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Contes et Merveilles

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agathe2013agathe2013 Messages: 1,837 Membre
Modifié (avril 2018) dans Histoires & Challenges
Coucou,

J'avais envie de vous faire connaître également des petites histoires que j'ai écrites sur mon blog.

Voici la première qui a un lien avec une certaine actualité douloureuse : Migrante

Et, celle-ci se situe dans l'univers de mon histoire "le lien brisé" : Une rencontre d'un soir...vraiment ?

Voilà, j'espère que ces petites lectures vous plairont. Je viendrai en mettre d'autres suivant mon inspiration.

Merci de votre passage :smile:
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Post edited by agathe2013 on

Réponses

  • sirhc59sirhc59 Messages: 25,314 Modérateur
    Modifié (février 2017)
    En voilà une bonne idée :) Je ne serai probablement pas une lectrice assidue par manque de temps, mais je suis tout de même allée faire un petit tour ;)
    Post edited by sirhc59 on
  • agathe2013agathe2013 Messages: 1,837 Membre
    Merci @sirhc59 (et toujours merci pour tes superbes créations qui aident bien pour les décors d'histoires)
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  • agathe2013agathe2013 Messages: 1,837 Membre
    J'avais envie de vous faire partager une histoire que j'ai écrite il y a quelques années déjà. C'est un conte. J'avoue aimer particulièrement ce type d'écriture. J'espère qu'il vous plaira également.
    *******
    Le nom de la Lune

    Il était une fois une princesse. Une princesse qui se nommait Danse-de-Lune.

    anse-de-Lune était la troisième fille du Roi de l'Ouest. Elle était très gracieuse, d'une pâleur idéale et dotée de longs cheveux noirs qui avaient comme particularité, en leur sombre écrin, d'accueillir une mèche d'un blanc le plus pur. Mais, la demoiselle avait le caractère glacial et ne supportait pas la foule des courtisans qui se pressait à la Cour de son père. De ce fait, peu de gens ne venaient lui faire la cour.

    Et le temps passa. A l'aube de ses vingt et un printemps, ses deux sœurs étaient mariées depuis longtemps et connaissaient les joies de la maternité, tandis qu'elle-même glissait dans le voile de sa morgue lunaire, sans sentiment ni affection, glaciale, icône solitaire. Ses parents s’en inquiétèrent. Le Roi voulut la fiancer aux princes de quelques petits royaumes voisins. Mais les pères de ces mêmes princes en voyant ce morceau de femme glacée n’en voulurent point.
    Danse-de-Lune se retrouva donc sans fiancé. Cela ne l’émut guère. Et elle se lova encore plus dans sa solitude glacée.

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    Un jour, elle étonna ses parents en leur disant qu’elle voulait faire un petit pèlerinage, une retraite quelque temps loin de la cour. Elle voulait aller visiter l’Ermitage du Lac des Ombres. Ses parents se récrièrent : on disait que le Lac des Ombres était hanté et qu’il s’y passait des choses étranges. Ce n’était pas l’endroit idéal pour une jeune princesse. Il y avait d’autres ermitages plus intéressants dans les Plaines. Mais, Danse-de-Lune resta sur sa position. Elle avait dit qu’elle irait au Lac des Ombres et cela se passerait ainsi. Le sujet était clos.

    On prépara donc les bagages et le transport pour la princesse. Les serviteurs qui devaient l’accompagner montrèrent une face sinistre. Mais à cette époque comme à toute autre, le petit peuple obéissait.

    Et donc, lorsque la lune commença à décroître, Danse-de-Lune entama son pèlerinage. La jeune femme s’accorda même un mince sourire une fois qu’elle eut quitté l’enceinte du Palais. Elle décida de suivre un chemin moins orthodoxe que prévu. Sa petite caravane passa par les chemins, traversant des minuscules villages où les habitants sortaient de chez eux et regardaient avec de grands yeux ronds passer cet étrange équipage. Ils n’avaient point l’habitude de voir des nobles, et qui plus est de sang royal, s’aventurer jusqu’à leur modeste bourg. Mais, Danse-de-Lune aimait à ne pas suivre les idées ou les chemins des autres. Son voyage lui prit trois jours car elle insista pour s’arrêter à chaque petit sanctuaire villageois afin d’y faire une prière. Enfin, ils arrivèrent au Lac des Ombres et à son Ermitage. Ermitage qui n’était habité que par quelques vieux moines. Le lieu avait tellement sinistre réputation qu’il n’y avait guère de personnes qui venait les voir. Les moines eurent donc un peu de mal à accueillir comme il se devait la princesse. Mais la jeune femme s’en moqua un peu. Elle fut tout de suite fascinée par le paysage qui se trouvait en contrebas du sanctuaire. Le Lac des Ombres. Vaste étendue d’eau nichée au creux des montagnes. Surface d’un bleu profond où l’on voyait passer quelques silhouettes. D’où son nom. Et aussi, par le fait, qu’apparemment, les créatures surnaturelles y venaient de temps en temps.

    Danse-de Lune les vu lors de la troisième nuit où elle s’aventurait près du lac. Elle aimait ces moments de solitude où tout le monde dormait. Mais ce soir-là, d’autres êtres vinrent se promener au bord de l’eau. Des êtres qui brillaient dans le noir, silhouettes longilignes et aux yeux d’obsidienne, totalement non-humains. Un être s’aperçu de la présence de Danse-de-Lune et s’approcha d’elle. C’était un homme tout vêtu de noir où semblaient briller de minuscules étoiles. Il avait une crinière blanche qui lui descendait jusqu’en bas des reins. Il sourit à la princesse.

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    « Belle Dame, que faites-vous donc ici en cette nuit de presque nouvelle lune ?»

    Danse-de-Lune, après un bref moment de silence du fait de sa stupeur et d’un peu de peur, se ressaisit et donna l’ébauche d’un sourire à l’être enchanté.

    « Je me promène au bord du lac, Noble Seigneur. La vue est si belle en cette douce nuit.»

    L’homme-fée eut un petit rire puis prit la main de Danse-de-Lune et l’emmena vers les autres êtres fantastiques.

    « Venez danser avec nous, Belle Dame et savourons ensemble la douceur de cette nuit».

    Danse-de-Lune ne put qu’acquiescer, étant entrainée sans pouvoir vraiment résister. Mais, en même temps, la jeune femme était très excitée. Cela était si nouveau et si troublant. Elle dansa donc jusqu’à tard dans la nuit avec les êtres-fées. Puis, l’homme à la chevelure blanche lui reprit la main et la ramena jusqu’au bord du lac.

    « Belle Dame, la nuit est presque finie. Je me dois de vous dire au revoir. Puis-je savoir votre prénom ? ».

    « Je m’appelle Danse-de-Lune ».

    « …Quel beau prénom. Et si approprié. Je me nomme moi-même Eclat d’Etoiles…. Danse-de-Lune, voudriez-vous devenir ma femme ? »

    La princesse resta un instant interdite puis eut un bref éclat de rire.

    « Allons, Noble Seigneur, vous n’y pensez pas. Nous ne sommes pas de la même race. »

    « Cela n’est pas grave… je vous dis à bientôt ».

    Eclat d’Etoiles lui embrassa les mains puis disparut dans le brouillard naissant du jour. La jeune princesse resta un instant songeuse puis rentra à l’ermitage où ses gens l’attendaient avec inquiétude. Mais elle ne tint guère compte de leur mise en garde. Et le lendemain soir, elle se retrouva au même endroit que la veille. Le même manège recommença, et l’homme-fée la réinvita dans leur ronde. Et, à la fin, Eclat-d’Etoiles, lui demanda une deuxième fois si elle voulait être sa femme. La princesse déclina à nouveau la demande, avec un soupçon de morgue. Le visage de l’homme-fée s’assombrit un peu mais il resta courtois envers la princesse et s’inclina devant elle avant de disparaître aux premières lueurs de l’aurore.

    Danse-de-Lune revint, un peu troublée, dans sa chambre. Si elle avait été plus raisonnable et si elle avait écouté les conseils de ses gens, elle ne serait point retournée une troisième fois au Lac des Ombres. Mais, Danse-de-Lune étant ce qu’elle était, elle retourna donc une troisième nuit et une troisième fois, Eclat-d’Etoiles la raccompagna et lui demanda sa main. Et, une troisième fois, Danse-de-Lune déclina son offre. Alors, le visage de l’être fantastique s’assombrit d’une inquiétante façon et ses yeux brillèrent d’un éclat aussi dur que le diamant.

    « Danse-de-Lune ! Tu t’es refusée à moi pour la troisième et dernière fois. Par ton comportement glacial et sans chaleur je te condamne à errer, invisible, à la surface de la terre, et toujours seule. Tu comprendras alors ce qu’est vraiment la solitude… Ton enchantement durera aussi longtemps que je le désire… A moins que tu ne me dises au Solstice d’Hiver, le nom de la Lune… Va maintenant ! »

    Eclat-d’Etoiles la toucha du bout du doigt. Un éclair glacial envahit son cœur et elle s’évanouit.

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    A son réveil, les êtres-fées avaient disparus. Et, elle découvrit avec horreur que plus personne ne pouvait la voir à l’ermitage. Elle était invisible à leurs yeux. Et, quelques jours plus tard, elle vit repartir ses gens, qui avaient essayé en vain de la chercher, en direction du Palais de son père.

    Un grand vide se fit en elle quand elle s’aperçu qu’aucun être humain ne pouvait l’apercevoir, l’entendre, la toucher. Elle était seule, absolument seule, sans plus aucun lien avec le reste des être humains.

    Alors, commença son errance silencieuse et invisible. Elle vit bien des choses fabuleuses, des endroits fantastiques, des peuples barbares ou cultivés, d’une grande sagesse ou d’une totale ignorance, se retrouvant à écouter bien des secrets dans les loges royales, les alcôves cachées, les cabinets des ministres. Mais, toujours, sans être vue de personne. Danse-de-Lune était totalement seule. Du plus humble humain au plus puissant, personne n’avait conscience de sa présence. Elle retourna même au Palais de ses parents, mais elle n’y resta guère de temps. La souffrance était trop intense.

    Au bout d’un an, elle retourna près du Lac des Ombres. Et, à minuit précise, Eclat-d’Etoiles lui réapparut.

    « Alors, ma petite princesse, as-tu trouvé le nom de la Lune ? »

    « … Non, Seigneur. Je ne l’ai point trouvé… ».

    « Alors, ta malédiction continue encore. Reviens dans un an ici me donner le nom de la Lune ».

    Et sur ces dernières paroles, il disparut. Danse-de-Lune eut un gémissement puis se releva et repartit donc errer sur la vaste terre. Mais, cette fois-ci, elle n’alla plus voir les humains et se consacra à étudier le règne animal. Pour eux aussi, elle était invisible. Mais elle éprouva un certain réconfort à observer les animaux. Et le temps passa. Danse-de-Lune revint encore une fois au Lac des Ombres. Et de même, Eclat-d’Etoiles revint et lui posa la question où dans sa réponse se trouverait sa délivrance. Mais, encore une fois, la princesse n’avait aucun élément à lui apporter. L’homme-fée eut un air chagrin, lui dit qu’il reviendrait l’année prochaine et disparut.

    Danse-de-Lune eut un petit soupir et baissa la tête. Elle était lasse. Elle ne voulait plus voyager. Il y avait sûrement encore des choses fabuleuses, à voir, à découvrir. Sûrement. Mais tout cela était bien fade lorsque l’on était seul et qu’il n’y avait rien à partager. Elle s’assit donc au pied d’un arbre, non loin de l’ermitage et y resta pendant un an, dans un état proche de la torpeur, ses yeux contemplant l’intérieur de son être. Ce fut Eclat-d’Etoiles, l’année révolue, qui la sortit de son état second.

    « Ma petite princesse, me revoilà. Avez-vous une réponse à me donner cette année ?"

    Danse-de-Lune le regarda un instant sans rien dire. Puis elle s’humecta les lèvres et un son faible sortit de sa bouche.

    « … Je crois…oui. Le nom de la Lune est Amour. Car comme la Lune, il est changeant. Tantôt, il croit et décroit, jamais n’est constant… »

    La jeune femme regarda l’homme-fée pour savoir si elle avait donné la bonne réponse. Il s’éclaira de la plus belle des façons et ses yeux brillèrent de mille étoiles.

    « Belle Dame, vous avez trouvé. Vous êtes libre de votre enchantement. »

    Et ainsi fut fait. Danse-de-Lune retrouva sa condition d’humaine. Juste un instant seulement. Car elle accepta la proposition d’Eclat-d’Etoiles de devenir sa compagne.

    On peut l’apercevoir, parfois, danser avec son époux, près du Lac des Ombres…  

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  • DaemonyaDaemonya Messages: 5,212 Membre
    Très joli conte, j'adore <3 J'étais captivée dans la lecture *.*
    Fais gaffe... parc'que j'ai une tronçonneuse ! >:)

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  • agathe2013agathe2013 Messages: 1,837 Membre
    Merci de ton passage @Daemonya :kissing_heart: . Oui je l'aime beaucoup ce petit conte. J'en ferai sûrement d'autres dans la même veine :smile:
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  • pytisapytisa Messages: 6,349 Membre
    waaaouh! J'étais fascinée du début à la fin :love: Magnifique conte, un vrai régal.
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  • agathe2013agathe2013 Messages: 1,837 Membre
    Merci @pytisa :kissing_heart: . Je suis ravie que cela t'ait plu.
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  • agathe2013agathe2013 Messages: 1,837 Membre
    Je vous partage une nouvelle mini-histoire que j'ai écrite après mon voyage en extrême-orient. J'espère que cela vous plaira.

    Au niveau constructions, l'entrée du temple est de @Lyrasae93, son jardin "Akira Garden" et l'intérieur du temple est la maison "Bambou" de @deborahsims94 .

    **********************
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    Le voyage des cendres


    Alors qu'elle était en train de fermer sa petite boutique de ramens, Hanari eut la visite de ses frères. Ceux-ci souhaitaient lui parler d'une affaire importante. Elle se doutait, en voyant leur mine, que cela n'allait pas lui plaire. Ils décidèrent de s'installer pour discuter dans la maison familiale qui se trouvait à quelques pâtés de maison de là.

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    Une fois installés autour de la table et le thé servit, Shisuki, le frère aîné, vint assez vite au vif du sujet. Leur grand-père venait de mourir et son corps avait été brûlé comme le voulait le rite bouddhiste. Mais le vieil homme avait eu quelques volontés quant à ses cendres : il souhaitait qu'elles soient enterrées dans le cimetière bouddhiste de Koyasan, là ou il y avait un très grand sanctuaire. Soit à plus de quatre heures de trajet. Les deux frères avaient déjà décidé que cela serait leur sœur qui effectuerait le voyage. La jeune femme s'insurgea aussitôt.

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    - Mais enfin, je ne peux pas ! J'ai ma boutique de ramen à tenir. Je ne peux pas la laisser fermer comme cela de but en blanc. C'est difficile de se faire une place en ville, vous savez. J'arrive tout juste maintenant à sortir la tête hors de l'eau. Et puis moi, contrairement à vous, je n'ai que ma boutique pour vivre. Je n'ai pas la fortune d'une belle-famille pour compenser.

    Mais son frère Shisuki vint contrer ses réticences et ses arguments.

    - Ne t’inquiète pas pour ça. Le fils de Riuji, Kenishi, tiendra ta boutique le temps de ton absence. Il vient de finir son apprentissage en hôtellerie. Alors, je pense qu'il s'en sortira très bien. Et puis, nous mêmes sommes trop occupés dans nos entreprises respectives pour pouvoir s'absenter une journée, ainsi que dans nos obligations familiales. Toi, tu es libre de tout cela. Nous avons trouvé une solution pour ta boutique et tu n'as pas de famille à t'occuper. C'est donc à toi que cette tâche revient.

    Hanari baissa la tête. Evidemment, on en revenait toujours là. Bien qu'elle ait sa petite boutique qui la faisait vivre au quotidien, elle n'avait pas d'autres obligations dans sa vie. Hanari Murasaki, femme de 30 ans et célibataire. Et elle savait que cela ne changerait guère. Elle n'était pas ce qu'on pouvait appeler une beauté, elle avait un visage plutôt maigre et ingrat et sa silhouette n'était guère féminine. Et, qui plus est, elle boitait. Ajouté à cela un caractère taciturne et réservé, cela n'avait guère facilité les rencontres masculines.

    Pourtant, elle était fière de son travail et d'être une femme indépendante. Même si cela allait souvent de pair avec beaucoup de sacrifices dans sa vie quotidienne.

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    Hanari regarda ses deux frères. Leur posture rigide indiquait qu'ils seraient inflexibles sur leur décision. Elle eut un bref soupir. Il lui fallait donc céder. Une bouffée de haine l'envahit brièvement. Mais cela ne dura guère. Elle savait déjà qu'elle allait y aller. Le poids de la tradition et des conventions pesaient fortement sur ses épaules. Pourtant, elle aurait bien aimé s'en affranchir. Hélas, cela ne serait pas pour cette fois-ci.

    - Très bien. Je vais y aller. Quand dois-je partir ?

    - Demain matin. Nous t'avons réservé un billet de train à partir de la gare centrale d'Osaka. Tu devrais ne pas arriver trop tard en fin de matinée. Il te faudra ensuite monter jusqu'au sanctuaire pour déposer les cendres. Je sais que cela va être un peu dur pour toi avec ta jambe. Mais considères cela comme un défi. Et puis tu ne peux pas déshonorer la famille Murasaki, n'est-ce pas ?

    - Non...

    - Ah oui, une dernière chose : remets-nous les clés de ta boutique avant de partir. Kenishi pourra ainsi ouvrir ta boutique demain. Nous les remettrons ensuite dans ta boite aux lettres demain soir.

    Ainsi fut fait. Et avant de sortir de la maison, Shisuki lui remit l'urne contenant les cendres, enveloppée dans un sac blanc pour le transport. Pour l'instant, elle ne les trouvait pas lourdes, mais cela changerait sûrement quand elle aurait gravit une centaine de marches. Elle eut encore un bref soupir puis elle salua d'un hochement de tête ses deux frères.

    Elle traîna volontairement avant de retourner dans son studio et retrouver sa solitude et sa tristesse. Que n'aurait-elle donné, pour avoir comme ses frères, une famille qui l'attendait en rentrant chez elle. Mais voilà. Il n'y avait personne chez elle. Juste ses livres, rempart contre la réalité et piètres réconforts aux nuits froides.

    Pourtant, une fois qu'elle fut revenue dans son petit foyer, ce ne fut pas la tristesse qui l'étreint mais la nostalgie. Car en posant l'urne de son grand-père, elle repensa à ses années d'enfance. Ses années ensoleillées. Leur grand-père, les gardait, elle et ses frères, pendant les mois d'été. Bien sûr, à l'époque, il était dans la force de l'âge. Elle avait adoré les après-midi qu'ils passaient au bord de la rivière, à essayer de pêcher ou tout simplement à lézarder à l'ombre des arbres. Son grand-père, c'était un grand sourire, des gestes empreints de douceurs et un humour qui faisait oublier à la petite fille ses chagrins. ... Qu'il était donc loin ce temps où tout était si simple et si joyeux....

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    Elle posa un dernier regard sur l'urne, se détourna et alla préparer ses affaires pour le lendemain.

    Hanari se réveilla à l'aube, la tête embrumée. Le sommeil avait été difficile, ponctué de rêves bizarres. Elle prit son petit déjeuner puis s'occupa de ranger ses affaires et l'urne dans son sac à dos. Et elle partit. Le chemin n'était bien long jusqu'à la gare. Celle-ci se trouvait à une dizaine de minutes de chez elle.

    Mais une fois arrivée sur le quai et en regardant son billet, elle eut un bref juron. Ses frères s'étaient trompés dans l'heure du billet : elle ne partait pas en début, mais en toute fin de matinée. Et cela changeait grandement son voyage. Elle arriverait dans l'après-midi au sanctuaire et elle ne savait pas si elle aurait assez de temps pour y monter. Et il était hors de question qu'elle prenne un hôtel là-bas. Ils étaient trop chers et elle n'avait franchement pas envie de dépenser ses économies pour cela. Elle se mordit les lèvres, indécise. Devait-elle changer son billet maintenant ou prendre quand même celui marqué sur le ticket ? Elle avait assez d'argent sur elle pour le faire. Mais en même temps, ce petit pécule devait servir pour acheter un nouveau cuiseur à riz. Elle se balança d'un pied sur l'autre. Puis finalement, elle décida de partir quand même avec le train de fin de matinée. Elle n'était pas assez riche pour jeter l'argent par les fenêtres. Mais ce ne fut pas sans un pincement de regret et de doute qu'elle vit partir le train qu'elle aurait put prendre...

    Comme Hanari avait un peu de temps devant elle, la jeune femme s'arrêta dans un salon de thé. Elle sirota son thé, un peu distraite et dans ses pensées, quand soudain un éclat au coin de l'œil la fit se retourner. Une jeune fille était attablée avec une amie et avait l'air d'avoir une grande discussion. Mais ce n'était pas vraiment elle qui l'avait attiré mais son kimono. Un kimono d'une beauté rare. Il était teint d'un noir le plus pur et était parcouru de fils dorés qui représentaient des dragons auréolés de rouge. Une splendeur. Hanari jalousa immédiatement la jeune fille. Son dernier kimono, qui était noir également, parsemé de petites fleurs violettes avait dû être vendu afin de faciliter la trésorerie de sa boutique. Un très grand regret. Car elle adorait porter des kimonos. C'était une source d'orgueil pour elle, car elle savait qu'en kimono, elle avait de la prestance et elle se sentait assez jolie. Hélas, tout cela était bien fini. Elle se dépêcha de finir son thé et sorti du salon de thé afin de ne plus voir ce rappel de sa pauvreté.

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    Elle s'acheta un magazine et le lut jusqu'à l'annonce de son train. Elle monta dedans et souffla une fois assise. La première partie de son "devoir " commençait.

    Tout en regardant le paysage à travers la fenêtre, elle recensa tout ce qui lui manquait, elle, la troisième enfant de la famille Murasaki. Son absence de féminité et de beauté. Un handicap certain quand on cherchait un mari. Mais ce qui avait été la goutte d'eau finale du choix (ou non-choix) de sa vie présente, avait été la baisse importante de la fortune familiale. Hanari pensait toujours que si sa famille n'avait pas eu ce revers, elle aurait pu avoir une dot conséquente et ainsi se marier. Elle serait peut-être maintenant mère de famille avec plusieurs enfants à élever.

    Mais cela n'était point. Il fallait donc faire avec. Et puis, finalement, n'était-ce pas une bonne chose que d'être une femme sans mari ni enfants. Sans contrainte. Pas d'obligations. Juste la charge de ses propres envies.La plupart du temps, elle arrivait à s'en contenter. Mais il y avait des fois, en plein cœur de la nuit, où elle en pleurait d'amertume. Mais il allait bien falloir qu'elle tire un trait définitif sur ses désirs.

    Le voyage lui parut finalement assez rapide et elle débarqua à Koyasan. Elle regarda un instant son plan pour savoir où se trouvait le sanctuaire puis se mit en route. Avec difficulté. Le fait d'être restée longtemps assise avait ankylosé son pied malade et il lui fallut un peu de temps avant de pouvoir marcher un peu plus facilement.

    Arrivée à l'entrée du sanctuaire, elle eut un bref instant de découragement : un escalier montait à travers la forêt et semblait interminable. Comment allait-elle pouvoir gravir cela avant la fin de la journée et surtout en redescendre ? Elle songea brièvement à retourner sur ses pas et louer une chambre d’hôtel. Mais ce ne fut qu’un instant. Décidée, elle gravit les premières marches et par cette décision, sa vie allait être changée à jamais.

    Au début, ce ne fut pas trop difficile. Et puis, au fur et à mesure qu’elle gravissait l’escalier et qu’elle s’enfonçait à travers les arbres, son allure se fit plus lente et sa respiration un peu plus saccadée. Le sac pesait davantage sur ses épaules. Au bout d’un moment, Hanari s’inquiéta de l’obscurité grandissante. La fin de journée avançait vite. Bientôt, elle ne verrait plus grand-chose. Et ce fut à ce moment-là qu’elle se tordit la cheville. Un peu distraite, elle loupa une marche et tomba un peu plus bas. La jeune femme eut un gémissement de douleur en reposant son pied. Comment allait-elle pouvoir continuer ? Elle s’obstina pourtant à monter encore jusqu’au palier suivant, mais en réprimant à chaque pas un cri de douleur. Puis, elle s’effondra. Elle ne pouvait pas faire un pas de plus. Et pourtant, elle ne pouvait quand même pas passer la nuit là. On était en automne et les températures descendaient assez bas la nuit. De plus, elle n’avait rien pour se couvrir, à part son petit blouson qu’elle avait sur le dos. Et, évidemment, ll n’y avait plus aucune personne à monter l’escalier.

    C’est alors qu’elle tourna la tête vers le bois en face d’elle et qu’elle aperçu une lumière à travers les arbres. Elle fut surprise. Il y avait donc une habitation ici ? Et puis, en levant les yeux, elle aperçut le Torii avec la cordelette de papier. Un temple Shinto en activité. Bon. Il y aurait peut être un prêtre pour l’aider. Elle se releva avec difficulté puis entreprit de claudiquer à travers les arbres, en direction de la lumière.

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    Elle s’étonna de l’aspect quelque peu négligé du chemin, mais elle était tellement lasse et douloureuse qu’elle n’y prêta plus attention. Enfin, elle arriva au temple où une lumière filtrait à travers les volets de bois. Hanari eut un bref instant d’hésitation puis leva la main et frappa contre le volet. Et puis ce fut le trou noir.

    A son réveil, elle se trouva allongée sur un futon dans une toute petite pièce éclairée par une lanterne en papier. Une ombre s’affairait sur son pied malade. Elle sentit qu’on lui mettait une sorte de cataplasme sur sa cheville enflée. Elle voulut se relever mais l’ombre se retourna et l’arrêta d’un geste.

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    - Du calme, mademoiselle. Restez allongée un instant. Votre jambe a besoin de repos.

    La voix était mélodieuse et apaisante. Masculine aussi. La silhouette se rapprocha de la lanterne et Hanari put voir ainsi celui qui l’avait aidé. Un jeune homme aux traits fins et habillé en prêtre shinto. En le regardant mieux, elle s’aperçu qu’il avait des cheveux d’une longueur stupéfiante pour un homme, et qui plus est, d’un aspect soyeux et lustré. Il y avait quelque chose d’un peu suranné et étrange dans ce jeune homme.

    - Je… Je vous remercie de m’abriter ainsi dans votre temple. J’avoue que c’est providentiel pour moi. Je n’en pouvais plus.

    Le jeune prêtre eut un doux sourire qui fit fondre le cœur d’Hanari.

    - C’était tout à fait normal de vous secourir. Le Dieu de ce temple est dédié aux êtres en faiblesse et aux causes difficiles. C’était très adéquat que vous vous arrêtiez ici…. Avez-vous faim ?

    - Heu… Un peu, oui.

    - Je vais vous chercher un peu de soupe. Je n’ai guère d’autres choses à vous proposer, hélas. Mais au moins cela vous réchauffera.

    Hanari opina de la tête et il sortit de la pièce. Elle s’assit sur le futon et regard autour d’elle. Du peu qu’elle pouvait voir avec la faible lumière, tout était dépouillé et quelque peu intemporel. Elle ne voyait aucun objet électrique ou technologique. En même temps, à quoi pouvait-elle s’attendre d’autre dans un temple ?

    Le prêtre revint bien vite et lui tendit un bol fumant et d’où s’échappait une délicieuse odeur. La soupe, en effet la réchauffa. Mais, en la buvant, elle fut mal à l’aise. Car le jeune homme la regardait un peu trop fixement pour son confort.

    Et soudain, il eut des mots quelque peu surprenants.

    - Vous êtes une personne très belle, Mademoiselle.

    Hanari manqua s’étrangler avec la dernière gorgée de sa soupe.

    - Heu… Ce n’est pas gentil de vous moquer de moi…

    - Me moquer ? Pourquoi le ferai-je ? Je ne dis jamais rien qui ne soit pas vrai. Je vois surtout que vous êtes une femme gentille et généreuse avec, certes, des côtés un peu plus sombre. Mais c’est le propre de l’humain. Et cela vous confère une profondeur bien agréable… Au fait quel est votre nom ?

    - Murasaki. Hanari Murasaki.

    - Enchanté, Murasaki-San. Je me nomme Atsuo Atane…. Il y a une tradition dans ce temple que je me dois de respecter : je dois vous poser une question et vous devrez me répondre sincèrement.

    - Oui ?

    - Quel serait votre plus grand souhait à ce jour que vous voudriez réaliser ?

    Hanari fut surprise par la question. Et resta hésitante devant la réponse à apporter. Puis une pensée complètement irréaliste mais persistante la submergea. Et si ce jeune homme pouvait vraiment exaucer les vœux ? C’était peut-être un yokaï ayant pris forme humaine ? Elle se lança.

    - Je … Je souhaiterai qu’un homme aussi beau que vous… Non, comme vous, partage ma vie jusqu’à la fin de mes jours.

    Voilà, c’était dit. Est-ce qu’un éclair étincelant allait apparaître pour faire surgir l’être tant désiré dans la vie d’Hanari ? Eh bien non. Rien de tout cela. Atsuo eut juste un sourire énigmatique puis prit congé en lui disant de dormir car la nuit était déjà entamée.

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    La jeune femme fut déçue. Quoi ? Rien de magique ? Pas de souhait exaucé ? Et puis elle se fit une raison. Il ne servait à rien, dans son cas, d’attendre des choses miraculeuses. Autant se reposer. Demain, il faudrait quand même qu’elle gravisse ce fichu escalier pour aller enterrer les cendres. Elle n’échapperait pas à son devoir. Et sur ces dernières pensées, elle s’endormit.

    Le lendemain arriva bien vite. A son réveil, Hanari trouva un fruit en guise de déjeuner à son chevet mais point de jeune prêtre. Elle ne le trouva d’ailleurs pas plus en sortant de la pièce et du temple. Par contre, elle vit son sac à dos posé à l’extérieur avec une petite fleur posée dessus. Hanari s’aperçu alors qu’elle prenait son sac qu’elle n’avait plus mal à la cheville. Bon. Soit la blessure était moins conséquente que prévue, soit le soin d’Atsuo avait fait son effet. Et peut être les deux en même temps aussi.

    Le reste de la matinée passa vite : elle monta jusqu’au sanctuaire, déposa les cendres et assista au rite puis redescendit prendre son train. Dans l’après-midi, elle était de retour chez elle, retrouvant sa petite vie et sa boutique de ramens.

    Mais ce qui avait changé en Hanari, de ce voyage, c’était l’acceptation de ce qu’elle était. Les mots et les compliments du jeune prêtre lui avait fait du bien. Et elle se surprenait à sourire plus souvent et à être plus douce et bienveillante envers les autres.

    Est-ce que ce fut ce changement qui attira plus de monde dans sa boutique ? Peut-être. Mais elle se retrouva bientôt à devoir faire appel à son neveu Kenishi pour tenir la boutique.

    Et puis, un soir, alors qu’elle allait fermer….

    - Bonsoir, Murasaki-San. Je suis venue exaucer votre vœu.

    Hanari se retourna. Un jeune homme était devant elle. En blouson et en jean, les cheveux courts. Mais c’était lui. Atsuo.

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    -… Je …. Il va falloir apprendre à m’appeler Hanari si vous voulez être mon époux…

    Un sourire et une étreinte.

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    Parfois, des dieux malicieux se plaisent à venir en personne pour répondre à nos prières. Ce fut le cas pour Hanari.

    Atsuo a comme signification : époux fidèle.

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  • UnPoulpeetDesChatsUnPoulpeetDesChats Messages: 3,806 Membre
    Modifié (février 2017)
    J'étais jamais passé par là et j'ai bien fait de m'arrêter!
    J'ai été très touché avec Samar, c'est bien vrai... Ce sont des êtres humains doté de sensibilité, peur, désirs... Ils ne méritent pas tout ce qu'il leur arrive...
    J'ai beaucoup rigolé avec l'histoire de Tom, il l'a bien mérité celle là :tongue:
    Ton conte est magnifique :love: J'étais plongée dedans... J'ai vraiment adoré !
    Et ta dernière histoire est tout aussi magique. Hanari est une femme courageuse, ça ne fait aucuns doutes. Elle aussi mérite de se perdre dans l'amour et heureusement, son vœux a été exaucé. Ils sont mignons :heart:
    🐙 🐱Sims in Bloom : Les chroniques de la famille Villanueva | Histoires Terminées : L'Antilope, la Lionne et moi - L'un pour l'autre
    Studio | Origin ID/Twitter: 1PoulpeDesChats
  • pytisapytisa Messages: 6,349 Membre
    Hanari méritait un dieu pour époux. Ainsi fut fait, avec art. Dans les turpitudes de l'existence, la dureté de la vie, parfois la magie opère pour donner un fol espoir et un avenir serein. J'aime cette idée :blush:
    C'est une très jolie histoire. J'ai adoré <3
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  • sirhc59sirhc59 Messages: 25,314 Modérateur
    J'avais loupé la mise à jour du mois de novembre, si bien que je viens de découvrir deux jolies histoires pleines d'espoir :)
  • agathe2013agathe2013 Messages: 1,837 Membre
    @UnPoulpeetDesChats merci pour ton passage ici et ton retour sur les histoires.
    Oui, Samar était en réaction de ce qui se passait à l'époque (et qui se passe toujours hélas..). Et je me demande toujours ce qu'on aurait fait de mieux si cela avait été nous à leur place...
    Ah Tom... Il faut se méfier des femmes que l'on séduit. Certaines ont la rancune tenace !^^
    J'ai beaucoup aimé écrire "Le nom de la Lune" et je suis ravie que cela te plaise. J'espère pouvoir en écrire d'autres dans ce genre-là.
    Oui, Hanari a bien mérité son bonheur après une partie vécue sous "l'honneur" de sa famille.

    @pytisa :kissing_heart: Des fois, la vie apporte un peu d'enchantement et de beauté. Il ne fallait rien de moins à Hanari qu'un Dieu pour croire en la douceur de l'existence. Si je te fais d'autres histoires comme cela, ça t'ira ?^^

    @sirhc59 Merci de ton passage :blush: Je pense que l'espoir est très important. C'est ce qui nous permet de tenir face à la dureté du monde.
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  • LaméLamé Messages: 2,881 Membre
    Je n'ai pas pris le temps de visiter les deux autres histoires listées en début de topic, mais j'ai dévoré le conte avec la princesse et l'histoire de Hanari. Tu as une jolie plume.
    Histoire en cours : Les aléas de la vie - Les âmes immortelles - Mes Hors-Séries sur mes histoires sims - Not So Berry Challenge

    Si vous souhaitez en savoir plus sur mon univers, faites un tour dans mon humble studio

    OriginID : Little_Lams
    Ma chaîne Youtube : Lamé Gaming
  • agathe2013agathe2013 Messages: 1,837 Membre
    Merci d'être passé par ici @Lamé et merci pour les compliments :blush:
    J'ai vu que tu as également un random legacy en cours. J'irai le lire quand j'aurai un petit moment. :smile:
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  • pytisapytisa Messages: 6,349 Membre
    Ah mais bien sûr que ça m'ira, des histoires comme celles-là puis plein d'autres aussi. J'aime être surprise :mrgreen:
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