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[Histoire] Les petites guerres | MAJ du 23/02

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TervillesTervilles Messages: 307 Membre
Modifié (février 2018) dans Histoires & Challenges
Prologue ○ L'Île du Phare

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L'Histoire ne peut citer tous les noms qu'elle a connue et il est impossible de voir ce qui s'est passé en chaque lieu. L'Histoire : ce sont les grands hommes, les grandes batailles, les événements les plus importants. L'Histoire : c'est une version, une facette, un aperçu infime d'une réalité. L'Histoire évince des milliers d'histoires, celles des moyens et des petits, les combats secondaires, ceux dont personne ne se souvient.
Regardons ici une histoire, très loin de l'Histoire, histoire parmi toutes les histoires. Une histoire de noblesse et de famille, avec un soupçon d'amour et de haine, une histoire de rêves inachevés et de désirs qui ne demandent qu'à être assouvis. Une histoire qui prend place il y a longtemps, dans un pays lointain qui n'a peut-être jamais existé, bien loin de l'Histoire.


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Brindleton Bay : contrée lointaine d'un empire puissant, port marchant rendu célèbre par la qualité de poisson qu'on y trouve et par son phare, le plus haut de la région. Ses habitants y sont moins pauvres que dans les campagnes reculées grâce à l'océan qui regorge de poisson. Ses nobles y sont plus puissant car ils tirent avantagent de ces mêmes richesses. Nous sommes quelque part sous le règne de Louis XV et déjà le peuple gronde. Pourtant, personne ne peut imaginer ce qui arrivera bientôt.
Tout en haut d'une colline, à l'écart du village, surplombant une falaise rocheuse et tout l'océan, on trouve le château des Valvasor. Le duc Jehan Valvasor est un des nobles les plus influents de cette région du royaume. On le connaît pour être un homme froid et dur, parfois insensible ; mais c'est un personnage respecté, qui mène bien sa cour et a su garder sa place dans ce perpétuel jeu des pouvoirs.
Ce n'est pas Jehan qui nous intéresse - ou pas exactement. Cette histoire sera celle de ses enfants ; ses fils Donatien et Elias, ses filles Mélusine et Solange.
Une question nous intéresse ; que se passe-t-il lorsqu'il faut choisir entre l'amour de sa famille et celui du pouvoir ?


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Le soleil se levait lentement sur la demeure Valvasor. Une douce odeur de pain cuit, la chaleur du soleil sur les fenêtres et la légère mélodie d'une musique que quelqu'un jouait, sans doutes au petit salon, juste à côté : c'était ce qui avait réveillé Mélusine, la seconde fille de Jehan Valvasor, un peu avant l'heure du levé.
A peine éveillée que, déjà, la petite n'avait qu'une idée en tête : trouvé son père avant qu'il ne parte. Il ne fallait surtout pas qu'elle soit en retard.

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Au rez-de-chaussé, loin du calme des chambres, une drôle d'effervescence animait les domestiques. On parlait de préparer les chevaux et de mettre assez de provisions pour trois jours, sans oublier de vérifier les vêtements de Monsieur. Tous préparaient le départ de Jehan qui, plusieurs fois par an, partait trois ou quatre jours à la rencontre des plus petits nobles et des bourgeois. Une façon de rester près de ses éventuels ennemis, disait-il.
Cette fois-ci, Jehan avait promis à ses filles qu'il les emmènerait avec lui. Elles n'avaient pas oublié.

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Quoi que les rumeurs puissent dire sur Jehan Valvasor, tout le monde s'accordait sur un fait : il adorait ses petites filles. Elles-mêmes s'entendaient à merveilles, sans doutes grâce à leur faible écart d'âge et malgré leurs différences.

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" Tu as vu père ? Est-ce qu'il serait parti sans nous ?
- Ne sois pas idiote, il doit nous attendre ! J'ai entendu les dames de cuisine dire qu'il était devant la grande porte. Est-ce que tu es prête à partir ?
- Oui, bien-sûr... j'ai vraiment hâte. Est-ce que tu crois qu'on va rencontrer le magicien du Phare ?
- Il n'y a pas de magicien dans le phare, Mélusine... c'est le feu qui brûle, comme dans la cheminée.
- Donatien m'a dit que c'était un magicien qui créait un feu qui ne s'éteint jamais. Père a promis que tu passerions au phare, alors tu verras bien. "

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En effet, Jehan attendait ses filles à la grande porte, non loin de la calèche qu'on leur avait préparé.

" Père !
- Mes amours ! Est-ce que vous avez bien dormi ? J'espère que vous êtes bien reposée car nous avons bien du voyage à faire. Vous êtes toujours certaines de venir ?
- Oh oui, père, s'il vous plaît ! J'aimerais vraiment voir de mes yeux à quoi ressemble notre duché...
- Et le magicien du phare, père ! "

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Le phare de Brindleton Bay lui qui avait fait la première célébrité de la ville, car il était le plus haut et le plus lumineux. Les plus superstitieux racontaient qu'un magicien y vivait et qu'il faisait brûler une flamme éternelle dès la nuit tombée. C'était une rumeur tenace et elle tenait éloignés bon nombre des habitants. Seul y vivait un vieil homme qui gardait l'île, ainsi qu'une petite garnison de soldats prêts à donner l'alerte en cas de navire suspect.
L'Île du Phare était un endroit reculé, craint, auquel on prêtait des propriétés mystiques. Pour les filles Valvasor, c'était une expédition digne des grands livres qui faisaient leur éducation. Une quête magique.
On racontait même que des loups vivaient dans la forêt de l'île - et le loup était le blason de la famille Valvasor.

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Ainsi, pour la première fois de leur vie, Solange et Mélusine mirent un pied sur l'Île du Phare - non sans une certaine excitation.

" Comme c'est beau...
- Solange, regarde le phare ! comme il est haut... "

Pas d'émerveillement pour Jehan, certes amusé de voir ses filles aussi heureuses, mais avant tout ici pour se faire une idée de l'état de son duché. Il tenait absolument à discuter avec le gardien et les quelques soldats de la garnison, comme pour assurer sa prise sur eux, comme s'il craignait pour son pouvoir, comme si quelqu'un pouvait lui faire de l'ombre...

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Bien loin des manœuvres politiques et des visibles inquiétudes de leur père, Mélusine et Solange avait remarqué autre chose : deux petites boule de poils. Des chiots ? Si Solange craignait de se salir ou d'être mordue, sa soeur n'attendit pas pour se baisser et prendre dans ses bras l'un des deux petits.

" Est-ce que tu es sûre qu'il ne va pas me mordre ? Regarde ses dents pointues...
- Mais non, c'est un bébé... comme Elias, tu vois ? Il ne mord pas, Elias... regard comme il est gentil !
- Il va me mordre !
- Il veut juste te lécher, le petit chien... "

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Jehan avait observé ses filles jouer avec les chiots toute la journée et, après hésitation et juste avant de partir, il décida d'en toucher deux mots au gardien de Île :

" Est-ce que ce sont des louveteaux ?
- A moitié, m'sieur Valvasor. Se sont les petits de ma chienne qui s'était sauvée au printemps, dans les bois...
- Eh bien je vous les achète.
- C'est que... c'est que j'en ai besoin, de mes chiens, pour me garder la maison. On sait jamais ce qu'il y a, par là...
- Mais vous avez sûrement bien plus besoin d'argent, et mes filles veulent ces petits. Je vous en donnerai bon prix, soyez-en sûr. "

Il avait, ainsi, obtenu la garde des animaux pour le plaisir de ses filles.

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Lorsque'on disait que Jehan aimait ses filles, c'était un euphémisme. Il les regardait jouer avec tellement de tendresse, chaque jours, du haut de son bureau... et là, à cet instant, sous le phare, il oublia tous ses problèmes pour profiter de la scène. Il songea à la chance qu'il avait d'avoir deux pareilles merveilles, si belles et tellement intelligentes. Un instant, il se dit qu'il n'avait besoin de rien d'autre au monde ne comptait plus que ses deux chéries. Après tout, pourquoi vouloir à ce point un héritier mâle ? Pourquoi déjà vouloir marier ses filles ? Pourquoi penser à toutes ces choses lorsqu'il pouvait simplement les voir sourire ?

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Hélas, Jehan ne pouvait pas passer le restant de sa vie à admirer ses filles... il devait repartir pour la frontière de Windenburg, si possible dès l'aube? Avant d'aller se coucher, pourtant, il décida d'emmener Solange et Mélusine jusqu'au phare.

" Père, c'est magnifique...
- C'est incroyable comme c'est lumineux ! Père, c'est vraiment du feu qui fait ça ? On voit la lumière de très loin...
- Est-ce que c'est vrai que c'est un magicien qui fait ce feu ? Donatien dit que c'est pour ça que la lumière est aussi forte. C'est vrai, dites ?
- Personne ne sait vraiment ce qui brille là haut...
- C'est faux, père ! Vous savez tout.
- Peut-être bien... qui sait ? Et si nous montions vérifier, mh ? "

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Les filles montèrent les marches du phare quatre à quatre, pressées d'être arrivées, leur père sur les talons. La montée leur sembla durer une éternité et, enfin...

" C'est magnifique !
- Est-ce que l'océan a une fin ?
- Bien-sûr, idiote, c'est un autre continent, d'autres villes...
- Je sais bien ! C'est juste... c'est juste qu'on dirait qu'il n'a pas de fin, regarde.
- Tu te rends compte... comme le monde doit être immense quand un simple océan est si grand... j'aimerais voir le monde entier, Solange... "

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Les filles et le père restèrent là encore longtemps, à imaginer ce qu'il y avait après l'horizon et à chercher des noms pour les louveteaux qu'ils allaient ramener au château. Ils en oublièrent de vérifier s'il y avait un magicien dans le phare et même d'aller se coucher...

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Loin de l'Île, au château Valvasor, où chacun essayait de s'organiser sans le chef de maison...

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" Donatien ? "

Silence.

" Donatien ? On vous attend pour le petit déjeuner dans la grande salle...
- Je n'ai pas faim.
- Donatien, vous devez manger un peu... est-ce que tout va bien ? Je peux demander à ce qu'on vous monte un plateau...
- Je n'ai pas faim, mère. "

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" Est-ce que vous vous sentez souffrant ? Vous avez de la fièvre ? Je peux demander à ce qu'on fasse venir le docteur...
- Tout va bien !
- C'est... c'est à cause de votre père et de vos soeurs, n'est-ce pas ? Donatien... il leur avait promis depuis longtemps et puis il ne pouvait pas vous emmener tous les trois, la calèche est trop petite... il vous emmènera la prochaine fois, j'en suis sûre. Peut-être même que vous irez avec lui jusqu'à Windenburg, le mois prochain ? Il y a la rencontre avec le Duc... je suis certaine que si vous lui demandez et que si vous travaillez bien il acceptera. Car il y a vos leçons, aussi... vous êtes l'héritier, il faut que vous restiez assidus. Vous n'avez pas vraiment de temps pour les balades dans tous le duché, vous ne croyez pas ? Mais je suis certaine que si vous continuez dans vos efforts-...
- Arrêtez ! Mère, arrêtez ! "

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" Ça n'a aucun rapport avec la taille de la calèche ou avec mon assiduité au travail, mère, et vous le savez très bien ! Il a honte de moi et vous aussi !
- Donatien, ne prennez pas ce ton !
- Vous savez que j'ai raison mère. Père ne veut pas que le peuple voit que son fils aîné est malade et trop faible pour être son héritier. Vous, mère, vous me surprotégez et même s'il décidait de m'emmener quelque part vous refuseriez de peur qu'il m'arrive quelque chose !
- Ne dites pas n'importe quoi... votre père s'inquiète pour vous, moi aussi... vous êtes notre premier fils et nous ne voulons pas que vous vous blessiez... vous devez faire attention à votre santé... "

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Mais qu'importe ce que disait sa mère, la haine de Donatien était déjà tenace, accrochée à son coeur. Une haine envers son père, envers ses soeurs... et le monde entier.
Post edited by Tervilles on

Réponses

  • SimsStoryFanaticSimsStoryFanatic Messages: 508 Membre
    Modifié (janvier 2018)
    Je suis archi fan ! J'adore les histoires un peu ancienne a faire dans les sims (déjà parce que ce genre de sujet me passionne et aussi parce que c'est plus dur à faire dans le jeu!) Tes captures vraiment magnifique, c'est fluide a lire.. J'ai lu a peine deux phrases que j'ai déjà mis ton histoire en favori ;)

    Pauvre Donatien ca me fait de la peine pour lui qu'il se sente moins aimé.. je me demande qu'elle maladie il a :/
    Sinon les filles sont trop mignonnes :*
    Post edited by sirhc59 on
  • OxianeOxiane Messages: 171 Membre
    Moi aussi, en quelques phrases tu m'as scotchée ! J'adore ! C'est très bien écrit, et les screens sont superbes. Les personnages sont déjà tous très attachants chacun à leur façon. J'ai hâte de lire la suite !
  • sirhc59sirhc59 Messages: 25,181 Modérateur
    Très beau début et de belles images pour mettre ce texte en valeur.
  • TervillesTervilles Messages: 307 Membre
    Modifié (novembre 2017)
    @SimsStoryFanatic je suis contente que ce début d'histoire te plaise. Je m'intéresse aussi pas mal aux autres périodes de l'histoire mais le 18ème, c'est un peu nouveau pour moi... et justement c'est l'occasion d'apprendre un tas de choses, parce que j'essaie de pas mal me documenter lorsque j'écris quelque chose qui se passe dans un autre temps ou un autre endroit. :)
    Donatien me fait vraiment de la peine moi aussi... il faut espérer qu'il arrivera un jour à oublier sa colère. Moi-même je ne sais pas encore ce que le sort lui réserve :D Je n'ai pas (encore) d'idée précise pour sa maladie, sinon qu'à l'époque on ne pouvait pas mettre de mots sur tous les maux. Toujours est-il qu'il a une santé très fragile.

    Eh bien contente de t'avoir scotchée @Oxiane ! Pour ma par malgré le peu de temps de jeu, je suis déjà vraiment attachée à mes personnages. J'espère que tu apprécieras leurs évolutions.

    Merci @sirhc59, je n'étais pas trop sûre du rendu des modifications faites sur les images. :D J'en profite pour te dire que le chien de ton avatar ressemble vraiment beaucoup à celui de ma mère irl xD
    Post edited by Tervilles on
  • sirhc59sirhc59 Messages: 25,181 Modérateur
    Irl c'est un teckel à poil dur ;) Pas du tout évident de la reproduire, mais bon... Fin du HS :)
  • Ryu707Ryu707 Messages: 1,239 Membre
    Sympa ce début d'histoire, les images sont superbes et l'époque y est bien retranscrite.
    Les personnages sont attachants, hâte de suivre leurs aventures :wink:
    ~*♥♪La vie est belle et cruelle à la fois, elle nous ressemble parfois ♫~*♥

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  • TervillesTervilles Messages: 307 Membre
    Modifié (décembre 2017)
    La chienne de ma mère est un croisé griffon, c'est dingue mais c'est vraiment la même tête... enfin oui, fin du hs !
    Je suis heureuse que le prologue de plaise @Ryu707 et j'espère qu'il en sera de même pour la suite ! ;)
    Chapitre 1 ○ Premières danses

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    Un soir d'été, 1760, loin de la défaite des français dans la bataille de Warburg, au château des Valvasor, là où la grande histoire semble si lointaine...

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    On entendait la musique résonner dans toutes les salles de l'aile ouest, au rythme des talonnettes qui tapaient le sol, régulières. Entre deux mouvements, les conversations s'élevaient au dessus des grands lustres. On parlait du fils d'un cousin d'une comtesse qui était soldat et on prenait un fruit bien mûr en espérant que le sort soit favorables. Entre les rires des hommes et les murmures des femmes, on entendait que certains gardaient leur souffle : il serait bientôt dix-neuf heure et les principales invitées se faisaient toujours attendre.

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    "Pas d'inquiétudes, soyez-sûrs qu'elles arrivent ! Vous savez comment sont les enfants à cet âge, tellement soucieuses d'être jolies qu'elles en oublient les usages..." - mais on sentait le mécontentement dans la voix du duc.

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    Au premier étage du bâtiment principal, là où la musique n'était qu'un souffle à peine audible, Solange appliquait un peu des produits que son père avait ramené d'un récent voyage - et non sans fierté. Ce n'était pas dans les habitudes et sa mère ne le voyait pas d'un très bon oeil. Alors, la jeune fille, toute excitée, prenait grand soin de répartir également la mixture sur ses lèvres. Ses yeux. Un peu de teinte sur les joues, paraissait-il que la reine elle-même en mettait...

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    "Mince, est-ce que c'est vraiment bien ? ça colle, il y a un goût étrange... on frappa à la porte, un instant ! Oui ? Marise, si c'est vous inutile d'entrer ! Je vous l'ai dis, je veux le faire seule ! Et vous avez déjà réajusté ma coiffure !"

    La porte s'ouvrit pourtant :

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    "Oh, Mélusine, c'est vous... excusez moi, j'ai cru...
    - Oui, j'ai entendu. Vous tenez vraiment à vous maquiller ainsi, seule ?
    - Marise ne sait pas s'y prendre et père m'a expliqué comment il avait vu faire... dites moi, est-ce que vous voulez que je vous en mette ? c'est du rouge de fucus, père me l'a ramené de son dernier voyage de l'autre côté de la mer... voyez, on le met sur les lèvres...
    - Non merci, je n'y tiens pas vraiment... mais vous avez vu l'heure, Solange ? Nous sommes en retard, c'est pour ça que je suis venue vous chercher... père et mère doivent déjà nous attendre, et toute la salle même ! "

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    " Toute la salle, vous dites ? Oh, non, je ne tiens pas à faire attendre Lance...
    - Mais vous êtes toujours si lente... allez, allez, dépêchez vous un peu !
    - Attendez, messire Gunther n'est-il pas présent pour vous ce soir, avec sa mère ? Diable, Mélusine, je ne peux vous laisser sortir ainsi !
    - Messire Gunther ne m'a pas vu depuis nos douze ans, je ne voudrais pas l'effrayer en paraissant à ce point une femme... tout ce maquillage alourdit nos traits et nous fait prendre au moins vingt ans !
    - Enfin, c'est justement car nous étions enfants à sa dernière visite qu'il doit voir combien vous avez grandi... et puis vous exagérez, il ne me vieilli pas autant que vous le dites."

    Solange paraissait profondément agacée, alors Mélusine préféra céder. Elle savait sa sœur enfantine et un brin capricieuse lorsque les choses ne lui allaient pas.

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    "Ce n'est pas un peu trop ?
    - Bien sûr que non, vous êtes très jolie. Un peu plus, là, sur votre joue...
    - Ah, mon oeil...
    - Mélusine... oh, vous êtes ravissante ! Gunther ne saura que dire !"

    Sans que sa cadette ne le voit, Mélusine eut une petite moue : contrairement à Solange qui voulait tant plaire à Lance, leur ami et lointain cousin qu'elles côtoyaient depuis l'enfance, elle ne se sentait pas vraiment l'âme d'une séductrice. Oh, il était bel homme, Gunther Munch. Dans ses souvenirs, il était gentil. Elle avait bien envie de l'épouser et surtout de vivre dans son immense château... mais pas tout de suite - plus tard. Elle n'osait pas l'avouer mais cette grande fête d'anniversaire l'angoissait. Elle se sentait encore bien trop petite et regrettait déjà l'âge où on la considérait comme une enfant.
    Solange était bien plus pressée de grandir.

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    "Vous croyez qu'il m'attend, dites ? Qu'il guette mon arrivée dans la grande salle ? Qu'il préserve sa première danse pour moi ?
    - Peut-être Solange, peut-être..."

    Mélusine était un peu ennuyée de voir que sa soeur ne parlait que de ça mais elle n'en montra rien, soucieuse de ne pas la vexer. Elle semblait comme dans un rêve, les yeux plongés dans le vague de l'amour...

    "Je suis tellement excitée, vous savez... seize ans, c'est l'âge d'une femme. Et je suis si heureuse que nous le partagions ensemble, que ce soit notre fête à toutes les deux !
    - Je suis née avant vous, de quelques minutes ; alors je suis la première, et c'est surtout ma fête !
    - Vous êtes méchante... c'est pourtant moi qui ait choisis les plats du buffets et les danses que nous allons faire !"

    Elles aimaient se taquiner.

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    Ainsi, lentement et discutant, fébriles chacune de leur façon - d'angoisse ou d'impatience - les filles rejoignirent l'aile ouest.

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    "Mes amours ! Il ajouta, plus bas : je commençais à désespérer. Entrez, allez, ne vous faites pas plus attendre ! Votre mère est folle de rage...
    - Père ! Pardonnez notre retard, nous...
    - Nous n'avons aucune excuse, pardonnez nous.
    - Ce n'est rien, Mélusine, mais gardez vous bien de vous faire plus mal remarquer..."

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    Il fut vite venu le temps des présentations et des retrouvailles, des embrassades avec ceux qu'on voyait toutes les semaines ou ceux qu'on avait jamais vu. Le duc avait invité beaucoup des nobles de la région, des amis et des cousins : l'un d'eux, c'était Louis Raffin, se précipita vers les jeunes filles.

    "Mesdemoiselles, pardon, mesdames : un très bon anniversaire ! C'est que vous resplendissez, Jehan, vos filles sont magnifiques. Elles ont pris les yeux de leur mère, c'est incroyable, on dirait deux miroirs..."

    "Monsieur, Mélusine la première fit une révérence, vite suivie de sa soeur qui fut bien plus loquace :
    - Monsieur, nous sommes ravies de vous voir ici, et vos compliments nous vont droit au coeur... j'espère que votre fils et vous passez une agréable soirée... enfin, votre fils, est-il là ?
    - Bien-sûr, il me semble l'avoir vu discuter avec le dernier né du comte Plénozas..."

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    Sitôt Solange partie en quête de Lance selon les indications de leur père et ce dernier éloigné pour faire quelques baise-mains aux invités qui continuaient d'affluer, Jehan se rapprocha de sa fille.

    "Vous êtes ravissante, Mélusine... je vois que votre soeur a réussi à vous convaincre...
    - Vous savez comme elle est...
    - Bien. Je sais que tout ça est un peu précipité puisque vous ne l'avez pas vu depuis bien longtemps, mais messire Gunther Munch vous cherchait plus tôt... Le duc semblait mal à l'aise.
    - C'est bon, père, je vais allez le voir."

    Mélusine tenait à rassurer son père : chacun savait que l'idée de marier ses filles ne l'avait jamais beaucoup enchanté, parce qu'elles restaient ses bébés. Elle-même, bien que désireuse de se marier et surtout d'accomplir son devoir de femme, aurait aimer avoir un peu plus de temps dans l'enfance. Plus que son anniversaire, cette fête la présentait au monde comme dame. Une dame devait être mariée.
    Elle avala difficilement sa salive et s'avança sur la piste, alerte.

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    Un peu plus loin, Solange errait de la même façon que sa soeur à la recherche d'un homme, se retournant nerveusement dès qu'il lui semblait entendre sa voix. Elle cru le voir danser avec une autre dame et eut un coup de sang, jusqu'à ce qu'un murmure la fasse sursauter :

    "Solange, , bonsoir...
    - Lance !, s'écria-t-elle, avant de se raviser : Je veux dire... messire Raffin, bonsoir.
    - Madame Valvasor, reprit-il à voix haute, c'est un plaisir de vous voir ce soir.
    - Oh, oui, moi aussi... quelle surprise ! De vous voir ici... une bonne surprise, j'entend..."

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    "Vous êtes très en beauté, et cette robe vous va à ravir. Je ne crois pas déjà l'avoir vue...
    - Oh, oui, c'est un cadeau ! De mon père, qui me l'a offerte, je veux dire, il me l'a ramenée d'un voyage à l'étranger avec le rouge pour les lèvres et le... oh, pardonnez moi, je divague, vous... vous passez une bonne soirée ?"

    Solange paniquait sérieusement et avait l'impression de suffoquer dans son corset : pourquoi diable est-ce que la simple présence de Lance la mettait dans un tel état ?

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    "Cette robe est magnifique sur vous et ce rouge aussi, d'où qu'ils viennent. Oh, je crois que la danse vient de se finir... m'accorderez vous la prochaine ?
    - O-oui, bien sûr..."

    Son coeur battait à tout rompre et elle se félicita d'avoir mis du rouge sur ses joues, les sentant chauffer... elle craignait à tout prix qu'il ne sente son malaise et son effervescence - quoi que c'était forcément déjà le cas, et il semblait d'ailleurs s'en amuser. Lentement, sentant leurs pieds se frôler à chaque pas, elle se permi d'un peu respirer et osa même quelques regards vers son cavalier : qu'il était beau, Lance, son Lance... qu'elle était bien, là, à danser avec lui. C'était comme ça qu'elle voyait l'avenir, à danser avec Lance. Elle savait que leurs pères proches et leurs liens de parentés - bien que lointains - en faisaient de parfaits époux : et elle n'avait jamais douté de l'idée que son père prévoyait de les marier, bien que la question n'ait jamais été abordée : en effet, la question du mariage concernait surtout Mélusine, peut-être du fait qu'on la considérait comme l'aînée et la plus mature dans ses pensées, la plus posée. On avait souvent dit à Solange qu'elle était trop précipitée.

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    Peut-être était-ce pour cela que sa soeur ne s'inquiétait pas du mariage, songeait Mélusine, qui pensait à toutes ses choses en les regardant. Parce qu'elle était plus sereine, qu'elle n'avait pas de pression, pas d'obligation immédiate. Il lui était arriver d'en vouloir à sa soeur de filer le parfait amour avec Lance, avec qui elle se marierait sans doutes. Sa vie n'était pas à plaindre et elle se trouvait assez heureuse, mais elle regrettait d'être la fille à marier... Mélusine n'avait jamais vraiment voulu des grandes réceptions ou des discussions de femmes. Forte de l'infirmité de son frère aîné, elle avait tenue la place du garçon dans le coeur de ses parents jusqu'à la naissance de son plus jeune frère.

    "Ma dame..."

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    Mélusine se retourna dans un sursaut, sortant brutalement de ses pensées : c'était lui, Gunther, celui qui deviendrait son époux lorsqu'elle serait un peu plus âgée - son père y tenait, à ce qu'elle ne soit pas trop jeune, d'autant plus que Gunther avait peut-être bien dix ans de plus qu'elle.

    "Messire Munch.. je vous cherchais justement.
    - Pardonnez moi de vous avoir fait attendre, alors. C'est que ne vous voyant pas dans la salle, j'étais allé m'asseoir un peu...
    - Ne vous excusez pas, j'ai mis du temps à arriver. Ce serait plus à moi de demander votre pardon...
    - Votre seule présence vous excuse, ma dame. Vous êtes sublime, je crois que je ne vous aurais pas reconnue si on avait pas murmuré à votre arrivée combien vous étiez belle...
    - Vous me flattez, messire... j'ai beaucoup grandi, et vous aussi, vous avez... vous êtes... et bien vous ressemblez à un homme, maintenant."

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    Peut-être Gunther senti-t-il le malaise de Mélusine, qui ne savait trop quoi lui dire sinon qu'il lui semblait bien plus vieux qu'elle ne l'aurait imaginé : en tout cas, il tâchait de la mettre à l'aise.

    "Je propose que nous dansions, nous aurons tout le temps de parler lors du banquet... quel banquet ! Est-ce vous qui avez choisi le menu ?
    - Non, ma soeur l'a fait.
    - Ah, je vois... elle a du goût.
    - En effet.
    - Bien... dansons ?
    - Oui. Euh... messire, avec grand plaisir."

    Elle avait promis à son père de faire des efforts.

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    Tandis que Mélusine tâchait de ne pas trop s'approcher de son cavalier et que lui cherchait à tout prix à lui paraître sympathique, Solange et Lance s'étaient un peu mis en retrait et la jeune femme s'était permis quelques gestes plus intimes, comme le regarder dans les yeux ou même, pendant un bref instant, poser sa tête contre son torse.
    Rapidement, les danses s’enchaînèrent jusqu'à prendre fin - au bonheur et damne des unes et des autres : on annonça le banquet.

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    Et quel banquet !
    Les Valvasor ne fêtaient pas l'anniversaire de leurs filles à moitié. Dans la précipitation et croyant voir Lance regarder une fille, Solange renversa un peu de jus sur sa robe et dû aller en changer, causant une brève pagaille qui mit madame Valvasor très en colère ; Mélusine ne put s'empêcher de s'en amuser, comme à chaque fois que sa soeur prenait plus de bon temps qu'elle - et elle le regretta aussi tôt.

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    Comme elle s'y attendait, Gunther revint parler à Mélusine durant le dîné, d'autant plus qu'elle était en compagnie de son jeune frère Lucas et qu'il n'appréciait peut-être pas vraiment de les voir discuter - Lucas avait toujours été le préféré, des parents, des domestiques et des cousins.

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    Solange, elle, passa une partie de la soirée le rouge doublement aux joues, honteuse de s'être donnée en spectacle et intimement persuadée que Lance ne voudrait plus jamais lui adresser la parole.

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    Elle se trompait bien sûr, et il ne lui fallut qu'un instant pour se rapprocher d'elle.

    "Ma dame...
    - Messire...
    - Je tenais à vous dire que cette robe est plus belle encore que la précédente..."

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    Le banquet dura jusque tard dans la nuit, où les filles les premières - qui n'avaient pas l'habitude de se coucher si tard - tombèrent presque de fatigue. Il fallut dire au revoir, avec la certitude de très vite se revoir. On souhaita une dernière fois félicitation au duc pour ses magnifiques enfants et on regretta la présence des garçons, l'un parce qu'il était malade et l'autre parce qu'il était trop jeune.

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    Au final, lorsque tout le monde fut parti et que les doméstiques commencèrent à ranger, le couple Valvasor choisi de rester un instant dans la salle : et ils parlèrent longuement de comme leurs filles avaient grandi, changées. Du fait que bientôt, parce qu'elles seraient en âge et qu'il fallait des héritiers, il faudrait les marier.

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    Au petit matin suivant, un peu plus tard qu'à l'habitude - on avait laissé les enfants se reposer un peu -, Solange s'affairait à sa coiffeuse, tout juste habillée. Sa bonne humeur était passée et elle s'insurgeait, pleine d'inquiétude :

    "Pourquoi est-ce que ça ne veut pas rendre comme hier ? Raaah... je n'y arrive pas, je n'y arrive pas... il faudrait que père engage une personne pour cela... que dira-t-il si je n'y arrive plus, alors qu'il m'a trouvée si belle hier ? S'il veut encore de moi après la catastrophe d'hier...

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    "Oh, Lance, voulez-vous toujours que nous dansions malgré ce jus qui tâche ma robe ? Non, non, il ne voudra jamais... je suis certaine qu'il a déjà dit à tous ses cousins ce qui s'est passé et que tout le monde en parle... nos amis, les domestiques... c'est affreux, affreux."

    Préférant ne pas plus s’apitoyer sur son sort et sentant l'heure du petit déjeuner approcher, Solange fini par quitter sa chambre, le moral au plus bas.

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    C'est alors que, à sa plus grande surprise, elle croisa son frère :

    "Donatien ! Est-ce que vous n'êtes pas sensé être alité ? Je croyais que vous étiez encore très souffrant...
    - Eh bien je me suis senti mieux et j'ai voulu déjeuner en bas, il était très froid, comme toujours.
    - C'est merveilleux ! Voulez vous prendre mon bras pour vous appuyer ?
    - Je ne suis pas une femme."

    Solange, d'habitude si impulsive, eut l'intelligence - ou peut-être fut-ce par habitude - de ne pas relever.

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    Avec un petit sourire mesquin, peut-être moqueur ou méchant, Donatien s'approcha de sa petite soeur :

    "Alors, ce bal ? Était-il à la hauteur de vos attentes ?
    - Oh, oui, c'était une belle fête... tout le monde était très bien, vraiment. J'aurais préféré que vous y soyez, vous savez, ça aurait été bien mieux... j'espère que la prochaine sera ainsi...
    - Sans façon, je ne suis pas capable d'aller à mes propres réceptions alors celles des autres... mais allez-y, continuez donc d'étaler toutes ces choses en savant combien elle me font envie.
    - Donatien, non, ce n'est pas... ! Je n'ai pas voulu..."

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    Le jeune homme lâcha une méchanceté et sa soeur s'en offusqua profondément ; elle ne dit rien pourtant, se sentant profondément coupable d'avoir fait souffrir son aîné : c'était bien pourtant ce qu'il avait voulu en lui posant la question, à l'instant. La faire culpabiliser, elle, de vivre un bonheur qui lui était interdit. Pauvre Donatien : ça le mettait hors de lui, de voir ses sœurs vivre toutes ses choses lorsqu'il était cloîtré dans sa chambre.

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    La journée s'écoula ainsi, assez simplement et sans d'autres événements notables. On ne vit pas plus Mélusine au château que Donatien hors de sa chambre - à croire qu'il n'en était sorti que pour ennuyer sa soeur. Si bien que leur mère s'inquiéta de toutes ces absences :

    "Solange ! Savez-vous où sont votre frère et votre soeur ? C'était à elle de passer une heure au piano avec Silas. Ce n'est pas la prmeière fois qu'elle s'absente ainsi.
    - Je ne sais pas, mère...
    - Si elle est encore de jouer aux filles des bois dans les jardins et que vous êtes complices, je vous assurer que les choses se passeront mal... ce n'est pas la place d'une fille, enfin !"

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    Et en effet, dans les jardins, alors que la nuit tombait...

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    Le loup et la louve, recueilli des années plus tôt au phare en cadeau pour les deux fillettes, rejoignaient chaque nuit celle qu'ils voyaient comme leur compagne de vie. Mélusine les avait élevés au biberon sous les conseils avisés de son père et les deux animaux étaient restés extrêmement attachés à la jeune femme, quoi qu'encore sauvages et méfiants.
    Mélusine passait ainsi beaucoup de temps auprès d'eux et, lorsqu'elle savait sa mère trop occupée pour surveiller son retour, elle s'autorisait même quelques courses à cheval dans le domaine, à leurs côtés.

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    "Bonsoir, mes amis... oh, oui, je sais ce que vous attendez, mais pas ce soir. Je suis attendue pour la leçon de piano de Silas... quoi qu'elle est déjà passée depuis des heures, je crois. Il y a tellement de choses qui se sont passées ! J'espère d'ailleurs que vous me pardonnez mon absence d'hier soir."

    Le loup et la louve étaient ses confidents silencieux, oreilles attentives au moindre de ses sons. Elle se sentait particulièrement apaisée avec eux, en particulier lorsqu'elle était en proie à toutes ces responsabilités qui lui incombaient.

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    "Je crois que le jour approche, mon ami... père et mère en parlent de plus en plus souvent et je suis déjà à un âge où nombres de filles sont mariées. Je sais la chance que j'ai d'avoir un père si patient et qui ne veut que mon bonheur... je crois que Gunther est un homme bon mais il est si... maladroit, et tellement... âgé... si... triste... je ne sais dire. Quelque chose en lui me dégoûte, je crois que je me faisais une autre idée de lui... oh, oui, tu as raison, je ne devrais pas me plaindre. Les choses iront certainement mieux et je m'y ferais bien, lorsque je serai duchesse Munch.
    Post edited by Tervilles on
  • LaméLamé Messages: 2,881 Membre
    J'apprécie que tu te sois lancée dans une histoire, à la place d'un challenge. Conter quelque chose que tu as en tête te va vraiment bien. J'aime beaucoup le personnage de Mélusine. Elle a un prénom qui fait écho à la magie. Je lui espère de rencontrer un homme qui lui plaise vraiment ... C'est tellement triste de se retrouver marié à quelqu'un qu'on n'aime pas vraiment.
    Histoire en cours : Les aléas de la vie - Les âmes immortelles - Mes Hors-Séries sur mes histoires sims - Not So Berry Challenge

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  • TervillesTervilles Messages: 307 Membre
    Je suis contente que cette histoire de plaise @Lamé. Les challenges sont une ligne directrice rassurante mais ça fait du bien d'en sortir un peu et d'expérimenter quelque chose... j'ai beaucoup travaillé cette histoire (la trame, les personnages surtout) avant d'en publier le début et c'est vraiment un plus gros travail que les challenges, bien que le legacy soit devenu un boulot monstre. :D J'aime aussi beaucoup le prénom de Mélusine (et de Solange, et de Donatien, et de Silas... les prénoms des quatre enfants Valvasor en fait xD) et j'ai mis un sacré moment à les choisir, pour qu'ils évoquent quelque chose qui colle vraiment aux personnages.
    J'espère aussi qu'elle rencontrera l'amour... mais surtout que ce ne sera pas trop un amour impossible, car on sait bien qu'à l'époque ce n'est pas l'amour qui décide du mariage...
  • Ryu707Ryu707 Messages: 1,239 Membre
    Intéressant cett suite. C'est triste pour Mélusine de voir qu'elle va devoir se marier alors qu'elle n'en a pas vraiment envie... contrairement à Solange.
    Donatien est devenu bien aigri mais on le comprend parce que rester cloîtré dans sa chambre sans jamais assister aux réceptions...
    ~*♥♪La vie est belle et cruelle à la fois, elle nous ressemble parfois ♫~*♥

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    [Not So Berry Challenge] - Les aventures de la Rainbow Family.
    [Histoire] - Le jour d'après
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  • SimsStoryFanaticSimsStoryFanatic Messages: 508 Membre
    Très bonne suite ! Solange me fait beaucoup rire, je trouve qu'elle correspond très bien au genre de fille de l'époque. J'adore la différence que tu mets entre les jumelles aussi, Solange qui aime être toujours parfaite et souhaite se marier alors que Mélusine est plus en retrait de tout ça.. Et Donatien.. Ça doit être tellement dur pour lui de ne rien pouvoir faire..

    D'habitude j'ai du mal à lire les grands chapitres mais avec ton histoire ça passe tout seul, tu racontes vraiment bien, ça se sent que tu as travaillé les persos, l'histoire et tout parce que c'est très bien fait :)
  • TervillesTervilles Messages: 307 Membre
    Modifié (décembre 2017)
    C'est sûr @Ryu707 que tout n'est pas joyeux en ce moment chez les Valvasor... en même temps, on se dit qu'ils auraient pu encore plus mal tomber : c'est l'époque qui n'est pas facile ! :/ Donatien est un de mes personnages préférés, justement parce que je le trouve terriblement triste...
    Contente de voir que la suite te plaît @SimsStoryFanatic ! Solange est un peu le rayon de soleil dans la famille, c'est vrai qu'elle reflète bien l'état d'esprit des jeunes filles de son époque... Bien qu'elles soient jumelles, Mélusine et elle n'ont pas du tout reçu la même éducation et elles n'ont pas la même "place" au sein de la famille, ce qui explique en partie leurs différences. J'espère que tu n'auras pas de problèmes à lire les prochains chapitres, j'avoue que j'ai l'habitude de faire des chapitres d'entre 35 et 45 screens... tout dépend du rythme, en fait ! :)

    Dans ce chapitre, on découvre un peu le quotidien de la vie au château, on voit enfin le quatrième des enfants Valvasor mais surtout, surtout... on voit naître l'intrigue !
    Chapitre 2 ○ A chacun sa place

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    Un matin estival particulièrement chaud, le chant doux des oiseaux et le bruissement clair de l'eau...

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    On connaissait le domaine Valvasor pour son architecture pensée et construite autour des nombreux points d'eaux du terrain, qui avaient été domptés, apprivoisés, sculptés. Les mares et les fontaines parcouraient les jardins du château et l'on pouvait même s'y baigner : les premiers à en profiter, bien-sûr, étaient les enfants du duc...

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    " Mélusine ! Attendez un peu que je vous attrape, vous allez être trempée ! "

    Silas, le cadet des quatre enfants, tenait à y jouer tous les jours n'est-ce que quelques heures. Parce qu'ils n'avaient pas même onze ans, on l'y autorisait bien que sa mère craigne toujours qu'il n'attrape froid...

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    " Une minute petit insolent ! Je vais vous montrer un peu le respect que vous devez à vos aînés...
    - Eh, vous n'avez pas le droit de me tremper ! Je suis le futur duc, et c'est moi qui décide !
    - Un futur duc ? Il n'est pas sûr que père vous laisse hériter si vous n'arrivez pas à m’éclabousser un peu plus...
    - C'est parce que je vous ménage, ma soeur ! "

    Derrière les vitres de la salle à manger, on observait les enfants ; et l'humeur y était bien moins insouciante.

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    " Je croyais avoir été clair en vous disant que je ne souhaitais plus en parler. C'est toujours le même discours, j'en ai presque hâte de partir en déplacement... "

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    Le couple Valvasor attendait que l'heure du déjeuner soit sonnée, les visages fermés et le regard fâché. Le duc, surtout, semblait particulièrement contrarié. Il regardait sa femme en pinçant les lèvres, comme chaque fois lorsqu'il était énervé de quelque chose. Il dû sentir qu'il était allé un peu loin et que ses mots avaient blessé la duchesse, parce qu'il ajouta :

    " Arrêtez un peu de faire cette tête, vous ne pouvez pas tout le temps la réprimander. C'est encore une enfant, et vous ne voulez tout de même pas condamner Silas à jouer seul sous prétexte qu'il est plus jeune que ses sœurs ?
    - Une enfant, une enfant... dois-je vous rappeler que nous étions déjà mariés à son âge ? "

    Ses mots grinçaient, on sentait que la discussion était déjà revenue plusieurs fois sur la table. Chaque matin, en fait. Le duc n'eut rien à répondre, parce qu'il ne voulait pas mettre à nu son coeur de père. Retarder le mariage de ses filles, c'était un caprice idiot. Il savait bien qu'il ne pourrait plus y couper très longtemps, et c'était sans doute ça qui l'énervait autant - entre autres...

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    Pourtant, sa femme revint à la charge ; elle ne semblait pas comprendre qu'il ne souhaitait pas en parler - de rien - et encore moins avec elle.

    " Allez, je sais bien qu'autre chose vous tracasse...
    - Il n'y a rien.
    - Ne me mentez pas, Jehan, je vous connais trop bien pour marcher.
    - Si vous me connaissez si bien, devinez ce à quoi je pense et taisez vous.
    - Ce que vous pouvez être désagréable, lorsque quelque chose vous ennuie ! Vous feriez mieux de dire ce qui ne vas pour vous en débarrasser, au lieu de ressasser dans votre barbe.
    - Seigneur, vous êtes tellement fatigante... murmura-t-il.
    - Pardon, vous avez dit ?
    - Rien, rien. Ce qui m'ennuie ne vous concerne en rien, j'en parlerais avec ceux dont c'est le rôle de m'entendre parler.
    - Ah ! Oui, si c'est encore une histoire de politique, je ne veux pas en entendre parler !
    - C'est de ça dont il s'agit, alors ne posez plus de question. "

    En effet, il n'y avait pas que les questions de mariages qui torturaient Jehan. Il sentait le poids des responsabilités lui peser et ne rêvait que d'une chose : un moment de calme pour mieux réfléchir. Il cherchait à avoir les idées plus claires : voilà ; ce qui le tracassait, c'était...
    Trop tard, les enfants arrivaient.

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    " Bonjour !
    - Père, mère...
    - Bonjour mes enfants. La nuit a été bonne ?
    - Très bien père ; et vous-même ?
    - Mélusine, votre chignon est trop leste, on dirait que vous l'avez fait seule. Envoyez moi Bertine lorsque nous aurons mangé, que je lui rappelle comment vous coiffer correctement...
    - Bien-sûr, mère. "

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    Chacun se fit servir dans un silence plus ou moins gêné, comme si chacun sentait le malaise suite à la brève dispute du couple. Seul à ne rien avoir remarqué, Silas lança d'un ton enjoué :

    " Père, les têtards de la fontaine sont entrain de se transformer ! Les pattes avant sont bien visibles et Mélusine a dit qu'ils seraient bientôt de vraies grenouilles. Est-ce que je pourrais en avoir une dans ma chambre, dites ?
    - Dans votre chambre ? Allons, Silas, les animaux sont sales... vous ne voudriez pas attraper une maladie ? Et puis cette pauvre bête n'aurait rien à faire dans un bocal...
    - Mais, mère...
    - Votre mère a raison, trancha Jehan, les grenouilles n'ont pas leur place à l'intérieur, elles seraient malheureuses. Je suis certain que ce n'est pas ce que vous voulez.
    - Non, père, mais quand même...
    - Vous pouvez les voir dans la fontaine jusqu'à ce qu'ils grandissent ; ensuite, les grenouilles donneront peut-être naissance à de nouveaux têtards et ainsi de suite.
    - A propos de vos jeux dans la fontaine, d'ailleurs... "

    Comme on aurait pu s'y attendre, la conversation bifurqua sur l'éventualité d'une interdiction des jeux du matin - heureusement pour Silas et sa soeur, leur père les défendit habilement.
    Le château Valvasor était en pleine campagne et ses habitants s'y permettaient plus de contact avec la nature. Selon la mère Valvasor, ce n'était pas une raison pour s'éloigner de la bonne tenue ; elle avait vécu un temps à Versailles, lorsqu'elle était très jeune, et elle avait du mal à se défaire de l'éducation très stricte qu'elle y avait reçue. Jehan, lui, était né ici ; c'était un seigneur de campagne et il n'avait aucun problème à voir ses enfants s'amuser dans l'eau. C'était une simple différence de points de vue et les enfants s'amusaient beaucoup de ces petites disputes quotidiennes.

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    " Silas, annonça Jehan, j'aimerais que vous assistiez à la leçon de votre frère cet après-midi. Nous parlerons de géographie et de géopolitique.
    - Vraiment ? Oh, père, oui, j'adorerais ! "

    Silas, encore très jeune, n'avait que rarement l'occasion de suivre les cours de Donatien - qui l'intéressaient beaucoup plus que d'apprendre les noms des précédents rois et grands ducs, il fallait l'avouer. De puis, il admirait beaucoup son grand frère : si digne, tellement inaccessible... peut-être aussi se sentait-il inconsciemment coupable de lui avoir pris sa place d'héritier : toujours était-il qu'il cherchait toujours à se rapprocher de lui.

    " Mélusine, votre précepteur ne sera pas présent aujourd'hui. Pendant que votre soeur suivra son cours de danse, j'aimerais que vous me rejoignez dans le petit salon. Il faudrait que nous parlions.
    - Bien-sûr, mère. "

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    Le château, pourtant de taille modeste si on le comparait à ceux de la ville, comportait un certain nombres de salons et de bureaux ; l'un d'eux, qu'on appelait Bureau d'Etudes, était réservé à l'éducation des enfants Valvasor - souvent les garçons. Lorsqu'il n'était pas trop fatigué, Donatien y recevait l'enseignement des précepteurs ou de son père. Dû à ses fatigues constantes, il avait accumulé un certain retard - mais tout le monde faisait mine de l'ignorer.
    Le fait était pourtant que Silas et lui partageaient de plus en plus d'études, parce que le petit rattrapait lentement le niveau de son frère. C'était un petit génie.
    Ce matin là, légèrement souffrant, Donatien avait pris son repas au lit avant de se rendre à la leçon. Il aimait ces instants passés avec son père, où il avait l'impression d'être un fils normal, un héritier. Il ne se faisait pas d'illusions, bien-sûr ; mais il savourait ce répit.

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    " En 1756, donc, nous signons le traité de Versailles avec l'Autriche pour contrecarrer la puissance du royaume de Prusse. Il s'agit de trouver le plus d'alliés possible pour être de tailles face à l'alliance anglo-prussienne, et c'est entre autres pour ça que notre bon roi a envoyé le chevalier d'Eon, dont nous parlions la leçon précédente, auprès de la tsarine russe Elisabeth. C'était en juin, donc, juin 56... vous notez, Donatien ? il me semble que les alliances du royaume de France ne sont pas votre fort... donc, regardez sur le globe ; est-ce que vous savez ce qui s'est passé à cet endroit ?
    - Oui ! C'est Kije ! Une bataille ou l'armée impériale de russie dirigée par Piotr Saltykov a battu la Prusse !
    - C'est très bien, Silas. "

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    " C'est un exemple clair de la réussite de l'alliance entre les l'empire d'Elisabeth la clémente et notre bon roi... et la preuve de la bêtise de nos amis qui craignent le résultat des l'alliance.
    - Pourquoi est-ce qu'ils la craignent, père ?
    - Parce que... le duc hésita en regardant son fils, craignant de l'inquiéter,parce qu'ils ont du mal à faire confiance aux autres, mon fils. C'est un peu compliqué. "

    Jehan était souvent un peu mal à l'aise devant les questions de Silas, qui se montrait toujours très curieux de la politique étrangère et des relations entre les empires et les royaumes du monde. Il avait souvent manifesté le désir de se rendre à Versailles et, un jour, d'y travailler ; c'était un peu étrange pour le duc, qui avait toujours tenu à rester de son côté et à gérer son duché en retrait des affaires du royaume. Jehan voyait bien son fils devenir ministre.
    Donatien, lui, avait remarqué le regard que son père jetait à son jeune frère. Il se mordit la lèvre et leva les yeux au ciel, soudainement agacé. Pourquoi est-ce que c'était ce petit bout d'homme, deux fois moins grand que lui, qui venait encore lui voler sa place ? Est-ce qu'il ne devrait pas être entrain d'apprendre à lire ou à écrire le latin ? Le jeune homme était rongé par la jalousie. La présence de Silas aux leçons politiques lui rappelait qu'il ne serait jamais l'héritier, qu'il n'était pas vraiment le premier fils, celui dont un père était si fier. Il était tellement énervé qu'il fut prix d'une quinte de toux ; mais au même moment, Silas cria quelque chose et son père ne le remarqua même pas.

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    " Père ! Père, c'est ici, n'est-ce pas, notre duché ?
    - Oui, mon fils.
    - Et ici, c'est le domaine des Raffins ! Il est adjacent au notre. Et là, juste ici, c'est le duché Munch. C'est là que Mélusine sera duchesse quand elle aura épousé Gunther Munch, n'est-ce pas ? Et elle aura une place à Versailles, parce que les Munch sont des présentés au roi... peut-être qu'elle connaîtra la reine et qu'elles deviendront amies, n'est-ce pas, père ? Elle pourrait insister pour que la route jusqu'à la capitale soit rafraîchie, père, puisque vous dites toujours que vous n'avez pas d'or à mettre dans ces travaux là... ce serait bien, non ? "

    Les yeux des Silas brillaient de mille feux, alors qu'il s'imaginait sans doutes lui-même duc Valvasor et ministre à Versailles. Comme sa soeur Mélusine, il avait toujours vu grand.

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    " Regardez, père ; lorsque Mélusine sera la femme de Gunther et Solange celle de Lance, tout ça appartiendra à notre famille... on sera un grand grand duché familial.
    - Vous n'auriez pas peur d'entrer en conflit avec vos soeurs, une fois que vous aurez chacun la responsabilité d'une terre ?
    - Bien sûr que non, père, nous sommes frères et soeurs ! Il n'y a aucune raison qu'on se fasse la guerre, puisqu'on est une famille. "

    Un éclair de tendresse traversa le regard de Jehan, alors qu'il observait son fils avec fierté. Son fils était encore si naïf et tellement innocent...

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    " Mélusine Elisabeth Marie Sophie Valvasor ! Je croyais vous avoir dit que je ne souhaitais plus vous y reprendre ! Ceci est la leçon de vos frère et si elle ne vous est pas donnée, c'est que vous n'avez pas à la suivre ! Une fille a-t-elle besoin de grands savoirs en géopolitique ? "

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    " Qu'y a-t-il donc tant d'intéressant sur ce globe terrestre, mh, mademoiselle ? "

    Prise en flagrant délit alors qu'elle suivait discrètement la leçon de ses frères, Mélusine ne sut que dire pour se défendre. Sa mère semblait profondément affligée ; elle-même ne savait que dire. Pourquoi sa fille ne pouvait-elle pas s'intéresser à l'étiquette, au piano ou aux langues ? Elle aurait sincèrement aimé la comprendre, mais elle n'y parvenait pas. Ses lubies si masculines lui échappaient complètement. Elle soupira longuement.

    " Venez, il faut que vous travaillez votre orgue. "

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    Jehan avait laissé Silas au soin de son frère aîné un instant et, soucieux, il regardait sa fille s'éloigner avec sa mère. Lui non plus ne parvenait pas à comprendre Mélusine, il essayait seulement de se montrer tolérant. Il avait pourtant conscience qu'elle dépassait un peu trop les limites et qu'il lui fallait enfin devenir une femme. Impuissant, Jehan s'en voulait terriblement : si seulement il ne l'avait pas traitée comme un petit garçon, lorsqu'elle était enfant... à l'emmener en expédition, parfois même à la chasse... quelle fille faisait ça avec son père ? C'était de sa faute, entièrement de sa faute si elle se montrait si intéressée pour les leçons de ses frères. La faute à son ardent désir d'avoir un fils valide.
    Alors il restait en retrait, regardant sa femme essayer de réparer ce que lui-même avait cassé.

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    Mélusine ne savait pas trop si elle devait ou non sa fascination pour la politique et la chasse à son éducation, mais toujours était-il qu'elle souffrait de ses préférences. Le sentiment de ne pas correspondre aux attentes de ses parents la rongeait, et c'était ce qui la poussait à donner le meilleur d'elle même ; ainsi, muée par le devoir, la jeune femme excellait dans ce qu'elle détestait. La danse, l'orgue ou le piano, l'étiquette, les langues ou les leçons de peinture.

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    Ce soir là, comme bien d'autres, fut miné par les colères de chacun. Jehan, qui se demandait ce qu'il avait raté dans l'éducation de ses enfants. Sa femme, qui se torturait de ne pas arriver à les comprendre. Donation, rongé par la jalousie et l'impuissance. Mélusine, écartelée entre le devoir et l'envie. Solange, qui ne comprenait pas qu'on porte tant d'attention à sa soeur. Silas, désireux d'être le sujet de toutes les fiertés.

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    Alors, le soir venu, les enfants couchés, Jehan s'autorisa un verre au clair de lune. Ses pensées avaient quitté les questions familiales et étaient toutes à la politique. C'était toujours ce même sujet qui le tracassait, et il ne s'avait comment s'en dépêtré. A qui parler ? Demain devait avoir lieu une réunion avec le jeune duc Munch, les marquis Plénozas et Gothic ainsi qu'avec le conte Raffin ; pour la premières fois, il n'était pas sûr de vraiment pouvoir faire confiance à l'un de ces précieux amis.

    " Jehan, je vous en prie, parlez. Vous n'arriverez jamais à dormir ainsi. "

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    Parce qu'il était fatigué ou parce qu'une journée de réflexion n'avait pas trouvé de solution, Jehan se décida à parler à sa femme. Il soupira longuement.

    " Voyez comme c'est compliqué... il s'agit d'une histoire de confiance, ma dame. Je sais de bonne source qu'il y a complot contre moi et je ne sais vers qui me tourner pour l'empêcher.
    - Complot ? Que dites vous, pourquoi penser de pareilles horreurs ?
    - On dit que certains veulent prendre le duché et le pouvoir qu'il représente. Bien placé, au coeur du royaume, non loin de la capitale, avec un grand port, des richesses conséquentes...
    - Vous craignez qu'on vous assassine ?
    - Moi, non. Mais mes fils, mes filles, nos cousins... j'ai peur qu'on ne cherche à évincer les décendants. "

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    Il vit qu'il l'avait effrayée et regretta d'en avoir parler à une femme ; elle qui s'inquiétait tant pour l'avenir de ses enfants...
    Et puis, la politique avait toujours dépassé madame Valvasor. Il s'empressa donc de la rassurer :

    " Je suis certain que le problème sera vite réglé, n'ayez crainte. Nos enfants ne risquent rien tant qu'ils sont avec nous. "

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    Ce que craignait Jehan Valvasor, c'était l'instant ou ses enfants ne seraient plus sous sa protection : qu'arriverait-il s'il mariait ses filles ? S'il envoyait son fils à l'hospice ? S'il partait un peu trop longtemps en déplacement ou pire, s'il lui arrivait malheur ? Il entendait de plus en plus de choses qui brisaient le sentiment de sécurité qu'il avait toujours eu. Quelqu'un, là, dehors, en voulait au duché Valvasor.

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    Le lendemain matin, dans la dépendance du château, au dessus de la chapelle...

    " Est-ce que vous souffrez lorsque j'appuie ici ?
    - Bien entendu !
    - Et ici ?
    - Je vous ai dis que oui, déjà mille fois ! Hier, et avant-hier... alors enlevez vos mains de ma colonne !
    - Mes excuses, messire. "

    Le médecin laissa un temps de silence.

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    " Il me semble qu'il y a une réunion dans la Salle, non ? J'ai vu messire Gothic y entrer en compagnie de votre père...
    - Mmh.
    - Ne devriez-vous pas y être ?
    - Il semble que non.
    - Pourtant, messire Raffin est venu avec son fils... on aurait dit qu'ils s'apprêtait à parler de choses importantes, alors j'ai pensé...
    - Dites donc, est-ce que vous n'êtes pas médecin ?
    - Bien-sûr, messire, pourquoi donc cette question ?
    - Alors peut-être devriez-vous arrêter de penser et vous mêler de la médecine et seulement de celle-ci. "

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    Soudainement en colère, Donatien se releva de la table de médecine.

    " Messire, je n'ai pas appliqué toutes vos huiles...
    - Pour ce qu'elles ont d'efficace ! Si vraiment votre traitement avait du mérite, je serais dans la Salle avec mon père plutôt qu'avec vous ! Allez, sortez de cette salle, sortez du domaine, avant que je ne change d'avis et que je ne décide de vous y garder enfermer !
    Post edited by Tervilles on
  • SimsStoryFanaticSimsStoryFanatic Messages: 508 Membre
    Hum.. Il lance plusieurs petite piste d'intrigue ton chapitre.. J'ai bien peur qu'il arrive quelque chose à cette famille..
  • sirhc59sirhc59 Messages: 25,181 Modérateur
    Pas si simple qu'on pourrait le croire la vie au duché...
  • TervillesTervilles Messages: 307 Membre
    C'est sûr que la vie n'est pas toujours facile pour eux... d'autant plus que beaucoup de codes régissaient la vie de la noblesse à l'époque ! Ce n'est pas facile pour tous les enfants de s'y faire, surtout que Jehan et sa femme ne viennent pas tout à fait du même milieu. Je tiens à dire que, lorsqu'on écrit une histoire avec une dimension historique, le travail de documentation est juste passionnant ! <3

    Une petite question ; préférez-vous le filtre du prologue et du chapitre 1, ou le filtre du chapitre 2 ?
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