supporter une vraie séance d’adieux.
– Où est Orpheus ? demanda Caleb.
– Au village, répondit Charlotte. Sûrement avec Rahul. Tu comprends, il préférait ne pas assister à cela.
Au fil des jours qui avaient suivi l’anniversaire d’Odette, Orpheus n’avait eu de cesse de refuser la décision de Caleb de partir avec sa petite sœur. Bien qu’il eût en premier lieu été d’accord, les récents événements avec Rory Oaklow avaient complètement changé son opinion sur ce départ. Le cambion arguait désormais qu’il avait fait une promesse à Odette dès le berceau et qu’il était important pour lui de s’y tenir.
– Je dois veiller sur elle ! Lui n’a qu’à partir, mais qu’il la laisse avec nous !
Malgré les supplications d’Orpheus, Charlotte n’avait pas tenté de faire changer Caleb d’avis. Elle aussi pensait que cette séparation était pour le mieux et pour bien des raisons. En l’état, tout se passait à merveille entre le frère et la sœur.
Cependant, Odette étant à présent ce qu’elle était, les choses pouvaient changer à tout moment, entre eux. Ainsi donc, Orpheus avait fini par se laisser convaincre par l’idée d’être de nouveau séparé de sa famille, bien que ce fût à contrecœur.
– Lorsqu’il rentrera, finit par demander Caleb, pourras-tu lui donner cette lettre ? Elle contient une adresse mail que j’ai créée pour l’occasion. Il pourra garder contact avec sa sœur dans la limite du possible.
Après que Charlotte lui eut promis qu’elle transmettrait le message, Caleb récupéra Odette dans ses bras et, d’un pas décidé, traversa la cour de la fermette. Le cadet des Vatore franchit ensuite le portail et Charlotte, sans bouger, l’observa s’éloigner jusqu’à quitter complètement son champ de vision.
[…]
Chez Rahul Chopra, Orpheus ne décolérait pas. Le cambion avait cru que passer un peu de temps en compagnie de son petit-ami – à l’abri des regards indiscrets à la demande de ce dernier – lui changerait les idées mais rien n’y faisait.
– C’est à cause de ton oncle ? lui demanda gentiment Rahul. Je pensais que les choses s’étaient arrangées, entre vous.
– Pas vraiment, confessa Orpheus. En plus, les choses ne risquent pas de s’améliorer car il s’en va aujourd’hui. Maintenant que le divorce est finalisé, ma mère l’a contacté pour récupérer ma sœur. J’aurais bien suivi Caleb et Odette, mais ma grand-mère est alitée et il faut bien que quelqu’un s’occupe d’elle.
En deux ans de vie henfobagloise, le cambion avait appris à mentir de plus en plus efficacement. Mêler des éléments factices à des détails bien réels rendait l’ensemble très crédible. L’idée de s’inventer une vie l’horripilait toujours au plus haut point, mais c’était la seule solution pour que Charlotte acceptât de le laisser quitter la fermette et, par extension, voir Rahul.
– Je suis désolé pour toi, lui dit le livreur en toute sincérité. Tu sais, ta grand-mère venait souvent à la maison, quand j’étais petit, et elle a continué longtemps après.
– C’est vrai ? s’étonna Orpheus qui n’avait jamais entendu parler des escapades de mamie Lagrise chez les Chopra.
– Bien sûr. Elle est un peu excentrique mais je l’aime bien. Elle rend visite à ma mère depuis que je suis tout petit. Elle adore l’histoire alors tu penses bien que quand elle a su que maman cachait un trésor de l’époque pré-cordélienne, elle s’est pliée en quatre pour être digne de le voir.
Orpheus mit un certain temps avant d’assimiler l’information.
– Ta mère conserve des trésors de l’époque pré-cordélienne ?
– Nous sommes la plus ancienne famille d’Henford-on-Bagley, s’amusa Rahul. Il est normal que nous possédions quelques vestiges de l’histoire du village.
– À vrai dire, c’est plutôt dans un musée que ce genre d’objets a sa place…
– Pas pour ce que j’ai à te montrer ! C’est top secret, ma mère me tuerait si elle apprenait que je t’en avais parlé ! C’est déjà un miracle qu’elle ait laissé ta grand-mère y jeter un œil.
Sans rien ajouter, Rahul conduisit Orpheus jusqu’à une petite bibliothèque qui, à y regarder de plus près, n’en était pas une.
L’henfobaglois en souleva un livre et le meuble bascula à la manière d’une porte, révélant un espace minuscule dans lequel descendait une échelle secrète.
Impressionné, le cambion suivit son petit-ami dans cet étrange sous-sol. Il était émerveillé à l’idée de découvrir des trésors d’une telle valeur historique.
L’émerveillement d’Orpheus fut toutefois de courte durée, remplacée très vite par la sensation de respirer des vapeurs d’acide : la pièce était infestée d’ail.
– Tout va bien ? demanda Rahul en observant son compagnon d’un air inquiet. Tu as l’air malade.
– J’ai dû manger quelque chose de mauvais, mentit Orpheus. C’est… original, cette décoration. Il y a une raison à cela ?
– C’est pour éloigner les vampires.
Le cœur d’Orpheus manqua un battement. Il scruta attentivement Rahul qui maintenait une expression impassible. Avait-il été percé à jour ?
Puis, sans prévenir, le livreur éclata de rire.
– C’est du moins ce que raconte ma mère, ajouta-t-il. Il y a beaucoup de folklore dans le coin sur les vampires et autres monstres occultes. Si tu veux mon avis, ce genre d’histoire pourrait faire un excellent attrape-touriste si maman daignait la raconter au grand jour.
Tout devint clair pour Orpheus. Depuis des années, mamie Lagrise racontait à Charlotte sa mission à Henford-on-Bagley dans le but de trouver des indices permettant d’anéantir Méphistophélès. Durant tout ce temps, la vieille dame avait dû mener de nombreuses recherches sur les familles du village avant de découvrir que l’une d’entre elles avait vécu à l’époque de l’esprit maléfique.
S’efforçant toujours de ne pas avoir l’air affecté par l’ail, Orpheus prêta une oreille plus qu’attentive aux explications de Rahul sur les différents objets présents dans la pièce, laquelle avait des allures de sanctuaire.
– La statue que tu vois ici n’a pas de prix. C’est l’œuvre originale. Il en existe des copies, bien sûr, mais personne n’a jamais compris qui elle représentait. On pense qu’il s’agit d’une certaine Rhiannon Cents. C’est une sorcière qui aurait vécu à Hendford il y a des centaines d’années. Ta grand-mère s’y est beaucoup intéressée.
– Malvina a un lien particulier avec les jeteurs de sorts, marmonna Orpheus sans faire attention.
– Avec les quoi ?
– Les jeteurs de… enfin les sorciers, oui, si tu préfères. Et là-bas, qu’est-ce que c’est ?
Le cambion s’approcha alors de la vitrine la plus éloignée de l’échelle et observa ce qui y était présenté.
– Oh, répondit Rahul en rejoignant Orpheus. C’est un peu lugubre. Ce sont des urnes funéraires.
Orpheus le voyait bien. Il y en avait différentes sortes. Certes, les jeteurs de sorts étaient ici en majorité, mais la collection comportait également des humains et des vampires. Le jeune homme supposa même que l’une des urnes appartînt à un loup-garou.
Durant les deux années qu’il avait passées à Henford-on-Bagley, Orpheus avait écouté les histoires des recherches de mamie Lagrise. Il savait donc que bien des siècles auparavant, un clan de jeteurs de sorts vivait au village et qu’en raison des mauvais actes de l’un d’entre eux, les humains les avaient chassés d’une manière radicale. De ce que pouvait deviner Orpheus au vu des différentes sortes d’urnes, les henfobaglois de l’époque semblaient avoir injustement accusé plusieurs humains.
[…]
Le soir, de retour à la fermette, Orpheus fit part à Charlotte et à mamie Lagrise de ses découvertes. La vieille dame semblait enfin reposée et pouvait participer activement à la conversation. Charlotte, quant à elle, ne parvenait pas à passer outre les risques pris par le cambion.
– Une pièce pleine d’ail, répétait-elle à outrance, te rends-tu compte ? Rahul aurait pu te percer à jour, que t’est-il passé par la tête ?
– Je ne courais aucun risque, s’agaça Orpheus. Tu t’inquiètes beaucoup trop, Charlotte. Il semblerait que cette haine héréditaire des occultes se soit épuisée au fil des générations. La mère de Rahul croit dur comme fer à l’existence des vampires, mais lui ne semble y voir que des balivernes. Il n’a même pas fait le lien entre l’ail et mes vertiges.
– Et s’il en avait parlé à sa mère et qu’elle avait elle-même fait le rapprochement ?
– Il n’y a aucune raison que cela arrive : elle est en voyage à Brindleton Bay.
– Et vous, alors, s’emporta la fantôme contre mamie Lagrise, vous étiez au courant que la famille de Rahul était celle qui détenait les urnes des anciens jeteurs de sort ?
– Parfaitement, répondit l’intéressée. Je suis allée voir Lavina Chopra à de multiples reprises mais je n’ai jamais réussi à rester seule dans ce sous-sol. Oh, bien sûr, j’aurais pu assommer Lavina avant de briser la vitrine dans le but de voler l’urne de Méph’ mais ma couverture dans ce village aurait aussitôt sauté et qui se serait occupé de Clarabelle, après mon départ ?
– Si je puis me permettre, Malvina, intervint Orpheus, je n’ai pas vu l’urne de Méphistophélès, dans le lot.
– Si tu as cherché une urne sur laquelle était gravé le pseudonyme que ce bougre s’est inventé après sa mort, mon garçon, tu pouvais attendre encore longtemps, tu ne crois pas ?
Orpheus ne répondit rien. Après réflexion, il se sentait un peu stupide d’avoir cru que Méphistophélès eût pu être un vrai prénom.
– De son vivant, poursuivit mamie Lagrise, Méph’ répondait au nom de Radamès Nahash. Ce sont ses expériences de magie noire qui ont condamné les jeteurs de sorts d’Henford-on-Bagley. Mon ancêtre Rhiannon s’est chargée de l’arrêter mais il était déjà trop tard pour la réputation des occultes dans ce village.
La vieille dame marqua une pause, prenant un air très sérieux qui, selon Charlotte, ressemblait bien plus à Malvina Straud qu’à mamie Lagrise.
– Tout ça, reprit-elle, nous le savons déjà. Ce que nous ignorons, c’est ce qu’il a fait à son Corridor pour rendre son âme impossible à libérer. Je n’ai plus beaucoup de temps devant moi et maintenant que tout le monde ici est au courant de l’emplacement de l’urne, j’aimerais que nous en découvrions les secrets avant que je ne perde le reste de ma tête.
Puis, se tournant vers Orpheus :
– Dis-moi, petit, ta première séance de crac-crac avec Rahul est bien toujours prévue pour demain soir ?
– Que… quoi ? s’étrangla le cambion. C’est ma vie privée, comment sais-tu…
– Je t’ai entendu au téléphone l’autre jour, coupa mamie Lagrise. Voici ce que nous allons faire.
« Tu iras à ce rendez-vous comme prévu – et ne t’inquiète pas, tout se passera très bien à condition que tu ne te forces à rien – et tu feras comme si tout était normal. En plus de prendre du bon temps, ta mission consistera à faire diversion. Arrange-toi pour que Rahul n’ait pas le temps de fermer la porte d’entrée de la maison lorsque vous vous précipiterez dans sa chambre.
« Vous et moi, Charlotte, nous profiterons de l’absence de la mère de Rahul pour nous introduire dans le sous-sol. En tant que fantôme, vous n’aurez pas de problème pour accéder à l’urne. La vitrine en question se trouve tout au fond de la pièce.
– Même avec ma condition de fantôme, fit remarquer la Brindletonienne, je ne pourrai pas voler l’urne sans briser la vitrine, ce qui attirera l’attention et mettra Orpheus en danger.
– Pas si vous laissez l’urne à sa place.
Charlotte avait peur de comprendre.
– Vous voulez dire que je vais devoir faire une plongée spectrale depuis le sous-sol des Chopra ? C’est dangereux, Malvina. Si quelqu’un s’aperçoit de notre présence…
– Je monterai la garde, l’interrompit mamie Lagrise. Vous nous retranscrirez ce que vous aurez vu plus tard. Écoutez, tous les deux, je sais que je vous en demande beaucoup, mais Lavina Chopra ne quitte jamais Henford-on-Bagley. C’est l’occasion rêvée, pour nous. Nous sommes actuellement bloqués dans notre enquête. C’est la seule manière que nous ayons d’obtenir les renseignements que l’on recherche sans éveiller le moindre soupçon. Êtes-vous avec moi ou non ?
[…]
Contre toute attente, le plan avait fonctionné. Alors que Rahul s’était endormi, Orpheus se laissait gagner par le remords. Avait-il été monstrueux de sa part de se servir de ce moment si particulier avec le livreur pour faire avancer l’enquête ?
Dans le sous-sol, Charlotte et mamie Lagrise étaient arrivées en face de la vitrine des urnes. La Brindletonienne voyait à présent celle de Méphistophélès, bien au centre de toutes les autres. Elle n’en revenait pas : le moment était-il enfin arrivé ?
– D’après mon expérience, plaisanta-t-elle d’un ton sarcastique, c’est précisément à ce moment que Méphistophélès nous surprend et gâche tout.
– J’en doute, la rassura mamie Lagrise. Depuis le temps, je pense que Méph’ ne ressent plus de connexion particulière avec son urne. Il est possible que cela ne soit qu’un jeu d’enfant pour vous.
– Possible, mais pas certain.
– Qu’avez-vous à craindre, au juste, ma petite ? Voilà dix-sept ans que vous êtes morte. Vous n’allez tout de même pas reculer maintenant ?
Bien sûr, il en était hors de question. De plus, le temps pressait. Qui savait si Orpheus parviendrait à retenir Rahul suffisamment longtemps ? Rassemblant tout son courage, Charlotte traversa la vitrine et s’approcha de l’urne.
Était-ce son imagination ou percevait-elle déjà l’aura maléfique qui en émanait ?
Peu importe, pensa-t-elle. Le moment est venu. Alors, mettant en application les enseignements qu’elle avait reçus il y a déjà bien longtemps, la fantôme décolla et, sans tergiverser davantage, plongea.
À suivre...
Secret de tournage
Orpheus, bon sang de bonsoir, qu'est-ce que tu ne comprends pas dans "fais-toi discret, les henfobaglois n'aiment pas les occultes" ?
Wouahouuuuu!!!! Mais quel épisode!!!
J'avais le poil des bras élevé jusqu'au plafond!
J'avais un frisson éternel qui me traversait la colonne! Oh lalala
Tout d'abord, Caleb qui part avec Odette m'a rendu bien triste. J'espère que nous aurons de ses nouvelles.
Je comprends le cambion de s'inquiéter pour sa soeur. De vouloir la retenir. Pauvre chou.
Et cette cachette secrète... l'emplacement de l'urne... ENFIN! Le mystère sera résolu sous peu... Verrons-nous quelques bribes de son passé? De nouvelles portes de couleurs? Ouah! J'ai trop hâte de voir la suite!
J'ai bien ri quand j'ai vu l'ail sur les murs. Pauvre ti-chou!
Et ils semblerait qu'il ait eu du bon temps.
Super épisode! Comme toujours!!!
Je m'aperçois que j'avais oublié de commenter le chapitre précédent, que j'avais pourtant lu...
Superbe chapitre, une nouvelle fois.
J'ai été déchirée, bien sûr, lorsque Caleb est parti avec la petite Odette, mais, après tout, c'est la seule solution pour mettre la petite en sécurité, surtout au vu des évènements qui s'annoncent.
Je suis un peu comme Charlotte, je m'inquiète à propos de cette plongée spectrale. Je n'imagine pas qu'elle se passe tranquillement. Je vois deux possibilités : soit Charlotte va croiser va croiser Meph' qui fera encore des siennes, et qui saura, du coup, où elle se trouve, et le répètera à Edith (dans le plus gentil des cas). Soit Charlotte va croiser la petite Odile...
D'ailleurs, j'envisage plutôt cette deuxième possibilité. J'ai hâte de voir ce que va donner cette plongée spectrale.
Concernant Rahul, quelque chose me dit qu'il va bientôt être au courant de la vraie nature de son petit ami, s'il ne l'est pas déjà. Après tout, lui aussi est peut-être un habile menteur. J'ai du mal à croire qu'il connaisse l'existence des surnaturels, et qu'il n'y croit pas lui-même, surtout s'il a baigné dedans depuis tout petit avec sa mère. Pour moi, il a fait le lien entre le malaise d'Orpheus et les décorations aillées ! A voir.
Ces deux chapitres étaient vraiment super. J'imagine que tu nous concocteras une rencontre entre Odile et Odette, plus tard dans l'histoire, et je me demande ce que ça pourra donner lorsque les jumelles vont se retrouver face à face : le vampire et le loup-garou. ça promet d'être très intéressant
Oh, tu nous laisses sur un sacré cliffhanger J'ai des doutes que la suite soit "un jeu d'enfant" pour Charlotte, ce serait trop facile! En tout cas j'ai hâte de savoir ce qu'il va en être
Pour Orpheus la vie est compliquée actuellement, le pauvre... entre sa petite soeur devenue loup-garou en couches culottes qui s'en va avec Caleb et sa première séance de crac-crac avec Rahul entachée par une trahison envers le beau livreur... pas simple!
C'est clair que si Rahul découvre qu'Orpheus est vampire ça risque de barder Et encore plus s'il réalise que son "musée familial" a été visité à cause de lui...
@oiseaudelune Olàlà, tu avais tant de frissons que ça ? Sans vouloir te spoiler, il y a un peu de feu dans le chapitre de ce soir, tu vas pouvoir te réchauffer un peu Merci pour ton appréciation
Nous reverrons Caleb et Odette, c'est promis
Orpheus a en effet joint l'utile à l'agréable, dans le dernier chapitre Espérons que le subterfuge passera inaperçu aux yeux de Rahul !
De nouvelles portes de couleur ? C'est ce que nous allons voir aujourd'hui !
@nathalie986 Oui, la décision n'était pas facile, mais il était essentiel pour Caleb et Odette de partir pour faire le ménage dans mes personnages du moment leur sécurité
Ainsi donc, tu penses que cette plongée va connaître quelques imprévus ? La réponse aujourd'hui ! Il va de soi que je préfère ta deuxième hypothèse car celle impliquant l'arrivée de Méphistophélès ne serait pas du tout de bon augure... Mais sait-on jamais, je vous ai déjà habitués à des ratages de dernière minutes
Si Rahul est déjà au courant de la nature d'Orpheus, il a le mérite de très bien le cacher Espérons que ce ne soit pas une stratégie apprise de sa mère et qu'il n'est pas chasseur de vampires à ses heures perdues
Merci beaucoup pour mes chapitres il va de soi qu'un face à face entre ces deux sœurs sera probablement inévitable et s'il survient un jour, j'espère qu'il correspondra à tes attentes
@Elinoee Héhéhé, j'aime bien entretenir un peu de suspense Quoi qu'il en soit, l'attente prend fin ce soir, voici enfin la plongée spectrale tant attendue !
Je suis bien d'accord, Orpheus a connu mieux ! Cependant, je lui fait entièrement confiance pour apprendre à surmonter tout cela Reste à savoir s'il finira par en parler à Rahul avant que celui-ci ne l'apprenne de lui-même
Ce soir, je vous retrouve pour un chapitre 50 que j'ai un peu appréhendé d'écrire et beaucoup redouté de tourner, mais que j'avais hâte de partager Je crois que j'ai battu le record de cette histoire en nombre de screens, c'est pourquoi je vais le séparer en deux. Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 50 : Rhiannon et l'enfant du puits ---
Charlotte avait réussi. De ce qu’elle pouvait voir, elle se trouvait bien dans le Corridor de Méphistophélès.
S’il était bien différent du sien, il ressemblait à s’y méprendre à celui d’Alexei. À moins que ce ne fût l’inverse : l’esprit maléfique avait après tout vécu avant le fils de Vladislaus.
La Brindletonienne constata alors l’absence de porte blanche, ce qui n’était pas normal. En effet, l’esprit étant encore relié au monde des vivants, cette porte aurait dû se trouver là et ne disparaître que lorsqu’il l’aurait empruntée – de gré ou de force – pour toujours. La théorie des mediums, que mamie Lagrise avait présentée lors du mariage de Lilith et Wotan, semblait juste : Méphistophélès avait bel et bien dû faire en sorte de détruire son seul accès vers l’Après. Mais comment y était-il parvenu ?
Pour cela, il n’y avait plus qu’une chose à faire.
Charlotte se concentra alors sur son environnement, tout comme elle l’avait fait lors de sa plongée spectrale au cœur de l’urne d’Alexei Straud.
Très vite, les images lui parvinrent, d’abord floues, puis de plus en plus nettes, jusqu’à l’envahir complètement…
[…]
Il y a bien longtemps, avant même l’arrivée de la princesse Cordélia dans ce pays, une guerre sans merci régnait entre les deux plus puissantes races occultes. Les vampires assoiffés se montraient sans pitié et les jeteurs de sorts rendaient coup pour coup. À cette époque, de nombreuses lignées s’éteignaient, tant d’un côté que de l’autre.
L’immense clan Cents en avait fait les frais. La famille qui régnait jadis en maître sur une grande partie du territoire était à présent presque anéantie. La jeune Rhiannon avait cependant réussi à échapper aux raids vampiriques et avait fui avec une partie de son ancien village sur les terres qui deviendraient plus tard Henford-on-Bagley dans le but de redonner à son clan le prestige d’antan.
Les années passèrent et Rhiannon Cents continuait à maintenir la sécurité du village, repoussant bravement l’envahisseur au cours d’illustres batailles durant lesquelles elle acquit le surnom de sorcière des forêts. Les villageois la tenaient en respect et en adoration.
Progressivement, le village se développait, accueillant de plus en plus de réfugiés de guerre. D’autres petits clans rejoignirent le clan Cents. Il pouvait s’agir aussi bien de jeteurs de sorts, comme le clan Simhara, dirigés par leur reine Hator, que de simples humains possédant le don de clairvoyance, à l’image du groupe mené par le jeune Cyrus Vatore.
Si beaucoup voyaient en Rhiannon une incarnation divine, il n’en était rien : la sorcière des forêts démentait constamment cette mystification, affirmant que sa prospérité venait avant tout du puits autour duquel son peuple avait élu domicile. Ce puits était magique et permettait d’exaucer les vœux.
Depuis toujours, une suivante d’Hator rêvait d’avoir un enfant. Cependant, malgré de nombreuses tentatives avec son époux, désormais mort lors d’une bataille contre les vampires, la dénommée Amara n’avait jamais obtenu ce qu’elle désirait le plus au monde. Le puits aux souhaits était pour elle une occasion unique de réaliser son rêve. Cependant, alors qu’elle avait enfin rassemblé son courage pour formuler son souhait, Rhiannon tenta de l’en empêcher.
– Le puits a ses propres émotions, Amara et il n’est jamais bon d’effectuer un souhait lorsqu’il est sous de mauvais auspices. Je t’en prie, sois patiente encore un peu.
Hélas, Amara n’écouta pas les conseils de Rhiannon.
Hors de question pour elle d’attendre la prochaine lune. Qui pouvait affirmer avec certitude quand le puits serait à nouveau favorable ?
La suivante d’Hator ne pouvait prendre le moindre risque de laisser échapper son vœu le plus cher, aussi se rendit-elle le soir même devant le puits, niant l’expression mécontente du visage qui y était accroché.
Lorsqu’elle l’apprit, Rhiannon était furieuse.
Il était toutefois trop tard pour faire machine arrière et la sorcière des forêts demanda de l’aide au clan des clairvoyants. Cyrus Vatore prophétisa que l’enfant d’Amara viendrait au monde contre la volonté du puits et que celui-ci se vengerait sur le nourrisson.
Contre toute attente, cette prédiction fut vite oubliée car Amara mit bientôt au monde un petit garçon en parfaite santé qu’elle nomma d’après son défunt époux : Radamès.
L’enfant du puits avait hérité la nature de jeteur de sorts par sa mère et plus le temps passait, plus Rhiannon percevait une grande magie en lui. Probablement pourrait-il un jour la seconder dans cette guerre occulte.
– Vous êtes trop forte ! J’aimerais vous affronter, quand je serai plus grand !
– Tu es pourvu d’un don immense, Radamès. Cela ne m’étonnerait pas qu’il surpasse le mien un jour.
Les années passèrent et Radamès grandit comme n’importe quel autre garçon de son âge. Bien qu’on ne lui eût jamais fait part de son ascendance particulière, il ressentait lui-même sa connexion avec le puits à souhaits.
Très vite, le village put profiter de cela car Radamès semblait parler directement au puits, lequel lui répondait par télépathie. Par ce biais, l’enfant parvenait à influencer l’humeur de l’artefact, participant à sa manière à la prospérité du village.
Malheureusement, la guerre continuait et les batailles se succédaient avec la même violence. Les sorciers capables de se battre étaient tous mobilisés, confiant la garde de leurs enfants aux humains. Bien qu’ayant un potentiel indiscutable, Radamès ne fut pas autorisé à participer aux affrontements.
Un jour, Amara agrandit les rangs des victimes de cette guerre et du jour au lendemain, Radamès se retrouva seul.
Hator Simhara, qui se sentait coupable de cette perte, prit l’enfant sous son aile et lui enseigna tout ce qu’elle savait. C’est ainsi qu’il rencontra Amneris, la fille d’Hator.
Les enfants grandirent et en vinrent à se marier sous la bénédiction de Rhiannon.
Mais Radamès et Amneris ne tardèrent pas à apprendre qu’Hator, de son côté, n’avait accepté cette union que par intérêt : sa lignée menaçant de s’éteindre, elle cherchait à en assurer la puissance en la mêlant à la puissante magie de l’enfant du puits. Pire encore : la mort d’Amara aurait pu être évitée, mais Hator l’avait abandonnée à son sort pour récupérer son fils.
– Vous vous êtes servie de nous, Mère ! Jamais je ne vous le pardonnerai !
– Tu le feras, ma fille, lorsque tu auras à ton tour des enfants et que la survie de notre lignée t’importera autant que moi.
Il y eut alors une altercation entre la mère, la fille et le gendre et, au matin, Hator avait perdu la vie dans un mystérieux incendie survenu chez elle.
Depuis ce moment, les soupçons germèrent autour de Radamès et Amneris. Étaient-ils responsables de l’incendie ? Quel avait été le contenu de cette altercation avec Hator ? Nul ne le sut jamais.
En revanche, il était certain que les jeunes mariés cherchassent à consolider leur union par un enfant. Les années s’écoulèrent mais sans le moindre résultat.
Furieux, Radamès interrogea le puits, qu’il jugeait responsable d’une certaine manière.
La sentence tomba alors : ayant lui-même été conçu par la magie, jamais il n’aurait d’enfant. La nature pouvait être trompée une fois ; pas plus.
Radamès ne pouvait accepter cela. Il possédait après tout un pouvoir prodigieux : pourquoi n’aurait-il pas le droit de le transmettre afin d’assurer la victoire des sorciers sur les vampires ?
Qu’à cela ne tienne. Il trouverait un autre moyen. Il en fit le serment. La nuit même, malgré les conseils de Rhiannon, Radamès et Amneris quittèrent le village.
Depuis lors, le couple de sorciers vécut à l’abri des regards indiscrets. Radamès seul n’avait aucune chance contre une armée de vampires et il lui était impossible de transmettre sa lignée. La seule option qu’il lui restait était de devenir encore plus puissant. Les enseignements de Rhiannon et d’Hator ne lui permettant pas cette prouesse, Amneris et lui se penchèrent sur un grimoire secret dérobé à la sorcière des forêts en personne. Un grimoire de magie noire.
Les années passèrent et Radamès et Amneris n’étaient toujours pas revenus au village. Cependant, les habitants de celui-ci disparaissaient progressivement sans jamais revenir. Rhiannon s’en inquiéta d’autant plus qu’elle avait fini par se rendre compte que son grimoire sur la magie sacrificielle avait été subtilisé de sa cachette. Il lui fallait retrouver l’enfant du puits au plus vite.
La sorcière des forêts n’eut toutefois pas à attendre très longtemps car le couple réapparut enfin au village.
Traversés par une énergie magique nouvelle, ils s’empressèrent d’aider les villageois dans leur survie. Rhiannon n’était pas dupe : il se dégageait à présent d’eux quelque chose de maléfique. Était-il possible que Cyrus Vatore eût autrefois raison sur cet enfant ?
– J'étais certain que cela arriverait tôt ou tard. J’avais averti Amara il y a bien des années. Cet homme causera notre perte à tous.
– Je refuse d’y croire. J’ai tout fait pour que cette prophétie ne se réalise pas.
– Les prophéties trouvent toujours leur chemin, Rhiannon.
Les véritables motivations de Radamès survinrent une lune après son retour. Si le puits ne pouvait lui accorder son désir le plus cher, à quoi bon continuer de compter sur lui ?
L’heure était venue pour Henford-on-Bagley de compter sur un nouveau réceptacle de cette magie si particulière. Un réceptacle cette fois-ci bien vivant et infaillible.
En absorbant l’intégralité de la magie du puits pour l’ajouter à la sienne, il deviendrait le sorcier le plus puissant ayant jamais vécu. Le sorcier dont tout le monde se souviendrait. Le fléau des vampires.
Lorsque Rhiannon arriva, il était déjà trop tard. Le puits n’était plus et Radamès était devenu un autre homme.
– Tu ne peux supporter autant de magie en toi, Radamès ! Elle te consumera jusqu’à ce qu’il ne reste rien de toi. Est-ce donc vraiment ce que tu souhaites ?
– Je ne peux peut-être pas contenir toute la magie du puits, mais je peux la partager. J’ai mené des expériences pour y parvenir, Rhiannon, tu peux me croire ! Tu es notre dirigeante. Laisse-moi te transmettre une partie de cette magie et ensemble, nous serons invincibles.
– À quel prix le serions-nous ? Tes « expériences » ont coûté la vie de bien trop de mes villageois. En mémoire de ta mère, je vais te laisser partir. Ne reviens plus jamais.
Radamès avait obéi mais nourrissait encore de sombres desseins. La sorcière des forêts avait vu juste : jamais il ne pourrait contenir à lui seul toute la magie du puits. Il lui était vital de se décharger auprès d’une autre personne prête à supporter avec lui toute cette force. Rhiannon, par sa qualité de puissante enchanteresse, eut été la candidate idéale mais puisqu’elle avait refusé sa proposition, il lui fallait changer ses plans.
– Donne-moi une partie de cette magie.
– Ce serait trop risqué, Amneris. Tu n’es pas assez puissante pour en supporter autant.
Son épouse avait alors insisté. Elle était après tout la descendante directe d’Hator Simhara et dernière héritière d’une très ancienne lignée de sorciers. Il était pour elle évident que sa condition puisse lui permettre de survivre à toute cette magie, aussi parvint-elle à convaincre Radamès.
Le couple avait néanmoins omis un détail : la lignée des Simhara était en voie d’extinction et n’avait plus rien de prestigieux depuis longtemps. C’était la raison pour laquelle Hator avait accepté d’unir sa fille à l’enfant du puits.
La magie quittait progressivement les veines des membres de cette famille depuis plusieurs générations, tout comme la vie quittait à présent Amneris, dont la soif de pouvoir avait causé la chute.
Radamès n’avait à présent plus rien à perdre. Si le village avait refusé son aide, alors il le laisserait à la merci des vampires.
Quant à Rhiannon Cents… Elle était responsable de la mort d’Amneris. Si elle avait accepté de partager le pouvoir du puits, jamais la dernière héritière du clan Simhara n’aurait connu un tel sort. Rhiannon devait payer et il s’en chargerait lui-même.
Comme si elle s’était attendue à cette tournure des événements, Rhiannon était venue à sa rencontre de son propre chef.
– C’est ici que nos chemins se séparent pour de bon, sorcière.
– Ne m’oblige pas à te neutraliser, Radamès. Je te connais depuis ta naissance. Ce village était ton foyer, il peut le redevenir.
– Jamais ! Cet endroit n’existe plus pour moi, et toi non plus. Ta lignée s’éteindra avec toi tout comme l’a fait celle d’Amneris.
Ainsi donc, la prophétie de Cyrus Vatore prit tout son sens. Amara avait forcé le destin à lui offrir un enfant et voilà comment le puits prenait sa revanche.
Le combat éclata, chacun des partis déterminé à anéantir l’autre.
Radamès comptait sur la magie du puits pour l’emporter, mais c’était sans compter sur l’ancienne lignée Cents qui apporta la victoire à Rhiannon.
– Ta magie est maintenant scellée. Repens-toi, il n’est pas trop tard.
– Tu ne m’as bloqué que momentanément, je le sais. Mais mes pouvoirs sont bien trop puissants. Ils reviendront. Après quoi, je réduirai ce si précieux village en cendres avant de m’occuper des vampires. Cette guerre ne connaîtra pas d’autre gagnant que moi, tu m’entends ? Moi et moi seul !
Rhiannon n’avait plus d’alternative possible. Tant qu’il vivrait, Radamès constituerait une menace non pas pour le village uniquement, mais pour le monde. Dévastée, la sorcière des forêts se résigna à prononcer la sentence de l’enfant du puits.
Réponses
Et Mamie Lagrise ? En quoi Rahul pourrait-il lui servir ?
Il y a encore beaucoup de questions en suspens dans ce chapitre, mais bon, il faut dire qu'on commence à peine l'acte IV. Va falloir être patients, je le sens
Petit mot de la fin : Fais boire une potion à notre mamie préférée, s'il te plait. Je n'ai pas envie qu'elle meure. Elle mériterait d'assister à la chute de Méphistophélès. 😇
Orpheus et Rahul roucoulent, ça y est! C'est chouette de voir Orpheus découvrir l'amour ainsi que bien d'autres plaisirs simples de la vie... finalement, je le verrais bien devenir humain!
En quoi ce rapprochement arrange Mamie Lagrise, ça! Peut-être pour avoir un "pied" ou plutôt une oreille au milieu des habitants d'Henford en Bagley?
Le plan de Caleb est secret défense pour le moment
@Weatherwax84 Exact, Rory is coming ! Merci à toi
@nathalie986 L'acte IV apporte son lot de questions, en effet, mais promis, il y aura des réponses à foison ! C'est l'acte des révélations, en quelque sorte
Je suis bien d'accord avec toi : si quelqu'un mérite d'assister à la fin de Méphistophélès, c'est bien mamie Lagrise... Mais comme elle-même, elle n'a plus envie de tricher
@Elinoee Rory arrive tout bientôt, et avec elle les réponses à tes questions
La vie d'humain irait beaucoup à Orpheus, c'est certain ! Il saurait s'en accommoder sans la moindre difficulté.
J'ai remarqué avoir laissé une petite bourde chronologique, dans le dernier chapitre, bourde que j'ai corrigée ce soir :
En fait non, ce n'est pas du tout l'été ! Le chapitre 46 se passe 7 mois après la naissance d'Odette et Odile et quelques semaines avant le passage d'Orpheus à l'âge adulte. Or, les jumelles sont nées début septembre (plus exactement le 9
Nous voici de retour ce soir pour le chapitre 47 qui, lui, se passe bel et bien en été
– À toi de jouer, à présent, Siegfried !
Écoutant sa mère, le bambin souffla sa sixième bougie sous la clameur des convives.
Après quoi, Edith reposa son fils au sol, le laissant grandir et aussitôt quitter la pièce avec son ami Yamato pour aller jouer dans la chambre verte. La vampire aimait voir ses enfants vieillir : cela allait de pair avec leur gain d’autonomie et, par extension, avec sa propre tranquillité. D’ici trois semaines viendrait le tour des deux ans d’Odile. Après quoi, la Fledermaus n’abriterait plus le moindre bébé. Dire qu’il lui avait fallu trente ans pour avoir ses six cambions !
Bien sûr, en l’état, seuls quatre étaient encore à la chapelle. Edith ne comptait réveiller Aïda qu’à la majorité d’Odile. Quant à son deuxième enfant parti avec son ancienne amie, il n’y avait toujours aucune nouvelle.
– Siegfried vous ressemble beaucoup, Edith ! constata Erda Nibelung-Nogawa en la tirant de ses pensées. Il a vos yeux.
C’était vrai. Des six enfants, Carmen et Siegfried étaient les seuls à partager ses yeux. Edith avait eu un maigre espoir en la matière avec Odile, mais elle semblait avoir hérité ceux de son maudit géniteur. La vampire ne s’en formalisait pas. Il y avait plus urgent à penser, à commencer par cette monstrueuse commande de meubles, aussi s’empressa-t-elle de discuter de travail avec Erda et Ulrike.
– Vous rendez-vous compte du temps que va nous prendre cette commande ? s’insurgea Edith. À ce rythme, nous allons devoir doubler notre main d’œuvre !
– Ce serait l’occasion rêvée pour vous de faire développer l’entreprise, fit remarquer Erda. Figurez-vous que j’ai repris contact avec mon ami de Del Sol Valley. Il m’a rappelé qu’il serait ravi de s’associer avec vous pour implanter une succursale là-bas. Seriez-vous toujours intéressée par la proposition ?
À l’autre bout de la table, Carmen mangeait silencieusement sa part de gâteau au thé matcha. Tamino remarqua que sa sœur semblait pensive, jetant occasionnellement des coups d’œil en direction de sa mère.
– Quelque chose ne va pas ? demanda Tamino.
– De quoi parlent-elles, à ton avis ? murmura Carmen.
– Elles parlent de leur gros client du début de semaine. Tu sais, celui qui a commandé trois lits doubles, deux bibliothèques, cinq armoires et dix-sept tapis. Toi, ajouta le garçon en baissant encore plus la voix, tu cherches encore à espionner la mère de Yamato.
– Pas ici, s’inquiéta la jeune fille en tournant la tête vers les trois femmes.
Cependant, celles-ci n’avaient rien entendu, trop concentrées sur le type de bois nécessaire à la confection des armoires.
Tamino et Carmen en profitèrent pour prendre congé, montant trois étages plus haut, dans la chambre des garçons.
– Maintenant que Siegfried a grandi, il dormira dans le lit du traître ? demanda Carmen.
– Orpheus, corrigea Tamino.
Le garçon était quelque peu lassé de la situation. Il avait parfois l’impression d’être le seul dans la chapelle à se rappeler le prénom de son grand-frère. À vrai dire, lui-même n’avait rien à reprocher à Orpheus car il dormait lorsque ce dernier avait quitté la Fledermaus. Carmen, en revanche, avait assisté impuissante à la scène et, en deux ans, avait vu ses sentiments évoluer. Elle avait après tout cherché à le retenir sans succès. De la tristesse, la jeune fille était passée à la colère et, enfin, à la rancœur. Tamino espérait toutefois qu’elle changeât d’avis un jour mais il n’était malheureusement pas dans sa tête.
– La mère de Yamato est bizarre, trancha Carmen de but en blanc après un long silence.
– Tu ne l’as pas revue briller depuis cette fameuse fois. Tu es sure que tu n’as pas rêvé ?
– Non, je n’ai pas rêvé ! Pourquoi tout le monde me dit ça ? Elle m’a posé la même question, quand je lui ai demandé quelques temps plus tard.
– Pardon ? s’étrangla Tamino. Tu lui as vraiment demandé ça en personne ?
– Oui, et alors ? s’impatienta la jeune fille. Ce n’est pas le plus important. Je sais ce que j’ai vu et elle fait comme si j’avais eu une hallucination. Elle cache quelque chose, c’est évident. J’aimerais bien poser des questions à Yamato, mais à sept ans, je ne vois pas ce qu’il pourrait savoir… Si seulement il y avait un moyen d’en savoir plus sur cette famille bizarre…
– Je crois qu’il y en a un, assura Tamino.
[…]
Quelques jours plus tard, Carmen avait pris sa décision. Entrant courageusement dans la salle de répétition, la jeune fille se retrouva face à sa mère.
– Maman, je sais que tu es occupée, mais j’aurais quelque chose à te demander.
– J’imagine que ça ne peut pas attendre la fin de ma répétition ?
– Les musiciens ne sont pas encore arrivés, trancha Carmen avec pertinence. Voilà, Tam’ et moi aimerions aller à la place Clairdelune.
La cambionne n’avait pas encore achevé sa phrase que les yeux de sa mère répondaient déjà « non ».
– Que souhaitez-vous faire là-bas ? demanda Edith d’un air suspicieux.
– Il y a une bibliothèque et on aimerait bien voir les vieux livres de Forgotten Hollow. Peut-être que le bibliothécaire nous laissera les regarder. Il paraît qu’il est sympa. Tu le connais ?
– Lui non, mais disons que j’ai brièvement connu son prédécesseur, répondit la maîtresse des lieux d’un air évasif. Toujours est-il que je ne veux pas que vous vous aventuriez tous seuls aussi loin.
– Ce n’est pas si loin, objecta Carmen. Et puis Tam’ et moi avons quatorze ans. Mais si c’est juste le fait de sortir seuls qui t’inquiète, tu pourrais peut-être accepter si quelqu’un nous accompagnait ?
– J’y réfléchirais peut-être un peu plus, mais ce n’est pas possible. J’ai du travail ici et Ulrike aussi.
– C’est donc une chance que tes musiciens viennent justement de la place Clairdelune pour répéter ici ! Si Tam’ et moi les suivions à leur retour et que l’un d’entre eux nous raccompagnait après, tu serais d’accord ?
Carmen avait pensé à tout et ne put s’empêcher de ressentir une pointe de fierté personnelle en constatant que sa mère était à court d’arguments valables. Edith la scruta silencieusement, le coin de ses lèvres cherchant à masquer un tressaillement.
– C’est d’accord, finit par céder la vampire. Mais je ne vous donne qu’une heure. L’un de mes disci… enfin de mes musiciens vous accompagnera et vous ne devrez à aucun moment quitter son champ de vision, c’est bien compris ?
– Oui, maman. Merci beaucoup ! Nous ne te décevrons pas.
– J’espère bien, jeune fille, sinon, ce genre de sorties ne se reproduira pas. Aussi, une dernière chose : je veux que vous emmeniez Siegfried avec vous. Maintenant qu’il est plus grand, il n’y a pas de raison qu’il vous voie aller vous amuser sans y avoir droit lui-même. Bien entendu, vous le surveillerez personnellement.
Cette dernière condition n’arrangeait guère Carmen, mais elle n’avait pas le choix, aussi accepta-t-elle les consignes de sa mère. Restait désormais à trouver une solution pour que son jeune frère ne cherchât pas à se mêler des affaires des grands.
[…]
La répétition toucha rapidement à sa fin. Fidèle à sa parole, Edith missionna Jacob Robertson pour accompagner ses enfants hors de la chapelle. Ainsi, Tamino, Carmen et Siegfried découvrirent pour la première fois la place Clairdelune, chacun ayant des motivations précises.
– Monsieur Siegfried, interpella Jacob alors que le garçon commençait déjà à explorer les lieux, ne vous éloignez pas trop, s’il vous plaît ! Rappelez-vous ce que vous a demandé votre mère.
– Siegfried, renchérit Carmen, reste avec nous s’il te plaît, nous n’avons pas beaucoup de temps !
À contrecœur, le benjamin du groupe suivit ses aînés dans la bibliothèque. Tamino et Carmen proposèrent à leur jeune frère de regarder les livres illustrés avec Jacob pendant qu’eux-mêmes arpentaient les différentes étagères en quête d’un ouvrage en particulier. Mais hormis un registre sur les habitants du hameau dans lequel figurait la date d’arrivée de leur mère, ils ne trouvèrent rien d’intéressant.
– Il n’est pas ici, constata Tamino après un long silence. Peut-être que quelqu’un l’a emprunté.
– Je croyais que les bibliothécaires étaient censés savoir classer les livres ! s’indigna Carmen en rangeant une encyclopédie à sa juste place. Tu sais quoi ? Cela ne m’étonnerait même pas qu’il soit en haut. Le problème, c’est que Jacob est avec Siegfried et qu’on n’a pas le droit de se disperser…
– Monte, souffla le garçon. Je vais me mettre au bout de cette étagère et il croira que tu es derrière moi.
Stupéfaite de l’initiative de son demi-jumeau – peut-être avait-elle finalement une mauvaise influence sur lui –, Carmen profita que Jacob eût son attention focalisée sur Siegfried pour se précipiter vers les escaliers, gagnant enfin l’étage supérieur.
D’après ce qu’elle pouvait voir sur les couvertures des livres face à elle, la jeune fille se trouvait dans la section historique de Forgotten Hollow. Était-il possible qu’elle eût fait bonne pioche ?
– Parfait, se réjouit-elle alors qu’elle avait mis la main sur un exemplaire de Généalogie vampirique : les grandes familles de l’ère cordélienne à aujourd’hui qui avait connu de meilleurs jours.
– Étudies-tu l’histoire, jeune fille ? demanda une voix derrière elle.
La surprise fit sursauter Carmen. Le bibliothécaire venait de faire son apparition. À en juger la couleur caractéristique de ses yeux et la longueur de ses canines, il ne pouvait s’agir que d’un vampire.
– Euh, oui, inventa la cambionne. Je cherche des informations sur, euh… la famille Straud.
– C’est une bien triste histoire, répondit le bibliothécaire. Le comte Vladislaus est sûrement le dernier représentant de sa lignée, laquelle était pourtant prestigieuse il y a de cela des siècles. Il a perdu son fils il y a plusieurs décennies et nous savons très peu de choses sur ce que sont devenues sa femme et sa fille. Tu trouveras certainement dans cet ouvrage des récits bien plus complets et fiables sur d’autres familles de grands maîtres. Pour tout te dire, je ne me souvenais même pas que nous en possédions un exemplaire. Souhaites-tu l’emprunter ?
Contente de ne pas avoir été démasquée sur ses intentions, Carmen confirma son souhait. Le bibliothécaire s’empara de l’ouvrage et regagna le rez-de-chaussée pour mettre à jour le logiciel de prêts et de retours de livres. Cet homme semblait sympathique et plutôt beau garçon. La jeune fille se demandait si sa mère serait intéressée pour le rencontrer.
L’heure n’était toutefois pas celle de jouer les entremetteuses. Reprenant ses esprits, Carmen descendit à son tour afin de rejoindre ses frères et Jacob. Elle trouva Tamino où elle l’avait laissé, vraisemblablement plongé dans la lecture de l’histoire d’un jeune fermier trouvant par hasard un œuf de dragonne, marquant pour lui le début d’une aventure épique.
Siegfried, de son côté, était accaparé par une nouvelle venue : une bambine à la chevelure noir corbeau. Jacob ne savait plus où donner de la tête pour surveiller les trois cambions à la fois, aussi Tamino et Carmen décidèrent-ils de se rapprocher pour lui faciliter le travail. En observant la fillette de plus près, Carmen remarqua un subtil air de famille avec Yamato.
– Brunehilde ! s’exclama une femme qui gagnait à présent l’étage. Ne t’éloigne pas de nous comme ça et surtout pas pour entrer toute seule quelque part ! Tu es trop petite pour…
La femme n’acheva pas sa phrase, remarquant la présence des trois autres enfants. Ses yeux s’attardèrent quelques secondes de plus sur Carmen et semblait la reconnaître.
– Bonjour, dit-elle poliment. Vous devez être les enfants d’Edith.
– Vous connaissez maman ? demanda Carmen.
– Tu lui ressembles beaucoup, répondit l’inconnue en évitant la question de la cambionne.
Avant que Carmen n’eût le temps de poser d’autres questions, un homme apparut dans l’escalier, rejoignant la femme et la bambine. Ces trois-là devaient être de la même famille.
– Notre fille s’est trouvée un ami, Wotan, s’amusa la femme.
– C’est ce que je vois, répondit le dénommé Wotan. Bonjour, les enfants. Nous sommes Wotan et Lilith Nibelung-Vatore, les parents de Brunehilde.
– Vous êtes le tonton de Yamato ? intervint Siegfried.
Wotan acquiesça. Carmen constata qu’il ressemblait beaucoup à sa sœur et ne put en tirer qu’une seule conclusion : lui aussi devait être louche. Mieux valait s’en méfier.
[…]
– Moi je n’ai rien trouvé de bizarre chez lui, objecta Tamino.
C’était le soir et les enfants étaient de retour à la chapelle en temps et en heure. Edith avait été forcée de constater que l’engagement avait été tenu. Par ailleurs, le fait que Carmen eût emprunté un livre à la bibliothèque signifiait qu’il lui faudrait le rendre et, de fait, renouveler l’expérience. La jeune fille avait ainsi trouvé la journée enrichissante en bien des points.
– Tu avais encore la tête dans ton histoire, répondit Carmen, mais moi j’ai bien vu. Wotan et sa sœur cachent quelque chose.
– En admettant que ce soit vrai, je ne vois pas ce que nous pourrions trouver. Mais Siegfried est ami avec leurs enfants. Peut-être que d’ici quelques temps, il arrivera à leur tirer les vers du nez.
– Pas la peine d’attendre aussi longtemps, contra fièrement la jeune fille. J’ai la preuve.
Comme pour étayer ses propos, Carmen sortit Généalogie vampirique : les grandes familles de l’ère cordélienne à aujourd’hui et l’ouvrit à la page du sommaire. Celui-ci était organisé par ordre alphabétique des noms de famille des lignées vampiriques étudiées par l’auteur.
– Tu te souviens du registre que l’on a trouvé au premier étage, avant que je ne monte ?
– Oui, répondit Tamino. Grâce à lui, on a appris que maman avait emménagé à Forgotten Hollow en 393.
– Exactement. Les Nibelung, quant à eux, sont arrivés en 408.
– Nous n’étions pas nés. Aïda avait neuf ans et Orpheus en avait deux.
Tamino marqua une pause.
– Ce n’est pas l’année de la mort de Charlotte ?
– Je crois que si, répondit Carmen, mais en tout cas, ce qui est sûr, c’est que les Nibelung sont arrivés après maman.
– Où est le problème ?
En guise de réponse, Carmen montra à son frère le sommaire du livre qu’elle tenait encore dans ses mains.
– Regarde dans les N.
Tamino obtempéra et parcourut rapidement l’ensemble des noms de famille de cette lettre. Son regard s’arrêta sur le nom des Nibelung, nom qui précédait un symbole en forme de croix. Intrigué, il se rendit à la page indiquée par le sommaire. L’inscription lui sauta alors aux yeux. Éteinte en 311 ap-c pendant la dernière guerre occulte.
– Alors ? lui demanda sa sœur. Comment expliques-tu qu’Erda Nibelung soit en train de fabriquer dix-sept tapis avec maman alors que sa famille est censée avoir disparu depuis cent quatorze ans ?
À suivre...
Voici Siegfried enfant
Non Aïda, je ne pense VRAIMENT pas que dans ton état d'hibernation, tu aies gentiment envoyé un cadeau à un frère que tu as essayé de livrer à Méphistophélès à ses deux ans
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Pour l'erreur du jour d'été, je n'ai jamais remarqué.
Ouah! Les enfants sont tellement cool et téméraires! Aller à la bibliothèque! C'est rendu téméraire!
Edith les garde vraiment sous verre, ses enfants! Remarque je peux comprendre puisqu'ils sont spéciaux.
Je suis triste que Carmen pense du mal de son grand frère qui a quitté la maison. Elle a eu un goût amer par la suite. Ça se comprend. Mais elle a une bonne chimie avec Tamino. Ce qui est une bonne nouvelle!
Super épisode!
Revenons à ce chapitre : mais quelle petite futée cette Carmen ! J'adore cette fillette et ses enquêtes dignes d'un détective privé. Tamino a l'air de se prendre au jeu, et on peut dire qu'ils ont fait des découvertes très intéressantes.
Toute cette enquête, et ses résultats, me confortent d'ailleurs à propos de la théorie que j'avais émise il y a quelques temps à propos des Nibelung et de leur troisième soeur...
Je me demande comment tout cela va finir.
Edith est vraiment très belle avec ce nouveau look !
J'espère que Carmen finira par ne plus en vouloir à Orpheus, mais j'arrive à comprendre qu'elle lui en veuille...
Effectivement, il y a quelque chose de fort louche avec Erda Nibelung...mais que cherche-t-elle à faire exactement? Je me demande aussi ce qu'est ce pouvoir (enfin j'imagien que c'en est un) qui la fait briller.
Carmen lui en a parlé directement; j'espère qu'elle ne s'est pas mise en danger en faisant cela! Est-ce que Erda se méfie d'elle à présent ou se dit elle que ce n'est qu'une enfant et ne représente aucun danger?
En tout cas Carmen est sacrément maline et observatrice! Ce qui est triste c'est le fait qu'elle garde tant de rancoeur envers Orpheus...voilà des tensions dans la fratrie...
Siegfrid a bien grandi et ressemble beaucoup à son papa (sauf les yeux
Je me suis dit que ce qu'éprouve Carmen vis-à-vis d'Orpheus était un comportement plutôt réaliste... Il est parti sans vraiment lui dire pourquoi et malgré ses supplications, alors elle s'est simplement concentrée sur le factuel : il est parti et les a laissés derrière, Tamino et elle
@nathalie986 Carmen a du flair, c'est le moins que l'on puisse dire
Edith te remercie pour ton avis sur son nouveau style
J'espère aussi que la relation entre Carmen et Orpheus s'arrange, mais pour cela, encore faudrait-il qu'il revienne à la chapelle
@Elinoee Le mystère reste entier pour Erda Nibelung
La rancœur de la cambionne envers son grand frère est effectivement triste
Il y a indéniablement pas mal de Johnny en Siegfried ! Pour ce qui est des jumelles, la réponse est dans ce chapitre
Voici le chapitre 48
L’été touchait presque à sa fin. À Henford-on-Bagley, Charlotte s’affairait à l’entretien de l’enclos de Clarabelle. Aux yeux de n’importe qui, cette tâche pouvait paraître dégoûtante mais pour les habitants de l’ancienne ferme, la vache était une membre à part entière de la famille et personne ne renâclait à la besogne.
– Je pensais faire un gâteau pour l’anniversaire d’Odette, confia la Brindletonienne. Je sais bien qu’elle n’a que deux ans alors ce n’est pas ce qu’Edith aurait fait à ma place, bien sûr. Seulement, Edith n’est pas là et je me retrouve à m’occuper moi-même de sa fille, fille dont elle ignore totalement l’existence. Je ferai donc comme il me plaît.
Clarabelle poussa un léger meuglement, ce que Charlotte identifia comme étant une marque d’approbation. Oui, il y aurait un gâteau d’anniversaire. Restait encore à se faire livrer certains ingrédients pour y parvenir. Après tout, cela ferait une occasion à Orpheus de recevoir la visite de Rahul.
L’imminent changement d’âge d’Odette préoccupait cependant la Brindletonienne. Les enfants d’Edith étaient d’ordinaire liés à Méphistophélès, ce qui permettait à l’esprit maléfique de récolter les nés-humains dès leur deuxième anniversaire. Or, Charlotte ignorait si la règle était ou non susceptible de s’appliquer en dehors de la chapelle Fledermaus. Que se passerait-il si la fille de Caleb n’était pas vampire ?
Cette crainte n’était d’ailleurs pas le seul souci au sein de la fermette : depuis quelques temps, les malaises de mamie Lagrise se faisaient de plus en plus nombreux. L’ancienne vampire ne parvenait plus à faire des journées aussi complètes qu’avant et se reposait de plus en plus – et malgré elle – sur l’assistance de Charlotte, Caleb et Orpheus.
– Je vous dis que je vais le faire, ce gâteau ! s’emporta-t-elle au matin de l’anniversaire d’Odette. Il me reste encore assez de tête pour ça !
– Vous avez nettoyé le poulailler toute seule, hier, objecta Charlotte. Vous êtes encore pleine de courbatures. Ne me mentez pas, je le vois !
Mamie Lagrise tenta de répliquer d’un ton cinglant mais sembla défaillir l’espace d’une seconde.
Orpheus décida d’intervenir pour prêter main-forte à la Brindletonienne.
– Tu devrais te reposer, Malvina. Charlotte et moi nous occupons du gâteau. Je viendrai te chercher quand on le servira.
– Très bien, Alexei, répondit la vieille femme après un instant de silence. À plus tard, alors.
L’humaine quitta alors la cuisine, laissant Charlotte et Orpheus quelque peu désemparés. Ils avaient remarqué la confusion de mamie Lagrise concernant le prénom du jeune homme mais, d’un commun accord, décidèrent de la laisser aller se coucher sans chercher à lui faire remarquer quoi que ce fût.
Le repas se déroula dans une ambiance assez tendue. Caleb avait invité sa sœur, mais également une certaine Rory venue tout droit de Moonwood Mill. Charlotte ne l’avait jamais rencontrée mais force était de constater qu’une animosité semblait se dégager entre Lilith et mamie Lagrise d’un côté et elle d’un autre.
– J’ai toujours entendu dire que Moonwood Mill était... dangereux, s’étonna Orpheus. N’est-ce pas trop mouvementé d’habiter là-bas ?
– C’est un coin parfait pour les personnes allergiques aux pinces à épiler, rétorqua mamie Lagrise d’un ton dédaigneux. Les habitants n’acceptent pas non plus les vampires. Comme s’ils pouvaient se permettre d’être sélectifs sur leurs fréquentations !
La vieille femme semblait plus reposée mais Charlotte ne put s’empêcher de constater qu’elle était encore bien loin de la forme qu’elle avait eue lors de leur rencontre. C’était un fait : Malvina Straud vieillissait et sa santé déclinait en proportion. À cette simple pensée, la Brindletonienne éprouva un désagréable pincement au cœur.
– Les vampires ne sont pas des saints non plus, Malvina, rétorqua froidement Rory. Vous oubliez les actes de votre père lors de la première guerre occulte.
– Aucun de nous n’était né, à l’époque. C’est un peu facile d’arranger le passé à votre guise.
– Nos livres d’histoires retracent bien plus fidèlement les événements que les vôtres.
– Avant d’affirmer cela, encore faudrait-il que votre espèce sache lire !
– Et si nous passions au gâteau ? demanda Charlotte d’une voix forte alors que Rory bouillonnait dangereusement.
– Je vais chercher Odette, répondit précipitamment Caleb. Tu m’accompagnes, Rory ?
Les deux amis s’éclipsèrent, laissant une ambiance électrique. Mamie Lagrise les suivit du regard, la mine réprobatrice.
– J’ai rencontré Tamino, Carmen et Siegfried, le mois dernier, déclara une Lilith désirant changer de conversation. Ils étaient à la bibliothèque de la Place Clairdelune.
– Comment vont-ils ? demanda aussitôt Orpheus. Ils ne sont pas autorisés à sortir.
– Tout va bien pour eux, rassure-toi. Il semblerait que ta mère ait donné son accord. Ils étaient surveillés par l’un de ses musiciens. Nous n’avons pas discuté très longtemps car ils devaient rentrer rapidement. Ils m’ont néanmoins appris quelque chose ! D’après leurs dires, l’enfant que nous appelons entre nous Vierzehn est une petite fille qu’Edith a nommée Odile.
– Elle lui a donné un vrai prénom ? s’intéressa Charlotte. C’est encore trop tôt pour déterminer sa nature. C’est étrange.
– Pour certains enfants, lui apprit l’aînée des Vatore, il est possible de détecter le vampirisme dès la naissance, parfois même pendant la grossesse. C’est probablement ce qui s’est passé dans ce cas.
– Siegfried a eu six ans il y a trois semaines, compta Orpheus. Je n’étais pas là pour son anniversaire. Je ne connais même pas Odile.
Le cambion fit la moue. Charlotte savait que le reste de sa fratrie lui manquait et qu’il avait toujours apprécié les anniversaires au sein de la Fledermaus. Au printemps, lui-même avait fêté ses dix-huit ans coupé des autres. Orpheus ne disait rien mais il était évident de constater que l’éloignement lui pesait de plus en plus.
Apparemment, le jeune homme avait remarqué le regard de la fantôme vers sa direction car il quitta la table à son tour pour gagner l’étage, prétextant avoir envie de se reposer. Charlotte, Lilith et mamie Lagrise en vinrent alors à discuter de la lutte contre Méphistophélès, laquelle était en suspens depuis la naissance d’Odette.
– Maintenant que la petite va grandir, Caleb va certainement quitter la ville avec elle, annonça mamie Lagrise qui avait pris la place de Caleb.
– Orpheus est au courant ? demanda Lilith. Odette est sa sœur.
– Nous en avons discuté tous les deux, répondit Charlotte. Il est d’accord. Cette enfant mérite un nouveau départ.
– Nouveau départ qui nous permettra d’aller récupérer l’urne de Meph’ et de faire en sorte que Charlotte puisse plonger en toute sérénité. Ensuite…
Un cri retentit alors à l’étage, faisant sursauter Charlotte. Pendant une fraction de secondes, la Brindletonienne avait craint pour Odette. Elle devait avoir grandi, à présent : était-elle humaine ? Méphistophélès avait-il trouvé le moyen de la récupérer ?
Toutefois, le cri fut aussitôt suivi par d’autres éclats de voix. C’était une dispute et Charlotte reconnut la voix d’Orpheus. La fantôme se leva aussitôt et gagna l’étage à son tour. Elle trouva alors le cambion en pleine lutte contre Rory, Caleb tentant tant bien que mal de les séparer. Dans la pièce voisine, Odette pleurait.
– Pourquoi lui as-tu demandé de faire ça ? hurla Orpheus.
– Arrêtez tout de suite ! intervint Charlotte. Que se passe-t-il ? Qu’est-il arrivé à Odette ?
– Rien, tenta Caleb. Ma fille est maintenant en sécu…
– Façon de parler ! s’écria le cambion en orientant sa colère contre le cadet des Vatore. Vas-y Caleb, dis-lui ce que tu as ordonné à ce cabot de faire à ma sœur !
Rory, visiblement piquée à vif par le choix de mots d'Orpheus, se précipita sur ce dernier. Charlotte s'interposa alors en se rappelant une scène bien trop similaire entre Edith et Aïda.
– Ne m'insulte pas de cabot, jeune vampire ! rugit Rory. Je te taille en pièces quand je veux alors fais bien attention.
– Pour l'amour de l'Observateur, s'écria Charlotte, personne ne taillera qui que ce soit en pièces ! Orpheus, surveille ton langage. Rory, éloignez-vous de lui tout de suite. Quant à toi, Caleb, explique-moi ce qui s'est passé.
Le cadet des Vatore ne répondit pas tout de suite, fuyant le regard de la Brindletonienne.
– Je n'avais pas le choix, finit-il par murmurer. Je ne pouvais pas prendre le risque de perdre ma fille. Il me fallait une précaution.
– Que veux-tu dire par...
– Il veut dire qu'il a demandé à cette femme de mordre Odette ! s’égosilla Orpheus. Elle a deux ans, par Cordélia !
– De la mordre ?!
Les premières secondes, Charlotte était persuadée d’avoir mal compris. Cependant, une lointaine conversation avec Méphistophélès lui revint en mémoire.
La Brindletonienne fit alors le lien avec Rory, qui se disait justement venir de Moonwood Mill…
[…]
– Lilith a correctement soigné le bras d’Odette, déclara Charlotte.
Quelques heures après l’incident, la fantôme avait regagné la chambre que Caleb partageait avec Orpheus, Odette dans ses bras.
– Comment as-tu pu avoir une idée aussi idiote, Caleb ?
– Je me doutais que tu l’aurais désapprouvée, répondit le cadet des Vatore. Malvina a tenté de me dissuader, elle aussi.
– Te rends-tu compte de ce dans quoi tu as mis les pieds ? Que va devenir Odette ?
– Elle s'en sortira à merveille. Rory sera là pour nous aider.
– Mais imagine...
– Non, Charlotte, s'il te plaît : toi imagine. Odette n'est pas seulement ma fille. Elle est également celle d'Edith. Une fille d'Edith qui n'est pas née vampire. Les enfants Faust sont liés à Méphistophélès, qui s'empare lui-même des cambions nés humains. Peut-être que le cas d'Odette aurait été différent car elle n'est pas née à la Fledermaus, mais je ne voulais pas prendre le moindre risque. Le comprends-tu ?
Bien qu'elle eût préféré le contraire, Charlotte comprenait. Caleb avait déjà tant perdu, ces derniers temps. Certes, la perte de son vampirisme était ce qu'il avait désiré depuis longtemps, mais le prix qu'il avait dû payer avait été trop important. Le jeune homme avait dû fuir son foyer et s'éloigner de sa famille et de celle qu'il considérait probablement encore comme l'amour de sa vie. Le retour de son humanité avait été un immense changement pour lui. Odette était devenue son nouveau point de repère. Impossible donc de laisser Méphistophélès la lui arracher. Qu'elle fût née vampire n'aurait pas non plus été une solution car cela aurait impliqué qu'elle prenne part à l'Ordalie avec Orpheus et les autres cambions d'Edith. D'une certaine manière, la décision de Caleb faisait sens.
– J'ai demandé à Rory de partir, finit par dire la Brindletonienne. J'ai également calmé Orpheus. Je ne l'avais jamais vu dans cet état.
– Il doit à présent me détester.
– Eh bien... Disons qu'il t'en veut beaucoup et qu'il préfère rester loin de toi pour le moment. Il va dormir sur le canapé de la bibliothèque, cette nuit.
– Cela ne durera pas, déclara Caleb. Odette et moi allons quitter Henford-on-Bagley.
[…]
– Je dois admettre que sur ce coup, Edith Faust, tu m’as épaté.
À Forgotten Hollow, le temps avait également été venu de célébrer un anniversaire.
Edith s’était chargée de faire grandir Odile sous le regard de Méphistophélès et, pour faire bonne mesure, avait réitéré le test de vampirisme, lequel s’était à nouveau révélé positif.
– Je suis heureuse d’en avoir enfin fini avec les enfants, souffla la maîtresse des lieux. Bien sûr, je savais déjà qu’Odile était vampire depuis ma grossesse, mais j’ai préféré éviter le moindre risque.
– Elle ressemble beaucoup à ce jeune Vatore, ne put s’empêcher de faire remarquer Méphistophélès. As-tu d’ailleurs des nouvelles de toute cette bande de fugitifs ?
– Pas depuis deux ans, répondit Edith. Mais mon Orchestra Vampirica veille au grain. Mes disciples se relaient régulièrement pour partir à leur poursuite.
– Je suppose que Charlotte Fox est toujours avec lui. C’est elle qui t’a trahie, en premier lieu. Pourquoi ne t’es-tu toujours pas débarrassée de son urne ?
– Je n’ai pas besoin de toi pour savoir quoi faire sur le sujet. Fox ne perd rien pour attendre, sois-en certain. En attendant, je me concentre sur mon entreprise.
– C’est à croire que tu as pris goût à la création de meubles !
– Tu ne crois pas si bien dire. Je compte même créer une succursale à Del Sol Valley. Erda Nibelung y connaît un vampire qui souhaiterait y développer une petite fabrique de meubles et de bougies. Nous devions d’ailleurs nous rencontrer dans la journée et Erda vient de m’écrire pour me confirmer le rendez-vous, alors je ne te retiens pas.
– Mais je viens juste d’arriver !
– Je sais bien, mais que veux-tu… les affaires n’attendent pas !
[…]
– Edith, introduisit Erda, je vous présente Stanislav Istines.
– C’est un honneur de vous rencontrer, mademoiselle Faust, dit aimablement le nouveau venu.
– Moi de même, répondit Edith.
Pour une raison qui lui échappait, la vampire avait une sensation de déjà-vu en présence de cet homme. Il lui rappelait probablement quelqu’un, mais là n’était pas l’objet de leur rencontre. Alors, prenant sa posture de femme d’affaires, Edith exposa à son collaborateur potentiel les différents enjeux de la marque Fledermaus. Le courant passa bien entre eux, ce qui était un bon prérequis pour établir une relation de confiance.
– Je comprends tout à fait votre souhait de maintenir une fabrication artisanale et responsable, se réjouit Stanislav. Après tout, nous autres vampires serons toujours là dans le monde de demain, alors autant le rendre le plus vivable possible.
– Pour nous comme pour les humains, ajouta Edith. C’est important de penser à eux, aussi : la nourriture est toujours meilleure lorsqu’elle est élevée dans un environnement sain.
La plaisanterie qui n’en était pas vraiment une amusa beaucoup Stanislav. Edith n’était pas habituée à ce genre de réaction lorsqu’elle évoquait les humains de la sorte. À une époque pas si lointaine mais toutefois bien révolue, une certaine vétérinaire ectoplasmique n’aurait pu s’empêcher de l’affliger d’une moue réprobatrice. Heureusement pour Edith, Stanislav semblait partager son humour !
– En parlant de nourriture, reprit l’homme, vous n’êtes pas sans savoir que la météo de Del Sol Valley n’est pas aussi clémente qu’ici. Nous pourrions trouver un arrangement pour y exporter vos plasmafruits qui seront de toute évidence de bien meilleure qualité.
– Nous pourrions envisager un échange de bons procédés, répondit la maîtresse des lieux. Vous-même devez connaître du beau monde, dans votre ville. Voyez-vous, j’envisage de réaliser un concert à Forgotten Hollow et un coup de pouce de quelques célébrités vampiriques influentes ne serait pas de refus.
Stanislav accepta la proposition sans hésiter. Qu’il était agréable d’être sur la même longueur d’ondes que quelqu’un d’extérieur à Forgotten Hollow ! Edith se sentait revivre. Entre une entreprise florissante et une représentation musicale promettant de lui permettre de tirer un trait définitif sur sa première expérience à San Myshuno, la vampire ne trouverait pas le temps de s’ennuyer durant les années à venir. De quoi la faire patienter pour l’Ordalie d’une manière des plus productives !
[…]
Bien sûr, de telles préoccupations étaient loin d’atteindre la petite Odile. Au fil des jours qui s’écoulaient, la cambionne était trop occupée à découvrir la vie hors du berceau.
Contre toute attente, Edith avait aménagé un espace pour sa fille non pas dans la chambre rouge comme ses autres enfants – cette pièce ayant d’ailleurs été reconvertie en bureau –, mais directement dans sa propre crypte. Personne ne connaissait les raisons exactes de ce qui ressemblait à un traitement de faveur, mais durant son temps libre en dehors de son entreprise, la vampire ne quittait que très rarement sa fille des yeux.
La marque Fledermaus étant désormais disponible sur toutes les meilleures plateformes d’achat en ligne, Edith avait de fait beaucoup de travail. Il n’était pas rare qu’elle s’affaire plusieurs jours d’affilée avec Ulrike et Erda. Même à trois, le rythme pouvait parfois être tendu. Durant ce temps, Tamino et Carmen étaient en charge de la surveillance de leurs jeunes adelphes. Siegfried commençait toutefois à devenir plus autonome – bien qu’Edith eût été forcée d’accepter de lui céder une pièce de la chapelle pour lui permettre de se défouler – et passait le plus clair de son temps à jouer avec son ami Yamato. Odile, quant à elle, semblait constamment dans son monde. Contrairement à Tamino en son temps, elle ne s’inventait pas d’histoires par le biais de jouets, mais bel et bien à partir de son imagination seule.
– Il est temps d’aller au lit, mademoiselle !
– Vais voi’ les po’tes en couleu’ ?
– Certainement, lui répondait tous les soirs une Edith qui ne comprenait pas le sens des paroles de sa fille.
La vampire se rassurait au mieux en se disant qu’à son âge, sa fille avait une imagination débordante, mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce que pouvait bien voir sa fille lorsqu’elle évoquait ces mystérieuses portes.
Sa manière de se comporter pouvait parfois lui rappeler sa sœur Aneliese.
L’imprévisibilité était un trait qui semblait se transmettre au fil des générations dans la famille Faust, Aneliese l’ayant acquis de son grand-père paternel. Était-il possible qu’Odile fût la prochaine sur la liste ?
À suivre...
Odette...
...et Odile !
C'est déjà très fort d'envoyer un cadeau à une sœur que l'on n'a jamais rencontrée, mais ça l'est encore plus quand on est une petite bambine
Orpheus est devenu jeune adulte et a reçu un coup de fil plutôt surprenant, compte tenu de son dernier tête-à-tête avec sa mère
Un petit mariage éphémère dans le seul but de gratter des simflouz !
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Bon. Caleb a fait un bon choix malgré les inconvénients. Quoique être vampire ou loup-garou ça se ressemble bien. Et peut-être que la cocotte sauvera tout le monde? Bon, je me fais des scénarios!
C'est tristou pour mamie lagrise qui perd un peu la mémoire des noms et semble de plus en plus fatiguée. Pauvre mamie.
C'est triste que Caleb s'en aille avec sa fille. J'espère que nous les reverrons.
Oh lala! Edith a un traitement de faveur pour sa fille avec Caleb.
Elle voit des portes de couleurs? Elle se promènerait donc dans le monde des morts? What!?? Elle serait donc la clé elle aussi pour détruire Méphisto!
Super épisode!
Je me doutais un peu que Caleb avait pris cette terrible décision de faire mordre sa fille, même si je n'en étais pas sûre...elle est si petite! Mais en même temps, il a certainement fait ce qu'il y a de mieux pour la protéger...Choix difficile mais c'est un super papa, bravo à lui!
J'espère que nous allons le revoir avec Odette plus tard dans l'histoire...
Quant à sa jumelle Odile, elle semble avoir un don particulier, c'est intrigant...
Toutes deux sont adorables et ressemblent beaucoup à leur papa en tout cas
PS: Wouah, Caleb et Charlotte, je ne m'y attendais pas
Ah oui en effet, une morsure de loup-garou serait intéressante sur Méphistophélès ! Après, que ça marche ou non, on s'en fiche : au minimum, ça lui fera très mal et c'est déjà très bien
Eh oui, mamie Lagrise vieillit, il va peut-être falloir se préparer à l'arrivée de la Faucheuse
Je te laisse la surprise pour ce qui est de Caleb et Odette, mais je n'en ai pas encore fini avec eux
À la Fledermaus, il faut croire qu'il y a bien un petit traitement de faveur pour Odile
Alors pour ce qui est des portes de couleurs, je n'appellerais pas tout à fait cela le monde des morts, mais tu chauffes, c'est presque ça !
Un grand merci à toi pour ce commentaire dithyrambique
@Elinoee Il faut croire que cette rivalité entre les espèces traverse tous les supports de fiction
Cela me fait plaisir que tu approuves la difficile décision de Caleb. Pas évident de condamner volontairement sa fille à un sort qui n'a que le mérite d'être "moins pire" que celui qui pouvait l'attendre de base si elle était restée humaine
Je suis bien d'accord, les jumelles sont choupies
Hahahaha, je n'ai eu aucun scrupule à vendre Charlotte et Caleb
Retrouvons-nous ce soir avec le chapitre 49. Bonne lecture ! 🤗
Caleb quitta la fermette d’Henford-on-Bagley à la fin de l’été. Malgré les questions de Charlotte, l’ancien vampire demeurait muet sur la destination qu’il s’apprêtait à prendre avec Odette.
– Il vaut mieux que tu ne le saches pas, dit Caleb à la Brindletonienne. Malvina avait raison. Je dois suivre une nouvelle voie et faire grandir Odette loin de la menace de sa mère.
– Promets-moi que tu prendras soin d’elle.
– Bien sûr. C’est ma fille.
– Prend soin de toi aussi, d’accord ?
Les deux amis s’enlacèrent dans une étreinte qui se passait de mots supplémentaires. Après quoi, Charlotte saisit brièvement Odette dans ses bras. La bambine n’avait aucunement l’air chagrinée par la situation. Probablement avait-elle la chance de ne pas réaliser qu’il s’agissait sûrement de la dernière fois qu’elle voyait les habitants si particuliers de cette maison. Un peu plus tôt dans la matinée, ils avaient tenté de frapper à la porte de la chambre de mamie Lagrise, mais celle-ci était ces derniers temps trop fatiguée pour supporter une vraie séance d’adieux.
– Où est Orpheus ? demanda Caleb.
– Au village, répondit Charlotte. Sûrement avec Rahul. Tu comprends, il préférait ne pas assister à cela.
Au fil des jours qui avaient suivi l’anniversaire d’Odette, Orpheus n’avait eu de cesse de refuser la décision de Caleb de partir avec sa petite sœur. Bien qu’il eût en premier lieu été d’accord, les récents événements avec Rory Oaklow avaient complètement changé son opinion sur ce départ. Le cambion arguait désormais qu’il avait fait une promesse à Odette dès le berceau et qu’il était important pour lui de s’y tenir.
– Je dois veiller sur elle ! Lui n’a qu’à partir, mais qu’il la laisse avec nous !
Malgré les supplications d’Orpheus, Charlotte n’avait pas tenté de faire changer Caleb d’avis. Elle aussi pensait que cette séparation était pour le mieux et pour bien des raisons. En l’état, tout se passait à merveille entre le frère et la sœur.
Cependant, Odette étant à présent ce qu’elle était, les choses pouvaient changer à tout moment, entre eux. Ainsi donc, Orpheus avait fini par se laisser convaincre par l’idée d’être de nouveau séparé de sa famille, bien que ce fût à contrecœur.
– Lorsqu’il rentrera, finit par demander Caleb, pourras-tu lui donner cette lettre ? Elle contient une adresse mail que j’ai créée pour l’occasion. Il pourra garder contact avec sa sœur dans la limite du possible.
Après que Charlotte lui eut promis qu’elle transmettrait le message, Caleb récupéra Odette dans ses bras et, d’un pas décidé, traversa la cour de la fermette. Le cadet des Vatore franchit ensuite le portail et Charlotte, sans bouger, l’observa s’éloigner jusqu’à quitter complètement son champ de vision.
[…]
Chez Rahul Chopra, Orpheus ne décolérait pas. Le cambion avait cru que passer un peu de temps en compagnie de son petit-ami – à l’abri des regards indiscrets à la demande de ce dernier – lui changerait les idées mais rien n’y faisait.
– C’est à cause de ton oncle ? lui demanda gentiment Rahul. Je pensais que les choses s’étaient arrangées, entre vous.
– Pas vraiment, confessa Orpheus. En plus, les choses ne risquent pas de s’améliorer car il s’en va aujourd’hui. Maintenant que le divorce est finalisé, ma mère l’a contacté pour récupérer ma sœur. J’aurais bien suivi Caleb et Odette, mais ma grand-mère est alitée et il faut bien que quelqu’un s’occupe d’elle.
En deux ans de vie henfobagloise, le cambion avait appris à mentir de plus en plus efficacement. Mêler des éléments factices à des détails bien réels rendait l’ensemble très crédible. L’idée de s’inventer une vie l’horripilait toujours au plus haut point, mais c’était la seule solution pour que Charlotte acceptât de le laisser quitter la fermette et, par extension, voir Rahul.
– Je suis désolé pour toi, lui dit le livreur en toute sincérité. Tu sais, ta grand-mère venait souvent à la maison, quand j’étais petit, et elle a continué longtemps après.
– C’est vrai ? s’étonna Orpheus qui n’avait jamais entendu parler des escapades de mamie Lagrise chez les Chopra.
– Bien sûr. Elle est un peu excentrique mais je l’aime bien. Elle rend visite à ma mère depuis que je suis tout petit. Elle adore l’histoire alors tu penses bien que quand elle a su que maman cachait un trésor de l’époque pré-cordélienne, elle s’est pliée en quatre pour être digne de le voir.
Orpheus mit un certain temps avant d’assimiler l’information.
– Ta mère conserve des trésors de l’époque pré-cordélienne ?
– Nous sommes la plus ancienne famille d’Henford-on-Bagley, s’amusa Rahul. Il est normal que nous possédions quelques vestiges de l’histoire du village.
– À vrai dire, c’est plutôt dans un musée que ce genre d’objets a sa place…
– Pas pour ce que j’ai à te montrer ! C’est top secret, ma mère me tuerait si elle apprenait que je t’en avais parlé ! C’est déjà un miracle qu’elle ait laissé ta grand-mère y jeter un œil.
Sans rien ajouter, Rahul conduisit Orpheus jusqu’à une petite bibliothèque qui, à y regarder de plus près, n’en était pas une.
L’henfobaglois en souleva un livre et le meuble bascula à la manière d’une porte, révélant un espace minuscule dans lequel descendait une échelle secrète.
Impressionné, le cambion suivit son petit-ami dans cet étrange sous-sol. Il était émerveillé à l’idée de découvrir des trésors d’une telle valeur historique.
L’émerveillement d’Orpheus fut toutefois de courte durée, remplacée très vite par la sensation de respirer des vapeurs d’acide : la pièce était infestée d’ail.
– Tout va bien ? demanda Rahul en observant son compagnon d’un air inquiet. Tu as l’air malade.
– J’ai dû manger quelque chose de mauvais, mentit Orpheus. C’est… original, cette décoration. Il y a une raison à cela ?
– C’est pour éloigner les vampires.
Le cœur d’Orpheus manqua un battement. Il scruta attentivement Rahul qui maintenait une expression impassible. Avait-il été percé à jour ?
Puis, sans prévenir, le livreur éclata de rire.
– C’est du moins ce que raconte ma mère, ajouta-t-il. Il y a beaucoup de folklore dans le coin sur les vampires et autres monstres occultes. Si tu veux mon avis, ce genre d’histoire pourrait faire un excellent attrape-touriste si maman daignait la raconter au grand jour.
Tout devint clair pour Orpheus. Depuis des années, mamie Lagrise racontait à Charlotte sa mission à Henford-on-Bagley dans le but de trouver des indices permettant d’anéantir Méphistophélès. Durant tout ce temps, la vieille dame avait dû mener de nombreuses recherches sur les familles du village avant de découvrir que l’une d’entre elles avait vécu à l’époque de l’esprit maléfique.
S’efforçant toujours de ne pas avoir l’air affecté par l’ail, Orpheus prêta une oreille plus qu’attentive aux explications de Rahul sur les différents objets présents dans la pièce, laquelle avait des allures de sanctuaire.
– La statue que tu vois ici n’a pas de prix. C’est l’œuvre originale. Il en existe des copies, bien sûr, mais personne n’a jamais compris qui elle représentait. On pense qu’il s’agit d’une certaine Rhiannon Cents. C’est une sorcière qui aurait vécu à Hendford il y a des centaines d’années. Ta grand-mère s’y est beaucoup intéressée.
– Malvina a un lien particulier avec les jeteurs de sorts, marmonna Orpheus sans faire attention.
– Avec les quoi ?
– Les jeteurs de… enfin les sorciers, oui, si tu préfères. Et là-bas, qu’est-ce que c’est ?
Le cambion s’approcha alors de la vitrine la plus éloignée de l’échelle et observa ce qui y était présenté.
– Oh, répondit Rahul en rejoignant Orpheus. C’est un peu lugubre. Ce sont des urnes funéraires.
Orpheus le voyait bien. Il y en avait différentes sortes. Certes, les jeteurs de sorts étaient ici en majorité, mais la collection comportait également des humains et des vampires. Le jeune homme supposa même que l’une des urnes appartînt à un loup-garou.
Durant les deux années qu’il avait passées à Henford-on-Bagley, Orpheus avait écouté les histoires des recherches de mamie Lagrise. Il savait donc que bien des siècles auparavant, un clan de jeteurs de sorts vivait au village et qu’en raison des mauvais actes de l’un d’entre eux, les humains les avaient chassés d’une manière radicale. De ce que pouvait deviner Orpheus au vu des différentes sortes d’urnes, les henfobaglois de l’époque semblaient avoir injustement accusé plusieurs humains.
[…]
Le soir, de retour à la fermette, Orpheus fit part à Charlotte et à mamie Lagrise de ses découvertes. La vieille dame semblait enfin reposée et pouvait participer activement à la conversation. Charlotte, quant à elle, ne parvenait pas à passer outre les risques pris par le cambion.
– Une pièce pleine d’ail, répétait-elle à outrance, te rends-tu compte ? Rahul aurait pu te percer à jour, que t’est-il passé par la tête ?
– Je ne courais aucun risque, s’agaça Orpheus. Tu t’inquiètes beaucoup trop, Charlotte. Il semblerait que cette haine héréditaire des occultes se soit épuisée au fil des générations. La mère de Rahul croit dur comme fer à l’existence des vampires, mais lui ne semble y voir que des balivernes. Il n’a même pas fait le lien entre l’ail et mes vertiges.
– Et s’il en avait parlé à sa mère et qu’elle avait elle-même fait le rapprochement ?
– Il n’y a aucune raison que cela arrive : elle est en voyage à Brindleton Bay.
– Et vous, alors, s’emporta la fantôme contre mamie Lagrise, vous étiez au courant que la famille de Rahul était celle qui détenait les urnes des anciens jeteurs de sort ?
– Parfaitement, répondit l’intéressée. Je suis allée voir Lavina Chopra à de multiples reprises mais je n’ai jamais réussi à rester seule dans ce sous-sol. Oh, bien sûr, j’aurais pu assommer Lavina avant de briser la vitrine dans le but de voler l’urne de Méph’ mais ma couverture dans ce village aurait aussitôt sauté et qui se serait occupé de Clarabelle, après mon départ ?
– Si je puis me permettre, Malvina, intervint Orpheus, je n’ai pas vu l’urne de Méphistophélès, dans le lot.
– Si tu as cherché une urne sur laquelle était gravé le pseudonyme que ce bougre s’est inventé après sa mort, mon garçon, tu pouvais attendre encore longtemps, tu ne crois pas ?
Orpheus ne répondit rien. Après réflexion, il se sentait un peu stupide d’avoir cru que Méphistophélès eût pu être un vrai prénom.
– De son vivant, poursuivit mamie Lagrise, Méph’ répondait au nom de Radamès Nahash. Ce sont ses expériences de magie noire qui ont condamné les jeteurs de sorts d’Henford-on-Bagley. Mon ancêtre Rhiannon s’est chargée de l’arrêter mais il était déjà trop tard pour la réputation des occultes dans ce village.
La vieille dame marqua une pause, prenant un air très sérieux qui, selon Charlotte, ressemblait bien plus à Malvina Straud qu’à mamie Lagrise.
– Tout ça, reprit-elle, nous le savons déjà. Ce que nous ignorons, c’est ce qu’il a fait à son Corridor pour rendre son âme impossible à libérer. Je n’ai plus beaucoup de temps devant moi et maintenant que tout le monde ici est au courant de l’emplacement de l’urne, j’aimerais que nous en découvrions les secrets avant que je ne perde le reste de ma tête.
Puis, se tournant vers Orpheus :
– Dis-moi, petit, ta première séance de crac-crac avec Rahul est bien toujours prévue pour demain soir ?
– Que… quoi ? s’étrangla le cambion. C’est ma vie privée, comment sais-tu…
– Je t’ai entendu au téléphone l’autre jour, coupa mamie Lagrise. Voici ce que nous allons faire.
« Tu iras à ce rendez-vous comme prévu – et ne t’inquiète pas, tout se passera très bien à condition que tu ne te forces à rien – et tu feras comme si tout était normal. En plus de prendre du bon temps, ta mission consistera à faire diversion. Arrange-toi pour que Rahul n’ait pas le temps de fermer la porte d’entrée de la maison lorsque vous vous précipiterez dans sa chambre.
« Vous et moi, Charlotte, nous profiterons de l’absence de la mère de Rahul pour nous introduire dans le sous-sol. En tant que fantôme, vous n’aurez pas de problème pour accéder à l’urne. La vitrine en question se trouve tout au fond de la pièce.
– Même avec ma condition de fantôme, fit remarquer la Brindletonienne, je ne pourrai pas voler l’urne sans briser la vitrine, ce qui attirera l’attention et mettra Orpheus en danger.
– Pas si vous laissez l’urne à sa place.
Charlotte avait peur de comprendre.
– Vous voulez dire que je vais devoir faire une plongée spectrale depuis le sous-sol des Chopra ? C’est dangereux, Malvina. Si quelqu’un s’aperçoit de notre présence…
– Je monterai la garde, l’interrompit mamie Lagrise. Vous nous retranscrirez ce que vous aurez vu plus tard. Écoutez, tous les deux, je sais que je vous en demande beaucoup, mais Lavina Chopra ne quitte jamais Henford-on-Bagley. C’est l’occasion rêvée, pour nous. Nous sommes actuellement bloqués dans notre enquête. C’est la seule manière que nous ayons d’obtenir les renseignements que l’on recherche sans éveiller le moindre soupçon. Êtes-vous avec moi ou non ?
[…]
Contre toute attente, le plan avait fonctionné. Alors que Rahul s’était endormi, Orpheus se laissait gagner par le remords. Avait-il été monstrueux de sa part de se servir de ce moment si particulier avec le livreur pour faire avancer l’enquête ?
Dans le sous-sol, Charlotte et mamie Lagrise étaient arrivées en face de la vitrine des urnes. La Brindletonienne voyait à présent celle de Méphistophélès, bien au centre de toutes les autres. Elle n’en revenait pas : le moment était-il enfin arrivé ?
– D’après mon expérience, plaisanta-t-elle d’un ton sarcastique, c’est précisément à ce moment que Méphistophélès nous surprend et gâche tout.
– J’en doute, la rassura mamie Lagrise. Depuis le temps, je pense que Méph’ ne ressent plus de connexion particulière avec son urne. Il est possible que cela ne soit qu’un jeu d’enfant pour vous.
– Possible, mais pas certain.
– Qu’avez-vous à craindre, au juste, ma petite ? Voilà dix-sept ans que vous êtes morte. Vous n’allez tout de même pas reculer maintenant ?
Bien sûr, il en était hors de question. De plus, le temps pressait. Qui savait si Orpheus parviendrait à retenir Rahul suffisamment longtemps ? Rassemblant tout son courage, Charlotte traversa la vitrine et s’approcha de l’urne.
Était-ce son imagination ou percevait-elle déjà l’aura maléfique qui en émanait ?
Peu importe, pensa-t-elle. Le moment est venu. Alors, mettant en application les enseignements qu’elle avait reçus il y a déjà bien longtemps, la fantôme décolla et, sans tergiverser davantage, plongea.
À suivre...
Orpheus, bon sang de bonsoir, qu'est-ce que tu ne comprends pas dans "fais-toi discret, les henfobaglois n'aiment pas les occultes" ?
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
J'avais le poil des bras élevé jusqu'au plafond!
J'avais un frisson éternel qui me traversait la colonne! Oh lalala
Tout d'abord, Caleb qui part avec Odette m'a rendu bien triste. J'espère que nous aurons de ses nouvelles.
Je comprends le cambion de s'inquiéter pour sa soeur. De vouloir la retenir. Pauvre chou.
Et cette cachette secrète... l'emplacement de l'urne... ENFIN! Le mystère sera résolu sous peu... Verrons-nous quelques bribes de son passé? De nouvelles portes de couleurs? Ouah! J'ai trop hâte de voir la suite!
J'ai bien ri quand j'ai vu l'ail sur les murs.
Et ils semblerait qu'il ait eu du bon temps.
Super épisode! Comme toujours!!!
Superbe chapitre, une nouvelle fois.
J'ai été déchirée, bien sûr, lorsque Caleb est parti avec la petite Odette, mais, après tout, c'est la seule solution pour mettre la petite en sécurité, surtout au vu des évènements qui s'annoncent.
Je suis un peu comme Charlotte, je m'inquiète à propos de cette plongée spectrale. Je n'imagine pas qu'elle se passe tranquillement. Je vois deux possibilités : soit Charlotte va croiser va croiser Meph' qui fera encore des siennes, et qui saura, du coup, où elle se trouve, et le répètera à Edith (dans le plus gentil des cas). Soit Charlotte va croiser la petite Odile...
D'ailleurs, j'envisage plutôt cette deuxième possibilité. J'ai hâte de voir ce que va donner cette plongée spectrale.
Concernant Rahul, quelque chose me dit qu'il va bientôt être au courant de la vraie nature de son petit ami, s'il ne l'est pas déjà. Après tout, lui aussi est peut-être un habile menteur.
Ces deux chapitres étaient vraiment super. J'imagine que tu nous concocteras une rencontre entre Odile et Odette, plus tard dans l'histoire, et je me demande ce que ça pourra donner lorsque les jumelles vont se retrouver face à face : le vampire et le loup-garou. ça promet d'être très intéressant
Pour Orpheus la vie est compliquée actuellement, le pauvre... entre sa petite soeur devenue loup-garou en couches culottes qui s'en va avec Caleb et sa première séance de crac-crac avec Rahul entachée par une trahison envers le beau livreur... pas simple!
C'est clair que si Rahul découvre qu'Orpheus est vampire ça risque de barder
Nous reverrons Caleb et Odette, c'est promis
Orpheus a en effet joint l'utile à l'agréable, dans le dernier chapitre
De nouvelles portes de couleur ? C'est ce que nous allons voir aujourd'hui !
@nathalie986 Oui, la décision n'était pas facile, mais il était essentiel pour Caleb et Odette de partir pour faire le ménage dans mes personnages du moment leur sécurité
Ainsi donc, tu penses que cette plongée va connaître quelques imprévus ? La réponse aujourd'hui !
Si Rahul est déjà au courant de la nature d'Orpheus, il a le mérite de très bien le cacher
Merci beaucoup pour mes chapitres
@Elinoee Héhéhé, j'aime bien entretenir un peu de suspense
Je suis bien d'accord, Orpheus a connu mieux ! Cependant, je lui fait entièrement confiance pour apprendre à surmonter tout cela
Ce soir, je vous retrouve pour un chapitre 50 que j'ai un peu appréhendé d'écrire et beaucoup redouté de tourner, mais que j'avais hâte de partager
Charlotte avait réussi. De ce qu’elle pouvait voir, elle se trouvait bien dans le Corridor de Méphistophélès.
S’il était bien différent du sien, il ressemblait à s’y méprendre à celui d’Alexei. À moins que ce ne fût l’inverse : l’esprit maléfique avait après tout vécu avant le fils de Vladislaus.
La Brindletonienne constata alors l’absence de porte blanche, ce qui n’était pas normal. En effet, l’esprit étant encore relié au monde des vivants, cette porte aurait dû se trouver là et ne disparaître que lorsqu’il l’aurait empruntée – de gré ou de force – pour toujours. La théorie des mediums, que mamie Lagrise avait présentée lors du mariage de Lilith et Wotan, semblait juste : Méphistophélès avait bel et bien dû faire en sorte de détruire son seul accès vers l’Après. Mais comment y était-il parvenu ?
Pour cela, il n’y avait plus qu’une chose à faire.
Charlotte se concentra alors sur son environnement, tout comme elle l’avait fait lors de sa plongée spectrale au cœur de l’urne d’Alexei Straud.
Très vite, les images lui parvinrent, d’abord floues, puis de plus en plus nettes, jusqu’à l’envahir complètement…
[…]
Il y a bien longtemps, avant même l’arrivée de la princesse Cordélia dans ce pays, une guerre sans merci régnait entre les deux plus puissantes races occultes. Les vampires assoiffés se montraient sans pitié et les jeteurs de sorts rendaient coup pour coup. À cette époque, de nombreuses lignées s’éteignaient, tant d’un côté que de l’autre.
L’immense clan Cents en avait fait les frais. La famille qui régnait jadis en maître sur une grande partie du territoire était à présent presque anéantie. La jeune Rhiannon avait cependant réussi à échapper aux raids vampiriques et avait fui avec une partie de son ancien village sur les terres qui deviendraient plus tard Henford-on-Bagley dans le but de redonner à son clan le prestige d’antan.
Les années passèrent et Rhiannon Cents continuait à maintenir la sécurité du village, repoussant bravement l’envahisseur au cours d’illustres batailles durant lesquelles elle acquit le surnom de sorcière des forêts. Les villageois la tenaient en respect et en adoration.
Progressivement, le village se développait, accueillant de plus en plus de réfugiés de guerre. D’autres petits clans rejoignirent le clan Cents. Il pouvait s’agir aussi bien de jeteurs de sorts, comme le clan Simhara, dirigés par leur reine Hator, que de simples humains possédant le don de clairvoyance, à l’image du groupe mené par le jeune Cyrus Vatore.
Si beaucoup voyaient en Rhiannon une incarnation divine, il n’en était rien : la sorcière des forêts démentait constamment cette mystification, affirmant que sa prospérité venait avant tout du puits autour duquel son peuple avait élu domicile. Ce puits était magique et permettait d’exaucer les vœux.
Depuis toujours, une suivante d’Hator rêvait d’avoir un enfant. Cependant, malgré de nombreuses tentatives avec son époux, désormais mort lors d’une bataille contre les vampires, la dénommée Amara n’avait jamais obtenu ce qu’elle désirait le plus au monde. Le puits aux souhaits était pour elle une occasion unique de réaliser son rêve. Cependant, alors qu’elle avait enfin rassemblé son courage pour formuler son souhait, Rhiannon tenta de l’en empêcher.
– Le puits a ses propres émotions, Amara et il n’est jamais bon d’effectuer un souhait lorsqu’il est sous de mauvais auspices. Je t’en prie, sois patiente encore un peu.
Hélas, Amara n’écouta pas les conseils de Rhiannon.
Hors de question pour elle d’attendre la prochaine lune. Qui pouvait affirmer avec certitude quand le puits serait à nouveau favorable ?
La suivante d’Hator ne pouvait prendre le moindre risque de laisser échapper son vœu le plus cher, aussi se rendit-elle le soir même devant le puits, niant l’expression mécontente du visage qui y était accroché.
Lorsqu’elle l’apprit, Rhiannon était furieuse.
Il était toutefois trop tard pour faire machine arrière et la sorcière des forêts demanda de l’aide au clan des clairvoyants. Cyrus Vatore prophétisa que l’enfant d’Amara viendrait au monde contre la volonté du puits et que celui-ci se vengerait sur le nourrisson.
Contre toute attente, cette prédiction fut vite oubliée car Amara mit bientôt au monde un petit garçon en parfaite santé qu’elle nomma d’après son défunt époux : Radamès.
L’enfant du puits avait hérité la nature de jeteur de sorts par sa mère et plus le temps passait, plus Rhiannon percevait une grande magie en lui. Probablement pourrait-il un jour la seconder dans cette guerre occulte.
– Vous êtes trop forte ! J’aimerais vous affronter, quand je serai plus grand !
– Tu es pourvu d’un don immense, Radamès. Cela ne m’étonnerait pas qu’il surpasse le mien un jour.
Les années passèrent et Radamès grandit comme n’importe quel autre garçon de son âge. Bien qu’on ne lui eût jamais fait part de son ascendance particulière, il ressentait lui-même sa connexion avec le puits à souhaits.
Très vite, le village put profiter de cela car Radamès semblait parler directement au puits, lequel lui répondait par télépathie. Par ce biais, l’enfant parvenait à influencer l’humeur de l’artefact, participant à sa manière à la prospérité du village.
Malheureusement, la guerre continuait et les batailles se succédaient avec la même violence. Les sorciers capables de se battre étaient tous mobilisés, confiant la garde de leurs enfants aux humains. Bien qu’ayant un potentiel indiscutable, Radamès ne fut pas autorisé à participer aux affrontements.
Un jour, Amara agrandit les rangs des victimes de cette guerre et du jour au lendemain, Radamès se retrouva seul.
Hator Simhara, qui se sentait coupable de cette perte, prit l’enfant sous son aile et lui enseigna tout ce qu’elle savait. C’est ainsi qu’il rencontra Amneris, la fille d’Hator.
Les enfants grandirent et en vinrent à se marier sous la bénédiction de Rhiannon.
Mais Radamès et Amneris ne tardèrent pas à apprendre qu’Hator, de son côté, n’avait accepté cette union que par intérêt : sa lignée menaçant de s’éteindre, elle cherchait à en assurer la puissance en la mêlant à la puissante magie de l’enfant du puits. Pire encore : la mort d’Amara aurait pu être évitée, mais Hator l’avait abandonnée à son sort pour récupérer son fils.
– Vous vous êtes servie de nous, Mère ! Jamais je ne vous le pardonnerai !
– Tu le feras, ma fille, lorsque tu auras à ton tour des enfants et que la survie de notre lignée t’importera autant que moi.
Il y eut alors une altercation entre la mère, la fille et le gendre et, au matin, Hator avait perdu la vie dans un mystérieux incendie survenu chez elle.
Depuis ce moment, les soupçons germèrent autour de Radamès et Amneris. Étaient-ils responsables de l’incendie ? Quel avait été le contenu de cette altercation avec Hator ? Nul ne le sut jamais.
En revanche, il était certain que les jeunes mariés cherchassent à consolider leur union par un enfant. Les années s’écoulèrent mais sans le moindre résultat.
Furieux, Radamès interrogea le puits, qu’il jugeait responsable d’une certaine manière.
La sentence tomba alors : ayant lui-même été conçu par la magie, jamais il n’aurait d’enfant. La nature pouvait être trompée une fois ; pas plus.
Radamès ne pouvait accepter cela. Il possédait après tout un pouvoir prodigieux : pourquoi n’aurait-il pas le droit de le transmettre afin d’assurer la victoire des sorciers sur les vampires ?
Qu’à cela ne tienne. Il trouverait un autre moyen. Il en fit le serment. La nuit même, malgré les conseils de Rhiannon, Radamès et Amneris quittèrent le village.
Depuis lors, le couple de sorciers vécut à l’abri des regards indiscrets. Radamès seul n’avait aucune chance contre une armée de vampires et il lui était impossible de transmettre sa lignée. La seule option qu’il lui restait était de devenir encore plus puissant. Les enseignements de Rhiannon et d’Hator ne lui permettant pas cette prouesse, Amneris et lui se penchèrent sur un grimoire secret dérobé à la sorcière des forêts en personne. Un grimoire de magie noire.
Les années passèrent et Radamès et Amneris n’étaient toujours pas revenus au village. Cependant, les habitants de celui-ci disparaissaient progressivement sans jamais revenir. Rhiannon s’en inquiéta d’autant plus qu’elle avait fini par se rendre compte que son grimoire sur la magie sacrificielle avait été subtilisé de sa cachette. Il lui fallait retrouver l’enfant du puits au plus vite.
La sorcière des forêts n’eut toutefois pas à attendre très longtemps car le couple réapparut enfin au village.
Traversés par une énergie magique nouvelle, ils s’empressèrent d’aider les villageois dans leur survie. Rhiannon n’était pas dupe : il se dégageait à présent d’eux quelque chose de maléfique. Était-il possible que Cyrus Vatore eût autrefois raison sur cet enfant ?
– J'étais certain que cela arriverait tôt ou tard. J’avais averti Amara il y a bien des années. Cet homme causera notre perte à tous.
– Je refuse d’y croire. J’ai tout fait pour que cette prophétie ne se réalise pas.
– Les prophéties trouvent toujours leur chemin, Rhiannon.
Les véritables motivations de Radamès survinrent une lune après son retour. Si le puits ne pouvait lui accorder son désir le plus cher, à quoi bon continuer de compter sur lui ?
L’heure était venue pour Henford-on-Bagley de compter sur un nouveau réceptacle de cette magie si particulière. Un réceptacle cette fois-ci bien vivant et infaillible.
En absorbant l’intégralité de la magie du puits pour l’ajouter à la sienne, il deviendrait le sorcier le plus puissant ayant jamais vécu. Le sorcier dont tout le monde se souviendrait. Le fléau des vampires.
Lorsque Rhiannon arriva, il était déjà trop tard. Le puits n’était plus et Radamès était devenu un autre homme.
– Tu ne peux supporter autant de magie en toi, Radamès ! Elle te consumera jusqu’à ce qu’il ne reste rien de toi. Est-ce donc vraiment ce que tu souhaites ?
– Je ne peux peut-être pas contenir toute la magie du puits, mais je peux la partager. J’ai mené des expériences pour y parvenir, Rhiannon, tu peux me croire ! Tu es notre dirigeante. Laisse-moi te transmettre une partie de cette magie et ensemble, nous serons invincibles.
– À quel prix le serions-nous ? Tes « expériences » ont coûté la vie de bien trop de mes villageois. En mémoire de ta mère, je vais te laisser partir. Ne reviens plus jamais.
Radamès avait obéi mais nourrissait encore de sombres desseins. La sorcière des forêts avait vu juste : jamais il ne pourrait contenir à lui seul toute la magie du puits. Il lui était vital de se décharger auprès d’une autre personne prête à supporter avec lui toute cette force. Rhiannon, par sa qualité de puissante enchanteresse, eut été la candidate idéale mais puisqu’elle avait refusé sa proposition, il lui fallait changer ses plans.
– Donne-moi une partie de cette magie.
– Ce serait trop risqué, Amneris. Tu n’es pas assez puissante pour en supporter autant.
Son épouse avait alors insisté. Elle était après tout la descendante directe d’Hator Simhara et dernière héritière d’une très ancienne lignée de sorciers. Il était pour elle évident que sa condition puisse lui permettre de survivre à toute cette magie, aussi parvint-elle à convaincre Radamès.
Le couple avait néanmoins omis un détail : la lignée des Simhara était en voie d’extinction et n’avait plus rien de prestigieux depuis longtemps. C’était la raison pour laquelle Hator avait accepté d’unir sa fille à l’enfant du puits.
La magie quittait progressivement les veines des membres de cette famille depuis plusieurs générations, tout comme la vie quittait à présent Amneris, dont la soif de pouvoir avait causé la chute.
Radamès n’avait à présent plus rien à perdre. Si le village avait refusé son aide, alors il le laisserait à la merci des vampires.
Quant à Rhiannon Cents… Elle était responsable de la mort d’Amneris. Si elle avait accepté de partager le pouvoir du puits, jamais la dernière héritière du clan Simhara n’aurait connu un tel sort. Rhiannon devait payer et il s’en chargerait lui-même.
Comme si elle s’était attendue à cette tournure des événements, Rhiannon était venue à sa rencontre de son propre chef.
– C’est ici que nos chemins se séparent pour de bon, sorcière.
– Ne m’oblige pas à te neutraliser, Radamès. Je te connais depuis ta naissance. Ce village était ton foyer, il peut le redevenir.
– Jamais ! Cet endroit n’existe plus pour moi, et toi non plus. Ta lignée s’éteindra avec toi tout comme l’a fait celle d’Amneris.
Ainsi donc, la prophétie de Cyrus Vatore prit tout son sens. Amara avait forcé le destin à lui offrir un enfant et voilà comment le puits prenait sa revanche.
Le combat éclata, chacun des partis déterminé à anéantir l’autre.
Radamès comptait sur la magie du puits pour l’emporter, mais c’était sans compter sur l’ancienne lignée Cents qui apporta la victoire à Rhiannon.
– Ta magie est maintenant scellée. Repens-toi, il n’est pas trop tard.
– Tu ne m’as bloqué que momentanément, je le sais. Mais mes pouvoirs sont bien trop puissants. Ils reviendront. Après quoi, je réduirai ce si précieux village en cendres avant de m’occuper des vampires. Cette guerre ne connaîtra pas d’autre gagnant que moi, tu m’entends ? Moi et moi seul !
Rhiannon n’avait plus d’alternative possible. Tant qu’il vivrait, Radamès constituerait une menace non pas pour le village uniquement, mais pour le monde. Dévastée, la sorcière des forêts se résigna à prononcer la sentence de l’enfant du puits.
La suite juste en dessous
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