@sirhc59 le choix de Mélusine a été pour moi-même un choix difficile. Il fallait prendre la décision en prenant compte de son contexte, du caractère de Mélusine, de ce qu'elle ressentait pour Edouard et pour son père mais aussi de "l'utilité scénaristique" de l'action. Je ne voulais pas que ça reste juste "un épisode, comme ça, sans répercussions". Mélusine n'est pas quelqu'un de mauvais et il est certain qu'elle va regretter ses mots et se sentir coupable de la sentence d'Edouard ; pourtant, il faut être réaliste, le même sort l'aurait attendu quoique dise Mélusine.
De toute façon, je ne suis pas sûre qu'elle ait vraiment eu le choix. A l'époque, une femme n'est rien sans son honneur et il était admis que la vie d'un homme pauvre valait bien moins que cet honneur.
De plus, il faut dire les choses comme elles sont : Mélusine n'est pas le genre de personne qui s'interroge sur le sort du peuple. Ce n'est ni dans son éducation, ni dans son caractère... je crois au final que ce qui la choc le plus, c'est d'avoir menti aussi facilement et surtout d'avoir vu que ses actes pouvaient avoir des conséquences : elle "flirtait" de façon tout à fait innocente, sans penser un seul instant à ce que ressentait ou pensait Edouard. Je pense qu'elle fera plus attention à l'avenir.
La dernière phrase qu'elle prononce, aussi dure soit elle... eh bien je pense qu'elle la dit très sincèrement et qu'elle n'est d'ailleurs pas tout à fait fausse. Edouard est-il tombé amoureux d'elle, ou de l’intérêt que lui portait une femme noble ?
@pytisa La mère des enfants, commanditer le meurtre de son fils ? C'est diablement bien pensé, je n'y avais pas songé. L'idée aurait été bouleversante ; mais je ne crois pas qu'elle en aurait été capable. La duchesse n'est pas une femme d'action, c'est une contemplatrice. Son rôle dans la famille (pas dans l'histoire, attention) se résume au soutiens qu'elle apporte aux autres, dans l'ombre, autres qui sont plus caractériels. Peut-être bien qu'elle a pu y penser, à le faire assassiner... mais elle n'aurait pas osé. C'est un personnage passif : la preuve est que je ne donne jamais son nom. Elle n'a presque pas d'existence propre sinon à travers ses enfants et son mari. C'est ce que j'aime chez elle.
Edouard est un personnage qui m'inspire beaucoup de pitié. Il est jeune, il se perd entre la haine la haine de la noblesse qui monte chez les petites gens et ses sentiments (sincères ?) pour Mélusine. On peut aussi s'imaginer qu'il fait ça pour se sentir un peu héroïque : tueur de noble, amoureux d'une dame... au final, ses motivations réelles (je ne pense pas qu'il fasse ça pour l'argent) ont quelque chose de flou, et j'aime bien vous laisser supposer ce que vous voulez ! xD
En effet, Mélusine a été profondément choquée de ce qu'elle a vu. Je crois qu'elle n'aurait pas imaginé qu'Edouard puisse faire une telle chose. Il faut aussi garder à l'esprit que rien n'est plus important que l'honneur pour une femme noble. De plus, Mélusine se sent coupable (on voit qu'elle a bien compris qu'Edouard a fait ça en partie à cause d'elle) et on sait hélas que bien des gens deviennent mauvais lorsqu'ils font face à leurs erreurs... mais surtout que son père était là. Avant la naissance de Silas, Jehan a rejeté ses désirs d'avoir un garçon sur elle, c'est à dire qu'il lui a toujours porté plus d'attention (parce qu'elle avait quelque chose de sauvage, beaucoup de caractère, ce serait un vrai garçon manqué si elle était née à notre époque). Ils ont donc construit un lien particulier, Jehan a plus d'attente de Mélusine que de sa soeur et elle en a bien consciente : alors je crois que si c'était quelqu'un d'autre qui avait arrêté Edouard (un garde par exemple), elle n'aurait pas réagi de la même façon.
Quant à Silas, je crois qu'il a bien choisi en parlant à Solange. Il s'entend mieux avec Mélusine car elle a quelque chose de moins "superficiel", dans le sens ou elle a garder un peu de son enfance (un certain franc-parlé, de l'intérêt pour la nature...) ; en revanche, il a bien conscience que Solange est plus douce, plus maternelle. Mélusine est trop sauvage et n'est pas d'une aussi bonne écoute.
En tout cas, vos commentaires m'ont vraiment fait plaisir ! Je vous remercie pour vos encouragements !
Encore un superbe chapitre bien écrit et illustré
Entre Donatien qui est au plus bas et le palefrenier qui s'introduit dans le château pour le supprimer sous les yeux de Mélusine, qui le recadre ensuite...quel chapitre intense!
~*♥♪La vie est belle et cruelle à la fois, elle nous ressemble parfois ♫~*♥
Jehan Valvasor le sait désormais : quelqu'un en veut à sa famille. Pour protéger ceux qu'il aime, il ne peut que redoubler de méfiance. L'heure est venue d'accélérer les choses pour Solange et Mélusine... mais les choix de leur père feront-ils leur bonheur ou leur malheur ?
Chapitre 5 ○ La lettre - première partie.
La Salle Haute était bien vide ce jour là. Jehan Valvasor avait convoqué les nobles desquels il était le proche en un comité strictement restreint. L'heure était à la crise et il devait mettre les choses au clair : s’entourer d'amis fidèles ? Impossible, ce genre d'amis n'existait pas lorsqu'il était question de pouvoir. Il s'agissait de réunir ceux en qui il avait le plus confiance pour mieux les surveiller, car c'était ses plus proches amis qui pouvaient le mieux le trahir. Sois proche de tes amis, encore plus de tes ennemis.
Tous, il les suspectaient tous : les comtes Gothic et Plénozas, le duc Raffin et même le duc Munch.
Bien-sûr, Jehan ne soupçonnait pas aveuglement et certains lui semblaient plus propre à la félonie que les autres. Les Valvasor et les Plénozas étaient en de bons termes depuis des générations et lui-même s'entendait à merveille avec Geoffrey. Son fils ? Il semblait bien peu intéressé par les jeux de pouvoir. Les gothic non plus n'étaient pas les meilleurs des suspects, car Jahan et Vladimir étaient de vieux amis, qu'ils avaient des accords commerciaux tout à fait intéressants et que son héritier était à peine plus âgé de Silas.
Non ; plus il y pensait et plus il voyait Louis Raffin comme son seul véritable ennemi potentiel. Il n'imaginait pas Gunther Munch échafauder un plan à son encontre - c'était un gentil garçon, mais décidément pas un grand stratège.
" Messieurs, je vous prie, un peu de silence. "
Vladimir Gothic, dans un raclement de gorge, pris la parole :
" Nous savons tous, ici, comme vous devez être inquiet pour la sécurité de votre fils ; et pas seulement, de tous vos enfants. Nous sommes tous pères et peinons à imaginer que qui que ce soit puisse attenter à la vie d'un enfant.
- J'entend bien, soupira Jehan, mais aussi vous comprenez que je dois faire preuve de la plus grande prudence. Je suis bien heureux de savoir que je peux compter sur tout votre soutiens.
- N'en doutez pas un seul instant, s'exclama Louis Raffin, si j'apprend quoi que ce soit qui puisse nous mener au commendataire de cet affront, je vous le liverai sans attendre un instant. "
" Messieurs, repris Vladimir, nous devons tous être prudents. Le contexte actuel est prompt au danger pour chacunes de nos familles, pour notre ordre tout entier : il n'y a qu'à voir ce qu'ont traversé les nos amis britanniques ce siècle dernier. Jacques II ne s'est pas réfugié à Versailles sans raison !
- Du calme, messire, du calme ; ne mélangeons pas révolte du peuple et tentative d'attenter à la vie d'un héritier.
- Je souligne seulement que notre époque tend au meutre, à la révolution et à la trahison. Les coeurs s'indignent au fur et à mesure que les auteurs publient leurs ouvrages et tout ça attise la haine. Pas contre le tiers-état : mais bien contre nous.
- Vous suggérerez qu'un manant pourrait en vouloir à la vie de Donatien ? "
" Ce serait une idée, Louis semblait ravi, le peuple et les bourgeois rêvent d'insoumissions, les imbéciles !
- Il suffit. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une tentative liée à une révolte.
- Vous auriez donc des soupçons sur une personne en particulier, messire Valvasor ?
- Peut-être, je ne suis encore sûr de rien. "
" Et pouvons-nous savoir qui attise votre doute ?
- Je préfère encore ne rien dire ; mais vous serez tous au courant bien vite. Pour l'instant, ma priorité est de garder mes enfants en sécurité. "
Jehan, à la fenêtre, observait Solange qui conversait avec le fils de Louis Raffin. Sa fille était promise à Lance depuis sa petite enfance, mais cet engagement était-il vraiment une bonne chose ? Si vraiment son père était coupable, qu'en était-il du fils ?
Jehan s'était rendu dans son bureau et il y avait passé toute l'après-midi. Le travail lui permettait d'oublier un instant le poids énorme qui pesait sur ses épaules.
Il rédigeait un texte important pour le commerce lorsqu'on frappa à la porte.
" Entrez. "
" Père, vous m'avez fait demander ?
- Ah, Mélusine, vous voilà... vous étiez avec votre frère ? Comment va-t-il ?
- Bien. Le docteur dit qu'il pourra sortir du lit dans quelques jours, il se remet doucement. Il n'y a pas de traces d'une nouvelle crise à venir, il lui faut simplement reprendre des forces.
- Bien, bien... j'ai longuement hésité, mais je crois qu'il vous que je vous informe d'une décision que j'ai prise dans l'après-midi.
- De quoi s'agit-il ? "
" J'ai bien conscience qu'il est encore tôt et que vous aimez votre vie ici. Votre soeur et vous êtes tellement insouciantes, vous n'avez pas la moindre idée des horribles devoirs qui vous attendent lorsque vous serez mariées...
- Où voulez-vous en venir, Père ?
- Nous ignorons qui a voulu attenter à la vie de votre frère, ma fille. Nous ignorons aussi la raison de cette tentative ; peut-être n'est-il pas la seule cible. Je crois qu'aucun de vous quatre n'est plus à l'abris, dans le domaine.
- Mais que voudriez vous faire ? Où serions-nous plus à l'abris qu'ici, dans notre résidence principale, là où est concentrée l'essentiel de votre garde ? Aucunes de nos autres maisons n'offre la même protection. De puis, ici, vous êtes avec nous...
- J'en ai bien conscience, mon enfant ; et c'est pour ça que je pense que vous ne serez en sécurité nul part sur nos terres. Mélusine, ma petite fille, je vais précipiter votre mariage avec Gunther Munch. "
" Oh...
- Je suis désolé, Mélusine. Je vous avait assuré que vous aviez le temps. Nous ne sommes pas obligés d'organiser les festivités tout de suite, mais je crois qu'il n'y a qu'ainsi que vous serez en sécurité. Vous irez vivre avec la famille de votre fiancé, à Windenburg, en Autriche, jusqu'à votre mariage. Là, vous pourrez revenir en France, au château de Haute-Rive dans le duché de Penthièvre qui appartient à Gunther et sera votre.
- Quand... quand cela aura-t-il lieux ?
- Je ne sais pas encore. J'ai fait parvenir une lettre à Haute-Rive, nous attendons encore la réponse. "
" Très bien. "
Jehan était mal à l'aise. Lui qui pensait avoir encore de longs mois devant lui avant de voir ce jour arriver... certes, Mélusine avait déjà bien l'âge du mariage. Approchant - déjà ! - ses dix-huit ans, l'heure arrivait à grand pas... mais si tôt ?
" Ne craignez-rien, père, il faut bien que ce jour arrive. Je pense que vous m'avez trouvé un excellent époux en messire Munch.
- Je l'espère...
- Ce qui me chagrine, c'est de devoir aller en Autriche... à Windenburg, vous dites ?
- Oui. Les Munch sont autrichiens et c'est là qu'est la résidence principale de Catherine, la mère de Gunther. Elle y vit encore avec deux autres de ses fils ; Catherine, en revanche, est française. C'est donc de son grand-père maternel que Gunther tient le duché de Penthièvre, dont il est l'héritier puisque second fils Munch... mais tout ça, on vous l'expliquera. Rassurez-vous, tout n'est pas si compliqué que vous le pensez ; l'essentiel est qu'à Windenburg vous serez en sécurité. Vous pourrez rentrer en France dès que nous serons sûrs d'avoir écarté toute menace.
- Je comprend, père. J'irai donc en Autriche. "
Le duc ne savait vraiment que penser ; s'il faisait ça pour qu'elle ne risque rien, l'idée d'envoyer sa petite fille si loin ne lui plaisait pas vraiment. De plus, elle réagissait étrangement bien ; Mélusine avait toujours été maître de ses émotions et très raisonnable, mais à ce point...
" Père, autre chose m'inquiète. "
" Vous m'envoyez en Autriche ; mais qu'en est-il de Solange, Silas et Donatien ?
- Vos frères resteront ici, avec moi, sous garde rapprochée. Il est plus facile de veiller sur deux enfants que sur quatre. Quant à votre soeur, je ne sais que faire... peut-être ira-t-elle chez une de vos tantes.
- Puisqu'elle est promise à Lance, ne pourriez vous pas la mettre entre les mains des Raffin ? Ils veilleraient sur elle, bien que nos duchés soient proches, non ?
- Ah, les Raffin... "
Mélusine vit bien que quelque chose clochait avec sa proposition ;
" Est-ce que quelque chose m'échappe, Père ? "
" Ah, mon enfant... je ne saurais vous dire ce qui me tracasse, ce n'est pas de votre affaire ; mais sachez que je doute que votre soeur soit en sécurité avec messire Raffin.
- Quoi donc ? Vous ne pensez pas qu'il serait à l'origine du danger qui nous guête ?
- Ma petite, les choses du pouvoir sont bien compliquées...
- Mais alors, vous annuleriez leurs fiançailles ?
- Mélusine, ma fille, il n'est pas encore lieu d'avoir cette discussion. Rendez-moi service, préparez vous pour votre voyage et ne dites rien à votre soeur concernant Lance. Le bonheur de son amour est trop beau pour être brisé par mes simples inquiétudes. "
" Oui, père, je comprend.
- Bien. Retirez-vous, maintenant, j'ai encore bien du travail. "
Jehan regarda sa fille sortir de la pièce, peiné ; c'était comme s'il la voyait déjà partir pour l'Autriche. Et Solange ? Comment réagirait-elle s'il s'avérait que les Raffin étaient bel et bien derrière le complot qui se jouait contre eux ? Devait-il brise le bonheur de sa fille ?
Dans le salon principal, Solange jouait un peu de piano. Elle tenait à s'exercer chaque jour pour maintenir le niveau et, peut-être même, dépasser sa soeur. Mélusine avait toujours été la meilleure en tout, même en ce qu'elle détestait.
Alors qu'elle jouait, ses pensées allait entre le choix de ses nouvelles robes et le doux visage de Lance. Elle l'avait vu quelques heures, ce matin, alors que leurs pères étaient en réunion ; et son sourire béat ne l'avait pas quitté depuis.
Mélusine fit irruption dans la pièce. A a tête qu'elle fit, sa soeur compris qu'elle ne s'attendait pas à la trouver ici. Ne l'avait-elle pas entendu jouer ? Après un instant à l'observé, Solange trouva que sa soeur semblait préoccupée.
" Mélusine, vous êtes là... eh bien, vous sortez du bureau de père ?
- En effet, il voulait m'entretenir de quelque chose d'important.
- Oh, vraiment ? De quoi s'agit-il ? "
Elle fut bien étonnée de voir que sa soeur semblait hésiter à lui parler.
" C'était... c'était à propos de mon mariage avec Gunther. Il semble que l'heure soit venue.
- Comment ? Mais... oh, Mélusine, ma chère, c'est merveilleux ! Vous allez vous marier, bientôt, c'est réel ! Comme vous devez être heureuse... mais alors, pourquoi cette ombre sur votre visage ?
- Père craint qu'on ne veuille nous faire du mal à tous les quatre. Il veut nous éloigner du château et m'envoie donc en Autriche, là où vit la famille de messire Munch.
- En Autriche ! "
" Mais que c'est loin, l'Autriche... vous y resterez longtemps ?
- Jusqu'au mariage, lorsqu'ils auront attrapé celui qui a commandité la tentative d'assassinat sur Donatien.
- Ah, oui, celui qui a engagé le palefrenier. C'est une très bonne chose, je crois, car vous pourrez vous familiariser avec le pays natal de votre futur époux ! Sa mère y vit alors, même lorsque vous aurez pris vos appartement à Haute-Rive, vous visiterez souvent l'Autriche !
- Vous avez sans doutes raisons. "
Mélusine n'était pas aussi emballée que sa soeur et, contrairement à l'habitude, elle n'arrivait pas à feindre le contraire. Les nouvelles se bousculaient dans sa tête : son mariage avancé, son séjour à Windenburg, l'éventuelle séparation de Lance et Solange, la palefrenier qui allait bientôt être exécuté... les événements s'enchaînaient et elle n'avait le temps ni d'y penser, ni de s'en remettre.
" Mais alors, s'il vous envoie chez la famille de messire Munch, peut-être que j'irai chez Lance ! Je veux dire, chez messire Raffin.
- Ehm... je... je ne sais pas, père ne m'en a pas parlé ?
- Vraiment ? C'est surprenant ! Il me convoquera peut-être dans la journée. Ce serait merveilleux, nous nous marierons peut-être en même temps... "
" Ne faites pas cette tête, nous quitterons bien ce château un jour ! Vous n'êtes pas contente d'être bientôt femme, mariée, duchesse, comme l'est notre mère ?
- Si, si bien sûr... c'est seulement... je suis attachée à la France, partir en Autriche me fait peur.
- Je comprend, mais ce sera un beau voyage ! Oh, vous allez me manquer... mais nous aurons tant de choses à nous dire à votre retour ! Et nous pourrons nous écrire, ce sera amusant ! "
Le lendemain, forêt de Penthièvre.
" Que vous êtes lent, mon frère !
- C'est facile à dire, pour vous, vous n'avez pas traversé tout le territoire en calèche la veille !
- Allez Wolfgang, du nerf ! Je vous ai connu plus dangereux adversaire à la course.
- Mais puisque je vous dis que je ne suis pas un bon jour ! Ralentissons, j'ai affreusement mal au dos... "
" Quoi, le voyage a fait de vous un infirme ? Ou est-ce que les repas et les bals vous ont rendu trop douillet pendant votre séjour à Windenburg ?
- Arrêtez donc de vous moquez, pour une fois que vous pouvez gagner une course. "
Wolfgang était le jeune frère de Gunther, de deux ans son cadet. Il était souvent à Windenburg avec leur mère mais, la veille, il était arrivé avec leur autre frère pour passer quelques jours à Haute-Rive. On le connaissait pour sa froideur et sa désinvolte, mais il était aussi le fils préféré de feu leur père et c'était lui qui héritait du domaine principal, à Windenburg - chose étrange pour un cadet.
Alors que les deux frères ralentissaient le pas pour mieux convenir à Wolfgang, ils entendirent des pas qui accouraient et une voix aigüe. Ils eurent à peine le temps de se retourner que la voix s'écria :
" Gunther, Gunther, vous avez reçu une lettre importante ! "
Les aînés mirent pied à terre à contre-coeur, agaçés de devoir interrompre leur balade ; quelle pouvait-bien être cette lettre ?
" C'est une lettre de messire Jehan Valvasor, mon frère ! Elle est arrivée à l'instant et on m'a dit de vous la porter. "
Gunther, sourcils froncés, se saisi de la lettre et se hâta de l'ouvrir ; quelle fut sa surprise en découvrant ce qu'il y avait à l'interieur !
" Alors, de quoi parle-t-elle ?
- C'est messire Valvasor, en effet, qui me parle de sa fille. Il souhaite que nous avancions le mariage, sa voix laissait transparaître sa joie et son visage s'illuminait. "
" Vous allez vous marier bientôt, alors ? Mais c'est une nouvelle merveilleuse !
- Attendez, attendez, il y a autre chose. Son visage se ferma : en raison de la tentative d'homicide sur son fils Donation, il souhaite mettre ses enfants à l'abris. Il aimerait que le mariage ait lieu à Windenburg et que Mélusine puisse séjourner en Autriche avant les festivités, pour être en sûreté.
- Et vous pensez que mère sera d'accord ?
- Bien-entendu. Notre union avec la famille Valvasor est des plus avantageuses... Mélusine viendra donc en Autriche. "
Est-ce vraiment une bonne idée d'éloigner ainsi Mélusine ? Comment Jehan peut-il être si sûr qu'elle sera en sécurité auprès de Gunther et de sa famille ?
Quant à Mélusine, autant je comprend son malaise vis-à-vis de sa soeur, autant je suis très surprise par sa réaction quand elle apprend que la date de son mariage est avancée, et qu'elle doit quitter rapidement sa famille et les lieux où elle a grandi.
C'est fou, la jeune Mélusine qui ne souhaitait pas se marier voit son mariage avancé alors que la pauvre Solange qui est amoureuse de son fiancé ne le sait pas encore mais son mariage semble compromis raah les intrigues du pouvoir
Comme toujours, un magnifique chapitre
Super chapitre
Pauvre Mélusine qui voit son mariage avancé et qui va devoir aller vivre en Autriche loin de sa famille...ça va être dur pour elle je le sens et surtout je commence à avoir des doutes sur les Munch je ne sais pas pourquoi ^^
~*♥♪La vie est belle et cruelle à la fois, elle nous ressemble parfois ♫~*♥
Bon, eh bien accrochez vous car c'est parti pour des réponses à rallonge ! @sirhc59 : Jehan est devant un choix difficile. On imagine qu'il était persuadé d'être à l'abris de tout dans son château, entouré de ses gardes et de sa coure... mais on vient de lui prouver que non, qu'il est en danger partout où il pense ne pas l'être. Comment protéger ses enfants alors ? Il ne pourra pas veiller sur Mélusine si elle est en Autriche, mais il est persuadé qu'il ne pourra pas non plus le faire si elle est avec lui. Bonne ou mauvaise décision ? C'est dur à savoir. L voyage en Autriche de Mélusine et plus généralement son mariage va sceller son destin... mais que ce serait-il passé si elle était restée dans le domaine ? Impossible de le savoir. Pour Jehan, à tord ou à raison, éloigner ses enfants est le seul moyen de les mettre à l'abris. On peut en effet supposer que ceux qui leur veulent du mal n'iront pas jusqu'à la suivre en Autriche... mais c'est indéniable qu'elle s'y fera d'autres ennemis.
Pour la réaction de Mélusine, je crois qu'elle est sous le choc. Son frère a échappé de justesse à la mort, sous ses yeux, et l'assassin était un jeune homme dont elle se sentait proche d'une certaine manière. Je suppose qu'elle se sent coupable de ça, peut-être même qu'elle se dit naïvement que si elle n'avait été là rien ne serait arrivé ? On peut supposer plein de choses ! De toute façon, l'étiquette et l'éducation qu'elle a reçue n'autorise pas les femmes à dire "non" lorsque leur père prend une décision, encore moins lorsqu'il s'agit de mariage. Elle aura le temps de réaliser ce qui arrive lorsqu'elle sera en Autriche, et qui sait (à part moi ) comment elle réagira ?
Ahah oui @pytisa, quels retournements de situation hein ! Bon, je crois qu'on s'y attendait un peu, ce ne serait pas drôle si les choses se passaient toujours bien pour tout le monde. Mélusine va en effet se marier avec Gunther, elle ne peut plus y échapper. Pour Solange, c'est plus compliqué... il va falloir un petit moment à Jehan pour se décider. Il veut protéger ses filles mais il a bien conscience que Solange est folle amoureuse de Lance, il ne veut pas briser son coeur. En tout cas, merci !
Merci @Ryu707 ! Oui, c'est très dur pour Mélusine ce qui lui arrive, même si elle ne le réalise pas encore. Tu n'imagines même pas à quel point ça va être dur ! Tu as des doutes sur les Munch ? Eh bien, j'ai plein de choses à répondre là dessus mais je ne veux pas trop spoiler. Tout ce que je peux te dire, c'est que Gunther n'est pas quelqu'un de mauvais et qu'il n'a pas d'intentions douteuses vis-à-vis de Mélusine. Hélas, bien qu'il soit l'aîné, vous aurez peut-être compris que ce n'est pas forcément lui qui tire les ficelles dans la famille. Mélusine va se faire bien des ennemis en Autriche, mais aussi des amis. Il faudra simplement qu'elle fasse confiance aux bonnes personnes...
Réponses
De toute façon, je ne suis pas sûre qu'elle ait vraiment eu le choix. A l'époque, une femme n'est rien sans son honneur et il était admis que la vie d'un homme pauvre valait bien moins que cet honneur.
De plus, il faut dire les choses comme elles sont : Mélusine n'est pas le genre de personne qui s'interroge sur le sort du peuple. Ce n'est ni dans son éducation, ni dans son caractère... je crois au final que ce qui la choc le plus, c'est d'avoir menti aussi facilement et surtout d'avoir vu que ses actes pouvaient avoir des conséquences : elle "flirtait" de façon tout à fait innocente, sans penser un seul instant à ce que ressentait ou pensait Edouard. Je pense qu'elle fera plus attention à l'avenir.
La dernière phrase qu'elle prononce, aussi dure soit elle... eh bien je pense qu'elle la dit très sincèrement et qu'elle n'est d'ailleurs pas tout à fait fausse. Edouard est-il tombé amoureux d'elle, ou de l’intérêt que lui portait une femme noble ?
@pytisa La mère des enfants, commanditer le meurtre de son fils ? C'est diablement bien pensé, je n'y avais pas songé. L'idée aurait été bouleversante ; mais je ne crois pas qu'elle en aurait été capable. La duchesse n'est pas une femme d'action, c'est une contemplatrice. Son rôle dans la famille (pas dans l'histoire, attention) se résume au soutiens qu'elle apporte aux autres, dans l'ombre, autres qui sont plus caractériels. Peut-être bien qu'elle a pu y penser, à le faire assassiner... mais elle n'aurait pas osé. C'est un personnage passif : la preuve est que je ne donne jamais son nom. Elle n'a presque pas d'existence propre sinon à travers ses enfants et son mari. C'est ce que j'aime chez elle.
Edouard est un personnage qui m'inspire beaucoup de pitié. Il est jeune, il se perd entre la haine la haine de la noblesse qui monte chez les petites gens et ses sentiments (sincères ?) pour Mélusine. On peut aussi s'imaginer qu'il fait ça pour se sentir un peu héroïque : tueur de noble, amoureux d'une dame... au final, ses motivations réelles (je ne pense pas qu'il fasse ça pour l'argent) ont quelque chose de flou, et j'aime bien vous laisser supposer ce que vous voulez ! xD
En effet, Mélusine a été profondément choquée de ce qu'elle a vu. Je crois qu'elle n'aurait pas imaginé qu'Edouard puisse faire une telle chose. Il faut aussi garder à l'esprit que rien n'est plus important que l'honneur pour une femme noble. De plus, Mélusine se sent coupable (on voit qu'elle a bien compris qu'Edouard a fait ça en partie à cause d'elle) et on sait hélas que bien des gens deviennent mauvais lorsqu'ils font face à leurs erreurs... mais surtout que son père était là. Avant la naissance de Silas, Jehan a rejeté ses désirs d'avoir un garçon sur elle, c'est à dire qu'il lui a toujours porté plus d'attention (parce qu'elle avait quelque chose de sauvage, beaucoup de caractère, ce serait un vrai garçon manqué si elle était née à notre époque). Ils ont donc construit un lien particulier, Jehan a plus d'attente de Mélusine que de sa soeur et elle en a bien consciente : alors je crois que si c'était quelqu'un d'autre qui avait arrêté Edouard (un garde par exemple), elle n'aurait pas réagi de la même façon.
Quant à Silas, je crois qu'il a bien choisi en parlant à Solange. Il s'entend mieux avec Mélusine car elle a quelque chose de moins "superficiel", dans le sens ou elle a garder un peu de son enfance (un certain franc-parlé, de l'intérêt pour la nature...) ; en revanche, il a bien conscience que Solange est plus douce, plus maternelle. Mélusine est trop sauvage et n'est pas d'une aussi bonne écoute.
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Non ; plus il y pensait et plus il voyait Louis Raffin comme son seul véritable ennemi potentiel. Il n'imaginait pas Gunther Munch échafauder un plan à son encontre - c'était un gentil garçon, mais décidément pas un grand stratège.
" Messieurs, je vous prie, un peu de silence. "
Vladimir Gothic, dans un raclement de gorge, pris la parole :
" Nous savons tous, ici, comme vous devez être inquiet pour la sécurité de votre fils ; et pas seulement, de tous vos enfants. Nous sommes tous pères et peinons à imaginer que qui que ce soit puisse attenter à la vie d'un enfant.
- J'entend bien, soupira Jehan, mais aussi vous comprenez que je dois faire preuve de la plus grande prudence. Je suis bien heureux de savoir que je peux compter sur tout votre soutiens.
- N'en doutez pas un seul instant, s'exclama Louis Raffin, si j'apprend quoi que ce soit qui puisse nous mener au commendataire de cet affront, je vous le liverai sans attendre un instant. "
" Messieurs, repris Vladimir, nous devons tous être prudents. Le contexte actuel est prompt au danger pour chacunes de nos familles, pour notre ordre tout entier : il n'y a qu'à voir ce qu'ont traversé les nos amis britanniques ce siècle dernier. Jacques II ne s'est pas réfugié à Versailles sans raison !
- Du calme, messire, du calme ; ne mélangeons pas révolte du peuple et tentative d'attenter à la vie d'un héritier.
- Je souligne seulement que notre époque tend au meutre, à la révolution et à la trahison. Les coeurs s'indignent au fur et à mesure que les auteurs publient leurs ouvrages et tout ça attise la haine. Pas contre le tiers-état : mais bien contre nous.
- Vous suggérerez qu'un manant pourrait en vouloir à la vie de Donatien ? "
" Ce serait une idée, Louis semblait ravi, le peuple et les bourgeois rêvent d'insoumissions, les imbéciles !
- Il suffit. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une tentative liée à une révolte.
- Vous auriez donc des soupçons sur une personne en particulier, messire Valvasor ?
- Peut-être, je ne suis encore sûr de rien. "
" Et pouvons-nous savoir qui attise votre doute ?
- Je préfère encore ne rien dire ; mais vous serez tous au courant bien vite. Pour l'instant, ma priorité est de garder mes enfants en sécurité. "
Jehan, à la fenêtre, observait Solange qui conversait avec le fils de Louis Raffin. Sa fille était promise à Lance depuis sa petite enfance, mais cet engagement était-il vraiment une bonne chose ? Si vraiment son père était coupable, qu'en était-il du fils ?
Jehan s'était rendu dans son bureau et il y avait passé toute l'après-midi. Le travail lui permettait d'oublier un instant le poids énorme qui pesait sur ses épaules.
Il rédigeait un texte important pour le commerce lorsqu'on frappa à la porte.
" Entrez. "
" Père, vous m'avez fait demander ?
- Ah, Mélusine, vous voilà... vous étiez avec votre frère ? Comment va-t-il ?
- Bien. Le docteur dit qu'il pourra sortir du lit dans quelques jours, il se remet doucement. Il n'y a pas de traces d'une nouvelle crise à venir, il lui faut simplement reprendre des forces.
- Bien, bien... j'ai longuement hésité, mais je crois qu'il vous que je vous informe d'une décision que j'ai prise dans l'après-midi.
- De quoi s'agit-il ? "
" J'ai bien conscience qu'il est encore tôt et que vous aimez votre vie ici. Votre soeur et vous êtes tellement insouciantes, vous n'avez pas la moindre idée des horribles devoirs qui vous attendent lorsque vous serez mariées...
- Où voulez-vous en venir, Père ?
- Nous ignorons qui a voulu attenter à la vie de votre frère, ma fille. Nous ignorons aussi la raison de cette tentative ; peut-être n'est-il pas la seule cible. Je crois qu'aucun de vous quatre n'est plus à l'abris, dans le domaine.
- Mais que voudriez vous faire ? Où serions-nous plus à l'abris qu'ici, dans notre résidence principale, là où est concentrée l'essentiel de votre garde ? Aucunes de nos autres maisons n'offre la même protection. De puis, ici, vous êtes avec nous...
- J'en ai bien conscience, mon enfant ; et c'est pour ça que je pense que vous ne serez en sécurité nul part sur nos terres. Mélusine, ma petite fille, je vais précipiter votre mariage avec Gunther Munch. "
" Oh...
- Je suis désolé, Mélusine. Je vous avait assuré que vous aviez le temps. Nous ne sommes pas obligés d'organiser les festivités tout de suite, mais je crois qu'il n'y a qu'ainsi que vous serez en sécurité. Vous irez vivre avec la famille de votre fiancé, à Windenburg, en Autriche, jusqu'à votre mariage. Là, vous pourrez revenir en France, au château de Haute-Rive dans le duché de Penthièvre qui appartient à Gunther et sera votre.
- Quand... quand cela aura-t-il lieux ?
- Je ne sais pas encore. J'ai fait parvenir une lettre à Haute-Rive, nous attendons encore la réponse. "
" Très bien. "
Jehan était mal à l'aise. Lui qui pensait avoir encore de longs mois devant lui avant de voir ce jour arriver... certes, Mélusine avait déjà bien l'âge du mariage. Approchant - déjà ! - ses dix-huit ans, l'heure arrivait à grand pas... mais si tôt ?
" Ne craignez-rien, père, il faut bien que ce jour arrive. Je pense que vous m'avez trouvé un excellent époux en messire Munch.
- Je l'espère...
- Ce qui me chagrine, c'est de devoir aller en Autriche... à Windenburg, vous dites ?
- Oui. Les Munch sont autrichiens et c'est là qu'est la résidence principale de Catherine, la mère de Gunther. Elle y vit encore avec deux autres de ses fils ; Catherine, en revanche, est française. C'est donc de son grand-père maternel que Gunther tient le duché de Penthièvre, dont il est l'héritier puisque second fils Munch... mais tout ça, on vous l'expliquera. Rassurez-vous, tout n'est pas si compliqué que vous le pensez ; l'essentiel est qu'à Windenburg vous serez en sécurité. Vous pourrez rentrer en France dès que nous serons sûrs d'avoir écarté toute menace.
- Je comprend, père. J'irai donc en Autriche. "
Le duc ne savait vraiment que penser ; s'il faisait ça pour qu'elle ne risque rien, l'idée d'envoyer sa petite fille si loin ne lui plaisait pas vraiment. De plus, elle réagissait étrangement bien ; Mélusine avait toujours été maître de ses émotions et très raisonnable, mais à ce point...
" Père, autre chose m'inquiète. "
" Vous m'envoyez en Autriche ; mais qu'en est-il de Solange, Silas et Donatien ?
- Vos frères resteront ici, avec moi, sous garde rapprochée. Il est plus facile de veiller sur deux enfants que sur quatre. Quant à votre soeur, je ne sais que faire... peut-être ira-t-elle chez une de vos tantes.
- Puisqu'elle est promise à Lance, ne pourriez vous pas la mettre entre les mains des Raffin ? Ils veilleraient sur elle, bien que nos duchés soient proches, non ?
- Ah, les Raffin... "
Mélusine vit bien que quelque chose clochait avec sa proposition ;
" Est-ce que quelque chose m'échappe, Père ? "
" Ah, mon enfant... je ne saurais vous dire ce qui me tracasse, ce n'est pas de votre affaire ; mais sachez que je doute que votre soeur soit en sécurité avec messire Raffin.
- Quoi donc ? Vous ne pensez pas qu'il serait à l'origine du danger qui nous guête ?
- Ma petite, les choses du pouvoir sont bien compliquées...
- Mais alors, vous annuleriez leurs fiançailles ?
- Mélusine, ma fille, il n'est pas encore lieu d'avoir cette discussion. Rendez-moi service, préparez vous pour votre voyage et ne dites rien à votre soeur concernant Lance. Le bonheur de son amour est trop beau pour être brisé par mes simples inquiétudes. "
" Oui, père, je comprend.
- Bien. Retirez-vous, maintenant, j'ai encore bien du travail. "
Jehan regarda sa fille sortir de la pièce, peiné ; c'était comme s'il la voyait déjà partir pour l'Autriche. Et Solange ? Comment réagirait-elle s'il s'avérait que les Raffin étaient bel et bien derrière le complot qui se jouait contre eux ? Devait-il brise le bonheur de sa fille ?
Dans le salon principal, Solange jouait un peu de piano. Elle tenait à s'exercer chaque jour pour maintenir le niveau et, peut-être même, dépasser sa soeur. Mélusine avait toujours été la meilleure en tout, même en ce qu'elle détestait.
Alors qu'elle jouait, ses pensées allait entre le choix de ses nouvelles robes et le doux visage de Lance. Elle l'avait vu quelques heures, ce matin, alors que leurs pères étaient en réunion ; et son sourire béat ne l'avait pas quitté depuis.
Mélusine fit irruption dans la pièce. A a tête qu'elle fit, sa soeur compris qu'elle ne s'attendait pas à la trouver ici. Ne l'avait-elle pas entendu jouer ? Après un instant à l'observé, Solange trouva que sa soeur semblait préoccupée.
" Mélusine, vous êtes là... eh bien, vous sortez du bureau de père ?
- En effet, il voulait m'entretenir de quelque chose d'important.
- Oh, vraiment ? De quoi s'agit-il ? "
Elle fut bien étonnée de voir que sa soeur semblait hésiter à lui parler.
" C'était... c'était à propos de mon mariage avec Gunther. Il semble que l'heure soit venue.
- Comment ? Mais... oh, Mélusine, ma chère, c'est merveilleux ! Vous allez vous marier, bientôt, c'est réel ! Comme vous devez être heureuse... mais alors, pourquoi cette ombre sur votre visage ?
- Père craint qu'on ne veuille nous faire du mal à tous les quatre. Il veut nous éloigner du château et m'envoie donc en Autriche, là où vit la famille de messire Munch.
- En Autriche ! "
" Mais que c'est loin, l'Autriche... vous y resterez longtemps ?
- Jusqu'au mariage, lorsqu'ils auront attrapé celui qui a commandité la tentative d'assassinat sur Donatien.
- Ah, oui, celui qui a engagé le palefrenier. C'est une très bonne chose, je crois, car vous pourrez vous familiariser avec le pays natal de votre futur époux ! Sa mère y vit alors, même lorsque vous aurez pris vos appartement à Haute-Rive, vous visiterez souvent l'Autriche !
- Vous avez sans doutes raisons. "
Mélusine n'était pas aussi emballée que sa soeur et, contrairement à l'habitude, elle n'arrivait pas à feindre le contraire. Les nouvelles se bousculaient dans sa tête : son mariage avancé, son séjour à Windenburg, l'éventuelle séparation de Lance et Solange, la palefrenier qui allait bientôt être exécuté... les événements s'enchaînaient et elle n'avait le temps ni d'y penser, ni de s'en remettre.
" Mais alors, s'il vous envoie chez la famille de messire Munch, peut-être que j'irai chez Lance ! Je veux dire, chez messire Raffin.
- Ehm... je... je ne sais pas, père ne m'en a pas parlé ?
- Vraiment ? C'est surprenant ! Il me convoquera peut-être dans la journée. Ce serait merveilleux, nous nous marierons peut-être en même temps... "
" Ne faites pas cette tête, nous quitterons bien ce château un jour ! Vous n'êtes pas contente d'être bientôt femme, mariée, duchesse, comme l'est notre mère ?
- Si, si bien sûr... c'est seulement... je suis attachée à la France, partir en Autriche me fait peur.
- Je comprend, mais ce sera un beau voyage ! Oh, vous allez me manquer... mais nous aurons tant de choses à nous dire à votre retour ! Et nous pourrons nous écrire, ce sera amusant ! "
Le lendemain, forêt de Penthièvre.
" Que vous êtes lent, mon frère !
- C'est facile à dire, pour vous, vous n'avez pas traversé tout le territoire en calèche la veille !
- Allez Wolfgang, du nerf ! Je vous ai connu plus dangereux adversaire à la course.
- Mais puisque je vous dis que je ne suis pas un bon jour ! Ralentissons, j'ai affreusement mal au dos... "
" Quoi, le voyage a fait de vous un infirme ? Ou est-ce que les repas et les bals vous ont rendu trop douillet pendant votre séjour à Windenburg ?
- Arrêtez donc de vous moquez, pour une fois que vous pouvez gagner une course. "
Wolfgang était le jeune frère de Gunther, de deux ans son cadet. Il était souvent à Windenburg avec leur mère mais, la veille, il était arrivé avec leur autre frère pour passer quelques jours à Haute-Rive. On le connaissait pour sa froideur et sa désinvolte, mais il était aussi le fils préféré de feu leur père et c'était lui qui héritait du domaine principal, à Windenburg - chose étrange pour un cadet.
Alors que les deux frères ralentissaient le pas pour mieux convenir à Wolfgang, ils entendirent des pas qui accouraient et une voix aigüe. Ils eurent à peine le temps de se retourner que la voix s'écria :
" Gunther, Gunther, vous avez reçu une lettre importante ! "
Les aînés mirent pied à terre à contre-coeur, agaçés de devoir interrompre leur balade ; quelle pouvait-bien être cette lettre ?
" C'est une lettre de messire Jehan Valvasor, mon frère ! Elle est arrivée à l'instant et on m'a dit de vous la porter. "
Gunther, sourcils froncés, se saisi de la lettre et se hâta de l'ouvrir ; quelle fut sa surprise en découvrant ce qu'il y avait à l'interieur !
" Alors, de quoi parle-t-elle ?
- C'est messire Valvasor, en effet, qui me parle de sa fille. Il souhaite que nous avancions le mariage, sa voix laissait transparaître sa joie et son visage s'illuminait. "
" Vous allez vous marier bientôt, alors ? Mais c'est une nouvelle merveilleuse !
- Attendez, attendez, il y a autre chose. Son visage se ferma : en raison de la tentative d'homicide sur son fils Donation, il souhaite mettre ses enfants à l'abris. Il aimerait que le mariage ait lieu à Windenburg et que Mélusine puisse séjourner en Autriche avant les festivités, pour être en sûreté.
- Et vous pensez que mère sera d'accord ?
- Bien-entendu. Notre union avec la famille Valvasor est des plus avantageuses... Mélusine viendra donc en Autriche. "
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Quant à Mélusine, autant je comprend son malaise vis-à-vis de sa soeur, autant je suis très surprise par sa réaction quand elle apprend que la date de son mariage est avancée, et qu'elle doit quitter rapidement sa famille et les lieux où elle a grandi.
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Comme toujours, un magnifique chapitre
Pauvre Mélusine qui voit son mariage avancé et qui va devoir aller vivre en Autriche loin de sa famille...ça va être dur pour elle je le sens et surtout je commence à avoir des doutes sur les Munch je ne sais pas pourquoi ^^
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@sirhc59 : Jehan est devant un choix difficile. On imagine qu'il était persuadé d'être à l'abris de tout dans son château, entouré de ses gardes et de sa coure... mais on vient de lui prouver que non, qu'il est en danger partout où il pense ne pas l'être. Comment protéger ses enfants alors ? Il ne pourra pas veiller sur Mélusine si elle est en Autriche, mais il est persuadé qu'il ne pourra pas non plus le faire si elle est avec lui. Bonne ou mauvaise décision ? C'est dur à savoir. L voyage en Autriche de Mélusine et plus généralement son mariage va sceller son destin... mais que ce serait-il passé si elle était restée dans le domaine ? Impossible de le savoir. Pour Jehan, à tord ou à raison, éloigner ses enfants est le seul moyen de les mettre à l'abris. On peut en effet supposer que ceux qui leur veulent du mal n'iront pas jusqu'à la suivre en Autriche... mais c'est indéniable qu'elle s'y fera d'autres ennemis.
Pour la réaction de Mélusine, je crois qu'elle est sous le choc. Son frère a échappé de justesse à la mort, sous ses yeux, et l'assassin était un jeune homme dont elle se sentait proche d'une certaine manière. Je suppose qu'elle se sent coupable de ça, peut-être même qu'elle se dit naïvement que si elle n'avait été là rien ne serait arrivé ? On peut supposer plein de choses ! De toute façon, l'étiquette et l'éducation qu'elle a reçue n'autorise pas les femmes à dire "non" lorsque leur père prend une décision, encore moins lorsqu'il s'agit de mariage. Elle aura le temps de réaliser ce qui arrive lorsqu'elle sera en Autriche, et qui sait (à part moi
Ahah oui @pytisa, quels retournements de situation hein !
Merci @Ryu707 ! Oui, c'est très dur pour Mélusine ce qui lui arrive, même si elle ne le réalise pas encore. Tu n'imagines même pas à quel point ça va être dur ! Tu as des doutes sur les Munch ? Eh bien, j'ai plein de choses à répondre là dessus mais je ne veux pas trop spoiler. Tout ce que je peux te dire, c'est que Gunther n'est pas quelqu'un de mauvais et qu'il n'a pas d'intentions douteuses vis-à-vis de Mélusine. Hélas, bien qu'il soit l'aîné, vous aurez peut-être compris que ce n'est pas forcément lui qui tire les ficelles dans la famille. Mélusine va se faire bien des ennemis en Autriche, mais aussi des amis. Il faudra simplement qu'elle fasse confiance aux bonnes personnes...
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