@Elinoee Aïda est un peu naïve, certes... mais elle est jeune ! Croisons les doigts pour que ça s'améliore avec l'âge Sinon pour sa défense, Méchante n'est même pas dans ses traits de caractère objectivement, on peut estimer qu'elle l'est à sa manière, mais pas dans le CUS !
Merci pour Siegfried ! J'ai beaucoup aimé cet échange de regards entre lui et Aïda. C'était involontaire, mais tellement approprié que je ne pouvais pas le laisser passer !
J'ai hâte de voir mes propres combats, moi aussi
Pour ce qui est de Johnny Zest, la réponse est dans le chapitre de ce soir
@oiseaudelune Merci !! 🤗 Le procès d'Edith n'est pour l'instant qu'hypothétique, mais Charlotte et les vampires de Forgotten Hollow essaient d'anticiper cette éventualité
Un cadeau à Méphisto? Je me demande ce qu'il va lui répondre! Probablement qu'elle lui procure simplement du bon temps... haha ça ne m'étonnerait pas de lui.
Ça ne m'étonnerait pas non plus de sa part, je l'avoue
Lilith a en effet une chouette famille
@nathalie986 Welcome back sur cette histoire Edith est tout aussi ravie de te lire de nouveau
Je comprends bien que tu tiennes à ce qu'Edith n'oublie pas Caleb. Leur relation est pour le moins très complexe et, comme tu le dis, entre l'amour et la haine, il n'y a qu'un pas ! Aussi bien d'un côté que de l'autre, d'ailleurs
La définition de l'Ordalie vient tout droit d'un vrai dictionnaire, je l'ai juste remixée à la sauce Sims
Merci pour mes flashbacks 🤗
Ahaha, je me doutais bien que l'histoire improbable entre Aïda et Méphistophélès allait surprendre ! J'avais prévu cette intrigue depuis qu'elle est devenue bambine ! En fait, pour la plupart des bébés d'Edith (à l'exception de Siegfried et de Bébé Vampire numéro 6), je leur ai choisi un destin uniquement en me basant sur le trait de bambin généré aléatoirement et en fonction duquel j'ai choisi moi-même leurs traits de caractère finaux. Tout ça pour dire que si Aïda est ce qu'elle est, c'est juste parce que le jeu lui a donné le trait de bambin Pot de Colle
Ça me fait plaisir que tu apprécies Tamino et Carmen
Elle n’a vraiment pas joué de finesse en disant à sa mère que Dreizehn était humain. Je suis quand même soulagée car j’avais imaginé pire qu’un simple mensonge. Je croyais qu’elle s’en était occupée personnellement.
Heureusement que non, en effet ! Mais n'allons pas lui donner des idées
J'approuve totalement le nom du CSDE !!
Ce soir, c'est parti pour la mission exfiltration avec le chapitre 36. Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 36 : Résistance ---
Le petit Siegfried grandissait à vue d’œil et, progressivement, voyait sa personnalité se développer. Le bambin raffolait des histoires d’aventures qu’Ulrike savait si bien raconter.
La tante d’Edith semblait d’ailleurs être la seule à parvenir à le canaliser. Siegfried ne tenait en effet pas en place et avait déjà été surpris à chercher à quitter la chapelle à plusieurs reprises. Un tel comportement avait tendance à agacer les adultes. Pourquoi diable avait-il fallu que cet enfant eût une motricité bien plus développée que celle des bambins de son âge ?
Le caractère de pile électrique de Siegfried nécessitait une vigilance accrue. Edith, Charlotte et Ulrike se partageaient la besogne au cours de la semaine. Hors de question qu’il n’aille sur la place principale de Forgotten Hollow une fois que ses gardiennes auraient le dos tourné ! Ce matin-là, en revanche, alors que la tâche incombait à Edith, cette dernière ne put s’empêcher de se dire qu’il y avait une possibilité d’exploiter son fils pour appâter de potentiels humains passant par le hameau. Dans la faiblesse de cœur caractéristique à leur espèce, nul ne doutait qu’ils chercheraient à aider ce pauvre petit garçon à retrouver sa maman.
– On Zoue, mama ?
La demande de Siegfried avait coupé court à l’élaboration du stratagème de chasse aux humains de la vampire. Edith fit un effort considérable pour évincer cette idée de son esprit. À n’en point douter, Charlotte s’y serait opposée fermement.
– Tu as déjà tes cubes, jeune homme, répondit-elle à son fils. J’aimerais bien que tu apprennes à empiler les formes convenablement. À ton âge, ton grand frère Orpheus y arrivait déjà.
Le petit garçon fit la moue et Edith se surprit à le comprendre et à regretter ses paroles. Durant toute sa propre enfance, la jeune femme s’était battue pour que l’on ne compare pas constamment Aneliese à elle. À l’époque, il eut été injuste d’avoir les mêmes attentes pour sa petite sœur compte tenu de ses difficultés émotionnelles. Par ailleurs, n’avait-elle pas entendu Charlotte se plaindre une bonne dizaine d’années de souffrir de la comparaison avec son grand frère Aaron ?
– C’est d’accord, concéda-t-elle. Mais juste pour cette fois, c’est compris ? Après quoi, nous regarderons les chiffres.
Le visage de Siegfried s’illumina. Cherchant vainement dans ses souvenirs des moments analogues passés avec ses quatre premiers enfants, Edith laissa le bambin grimper sur son dos et jouer à l’avion dans une épique aventure ponctuée d’éclats de rire. Pourvu que personne n’entre dans la chambre verte pour voir cela, pensa-t-elle.
Pendant ce temps, au rez-de-chaussée, quelque chose se préparait. Une chauve-souris venait de faire son apparition.
Reprenant forme humaine, Lilith Vatore se dirigea vers les escaliers en bas desquels elle fut rejointe par Charlotte.
– Je maintiens que c’est une très mauvaise idée, rappela cette dernière. Aucun humain n’a le droit de quitter la Fledermaus en vie.
– Alors je transformerai Johnny Zest moi-même, s’impatienta Lilith. Il ne sera plus humain et cette stupide règle ne s’appliquera plus à lui. Avez-vous la clé ?
– Edith cache le trousseau dans sa crypte personnelle. Actuellement, personne n’est en bas, je vais donc pouvoir y aller en toute discrétion. Vous, attendez-moi devant la porte de la cellule de Johnny. Ce sera la dernière à gauche.
Laissant Lilith devant l’entrée du garde-manger, Charlotte descendit discrètement jusqu’au deuxième sous-sol. Aux dernières nouvelles, Edith était encore dans la chambre verte à surveiller Siegfried. Aïda répétait son concerto de violon dans la salle de musique tandis qu’Orpheus étudiait sur l’ordinateur. Tamino et Carmen, quant à eux, jouaient tranquillement dehors. En un mot comme en cent : la Brindletonienne avait le champ libre.
Il s’agissait de la première fois que Charlotte entrait dans la crypte d’Edith depuis les derniers travaux de la chapelle. La fantôme eut un frisson à la vue des photographies des enfants affichés sur le mur. Il y en avait déjà tellement et la maîtresse des lieux n’avait toujours pas terminé cet objectif fixé par Méphistophélès. Le mur serait-il assez grand lorsque naîtrait le sixième cambion ?
Une autre photographie, cependant, lui réchauffa le cœur. Il s’agissait de celle avec laquelle Charlotte s’était rendue à Forgotten Hollow il y a déjà si longtemps. La Brindletonienne avait craint de l’avoir perdue à tout jamais mais vraisemblablement, Edith l’avait récupérée après l’incident du laboratoire.
La fantôme se ressaisit alors. Le temps était compté et elle avait autre chose à faire que de contempler la décoration de la crypte. Sans réfléchir, elle se rendit devant le seul meuble de la pièce. La clé devait y être. Charlotte entra à l’intérieur et finit par mettre la main sur le précieux sésame. Elle sortit de la crypte avec la satisfaction d’avoir réussi sans la moindre difficulté.
Cette naïve pensée disparut de son esprit avec la rapidité d’un coup de vent. Méphistophélès venait de surgir devant elle, en plein milieu du hall du deuxième sous-sol.
– Que faisiez-vous dans cette crypte, l'humaine ?
Charlotte ne sut que répondre mais son mutisme était bien plus dû à la frustration qu'à la peur. Alors que tout s'était si bien déroulé, voilà que Méphistophélès venait tout gâcher !
– Et vous, alors ? ne put-elle s'empêcher de rétorquer. Il ne me semble pas qu'Edith soit au courant de votre visite.
– Détrompez-vous. Je suis venu voir si votre amie avait de nouvelles tombes pour moi. À en juger les clés de cachot que vous tenez dans votre main, si je vous laisse passer, je ne suis pas prêt d'en avoir d'autres. Remettez donc ces clés où vous les avez prises, je vous prie.
Était-ce en raison de son aspect fantomatique lui conférant un sentiment d'égalité vis-à-vis de l'esprit maléfique, Charlotte l'ignorait, mais elle se rendait progressivement compte qu'elle n'avait plus aussi peur de son interlocuteur qu'avant. Non, elle ne rangerait pas ce jeu de clés. Elle avait décidé d'aider Johnny Zest et elle allait s'y tenir.
– Vous ne pouvez rien me faire, lâcha-t-elle en guise de provocation.
– Être fantôme n'empêche pas d'avoir mal, répliqua Méphistophélès. Vous vous en rendrez compte bien assez vite.
– Je ne pense pas. Voyez-vous, je sais me battre. J'ai triomphé de Wagner.
– « Triomphé » est un bien grand mot, ma chère. Vous êtes morte cinq minutes plus tard. Tout porte donc à croire que vous avez simplement eu un coup de chance. Maintenant, dites-moi plutôt ce qui vous pousse à trahir Edith Faust en faisant s’échapper ses prisonniers.
– Je ne trahis pas Edith, fulmina Charlotte. Au contraire, je cherche à l’aider. Et même à vous aider vous, d’une certaine manière.
– Allons donc ! Que voulez-vous dire ?
– Vous seriez bien en peine si Edith était condamnée à mort par les grands maîtres vampires avant de vous avoir donné entière satisfaction.
Charlotte sursauta à ses propres mots et le regard de Méphistophélès s’assombrit. Elle n’avait pas voulu en dire autant.
– Les grands maîtres vampires n’ont aucune raison de se déplacer ici. À moins, bien sûr, que vous n’ayez vendu la mèche sur ce qui se passe dans cette chapelle.
La Brindletonienne conserva un silence dans lequel l’esprit maléfique semblait tirer toutes les conclusions.
– Edith sera ravie d’apprendre à qui va votre réelle allégeance, chère mademoiselle Fox. Nous serons donc bientôt débarrassés de votre présence intempestive en ces lieux.
– N’en soyez pas si sûr, mon cher. Tôt ou tard, c’est vous qui quitterez nos vies une bonne fois pour toutes.
D’un même mouvement, les deux esprits se bousculèrent et commencèrent à se battre furieusement.
Charlotte savait pertinemment qu’elle n’aurait aucune chance dans cet affrontement, d’autant qu’elle sentait que Méphistophélès ne se donnait pas entièrement. Cependant, si elle savait qu’elle ne gagnerait pas, au moins ralentirait-elle le moment où l’esprit maléfique s’en irait tout révéler à Edith.
Sans aucune surprise, Méphistophélès s’en sortit vainqueur et Charlotte fut forcée de constater qu’il avait raison : la condition de fantôme n’immunisait pas contre la douleur.
– On sent bien que vous avez essayé, la taquina le jeteur de sorts.
– Peu importe le résultat de ce combat, souffla Charlotte. Un jour viendra où vous paierez pour tout ce que vous avez fait. Je veillerai à cela, et ce même si c’est la dernière chose que je ferai de mon éternité.
– On croirait entendre la vieille harpie ! Vous payez les conséquences de vos fréquentations désastreuses, Charlotte Fox. Si Edith s’obstine à vous garder à ses côtés, cela n’augure rien de bon. Je m’en vais de ce pas lui en toucher un mot…
[…]
Devant la porte de la cellule de Johnny Zest, Lilith commençait à trouver le temps long. Charlotte ne revenait toujours pas du deuxième sous-sol et elles n’avaient l’assurance que de quelques minutes de tranquillité pour mener à bien leur projet.
La vampire perdit patience. Tant pis pour la clé, après tout. Le plus important était d’aider ce prisonnier. L’intégrité physique de la porte n’était à présent plus que le cadet de leurs soucis.
Conformément à ses attentes, Lilith trouva Johnny en mauvaise posture. Son cou comportait une trace de morsure encore fraîche et la vampire l’aida à s’installer sur le lit de la cellule.
– Qui êtes-vous ? demanda l’homme d’un air méfiant.
– Quelqu’un qui vous veut du bien, promit Lilith. Vous sentez-vous capable de quitter cet endroit ?
Johnny acquiesça d'un air désespéré. Puis, comme pour justifier son souhait, le Plènozas déchu entreprit d'expliquer à Lilith tout ce qu'il avait enduré dans cette cellule. De son rôle de réserve ambulante de plasma à celui de géniteur pour porter lui-même un enfant avec lequel il n'avait pas eu le droit de créer la moindre attache, tout y passa. Lilith, cependant, n'écoutait que d'une oreille.
– Vraiment super, tout ça, finit-elle par couper son interlocuteur. Écoutez, si vous tenez à ce que l'on sorte vivants d'ici, il nous faut accélérer.
Ils se levèrent et quittèrent calmement la cellule. Alors qu’ils se dirigeaient à présent vers la sortie du garde-manger, Johnny sembla enfin prendre conscience qu’il quitterait cet endroit pour de bon car il en vint à remercier sa sauveuse.
Lilith ne prit pas la peine de lui expliquer qu’elle le vampiriserait dès leur sortie. Elle devrait probablement lui effacer l’esprit de vie pour le rendre plus docile, mais pour lui, c’était cette option ou la mort. Probablement lui demanderait-elle de devenir le gardien de sa fille Brunehilde.
Toutefois, alors que Lilith et Johnny arrivaient tout près de la porte, celle-ci s’ouvrit en un grincement à glacer le plasma.
Puis, comme pour parfaire cette ambiance d’horreur, une silhouette entra dans le garde-manger. C’était Edith et elle semblait furieuse.
– Où pensez-vous donc aller ainsi ? demanda-t-elle d’une voix d’outre-tombe.
Sans même attendre la réponse, la vampire saisit Johnny Zest par la gorge, ignorant les vaines protestations de Lilith. En un éclair, sa tête plongea dans le cou du géniteur de Siegrfried, avalant son plasma à grandes lampées. Lorsqu’elle eut terminée, Edith lâcha l’homme, qui s’effondra sur le dos.
– Qu’as-tu fait ? s’inquiéta Lilith en se précipitant au sol pour déterminer l’état de Johnny.
– Détends-toi un peu, lui répondit Edith d’un ton sec. Son plasma est bien trop exquis pour que je le laisse mourir. Sers-toi, si tu veux.
– C’est donc pour cela que tu ne l’as toujours pas transformé ? Parce qu’il a bon goût ?
– Pour être honnête, je n’ai jamais rien bu d’aussi bon. Un tel plasma ne se gaspille pas. Imagine un peu que je trouve une humaine qui soit aussi délicieuse. Je serai en mesure de me constituer un élevage de premier choix. Une quantité illimitée de nourriture s’offrirait à Forgotten Hollow.
Puis, sans prévenir, Edith projeta Lilith au fond du couloir. L’aînée des Vatore réagit aussitôt et prit sa forme sombre, engageant le combat contre son ennemie.
Hors de question pour elle de subir le même échec cuisant que lors de leur dernier affrontement, vingt-six ans auparavant. Lilith avait cette fois-ci pleinement conscience de la puissance de son adversaire et se trouvait dans une bien meilleure forme physique qu’à l’époque.
Cette forme ne fut toutefois pas suffisante car Lilith, malgré toute la volonté dont elle était capable, perdit une nouvelle fois son combat. Ce fut une Edith aux traits déformés par la rage qui mit fin à l’affrontement, saisissant son adversaire inconsciente par le col.
– Tu ne retiendras décidément jamais la leçon, siffla la maîtresse des lieux. Tant pis pour toi. Puisque tu as tant tenu à entrer dans cette chapelle, je vais te faire préparer une place d’honneur en ces lieux.
[…]
Ulrike avait, sur les ordres de sa nièce, enfermé Lilith dans l’une des cellules du garde-manger. La force de l’aînée des Vatore étant incontestable, Edith avait tenu à ce que les murs de la pièce fussent ornés d’ail tressé. Lilith était à présent affaiblie et rien ne semblait s’opposer à ce qu’elle passe le reste de son éternité dans cette cellule.
Contre toute attente, Edith avait pardonné l’écart de conduite de Johnny Zest. La vampire était même allée, après lui avoir ôté l’esprit de vie, jusqu’à le transformer. Peu importait le caractère récalcitrant de l’humain puisqu’elle allait lui modeler une nouvelle personnalité bien plus apte à faire de lui un nouveau membre de l’Orchestra Vampirica. Son délicieux plasma lui manquerait amèrement mais après la récente déconvenue subie à cause de Lilith, il n’était plus sûr de le garder tel quel.
Quelques jours s’étaient donc écoulés depuis la transformation de Johnny et le sort de Charlotte n’avait pas encore été fixé. Un soir, cependant, la fantôme finit par être convoquée au rez-de-chaussée de la chapelle. N’ayant pas eu le droit d’entrer en contact avec Edith depuis la tentative d’exfiltration, la Brindletonienne se demandait si son amie allait enfin statuer sur une sentence ou non.
– Méphisto m’a raconté votre petite altercation en bas, lui annonça Edith. Il semblerait que tu ne te sois pas montrée très glorieuse. Ne penses-tu pas que ce soit là la preuve que ta tentative manquait cruellement de conviction ?
– De conviction ? s’emporta Charlotte. J’avais toutes les raisons du monde d’aider Lilith.
– Et de me trahir par la même occasion. Nous avions pourtant établi un accord.
– Accord que j’ai respecté à la lettre dans la mesure où je ne suis pas entrée dans le garde-manger. J’ai tenu mes engagements et on ne peut hélas pas en dire autant de toi. Johnny est resté quatre ans dans ta cellule. Deux fois plus que ce que sa qualité de géniteur t’autorisait à lui faire subir.
– Je suis avant tout chez moi, ici, Charlotte. Je n’ai pas à me justifier auprès de toi. Si tu m’avais laissée te transformer à l’époque, tu aurais compris que le plasma de Johnny valait largement de faire une exception dans tes règles bornées.
– Excuse-moi de chercher à t’épargner la peine capitale lorsque les grands maîtres t’imposeront un procès.
À ces mots, Edith laissa échapper un rire sans joie.
– Les fameux grands maîtres, oui… Méphisto m’a parlé de tes motivations. Tu penses donc qu’ils se donneront la peine de venir jusqu’ici alors qu’ils n’ont plus donné signe de vie depuis des décennies ?
– Crois-tu donc, fulmina la fantôme, que ta si brillante idée de capturer une technicienne extraterrestre n’ait pas eu de conséquences ? Des Sixamiens veulent déjà ta tête et l’ambassadeur de cette planète a bien du mal à calmer leurs ardeurs, chose qu’il ne fait que parce que Vladislaus est parvenu à l’en convaincre. Et n’essaie pas, reprit Charlotte alors qu’Edith s’apprêtait à répliquer, de me mettre la mort de la technicienne sur le dos car cela ne serait jamais arrivé si tu n’avais pas laissé ton pacte avec Méphistophélès te retourner le cerveau comme une gamine influencée par un groupe d’élèves chahuteurs. Moi, je suis encore en mesure de me fier à mes propres intuitions.
Pendant un instant, Edith ne dit rien et Charlotte eut la nette impression d’être allée trop loin. Peu lui importait. Que pouvait donc lui faire la vampire, après tout ? Puis, comme pour répondre à cette question, cette dernière se décida à répondre à la Brindletonienne d’une voix très calme.
– Dois-je te rappeler où t’ont menée tes « propres intuitions » ? À la mort, Charlotte. C’est bien dommage pour toi mais en l’état, c’est un fait qui me donne une longueur d’avance sur toi.
– Que veux-tu dire ?
– La seule raison pour laquelle tu demeures encore parmi nous est parce que ton urne est toujours connectée ici bas. Or, il existe une manière très simple de rompre la connexion d’un esprit avec le monde physique.
– Si c’est une menace, rétorqua Charlotte d’un air qui avait toutefois perdu un peu d’assurance, elle ne m’atteindra pas. Mon urne…
– ...t’attend sagement chez Vladislaus ? À ta place, j’en douterais fortement. Je suis allée la subtiliser peu de temps après ton retour. Je comptais m’en servir pour chercher à te ramener ultérieurement, mais il semblerait que ce soit un moyen de pression très efficace.
– Où l’as-tu cachée ?
– Je ne te le dirai pas. À la place, je vais te formuler non pas une menace, mais une promesse pour l’avenir : refais-moi encore un coup comme celui que tu as tenté avec Lilith et Johnny et je libère ton esprit pour toujours.
Charlotte n’aurait pas eu de réaction différente si Edith l’avait giflée gratuitement.
Elle n’eut cependant pas le temps de répondre quoi que ce fût car sitôt que la sentence fût prononcée, les portes de la chapelle s’ouvrirent brutalement, laissant entrer un courant d’air caractéristique des vampires.
Une fraction de seconde plus tard, Caleb Vatore surgit dans le hall, sa forme sombre prête au combat.
– Bonsoir, Edith, lança-t-il d’un ton glacial. Je viens chercher ma sœur.
OMG OMG OMG OMG!!!!!
Mais quel épisode de fou! Rempli d'action! De tourmente! Ouahou!!!!
Pauvre Charlotte qui n'a pas réussi à sauver le pauvre humain... Et Lilith qui est retenue prisonnière dans une pièce remplie d'ail!!! Oh non!!! Charlotte fait tout pour aider Edith et celle-ci n'en a rien à faire. Qu'elle cesse donc et Edith devra répondre de ses erreurs. Mais je comprends son dilemne... c'est son amie... regrette-t-elle un peu la vie qu'elle aurait eu loin de Forgotten Hollow? Parce que... c'est loin d'être glorieux... Mon dieu! Sa conversation avec elle m'a donné froid dans le dos!
Wow! Caleb qui vient sauver sa soeur. C'était parfait.
Mission exfiltration échouée... Les filles n'ont vraiment pas eu de chance sur ce coup-là. Mauvais timing, mauvais karma, un peu des deux sûrement.
Plus le temps passe, et plus les émotions d'Edith s'amenuisent. Lilith est punie dans une cellule spécialement décorée pour elle. Quant à Charlotte, Edith a un moyen de pression sur elle, et pas des moindres.
Je me demande comment tout cela va finir.
Et maintenant, voilà Caleb qui arrive à la rescousse. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas sereine.
Siegfried est une vraie bouffée d'oxygène dans la chapelle remplie de tensions en tous genres. Parviendra-t-il à adoucir sa mère ? Elle a l'air d'avoir encore quelques émotions en sa présence, mais je ne me fais pas trop d'illusions.
Haha, le petit Siegfried sait s'y prendre avec sa maman: voilà Edith qui joue à faire l'avion, une grande première
Même si, bon,elle songe quand même à se servir du petit pour appâter des proies ... elle ne perd pas le nord
Oups,Méphistophélès, toujours là quand il ne faut pas! Pauvre Charlotte, elle s'est bien battue mais elle ne fait clairement pas le poids.
Et re-oups, la belle tentative d'évasion de Johnny Zest avec Lilith fait un flop
Alors comme ça, le plasma de Johnny est trop bon pour qu'Edith ne se débarrasse de lui? Je n'avais pas pensé à cette option! Et elle envisage carrément de faire un élevage, ben dis donc... elle fait de plus en plus peur Edith...
Pauvre Lilith, enfermée dans une cellule garnie d'ail... Mais clairement, Caleb (et sans doute les autres grands maîtres vampires?) ne vont pas laisser faire ça sans réagir... comment va se passer l'affrontement entrte Caleb et Edith, je me le demande.
Avec tout ce passif entre eux en plus... à moins qu'ils n'arrivent à un accord sans se battre? J'ai peur pour Caleb quand même
Par contre je suis surprise qu'Edith ait finalement changé d'avis suite à cet épisode et transformé Johnny!
Quant à Charlotte,brr... sa discussion avec Edith à la fin du chapitre fait froid dans le dos...C'est sûr que ça calme, ce genre de menaces
Héhéhé, j'apprécie le fait de t'avoir tenue en haleine tout le chapitre, @oiseaudelune
En effet, Charlotte a un peu l'impression de brasser de l'air, ces derniers temps Il y a de quoi se demander ce qu'elle fait encore là, je te le concède... À mon avis, elle a la conviction qu'il reste encore quelque chose à sauver chez Edith et c'est précisément ce pourquoi elle se bat encore, même si la tâche est de plus en plus dure.
@nathalie986 Pour emprunter un peu de vocabulaire à l'univers des jeux de rôle, on peut clairement dire que cette mission était un "échec critique" Charlotte et Lilith ont eu un très mauvais lancer de dé dans cette partie
Caleb arrive à son tour à la Fledermaus... pour le meilleur ou pour le pire ? La réponse dans ce chapitre !
À force de devoir courir après la pile électrique qu'est Siegfried, je ne pense pas que le terme "bouffée d'oxygène" soit si adéquat le concernant Mais je partage ton propos. Personnellement je crois que les enfants d'Edith sont, en quelque sorte, ses garde-fous émotionnels. En leur présence, il lui reste encore un petit bout de quelque chose, mais dès qu'elle est seule, chassez le naturel et il revient au galop !
@Elinoee Bien sûr qu'elle ne perd pas le nord, Edith : il y a encore des tombes à récolter après tout
Échec sur échec, rien ne va pour Charlotte et Lilith dans ce chapitre ! Eh oui, la première fois qu'Edith a bu le plasma de Johnny, en jeu, elle a eu le moodlet "plasma délicieux" (quelque chose comme ça), ce qui ne lui était jamais arrivé, encore ! J'ai donc eu envie d'utiliser cette anecdote en guise de justification pour l'avoir gardé aussi longtemps dans sa cellule. Seulement, après la tentative d'évasion, j'aime à penser qu'il lui a un peu "coupé l'appétit" et qu'elle préfère le transformer, à présent
Le chapitre de ce soir apportera une réponse à tes craintes pour Caleb
Ce soir, il est temps de voir si Caleb parviendra à faire entendre raison à Edith. Place donc au chapitre 37. Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 37 : Dommage collatéral ---
– Ne devrions-nous pas rester au rez-de-chaussée pour prêter main-forte à Edith ? demanda Ulrike.
– Non. Dès que Caleb lui a exposé sa requête, elle m’a ordonné de monter ici et de les laisser seuls.
– Cela m’inquiète beaucoup, confessa la domestique. Avec sa sœur dans le garde-manger, ce Caleb serait bien capable de…
– J’en doute, répondit Charlotte d’un ton apaisant. Il n’a pas mauvais fond et cherchera juste à négocier la libération de Lilith.
Libération dont je doute également, se dit la Brindletonienne. Elle ne pouvait que comprendre ce qui avait animé Caleb à se jeter dans la gueule de la chauve-souris de la sorte, mais en y réfléchissant, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que si lui ne ferait rien à Edith, l’inverse demeurait encore incertain. Pourquoi Diable n’avait-il pas pu attendre de travailler sur une stratégie moins risquée, que ce soit pour lui ou pour sa sœur ?
Comme si elle avait lu les pensées de la fantôme, Ulrike afficha un sourire bienveillant.
– Elle ne lui fera rien non plus.
– Comment pouvez-vous en être sure ?
– Si Edith avait voulu se débarrasser de lui, elle ne vous aurait pas demandé de quitter les lieux.
Encore une fois, Charlotte en doutait, mais elle ne chercha pas à discuter davantage. Quel qu’il fût, Edith avait fait son choix et la Brindletonienne ne pouvait rien y faire pour le changer, aussi se contenta-t-elle d’imiter Ulrike et de tendre l’oreille au-dessus de la cage d’escalier pour tenter d’écouter l’entrevue qui se déroulait à présent sous ses pieds.
Au même moment, au rez-de-chaussée, Edith et Caleb se toisaient sans mot dire. La maîtresse des lieux, probablement intriguée par l’audace qui avait conduit son ancien amant à la rejoindre seul, semblait attendre qu’il reprenne la parole.
– Je suis prêt à te défier dès maintenant, finit-il par dire. Nous pouvons aller dehors, le soleil est sur le point de se coucher.
– Certainement, répondit Edith d’un ton flegmatique. Avant cela, asseyons-nous quelques instants, veux-tu ?
Sans se quitter du regard, les vampires prirent place sur un banc.
– Vas-tu garder ta forme sombre durant tout l’entretien ?
– Si cela te déplaît, tu sais ce qu’il te reste à faire.
– Relâcher ta sœur, oui, j’avais bien compris. Seulement, je ne peux pas laisser passer l’affront que Lilith a commis. Elle est entrée dans mon garde-manger sans y être invitée. Pire encore : elle a cherché à me subtiliser l’une de mes proies. Bien sûr, il ne sert à rien que je te raconte tout cela.
– Que veux-tu dire ?
– Tu es déjà au courant de toute l’histoire pour la simple et bonne raison que tu y as participé, affirma Edith en perdant patience. Je suis loin d’être idiote. C’est donc tout ce que vous avez été capable d’élaborer comme plan en quatorze ans, Charlotte et vous ?
– Ce n’était pas prévu, confessa Caleb. Nous ne serions pas intervenus si tu n’avais pas rompu les engagements que tu avais tenus auprès de Charlotte.
– Laisse-moi deviner : c’est l’instant où tu me parles des grands maîtres vampires. Soyons clairs une bonne fois pour toutes : avec Méphistophélès avec mes côtés, je ne risque rien de leur part. Au lieu de me donner des arguments ridicules, tu ferais mieux de me remercier : je pourrais vous châtier, Charlotte et toi, mais je préfère me servir de ta sœur comme exemple. Au moins, je sais que vous me laisserez tranquille à l’avenir.
Caleb n’en revenait pas. Cet ersatz d’Edith Faust n’avait rien à voir avec la vampire dont il était tombé amoureux des années auparavant, pas plus qu’avec celle avec qui il avait récemment partagé tous ces instants volés dans son cercueil. Concernant ce dernier point, Edith ne donnait pas la moindre impression de s’être sentie trahie par le cadet des Vatore suite à la tentative d’exfiltration de Johnny Zest. Était-ce là un signe alarmant de l’extinction de ses émotions humaines ?
– Tu commences à t’exprimer comme Méphistophélès, constata-t-il. Ta forme sombre est en train de déborder sur ton apparence humaine. Ne vois-tu donc pas que tu disparais à petits f…
– Assez, l’interrompit Edith. Je vois très bien ce que tu cherches à faire, mais tu n’y parviendras pas. Pas plus que tu n’oserais engager un combat contre moi, en dépit de ce que tu t’efforces de me faire croire.
– Je suis soulagé de constater que tu n’as rien perdu de ta perspicacité. Qu’es-tu prête à négocier ?
– Suis-moi. Ici, les murs ont des oreilles.
Edith et Caleb descendirent au sous-sol le plus bas de la Fledermaus, cette fois-ci certains de n’être entendus de personne. Prenant place en face de la cheminée, ils en vinrent à aborder les motivations de Caleb.
– Tu ne peux laisser Lilith croupir indéfiniment dans cette cellule, s’enquit ce dernier qui laissa sa forme sombre se dissiper progressivement. Pense à son mari et à sa fille.
Visiblement, Edith s’était attendue à un argument axé sur la famille car elle répondit du tac au tac :
– A-t-elle pensé une seule seconde à mes enfants en s’introduisant chez moi ? Que se serait-il passé, d’après toi, si Johnny avait pu quitter la chapelle avec toutes ses capacités mémorielles ? Ne penses-tu pas qu’il aurait cherché à se venger ?
– Il n’y est pas arrivé, temporisa Caleb.
– Exactement. Uniquement parce que j’y ai veillé. J’ai ainsi évité qu’il s’en prenne à Aïda et aux autres. Sans compter le fait que la tombe de son père décore mon jardin, ce qui n’aurait pas arrangé les choses. Tu te souviens certainement de Geoffrey Plènozas ?
Caleb resta momentanément silencieux. Il ne se souvenait que trop bien du géniteur d’Eugene, le premier-né d’Edith, pour avoir lui-même vécu à la Fledermaus à l’époque de son séjour dans le garde-manger.
– Bien sûr que tu t’en souviens, répondit Edith pour elle-même. Écoute, Caleb, vous avez commis un affront que je ne peux laisser impuni. Toutefois, en tant qu’orpheline et fille d’un enfant lui-même abandonné par sa mère, je ne saurais séparer Lilith de sa famille. Tu vois ? Je sais être magnanime.
– J’imagine que tu vas réclamer quelque chose en échange.
– Pas quelque chose, non. Quelqu’un.
Caleb n’eut pas besoin de précisions supplémentaires.
– C’est d’accord, céda-t-il. Libère Lilith et je prendrai immédiatement sa place.
– Parfait, se délecta la maîtresse des lieux. Avant de procéder aux réjouissances de l’échange, allons sceller cet accord avec un verre, veux-tu ?
Ravie de sa victoire, Edith activa sa vitesse vampirique pour se ruer sur l’espace bar de la pièce voisine. Loin de partager son enthousiasme, Caleb la suivit d’un pas bien plus lent. Ainsi donc, Méphistophélès avait si bien réussi à entrer dans l’esprit d’Edith qu’elle en venait à réaliser ses propres pactes, les scellant à sa manière. Qu’à cela ne tienne, songea le vampire. Il aurait au moins réussi à protéger sa sœur une fois dans sa vie.
– Il y a cette nouvelle recette que j’aimerais essayer, annonça Edith en sortant les bouteilles nécessaires à la fabrication de ce mystérieux breuvage. J’avais besoin d’un testeur.
– C’est là la seule utilité que tu vas me trouver ? Un cobaye pour tes expériences culinaires ?
En guise de réponse, Edith posa le verre sur le bar et s’approcha de Caleb. D’instinct, celui-ci l’imita. Ils n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre et l’atmosphère était redevenue de glace.
– Ta boisson empeste l’ail, constata Caleb. Cherches-tu à m’empoisonner ?
– Pas tout de suite, répondit la maîtresse des lieux. Vois-tu, j’ai l’intuition que ton plasma pourrait m’être très utile. Il serait bête de le gaspiller en me débarrassant de toi tout de suite.
– Tu ne peux pas me boire, Edith. Je suis un vampire.
– Une condition que tu as toujours eue en horreur, n’est-ce pas ? Heureusement pour toi, j’ai la solution à tous tes problèmes.
La jeune femme s’approcha de Caleb et lui caressa la joue. Le vampire fut surpris de la douceur qui se dégageait de ce contact physique. Pendant une fraction de secondes, il avait presque eu l’impression de retrouver son amante. Était-il possible que l’Edith Faust originelle existât encore ?
– Ne vois-tu pas l’ironie de la chose ? poursuivit Edith. C’est en dommage collatéral que tu as commencé ta vie de vampire et c’est de la même manière que tu la termineras.
– Je… ma sœur…
– ...est forte et déjà très bien entourée. Tu n’as pas à porter de fardeau pour Lilith et redevenir humain te permettra de couper ce cordon qui te retient à elle. Reste avec moi.
Avec une pointe d’effroi, Caleb réalisa que son interlocutrice parvenait sans peine à le convaincre et ce sans même utiliser de charme vampirique. Quel naïf pouvait-il faire ! Comment avait-il pu penser une seule seconde qu’il était parvenu à tourner la page ?
Qu’il appréciât ou non l’emprise qu’Edith avait toujours sur lui n’était néanmoins pas la question. Caleb avait prêté un serment : prendre la place de Lilith. Cet accord signifiait qu’il était sommé d’obéir aux moindres commandements d’Edith.
Ainsi, saisissant le verre de remède ultime contre le vampirisme, il le vida d’un trait et sans cérémonie.
Le résultat fut immédiat : Caleb décolla du sol, le corps comme empli d’une chaleur telle qu’il n’avait plus ressentie depuis bien longtemps. Il fut alors entouré d’un halo de lumière et le phénomène prit fin aussi vite qu’il était survenu.
Dès l’instant où ses pieds foulèrent le plancher, le cadet des Vatore sut que la potion avait fonctionné.
– Et maintenant ? demanda-t-il.
– Maintenant, tu vas me suivre. Je t’ai fait une promesse et je m’y tiendrai.
Edith et Caleb remontèrent alors d’un étage, traversant sans un mot l’appartement de la chapelle pour, enfin, se retrouver dans le garde-manger, devant la porte d’une cellule.
Déverrouillant celle-ci, Edith laissa entrer Caleb et resta en retrait, prête à intervenir si les Vatore trahissaient l’engagement de leur cadet.
En voyant son frère accompagné de leur ennemie, Lilith parut stupéfaite. Cependant, son étonnement ne fut rien comparé à la décision qu'avait eue Caleb de prendre sa place tout en ayant ingurgité un remède contre le vampirisme.
– As-tu perdu l'esprit ? demanda-t-elle à voix basse. Ne crois pas que je te laisserai ici sans me retourner.
– C'est exactement ce que tu dois faire, lui répondit Caleb. Si tu tentes quoi que ce soit, elle se débarrassera de nous deux. Wotan est mort d'inquiétude, au manoir, et Brunehilde réclame sa maman. Va retrouver ta famille.
– Ne sois pas idiot, Caleb. Toi aussi, tu en fais partie, que tu sois humain ou vampire.
– Et ce sera toujours le cas. Seulement, je ne peux plus te demander de veiller sur moi comme tu le fais depuis si longtemps. Tu cherches à rattraper le mal qu'a fait Emily en me transformant, mais sache je ne t'en ai jamais tenue responsable.
Puis, la gorge nouée au point de ne pouvoir prononcer un mot de plus, les Vatore s'enlacèrent, terrifiés à l'idée de cette séparation imminente. Chacun demeura impassible, cependant. Il eût été trop insoutenable pour l'un de voir l'autre craquer maintenant alors qu'Edith témoignait son impatience en tambourinant contre la porte.
Dès l'instant où elle quitta la pièce infestée d'ail, Lilith sentit ses pouvoirs sortir de leur torpeur. Elle ne put toutefois se résoudre à les utiliser contre sa geôlière. En procédant à un tel échange de prisonniers, Edith s'était assurée de la docilité future de l'aînée des Vatore.
– Tu n'as pas intérêt à lui faire de mal, menaça-t-elle la maîtresse des lieux.
– Son sort dépendra de toi, ma chère Lilith. Ainsi, même séparés, chacun de vous reste lié au destin de l'autre. Maintenant, sors d'ici et cours retrouver ta fille avant que je ne change d'avis.
Fulminant de rage face aux désastreuses conséquences de l’opération d’exfiltration de la Fledermaus, Lilith jeta un dernier regard à son frère avant de tourner les talons. Activant sa vitesse vampirique, l’aînée des Vatore quitta la chapelle.
Désormais seuls, Edith et Caleb se rendirent tout au fond de la salle, devant la cellule faisant face à celle qu’avait occupée Johnny Zest.
– Après toi, invita la maîtresse des lieux.
Caleb obtempéra. La cellule qu’il trouva alors – et qui serait désormais la sienne – ressemblait en tout point à celle qui avait accueilli Lilith, les tresses d’ail en moins.
– Que vas-tu faire de moi ? demanda-t-il à Edith lorsqu’elle l’eût rejoint dans la pièce.
– J’ai tout un programme te concernant, se réjouit la vampire. Tu verras ce que je veux dire plus tard. En attendant, il est temps pour nous de tester ce dont nous avons parlé tout à l’heure à l’espace bar de la salle à manger.
Sans faire durer le suspens plus longtemps, Edith prit sa forme sombre et se rapprocha dangereusement de Caleb. Celui-ci aurait pu être effrayé de ce qui s’apprêtait à se dérouler mais il n’en fut rien.
De son propre aveu, Edith allait encore avoir besoin de lui à l’avenir. En l’état, ce ne serait donc qu’une simple morsure. S’il s’agissait là du prix à payer pour assurer la protection de Lilith, alors il supporterait la douleur.
Oh la la, Caleb qui redevient humain,je ne m'attendais pas à ça! Il a fait un pacte avec le diable (alias Edith)... et j'en devine les conséquences qu'elle ne dit pas!
Pourvu que le futur bébé qu'Edith concevra avec lui soit un vampire... le contraire serait vraiment trop triste
Lilith a été bien malavisée de faire cette expédition suavetage à la chapelle... quel drame pour la famille Vatore
C'est vrai qu'Édith sait faire des marchés comme Méphisto maintenant. C'est impressionnant!
Pauvre Caleb... redevenir humain... mais... en même temps, n'est-ce pas ce qu'il souhaitait secrètement?
Et en tant qu'humain, il resterait auprès de celle qu'il aime...
...même si c'est dans un cachot.
...même si elle est devenue totalement une autre personne que celle qu'il a cru aimer.
J'espère qu'ils feront un beau bébé vampire. Ce serait trop mignon!
Et Lilith y repensera à 2 fois avant de retourner faire un coup pendable à la Fledermaus. Sachant que Édith est une Méphisto numéro 2, prête à tout pour obtenir quelque chose!
Superbe histoire et superbe épisode! Comme toujours!
Et ça continue ! Cette mission d'exfiltration est une véritable catastrophe et les conséquences sont déplorables... Caleb enfermé comme géniteur Il aurait dû mettre une bonne fessée à Edith mais bon... on sait que ça ne s'est pas passé comme ça.
Théorie : je ne sais pas pourquoi mais je suis persuadée qu'Edith avait déjà prévu de faire de Caleb un humain et de s'en servir comme géniteur, bien avant cet "échec critique". L'apothéose de son pacte avec Méphistophélès, une sorte de pied de nez à l'ectoplasme : avoir un bébé de l'homme qu'elle a aimé (et qu'une part d'elle aime peut-être encore). Elle attendait juste qu'une occasion se présente, et cette occasion s'est offerte à elle sur un plateau.
Charlotte et Lilith ont vraiment louper leur coup, et elles l'ont bien loupé... mais nul doute que Lilith fera tout pour ramener son frère, et Charlotte l'aidera sûrement. Mais il faudra être beaucoup plus rusées que pour cette mission désastreuse.
@Elinoee Surprise !!! Il faut dire que Caleb est bien plus utile à Edith en humain Je n'en dis pas plus pour le moment sur les desseins de ma vampire avec ce nouvel humain, même s'il est fort probable que tes suppositions soient vraies
@oiseaudelune Oui, contrairement à sa soeur, Caleb n'a jamais vraiment apprécié son vampirisme et il est vrai que cette nouvelle situation de prisonnier humain soit paradoxalement une "libération" pour lui
Héhéhé, voilà deux fois que tu émets le souhait qu'ils fassent un petit vampire, tous les deux nous verrons bien ce qu'il en est !
En effet, Lilith ne devrait plus tenter grand-chose, à l'avenir. Edith sait trouver les bons moyens de pression
@nathalie986 Eh non, pas de baston entre Edith et Caleb (bien qu'à mon avis, c'est elle qui aurait gagné comme elle l'a déjà fait par le passé ). À la place, une bonne vieille négociation "pacifique" avec compromis un peu de diplomatie dans ce monde de brutes, bon sang !
Alors j'aime vraiment beaucoup ta théorie tant et si bien que je ne vais ni l'affirmer, ni la démentir. Je laisse volontairement le doute dessus car ça la rend plus belle encore tout ce que je peux dire, c'est que moi, pour le coup, j'avais prévu ce scénario depuis longtemps maintenant, était-ce également prémédité par Edith... ? C'est à vous de voir
Lilith et Charlotte retenteront peut-être quelque chose, mais pas pour tout de suite ! Edith les a à l'oeil
Après la raclée monumentale de Charlotte et compagnie lors des deux dernières publications, place maintenant à un peu plus de légèreté (d'une certaine manière avec le chapitre de ce soir. Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 38 : Flagrant délit ---
Si le violon n’avait plus de secrets pour elle depuis déjà bien des années, Aïda n’avait jamais eu d’affinités particulières avec l’orgue. Elle ne comprenait que très peu l’intérêt que pouvait y trouver sa mère. Cependant, en l’état, cet instrument était le seul à pouvoir lui occuper l’esprit. Depuis cette histoire avec Siegfried, Edith la surveillait régulièrement au point d’en être étouffante. La cambionne s’efforçait donc à ne pas faire de vagues, mais elle s’ennuyait de plus en plus, dans cette chapelle.
– Tu m’as habitué à de meilleures mélodies, susurra une voix derrière elle.
Aïda se retourna brusquement. Méphistophélès était donc enfin de retour !
– J’imagine que je t’ai manqué, ma belle ? osa demander le fantôme.
– Et moi alors, je t’ai manqué ? répliqua la jeune femme d’un ton cinglant.
– C’est toujours un plaisir de te voir d’aussi bonne humeur… Y a-t-il un problème ?
– Voilà six mois que tu ne donnes plus aucune nouvelle. Cela fait même plus longtemps car la dernière fois, tu t’es juste contenté d’emporter cette gamine. J’aurais pu penser que tu allais venir me voir dans la foulée, mais j’imagine que cela eut été trop en demander au grand maître ectoplasmique !
Méphistophélès ne chercha même pas à se défendre, ce qui irrita d’autant plus Aïda. La jeune femme poursuivit alors sa diatribe en l’assaillant de l’ensemble des doutes qui l’avaient taraudée en six mois. Ne comprenait-il donc pas à quel point la vie à la Fledermaus était difficile sans lui ? Hormis l’esprit maléfique, elle ne pouvait compter que sur une mère trop occupée et sur un Orpheus bien trop enthousiaste à jouer avec leur dernier petit frère en date.
– Oh, ce n’est que ça, souffla Méphistophélès. Si tu as terminé, peut-être que je vais pouvoir en placer une ?
Aïda était estomaquée. L’explosion de la cambionne était imminente et de toute évidence, Méphistophélès l’avait remarqué car il se précipita à reprendre la parole :
– Tu sais, Mar… Aïda, tu es encore jeune vis-à-vis de ton point de vue sur le temps. Bien que tu aies toi-même cessé de vieillir, tu le perçois toujours via les bons à rien qui te servent d’adelphes. Pour ma part, le temps n’a pratiquement aucune emprise. Si je te dis tout ça, c’est parce que je ne me rends pas toujours compte de la durée de mes absences. Je travaille beaucoup, de mon côté.
– Pardon ? Tu appelles tes contrats à deux simflouz « travailler » ?
– Bien sûr ! Dans tous les cas, sois certaine d’une chose : qu’il s’écoule un jour, deux semaines ou six mois ne change en rien la fréquence à laquelle je me rêve dans tes bras.
Aïda demeura mitigée. Si elle était experte en violon, lui l’était en pipeau. Mais il était fort et ça, elle ne pouvait que l’admettre. Le retour de son partenaire l’avait en outre soulagée et elle estima qu’il valait mieux éviter l’esclandre.
– J’aimerais bien que tu me racontes un peu l’histoire de ces gens que tu aides, en dehors de maman.
– Il y en a tant ! Ce n’est pas facile tous les jours, d’être un bon samaritain… Mais ne penses-tu pas qu’il serait plus confortable pour nous d’en parler… dans la chambre bleue ?
– Tu ne perds pas ton temps, toi ! Laisse-moi cinq minutes, le temps que je monte me préparer.
[…]
Au même moment, un étage plus bas, une autre fantôme était également en pleine négociation avec une fille d’Edith.
– Je te promets que je ferai mes devoirs après, quémanda Carmen.
– Très bien, finit par céder Charlotte. Mais juste une partie, c’est d’accord ?
De conserve, Charlotte et Carmen prirent place devant l’échiquier, la Brindletonienne apprenant à la fillette les rudiments de ce jeu. Depuis quelques temps déjà, la cambionne avait tenu à apprendre avec la meilleure en la matière. En temps normal, Orpheus se débrouillait à merveille pour apprendre les règles à Carmen, mais ce n’était pas lui qui avait obtenu la première place du tournoi de son école à seulement douze ans ! Elle-même n’avait plus qu’un an pour espérer égaler une telle prouesse.
– Qu’as-tu gagné, comme récompense à ce tournoi, Charlotte ?
– Mon propre échiquier, répondit Charlotte avec une bouffée de nostalgie en repensant à cette lointaine époque. Échiquier avec lequel j’ai d’ailleurs appris à ta mère à jouer.
– Comment était maman, à douze ans ?
– Je ne sais pas si je devrais te le dire, mais n’était pas très studieuse. Elle avait l’esprit un peu rebelle.
– Vraiment ? s’étonna Carmen. Quand on voit à quel point elle tient à ce que l’on respecte les règles de la chapelle, c’est étonnant !
– Cela ne l’empêchait pas de profondément respecter ton grand-père Herman et ta grand-mère Velma ! En plus de cela, elle a toujours su être très présente pour sa petite sœur, et ce même avant d’avoir ton âge.
– Maman m’a déjà un peu parlé de tante Aneliese. Elle est vraiment forte d’avoir pu s’occuper d’elle aussi jeune !
– En plus de cela, elle n’a jamais refusé d’être à l’écoute de ses plus proches amis !
– J’aimerais bien avoir des amis comme elle, un jour, soupira la fillette d’un air rêveur. Si seulement je pouvais sortir pour me faire quelques connaissances… Tu crois que maman finira par être d’accord ?
Charlotte chercha vainement quelque chose à dire pour consoler la cambionne. Il était peu probable que sa mère changeât d’avis sur la question mais la fantôme se dit qu’il valait mieux ne rien dire pour l’instant. L’arrivée d’Edith dans la pièce principale de l’appartement lui épargna heureusement une réponse douloureuse.
– Charlotte, demanda la nouvelle venue, pourrais-tu me rejoindre dans le salon ? J’ai à te parler.
– Je suis en train de jouer avec ta fille, rétorqua la fantôme en réduisant au maximum le ton contestataire de sa voix.
Malheureusement pour Charlotte, Carmen rangea l’échiquier, coupant court aux excuses de la Brindletonienne pour éviter la conversation qui allait suivre. Charlotte aurait préféré qu’elle n’abandonne pas aussi facilement son envie d’apprendre les échecs.
– Je vais aller faire mes devoirs, dit docilement la fillette. Tu viendras me voir, après ?
– Tout dépend du temps dont aura besoin ta mère, répondit la fantôme en lançant un regard appuyé sur Edith.
– Je n’en ai pas pour longtemps, Carmen, promit cette dernière. Je te rends Charlotte dès que possible.
Sur ces mots, Edith et Charlotte gagnèrent le deuxième sous-sol. La fantôme, qui avait soigneusement évité les lieux depuis l’affaire Johnny Zest, fut surprise de constater qu’une nouvelle pièce semblait être apparue juste en face de l’escalier.
– Quand as-tu fait venir le Carré d’As ? demanda-t-elle.
– Il y a deux mois environ, répondit Edith. J’ai pris une décision qui nécessitait de nouveaux aménagements.
Les deux amies traversèrent le hall et entrèrent enfin dans le salon, prenant place sur l’un des canapés. Charlotte se demandait toujours le motif de cette entrevue quelque peu inhabituelle, mais Edith mit fin au mystère sans le moindre préambule :
– J’ai décidé d’utiliser ma dernière dose d’élixir de pollinisation sur Caleb.
Charlotte accusa rapidement le coup. Elle avait elle-même envisagé ce cas de figure lorsque le cadet des Vatore avait élu domicile dans le garde-manger. Pour autant, elle avait bien conscience des risques qui allaient suivre pour son ami.
– Tu es encore dans les temps, constata-t-elle. Il arrive à six mois d’emprisonnement.
– Ainsi que je te l’ai promis lorsque tu m’as fait signer ton contrat.
– Tu continues donc de le respecter ?
– Absolument. Contrairement à ce que tu peux penser sans même prendre la peine de me le cacher, je reste fidèle à mes propos. Ce qui est arrivé avec Johnny était un malheureux écart de conduite.
Un écart de conduite aux conséquences désastreuses. En voyant Edith évoquer cet épisode avec autant de désinvolture, Charlotte frissonna instinctivement. Depuis que la vampire avait menacé de se débarrasser de son fantôme, la Brindletonienne avait veillé à ne plus évoquer d’elle-même la tentative d’exfiltration du géniteur de Siegfried. Préférant faire comme si rien ne s’était passé, elle avait poursuivi ses tâches quotidiennes au sein de la Fledermaus et n’était pas retournée voir Lilith depuis. La sœur de Caleb aurait certainement refusé sa visite afin de protéger au mieux son mari et sa fille.
– Depuis combien de temps possèdes-tu cet élixir ?
– Depuis qu’Orpheus est devenu un bambin. Quatorze ans, donc.
– Tu ne penses pas qu’après tout ce temps, il pourrait présenter des risques pour les géniteurs ? Serais-tu prête à tenter de l’administrer à Caleb ?
– C’est bien le cadet de mes soucis, répliqua Edith en bâillant ostensiblement. De toute manière, j’aurais été bien en peine de confectionner des doses plus fraîches, compte tenu de ce que tu as fait de mon labora-
– Par Cordélia, Edith, arrête de me sortir ce couplet à la moindre occasion ! Je suis très sérieuse. On ne sait pas combien de temps est supposé se conserver ce breuvage. C’est peut-être simplement par miracle que Johnny s’en est sorti.
– Je ne vois toujours pas où tu veux en venir, gronda Edith sur la défensive. J’ai décidé de tenter mon coup avec Caleb et je m’y tiendrai, que tu le veuilles ou non !
– Je suppose donc, s’emporta Charlotte, que tu le traiteras comme n’importe quel humain ici et que tu te débarrasseras de lui s’il ne te donne pas satisfaction ?
– Exactement. Et s’il me donne un vampire, je lui redonnerai l’immortalité et l’intégrerai à mon Orchestra Vampirica. En quoi est-ce un problème ?
– Le problème est que je te connais par cœur et que tu t’apprêtes à risquer la vie d’une personne qui t’aime et pour qui tu éprouves encore…
– Assez ! s’exclama Edith d’un ton féroce sans toutefois prendre sa forme sombre. Ne viens pas me parler de telles choses. Comment oses-tu prétendre connaître mes sentiments et t’en mêler alors que ta seule expérience en la matière concerne un enseignant universitaire marié que tu n’as même pas été capable de retenir ?
Le regard que lui lança Charlotte fit comprendre à Edith qu’elle avait atteint une limite, même pour elle.
– Fais donc comme bon te semble, lança la fantôme à mi-voix. Je ne m’en occuperai plus, à l’avenir.
Sur ces mots, la Brindletonienne se leva sans accorder un regard supplémentaire à Edith. Celle-ci se sentit étrangement vide. Il fut un temps où elle se serait précipitée vers Charlotte pour lui demander pardon mais il était vingt-huit ans trop tard pour cela. La vampire demeura donc stoïque dans son salon, contemplant avec un grand intérêt le mur qui lui faisait face.
Edith fut toutefois rapidement tirée de sa rêverie par des bruits caractéristiques émanant de l’étage supérieur, juste au-dessus d’elle. Elle n’y avait pas prêté attention plus tôt, trop absorbée par son échange véhément avec Charlotte, mais en l’état, elle était sure d’une chose : en cet instant, quelqu’un s’amusait beaucoup dans la chambre bleue.
[…]
– Qui est-ce ? demanda Aïda d’une voix ensommeillée alors que quelqu’un s’obstinait à frapper contre la porte.
– J’ai bien ma petite idée, lui répondit Méphistophélès, mais je doute que ça te plaise. Ne bouge pas, j’y vais.
Joignant le geste à la parole, l’esprit maléfique se leva du lit et se dirigea vers la sortie. Il ignorait encore si se donner en spectacle de la sorte avec Aïda fut une bonne idée, mais voilà des mois qu’il n’avait pas eu de séance de crac-crac. N’avait-il donc pas droit à un peu de compensation ?
Ce fut sans surprise qu’en quittant la chambre bleue, Méphistophélès se trouva nez-à-nez avec une Edith qui semblait contenir sa rage. Mieux valait tenter de faire profil bas : comme il l’avait lui-même fait remarquer avec Charlotte Fox, être mort n’empêchait pas de subir la douleur et quelque chose lui disait qu’Edith pourrait se montrer très imaginative en la matière.
– Bonjour, Méphisto, lança celle-ci d’un ton glacial.
– Bonjour à toi, Edith Faust, broda le fantôme. Je me doute bien que ta colère n’est pas uniquement liée au fait que je ne t’aie pas prévenue de mon arrivée.
– Tu chauffes. Continue.
– J’ai conscience, mon amie, qu’il y a tout un tas d’autres sujets que j’aurais dû aborder avec toi, mais…
– Comme par exemple le fait que tu mettes tes sales pattes ectoplasmiques sur ma fille aînée ? gronda la maîtresse des lieux.
– Je ne suis pas tout seul, dans l’histoire, tu sais. Elle a eu son mot à dire.
– Je sais bien ! À vrai dire il y a bien longtemps que je suis au courant. Est-ce donc un trait de caractère inhérent aux fantômes de cette chapelle que de me prendre pour un lama de trois semaines qui ne remarque rien de ce qui se déroule sous mon propre toit ?
Au même moment, dans la pièce voisine, Aïda se leva à son tour. Il était hors de question que Méphistophélès subisse seul le courroux de sa mère. S’il fallait qu’elle s’oppose à Edith pour obtenir gain de cause, alors elle le ferait. Après tout, elle avait toujours été, ou presque, une fille exemplaire. Sa mère ne lui devait-elle pas cette concession ?
– Pourquoi n’as-tu jamais rien dit ? entendit-elle demander Méphistophélès. Elle et moi nous fréquentons depuis…
– ...pratiquement un an, acheva Edith. Disons que j’aurais espéré que l’un de vous deux retrouve la raison à un moment donné. À en juger cette ridicule exhibition que vous nous faites aujourd’hui, j’en conclus que les choses vont en s’empirant. Ne crois-tu pas que tu m’en demandes déjà beaucoup ? Après les cambions et l’Ordalie, tu voudrais que je cautionnes cela ? Jamais !
– Disons qu’avec cinq chances sur six de mourir dans les prochaines années – ou prochains siècles si tu ne t’actives pas plus que cela sur ton dernier cambion – ta fille méritait un peu de tendresse, c’est pourquoi j’ai cru bon de lui accorder ma présence.
– Je vois. Tu essaies de me faire croire que tu as simplement voulu faire ta bonne action ?
– Bien sûr ! Mais je constate que cela n’a pas eu l’effet escompté. Écoute, ma chère, je vois bien que cette histoire ne semble pas te plaire…
Méphistophélès marqua une pause durant laquelle Aïda retint son souffle. Elle pressentait que ce qui allait suivre serait un moment crucial et que son partenaire avait tout intérêt à défendre leur couple le plus possible. Il y avait forcément une chance que sa mère finisse par se laisser convaincre. Dans ce cas, peut-être serait-il judicieux pour elle d’intervenir dans la discussion. Décidée, la jeune femme tendit la main vers la poignée, prête à ouvrir la porte qui la séparait des deux êtres qu’elle aimait le plus au monde. Ce fut cependant à cet instant précis que Méphistophélès reprit la parole :
– C’est pourquoi je me retire de l’équation. Je suis grand prince, vois-tu, et cela me briserait le cœur d’être la raison d’un conflit entre une mère et sa fille.
– Tu n’as pas de cœur, Méphisto, contra Edith. En tout cas, tu ne t’en sers pas. Mais je ne te jette pas la pierre pour cela. En revanche, mes enfants ont encore des émotions fonctionnelles, c’est pourquoi je ne veux plus te voir jouer avec eux de la sorte. Que ce soit avec Aïda comme avec les autres. Est-ce bien compris ?
– Tu as ma parole, Edith Faust.
– Parfait. Maintenant sors d’ici, je t’ai assez vu.
Aïda garda la porte fermée, écoutant les pas de sa mère s’éloigner tout comme, elle le savait, ceux de Méphistophélès. En cet instant, la cambionne ne sut déterminer ce qui lui faisait le plus de mal : que le fantôme abandonnât aussi facilement la partie, qu’il n’eût visiblement aucun regret à le faire ou encore qu’elle se fût toujours doutée d’une telle conclusion. Elle était si abasourdie qu’elle ne se questionna même pas sur ce qu’avait voulu dire Méphistophélès concernant ses « cinq chances sur six de mourir dans les prochaines années ». La jeune femme aurait voulu disparaître, quitter cette chapelle austère, ce hameau insignifiant et cette mère redoutable n’ayant pas daigné accepter son bonheur. Aïda n’en fit cependant rien, le chagrin qui commençait à la ronger la clouant sur place, telle une créature sans vie.
Rho, quel vil manipulateur ce Méphistophélès! Mais apparemment Aïda s'en rend bien compte... sauf qu'elle a envie de se laisser bercer par ses douces paroles
La réalité finit tout de même par la rattraper lorsqu'elle voit que Méphisto ne se bat pas du tout face à Edith pour conserver leur relation amoureuse. Dur pour elle...je crains que cet épisode ne la rende encore plus amère et méchante qu'elle n'est déjà!
J'ai bien aimé le retour en arrière pour Carmen de l'enfance d'Edith... Cette petite a l'air très empathique et douce... pas du tout faite pour le VDC
Quant à Caleb, je crains le pire pour lui, surtout depuis que Charlotte a émis l'hypothèse que la potion pourrait bien être périmée
Pauvre Caleb, que va-t-il se passer pour lui?
Méphisto est un manipulateur sans finesse. Ses tentatives pour essayer d'amadouer Aïda à force de fausses paroles (et de faux sentiments) sont grossières et n'ont heureusement pas duper la jeune femme. Il sait qu'elle est amoureuse de lui et joue le jeu pour la mener dans son camp, mais j'espère qu'il va finir par se prendre le râteau de sa vie, car, si Aïda est amoureuse, elle pourrait bien ne plus l'être en devinant qu'il se jour d'elle. Et, dans ce cas, la petite supercherie ectoplasmique pourrait bien se retourner contre lui.
Si elle était experte en violon, lui l’était en pipeau
J'ai adoré cette petite phrase qui m'a confortée dans l'idée que la première cambionne d'Edith n'était pas dupe. Tu as la maîtrise des jeux de mots
Je trouve vraiment touchant que Carmen s'intéresse à l'enfance de sa mère, et Charlotte est la mieux placée pour lui en parler. J'ai beaucoup aimé cette conversation entre elles deux,.
La conversation entre Edith et Charlotte a été, a contrario, particulièrement dure. Edith s'éloigne de plus en plus de son humanité, et je ne pense pas que Charlotte puisse l'y ramener facilement. Peut-être Caleb ?... Mais rien n'est moins sûr qu'il va finir dans l'Orchestra vampirica (j'en suis presque certaine) et ça m'attriste beaucoup qu'il devienne un pantin musical d'Edith.
Petite supposition qui me vient à l'instant, à l'esprit : L'orchestre, une fois complet, jouant ce même air qui a changé toute la vie d'Edith, ne sera-t-il pas celui qui la ramènera à son humanité ? Pure spéculation, c'est certain, mais pourquoi pas. Ce serait un juste retour des choses.
Quant à la dernière scène, j'avoue que j'ai beaucoup de peine pour Aïda... La pauvre a appris d'une manière brutale ce qu'elle soupçonnait depuis le début.
Méphisto se dit grand prince, il n'en est rien. Il savait très très qu'Edith était derrière la porte, tout comme il savait qu'Aïda écouterait leur conversation. Il n'est pas un grand prince mais juste un pauvre type fantôme manipulateur qui est exactement arrivé là où il voulait aller. Il aurait pu disparaitre tout bonnement de la chambre, sans faire de vague, mais non... Il a eu ce qu'il voulait.
J'espère qu'Aïda se remettra vite de cette offense et qu'elle agira de la sorte pour faire regretter ses actes de marionnettiste à Méphisto. Elle en a le pouvoir et la force, j'en suis persuadée. Cette fois, je crois en Aïda. Vengeance !
@Elinoee C'est exactement ça. Elle est partagée entre l'idée de vouloir que ses sentiments soient réciproques et la pleine conscience qu'elle se berce d'illusion Dans son chapitre et dans le prochain, tu vas pouvoir découvrir comment Aïda va accuser le coup
Pour sûr, Carmen est empathique Mais elle n'est pas si douce qu'il n'y parait : elle a du mordant (heureusement, pour une vampire ) rappelons que le premier échange qu'elle a avec Méphistophélès dans le chapitre 30 se résume à ceci :
– Toi t'es moSSe, lâcha Carmen sans prévenir. Tu fais peur.
Le sort de Caleb est scellé. Suspense ! 🤐
@nathalie986 Merci à toi pour mon jeu de mot Eh oui, Aïda n'est pas bête : bien que la réalité ne lui fasse pas plaisir, elle en a quand même conscience en croisant les doigts pour que l'illusion dure le plus longtemps possible
Il y a bien quelques tensions entre Edith et Charlotte pour le moment Malheureusement, c'est important pour l'histoire Ainsi donc, tu ne penses pas que Caleb finisse dans la masse de Disciples d'Edith ? Nous verrons bien
J'aime bien lire tes théories sur l'histoire, elles sont toutes très jolies
Alors ça y est ? J'ai réussi à te faire te réconcilier quelque peu avec Aïda au point de la soutenir ? C'est très bien, ça j'espère que ça continuera dans ce sens et que la petite finisse par mériter ta compassion
Nous voici de retour sur cette histoire avec le chapitre 39 Bonne lecture ! 🤗
--- Chapitre 39 : Réconfort inattendu ---
Les jours qui suivirent, Aïda n’était plus que l’ombre d’elle-même. La jeune femme passait le plus clair de son temps en état de quasi-apathie dans sa chambre, refusant d’en sortir et de parler à qui que ce fût. C’était comme si la discussion qu’elle avait surprise entre sa mère et Méphistophélès lui avait aspiré toute émotion autre qu’une légère mélancolie qu’elle ne parvenait même pas à ressentir pleinement. Aïda aurait préféré : la douleur ressentie lui aurait au moins indiqué un quelconque degré d’avancée sur le chemin qu’il lui restait à parcourir pour oublier l’esprit maléfique. Ce manque d’émotion l’inquiétait. Était-il possible que le choc eût été plus violent qu’elle ne le pensait ?
Les questions qu’elle se posait auraient probablement trouvé des réponses auprès d’Edith mais en l’état, Aïda évitait sa mère. Il lui restait donc un dernier atout à jouer pour éclaircir ses zones d’ombres, atout qu’elle trouva sans surprise dans la salle de classe. Malheureusement, il n’était pas seul.
– Tamino, Carmen, lança-t-elle en prenant place sur une chaise, j’aurais besoin que vous alliez ailleurs. Il faut que je parle avec Orpheus.
– Désolé, on ne peut pas, répondit Tamino, Ulrike nous a donné un devoir très compliqué à faire.
– Ne me fais pas rire, vous avez onze ans ! Qu’est-ce qui peut bien être « compliqué » à ce point ? Apprendre à poser une soustraction ?
Tamino n’osa plus répondre et ce fut donc Carmen qui prit le relais :
– Tu n’es pas obligée de lui aboyer dessus comme ça ! Et puis quand on a quelque chose à demander, c’est quand même mieux de mettre les formes et d’être un minimum agréable !
Aïda retint son souffle et foudroya sa sœur du regard. De quoi se mêlait-elle donc ? Ne comprenait-elle pas que ce n’était pas du tout le bon moment pour la contrarier ? La jeune femme réussit néanmoins à prendre sur elle. Après tout, elle était l’adulte.
– Très bien, répondit-elle sur un ton maîtrisé tout à fait convaincant. Pouvez-vous s’il vous plaît, Tamino et toi, faire une pause dans vos devoirs et aller ailleurs quelques minutes ?
Cette seconde tentative s’avéra fructueuse car Tamino et Carmen finirent par accepter sa requête en lui laissant la place. Aïda se rapprocha du tableau et surprit un sourire satisfait se dessiner sur la commissure des lèvres de la fillette au moment où elle quitta la pièce.
Elle fut ensuite rejointe par Orpheus après que ce dernier eut achevé son exercice d’algèbre. De toute évidence, il semblait désireux de l’aider mais le simple fait de le solliciter embarrassait Aïda au plus haut point.
– Tu dois être dans une sacrée détresse pour accepter de dire « s’il vous plaît » à Tam’ et à Carmen, constata l’adolescent.
– J’ai simplement besoin de réponses au plus vite, répondit Aïda. Penses-tu qu’un vampire pourrait développer ses pouvoirs en accéléré sous l’effet d’un choc ? Notamment celui de réduction des émotions ?
– Je ne me souviens pas d’avoir vu cela en cours de coutumes vampiriques. Je ne crois pas que ce soit possible. Mais pourquoi n’as-tu pas directement demandé à maman ?
Sans comprendre ce qui la poussait à agir de la sorte, Aïda craqua et exposa à son frère tout ce qu’elle avait sur le cœur.
Il lui était étrangement réconfortant d’étaler ainsi les tourments les plus secrets de son esprit tout en bénéficiant d’un soutien exemplaire de son interlocuteur. En effet, Orpheus l’écouta jusqu’au bout sans jamais l’interrompre.
Elle n’aurait de toute manière pas pu supporter de conseils de sa part. Il ne pouvait pas comprendre ce qu’elle traversait. Pas encore, en tout cas.
En l’état, tout ce qu’il était en mesure de faire était de lui prêter une oreille attentive.
– J’ai tout perdu, finit-elle par dire lorsqu’ils s’apprêtaient à quitter la salle de classe.
– Ne dis pas n’importe quoi, contra Orpheus. Maman est là. Enfin, elle le sera quand tu le voudras. Et puis moi aussi, je suis là.
– Vraiment ?
– Bien sûr ! Il faut dire que tu m’inquiètes un peu, en ce moment. Cette attitude ne te ressemble pas. Où est donc ma grande sœur impitoyable qui ne laisse personne lui dicter sa conduite ?
Aïda fut forcée de constater que son frère avait raison. Son comportement était ridicule, elle le savait. C’était cependant plus fort qu’elle. La jeune femme avait Méphistophélès dans la peau et personne n’allait pouvoir y faire grand-chose. Combien de temps allait-elle souffrir de la sorte ?
[…]
Charlotte finalisait à grand peine une commande de bougies. Bien que les années lui avaient permis d’apprendre l’art de leur fabrication, elle n’avait jamais aimé manipuler la cire.
En outre, le client du jour avait de telles exigences qu’il avait fallu à la Brindletonienne une bonne demi-douzaine de tentatives avant de parvenir à un résultat convenable.
Ce fut à cet instant que la porte de l’atelier s’ouvrit à la volée, laissant apparaître une Edith furibonde.
– Tout ceci devient vraiment ridicule, tempêta cette dernière plus pour elle-même que pour Charlotte. Voilà des jours qu’Aïda n’a plus quitté sa chambre.
– Je pensais qu’Orpheus lui avait parlé en début de semaine, s’étonna la fantôme.
– Il n’a pas dû trouver les bons mots car elle refuse systématiquement de me parler. Cette histoire a pris tellement de proportions que ma fille jette une ambiance maussade sur l’ensemble de la chapelle. C’est insupportable !
– Plus maussade que d’habitude ? demanda Charlotte en retenant un sourire.
Elle en voulait toujours à Edith au sujet des paroles blessantes tenues à l’égard de son passé sentimental. Cependant, voir son amie s’énerver ainsi à propos du chagrin d’Aïda avait quelque chose d’attendrissant. C’était assurément sa propre façon de compatir à ce que pouvait ressentir sa fille en cet instant.
– Cette relation n’avait de toute manière aucun intérêt ! s’emporta de nouveau Edith. Je n’ai pas élevé ma fille comme une caricature d’adolescente en pâmoison devant le premier venu. Surtout Méphisto. Je me demande bien ce qui lui est passé par la tête…
– Je n’approuve pas plus que toi, concéda Charlotte. Seulement, j’imagine très bien les raisons qui ont pu favoriser un tel rapprochement.
– Précisément ! Je me doutais que tu comprendrais bien mieux ce qu’elle traverse que moi. Tu ne voudrais pas aller lui parler ?
– Pardon ?!
Charlotte était sure de ne pas avoir correctement entendu la demande de la vampire. Cependant, lorsque cette dernière répéta ses mots d’un ton plus pressant et presque menaçant, la fantôme dut réprimer un rire nerveux.
– Edith, ta fille me déteste.
– Et tu le lui rends bien, s’impatienta la maîtresse des lieux. Seulement, j’ai l’impression que cette affaire me dépasse complètement alors que j’aimerais qu’elle soit réglée au plus vite. Je pense que tu as la fragi… je veux dire la patience nécessaire, se rattrapa-t-elle, pour discuter avec Aïda de sentiments et de je ne sais quelles autres mièvreries.
En y réfléchissant, Charlotte admit volontiers qu’il eût été absolument invraisemblable d’imaginer Edith s’occuper des peines de cœur de ses enfants. Néanmoins, fallait-il pour autant qu’elle s’occupât elle-même de cette affaire ? Edith semblait y tenir. Probablement estimait-elle réellement qu’elle était la mieux placée pour cela.
– J’imagine que nous ne risquons rien à essayer, soupira-t-elle. Tu as gagné, j’irai la voir.
[…]
Charlotte tint parole dès l’après-midi. Fébrile, elle se rendit à l’étage de la chapelle, s’arrêtant devant la porte de la chambre d’Aïda et Carmen. Que devait-elle faire ? Bien sûr, l’usage incombait de frapper, mais la Brindletonienne avait la conviction que l’aînée d’Edith ne répondrait pas à l’appel – et encore moins en découvrant qui venait l’importuner –, aussi prit-elle la décision d’entrer sans prévenir.
L’image qui s’offrit alors à elle n’avait rien à envier à la description de Carmen. Aïda n’avait pas bougé d’un iota, pelotonnée sous ses couvertures. Elle ne pleurait pas mais Charlotte était certaine qu’elle ne dormait pas non plus. Une certitude qui se vérifia lorsque le tas de couvertures prit soudainement parole avec la voix étouffée de la cambionne :
– Tu n’as rien à faire ici, toi. Fiche-moi la paix.
– À vrai dire, c’est ta mère qui m’envoie, confessa la fantôme.
Elle avait décidé d’être le plus honnête possible. Son intuition lui disait que la fille d’Edith pourrait se montrer plus encline à l’écouter de la sorte. Curieuse, Aïda émergea des couvertures, prenant une position assise.
– Elle ne pense quand même pas que je vais me confier à toi ?
– C’est exactement ce que je lui ai dit, mais tu la connais. Quand elle a décidé quelque chose, il n’y a plus rien à faire. Si je n’étais pas fantôme, elle nous aurait certainement enfermées toutes les deux dans une cellule du garde-manger jusqu’à ce que nous ayons eu une discussion suffisamment longue pour elle.
Durant quelques secondes, Aïda se contenta de dévisager Charlotte avec une curieuse expression. Elle secoua alors vaguement les épaules.
– Très bien, j’imagine que je n’ai pas le choix… Mais je n’ai rien à dire.
– Ce n’est pas grave, assura Charlotte en prenant place sur le lit à son tour. C’est moi qui vais commencer.
En voyant la fantôme s’asseoir à côté d’elle, Aïda lâcha un soupir qui ressemblait à s’y méprendre à un haut le cœur.
– Si j’accepte de t’écouter, demanda-t-elle résignée, tu me promets de déguerpir dès que tu as terminé ?
– Peut-être pas dès la fin de mon propos, mais lorsque tu le voudras, oui, je partirai.
Réprimant difficilement l’envie de lever les yeux au ciel, Aïda fit un bref signe de tête, que Charlotte interpréta comme une invitation à commencer.
– La première chose que j’aimerais te dire, amorça la Brindletonienne, c’est que ta mère n’y est pour rien, dans cette histoire. Il ne sert à rien de lui en vouloir. Elle cherchait juste à te préserver… à sa manière. Edith a toujours eu la conviction qu’il était parfois nécessaire de faire souffrir ceux que l’on aime pour leur propre bien.
– C’est ridicule, ne put s’empêcher de réagir Aïda.
– Je ne suis pas vraiment d’accord avec elle sur ce point, moi non plus. Quoi qu’il en soit, en ordonnant à Méphistophélès de s’éloigner de toi, elle a cherché à te protéger. Elle savait que tu ne le vivrais pas bien, mais elle a estimé qu’il était nécessaire de passer par là le plus tôt possible. À en juger la rapidité avec laquelle Méphistophélès a obéi alors qu’il aurait très bien pu faire valoir la puissance de ses pouvoirs pour se battre pour toi, il est aisé de constater qu’il… ne te méritait tout simplement pas. Il ne t’a jamais aimée, Aïda.
– Vous me prenez vraiment pour une pimbêche de première catégorie, maman et toi ! Je sais déjà tout ça mais vous ne comprenez pas que c’est précisément cette claque qui est impossible à accepter. Comment pourriez-vous comprendre, de toute manière ? Aucune de vous ne peut avoir idée de ce que je…
– Tu te trompes, contra Charlotte. Moi, je sais. Je suis passée par là, tout comme toi. Bien sûr, il ne s’agissait pas d’un esprit maléfique, mais le constat est bien là : toi et moi, nous sommes pareilles.
Aux trois derniers mots de la fantôme, Aïda semblait vouloir replonger sous les couvertures, la mine dépitée. Désireuse de ne pas déprimer davantage son interlocutrice, Charlotte se rattrapa :
– Disons plutôt que nous avons au moins un point commun, si tu préfères.
– Très bien, concéda la cambionne, je t’accorde le point commun. Mais nous ne sommes pas à égalité pour autant : tu connais tout de mon histoire qui relève de ma vie privée. La moindre des choses serait de me raconter la tienne.
– Mon histoire, comme tu dis, est très humaine. J’étais à l’Université lorsque je l’ai rencontré. C’était il y a vingt-neuf ans. À cette époque, je traversais une période difficile. J’étais loin de mes amis, ta mère était partie vivre à San Myshuno et j’étais en pleine remise en question de mon avenir professionnel.
« Paul Nicholson était mon professeur de biologie. Il était passionné par ce qu’il faisait, ce qui rendait ses cours d’autant plus intéressants. C’est d’ailleurs lui qui a fini par me convaincre d’écouter mon cœur et de me réorienter vers un cursus de vétérinaire si tel était mon désir. C’était un enseignant très accessible qui acceptait de nous accorder du temps en dehors des cours afin de nous réexpliquer les notions que nous n’avions pas comprises.
« Très vite, j’ai appris à me confier à lui. Il ne m’a pas fallu longtemps pour réaliser qu’il me plaisait. À plusieurs reprises, j’ai même repéré des signaux de sa part. Il n’a plus laissé place au doute lorsqu’il m’a invitée dans un restaurant de la ville de Brindleton Bay, sachant pertinemment que mon rêve était de m’y installer un jour. À son tour, il s’est alors confié à moi sur ses propres problèmes. Sa femme et lui vivaient apparemment séparément et étaient en instance de divorce depuis longtemps.
« Son histoire m’a touchée et j’ai cru à chacun de ses mots sans les remettre en question. C’est ce soir-là qu’a débuté notre relation.
« Par la suite, Brindleton Bay est resté notre lieu de prédilection pour les rendez-vous nocturnes. Il me disait revivre à mes côtés et c’était réciproque. Durant cette période, j’en ai presque oublié ta mère et notre ami Flavio.
« Notre liaison m’a appris à penser à moi et à mes besoins. C’était une grande première, pour moi, qui me pliais toujours en quatre pour entrer dans le moule de mes parents. J’étais enfin heureuse et c’était parti pour durer. Paul me promettait déjà monts et merveilles à Tartosa une fois que sa femme et lui auraient divorcé. Comme tu peux le deviner, cela n’a pas duré.
« Un soir où nous avions été plus téméraires, nous nous sommes retrouvés directement chez lui, pensant être seuls. Ce que nous ne savions pas encore, c’était que sa femme et ses trois enfants étaient rentrés plus tôt de vacances. Oui : rentrés.
« Comme je l’ai appris à mes dépens ce soir-là, les Nicholson vivaient toujours sous le même toit et n’avaient jamais été en instance de divorce. C’est donc tout naturellement que Mme Nicholson m’a chassée de chez elle, déterminée à mettre les choses au clair avec son époux infidèle.
« Malgré cette révélation, je persistais dans mes espoirs. Après tout, ne m’avait-il pas formulé à plusieurs reprises son envie de vivre avec moi ? J’étais prête à passer outre le mensonge de son mariage. Celui-ci ne pouvait qu’être compromis, maintenant que sa femme nous avait découverts. Hélas, j’ai fini par déchanter car mon amant a finalement choisi sa famille. Lorsque je lui ai demandé des explications, il a eu des propos très blessants à mon égard, allant même jusqu’à me proposer de l’argent pour que j’accepte d’interrompre mon cursus universitaire.
– Pardon ?! s’emporta Aïda qui avait jusqu’à présent écouté Charlotte sans interruption. Il ne peut pas t’avoir réellement fait cette proposition.
– Et pourtant, il me l’a faite, répondit la fantôme. Sa femme lui avait lancé un ultimatum en lui interdisant de me revoir d’une quelconque manière.
– J’espère que tu n’as pas accepté…
– Oh, non. Ce qui est arrivé par la suite fait partie de mes plus grandes fiertés personnelles, vois-tu.
Aïda était comme pendue aux lèvres de la Brindletonienne. Qui aurait pu croire cela possible un jour ?
– Qu’as-tu fait ? demanda-t-elle, l’ombre d’une curiosité malsaine se dessinant sur le visage.
– Je me suis vengée. D’après les dires de sa femme, je n’étais pas la première étudiante qu’il embobinait de la sorte. Je tenais cependant à être la dernière, aussi ai-je retrouvé la trace d’une ancienne élève qui, à son époque, avait accepté l’argent en faisant une croix sur son rêve de devenir médecin.
« La suite fut assez facile : j’ai donné rendez-vous à Paul pour rediscuter de sa proposition en l’enregistrant à son insu.
– Tu as donc fait écouter votre échange par le doyen de l’Université ?
– Par le doyen, oui… mais aussi par tout l’institut Foxbury en diffusant massivement l’enregistrement sur les réseaux sociaux. Cette preuve irréfutable ainsi que mon témoignage et celui de l’ancienne étudiante ont mis fin à sa carrière.
« La semaine suivante, Paul Nicholson se faisait retirer sa chaire d’enseignant et j’ai pu poursuivre mes études la tête haute. Comble de ma fierté : mes parents n’ont jamais rien su de cette histoire. Je suis parvenue à résoudre ce problème seule et encore heureux car s’ils avaient été informés d’une quelconque manière, j’aurais passé le restant de ma vie estudiantine en pensionnat au mont Komorebi…
Aïda ne savait que dire.
– Peut-être que t’ai mal jugée, la guimauve, lança-t-elle sur un ton qui ressemblait à s’y méprendre à de l’admiration. Je ne t’aurais jamais pensée aussi vindicative. Si tu avais été vampire, nul doute que tu aurais transformé cet enseignant de pacotille en un petit tas de chair informe.
– N’exagérons rien, répondit Charlotte. L’histoire que je t’ai racontée est probablement le seul moment où j’ai éprouvé un tel désir de vengeance. Ou plutôt de justice, comme je me le disais à l’époque. C’était très satisfaisant.
La cambionne eut un léger rire avant de prendre une expression insondable.
– Penses-tu, hésita-t-elle, que ce trait de caractère pourrait ressurgir un jour ?
– Je ne saurais te répondre. Aujourd’hui encore, je regrette que les choses se soient passées ainsi. J’aurais aimé faire la paix avec cet homme. Et de toute manière, comment voudrais-tu que cette situation se reproduise dans mon état ? Ta mère a déjà condamné l’un de mes assassins à brûler au soleil. Quand au deuxième… elle est malheureusement liée à lui, mais t’aider à te remettre du mal qu’il t’a fait peut également être considéré comme une victoire de ma part, tu ne crois pas ?
– Eh bien… en fait, je… Non, rien. Tu as raison.
– Bien sûr, ajouta Charlotte, dans ton cas, tu seras amenée à voir Méphistophélès plus fréquemment que tu ne le voudrais. C’est pourquoi il te faut le confronter le plus vite possible.
– Je n’y manquerai pas. Merci, Charlotte.
En entrant dans cette chambre une heure auparavant, jamais Charlotte ne se serait imaginé qu’un échange avec Aïda allait être si fluide et constructif. Edith avait eu raison d’insister. La cambionne était-elle enfin en train de s’assagir avec l’âge ?
Hum... j'espère que cet échage on ne peut plus intéressant entre Charlotte et Aïda portera ses fruits! Mais je doute quand même... Aïda est très éprise de Méphisto!
En tout cas la malheureuse histoire de Charlotte avec son professeur vingt-neuf ans plus tôt était passionnante j'ai adoré
Surtout le final, grandiose! Bravo Charlotte!! Je comprends qu'Aïda ait été impressionnée, elle ne voyait pas du tout Charlotte ainsi.
Effectivement, la petite Carmen a du caractère comme tu me l'as rappelé (j'avais oublié cette scène ) et l'a montré une fois de plus en rabattant le caquet d'Aïda! Bravo à elle
Rattrapé! J'ai manqué un épisode!!! J'étais en vacances quand il a sorti! 2 pour 1 je suis chanceuse, ce soir!
Oh AÏda! Comme je la trouve attendrissante dans ses premiers amours avec Méphisto.
Et comme je m'y attendais, c'était un pur Fiasco.
Lui qui est incapable de dire son nom correctement, c'était certain qu'il ne l'aimait pas suffisamment. Quand je l'ai vu battre en retraite, j'imaginais bien la peine d'Aïda. Pauvre cocotte.
Je ne sais pas pourquoi, mais je commence à l'aimer.
L'histoire touchante de Charlotte et du professeur d'université, wouah! C'était triste. En même temps, elle est forte de l'avoir confronté! Je suis certaine que ça existe, des gens comme ça!
Mais alors, la conversation entre Charlotte et Édith concernant Caleb... oh lala... ça se finit très mal. Charlotte qui en a assez et qui se barre laissant un vide en Charlotte. Oh! Elle a atteint une limite à ne pas dépasser...
Je me demande ce qui va arriver au pauvre Caleb...
Et la pauvre Aïda... va-t-elle retrouver sa mauvaise humeur habituelle? Ou sera-t-elle changée à jamais par cet amour déchu?
Merci pour cette histoire. C'est magnifique comme toujours!
J'aime bien lire tes théories sur l'histoire, elles sont toutes très jolies
Comment ça, Elji ? mes théories sont très jolies ? Intéressantes, oui. Déjantées, sûrement. Mais jolies ? 🤔 Bon ok, je verrai bien, plus tard, ce que tu sous-entends par là, mais bon, j'espère que j'ai le droit à un cookie pour réconforter mon petit coeur de bisounours
Concernant Aïda, je crois, en effet qu'elle va se venger de Méphisto, donc, oui, je la soutiens. Et oui, oui, tu as réussi à me faire me réconcilier avec elle (j'avoue tout !).
La discussion qu'elle a eue avec Charlotte me conforte dans l'idée de cette vengeance, et je pense qu'elle sera sans pitié
Je ne sais pas encore comment tu vas nous amener ça, mais je ne me fais aucun doute sur la fureur de Aïda. L'amour peut facilement se transformer en haine, et la peine en colère... Dans le cas de la jeune vampire, ça risque d'être violent Pauvre Méphisto.
Enfin, peut-être pauvre Méphisto, car je n'ai aucun pronostic, pour le moment, sur ce qui va se passer.
Ce que je peux dire, c'est qu'Edith a eu raison d'envoyer Charlotte parler avec sa fille. Je ne sais pas si elle était au courant de la "mièvrerie" avec son prof de biologie, mais, quoi qu'il en soit, l'histoire similaire de Charlotte à celle d'Aïda, aura très certainement ouvert les yeux à sa fille.
Petite mention spéciale à Charlotte : bravo pour cette superbe vengeance !
Mention pour Carmen également : la petite sœur a du cran et ne se laisse pas impressionnée. C'est super. Et il faut toujours se méfier de l'eau qui dort...
Quant à Orpheus, bravo pour son écoute fraternelle sincère. J'aime beaucoup ce garçon. Il n'a aucune arrière-pensée. Il est juste lui.
J'ai adoré ce screen tellement touchant.
Et pour finir, je conclurai, et j'espère ne pas me tromper, en disant qu'à dater de cette conversation, les relations entre Charlotte et Aïda vont changer. Aïda a même failli vendre la mèche à propos de son implication dans l'assassinat du fantôme. Elle le lui dira certainement un jour, mais je ne la sens pas du tout prête, dans l'immédiat.
Réponses
Merci pour Siegfried ! J'ai beaucoup aimé cet échange de regards entre lui et Aïda. C'était involontaire, mais tellement approprié que je ne pouvais pas le laisser passer !
J'ai hâte de voir mes propres combats, moi aussi
Pour ce qui est de Johnny Zest, la réponse est dans le chapitre de ce soir
@oiseaudelune Merci !! 🤗 Le procès d'Edith n'est pour l'instant qu'hypothétique, mais Charlotte et les vampires de Forgotten Hollow essaient d'anticiper cette éventualité
Ça ne m'étonnerait pas non plus de sa part, je l'avoue
Lilith a en effet une chouette famille
@nathalie986 Welcome back sur cette histoire
Je comprends bien que tu tiennes à ce qu'Edith n'oublie pas Caleb. Leur relation est pour le moins très complexe et, comme tu le dis, entre l'amour et la haine, il n'y a qu'un pas ! Aussi bien d'un côté que de l'autre, d'ailleurs
La définition de l'Ordalie vient tout droit d'un vrai dictionnaire, je l'ai juste remixée à la sauce Sims
Merci pour mes flashbacks 🤗
Ahaha, je me doutais bien que l'histoire improbable entre Aïda et Méphistophélès allait surprendre ! J'avais prévu cette intrigue depuis qu'elle est devenue bambine ! En fait, pour la plupart des bébés d'Edith (à l'exception de Siegfried et de Bébé Vampire numéro 6), je leur ai choisi un destin uniquement en me basant sur le trait de bambin généré aléatoirement et en fonction duquel j'ai choisi moi-même leurs traits de caractère finaux. Tout ça pour dire que si Aïda est ce qu'elle est, c'est juste parce que le jeu lui a donné le trait de bambin Pot de Colle
Ça me fait plaisir que tu apprécies Tamino et Carmen
Heureusement que non, en effet ! Mais n'allons pas lui donner des idées
J'approuve totalement le nom du CSDE !!
Ce soir, c'est parti pour la mission exfiltration avec le chapitre 36. Bonne lecture ! 🤗
Le petit Siegfried grandissait à vue d’œil et, progressivement, voyait sa personnalité se développer. Le bambin raffolait des histoires d’aventures qu’Ulrike savait si bien raconter.
La tante d’Edith semblait d’ailleurs être la seule à parvenir à le canaliser. Siegfried ne tenait en effet pas en place et avait déjà été surpris à chercher à quitter la chapelle à plusieurs reprises. Un tel comportement avait tendance à agacer les adultes. Pourquoi diable avait-il fallu que cet enfant eût une motricité bien plus développée que celle des bambins de son âge ?
Le caractère de pile électrique de Siegfried nécessitait une vigilance accrue. Edith, Charlotte et Ulrike se partageaient la besogne au cours de la semaine. Hors de question qu’il n’aille sur la place principale de Forgotten Hollow une fois que ses gardiennes auraient le dos tourné ! Ce matin-là, en revanche, alors que la tâche incombait à Edith, cette dernière ne put s’empêcher de se dire qu’il y avait une possibilité d’exploiter son fils pour appâter de potentiels humains passant par le hameau. Dans la faiblesse de cœur caractéristique à leur espèce, nul ne doutait qu’ils chercheraient à aider ce pauvre petit garçon à retrouver sa maman.
– On Zoue, mama ?
La demande de Siegfried avait coupé court à l’élaboration du stratagème de chasse aux humains de la vampire. Edith fit un effort considérable pour évincer cette idée de son esprit. À n’en point douter, Charlotte s’y serait opposée fermement.
– Tu as déjà tes cubes, jeune homme, répondit-elle à son fils. J’aimerais bien que tu apprennes à empiler les formes convenablement. À ton âge, ton grand frère Orpheus y arrivait déjà.
Le petit garçon fit la moue et Edith se surprit à le comprendre et à regretter ses paroles. Durant toute sa propre enfance, la jeune femme s’était battue pour que l’on ne compare pas constamment Aneliese à elle. À l’époque, il eut été injuste d’avoir les mêmes attentes pour sa petite sœur compte tenu de ses difficultés émotionnelles. Par ailleurs, n’avait-elle pas entendu Charlotte se plaindre une bonne dizaine d’années de souffrir de la comparaison avec son grand frère Aaron ?
– C’est d’accord, concéda-t-elle. Mais juste pour cette fois, c’est compris ? Après quoi, nous regarderons les chiffres.
Le visage de Siegfried s’illumina. Cherchant vainement dans ses souvenirs des moments analogues passés avec ses quatre premiers enfants, Edith laissa le bambin grimper sur son dos et jouer à l’avion dans une épique aventure ponctuée d’éclats de rire. Pourvu que personne n’entre dans la chambre verte pour voir cela, pensa-t-elle.
Pendant ce temps, au rez-de-chaussée, quelque chose se préparait. Une chauve-souris venait de faire son apparition.
Reprenant forme humaine, Lilith Vatore se dirigea vers les escaliers en bas desquels elle fut rejointe par Charlotte.
– Je maintiens que c’est une très mauvaise idée, rappela cette dernière. Aucun humain n’a le droit de quitter la Fledermaus en vie.
– Alors je transformerai Johnny Zest moi-même, s’impatienta Lilith. Il ne sera plus humain et cette stupide règle ne s’appliquera plus à lui. Avez-vous la clé ?
– Edith cache le trousseau dans sa crypte personnelle. Actuellement, personne n’est en bas, je vais donc pouvoir y aller en toute discrétion. Vous, attendez-moi devant la porte de la cellule de Johnny. Ce sera la dernière à gauche.
Laissant Lilith devant l’entrée du garde-manger, Charlotte descendit discrètement jusqu’au deuxième sous-sol. Aux dernières nouvelles, Edith était encore dans la chambre verte à surveiller Siegfried. Aïda répétait son concerto de violon dans la salle de musique tandis qu’Orpheus étudiait sur l’ordinateur. Tamino et Carmen, quant à eux, jouaient tranquillement dehors. En un mot comme en cent : la Brindletonienne avait le champ libre.
Il s’agissait de la première fois que Charlotte entrait dans la crypte d’Edith depuis les derniers travaux de la chapelle. La fantôme eut un frisson à la vue des photographies des enfants affichés sur le mur. Il y en avait déjà tellement et la maîtresse des lieux n’avait toujours pas terminé cet objectif fixé par Méphistophélès. Le mur serait-il assez grand lorsque naîtrait le sixième cambion ?
Une autre photographie, cependant, lui réchauffa le cœur. Il s’agissait de celle avec laquelle Charlotte s’était rendue à Forgotten Hollow il y a déjà si longtemps. La Brindletonienne avait craint de l’avoir perdue à tout jamais mais vraisemblablement, Edith l’avait récupérée après l’incident du laboratoire.
La fantôme se ressaisit alors. Le temps était compté et elle avait autre chose à faire que de contempler la décoration de la crypte. Sans réfléchir, elle se rendit devant le seul meuble de la pièce. La clé devait y être. Charlotte entra à l’intérieur et finit par mettre la main sur le précieux sésame. Elle sortit de la crypte avec la satisfaction d’avoir réussi sans la moindre difficulté.
Cette naïve pensée disparut de son esprit avec la rapidité d’un coup de vent. Méphistophélès venait de surgir devant elle, en plein milieu du hall du deuxième sous-sol.
– Que faisiez-vous dans cette crypte, l'humaine ?
Charlotte ne sut que répondre mais son mutisme était bien plus dû à la frustration qu'à la peur. Alors que tout s'était si bien déroulé, voilà que Méphistophélès venait tout gâcher !
– Et vous, alors ? ne put-elle s'empêcher de rétorquer. Il ne me semble pas qu'Edith soit au courant de votre visite.
– Détrompez-vous. Je suis venu voir si votre amie avait de nouvelles tombes pour moi. À en juger les clés de cachot que vous tenez dans votre main, si je vous laisse passer, je ne suis pas prêt d'en avoir d'autres. Remettez donc ces clés où vous les avez prises, je vous prie.
Était-ce en raison de son aspect fantomatique lui conférant un sentiment d'égalité vis-à-vis de l'esprit maléfique, Charlotte l'ignorait, mais elle se rendait progressivement compte qu'elle n'avait plus aussi peur de son interlocuteur qu'avant. Non, elle ne rangerait pas ce jeu de clés. Elle avait décidé d'aider Johnny Zest et elle allait s'y tenir.
– Vous ne pouvez rien me faire, lâcha-t-elle en guise de provocation.
– Être fantôme n'empêche pas d'avoir mal, répliqua Méphistophélès. Vous vous en rendrez compte bien assez vite.
– Je ne pense pas. Voyez-vous, je sais me battre. J'ai triomphé de Wagner.
– « Triomphé » est un bien grand mot, ma chère. Vous êtes morte cinq minutes plus tard. Tout porte donc à croire que vous avez simplement eu un coup de chance. Maintenant, dites-moi plutôt ce qui vous pousse à trahir Edith Faust en faisant s’échapper ses prisonniers.
– Je ne trahis pas Edith, fulmina Charlotte. Au contraire, je cherche à l’aider. Et même à vous aider vous, d’une certaine manière.
– Allons donc ! Que voulez-vous dire ?
– Vous seriez bien en peine si Edith était condamnée à mort par les grands maîtres vampires avant de vous avoir donné entière satisfaction.
Charlotte sursauta à ses propres mots et le regard de Méphistophélès s’assombrit. Elle n’avait pas voulu en dire autant.
– Les grands maîtres vampires n’ont aucune raison de se déplacer ici. À moins, bien sûr, que vous n’ayez vendu la mèche sur ce qui se passe dans cette chapelle.
La Brindletonienne conserva un silence dans lequel l’esprit maléfique semblait tirer toutes les conclusions.
– Edith sera ravie d’apprendre à qui va votre réelle allégeance, chère mademoiselle Fox. Nous serons donc bientôt débarrassés de votre présence intempestive en ces lieux.
– N’en soyez pas si sûr, mon cher. Tôt ou tard, c’est vous qui quitterez nos vies une bonne fois pour toutes.
D’un même mouvement, les deux esprits se bousculèrent et commencèrent à se battre furieusement.
Charlotte savait pertinemment qu’elle n’aurait aucune chance dans cet affrontement, d’autant qu’elle sentait que Méphistophélès ne se donnait pas entièrement. Cependant, si elle savait qu’elle ne gagnerait pas, au moins ralentirait-elle le moment où l’esprit maléfique s’en irait tout révéler à Edith.
Sans aucune surprise, Méphistophélès s’en sortit vainqueur et Charlotte fut forcée de constater qu’il avait raison : la condition de fantôme n’immunisait pas contre la douleur.
– On sent bien que vous avez essayé, la taquina le jeteur de sorts.
– Peu importe le résultat de ce combat, souffla Charlotte. Un jour viendra où vous paierez pour tout ce que vous avez fait. Je veillerai à cela, et ce même si c’est la dernière chose que je ferai de mon éternité.
– On croirait entendre la vieille harpie ! Vous payez les conséquences de vos fréquentations désastreuses, Charlotte Fox. Si Edith s’obstine à vous garder à ses côtés, cela n’augure rien de bon. Je m’en vais de ce pas lui en toucher un mot…
[…]
Devant la porte de la cellule de Johnny Zest, Lilith commençait à trouver le temps long. Charlotte ne revenait toujours pas du deuxième sous-sol et elles n’avaient l’assurance que de quelques minutes de tranquillité pour mener à bien leur projet.
La vampire perdit patience. Tant pis pour la clé, après tout. Le plus important était d’aider ce prisonnier. L’intégrité physique de la porte n’était à présent plus que le cadet de leurs soucis.
Conformément à ses attentes, Lilith trouva Johnny en mauvaise posture. Son cou comportait une trace de morsure encore fraîche et la vampire l’aida à s’installer sur le lit de la cellule.
– Qui êtes-vous ? demanda l’homme d’un air méfiant.
– Quelqu’un qui vous veut du bien, promit Lilith. Vous sentez-vous capable de quitter cet endroit ?
Johnny acquiesça d'un air désespéré. Puis, comme pour justifier son souhait, le Plènozas déchu entreprit d'expliquer à Lilith tout ce qu'il avait enduré dans cette cellule. De son rôle de réserve ambulante de plasma à celui de géniteur pour porter lui-même un enfant avec lequel il n'avait pas eu le droit de créer la moindre attache, tout y passa. Lilith, cependant, n'écoutait que d'une oreille.
– Vraiment super, tout ça, finit-elle par couper son interlocuteur. Écoutez, si vous tenez à ce que l'on sorte vivants d'ici, il nous faut accélérer.
Ils se levèrent et quittèrent calmement la cellule. Alors qu’ils se dirigeaient à présent vers la sortie du garde-manger, Johnny sembla enfin prendre conscience qu’il quitterait cet endroit pour de bon car il en vint à remercier sa sauveuse.
Lilith ne prit pas la peine de lui expliquer qu’elle le vampiriserait dès leur sortie. Elle devrait probablement lui effacer l’esprit de vie pour le rendre plus docile, mais pour lui, c’était cette option ou la mort. Probablement lui demanderait-elle de devenir le gardien de sa fille Brunehilde.
Toutefois, alors que Lilith et Johnny arrivaient tout près de la porte, celle-ci s’ouvrit en un grincement à glacer le plasma.
Puis, comme pour parfaire cette ambiance d’horreur, une silhouette entra dans le garde-manger. C’était Edith et elle semblait furieuse.
– Où pensez-vous donc aller ainsi ? demanda-t-elle d’une voix d’outre-tombe.
Sans même attendre la réponse, la vampire saisit Johnny Zest par la gorge, ignorant les vaines protestations de Lilith. En un éclair, sa tête plongea dans le cou du géniteur de Siegrfried, avalant son plasma à grandes lampées. Lorsqu’elle eut terminée, Edith lâcha l’homme, qui s’effondra sur le dos.
– Qu’as-tu fait ? s’inquiéta Lilith en se précipitant au sol pour déterminer l’état de Johnny.
– Détends-toi un peu, lui répondit Edith d’un ton sec. Son plasma est bien trop exquis pour que je le laisse mourir. Sers-toi, si tu veux.
– C’est donc pour cela que tu ne l’as toujours pas transformé ? Parce qu’il a bon goût ?
– Pour être honnête, je n’ai jamais rien bu d’aussi bon. Un tel plasma ne se gaspille pas. Imagine un peu que je trouve une humaine qui soit aussi délicieuse. Je serai en mesure de me constituer un élevage de premier choix. Une quantité illimitée de nourriture s’offrirait à Forgotten Hollow.
Puis, sans prévenir, Edith projeta Lilith au fond du couloir. L’aînée des Vatore réagit aussitôt et prit sa forme sombre, engageant le combat contre son ennemie.
Hors de question pour elle de subir le même échec cuisant que lors de leur dernier affrontement, vingt-six ans auparavant. Lilith avait cette fois-ci pleinement conscience de la puissance de son adversaire et se trouvait dans une bien meilleure forme physique qu’à l’époque.
Cette forme ne fut toutefois pas suffisante car Lilith, malgré toute la volonté dont elle était capable, perdit une nouvelle fois son combat. Ce fut une Edith aux traits déformés par la rage qui mit fin à l’affrontement, saisissant son adversaire inconsciente par le col.
– Tu ne retiendras décidément jamais la leçon, siffla la maîtresse des lieux. Tant pis pour toi. Puisque tu as tant tenu à entrer dans cette chapelle, je vais te faire préparer une place d’honneur en ces lieux.
[…]
Ulrike avait, sur les ordres de sa nièce, enfermé Lilith dans l’une des cellules du garde-manger. La force de l’aînée des Vatore étant incontestable, Edith avait tenu à ce que les murs de la pièce fussent ornés d’ail tressé. Lilith était à présent affaiblie et rien ne semblait s’opposer à ce qu’elle passe le reste de son éternité dans cette cellule.
Contre toute attente, Edith avait pardonné l’écart de conduite de Johnny Zest. La vampire était même allée, après lui avoir ôté l’esprit de vie, jusqu’à le transformer. Peu importait le caractère récalcitrant de l’humain puisqu’elle allait lui modeler une nouvelle personnalité bien plus apte à faire de lui un nouveau membre de l’Orchestra Vampirica. Son délicieux plasma lui manquerait amèrement mais après la récente déconvenue subie à cause de Lilith, il n’était plus sûr de le garder tel quel.
Quelques jours s’étaient donc écoulés depuis la transformation de Johnny et le sort de Charlotte n’avait pas encore été fixé. Un soir, cependant, la fantôme finit par être convoquée au rez-de-chaussée de la chapelle. N’ayant pas eu le droit d’entrer en contact avec Edith depuis la tentative d’exfiltration, la Brindletonienne se demandait si son amie allait enfin statuer sur une sentence ou non.
– Méphisto m’a raconté votre petite altercation en bas, lui annonça Edith. Il semblerait que tu ne te sois pas montrée très glorieuse. Ne penses-tu pas que ce soit là la preuve que ta tentative manquait cruellement de conviction ?
– De conviction ? s’emporta Charlotte. J’avais toutes les raisons du monde d’aider Lilith.
– Et de me trahir par la même occasion. Nous avions pourtant établi un accord.
– Accord que j’ai respecté à la lettre dans la mesure où je ne suis pas entrée dans le garde-manger. J’ai tenu mes engagements et on ne peut hélas pas en dire autant de toi. Johnny est resté quatre ans dans ta cellule. Deux fois plus que ce que sa qualité de géniteur t’autorisait à lui faire subir.
– Je suis avant tout chez moi, ici, Charlotte. Je n’ai pas à me justifier auprès de toi. Si tu m’avais laissée te transformer à l’époque, tu aurais compris que le plasma de Johnny valait largement de faire une exception dans tes règles bornées.
– Excuse-moi de chercher à t’épargner la peine capitale lorsque les grands maîtres t’imposeront un procès.
À ces mots, Edith laissa échapper un rire sans joie.
– Les fameux grands maîtres, oui… Méphisto m’a parlé de tes motivations. Tu penses donc qu’ils se donneront la peine de venir jusqu’ici alors qu’ils n’ont plus donné signe de vie depuis des décennies ?
– Crois-tu donc, fulmina la fantôme, que ta si brillante idée de capturer une technicienne extraterrestre n’ait pas eu de conséquences ? Des Sixamiens veulent déjà ta tête et l’ambassadeur de cette planète a bien du mal à calmer leurs ardeurs, chose qu’il ne fait que parce que Vladislaus est parvenu à l’en convaincre. Et n’essaie pas, reprit Charlotte alors qu’Edith s’apprêtait à répliquer, de me mettre la mort de la technicienne sur le dos car cela ne serait jamais arrivé si tu n’avais pas laissé ton pacte avec Méphistophélès te retourner le cerveau comme une gamine influencée par un groupe d’élèves chahuteurs. Moi, je suis encore en mesure de me fier à mes propres intuitions.
Pendant un instant, Edith ne dit rien et Charlotte eut la nette impression d’être allée trop loin. Peu lui importait. Que pouvait donc lui faire la vampire, après tout ? Puis, comme pour répondre à cette question, cette dernière se décida à répondre à la Brindletonienne d’une voix très calme.
– Dois-je te rappeler où t’ont menée tes « propres intuitions » ? À la mort, Charlotte. C’est bien dommage pour toi mais en l’état, c’est un fait qui me donne une longueur d’avance sur toi.
– Que veux-tu dire ?
– La seule raison pour laquelle tu demeures encore parmi nous est parce que ton urne est toujours connectée ici bas. Or, il existe une manière très simple de rompre la connexion d’un esprit avec le monde physique.
– Si c’est une menace, rétorqua Charlotte d’un air qui avait toutefois perdu un peu d’assurance, elle ne m’atteindra pas. Mon urne…
– ...t’attend sagement chez Vladislaus ? À ta place, j’en douterais fortement. Je suis allée la subtiliser peu de temps après ton retour. Je comptais m’en servir pour chercher à te ramener ultérieurement, mais il semblerait que ce soit un moyen de pression très efficace.
– Où l’as-tu cachée ?
– Je ne te le dirai pas. À la place, je vais te formuler non pas une menace, mais une promesse pour l’avenir : refais-moi encore un coup comme celui que tu as tenté avec Lilith et Johnny et je libère ton esprit pour toujours.
Charlotte n’aurait pas eu de réaction différente si Edith l’avait giflée gratuitement.
Elle n’eut cependant pas le temps de répondre quoi que ce fût car sitôt que la sentence fût prononcée, les portes de la chapelle s’ouvrirent brutalement, laissant entrer un courant d’air caractéristique des vampires.
Une fraction de seconde plus tard, Caleb Vatore surgit dans le hall, sa forme sombre prête au combat.
– Bonsoir, Edith, lança-t-il d’un ton glacial. Je viens chercher ma sœur.
À suivre...
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
Mais quel épisode de fou! Rempli d'action! De tourmente! Ouahou!!!!
Pauvre Charlotte qui n'a pas réussi à sauver le pauvre humain...
Wow! Caleb qui vient sauver sa soeur. C'était parfait.
Merci pour cet épisode!!!
Plus le temps passe, et plus les émotions d'Edith s'amenuisent. Lilith est punie dans une cellule spécialement décorée pour elle. Quant à Charlotte, Edith a un moyen de pression sur elle, et pas des moindres.
Je me demande comment tout cela va finir.
Et maintenant, voilà Caleb qui arrive à la rescousse. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas sereine.
Siegfried est une vraie bouffée d'oxygène dans la chapelle remplie de tensions en tous genres. Parviendra-t-il à adoucir sa mère ? Elle a l'air d'avoir encore quelques émotions en sa présence, mais je ne me fais pas trop d'illusions.
Même si, bon,elle songe quand même à se servir du petit pour appâter des proies
Oups,Méphistophélès, toujours là quand il ne faut pas! Pauvre Charlotte, elle s'est bien battue mais elle ne fait clairement pas le poids.
Et re-oups, la belle tentative d'évasion de Johnny Zest avec Lilith fait un flop
Alors comme ça, le plasma de Johnny est trop bon pour qu'Edith ne se débarrasse de lui?
Pauvre Lilith, enfermée dans une cellule garnie d'ail... Mais clairement, Caleb (et sans doute les autres grands maîtres vampires?) ne vont pas laisser faire ça sans réagir... comment va se passer l'affrontement entrte Caleb et Edith, je me le demande.
Avec tout ce passif entre eux en plus... à moins qu'ils n'arrivent à un accord sans se battre? J'ai peur pour Caleb quand même
Par contre je suis surprise qu'Edith ait finalement changé d'avis suite à cet épisode et transformé Johnny!
Quant à Charlotte,brr... sa discussion avec Edith à la fin du chapitre fait froid dans le dos...C'est sûr que ça calme, ce genre de menaces
En effet, Charlotte a un peu l'impression de brasser de l'air, ces derniers temps
@nathalie986 Pour emprunter un peu de vocabulaire à l'univers des jeux de rôle, on peut clairement dire que cette mission était un "échec critique"
Caleb arrive à son tour à la Fledermaus... pour le meilleur ou pour le pire ?
À force de devoir courir après la pile électrique qu'est Siegfried, je ne pense pas que le terme "bouffée d'oxygène" soit si adéquat le concernant
@Elinoee Bien sûr qu'elle ne perd pas le nord, Edith : il y a encore des tombes à récolter après tout
Échec sur échec, rien ne va pour Charlotte et Lilith dans ce chapitre ! Eh oui, la première fois qu'Edith a bu le plasma de Johnny, en jeu, elle a eu le moodlet "plasma délicieux" (quelque chose comme ça), ce qui ne lui était jamais arrivé, encore ! J'ai donc eu envie d'utiliser cette anecdote en guise de justification pour l'avoir gardé aussi longtemps dans sa cellule. Seulement, après la tentative d'évasion, j'aime à penser qu'il lui a un peu "coupé l'appétit" et qu'elle préfère le transformer, à présent
Le chapitre de ce soir apportera une réponse à tes craintes pour Caleb
Ce soir, il est temps de voir si Caleb parviendra à faire entendre raison à Edith. Place donc au chapitre 37. Bonne lecture ! 🤗
– Ne devrions-nous pas rester au rez-de-chaussée pour prêter main-forte à Edith ? demanda Ulrike.
– Non. Dès que Caleb lui a exposé sa requête, elle m’a ordonné de monter ici et de les laisser seuls.
– Cela m’inquiète beaucoup, confessa la domestique. Avec sa sœur dans le garde-manger, ce Caleb serait bien capable de…
– J’en doute, répondit Charlotte d’un ton apaisant. Il n’a pas mauvais fond et cherchera juste à négocier la libération de Lilith.
Libération dont je doute également, se dit la Brindletonienne. Elle ne pouvait que comprendre ce qui avait animé Caleb à se jeter dans la gueule de la chauve-souris de la sorte, mais en y réfléchissant, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que si lui ne ferait rien à Edith, l’inverse demeurait encore incertain. Pourquoi Diable n’avait-il pas pu attendre de travailler sur une stratégie moins risquée, que ce soit pour lui ou pour sa sœur ?
Comme si elle avait lu les pensées de la fantôme, Ulrike afficha un sourire bienveillant.
– Elle ne lui fera rien non plus.
– Comment pouvez-vous en être sure ?
– Si Edith avait voulu se débarrasser de lui, elle ne vous aurait pas demandé de quitter les lieux.
Encore une fois, Charlotte en doutait, mais elle ne chercha pas à discuter davantage. Quel qu’il fût, Edith avait fait son choix et la Brindletonienne ne pouvait rien y faire pour le changer, aussi se contenta-t-elle d’imiter Ulrike et de tendre l’oreille au-dessus de la cage d’escalier pour tenter d’écouter l’entrevue qui se déroulait à présent sous ses pieds.
Au même moment, au rez-de-chaussée, Edith et Caleb se toisaient sans mot dire. La maîtresse des lieux, probablement intriguée par l’audace qui avait conduit son ancien amant à la rejoindre seul, semblait attendre qu’il reprenne la parole.
– Je suis prêt à te défier dès maintenant, finit-il par dire. Nous pouvons aller dehors, le soleil est sur le point de se coucher.
– Certainement, répondit Edith d’un ton flegmatique. Avant cela, asseyons-nous quelques instants, veux-tu ?
Sans se quitter du regard, les vampires prirent place sur un banc.
– Vas-tu garder ta forme sombre durant tout l’entretien ?
– Si cela te déplaît, tu sais ce qu’il te reste à faire.
– Relâcher ta sœur, oui, j’avais bien compris. Seulement, je ne peux pas laisser passer l’affront que Lilith a commis. Elle est entrée dans mon garde-manger sans y être invitée. Pire encore : elle a cherché à me subtiliser l’une de mes proies. Bien sûr, il ne sert à rien que je te raconte tout cela.
– Que veux-tu dire ?
– Tu es déjà au courant de toute l’histoire pour la simple et bonne raison que tu y as participé, affirma Edith en perdant patience. Je suis loin d’être idiote. C’est donc tout ce que vous avez été capable d’élaborer comme plan en quatorze ans, Charlotte et vous ?
– Ce n’était pas prévu, confessa Caleb. Nous ne serions pas intervenus si tu n’avais pas rompu les engagements que tu avais tenus auprès de Charlotte.
– Laisse-moi deviner : c’est l’instant où tu me parles des grands maîtres vampires. Soyons clairs une bonne fois pour toutes : avec Méphistophélès avec mes côtés, je ne risque rien de leur part. Au lieu de me donner des arguments ridicules, tu ferais mieux de me remercier : je pourrais vous châtier, Charlotte et toi, mais je préfère me servir de ta sœur comme exemple. Au moins, je sais que vous me laisserez tranquille à l’avenir.
Caleb n’en revenait pas. Cet ersatz d’Edith Faust n’avait rien à voir avec la vampire dont il était tombé amoureux des années auparavant, pas plus qu’avec celle avec qui il avait récemment partagé tous ces instants volés dans son cercueil. Concernant ce dernier point, Edith ne donnait pas la moindre impression de s’être sentie trahie par le cadet des Vatore suite à la tentative d’exfiltration de Johnny Zest. Était-ce là un signe alarmant de l’extinction de ses émotions humaines ?
– Tu commences à t’exprimer comme Méphistophélès, constata-t-il. Ta forme sombre est en train de déborder sur ton apparence humaine. Ne vois-tu donc pas que tu disparais à petits f…
– Assez, l’interrompit Edith. Je vois très bien ce que tu cherches à faire, mais tu n’y parviendras pas. Pas plus que tu n’oserais engager un combat contre moi, en dépit de ce que tu t’efforces de me faire croire.
– Je suis soulagé de constater que tu n’as rien perdu de ta perspicacité. Qu’es-tu prête à négocier ?
– Suis-moi. Ici, les murs ont des oreilles.
Edith et Caleb descendirent au sous-sol le plus bas de la Fledermaus, cette fois-ci certains de n’être entendus de personne. Prenant place en face de la cheminée, ils en vinrent à aborder les motivations de Caleb.
– Tu ne peux laisser Lilith croupir indéfiniment dans cette cellule, s’enquit ce dernier qui laissa sa forme sombre se dissiper progressivement. Pense à son mari et à sa fille.
Visiblement, Edith s’était attendue à un argument axé sur la famille car elle répondit du tac au tac :
– A-t-elle pensé une seule seconde à mes enfants en s’introduisant chez moi ? Que se serait-il passé, d’après toi, si Johnny avait pu quitter la chapelle avec toutes ses capacités mémorielles ? Ne penses-tu pas qu’il aurait cherché à se venger ?
– Il n’y est pas arrivé, temporisa Caleb.
– Exactement. Uniquement parce que j’y ai veillé. J’ai ainsi évité qu’il s’en prenne à Aïda et aux autres. Sans compter le fait que la tombe de son père décore mon jardin, ce qui n’aurait pas arrangé les choses. Tu te souviens certainement de Geoffrey Plènozas ?
Caleb resta momentanément silencieux. Il ne se souvenait que trop bien du géniteur d’Eugene, le premier-né d’Edith, pour avoir lui-même vécu à la Fledermaus à l’époque de son séjour dans le garde-manger.
– Bien sûr que tu t’en souviens, répondit Edith pour elle-même. Écoute, Caleb, vous avez commis un affront que je ne peux laisser impuni. Toutefois, en tant qu’orpheline et fille d’un enfant lui-même abandonné par sa mère, je ne saurais séparer Lilith de sa famille. Tu vois ? Je sais être magnanime.
– J’imagine que tu vas réclamer quelque chose en échange.
– Pas quelque chose, non. Quelqu’un.
Caleb n’eut pas besoin de précisions supplémentaires.
– C’est d’accord, céda-t-il. Libère Lilith et je prendrai immédiatement sa place.
– Parfait, se délecta la maîtresse des lieux. Avant de procéder aux réjouissances de l’échange, allons sceller cet accord avec un verre, veux-tu ?
Ravie de sa victoire, Edith activa sa vitesse vampirique pour se ruer sur l’espace bar de la pièce voisine. Loin de partager son enthousiasme, Caleb la suivit d’un pas bien plus lent. Ainsi donc, Méphistophélès avait si bien réussi à entrer dans l’esprit d’Edith qu’elle en venait à réaliser ses propres pactes, les scellant à sa manière. Qu’à cela ne tienne, songea le vampire. Il aurait au moins réussi à protéger sa sœur une fois dans sa vie.
– Il y a cette nouvelle recette que j’aimerais essayer, annonça Edith en sortant les bouteilles nécessaires à la fabrication de ce mystérieux breuvage. J’avais besoin d’un testeur.
– C’est là la seule utilité que tu vas me trouver ? Un cobaye pour tes expériences culinaires ?
En guise de réponse, Edith posa le verre sur le bar et s’approcha de Caleb. D’instinct, celui-ci l’imita. Ils n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre et l’atmosphère était redevenue de glace.
– Ta boisson empeste l’ail, constata Caleb. Cherches-tu à m’empoisonner ?
– Pas tout de suite, répondit la maîtresse des lieux. Vois-tu, j’ai l’intuition que ton plasma pourrait m’être très utile. Il serait bête de le gaspiller en me débarrassant de toi tout de suite.
– Tu ne peux pas me boire, Edith. Je suis un vampire.
– Une condition que tu as toujours eue en horreur, n’est-ce pas ? Heureusement pour toi, j’ai la solution à tous tes problèmes.
La jeune femme s’approcha de Caleb et lui caressa la joue. Le vampire fut surpris de la douceur qui se dégageait de ce contact physique. Pendant une fraction de secondes, il avait presque eu l’impression de retrouver son amante. Était-il possible que l’Edith Faust originelle existât encore ?
– Ne vois-tu pas l’ironie de la chose ? poursuivit Edith. C’est en dommage collatéral que tu as commencé ta vie de vampire et c’est de la même manière que tu la termineras.
– Je… ma sœur…
– ...est forte et déjà très bien entourée. Tu n’as pas à porter de fardeau pour Lilith et redevenir humain te permettra de couper ce cordon qui te retient à elle. Reste avec moi.
Avec une pointe d’effroi, Caleb réalisa que son interlocutrice parvenait sans peine à le convaincre et ce sans même utiliser de charme vampirique. Quel naïf pouvait-il faire ! Comment avait-il pu penser une seule seconde qu’il était parvenu à tourner la page ?
Qu’il appréciât ou non l’emprise qu’Edith avait toujours sur lui n’était néanmoins pas la question. Caleb avait prêté un serment : prendre la place de Lilith. Cet accord signifiait qu’il était sommé d’obéir aux moindres commandements d’Edith.
Ainsi, saisissant le verre de remède ultime contre le vampirisme, il le vida d’un trait et sans cérémonie.
Le résultat fut immédiat : Caleb décolla du sol, le corps comme empli d’une chaleur telle qu’il n’avait plus ressentie depuis bien longtemps. Il fut alors entouré d’un halo de lumière et le phénomène prit fin aussi vite qu’il était survenu.
Dès l’instant où ses pieds foulèrent le plancher, le cadet des Vatore sut que la potion avait fonctionné.
– Et maintenant ? demanda-t-il.
– Maintenant, tu vas me suivre. Je t’ai fait une promesse et je m’y tiendrai.
Edith et Caleb remontèrent alors d’un étage, traversant sans un mot l’appartement de la chapelle pour, enfin, se retrouver dans le garde-manger, devant la porte d’une cellule.
Déverrouillant celle-ci, Edith laissa entrer Caleb et resta en retrait, prête à intervenir si les Vatore trahissaient l’engagement de leur cadet.
En voyant son frère accompagné de leur ennemie, Lilith parut stupéfaite. Cependant, son étonnement ne fut rien comparé à la décision qu'avait eue Caleb de prendre sa place tout en ayant ingurgité un remède contre le vampirisme.
– As-tu perdu l'esprit ? demanda-t-elle à voix basse. Ne crois pas que je te laisserai ici sans me retourner.
– C'est exactement ce que tu dois faire, lui répondit Caleb. Si tu tentes quoi que ce soit, elle se débarrassera de nous deux. Wotan est mort d'inquiétude, au manoir, et Brunehilde réclame sa maman. Va retrouver ta famille.
– Ne sois pas idiot, Caleb. Toi aussi, tu en fais partie, que tu sois humain ou vampire.
– Et ce sera toujours le cas. Seulement, je ne peux plus te demander de veiller sur moi comme tu le fais depuis si longtemps. Tu cherches à rattraper le mal qu'a fait Emily en me transformant, mais sache je ne t'en ai jamais tenue responsable.
Puis, la gorge nouée au point de ne pouvoir prononcer un mot de plus, les Vatore s'enlacèrent, terrifiés à l'idée de cette séparation imminente. Chacun demeura impassible, cependant. Il eût été trop insoutenable pour l'un de voir l'autre craquer maintenant alors qu'Edith témoignait son impatience en tambourinant contre la porte.
Dès l'instant où elle quitta la pièce infestée d'ail, Lilith sentit ses pouvoirs sortir de leur torpeur. Elle ne put toutefois se résoudre à les utiliser contre sa geôlière. En procédant à un tel échange de prisonniers, Edith s'était assurée de la docilité future de l'aînée des Vatore.
– Tu n'as pas intérêt à lui faire de mal, menaça-t-elle la maîtresse des lieux.
– Son sort dépendra de toi, ma chère Lilith. Ainsi, même séparés, chacun de vous reste lié au destin de l'autre. Maintenant, sors d'ici et cours retrouver ta fille avant que je ne change d'avis.
Fulminant de rage face aux désastreuses conséquences de l’opération d’exfiltration de la Fledermaus, Lilith jeta un dernier regard à son frère avant de tourner les talons. Activant sa vitesse vampirique, l’aînée des Vatore quitta la chapelle.
Désormais seuls, Edith et Caleb se rendirent tout au fond de la salle, devant la cellule faisant face à celle qu’avait occupée Johnny Zest.
– Après toi, invita la maîtresse des lieux.
Caleb obtempéra. La cellule qu’il trouva alors – et qui serait désormais la sienne – ressemblait en tout point à celle qui avait accueilli Lilith, les tresses d’ail en moins.
– Que vas-tu faire de moi ? demanda-t-il à Edith lorsqu’elle l’eût rejoint dans la pièce.
– J’ai tout un programme te concernant, se réjouit la vampire. Tu verras ce que je veux dire plus tard. En attendant, il est temps pour nous de tester ce dont nous avons parlé tout à l’heure à l’espace bar de la salle à manger.
Sans faire durer le suspens plus longtemps, Edith prit sa forme sombre et se rapprocha dangereusement de Caleb. Celui-ci aurait pu être effrayé de ce qui s’apprêtait à se dérouler mais il n’en fut rien.
De son propre aveu, Edith allait encore avoir besoin de lui à l’avenir. En l’état, ce ne serait donc qu’une simple morsure. S’il s’agissait là du prix à payer pour assurer la protection de Lilith, alors il supporterait la douleur.
À suivre...
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
Pourvu que le futur bébé qu'Edith concevra avec lui soit un vampire... le contraire serait vraiment trop triste
Lilith a été bien malavisée de faire cette expédition suavetage à la chapelle... quel drame pour la famille Vatore
Mais quel déroulement!
Je ne l'avais pas vu venir!!!
C'est vrai qu'Édith sait faire des marchés comme Méphisto maintenant.
Pauvre Caleb... redevenir humain... mais... en même temps, n'est-ce pas ce qu'il souhaitait secrètement?
Et en tant qu'humain, il resterait auprès de celle qu'il aime...
...même si c'est dans un cachot.
...même si elle est devenue totalement une autre personne que celle qu'il a cru aimer.
J'espère qu'ils feront un beau bébé vampire. Ce serait trop mignon!
Et Lilith y repensera à 2 fois avant de retourner faire un coup pendable à la Fledermaus.
Superbe histoire et superbe épisode! Comme toujours!
Théorie : je ne sais pas pourquoi mais je suis persuadée qu'Edith avait déjà prévu de faire de Caleb un humain et de s'en servir comme géniteur, bien avant cet "échec critique". L'apothéose de son pacte avec Méphistophélès, une sorte de pied de nez à l'ectoplasme : avoir un bébé de l'homme qu'elle a aimé (et qu'une part d'elle aime peut-être encore). Elle attendait juste qu'une occasion se présente, et cette occasion s'est offerte à elle sur un plateau.
Charlotte et Lilith ont vraiment louper leur coup, et elles l'ont bien loupé...
@oiseaudelune Oui, contrairement à sa soeur, Caleb n'a jamais vraiment apprécié son vampirisme et il est vrai que cette nouvelle situation de prisonnier humain soit paradoxalement une "libération" pour lui
Héhéhé, voilà deux fois que tu émets le souhait qu'ils fassent un petit vampire, tous les deux
En effet, Lilith ne devrait plus tenter grand-chose, à l'avenir. Edith sait trouver les bons moyens de pression
@nathalie986 Eh non, pas de baston entre Edith et Caleb (bien qu'à mon avis, c'est elle qui aurait gagné comme elle l'a déjà fait par le passé
Alors j'aime vraiment beaucoup ta théorie
Lilith et Charlotte retenteront peut-être quelque chose, mais pas pour tout de suite ! Edith les a à l'oeil
Après la raclée monumentale de Charlotte et compagnie lors des deux dernières publications, place maintenant à un peu plus de légèreté (d'une certaine manière
Si le violon n’avait plus de secrets pour elle depuis déjà bien des années, Aïda n’avait jamais eu d’affinités particulières avec l’orgue. Elle ne comprenait que très peu l’intérêt que pouvait y trouver sa mère. Cependant, en l’état, cet instrument était le seul à pouvoir lui occuper l’esprit. Depuis cette histoire avec Siegfried, Edith la surveillait régulièrement au point d’en être étouffante. La cambionne s’efforçait donc à ne pas faire de vagues, mais elle s’ennuyait de plus en plus, dans cette chapelle.
– Tu m’as habitué à de meilleures mélodies, susurra une voix derrière elle.
Aïda se retourna brusquement. Méphistophélès était donc enfin de retour !
– J’imagine que je t’ai manqué, ma belle ? osa demander le fantôme.
– Et moi alors, je t’ai manqué ? répliqua la jeune femme d’un ton cinglant.
– C’est toujours un plaisir de te voir d’aussi bonne humeur… Y a-t-il un problème ?
– Voilà six mois que tu ne donnes plus aucune nouvelle. Cela fait même plus longtemps car la dernière fois, tu t’es juste contenté d’emporter cette gamine. J’aurais pu penser que tu allais venir me voir dans la foulée, mais j’imagine que cela eut été trop en demander au grand maître ectoplasmique !
Méphistophélès ne chercha même pas à se défendre, ce qui irrita d’autant plus Aïda. La jeune femme poursuivit alors sa diatribe en l’assaillant de l’ensemble des doutes qui l’avaient taraudée en six mois. Ne comprenait-il donc pas à quel point la vie à la Fledermaus était difficile sans lui ? Hormis l’esprit maléfique, elle ne pouvait compter que sur une mère trop occupée et sur un Orpheus bien trop enthousiaste à jouer avec leur dernier petit frère en date.
– Oh, ce n’est que ça, souffla Méphistophélès. Si tu as terminé, peut-être que je vais pouvoir en placer une ?
Aïda était estomaquée. L’explosion de la cambionne était imminente et de toute évidence, Méphistophélès l’avait remarqué car il se précipita à reprendre la parole :
– Tu sais, Mar… Aïda, tu es encore jeune vis-à-vis de ton point de vue sur le temps. Bien que tu aies toi-même cessé de vieillir, tu le perçois toujours via les bons à rien qui te servent d’adelphes. Pour ma part, le temps n’a pratiquement aucune emprise. Si je te dis tout ça, c’est parce que je ne me rends pas toujours compte de la durée de mes absences. Je travaille beaucoup, de mon côté.
– Pardon ? Tu appelles tes contrats à deux simflouz « travailler » ?
– Bien sûr ! Dans tous les cas, sois certaine d’une chose : qu’il s’écoule un jour, deux semaines ou six mois ne change en rien la fréquence à laquelle je me rêve dans tes bras.
Aïda demeura mitigée. Si elle était experte en violon, lui l’était en pipeau. Mais il était fort et ça, elle ne pouvait que l’admettre. Le retour de son partenaire l’avait en outre soulagée et elle estima qu’il valait mieux éviter l’esclandre.
– J’aimerais bien que tu me racontes un peu l’histoire de ces gens que tu aides, en dehors de maman.
– Il y en a tant ! Ce n’est pas facile tous les jours, d’être un bon samaritain… Mais ne penses-tu pas qu’il serait plus confortable pour nous d’en parler… dans la chambre bleue ?
– Tu ne perds pas ton temps, toi ! Laisse-moi cinq minutes, le temps que je monte me préparer.
[…]
Au même moment, un étage plus bas, une autre fantôme était également en pleine négociation avec une fille d’Edith.
– Je te promets que je ferai mes devoirs après, quémanda Carmen.
– Très bien, finit par céder Charlotte. Mais juste une partie, c’est d’accord ?
De conserve, Charlotte et Carmen prirent place devant l’échiquier, la Brindletonienne apprenant à la fillette les rudiments de ce jeu. Depuis quelques temps déjà, la cambionne avait tenu à apprendre avec la meilleure en la matière. En temps normal, Orpheus se débrouillait à merveille pour apprendre les règles à Carmen, mais ce n’était pas lui qui avait obtenu la première place du tournoi de son école à seulement douze ans ! Elle-même n’avait plus qu’un an pour espérer égaler une telle prouesse.
– Qu’as-tu gagné, comme récompense à ce tournoi, Charlotte ?
– Mon propre échiquier, répondit Charlotte avec une bouffée de nostalgie en repensant à cette lointaine époque. Échiquier avec lequel j’ai d’ailleurs appris à ta mère à jouer.
– Comment était maman, à douze ans ?
– Je ne sais pas si je devrais te le dire, mais n’était pas très studieuse. Elle avait l’esprit un peu rebelle.
– Vraiment ? s’étonna Carmen. Quand on voit à quel point elle tient à ce que l’on respecte les règles de la chapelle, c’est étonnant !
– Cela ne l’empêchait pas de profondément respecter ton grand-père Herman et ta grand-mère Velma ! En plus de cela, elle a toujours su être très présente pour sa petite sœur, et ce même avant d’avoir ton âge.
– Maman m’a déjà un peu parlé de tante Aneliese. Elle est vraiment forte d’avoir pu s’occuper d’elle aussi jeune !
– En plus de cela, elle n’a jamais refusé d’être à l’écoute de ses plus proches amis !
– J’aimerais bien avoir des amis comme elle, un jour, soupira la fillette d’un air rêveur. Si seulement je pouvais sortir pour me faire quelques connaissances… Tu crois que maman finira par être d’accord ?
Charlotte chercha vainement quelque chose à dire pour consoler la cambionne. Il était peu probable que sa mère changeât d’avis sur la question mais la fantôme se dit qu’il valait mieux ne rien dire pour l’instant. L’arrivée d’Edith dans la pièce principale de l’appartement lui épargna heureusement une réponse douloureuse.
– Charlotte, demanda la nouvelle venue, pourrais-tu me rejoindre dans le salon ? J’ai à te parler.
– Je suis en train de jouer avec ta fille, rétorqua la fantôme en réduisant au maximum le ton contestataire de sa voix.
Malheureusement pour Charlotte, Carmen rangea l’échiquier, coupant court aux excuses de la Brindletonienne pour éviter la conversation qui allait suivre. Charlotte aurait préféré qu’elle n’abandonne pas aussi facilement son envie d’apprendre les échecs.
– Je vais aller faire mes devoirs, dit docilement la fillette. Tu viendras me voir, après ?
– Tout dépend du temps dont aura besoin ta mère, répondit la fantôme en lançant un regard appuyé sur Edith.
– Je n’en ai pas pour longtemps, Carmen, promit cette dernière. Je te rends Charlotte dès que possible.
Sur ces mots, Edith et Charlotte gagnèrent le deuxième sous-sol. La fantôme, qui avait soigneusement évité les lieux depuis l’affaire Johnny Zest, fut surprise de constater qu’une nouvelle pièce semblait être apparue juste en face de l’escalier.
– Quand as-tu fait venir le Carré d’As ? demanda-t-elle.
– Il y a deux mois environ, répondit Edith. J’ai pris une décision qui nécessitait de nouveaux aménagements.
Les deux amies traversèrent le hall et entrèrent enfin dans le salon, prenant place sur l’un des canapés. Charlotte se demandait toujours le motif de cette entrevue quelque peu inhabituelle, mais Edith mit fin au mystère sans le moindre préambule :
– J’ai décidé d’utiliser ma dernière dose d’élixir de pollinisation sur Caleb.
Charlotte accusa rapidement le coup. Elle avait elle-même envisagé ce cas de figure lorsque le cadet des Vatore avait élu domicile dans le garde-manger. Pour autant, elle avait bien conscience des risques qui allaient suivre pour son ami.
– Tu es encore dans les temps, constata-t-elle. Il arrive à six mois d’emprisonnement.
– Ainsi que je te l’ai promis lorsque tu m’as fait signer ton contrat.
– Tu continues donc de le respecter ?
– Absolument. Contrairement à ce que tu peux penser sans même prendre la peine de me le cacher, je reste fidèle à mes propos. Ce qui est arrivé avec Johnny était un malheureux écart de conduite.
Un écart de conduite aux conséquences désastreuses. En voyant Edith évoquer cet épisode avec autant de désinvolture, Charlotte frissonna instinctivement. Depuis que la vampire avait menacé de se débarrasser de son fantôme, la Brindletonienne avait veillé à ne plus évoquer d’elle-même la tentative d’exfiltration du géniteur de Siegfried. Préférant faire comme si rien ne s’était passé, elle avait poursuivi ses tâches quotidiennes au sein de la Fledermaus et n’était pas retournée voir Lilith depuis. La sœur de Caleb aurait certainement refusé sa visite afin de protéger au mieux son mari et sa fille.
– Depuis combien de temps possèdes-tu cet élixir ?
– Depuis qu’Orpheus est devenu un bambin. Quatorze ans, donc.
– Tu ne penses pas qu’après tout ce temps, il pourrait présenter des risques pour les géniteurs ? Serais-tu prête à tenter de l’administrer à Caleb ?
– C’est bien le cadet de mes soucis, répliqua Edith en bâillant ostensiblement. De toute manière, j’aurais été bien en peine de confectionner des doses plus fraîches, compte tenu de ce que tu as fait de mon labora-
– Par Cordélia, Edith, arrête de me sortir ce couplet à la moindre occasion ! Je suis très sérieuse. On ne sait pas combien de temps est supposé se conserver ce breuvage. C’est peut-être simplement par miracle que Johnny s’en est sorti.
– Je ne vois toujours pas où tu veux en venir, gronda Edith sur la défensive. J’ai décidé de tenter mon coup avec Caleb et je m’y tiendrai, que tu le veuilles ou non !
– Je suppose donc, s’emporta Charlotte, que tu le traiteras comme n’importe quel humain ici et que tu te débarrasseras de lui s’il ne te donne pas satisfaction ?
– Exactement. Et s’il me donne un vampire, je lui redonnerai l’immortalité et l’intégrerai à mon Orchestra Vampirica. En quoi est-ce un problème ?
– Le problème est que je te connais par cœur et que tu t’apprêtes à risquer la vie d’une personne qui t’aime et pour qui tu éprouves encore…
– Assez ! s’exclama Edith d’un ton féroce sans toutefois prendre sa forme sombre. Ne viens pas me parler de telles choses. Comment oses-tu prétendre connaître mes sentiments et t’en mêler alors que ta seule expérience en la matière concerne un enseignant universitaire marié que tu n’as même pas été capable de retenir ?
Le regard que lui lança Charlotte fit comprendre à Edith qu’elle avait atteint une limite, même pour elle.
– Fais donc comme bon te semble, lança la fantôme à mi-voix. Je ne m’en occuperai plus, à l’avenir.
Sur ces mots, la Brindletonienne se leva sans accorder un regard supplémentaire à Edith. Celle-ci se sentit étrangement vide. Il fut un temps où elle se serait précipitée vers Charlotte pour lui demander pardon mais il était vingt-huit ans trop tard pour cela. La vampire demeura donc stoïque dans son salon, contemplant avec un grand intérêt le mur qui lui faisait face.
Edith fut toutefois rapidement tirée de sa rêverie par des bruits caractéristiques émanant de l’étage supérieur, juste au-dessus d’elle. Elle n’y avait pas prêté attention plus tôt, trop absorbée par son échange véhément avec Charlotte, mais en l’état, elle était sure d’une chose : en cet instant, quelqu’un s’amusait beaucoup dans la chambre bleue.
[…]
– Qui est-ce ? demanda Aïda d’une voix ensommeillée alors que quelqu’un s’obstinait à frapper contre la porte.
– J’ai bien ma petite idée, lui répondit Méphistophélès, mais je doute que ça te plaise. Ne bouge pas, j’y vais.
Joignant le geste à la parole, l’esprit maléfique se leva du lit et se dirigea vers la sortie. Il ignorait encore si se donner en spectacle de la sorte avec Aïda fut une bonne idée, mais voilà des mois qu’il n’avait pas eu de séance de crac-crac. N’avait-il donc pas droit à un peu de compensation ?
Ce fut sans surprise qu’en quittant la chambre bleue, Méphistophélès se trouva nez-à-nez avec une Edith qui semblait contenir sa rage. Mieux valait tenter de faire profil bas : comme il l’avait lui-même fait remarquer avec Charlotte Fox, être mort n’empêchait pas de subir la douleur et quelque chose lui disait qu’Edith pourrait se montrer très imaginative en la matière.
– Bonjour, Méphisto, lança celle-ci d’un ton glacial.
– Bonjour à toi, Edith Faust, broda le fantôme. Je me doute bien que ta colère n’est pas uniquement liée au fait que je ne t’aie pas prévenue de mon arrivée.
– Tu chauffes. Continue.
– J’ai conscience, mon amie, qu’il y a tout un tas d’autres sujets que j’aurais dû aborder avec toi, mais…
– Comme par exemple le fait que tu mettes tes sales pattes ectoplasmiques sur ma fille aînée ? gronda la maîtresse des lieux.
– Je ne suis pas tout seul, dans l’histoire, tu sais. Elle a eu son mot à dire.
– Je sais bien ! À vrai dire il y a bien longtemps que je suis au courant. Est-ce donc un trait de caractère inhérent aux fantômes de cette chapelle que de me prendre pour un lama de trois semaines qui ne remarque rien de ce qui se déroule sous mon propre toit ?
Au même moment, dans la pièce voisine, Aïda se leva à son tour. Il était hors de question que Méphistophélès subisse seul le courroux de sa mère. S’il fallait qu’elle s’oppose à Edith pour obtenir gain de cause, alors elle le ferait. Après tout, elle avait toujours été, ou presque, une fille exemplaire. Sa mère ne lui devait-elle pas cette concession ?
– Pourquoi n’as-tu jamais rien dit ? entendit-elle demander Méphistophélès. Elle et moi nous fréquentons depuis…
– ...pratiquement un an, acheva Edith. Disons que j’aurais espéré que l’un de vous deux retrouve la raison à un moment donné. À en juger cette ridicule exhibition que vous nous faites aujourd’hui, j’en conclus que les choses vont en s’empirant. Ne crois-tu pas que tu m’en demandes déjà beaucoup ? Après les cambions et l’Ordalie, tu voudrais que je cautionnes cela ? Jamais !
– Disons qu’avec cinq chances sur six de mourir dans les prochaines années – ou prochains siècles si tu ne t’actives pas plus que cela sur ton dernier cambion – ta fille méritait un peu de tendresse, c’est pourquoi j’ai cru bon de lui accorder ma présence.
– Je vois. Tu essaies de me faire croire que tu as simplement voulu faire ta bonne action ?
– Bien sûr ! Mais je constate que cela n’a pas eu l’effet escompté. Écoute, ma chère, je vois bien que cette histoire ne semble pas te plaire…
Méphistophélès marqua une pause durant laquelle Aïda retint son souffle. Elle pressentait que ce qui allait suivre serait un moment crucial et que son partenaire avait tout intérêt à défendre leur couple le plus possible. Il y avait forcément une chance que sa mère finisse par se laisser convaincre. Dans ce cas, peut-être serait-il judicieux pour elle d’intervenir dans la discussion. Décidée, la jeune femme tendit la main vers la poignée, prête à ouvrir la porte qui la séparait des deux êtres qu’elle aimait le plus au monde. Ce fut cependant à cet instant précis que Méphistophélès reprit la parole :
– C’est pourquoi je me retire de l’équation. Je suis grand prince, vois-tu, et cela me briserait le cœur d’être la raison d’un conflit entre une mère et sa fille.
– Tu n’as pas de cœur, Méphisto, contra Edith. En tout cas, tu ne t’en sers pas. Mais je ne te jette pas la pierre pour cela. En revanche, mes enfants ont encore des émotions fonctionnelles, c’est pourquoi je ne veux plus te voir jouer avec eux de la sorte. Que ce soit avec Aïda comme avec les autres. Est-ce bien compris ?
– Tu as ma parole, Edith Faust.
– Parfait. Maintenant sors d’ici, je t’ai assez vu.
Aïda garda la porte fermée, écoutant les pas de sa mère s’éloigner tout comme, elle le savait, ceux de Méphistophélès. En cet instant, la cambionne ne sut déterminer ce qui lui faisait le plus de mal : que le fantôme abandonnât aussi facilement la partie, qu’il n’eût visiblement aucun regret à le faire ou encore qu’elle se fût toujours doutée d’une telle conclusion. Elle était si abasourdie qu’elle ne se questionna même pas sur ce qu’avait voulu dire Méphistophélès concernant ses « cinq chances sur six de mourir dans les prochaines années ». La jeune femme aurait voulu disparaître, quitter cette chapelle austère, ce hameau insignifiant et cette mère redoutable n’ayant pas daigné accepter son bonheur. Aïda n’en fit cependant rien, le chagrin qui commençait à la ronger la clouant sur place, telle une créature sans vie.
À suivre...
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
La réalité finit tout de même par la rattraper lorsqu'elle voit que Méphisto ne se bat pas du tout face à Edith pour conserver leur relation amoureuse. Dur pour elle...je crains que cet épisode ne la rende encore plus amère et méchante qu'elle n'est déjà!
J'ai bien aimé le retour en arrière pour Carmen de l'enfance d'Edith... Cette petite a l'air très empathique et douce... pas du tout faite pour le VDC
Quant à Caleb, je crains le pire pour lui, surtout depuis que Charlotte a émis l'hypothèse que la potion pourrait bien être périmée
Pauvre Caleb, que va-t-il se passer pour lui?
J'ai adoré cette petite phrase qui m'a confortée dans l'idée que la première cambionne d'Edith n'était pas dupe. Tu as la maîtrise des jeux de mots
Je trouve vraiment touchant que Carmen s'intéresse à l'enfance de sa mère, et Charlotte est la mieux placée pour lui en parler. J'ai beaucoup aimé cette conversation entre elles deux,.
La conversation entre Edith et Charlotte a été, a contrario, particulièrement dure. Edith s'éloigne de plus en plus de son humanité, et je ne pense pas que Charlotte puisse l'y ramener facilement. Peut-être Caleb ?... Mais rien n'est moins sûr qu'il va finir dans l'Orchestra vampirica (j'en suis presque certaine) et ça m'attriste beaucoup qu'il devienne un pantin musical d'Edith.
Quant à la dernière scène, j'avoue que j'ai beaucoup de peine pour Aïda... La pauvre a appris d'une manière brutale ce qu'elle soupçonnait depuis le début.
Méphisto se dit grand prince, il n'en est rien. Il savait très très qu'Edith était derrière la porte, tout comme il savait qu'Aïda écouterait leur conversation. Il n'est pas un grand prince mais juste un pauvre type fantôme manipulateur qui est exactement arrivé là où il voulait aller. Il aurait pu disparaitre tout bonnement de la chambre, sans faire de vague, mais non... Il a eu ce qu'il voulait.
J'espère qu'Aïda se remettra vite de cette offense et qu'elle agira de la sorte pour faire regretter ses actes de marionnettiste à Méphisto. Elle en a le pouvoir et la force, j'en suis persuadée. Cette fois, je crois en Aïda.
Pour sûr, Carmen est empathique
Le sort de Caleb est scellé. Suspense ! 🤐
@nathalie986 Merci à toi pour mon jeu de mot
Il y a bien quelques tensions entre Edith et Charlotte pour le moment
Alors ça y est ? J'ai réussi à te faire te réconcilier quelque peu avec Aïda au point de la soutenir ? C'est très bien, ça
Nous voici de retour sur cette histoire avec le chapitre 39
Les jours qui suivirent, Aïda n’était plus que l’ombre d’elle-même. La jeune femme passait le plus clair de son temps en état de quasi-apathie dans sa chambre, refusant d’en sortir et de parler à qui que ce fût. C’était comme si la discussion qu’elle avait surprise entre sa mère et Méphistophélès lui avait aspiré toute émotion autre qu’une légère mélancolie qu’elle ne parvenait même pas à ressentir pleinement. Aïda aurait préféré : la douleur ressentie lui aurait au moins indiqué un quelconque degré d’avancée sur le chemin qu’il lui restait à parcourir pour oublier l’esprit maléfique. Ce manque d’émotion l’inquiétait. Était-il possible que le choc eût été plus violent qu’elle ne le pensait ?
Les questions qu’elle se posait auraient probablement trouvé des réponses auprès d’Edith mais en l’état, Aïda évitait sa mère. Il lui restait donc un dernier atout à jouer pour éclaircir ses zones d’ombres, atout qu’elle trouva sans surprise dans la salle de classe. Malheureusement, il n’était pas seul.
– Tamino, Carmen, lança-t-elle en prenant place sur une chaise, j’aurais besoin que vous alliez ailleurs. Il faut que je parle avec Orpheus.
– Désolé, on ne peut pas, répondit Tamino, Ulrike nous a donné un devoir très compliqué à faire.
– Ne me fais pas rire, vous avez onze ans ! Qu’est-ce qui peut bien être « compliqué » à ce point ? Apprendre à poser une soustraction ?
Tamino n’osa plus répondre et ce fut donc Carmen qui prit le relais :
– Tu n’es pas obligée de lui aboyer dessus comme ça ! Et puis quand on a quelque chose à demander, c’est quand même mieux de mettre les formes et d’être un minimum agréable !
Aïda retint son souffle et foudroya sa sœur du regard. De quoi se mêlait-elle donc ? Ne comprenait-elle pas que ce n’était pas du tout le bon moment pour la contrarier ? La jeune femme réussit néanmoins à prendre sur elle. Après tout, elle était l’adulte.
– Très bien, répondit-elle sur un ton maîtrisé tout à fait convaincant. Pouvez-vous s’il vous plaît, Tamino et toi, faire une pause dans vos devoirs et aller ailleurs quelques minutes ?
Cette seconde tentative s’avéra fructueuse car Tamino et Carmen finirent par accepter sa requête en lui laissant la place. Aïda se rapprocha du tableau et surprit un sourire satisfait se dessiner sur la commissure des lèvres de la fillette au moment où elle quitta la pièce.
Elle fut ensuite rejointe par Orpheus après que ce dernier eut achevé son exercice d’algèbre. De toute évidence, il semblait désireux de l’aider mais le simple fait de le solliciter embarrassait Aïda au plus haut point.
– Tu dois être dans une sacrée détresse pour accepter de dire « s’il vous plaît » à Tam’ et à Carmen, constata l’adolescent.
– J’ai simplement besoin de réponses au plus vite, répondit Aïda. Penses-tu qu’un vampire pourrait développer ses pouvoirs en accéléré sous l’effet d’un choc ? Notamment celui de réduction des émotions ?
– Je ne me souviens pas d’avoir vu cela en cours de coutumes vampiriques. Je ne crois pas que ce soit possible. Mais pourquoi n’as-tu pas directement demandé à maman ?
Sans comprendre ce qui la poussait à agir de la sorte, Aïda craqua et exposa à son frère tout ce qu’elle avait sur le cœur.
Il lui était étrangement réconfortant d’étaler ainsi les tourments les plus secrets de son esprit tout en bénéficiant d’un soutien exemplaire de son interlocuteur. En effet, Orpheus l’écouta jusqu’au bout sans jamais l’interrompre.
Elle n’aurait de toute manière pas pu supporter de conseils de sa part. Il ne pouvait pas comprendre ce qu’elle traversait. Pas encore, en tout cas.
En l’état, tout ce qu’il était en mesure de faire était de lui prêter une oreille attentive.
– J’ai tout perdu, finit-elle par dire lorsqu’ils s’apprêtaient à quitter la salle de classe.
– Ne dis pas n’importe quoi, contra Orpheus. Maman est là. Enfin, elle le sera quand tu le voudras. Et puis moi aussi, je suis là.
– Vraiment ?
– Bien sûr ! Il faut dire que tu m’inquiètes un peu, en ce moment. Cette attitude ne te ressemble pas. Où est donc ma grande sœur impitoyable qui ne laisse personne lui dicter sa conduite ?
Aïda fut forcée de constater que son frère avait raison. Son comportement était ridicule, elle le savait. C’était cependant plus fort qu’elle. La jeune femme avait Méphistophélès dans la peau et personne n’allait pouvoir y faire grand-chose. Combien de temps allait-elle souffrir de la sorte ?
[…]
Charlotte finalisait à grand peine une commande de bougies. Bien que les années lui avaient permis d’apprendre l’art de leur fabrication, elle n’avait jamais aimé manipuler la cire.
En outre, le client du jour avait de telles exigences qu’il avait fallu à la Brindletonienne une bonne demi-douzaine de tentatives avant de parvenir à un résultat convenable.
Ce fut à cet instant que la porte de l’atelier s’ouvrit à la volée, laissant apparaître une Edith furibonde.
– Tout ceci devient vraiment ridicule, tempêta cette dernière plus pour elle-même que pour Charlotte. Voilà des jours qu’Aïda n’a plus quitté sa chambre.
– Je pensais qu’Orpheus lui avait parlé en début de semaine, s’étonna la fantôme.
– Il n’a pas dû trouver les bons mots car elle refuse systématiquement de me parler. Cette histoire a pris tellement de proportions que ma fille jette une ambiance maussade sur l’ensemble de la chapelle. C’est insupportable !
– Plus maussade que d’habitude ? demanda Charlotte en retenant un sourire.
Elle en voulait toujours à Edith au sujet des paroles blessantes tenues à l’égard de son passé sentimental. Cependant, voir son amie s’énerver ainsi à propos du chagrin d’Aïda avait quelque chose d’attendrissant. C’était assurément sa propre façon de compatir à ce que pouvait ressentir sa fille en cet instant.
– Cette relation n’avait de toute manière aucun intérêt ! s’emporta de nouveau Edith. Je n’ai pas élevé ma fille comme une caricature d’adolescente en pâmoison devant le premier venu. Surtout Méphisto. Je me demande bien ce qui lui est passé par la tête…
– Je n’approuve pas plus que toi, concéda Charlotte. Seulement, j’imagine très bien les raisons qui ont pu favoriser un tel rapprochement.
– Précisément ! Je me doutais que tu comprendrais bien mieux ce qu’elle traverse que moi. Tu ne voudrais pas aller lui parler ?
– Pardon ?!
Charlotte était sure de ne pas avoir correctement entendu la demande de la vampire. Cependant, lorsque cette dernière répéta ses mots d’un ton plus pressant et presque menaçant, la fantôme dut réprimer un rire nerveux.
– Edith, ta fille me déteste.
– Et tu le lui rends bien, s’impatienta la maîtresse des lieux. Seulement, j’ai l’impression que cette affaire me dépasse complètement alors que j’aimerais qu’elle soit réglée au plus vite. Je pense que tu as la fragi… je veux dire la patience nécessaire, se rattrapa-t-elle, pour discuter avec Aïda de sentiments et de je ne sais quelles autres mièvreries.
En y réfléchissant, Charlotte admit volontiers qu’il eût été absolument invraisemblable d’imaginer Edith s’occuper des peines de cœur de ses enfants. Néanmoins, fallait-il pour autant qu’elle s’occupât elle-même de cette affaire ? Edith semblait y tenir. Probablement estimait-elle réellement qu’elle était la mieux placée pour cela.
– J’imagine que nous ne risquons rien à essayer, soupira-t-elle. Tu as gagné, j’irai la voir.
[…]
Charlotte tint parole dès l’après-midi. Fébrile, elle se rendit à l’étage de la chapelle, s’arrêtant devant la porte de la chambre d’Aïda et Carmen. Que devait-elle faire ? Bien sûr, l’usage incombait de frapper, mais la Brindletonienne avait la conviction que l’aînée d’Edith ne répondrait pas à l’appel – et encore moins en découvrant qui venait l’importuner –, aussi prit-elle la décision d’entrer sans prévenir.
L’image qui s’offrit alors à elle n’avait rien à envier à la description de Carmen. Aïda n’avait pas bougé d’un iota, pelotonnée sous ses couvertures. Elle ne pleurait pas mais Charlotte était certaine qu’elle ne dormait pas non plus. Une certitude qui se vérifia lorsque le tas de couvertures prit soudainement parole avec la voix étouffée de la cambionne :
– Tu n’as rien à faire ici, toi. Fiche-moi la paix.
– À vrai dire, c’est ta mère qui m’envoie, confessa la fantôme.
Elle avait décidé d’être le plus honnête possible. Son intuition lui disait que la fille d’Edith pourrait se montrer plus encline à l’écouter de la sorte. Curieuse, Aïda émergea des couvertures, prenant une position assise.
– Elle ne pense quand même pas que je vais me confier à toi ?
– C’est exactement ce que je lui ai dit, mais tu la connais. Quand elle a décidé quelque chose, il n’y a plus rien à faire. Si je n’étais pas fantôme, elle nous aurait certainement enfermées toutes les deux dans une cellule du garde-manger jusqu’à ce que nous ayons eu une discussion suffisamment longue pour elle.
Durant quelques secondes, Aïda se contenta de dévisager Charlotte avec une curieuse expression. Elle secoua alors vaguement les épaules.
– Très bien, j’imagine que je n’ai pas le choix… Mais je n’ai rien à dire.
– Ce n’est pas grave, assura Charlotte en prenant place sur le lit à son tour. C’est moi qui vais commencer.
En voyant la fantôme s’asseoir à côté d’elle, Aïda lâcha un soupir qui ressemblait à s’y méprendre à un haut le cœur.
– Si j’accepte de t’écouter, demanda-t-elle résignée, tu me promets de déguerpir dès que tu as terminé ?
– Peut-être pas dès la fin de mon propos, mais lorsque tu le voudras, oui, je partirai.
Réprimant difficilement l’envie de lever les yeux au ciel, Aïda fit un bref signe de tête, que Charlotte interpréta comme une invitation à commencer.
– La première chose que j’aimerais te dire, amorça la Brindletonienne, c’est que ta mère n’y est pour rien, dans cette histoire. Il ne sert à rien de lui en vouloir. Elle cherchait juste à te préserver… à sa manière. Edith a toujours eu la conviction qu’il était parfois nécessaire de faire souffrir ceux que l’on aime pour leur propre bien.
– C’est ridicule, ne put s’empêcher de réagir Aïda.
– Je ne suis pas vraiment d’accord avec elle sur ce point, moi non plus. Quoi qu’il en soit, en ordonnant à Méphistophélès de s’éloigner de toi, elle a cherché à te protéger. Elle savait que tu ne le vivrais pas bien, mais elle a estimé qu’il était nécessaire de passer par là le plus tôt possible. À en juger la rapidité avec laquelle Méphistophélès a obéi alors qu’il aurait très bien pu faire valoir la puissance de ses pouvoirs pour se battre pour toi, il est aisé de constater qu’il… ne te méritait tout simplement pas. Il ne t’a jamais aimée, Aïda.
– Vous me prenez vraiment pour une pimbêche de première catégorie, maman et toi ! Je sais déjà tout ça mais vous ne comprenez pas que c’est précisément cette claque qui est impossible à accepter. Comment pourriez-vous comprendre, de toute manière ? Aucune de vous ne peut avoir idée de ce que je…
– Tu te trompes, contra Charlotte. Moi, je sais. Je suis passée par là, tout comme toi. Bien sûr, il ne s’agissait pas d’un esprit maléfique, mais le constat est bien là : toi et moi, nous sommes pareilles.
Aux trois derniers mots de la fantôme, Aïda semblait vouloir replonger sous les couvertures, la mine dépitée. Désireuse de ne pas déprimer davantage son interlocutrice, Charlotte se rattrapa :
– Disons plutôt que nous avons au moins un point commun, si tu préfères.
– Très bien, concéda la cambionne, je t’accorde le point commun. Mais nous ne sommes pas à égalité pour autant : tu connais tout de mon histoire qui relève de ma vie privée. La moindre des choses serait de me raconter la tienne.
– Mon histoire, comme tu dis, est très humaine. J’étais à l’Université lorsque je l’ai rencontré. C’était il y a vingt-neuf ans. À cette époque, je traversais une période difficile. J’étais loin de mes amis, ta mère était partie vivre à San Myshuno et j’étais en pleine remise en question de mon avenir professionnel.
« Paul Nicholson était mon professeur de biologie. Il était passionné par ce qu’il faisait, ce qui rendait ses cours d’autant plus intéressants. C’est d’ailleurs lui qui a fini par me convaincre d’écouter mon cœur et de me réorienter vers un cursus de vétérinaire si tel était mon désir. C’était un enseignant très accessible qui acceptait de nous accorder du temps en dehors des cours afin de nous réexpliquer les notions que nous n’avions pas comprises.
« Très vite, j’ai appris à me confier à lui. Il ne m’a pas fallu longtemps pour réaliser qu’il me plaisait. À plusieurs reprises, j’ai même repéré des signaux de sa part. Il n’a plus laissé place au doute lorsqu’il m’a invitée dans un restaurant de la ville de Brindleton Bay, sachant pertinemment que mon rêve était de m’y installer un jour. À son tour, il s’est alors confié à moi sur ses propres problèmes. Sa femme et lui vivaient apparemment séparément et étaient en instance de divorce depuis longtemps.
« Son histoire m’a touchée et j’ai cru à chacun de ses mots sans les remettre en question. C’est ce soir-là qu’a débuté notre relation.
« Par la suite, Brindleton Bay est resté notre lieu de prédilection pour les rendez-vous nocturnes. Il me disait revivre à mes côtés et c’était réciproque. Durant cette période, j’en ai presque oublié ta mère et notre ami Flavio.
« Notre liaison m’a appris à penser à moi et à mes besoins. C’était une grande première, pour moi, qui me pliais toujours en quatre pour entrer dans le moule de mes parents. J’étais enfin heureuse et c’était parti pour durer. Paul me promettait déjà monts et merveilles à Tartosa une fois que sa femme et lui auraient divorcé. Comme tu peux le deviner, cela n’a pas duré.
« Un soir où nous avions été plus téméraires, nous nous sommes retrouvés directement chez lui, pensant être seuls. Ce que nous ne savions pas encore, c’était que sa femme et ses trois enfants étaient rentrés plus tôt de vacances. Oui : rentrés.
« Comme je l’ai appris à mes dépens ce soir-là, les Nicholson vivaient toujours sous le même toit et n’avaient jamais été en instance de divorce. C’est donc tout naturellement que Mme Nicholson m’a chassée de chez elle, déterminée à mettre les choses au clair avec son époux infidèle.
« Malgré cette révélation, je persistais dans mes espoirs. Après tout, ne m’avait-il pas formulé à plusieurs reprises son envie de vivre avec moi ? J’étais prête à passer outre le mensonge de son mariage. Celui-ci ne pouvait qu’être compromis, maintenant que sa femme nous avait découverts. Hélas, j’ai fini par déchanter car mon amant a finalement choisi sa famille. Lorsque je lui ai demandé des explications, il a eu des propos très blessants à mon égard, allant même jusqu’à me proposer de l’argent pour que j’accepte d’interrompre mon cursus universitaire.
– Pardon ?! s’emporta Aïda qui avait jusqu’à présent écouté Charlotte sans interruption. Il ne peut pas t’avoir réellement fait cette proposition.
– Et pourtant, il me l’a faite, répondit la fantôme. Sa femme lui avait lancé un ultimatum en lui interdisant de me revoir d’une quelconque manière.
– J’espère que tu n’as pas accepté…
– Oh, non. Ce qui est arrivé par la suite fait partie de mes plus grandes fiertés personnelles, vois-tu.
Aïda était comme pendue aux lèvres de la Brindletonienne. Qui aurait pu croire cela possible un jour ?
– Qu’as-tu fait ? demanda-t-elle, l’ombre d’une curiosité malsaine se dessinant sur le visage.
– Je me suis vengée. D’après les dires de sa femme, je n’étais pas la première étudiante qu’il embobinait de la sorte. Je tenais cependant à être la dernière, aussi ai-je retrouvé la trace d’une ancienne élève qui, à son époque, avait accepté l’argent en faisant une croix sur son rêve de devenir médecin.
« La suite fut assez facile : j’ai donné rendez-vous à Paul pour rediscuter de sa proposition en l’enregistrant à son insu.
– Tu as donc fait écouter votre échange par le doyen de l’Université ?
– Par le doyen, oui… mais aussi par tout l’institut Foxbury en diffusant massivement l’enregistrement sur les réseaux sociaux. Cette preuve irréfutable ainsi que mon témoignage et celui de l’ancienne étudiante ont mis fin à sa carrière.
« La semaine suivante, Paul Nicholson se faisait retirer sa chaire d’enseignant et j’ai pu poursuivre mes études la tête haute. Comble de ma fierté : mes parents n’ont jamais rien su de cette histoire. Je suis parvenue à résoudre ce problème seule et encore heureux car s’ils avaient été informés d’une quelconque manière, j’aurais passé le restant de ma vie estudiantine en pensionnat au mont Komorebi…
Aïda ne savait que dire.
– Peut-être que t’ai mal jugée, la guimauve, lança-t-elle sur un ton qui ressemblait à s’y méprendre à de l’admiration. Je ne t’aurais jamais pensée aussi vindicative. Si tu avais été vampire, nul doute que tu aurais transformé cet enseignant de pacotille en un petit tas de chair informe.
– N’exagérons rien, répondit Charlotte. L’histoire que je t’ai racontée est probablement le seul moment où j’ai éprouvé un tel désir de vengeance. Ou plutôt de justice, comme je me le disais à l’époque. C’était très satisfaisant.
La cambionne eut un léger rire avant de prendre une expression insondable.
– Penses-tu, hésita-t-elle, que ce trait de caractère pourrait ressurgir un jour ?
– Je ne saurais te répondre. Aujourd’hui encore, je regrette que les choses se soient passées ainsi. J’aurais aimé faire la paix avec cet homme. Et de toute manière, comment voudrais-tu que cette situation se reproduise dans mon état ? Ta mère a déjà condamné l’un de mes assassins à brûler au soleil. Quand au deuxième… elle est malheureusement liée à lui, mais t’aider à te remettre du mal qu’il t’a fait peut également être considéré comme une victoire de ma part, tu ne crois pas ?
– Eh bien… en fait, je… Non, rien. Tu as raison.
– Bien sûr, ajouta Charlotte, dans ton cas, tu seras amenée à voir Méphistophélès plus fréquemment que tu ne le voudrais. C’est pourquoi il te faut le confronter le plus vite possible.
– Je n’y manquerai pas. Merci, Charlotte.
En entrant dans cette chambre une heure auparavant, jamais Charlotte ne se serait imaginé qu’un échange avec Aïda allait être si fluide et constructif. Edith avait eu raison d’insister. La cambionne était-elle enfin en train de s’assagir avec l’âge ?
À suivre...
Histoire/Challenge Vampire de Cimetière - Orchestra Vampirica : le Pacte 🧛♀️😈
Histoire - L'académie Bleuhazur 🧙🦉
En tout cas la malheureuse histoire de Charlotte avec son professeur vingt-neuf ans plus tôt était passionnante j'ai adoré
Surtout le final, grandiose! Bravo Charlotte!! Je comprends qu'Aïda ait été impressionnée, elle ne voyait pas du tout Charlotte ainsi.
Effectivement, la petite Carmen a du caractère comme tu me l'as rappelé (j'avais oublié cette scène
Oh AÏda!
Et comme je m'y attendais, c'était un pur Fiasco.
Lui qui est incapable de dire son nom correctement, c'était certain qu'il ne l'aimait pas suffisamment. Quand je l'ai vu battre en retraite, j'imaginais bien la peine d'Aïda. Pauvre cocotte.
Je ne sais pas pourquoi, mais je commence à l'aimer.
L'histoire touchante de Charlotte et du professeur d'université, wouah!
Mais alors, la conversation entre Charlotte et Édith concernant Caleb... oh lala... ça se finit très mal. Charlotte qui en a assez et qui se barre laissant un vide en Charlotte. Oh! Elle a atteint une limite à ne pas dépasser...
Je me demande ce qui va arriver au pauvre Caleb...
Et la pauvre Aïda... va-t-elle retrouver sa mauvaise humeur habituelle? Ou sera-t-elle changée à jamais par cet amour déchu?
Merci pour cette histoire. C'est magnifique comme toujours!
Concernant Aïda, je crois, en effet qu'elle va se venger de Méphisto, donc, oui, je la soutiens. Et oui, oui, tu as réussi à me faire me réconcilier avec elle (j'avoue tout !).
La discussion qu'elle a eue avec Charlotte me conforte dans l'idée de cette vengeance, et je pense qu'elle sera sans pitié
Je ne sais pas encore comment tu vas nous amener ça, mais je ne me fais aucun doute sur la fureur de Aïda. L'amour peut facilement se transformer en haine, et la peine en colère... Dans le cas de la jeune vampire, ça risque d'être violent
Enfin, peut-être pauvre Méphisto, car je n'ai aucun pronostic, pour le moment, sur ce qui va se passer.
Ce que je peux dire, c'est qu'Edith a eu raison d'envoyer Charlotte parler avec sa fille. Je ne sais pas si elle était au courant de la "mièvrerie" avec son prof de biologie, mais, quoi qu'il en soit, l'histoire similaire de Charlotte à celle d'Aïda, aura très certainement ouvert les yeux à sa fille.
Petite mention spéciale à Charlotte : bravo pour cette superbe vengeance !
Mention pour Carmen également : la petite sœur a du cran et ne se laisse pas impressionnée. C'est super. Et il faut toujours se méfier de l'eau qui dort...
Quant à Orpheus, bravo pour son écoute fraternelle sincère. J'aime beaucoup ce garçon. Il n'a aucune arrière-pensée. Il est juste lui.
Et pour finir, je conclurai, et j'espère ne pas me tromper, en disant qu'à dater de cette conversation, les relations entre Charlotte et Aïda vont changer. Aïda a même failli vendre la mèche à propos de son implication dans l'assassinat du fantôme. Elle le lui dira certainement un jour, mais je ne la sens pas du tout prête, dans l'immédiat.
C'était vraiment un très beau chapitre !