Tu vas avoir la réponse à ta question dans cette suite, @Ada .
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6. Dépasser les limites
En début de soirée, alors qu’elle écoute de la musique dans sa chambre, Solène reçoit un SMS inattendu : " Mes parents sont partis, mon frère est avec ses potes, et Danny m’autorise à inviter qui je veux, ça te dit de venir dormir chez moi ? Morgan "
Solène sort de sa chambre, à la recherche de son père. Mais elle ne le voit nulle part.
-" Karine, où est Papa ?
- Il remplace un collègue du service de nuit. Il ne rentrera que demain matin.
- Ah. Il faut que je lui dise un truc, c’est urgent.
- Et bien, tente Karine, tu peux peut-être me le dire…
- Hier, j’ai rencontré une fille, Morgan Fyres, elle habite la maison à côté de chez nous. Elle m’invite à dormir chez elle ce soir. Du coup je voulais prévenir Papa que je vais chez elle.
- Mais il me semble que ton père ne te laisse pas sortir tous les soirs… Et tu es déjà sortie hier… Donc je ne suis pas sûre qu’il t’aurait laissé y aller.
- Qu’est-ce que tu veux dire, là ?, s’énerve Solène. Que je ne peux pas y aller ?
- Je veux juste dire que je préférerais que ton père donne son avis sur le sujet. Tu peux très bien aller dormir chez ton amie demain, si ton père est d’accord. Et ce soir, on peut regarder un film toutes les trois, on préparera du pop-corn.
- Non mais j’hallucine, tu crois que j’ai huit ans ? Morgan habite juste à côté et sa Nanny sera présente, qu’est-ce que je risque franchement ?
- Je n’en sais rien, on ne les connaît pas.
- De toutes façons, que tu le veuilles ou non, j’irai quand même, tu ne peux pas m’en empêcher !
- Solène, change de ton s’il te plaît ! Tu es sous ma responsabilité, et je te demande de rester ici ce soir !
- Alors là, c’est hors de question !
- Solène, j’ai été très patiente, mais là tu dépasses les bornes ! s’agace Karine. Je suis fatiguée de tes crises permanentes !
- Eh bien tu n’as qu’à partir ! "
Karine encaisse le coup de ces mots qui la blessent. Face à elle, Solène reste inflexible, le regard dur. Karine regrette vraiment que Luke soit absent, même si elle sait qu’elle doit s’affirmer face à l’adolescente.
-" Ça suffit, tu vas beaucoup trop loin ! Tu es privée de sortie !
- Mais bien sûr ! Primo, tu n’es pas ma mère, donc tu ne peux pas me punir. Et secundo, je suis assez grande pour aller dormir chez une amie sans avoir la permission de Papa, donc j’y vais, un point c’est tout. "
Solène part alors préparer ses affaires dans sa chambre, sans oublier de claquer la porte au passage. Karine ne peut s’empêcher de verser quelques larmes de colère, de frustration, et de tristesse, aussi. Elle aurait dû écouter ses amies, qui lui disaient qu’elle était folle de quitter son travail, son appart’, bref, toute sa vie, pour s’installer avec un homme plus âgé et surtout père de deux ados. Mais elle aime tellement Luke qu’elle a foncé tête baissée. Elle avait pourtant compris, lorsqu’elle allait chez Luke, que Solène était réticente à sa présence. Mais naïvement elle avait pensé que la jeune fille finirait par l’apprécier lorsqu’ils habiteraient tous ensemble...
Quelques minutes plus tard, Solène quitte la maison sans un mot et sans un regard en arrière.
Dans sa chambre, Jade a évidemment tout entendu. Mais elle a préféré ne pas intervenir. Après tout, cette dispute ne la concernait pas. Mais elle est quand même déçue de l’attitude de sa sœur. Pas seulement à cause de sa colère envers Karine, mais surtout parce qu’elle est partie sans même lui dire au-revoir.
Jade décide d'aller voir Karine, mais celle-ci n'est plus dans la cuisine. Elle sort quelques instants plus tard de la salle de bains. En apercevant Jade, elle détourne la tête et s’essuie discrètement les yeux. Jade s’en aperçoit, et malgré le lien très fort qui l’unit à sa sœur, elle ne peut s’empêcher de prendre parti pour sa belle-mère.
-" Je suis désolée, Karine. Solène n’aurait pas dû te dire tout ça.
- Tu n’as pas à être désolée, tu n’es pas responsable des paroles et des actes de Solène.
- Je sais mais… C’est ma sœur…
- Justement, c’est ta sœur, ce n’est pas toi. Ceci dit, j’imagine que cette situation est difficile pour toi aussi.
- Oui, c’est sûr, soupire Jade. Mais ce n’est pas par rapport à toi. C’est juste que…j’aimerais qu’on passe de bons moments...sans se prendre la tête…
- Oui, moi aussi.
- Et du coup…, continue Jade, est-ce qu’on peut quand même regarder un film même si on n’est que toutes les deux ? J’ai lancé la machine à pop-corn...
- Avec plaisir. ", répond Karine, profondément touchée par la délicate attention de Jade.
Pendant ce temps, de l’autre côté de Windenisle, Bahn essaie de convaincre ses amis de le suivre à l’intérieur d’un grand jardin.
-" Allez, venez, ça va être marrant.
- Ah non, désolé mec, mais là ce sera sans nous. On va se faire prendre, c’est obligé !
- Ok, vous n’avez qu’à partir, j’ai pas envie de m’embarrasser de chochottes dans votre genre."
Resté seul, Bahn commence à mettre son plan à exécution.
-" Je sens que ça va être dément. Du grand art. Ils vont avoir une belle surprise en se levant demain matin. Alors, un peu de bleu de ce côté… et un peu de rouge par là… Hum, y a pas à dire, je suis un artiste."
Bahn est si concentré qu’il n’entend pas l’homme qui s’approche discrètement de lui.
-" Je peux t’aider, jeune homme ?
- Ah, vous m’avez fait peur !
- Oh, tu m’en vois bien désolé… En fait, non, je ne suis pas désolé du tout. Et je t’arrête pour entrée par effraction et dégradation d’une propriété privée.
- Quoi ? Vous ne pouvez pas faire ça !
- En fait, si, je peux.
- Mes parents sont Moïra et Dominic Fyres, les producteurs de cinéma, ils sont très riches et très influents ! Ils vont appeler leur avocat et dans une heure maxi vous me présenterez des excuses pour m’avoir arrêté sans raison !
- Oh, tu es donc le fils de Moïra et Dominic Fyres ! Allez, suis-moi, ne m’oblige pas à te passer les menottes."
Mais Bahn n’a pas envie d’être conciliant, bien au contraire.
-" D’abord, qu’est-ce qui me prouve que vous êtes un vrai policier ?
- Euh, ma plaque de police.
- Ouais, mais je ne vous ai jamais vu à Windenburg, alors ça pourrait très bien être une fausse plaque.
- Je n’arrive pas à déterminer si tu m’énerves ou si tu m’amuses. Mais pour ton information, je suis le Lieutenant Tanier.
- Tanier ? Comme Solène et Jade Tanier ?
- Il va falloir que tu développes, là.
- Je les ai rencontrées hier. En boîte de nuit. C’est Sofia qui nous les a présentées. Du coup, vous voyez, je suis un ami de vos filles. Elles sont vraiment sympas. Je suis sûre qu’elles tiennent ça de vous.
- Bon, cette comédie a assez duré, je t’amène au commissariat.
- Et mince. "
Wouarf,Bahn qui se fait prendre par le père de ses copines
Je ne suis pas sûre que le lieutenant sera ravi d'apprendre que sa fille dort là-bas,et qui plus est en ayant bravé l'interdiction de sa belle-mère!
Pas facile pour Karine,heureusement que Jade est plus douce et conciliante que la bouillante Solène
Oh, @Elinoee et @Ada, vous êtes sans pitié pour ce pauvre Bahn ! Par contre je vois que Karine vous attendrit beaucoup plus . Pour être honnête, je l'aime bien moi aussi, donc je peux d'ores et déjà vous dire qu'elle ne va ni partir en bateau pour sauver une communauté en danger, ni travailler dans un mystérieux manoir, ce qui devrait vous rassurer . ! En tout cas, merci pour vos commentaires .
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7. Remontrances parentales
Le lendemain matin, Morgan et Solène discutent joyeusement en prenant leur petit déjeuner.
Danny entre dans la pièce, l’air soucieux.
-" Les filles, il faut que je vous dise. Bahn a été arrêté hier. Par ton père, ajoute-t-elle en se tournant vers Solène.
- Quoi ?, s’exclame Morgan tout en songeant « oh, Bahn, je t’avais dit de faire attention ».
- Visiblement, il est entré par effraction dans le jardin des Villareal.
- Et il est en prison ?
- Non, quand même pas, tes parents sont rentrés de Del Sol Valley et ils ont immédiatement appelé leur avocat, explique Danny. Ils sont actuellement en train de revenir tous les trois du commissariat. Mais Bahn va devoir se présenter devant un juge dans quelques jours.
- Devant un juge ? C’est grave, alors !
- Visiblement il est soupçonné d'être l'auteur des graffitis qui fleurissent un peu partout en ville. Mais la police n'a aucune preuve. Est-ce que toi tu sais quelque chose ?
- Non, pas du tout ", ment Morgan.
Solène décide de laisser la famille Fyres tranquille, et rentre chez elle. Où son père, malgré sa fatigue de la nuit, l’attend de pied ferme.
- " Ah, te voilà. Où étais-tu ?
- Je suis sûre que tu le sais très bien, marmonne Solène. J’étais chez Morgan Fyres. Il paraît que tu as rencontré son frère hier ?
- Je ne suis pas là pour parler de ça. J’aimerais savoir pourquoi tu es sortie sans mon autorisation.
- Papa, j’étais dans la maison d’à côté !
- Rectification : dans la maison d’un délinquant !
- Oh, tu exagères, et puis je n’étais pas avec Bahn, mais avec sa sœur ! On a mangé des bonbons et on a discuté une bonne partie de la nuit. Et après on a dormi. Rien d’illégal à ce que je sache.
- Solène, tu me déçois énormément. Tu as fait beaucoup de peine à Karine.
- Oh, elle s’en remettra…
- Tu as également blessé ta sœur avec ton attitude !
- Quoi ? Je ne voulais pas…", répond Solène visiblement troublée. Elle n’avait jusque là pas réalisé qu’elle était partie sans dire au-revoir à Jade. Ce qui n’était encore jamais arrivé...
-" Solène, cela fait des mois que nous supportons tes remarques et ta mauvaise humeur dès que Karine est là, mais c’est terminé. Si tu es si malheureuse avec nous, je t’envoie chez ta tante Linda jusqu’à la rentrée, tu l’aideras à s’occuper de sa ferme et à vendre ses produits sur les marchés dès 6h du matin !
- Non, Papa, ne fais pas ça… Je suis bien ici.
- Alors tu as intérêt à changer ton comportement. Et tu vas avoir le temps d’y réfléchir, car tu es assignée à résidence jour et nuit pendant une semaine.
- Une semaine ?
- Tu préfères deux semaines ?
- Non, non, c’est bon."
De son côté, Bahn n’en mène pas large non plus. Ses parents n’ont pas voulu faire d’esclandre avant d’être à l’abri des regards. Mais aussitôt rentrés, ils ont tenu à avoir une petite conversation avec leur fils avant de repartir pour Del Sol Valley.
-" Bahn, tu peux nous expliquer pourquoi tu as vandalisé le jardin de Jacques Villareal ?, commence Dominic Fyres.
- Je ne l’ai pas vandalisé, j’ai juste ajouté un magnifique graffiti que je n’ai même pas eu le temps de terminer, alors que cela devait être une grande œuvre d'art, répond Bahn.
- Ne sois pas insolent, réplique Moïra. Tu crois que ça nous amuse d’avoir été obligé d’aller te récupérer au Commissariat ? Sans parler de ce que la presse va en dire… Notre réputation va en prendre un coup.
- Évidemment, il n’y a que ça qui compte… Votre réputation…, marmonne Bahn.
- Tu es injuste, répond Moïra, ton père et moi avons toujours veillé à ce que vous ne manquiez de rien ta sœur et toi. De nombreux enfants aimeraient être à votre place."
Bahn se tourne vers son père, qui hoche la tête pour approuver les paroles de Moïra.
Bahn ne sait pas s’il doit en rire ou non. Quand il était petit, il a entendu plusieurs fois ses parents se vanter dans des interviews d’avoir réussi professionnellement tout en s’occupant de deux enfants d’âge rapproché. Ce que ses parents se gardaient bien de dire, c’est que leur définition de " s’occuper " se réduisait à des cadeaux par dizaine pour combler leur absence. Et aujourd’hui, il a bien envie de le leur rappeler.
-" Mais comment vous savez qu’on ne manque de rien ? Vous n’êtes jamais là !
- Oh, alors c’est donc ça, s’exclame Moïra, tu as fait ça juste pour te faire remarquer afin qu’on rentre à la maison !
- Mais non, pas du tout, j’ai fait ça parce que… j’en sais rien, c’était marrant !
- Marrant ?, gronde Dominic, tu trouves que se faire arrêter est marrant ? Tu es encore plus stupide que je ne le pensais !
- Je ne pensais pas que j’allais me faire arrêter.
- Tu vois, c’est bien ça le problème, tu ne penses pas ! ", continue Dominic.
Bahn lui lance un regard noir, mais ne réplique pas. Il a l’habitude de subir les petites remarques dévalorisantes de son père. Au début, cela lui faisait mal, mais à présent cela ne l’atteint même plus. Il se contente donc de hausser les épaules.
-" C’est bon, j’ai compris, la prochaine fois je serai plus prudent, marmonne-t-il.
- Ah non, il n’y aura pas de prochaine fois ! Tu as intérêt à te tenir à carreau, ou tu quitteras cette maison le jour de tes 18 ans sans un Simflouz en poche !
- Vous n’avez pas le droit de faire ça !, s’écrie Bahn. En plus ça nuirait à votre réputation, comme vous dites…
- Oh non, pas autant que d’avoir un fils en prison !, répond Moïra sans la moindre trace de sarcasme.
- Tant que tu vivras sous notre toit, poursuit Dominic, tu dois suivre nos règles. À présent, ta mère et moi devons retourner travailler. Nous reviendrons le jour de ton audience devant le juge. Et d’ici là, essaie de développer tes neurones plutôt que tes pseudo talents artistiques... Des graffitis, pff…"
Après le départ de ses parents, Bahn ne parvient pas à chasser le souvenir de son arrestation de la veille… son arrivée au Commissariat… l’interrogatoire… et ensuite l’interminable attente en cellule…
Et même s’il ne l’avouera à personne, pas même à sa sœur, il appréhende la décision que prendra le juge.
Pauvre Bahn,il me fait mal au coeur
Ses parents ne sont vraiment pas tendres. On ne peut pas dire qu'ils respirent l'amour pour leurs enfants ceux-là
Solène s'est bien fait gronder aussi,mais c'était mérité
Pauvre Bahn,il me fait mal au coeur
Ses parents ne sont vraiment pas tendres. On ne peut pas dire qu'ils respirent l'amour pour leurs enfants ceux-là
Solène s'est bien fait gronder aussi,mais c'était mérité
Effectivement @Ada, c'est pas cool mais amplement mérité .
Tu as raison @Elinoee , Bahn n'a pas des parents très attentionnés...ce qui explique sans doute pas mal de choses dans son attitude .
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8. Perspectives
Depuis leur emménagement à Windenisle, Karine peint chaque jour de nouveaux tableaux. Luke lui avait promis qu’elle trouverait un nouveau travail dès qu’ils auraient emménagé, mais en cette période estivale, ce n’est pas aussi facile. Et puis, elle a envie de profiter de ce nouveau départ pour envisager une reconversion professionnelle. Mais cela demande un minimum de réflexion guère compatible avec la présence de Solène qui erre comme une âme en peine dans la maison. Même si la jeune fille ne lui fait aucun reproche, on ne peut pas dire qu’elle soit particulièrement amicale pour autant.
Les murs de la maison sont assez vides, aussi elle décide d’exposer certaines de ses œuvres afin d’égayer un peu les lieux. Luke n’hésite pas à venir la féliciter avant de partir au travail.
-" Ce tableau est magnifique, ma chérie.
- Merci, je l’aime beaucoup moi aussi.
- Tu as prévu quelque chose aujourd’hui ?
- Oui, Clara va venir me voir dans la matinée. Depuis le temps qu’on dit qu’on doit prendre un café ensemble…
- Oh, je suis sûr que vous allez vous entendre. Et tu vas connaître tous les potins de Windenburg !"
Deux heures plus tard, Clara arrive alors que Karine est en train de peindre, installée comme d’habitude dans l’entrée pour profiter de la lumière des grandes baies vitrées et du paysage environnant.
-" Karine, c’est superbe ce que tu peins !, s’exclame Clara. Tu as un vrai talent !
- Oh, merci, mais en vérité je ne suis qu’une amatrice…
- Non, non, crois-moi, je me suis toujours intéressée à l’art, et je peux te dire que cette toile dégage une vraie émotion. Tu en as peint beaucoup d’autres ?
- Quelques-unes, j’en ai accrochées certaines dans la maison, mais la plupart prennent la poussière dans un placard…
- Je peux les voir ?
- Bien sûr."
Karine présente ses tableaux à Clara, notamment celui qu’elle a accroché dans le salon.
Cette dernière semble très intéressée, mais soudain elle annonce à Karine qu’elle doit passer un appel. Karine retourne auprès de son chevalet pour nettoyer ses pinceaux avant que la peinture ne sèche.
Lorsque Clara revient quelques minutes plus tard, un large sourire illumine son visage.
-" Viens, on va faire un tour à Windenburg, dit Clara d’un air mystérieux.
- Quoi ? Pourquoi ?, s’étonne Karine.
- Tu verras."
Karine tente de poser des questions pendant le trajet mais Clara refuse d’y répondre. Elle est en revanche intarissable sur tous les potins de la ville, comme l’avait annoncé Luke.. Arrivée au port, Karine suit son amie dans le quartier du Vieux Windenburg.
-" Et voilà, nous y sommes, annonce Clara.
- Je crains de ne pas comprendre, dit simplement Karine en regardant autour d’elle.
- Voici la galerie d’art de l’un de mes amis. L’été il voyage à bord de son voilier, et il me laisse les clés pour que je vienne aérer de temps en temps. Viens, allons à l’intérieur."
Les deux femmes entrent. La galerie est déserte, et les demi-murs qui occupent la vaste pièce sont vides.
-" Je ne comprends toujours pas pourquoi on est là, dit Karine en regardant autour d’elle.
- Parce que si tu le souhaites, mon ami est d’accord pour que tu exposes et vendes tes tableaux ici pendant son absence, explique Clara. Sauf si tu préfères les garder dans ton placard.
- C’est une plaisanterie ?
- Oh non, pas du tout. Tu as un vrai talent, Karine, j’en suis persuadée. Et je suis certaine que d’autres personnes auront le même avis que moi.
- Mais… Je ne sais pas… Je n’ai jamais vendu mes tableaux dans une galerie…
- Cela ne te coûte rien d’essayer. Voici les clés. Libre à toi de saisir cette chance...ou pas."
De retour chez elle, Karine ne cesse de repenser à la proposition de son amie. Alors qu’elle n’avait jamais pensé à exposer ses tableaux, cette idée occupe à présent tout son esprit. Et l’après-midi, elle fait appel à un service de livraison express pour emporter ses meilleures toiles à la galerie. Elle a très envie d’installer quelques tableaux sur les murs, juste pour voir l’effet produit.
-" C’est pas mal…, sourit-elle. Ça rend même vraiment bien."
Avec les punitions de Solène d’un côté et de Bahn de l’autre, Jade et Morgan ne sont pas sorties de chez elles depuis plusieurs jours, comme si elles étaient punies elles aussi.
C’est finalement Sofia qui leur propose de se retrouver toutes les trois pour se changer les idées. Ses parents se sont encore disputés la veille et elle sent qu’elle a besoin de prendre l’air, mais elle se garde bien d’en parler lorsqu’elle appelle ses amies. Les filles décident d’aller dans un coffee shop du Vieux Bourg.
D’un tempérament studieux, Jade pose quelques questions à Morgan et Sofia sur le lycée de Windenburg, afin d’en savoir plus sur les profs, les devoirs, les examens… Rapidement, Morgan et Sofia évoquent leurs souvenirs, et Jade comprend que ses amies n’ont pas vraiment les mêmes critères qu’elle quand il s’agit d’évaluer le lycée...
Soudain, alors que Sofia va chercher sa commande, Morgan aperçoit la fille qui était en boîte en nuit.
D’un bond, elle se lève de table et va s’asseoir à côté de la fille.
-" Dis donc, Luna, t’es pas gênée de te pointer ici !, s’exclame Morgan avec fureur.
- J’ai parfaitement le droit d’être ici ! Si ça te dérange, tu n’as qu’à aller t’asseoir ailleurs !
- Tu devrais avoir honte, à cause de toi mon frère a été arrêté par les flics !
- Eh, je n’y suis pour rien !
- Ah ouais, continue Morgan, je suis sûre que c’est toi qui les as appelés quand tu as vu mon frère dans votre jardin.
- Je n’ai rien vu du tout, et je n’ai appelé personne. On a un système de vidéo-surveillance et une alarme qui avertit automatiquement le commissariat en cas d’intrusion.
- Pff, tu as vraiment réponse à tout, Miss Parfaite. Mais quoi que décide le juge, je t’en tiendrai pour responsable. Alors j’espère pour toi que…"
Morgan ne termine pas sa phrase. L’éventualité, bien que peu probable, que son frère aille en prison la bouleverse. Ce qu’elle ne veut surtout pas montrer à Luna, ni même à ses amies.
-" Bref, reprend Morgan, si Bahn a des ennuis, il te faudra plus qu’une alarme pour te sentir en sécurité !"
Et après avoir jeté un dernier regard noir à Luna, Morgan rejoint fièrement ses amies à leur table.
-" Je ne supporte pas cette fille, dit-elle en s’asseyant.
- Qui est-ce ?, demande Jade, visiblement surprise par la scène à laquelle elle vient d’assister.
- Luna Villareal, répond Sofia, c’est l’ennemie jurée de Morgan. Personne ne sait pourquoi Morgan la déteste autant d’ailleurs.
- J’en sais rien, dit Morgan, c’est physique, elle m’énerve dès que je la vois. Elle est tellement, tellement…" Morgan modifie alors sa voix et fait semblant de pleurnicher : "Regardez-moi, je suis la pauvre Luna, ma vie est tellement triste et tout le monde s’apitoie sur mon sort, alors les profs me donnent de super bonnes notes et me défendent dès que la méchante Morgan m’embête...
- Quand même, la coupe Jade, c’est pas très sympa ce que tu lui as dit. Ce n’est pas de sa faute si ton frère est entré chez elle par effraction.
- Tu te prends pour ton père ? ", demande Morgan en lui jetant un regard noir.
Jade préfère ne pas répondre pour ne pas envenimer la situation. Mais elle réalise qu’elle n’a sans doute pas beaucoup de points communs avec Morgan. Elle décide d’en parler à Solène dès qu’elle rentre chez elle une heure plus tard.
-" Alors, c’était bien cette sortie ?, s’enquiert Solène.
- Oui, mais… Qu’est-ce que tu penses de Morgan ?
- Elle est vraiment cool. J’ai passé une super soirée quand on j’ai dormi chez elle.
- Hum... Et elle t’a parlé d’une certaine Luna Villareal ?, demande prudemment Jade.
- Pas trop, elle m’a juste dit que c’est la Miss Parfaite de Windenisle. Je crois qu’elle ne l’aime pas trop.
- C’est le moins qu’on puisse dire…, répond Jade. Elle s’est disputée avec elle au coffee shop. Elle l’a accusée d’être responsable de l’arrestation de Bahn, elle était vraiment furax !
- Elle a sûrement ses raisons. En tous cas, ce ne sont pas nos affaires, et ce n’est pas ce qui m’empêchera de revoir Morgan dès que ma punition sera levée !", conclut Solène.
En rentrant du travail, Luke s’étonne de l’absence de Karine. Mais un SMS de sa compagne le rassure aussitôt : "Je suis dans le Vieux Bourg. Je te raconterai tout à mon retour !"
Jade et Solène discutent dans le solarium, et Luke choisit de ne pas les déranger. Il se rend dans sa chambre et s’installe sur son ordinateur. Il sort sa clé USB, dissimulée dans un tiroir, et commence à lire le dossier qu’il a téléchargé au commissariat.
-" Age de la victime : 39 ans. Cause du décès : asphyxie.
Aucun témoin : les enfants étaient à l’école, le mari sur son lieu de travail (alibi vérifié).
Les prélèvements effectués sur les lieux n’ont rien révélé, à part un bouton de chemisier qui ne comportait qu’une empreinte partielle qui n’a pas pu être identifiée.
Après deux ans d’investigations qui n’ont rien apporté de plus, l’affaire est classée sans suite jusqu’à ce que tout nouvel élément permette de relancer l’enquête."
Luke est surpris : le rapport ne comporte que ces quelques lignes ?
Mais il n’a pas l’intention d’en rester là pour autant. Après tout, bien que tout le monde l’ignore, c’est pour enquêter sur cette affaire qu’il a demandé sa mutation au commissariat de Windenburg.
Ah,je me demande s'il s'agit d'une enquête sur le décès de la mère de Luna Villareal Hâte de voir ce que Luka va découvrir...
Morgan est quand même sacrément peste dis donc,et Solène ne demande pas grand chose pour le devenir vraiment elle aussi!
Heureusement que Jade relève un peu le niveau
C'est chouette pour Karine qu'elle ait pu exposer ses toiles,j'espère qu'elle aura du succès
Super pour Karine, elle pourra percer en art!
Mystérieuse Luna, il doit y avoir d'autre raison de pourquoi Morgan la déteste tant...
Humm j'ai hâte d'en savoir plus sur l'affaire que Luke examine
C’est vrai, @Elinoee , que Morgan a un côté peste assumé. Quant à l'affaire sur laquelle enquête Luke, je constate que tu comprends vite (plus vite que l'avancée de mon scénario ).
@Ada, peut-être que Luna est une victime de Morgan ? Ou peut-être qu'elle l'a bien cherché ! Tu en sauras plus bientôt . Par contre, pour l'affaire de Luke, il va falloir patienter un peu (cela vous laissera le temps d'émettre des théories !).
Encore une fois, merci à vous deux de lire et commenter cette petite histoire, cela me motive pour écrire la suite .
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9. De bonnes décisions
Une semaine après son arrestation, il est l’heure pour Bahn de se présenter devant la juge.
Il est assisté par Maître Garon, l’avocat de sa famille, assis à sa gauche. De l’autre côté se trouve Maître Rocher, qui représente Jacques Villareal. Un peu à l’écart, la greffière retranscrit le contenu de cette audience. Moïra et Dominic sont assis dans le couloir, à l’extérieur du bureau.
La juge relit le dossier de Bahn, puis se tourne vers le jeune homme.
-" Monsieur Fyres, reconnaissez-vous être entré par effraction chez M. Villareal et avoir saccagé le perron de sa maison avec de la peinture ?
- Oui, Madame la juge, répond Bahn comme le lui a indiqué son avocat lors de la préparation de l’audience.
- Bien. Pouvez-vous expliquer ce qui a motivé votre geste ?
- Mon client est jeune, répond Maître Garon. Il ne s’agit que d’une bêtise d’adolescent qui ne se reproduira plus.
- Vraiment ?, demande la juge. Nous avons des raisons de croire que M. Fyres n’en est pas à sa première….bêtise, comme vous dites.
- Aucune preuve n’a été apportée au dossier, Madame la juge. Par conséquent, mon client est présumé innocent des faits qui pourraient lui être reprochés.
- En effet, répond la juge. Mais pour l’affaire qui nous concerne aujourd’hui, votre client reconnaît lui-même sa culpabilité. Maître Rocher, voulez-vous ajouter quelque chose au nom de votre client ?
- Oui, Madame la juge : M. Jacques Villareal a subi un préjudice qui l’a profondément affecté. Comme nous le savons tous, M. Villareal est gravement malade, et il sort très peu de chez lui. Avec cette intrusion, il craint aujourd’hui pour sa sécurité et celle de sa famille !, s’exclame Maître Rocher en se tournant vers Bahn.
- Je n’ai jamais voulu leur faire de mal !, s’écrit spontanément Bahn. Jamais je ne serais entré dans la maison !
- Merci pour cette précision, Monsieur Fyres, répond la juge. Bien, il est temps pour moi de prononcer un verdict. Pour les faits d’entrée par effraction et de vandalisme dans une propriété privée, je condamne M. Bahn Fyres à une amende de 5 000 Simflouz et à 50 heures de travaux de jardinage dans la propriété de M. Jacques Villareal, à effectuer dans un délai maximal de 30 jours.
- Des travaux de jardinage ?, s’étonne Bahn en se tournant vers son avocat.
- Oui, lui répond la juge, j’aurais pu vous demander d'effacer les graffitis qui ont été faits en ville, mais les bénévoles de l’Association des Défenseurs de l’Histoire de Windenburg s’en sont déjà chargés. Quant au perron de M. Villareal, il a été nettoyé par une entreprise spécialisée le jour-même. Bref, lors de l’instruction du dossier, je me suis rendue chez M. Villareal, et j’ai été frappée par l’état d’abandon du jardin potager qui se trouve un peu à l’écart de la propriété. Il s’avère que… Enfin, peu importe. M. Villareal souhaitait faire appel à un professionnel, mais… Comme Maître Rocher l’a évoqué, il est malade, et ce jardin n’est pas sa priorité. C’est donc à présent la vôtre, conclut-elle en se tournant vers Bahn qui ne s’attendait visiblement pas une telle sentence.
- Cette peine me semble tout à fait acceptable, Madame la juge, sourit Maître Rocher.
- En effet, approuve Maître Garon, et nous remercions Madame la juge pour sa clémence.
- Bien entendu, M. Fyres, vous n’aurez le droit de vous rendre que dans l’enceinte du jardin potager, précise la juge. Il vous est interdit de franchir le portail qui mène à la maison. Auquel cas nous nous retrouverions de nouveau dans ce bureau...et je serais beaucoup plus sévère à votre encontre.
- Oui, Madame la juge, vous pouvez me faire confiance", répond Bahn.
Comme elle l’avait annoncé, Solène se rend chez son amie Morgan dès qu’elle est de nouveau autorisée à sortir, ce qui correspond au jour de l’audience de Bahn. Elle souhaite, selon ses propres mots, apporter son soutien moral à Morgan qui se retrouve seule avec Danny.
Elle propose à Jade de l’accompagner, mais cette dernière préfère décliner l’invitation. Elle n’a pas envie d’entendre Morgan défendre son frère en dépit du bon sens.
Alors que l’après-midi est déjà bien avancé, elle décide de se rendre au Spa situé sur la presqu’île, afin de profiter d’un massage.
Alors qu’elle traverse la salle du snack attenant au Spa, elle aperçoit Luna seule à une table.
Elle s’assied face à elle et engage la conversation.
-" Salut, tu es Luna, c’est ça ?, commence-t-elle. Je m’appelle Jade. J’ai emménagé récemment à Windenisle.
- Euh, comment tu me connais ?, s’étonne Luna.
- J’étais au coffee shop il y a quelques jours, avec Morgan. Quand elle t’a hurlé dessus.
- Oh, tu es une amie de Morgan ?
- Oui, enfin non. Disons que c’est plus une amie de Solène, ma sœur jumelle.
- Tu ne devrais pas me parler alors, répond Luna d’un ton neutre, sinon Morgan va t’en vouloir.
- Je crois que je me fiche pas mal de ce qu’en pense Morgan, sourit Jade. J’ai détesté la façon dont elle t’a parlé. Tu n’y es pour rien si son frère fait n’importe quoi.
- Ouais, c’est clair, mais bon, j’ai l’habitude. Morgan adore faire son numéro pour se faire plaindre, et comme en plus ça marche, elle a fini par prendre la grosse tête ! "
Les deux filles éclatent de rire.
-" C’est bizarre, reprend Jade, elle a dit que c’est toi qui aimes te faire plaindre. Que c’est pour ça que tu as de bonnes notes…
- J’ai de bonnes notes parce que j’apprends mes cours, s’agace Luna. Si Morgan passait plus de temps à faire ses devoirs plutôt qu’à traîner en ville, elle pourrait avoir de bonnes notes aussi !
- Oui, j’ai l’impression qu’elle aime beaucoup beaucoup sortir, confirme Jade.
- Tu me disais que ta sœur est son amie ?
- Oui, soupire Jade. Cela me fait bizarre. Bien sûr, nous avons toujours eu des amis différents, ma sœur et moi, mais cette fois… J’ai l’impression que ma sœur s’éloigne vraiment de moi…"
Jade reste un instant silencieuse, le regard dans le vide. Elle réalise qu’elle ne connaît pas Luna et pourtant elle n’a pas peur de se confier à elle.
-" Ce qui est difficile, reprend-elle, c’est que… J’ai déjà perdu ma mère… Et là j’ai peur de perdre aussi ma sœur...
- Ta mère est décédée ?, demande Luna.
- Oui… Il y a cinq ans…
- Vraiment ? Moi aussi j’ai perdu ma mère ! C’était il y a trois ans…
- Oh… Alors ça nous fait un autre point commun…, conclut Jade en souriant faiblement. Enfin bref, on vient d’emménager ici, et je ne connais personne...
- Eh bien, maintenant tu me connais moi ! Enfin, si tu n’as pas peur de traîner avec la Miss Parfaite de Windenisle…et de devenir à ton tour l’ennemie de Morgan...
- Eh bien, je prends le risque ! "
En cette fin de journée, Luke et Karine se retrouvent seuls pour le dîner, Jade et Solène ayant chacune téléphoné à leur père pour demander l’autorisation de rentrer après le repas afin de passer un peu plus de temps avec leurs amies respectives. Luke a bien sûr accepté, car il est plutôt soulagé que ses filles se soient intégrées si rapidement dans leur nouvelle vie.
-" Alors, Chérie, tu as pris ta décision au sujet de la galerie ?
- Non, pas encore. Je… J’ai peur d’exposer mes tableaux… C’est un peu comme si je m’exposais moi-même…
- Oui, sans doute, mais je suis certain que ça en vaut la peine.
- Je sais, soupire Karine, mais je ne suis pas certaine de supporter la critique en ce moment…
- Mais la critique peut être positive...et cela te ferait beaucoup de bien.
- C’est vrai… Mais pour l’instant, je ne me sens pas prête…
- Alors prends le temps qu’il te faut. Et tu sais que, quelle que soit ta décision, je serai là pour toi."
Encore un chapitre très intéressant!
Bahn va donc devoir jardiner chez les Villareal: ça sent le rapprochement avec Luna et la miss Morgane pas contente D'autant plus que Jade a l'air de se lier avec Luna. Effectivement les jumelles semblent de plus en plus différentes et de moins en moins proches l'une de l'autre...
5000$ et des travaux de jardinage chez M. Jacques Villareal, alors là, je ne m'attendais pas à ça, pauvre Bahn
Je trouve que c'est une bonne punition quand même! J'espère que Bahn ne va pas, par inadvertance, franchir le portail qui mène à la maison Villareal...
Jade amie avec Luna, on pourra donc en savoir plus au sujet de Luna, elle ne me dis rien de bon, je ne sais pas pourquoi...
Luke est gentil Karine, j'espère que Karine va choisir d'exposer ses tableaux
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu une histoire aussi papillonante. J'aime bcp tes personnages et leurs différents facettes, et en plus on a une enquête sur le feu ! Chouette
J'attends la suite avec grand intérêt
Réponses
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6. Dépasser les limites
En début de soirée, alors qu’elle écoute de la musique dans sa chambre, Solène reçoit un SMS inattendu : " Mes parents sont partis, mon frère est avec ses potes, et Danny m’autorise à inviter qui je veux, ça te dit de venir dormir chez moi ? Morgan "
Solène sort de sa chambre, à la recherche de son père. Mais elle ne le voit nulle part.
-" Karine, où est Papa ?
- Il remplace un collègue du service de nuit. Il ne rentrera que demain matin.
- Ah. Il faut que je lui dise un truc, c’est urgent.
- Et bien, tente Karine, tu peux peut-être me le dire…
- Hier, j’ai rencontré une fille, Morgan Fyres, elle habite la maison à côté de chez nous. Elle m’invite à dormir chez elle ce soir. Du coup je voulais prévenir Papa que je vais chez elle.
- Mais il me semble que ton père ne te laisse pas sortir tous les soirs… Et tu es déjà sortie hier… Donc je ne suis pas sûre qu’il t’aurait laissé y aller.
- Qu’est-ce que tu veux dire, là ?, s’énerve Solène. Que je ne peux pas y aller ?
- Je veux juste dire que je préférerais que ton père donne son avis sur le sujet. Tu peux très bien aller dormir chez ton amie demain, si ton père est d’accord. Et ce soir, on peut regarder un film toutes les trois, on préparera du pop-corn.
- Non mais j’hallucine, tu crois que j’ai huit ans ? Morgan habite juste à côté et sa Nanny sera présente, qu’est-ce que je risque franchement ?
- Je n’en sais rien, on ne les connaît pas.
- De toutes façons, que tu le veuilles ou non, j’irai quand même, tu ne peux pas m’en empêcher !
- Solène, change de ton s’il te plaît ! Tu es sous ma responsabilité, et je te demande de rester ici ce soir !
- Alors là, c’est hors de question !
- Solène, j’ai été très patiente, mais là tu dépasses les bornes ! s’agace Karine. Je suis fatiguée de tes crises permanentes !
- Eh bien tu n’as qu’à partir ! "
Karine encaisse le coup de ces mots qui la blessent. Face à elle, Solène reste inflexible, le regard dur. Karine regrette vraiment que Luke soit absent, même si elle sait qu’elle doit s’affirmer face à l’adolescente.
-" Ça suffit, tu vas beaucoup trop loin ! Tu es privée de sortie !
- Mais bien sûr ! Primo, tu n’es pas ma mère, donc tu ne peux pas me punir. Et secundo, je suis assez grande pour aller dormir chez une amie sans avoir la permission de Papa, donc j’y vais, un point c’est tout. "
Solène part alors préparer ses affaires dans sa chambre, sans oublier de claquer la porte au passage. Karine ne peut s’empêcher de verser quelques larmes de colère, de frustration, et de tristesse, aussi. Elle aurait dû écouter ses amies, qui lui disaient qu’elle était folle de quitter son travail, son appart’, bref, toute sa vie, pour s’installer avec un homme plus âgé et surtout père de deux ados. Mais elle aime tellement Luke qu’elle a foncé tête baissée. Elle avait pourtant compris, lorsqu’elle allait chez Luke, que Solène était réticente à sa présence. Mais naïvement elle avait pensé que la jeune fille finirait par l’apprécier lorsqu’ils habiteraient tous ensemble...
Quelques minutes plus tard, Solène quitte la maison sans un mot et sans un regard en arrière.
Dans sa chambre, Jade a évidemment tout entendu. Mais elle a préféré ne pas intervenir. Après tout, cette dispute ne la concernait pas. Mais elle est quand même déçue de l’attitude de sa sœur. Pas seulement à cause de sa colère envers Karine, mais surtout parce qu’elle est partie sans même lui dire au-revoir.
Jade décide d'aller voir Karine, mais celle-ci n'est plus dans la cuisine. Elle sort quelques instants plus tard de la salle de bains. En apercevant Jade, elle détourne la tête et s’essuie discrètement les yeux. Jade s’en aperçoit, et malgré le lien très fort qui l’unit à sa sœur, elle ne peut s’empêcher de prendre parti pour sa belle-mère.
-" Je suis désolée, Karine. Solène n’aurait pas dû te dire tout ça.
- Tu n’as pas à être désolée, tu n’es pas responsable des paroles et des actes de Solène.
- Je sais mais… C’est ma sœur…
- Justement, c’est ta sœur, ce n’est pas toi. Ceci dit, j’imagine que cette situation est difficile pour toi aussi.
- Oui, c’est sûr, soupire Jade. Mais ce n’est pas par rapport à toi. C’est juste que…j’aimerais qu’on passe de bons moments...sans se prendre la tête…
- Oui, moi aussi.
- Et du coup…, continue Jade, est-ce qu’on peut quand même regarder un film même si on n’est que toutes les deux ? J’ai lancé la machine à pop-corn...
- Avec plaisir. ", répond Karine, profondément touchée par la délicate attention de Jade.
Pendant ce temps, de l’autre côté de Windenisle, Bahn essaie de convaincre ses amis de le suivre à l’intérieur d’un grand jardin.
-" Allez, venez, ça va être marrant.
- Ah non, désolé mec, mais là ce sera sans nous. On va se faire prendre, c’est obligé !
- Ok, vous n’avez qu’à partir, j’ai pas envie de m’embarrasser de chochottes dans votre genre."
Resté seul, Bahn commence à mettre son plan à exécution.
-" Je sens que ça va être dément. Du grand art. Ils vont avoir une belle surprise en se levant demain matin. Alors, un peu de bleu de ce côté… et un peu de rouge par là… Hum, y a pas à dire, je suis un artiste."
Bahn est si concentré qu’il n’entend pas l’homme qui s’approche discrètement de lui.
-" Je peux t’aider, jeune homme ?
- Ah, vous m’avez fait peur !
- Oh, tu m’en vois bien désolé… En fait, non, je ne suis pas désolé du tout. Et je t’arrête pour entrée par effraction et dégradation d’une propriété privée.
- Quoi ? Vous ne pouvez pas faire ça !
- En fait, si, je peux.
- Mes parents sont Moïra et Dominic Fyres, les producteurs de cinéma, ils sont très riches et très influents ! Ils vont appeler leur avocat et dans une heure maxi vous me présenterez des excuses pour m’avoir arrêté sans raison !
- Oh, tu es donc le fils de Moïra et Dominic Fyres ! Allez, suis-moi, ne m’oblige pas à te passer les menottes."
Mais Bahn n’a pas envie d’être conciliant, bien au contraire.
-" D’abord, qu’est-ce qui me prouve que vous êtes un vrai policier ?
- Euh, ma plaque de police.
- Ouais, mais je ne vous ai jamais vu à Windenburg, alors ça pourrait très bien être une fausse plaque.
- Je n’arrive pas à déterminer si tu m’énerves ou si tu m’amuses. Mais pour ton information, je suis le Lieutenant Tanier.
- Tanier ? Comme Solène et Jade Tanier ?
- Il va falloir que tu développes, là.
- Je les ai rencontrées hier. En boîte de nuit. C’est Sofia qui nous les a présentées. Du coup, vous voyez, je suis un ami de vos filles. Elles sont vraiment sympas. Je suis sûre qu’elles tiennent ça de vous.
- Bon, cette comédie a assez duré, je t’amène au commissariat.
- Et mince. "
Je ne suis pas sûre que le lieutenant sera ravi d'apprendre que sa fille dort là-bas,et qui plus est en ayant bravé l'interdiction de sa belle-mère!
Pas facile pour Karine,heureusement que Jade est plus douce et conciliante que la bouillante Solène
C'est pas facile pour Karine de s'intégrer à la famille, en espérant que ça s'arrange!
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7. Remontrances parentales
Le lendemain matin, Morgan et Solène discutent joyeusement en prenant leur petit déjeuner.
Danny entre dans la pièce, l’air soucieux.
-" Les filles, il faut que je vous dise. Bahn a été arrêté hier. Par ton père, ajoute-t-elle en se tournant vers Solène.
- Quoi ?, s’exclame Morgan tout en songeant « oh, Bahn, je t’avais dit de faire attention ».
- Visiblement, il est entré par effraction dans le jardin des Villareal.
- Et il est en prison ?
- Non, quand même pas, tes parents sont rentrés de Del Sol Valley et ils ont immédiatement appelé leur avocat, explique Danny. Ils sont actuellement en train de revenir tous les trois du commissariat. Mais Bahn va devoir se présenter devant un juge dans quelques jours.
- Devant un juge ? C’est grave, alors !
- Visiblement il est soupçonné d'être l'auteur des graffitis qui fleurissent un peu partout en ville. Mais la police n'a aucune preuve. Est-ce que toi tu sais quelque chose ?
- Non, pas du tout ", ment Morgan.
Solène décide de laisser la famille Fyres tranquille, et rentre chez elle. Où son père, malgré sa fatigue de la nuit, l’attend de pied ferme.
- " Ah, te voilà. Où étais-tu ?
- Je suis sûre que tu le sais très bien, marmonne Solène. J’étais chez Morgan Fyres. Il paraît que tu as rencontré son frère hier ?
- Je ne suis pas là pour parler de ça. J’aimerais savoir pourquoi tu es sortie sans mon autorisation.
- Papa, j’étais dans la maison d’à côté !
- Rectification : dans la maison d’un délinquant !
- Oh, tu exagères, et puis je n’étais pas avec Bahn, mais avec sa sœur ! On a mangé des bonbons et on a discuté une bonne partie de la nuit. Et après on a dormi. Rien d’illégal à ce que je sache.
- Solène, tu me déçois énormément. Tu as fait beaucoup de peine à Karine.
- Oh, elle s’en remettra…
- Tu as également blessé ta sœur avec ton attitude !
- Quoi ? Je ne voulais pas…", répond Solène visiblement troublée. Elle n’avait jusque là pas réalisé qu’elle était partie sans dire au-revoir à Jade. Ce qui n’était encore jamais arrivé...
-" Solène, cela fait des mois que nous supportons tes remarques et ta mauvaise humeur dès que Karine est là, mais c’est terminé. Si tu es si malheureuse avec nous, je t’envoie chez ta tante Linda jusqu’à la rentrée, tu l’aideras à s’occuper de sa ferme et à vendre ses produits sur les marchés dès 6h du matin !
- Non, Papa, ne fais pas ça… Je suis bien ici.
- Alors tu as intérêt à changer ton comportement. Et tu vas avoir le temps d’y réfléchir, car tu es assignée à résidence jour et nuit pendant une semaine.
- Une semaine ?
- Tu préfères deux semaines ?
- Non, non, c’est bon."
De son côté, Bahn n’en mène pas large non plus. Ses parents n’ont pas voulu faire d’esclandre avant d’être à l’abri des regards. Mais aussitôt rentrés, ils ont tenu à avoir une petite conversation avec leur fils avant de repartir pour Del Sol Valley.
-" Bahn, tu peux nous expliquer pourquoi tu as vandalisé le jardin de Jacques Villareal ?, commence Dominic Fyres.
- Je ne l’ai pas vandalisé, j’ai juste ajouté un magnifique graffiti que je n’ai même pas eu le temps de terminer, alors que cela devait être une grande œuvre d'art, répond Bahn.
- Ne sois pas insolent, réplique Moïra. Tu crois que ça nous amuse d’avoir été obligé d’aller te récupérer au Commissariat ? Sans parler de ce que la presse va en dire… Notre réputation va en prendre un coup.
- Évidemment, il n’y a que ça qui compte… Votre réputation…, marmonne Bahn.
- Tu es injuste, répond Moïra, ton père et moi avons toujours veillé à ce que vous ne manquiez de rien ta sœur et toi. De nombreux enfants aimeraient être à votre place."
Bahn se tourne vers son père, qui hoche la tête pour approuver les paroles de Moïra.
Bahn ne sait pas s’il doit en rire ou non. Quand il était petit, il a entendu plusieurs fois ses parents se vanter dans des interviews d’avoir réussi professionnellement tout en s’occupant de deux enfants d’âge rapproché. Ce que ses parents se gardaient bien de dire, c’est que leur définition de " s’occuper " se réduisait à des cadeaux par dizaine pour combler leur absence. Et aujourd’hui, il a bien envie de le leur rappeler.
-" Mais comment vous savez qu’on ne manque de rien ? Vous n’êtes jamais là !
- Oh, alors c’est donc ça, s’exclame Moïra, tu as fait ça juste pour te faire remarquer afin qu’on rentre à la maison !
- Mais non, pas du tout, j’ai fait ça parce que… j’en sais rien, c’était marrant !
- Marrant ?, gronde Dominic, tu trouves que se faire arrêter est marrant ? Tu es encore plus stupide que je ne le pensais !
- Je ne pensais pas que j’allais me faire arrêter.
- Tu vois, c’est bien ça le problème, tu ne penses pas ! ", continue Dominic.
Bahn lui lance un regard noir, mais ne réplique pas. Il a l’habitude de subir les petites remarques dévalorisantes de son père. Au début, cela lui faisait mal, mais à présent cela ne l’atteint même plus. Il se contente donc de hausser les épaules.
-" C’est bon, j’ai compris, la prochaine fois je serai plus prudent, marmonne-t-il.
- Ah non, il n’y aura pas de prochaine fois ! Tu as intérêt à te tenir à carreau, ou tu quitteras cette maison le jour de tes 18 ans sans un Simflouz en poche !
- Vous n’avez pas le droit de faire ça !, s’écrie Bahn. En plus ça nuirait à votre réputation, comme vous dites…
- Oh non, pas autant que d’avoir un fils en prison !, répond Moïra sans la moindre trace de sarcasme.
- Tant que tu vivras sous notre toit, poursuit Dominic, tu dois suivre nos règles. À présent, ta mère et moi devons retourner travailler. Nous reviendrons le jour de ton audience devant le juge. Et d’ici là, essaie de développer tes neurones plutôt que tes pseudo talents artistiques... Des graffitis, pff…"
Après le départ de ses parents, Bahn ne parvient pas à chasser le souvenir de son arrestation de la veille… son arrivée au Commissariat… l’interrogatoire… et ensuite l’interminable attente en cellule…
Et même s’il ne l’avouera à personne, pas même à sa sœur, il appréhende la décision que prendra le juge.
BD Sims: eklablog
Ses parents ne sont vraiment pas tendres. On ne peut pas dire qu'ils respirent l'amour pour leurs enfants ceux-là
Solène s'est bien fait gronder aussi,mais c'était mérité
Ses parents ne sont vraiment pas tendres. On ne peut pas dire qu'ils respirent l'amour pour leurs enfants ceux-là
Solène s'est bien fait gronder aussi,mais c'était mérité
Tu as raison @Elinoee , Bahn n'a pas des parents très attentionnés...ce qui explique sans doute pas mal de choses dans son attitude
8. Perspectives
Depuis leur emménagement à Windenisle, Karine peint chaque jour de nouveaux tableaux. Luke lui avait promis qu’elle trouverait un nouveau travail dès qu’ils auraient emménagé, mais en cette période estivale, ce n’est pas aussi facile. Et puis, elle a envie de profiter de ce nouveau départ pour envisager une reconversion professionnelle. Mais cela demande un minimum de réflexion guère compatible avec la présence de Solène qui erre comme une âme en peine dans la maison. Même si la jeune fille ne lui fait aucun reproche, on ne peut pas dire qu’elle soit particulièrement amicale pour autant.
Les murs de la maison sont assez vides, aussi elle décide d’exposer certaines de ses œuvres afin d’égayer un peu les lieux. Luke n’hésite pas à venir la féliciter avant de partir au travail.
-" Ce tableau est magnifique, ma chérie.
- Merci, je l’aime beaucoup moi aussi.
- Tu as prévu quelque chose aujourd’hui ?
- Oui, Clara va venir me voir dans la matinée. Depuis le temps qu’on dit qu’on doit prendre un café ensemble…
- Oh, je suis sûr que vous allez vous entendre. Et tu vas connaître tous les potins de Windenburg !"
Deux heures plus tard, Clara arrive alors que Karine est en train de peindre, installée comme d’habitude dans l’entrée pour profiter de la lumière des grandes baies vitrées et du paysage environnant.
-" Karine, c’est superbe ce que tu peins !, s’exclame Clara. Tu as un vrai talent !
- Oh, merci, mais en vérité je ne suis qu’une amatrice…
- Non, non, crois-moi, je me suis toujours intéressée à l’art, et je peux te dire que cette toile dégage une vraie émotion. Tu en as peint beaucoup d’autres ?
- Quelques-unes, j’en ai accrochées certaines dans la maison, mais la plupart prennent la poussière dans un placard…
- Je peux les voir ?
- Bien sûr."
Karine présente ses tableaux à Clara, notamment celui qu’elle a accroché dans le salon.
Cette dernière semble très intéressée, mais soudain elle annonce à Karine qu’elle doit passer un appel. Karine retourne auprès de son chevalet pour nettoyer ses pinceaux avant que la peinture ne sèche.
Lorsque Clara revient quelques minutes plus tard, un large sourire illumine son visage.
-" Viens, on va faire un tour à Windenburg, dit Clara d’un air mystérieux.
- Quoi ? Pourquoi ?, s’étonne Karine.
- Tu verras."
Karine tente de poser des questions pendant le trajet mais Clara refuse d’y répondre. Elle est en revanche intarissable sur tous les potins de la ville, comme l’avait annoncé Luke.. Arrivée au port, Karine suit son amie dans le quartier du Vieux Windenburg.
-" Et voilà, nous y sommes, annonce Clara.
- Je crains de ne pas comprendre, dit simplement Karine en regardant autour d’elle.
- Voici la galerie d’art de l’un de mes amis. L’été il voyage à bord de son voilier, et il me laisse les clés pour que je vienne aérer de temps en temps. Viens, allons à l’intérieur."
Les deux femmes entrent. La galerie est déserte, et les demi-murs qui occupent la vaste pièce sont vides.
-" Je ne comprends toujours pas pourquoi on est là, dit Karine en regardant autour d’elle.
- Parce que si tu le souhaites, mon ami est d’accord pour que tu exposes et vendes tes tableaux ici pendant son absence, explique Clara. Sauf si tu préfères les garder dans ton placard.
- C’est une plaisanterie ?
- Oh non, pas du tout. Tu as un vrai talent, Karine, j’en suis persuadée. Et je suis certaine que d’autres personnes auront le même avis que moi.
- Mais… Je ne sais pas… Je n’ai jamais vendu mes tableaux dans une galerie…
- Cela ne te coûte rien d’essayer. Voici les clés. Libre à toi de saisir cette chance...ou pas."
De retour chez elle, Karine ne cesse de repenser à la proposition de son amie. Alors qu’elle n’avait jamais pensé à exposer ses tableaux, cette idée occupe à présent tout son esprit. Et l’après-midi, elle fait appel à un service de livraison express pour emporter ses meilleures toiles à la galerie. Elle a très envie d’installer quelques tableaux sur les murs, juste pour voir l’effet produit.
-" C’est pas mal…, sourit-elle. Ça rend même vraiment bien."
Avec les punitions de Solène d’un côté et de Bahn de l’autre, Jade et Morgan ne sont pas sorties de chez elles depuis plusieurs jours, comme si elles étaient punies elles aussi.
C’est finalement Sofia qui leur propose de se retrouver toutes les trois pour se changer les idées. Ses parents se sont encore disputés la veille et elle sent qu’elle a besoin de prendre l’air, mais elle se garde bien d’en parler lorsqu’elle appelle ses amies. Les filles décident d’aller dans un coffee shop du Vieux Bourg.
D’un tempérament studieux, Jade pose quelques questions à Morgan et Sofia sur le lycée de Windenburg, afin d’en savoir plus sur les profs, les devoirs, les examens… Rapidement, Morgan et Sofia évoquent leurs souvenirs, et Jade comprend que ses amies n’ont pas vraiment les mêmes critères qu’elle quand il s’agit d’évaluer le lycée...
Soudain, alors que Sofia va chercher sa commande, Morgan aperçoit la fille qui était en boîte en nuit.
D’un bond, elle se lève de table et va s’asseoir à côté de la fille.
-" Dis donc, Luna, t’es pas gênée de te pointer ici !, s’exclame Morgan avec fureur.
- J’ai parfaitement le droit d’être ici ! Si ça te dérange, tu n’as qu’à aller t’asseoir ailleurs !
- Tu devrais avoir honte, à cause de toi mon frère a été arrêté par les flics !
- Eh, je n’y suis pour rien !
- Ah ouais, continue Morgan, je suis sûre que c’est toi qui les as appelés quand tu as vu mon frère dans votre jardin.
- Je n’ai rien vu du tout, et je n’ai appelé personne. On a un système de vidéo-surveillance et une alarme qui avertit automatiquement le commissariat en cas d’intrusion.
- Pff, tu as vraiment réponse à tout, Miss Parfaite. Mais quoi que décide le juge, je t’en tiendrai pour responsable. Alors j’espère pour toi que…"
Morgan ne termine pas sa phrase. L’éventualité, bien que peu probable, que son frère aille en prison la bouleverse. Ce qu’elle ne veut surtout pas montrer à Luna, ni même à ses amies.
-" Bref, reprend Morgan, si Bahn a des ennuis, il te faudra plus qu’une alarme pour te sentir en sécurité !"
Et après avoir jeté un dernier regard noir à Luna, Morgan rejoint fièrement ses amies à leur table.
-" Je ne supporte pas cette fille, dit-elle en s’asseyant.
- Qui est-ce ?, demande Jade, visiblement surprise par la scène à laquelle elle vient d’assister.
- Luna Villareal, répond Sofia, c’est l’ennemie jurée de Morgan. Personne ne sait pourquoi Morgan la déteste autant d’ailleurs.
- J’en sais rien, dit Morgan, c’est physique, elle m’énerve dès que je la vois. Elle est tellement, tellement…" Morgan modifie alors sa voix et fait semblant de pleurnicher : "Regardez-moi, je suis la pauvre Luna, ma vie est tellement triste et tout le monde s’apitoie sur mon sort, alors les profs me donnent de super bonnes notes et me défendent dès que la méchante Morgan m’embête...
- Quand même, la coupe Jade, c’est pas très sympa ce que tu lui as dit. Ce n’est pas de sa faute si ton frère est entré chez elle par effraction.
- Tu te prends pour ton père ? ", demande Morgan en lui jetant un regard noir.
Jade préfère ne pas répondre pour ne pas envenimer la situation. Mais elle réalise qu’elle n’a sans doute pas beaucoup de points communs avec Morgan. Elle décide d’en parler à Solène dès qu’elle rentre chez elle une heure plus tard.
-" Alors, c’était bien cette sortie ?, s’enquiert Solène.
- Oui, mais… Qu’est-ce que tu penses de Morgan ?
- Elle est vraiment cool. J’ai passé une super soirée quand on j’ai dormi chez elle.
- Hum... Et elle t’a parlé d’une certaine Luna Villareal ?, demande prudemment Jade.
- Pas trop, elle m’a juste dit que c’est la Miss Parfaite de Windenisle. Je crois qu’elle ne l’aime pas trop.
- C’est le moins qu’on puisse dire…, répond Jade. Elle s’est disputée avec elle au coffee shop. Elle l’a accusée d’être responsable de l’arrestation de Bahn, elle était vraiment furax !
- Elle a sûrement ses raisons. En tous cas, ce ne sont pas nos affaires, et ce n’est pas ce qui m’empêchera de revoir Morgan dès que ma punition sera levée !", conclut Solène.
En rentrant du travail, Luke s’étonne de l’absence de Karine. Mais un SMS de sa compagne le rassure aussitôt : "Je suis dans le Vieux Bourg. Je te raconterai tout à mon retour !"
Jade et Solène discutent dans le solarium, et Luke choisit de ne pas les déranger. Il se rend dans sa chambre et s’installe sur son ordinateur. Il sort sa clé USB, dissimulée dans un tiroir, et commence à lire le dossier qu’il a téléchargé au commissariat.
-" Age de la victime : 39 ans. Cause du décès : asphyxie.
Aucun témoin : les enfants étaient à l’école, le mari sur son lieu de travail (alibi vérifié).
Les prélèvements effectués sur les lieux n’ont rien révélé, à part un bouton de chemisier qui ne comportait qu’une empreinte partielle qui n’a pas pu être identifiée.
Après deux ans d’investigations qui n’ont rien apporté de plus, l’affaire est classée sans suite jusqu’à ce que tout nouvel élément permette de relancer l’enquête."
Luke est surpris : le rapport ne comporte que ces quelques lignes ?
Mais il n’a pas l’intention d’en rester là pour autant. Après tout, bien que tout le monde l’ignore, c’est pour enquêter sur cette affaire qu’il a demandé sa mutation au commissariat de Windenburg.
Morgan est quand même sacrément peste dis donc,et Solène ne demande pas grand chose pour le devenir vraiment elle aussi!
Heureusement que Jade relève un peu le niveau
C'est chouette pour Karine qu'elle ait pu exposer ses toiles,j'espère qu'elle aura du succès
Mystérieuse Luna, il doit y avoir d'autre raison de pourquoi Morgan la déteste tant...
Humm j'ai hâte d'en savoir plus sur l'affaire que Luke examine
BD Sims: eklablog
@Ada, peut-être que Luna est une victime de Morgan ? Ou peut-être qu'elle l'a bien cherché ! Tu en sauras plus bientôt
Encore une fois, merci à vous deux de lire et commenter cette petite histoire, cela me motive pour écrire la suite
9. De bonnes décisions
Une semaine après son arrestation, il est l’heure pour Bahn de se présenter devant la juge.
Il est assisté par Maître Garon, l’avocat de sa famille, assis à sa gauche. De l’autre côté se trouve Maître Rocher, qui représente Jacques Villareal. Un peu à l’écart, la greffière retranscrit le contenu de cette audience. Moïra et Dominic sont assis dans le couloir, à l’extérieur du bureau.
La juge relit le dossier de Bahn, puis se tourne vers le jeune homme.
-" Monsieur Fyres, reconnaissez-vous être entré par effraction chez M. Villareal et avoir saccagé le perron de sa maison avec de la peinture ?
- Oui, Madame la juge, répond Bahn comme le lui a indiqué son avocat lors de la préparation de l’audience.
- Bien. Pouvez-vous expliquer ce qui a motivé votre geste ?
- Mon client est jeune, répond Maître Garon. Il ne s’agit que d’une bêtise d’adolescent qui ne se reproduira plus.
- Vraiment ?, demande la juge. Nous avons des raisons de croire que M. Fyres n’en est pas à sa première….bêtise, comme vous dites.
- Aucune preuve n’a été apportée au dossier, Madame la juge. Par conséquent, mon client est présumé innocent des faits qui pourraient lui être reprochés.
- En effet, répond la juge. Mais pour l’affaire qui nous concerne aujourd’hui, votre client reconnaît lui-même sa culpabilité. Maître Rocher, voulez-vous ajouter quelque chose au nom de votre client ?
- Oui, Madame la juge : M. Jacques Villareal a subi un préjudice qui l’a profondément affecté. Comme nous le savons tous, M. Villareal est gravement malade, et il sort très peu de chez lui. Avec cette intrusion, il craint aujourd’hui pour sa sécurité et celle de sa famille !, s’exclame Maître Rocher en se tournant vers Bahn.
- Je n’ai jamais voulu leur faire de mal !, s’écrit spontanément Bahn. Jamais je ne serais entré dans la maison !
- Merci pour cette précision, Monsieur Fyres, répond la juge. Bien, il est temps pour moi de prononcer un verdict. Pour les faits d’entrée par effraction et de vandalisme dans une propriété privée, je condamne M. Bahn Fyres à une amende de 5 000 Simflouz et à 50 heures de travaux de jardinage dans la propriété de M. Jacques Villareal, à effectuer dans un délai maximal de 30 jours.
- Des travaux de jardinage ?, s’étonne Bahn en se tournant vers son avocat.
- Oui, lui répond la juge, j’aurais pu vous demander d'effacer les graffitis qui ont été faits en ville, mais les bénévoles de l’Association des Défenseurs de l’Histoire de Windenburg s’en sont déjà chargés. Quant au perron de M. Villareal, il a été nettoyé par une entreprise spécialisée le jour-même. Bref, lors de l’instruction du dossier, je me suis rendue chez M. Villareal, et j’ai été frappée par l’état d’abandon du jardin potager qui se trouve un peu à l’écart de la propriété. Il s’avère que… Enfin, peu importe. M. Villareal souhaitait faire appel à un professionnel, mais… Comme Maître Rocher l’a évoqué, il est malade, et ce jardin n’est pas sa priorité. C’est donc à présent la vôtre, conclut-elle en se tournant vers Bahn qui ne s’attendait visiblement pas une telle sentence.
- Cette peine me semble tout à fait acceptable, Madame la juge, sourit Maître Rocher.
- En effet, approuve Maître Garon, et nous remercions Madame la juge pour sa clémence.
- Bien entendu, M. Fyres, vous n’aurez le droit de vous rendre que dans l’enceinte du jardin potager, précise la juge. Il vous est interdit de franchir le portail qui mène à la maison. Auquel cas nous nous retrouverions de nouveau dans ce bureau...et je serais beaucoup plus sévère à votre encontre.
- Oui, Madame la juge, vous pouvez me faire confiance", répond Bahn.
Comme elle l’avait annoncé, Solène se rend chez son amie Morgan dès qu’elle est de nouveau autorisée à sortir, ce qui correspond au jour de l’audience de Bahn. Elle souhaite, selon ses propres mots, apporter son soutien moral à Morgan qui se retrouve seule avec Danny.
Elle propose à Jade de l’accompagner, mais cette dernière préfère décliner l’invitation. Elle n’a pas envie d’entendre Morgan défendre son frère en dépit du bon sens.
Alors que l’après-midi est déjà bien avancé, elle décide de se rendre au Spa situé sur la presqu’île, afin de profiter d’un massage.
Alors qu’elle traverse la salle du snack attenant au Spa, elle aperçoit Luna seule à une table.
Elle s’assied face à elle et engage la conversation.
-" Salut, tu es Luna, c’est ça ?, commence-t-elle. Je m’appelle Jade. J’ai emménagé récemment à Windenisle.
- Euh, comment tu me connais ?, s’étonne Luna.
- J’étais au coffee shop il y a quelques jours, avec Morgan. Quand elle t’a hurlé dessus.
- Oh, tu es une amie de Morgan ?
- Oui, enfin non. Disons que c’est plus une amie de Solène, ma sœur jumelle.
- Tu ne devrais pas me parler alors, répond Luna d’un ton neutre, sinon Morgan va t’en vouloir.
- Je crois que je me fiche pas mal de ce qu’en pense Morgan, sourit Jade. J’ai détesté la façon dont elle t’a parlé. Tu n’y es pour rien si son frère fait n’importe quoi.
- Ouais, c’est clair, mais bon, j’ai l’habitude. Morgan adore faire son numéro pour se faire plaindre, et comme en plus ça marche, elle a fini par prendre la grosse tête ! "
Les deux filles éclatent de rire.
-" C’est bizarre, reprend Jade, elle a dit que c’est toi qui aimes te faire plaindre. Que c’est pour ça que tu as de bonnes notes…
- J’ai de bonnes notes parce que j’apprends mes cours, s’agace Luna. Si Morgan passait plus de temps à faire ses devoirs plutôt qu’à traîner en ville, elle pourrait avoir de bonnes notes aussi !
- Oui, j’ai l’impression qu’elle aime beaucoup beaucoup sortir, confirme Jade.
- Tu me disais que ta sœur est son amie ?
- Oui, soupire Jade. Cela me fait bizarre. Bien sûr, nous avons toujours eu des amis différents, ma sœur et moi, mais cette fois… J’ai l’impression que ma sœur s’éloigne vraiment de moi…"
Jade reste un instant silencieuse, le regard dans le vide. Elle réalise qu’elle ne connaît pas Luna et pourtant elle n’a pas peur de se confier à elle.
-" Ce qui est difficile, reprend-elle, c’est que… J’ai déjà perdu ma mère… Et là j’ai peur de perdre aussi ma sœur...
- Ta mère est décédée ?, demande Luna.
- Oui… Il y a cinq ans…
- Vraiment ? Moi aussi j’ai perdu ma mère ! C’était il y a trois ans…
- Oh… Alors ça nous fait un autre point commun…, conclut Jade en souriant faiblement. Enfin bref, on vient d’emménager ici, et je ne connais personne...
- Eh bien, maintenant tu me connais moi ! Enfin, si tu n’as pas peur de traîner avec la Miss Parfaite de Windenisle…et de devenir à ton tour l’ennemie de Morgan...
- Eh bien, je prends le risque ! "
En cette fin de journée, Luke et Karine se retrouvent seuls pour le dîner, Jade et Solène ayant chacune téléphoné à leur père pour demander l’autorisation de rentrer après le repas afin de passer un peu plus de temps avec leurs amies respectives. Luke a bien sûr accepté, car il est plutôt soulagé que ses filles se soient intégrées si rapidement dans leur nouvelle vie.
-" Alors, Chérie, tu as pris ta décision au sujet de la galerie ?
- Non, pas encore. Je… J’ai peur d’exposer mes tableaux… C’est un peu comme si je m’exposais moi-même…
- Oui, sans doute, mais je suis certain que ça en vaut la peine.
- Je sais, soupire Karine, mais je ne suis pas certaine de supporter la critique en ce moment…
- Mais la critique peut être positive...et cela te ferait beaucoup de bien.
- C’est vrai… Mais pour l’instant, je ne me sens pas prête…
- Alors prends le temps qu’il te faut. Et tu sais que, quelle que soit ta décision, je serai là pour toi."
Bahn va donc devoir jardiner chez les Villareal: ça sent le rapprochement avec Luna et la miss Morgane pas contente
Je trouve que c'est une bonne punition quand même! J'espère que Bahn ne va pas, par inadvertance, franchir le portail qui mène à la maison Villareal...
Jade amie avec Luna, on pourra donc en savoir plus au sujet de Luna, elle ne me dis rien de bon, je ne sais pas pourquoi...
Luke est gentil Karine, j'espère que Karine va choisir d'exposer ses tableaux
BD Sims: eklablog
J'attends la suite avec grand intérêt