@Himari74 : l'horizon semble enfin s'éclaircir pour la très belle Chloé, et il en était temps
Pas toujours évident d'ouvrir les yeux sur les réalités de la vie...
mais quand on le fait enfin, la liberté et la délivrance deviennent une évidence
Qu'elle saisisse donc sa chance pour partir vers des lendemains plus roses et plus heureux
Comme elle est jolie ton histoire: Bravo! j' ♥
J'aime toujours autant cette histoire et ta façon d'écrire. Chloé nous fait un peu de peine mais elle a enfin pris conscience qu'elle ne pouvait plus vivre ainsi. Raj devient insupportable ! Et puis Chloé est tellement mignonne avec Nicolas
Bon Raj sait où il en est et profondément blessé ne veut pas créer un lien avec sa fille, sachant que sa mère va partir..quel gâchis pour Romy. Bon, espérons qu'avec le temps, il retrouvera de l'amour et se rapprochera de sa fille.
Et bien Chloé attend encore un peu que Romy soit bambin pour partir ...mais bon, elle y voit un peu plus clair sur sa situation avec Raj mais il serait temps qu'elle se décide avec Nicolas , elle ne semble bien avec lui mais pas encore amoureuse...
«Nos doutes sont des traîtres et ils nous privent de ce que nous pourrions souvent gagner de bon, parce que nous avons peur d’essayer» – William Shakespeare
@Sysy83 Rien n'est encore fait mais elle commence enfin à envisager les choses de manière plus positive et de commencer à se préparer à faire bouger les choses pour le bien de sa fille !
Contente que Nicolas te plaise
@Kannelia Merci beaucoup ! On espère tous pour elle des lendemains plus heureux ! Elle a au moins su trouver le courage d'essayer de changer tout ça...
@Luluswan Merci beaucoup !
Ah ces deux-là... Il leur en faut un temps pour s'en rendre compte
@meliaone Le problème est justement là : le fait que Raj ne cherche pas à se rapprocher de sa fille le dévalorise énormément auprès de Chloé mais en même temps, c'est lié avec le fait qu'il sent que cette dernière est déjà sur le point de rompre...
Au moins, elle a pris une décision même si elle en rejette encore l'échéance...
@Isaw Merci pour elle Je suis contente de voir que vous l'appréciez tous cett petite Chloé malgré ses errances
Chapitre 16
Cette ambiance me pesait de plus en plus depuis que j'avais pris ma résolution. Raj, encore en pyjama devant la télévision, l'urne de sa mère posée au centre de la table, tout ça ne me rappelait que trop tout ce qu'était ma vie depuis que je m'étais mariée avec lui. Depuis combien de temps y avait-il cet abîme entre nous ? N'était-ce pas là dès le début ? Et sa mère, encore au centre de sa vie même après sa mort. Comment avais-je pu supporter tout ça, tout ce temps alors qu'à présent mes poumons n'aspiraient qu'à respirer de nouveau l'air du dehors, quelques minutes seulement après être entrée ? M'étais-je jamais sentie chez-moi ici ? "Se sentir chez-soi"... Au fond de moi, je n'avais jamais quitté cette maison où j'avais tant pleuré. J'avais beau y avoir souffert la mort de tant d'êtres proches, c'était là-bas que je m'étais sentie le plus chez-moi de toute ma vie.
Heureusement, il y avait ici un soleil qui, l'espace d'un moment, pouvait replacer sur mes lèvres un sourire sincère. M'occuper d'elle seule me vidait de toute mon énergie et j'étais constamment épuisée de devoir répondre au moindre de ses désirs sans relâche, et, pourtant, je ne me sentais jamais aussi épanouie que quand je voyais un sourire s'étaler sur son adorable bouille, unique récompense de tous mes efforts mais ô combien réconfortante. Ce sourire, c'était quelque chose de merveilleux qui colorait de nouveau ma vie d'un doux rose.
Après avoir nourri mon petit ange, j'allais prendre une douche, espérant me délasser après ma dure journée de travail.
Mais quand j'en ressortis, alertée par les cris de Romy, la vision que j'eus me consterna plus qu'autre chose.
"Shhht ! Fais moins de bruit ! Tu vas réveiller tout l'étage ! Bon sang ! Où est ta mère ? Elle est toujours à te couver comme une enfant gâtée et quand on a besoin d'elle, où est-elle, hein ?"
"Pousse-toi, Raj."
Je brûlai de rage et il dut le sentir car il s'écarta vivement en disant :
"Il faut que je retourne travailler."
Travailler mon œil. S'affaler devant la télé plutôt. Mais ce mot ne fit que raviver plus vivement mon souvenir, comme une plaie se serait brusquement ré-ouverte. "Papa ! Papa !
- Tu ne vois pas que je travaille ? Où est ta mère ? Toujours à choyer sa môme pourrie gâtée et incapable de la tenir tranquille ! On dirait ta mère la première fois que je l'ai rencontrée, tiens ! Une petite traînée avec sa bande de supers-amis qui, soit-disant, ne la laisseraient jamais tomber.
Puis elle est revenue en rampant pour me supplier de l'épouser. Maintenant, elle a tout ce qu'elle veut et il faut encore qu'elle me fasse des caprices à ton sujet comme quoi elle sait mieux éduquer les gosses que moi ! Je lui souhaite bien du plaisir quand tu claqueras la porte au nez de tout le monde comme toute pourrie-gâtée qui se respecte !"
Papa... Pourquoi n'as-tu jamais compris ? Tu n'as jamais cherché à comprendre maman. Sans doute regrettait-elle d'avoir commis des erreurs dans sa jeunesse...
Mais elle n'a jamais regretté d'avoir vécu son adolescence comme elle l'a vécu. Librement.
Raj te ressemble un peu par moment, papa. Peut-être est-ce au fond la même raison qui m'a poussé à l'épouser que celle qui me poussait à rester debout derrière ton dos, des heures durant, en priant pour que tu te retournes et me voie enfin ? Et quand tu le faisais enfin, j'avais beau savoir que tu te mettrais à hurler de me voir là, je criais pleine de joie. Je voulais croire en toi comme je voulais croire en Raj. La seule différence, à l'heure actuelle, c'est que je pense encore que Raj est quelqu'un de bon et qu'il saura trouver quelqu'un qui le comprendra mieux que moi. Toi, papa, je ne sais plus que penser. Est-ce que tu aimais maman, malgré tous tes propos et as-tu agi par jalousie ? Où était-ce seulement pour préserver ton honneur ? Non, je ne comprends pas. Je suis restée cette petite fille qui regardait ton dos sans comprendre pourquoi tu ne te retournais jamais avec un sourire pour moi.
Des pleurs me tirèrent de cette rêverie, proche du sommeil. Je fus tout étonné de trouver une petite fille adorable dans sa robe rose à mon chevet.
"Romy ?
- Mamma !"
Ma fille est sans doute la créature la plus magnifique qui soit mais il n'en était pas moins minuit passé. Aussi, je la mis au lit presque aussitôt.
Chose que je devais regretter quelques minutes plus tard quand elle fut réveillée par un cauchemar.
Je la recouchai et elle se rendormit assez rapidement. Ce qui ne fut pas mon cas. Trop de choses m'obsédaient en ce moment. Maintenant qu'elle avait grandi, je n'avais plus de raison de rejeter l'échéance de mon départ. Je voulais partir, là n'était pas le problème. Mais j'avais peur que Romy ne le comprenne pas. Et puis où aller ? Qu'est-ce qui serait le mieux pour Romy ?
J'étais toujours épuisée mais, incapable de trouver le sommeil, je décidai de me préparer un petit déjeuner que je pris, seule, devant la télévision.
Ce faisant, je me sentis coupable d'avoir toujours reproché à Raj de passer sa vie devant la télé, ce qui ne m'aidait pas dans mon dilemme. Il devait se sentir seul. J'étais cruelle de l'avoir laissé croire que je pourrais l'aimer. J'étais égoïste de n'avoir jamais pensé à ce qu'il pouvait ressentir lui. J'avais gâché ces années de sa vie qu'il avait passées à essayer de me retenir quand il aurait pu vivre tant d'autres choses.
L'heure vint d'aller au laboratoire. En partant, j'avais le cœur lourd.
Mais dès que je le vis, ce poids s'allégea un peu dans ma poitrine. Pourquoi ? Pourquoi ne me sentais-je bien que quand il était là ?
"Bonjour Chloé !
- Bonjour Nicolas !"
Pourquoi mon cœur se mit-il à battre si fort quand il s'approcha ?
Pourquoi ? Pourquoi ? Depuis le début, j'avais la réponse sur le bout des lèvres. Mais quelque chose semblai m'empêcher d'y accéder. Quelque chose qui était enfoui au fond de moi depuis trop longtemps. Quelque chose dont j'avais toujours refusé de me séparer. Ce "quelque chose" qui était au cœur de tous mes problèmes. Qu'était-ce ? Oui. Maintenant, je sais. Le problème, ce n'est pas Raj. Depuis le début, ce que je pensais c'est que j'aurais été plus heureuse avec Nicolas. Raj ou Nicolas, ça n'aurait rien changé. Le problème, c'est moi. C'est au fond de moi. Ce dont je n'arrive pas à me séparer, c'est...
...mon amour pour lui. Il m'est trop précieux. Gaël est celui qui m'a sauvée. Je croyais que je voulais juste refaire ma vie, retomber amoureuse, fonder une famille. Mais ce que je voulais, c'était juste lui. L'avoir de nouveau près de moi et fonder avec lui cette famille dont on avait rêvé. Je n'en voulais pas d'autre.
J'étais amoureuse de ce souvenir de nous deux. J'étais amoureuse de l'idée de le garder dans mon cœur. Je ne dis pas que je ne l'ai jamais aimé. Au contraire. Cette flamme a tant brûlé mon cœur que, quand il est parti, j'ai voulu tomber amoureuse de cette flamme. Je me disais que je pourrais le garder toujours auprès de moi si je le gardais, magnifié, dans mes rêves. Tomber de nouveau amoureuse, ç'aurait été comme une deuxième mort pour lui. "Je resterai toujours près de toi"
Menteur ! Tu m'as laissée toute seule, toi-aussi. Et moi, j'ai cru que tu tiendrais ta promesse. À chaque coin de rue, c'était toi que je cherchais. Tu te souviens quand tu disais que notre fille aurait mes yeux ? Romy les a. Je l'aime autant que si ça avait été notre fille, tu sais. Mais toi, tu n'es pas là. Petit-à-petit, tu t'en vas, sans que je ne m'en rende compte. Depuis combien de temps, n'ai-je pas rêvé de toi ? Le temps passe. Il me change, malgré moi. Et bientôt, tu ne seras plus qu'un souvenir. Et ce jour-là...
... ce jour-là, je pourrais enfin me souvenir sans pleurer. Ce jour-là, je pourrais me dire que je suis heureuse de t'avoir rencontré et que je suis heureuse de celle que je suis devenue. Et ce jour-là, s'il veut bien encore d'une fille comme moi, je sais déjà qui sera à mes côtés...
"Quelque chose ne va pas, Chloé ?
- Non... C'est juste...Je crois que je viens de prendre conscience de quelque chose de très important... Un jour... Un jour, je te raconterais tout. Mais pas aujourd'hui, si tu veux bien."
Oui, un jour. Je sens que ce jour approche. Un jour, je pourrais dire que je t'aime sans regrets.
"Attends ! Il faut que je te montre un truc ! Ma petite Romy a sacrément grandi depuis la dernière fois que tu l'as vue !"
Mon changement de sujet ne passa sans doute pas inaperçu mais il ne dit rien.
... à part que ma fille était un ange et qu'elle avait mes yeux, sans aucun doute. Ensuite, je dus le quitter pour continuer ma routine habituelle. Cette fois, j'essayai de créer un nouveau remède contre la grippe en prévision de l'hiver qui approchait.
Malheureusement pour nous, je crois que la grippe a encore de beaux jours devant elle. Du moins, tant que je suis responsable de la fabrication de ce remède.
Mais c'est pas mon genre de perdre espoir, alors je persévère...
Avec l'aide de MARLI
Et de mes collègues.
Et voilà le travail !
Mais en arrivant, j'eus le malheur de me précipiter vers la chambre de ma fille que Raj était "censé" surveiller pour cette journée, espérant que la fillette lui ferait moins peur que le bébé. La vision que j'eus acheva de me briser le cœur. Il était une fois une petite fille qui regardait le dos de son père avec l'espoir qu'il se retourne enfin, qu'il la voie, qu'il lui sourie. C'est l'histoire d'une petite fille qui aurait tellement voulu que son papa soit comme les autres papa, qu'il joue avec elle, qu'il la prenne dans ses bras, qu'il lui lise des histoires. C'est l'histoire d'une petite fille qui n'a jamais compris pourquoi son papa lui tournait tout le temps le dos.
Dès qu'il me vit, dans l'embrasure de la porte, Raj souleva Romy dans ses bras comme s'il avait senti tout le reproche dans mon regard. Mais c'était presque pire vu le regard un peu craintif qu'elle posait sur lui.
Tout en tentant de rester sereine, je lançai :
"Vous vous êtes bien amusés, tous les deux ?, d'un ton qui me paraissait horriblement faux.
- Bien sûr ! N'est-ce pas, Romy ?"
Elle ne répondit rien.
"Tant mieux. Romy et moi on va passer la fin de semaine chez une amie. Elle tient tellement à rencontrer la petite !
- Ah. Vous rentrez lundi ?
- Je ne sais pas, Raj. Je ne sais pas."
Il ne dit rien, ne bougea même pas quand je lui ôtai sa fille des bras. Je partis ainsi, Romy dans les bras.
"Mamma ? Va où ?
- On va passer des vacances chez une dame très gentille qui s'appelle Zoé. Il va y avoir beaucoup de gens que tu connais pas mais il ne faudra pas avoir peur, d'accord ? Maman est avec toi.
- Qui c'est les gens ?
- Eh bien, il y a Tatie Zoé qui est une amie à maman et les amis de Tatie Zoé : Gavin, Mitchell et Jay, si je me souviens bien.
- Tatie Zoé, Gavin, Mitechelle et Jey ?
- Oui, c'est ça mon trésor.
- Papa vient pas ?
- Non. Papa ne vient pas. Tu es triste ?
- Mamma là, moi pas triste."
"Tiens ! Salut ma Chloé ! Je te manquais tant que ça ?
- Désolée de te déranger, vraiment ! Ça te dérangerait de nous héberger pour quelques jours ?
- Bien sûr que non ! Tu es la bienvenue et ton petit trésor aussi ! Par contre, je te préviens, mes colocs' sont du genre bruyants : entre Mitchell qui rentre du boulot à des heures pas possibles, Jay qui roule des mécaniques à tous les coins de couloirs, moi et mon chouchou, c'est plutôt toi qui nous supplieras de te laisser rentrer chez-toi !"
"Pas si sûre... Je peux savoir qui est le chouchou de ma meilleure amie au fait ?
- C'est vrai qu'on en a jamais parlé... Gav' s'est enfin lancé, y'a deux jours et... je crois bien que je suis amoureuse !
- Félicitations !
- Désolée... Je sais que ça se passe pas super bien chez-toi, c'est pour ça que j'évitai d'en parler devant toi...
- C'est bon ! T'en fais pas pour ça ! T'as bien le droit d'être heureuse, quand même !
- Oui... En tous cas, soit la bienvenue ! Tu peux rester autant de temps que tu veux. Je vais juste aller te chercher un lit pour la petite. Il doit y en avoir un qui traîne dans mes vieilles affaires. Je serais bien incapable de me séparer d'un truc comme ça, j'suis trop sentimentale. Mais ça me fera plaisir qu'il serve pour Romy, c'est ça ?
- Oui ! Tu dis bonjour à Tatie Zoé, Romy ?
- B'jour Tatie Zoé !
- Elle est adorable !"
Zoé retrouva bien son lit, en très bon état et je pus coucher aussitôt ma petite.
De son côté, Zoé filait effectivement le parfait amour avec son écrivaillon.
C'était une nouvelle tranche de vie qui commençait, jusqu'à ce que je trouve à mon tour ma place dans cette ville.
@Himari74 : quelle belle et poignante histoire. Et tu la racontes avec tant de sensibilité
Il est temps que Chloé s'ouvre enfin au bonheur... Romy, elle, est adorable!
J'aime beaucoup, beaucoup tes screens "souvenirs": Bravo!
Encore un chapitre magnifique. Chloé est un peu perdue dans ses sentiments mais commence à ouvrir les yeux.
J'ai adoré le parallèle entre Chloé bambine et Romy, qui cherchent désespérément la présence de leurs pères respectifs mais... sans succès. C'est très bien écrit, même si c'est horriblement triste...
@Kannelia Merci beaucoup !
J'adore cette petite Romy ! J'espère qu'elle restera aussi mignonne en grandissant Quant au bonheur, j'espère pour Chloé qu'elle parviendra à l'accepter au moment où il viendra à elle...
@sirhc59 Elle a déjà pris une première décision d'éloignement mais cet éloignement n'est qu'une option temporaire. Il faudra qu'elle tranche enfin pour leur bonheur à toutes les deux, en effet !
@Luluswan Merci beaucoup !
Elles n'ont pas de chance toutes les deux avec leurs pères respectifs...
Chapitre 17
La nuit de Romy fut un peu agitée, sans doute à cause du déménagement. Je me relevai pourtant à chaque fois avec constance et patience pour lui raconter une nouvelle histoire en espérant qu'elle apaiserait un peu ses peurs. Je me sentais plus sereine, ici. Je savais qu'on ne pourrait pas s'y installer définitivement, trois colocataires suffisant sans doute déjà amplement à Zoé mais le simple fait d'être partie loin de Raj et de cet appartement hanté par le fantôme persistant de sa mère me faisait me sentir mieux. Je songeai que je ne pourrais sans doute jamais retourner là-bas, encore moins après un séjour dans une maison accueillante. Il faudrait en finir avec cette histoire dès que j'aurais trouvé un nouveau foyer.
Le lendemain matin, elle n’apprécia pas le fait que je lui explique que maman allait devoir aller travailler et qu’elle devait être très très sage en mon absence. Elle n’avait jamais aimé que je la laisse pour quelle raison que ce soit mais rester avec des inconnus devait l’enchanter encore moins qu’avec son père, même si sa relation avec lui était loin d’être joyeuse et fusionnelle. Elle fit donc une petite scène pendant que j’étais encore sous la douche.
Scène qui nous permit à toutes les deux de constater qu’elle était en de bonnes mains.
"Tu t'appelles Romy, c'est ça ?
- 'Sais pas.
- C'est pas très gentil ce que tu fais. Il y a des gens qui ont mis du temps pour écrire ces livres, d'autres pour mettre une jolie couverture et d'autres auraient aimé passer du temps à les lire. Ça fait beaucoup de personnes que tu as rendu malheureuses juste pour un petit caprice, tu ne crois pas ?
- 'Veux pas que ma maman elle parte ! 'Veux pas rester avec les monsieurs et Tatie Zoé !
- Je comprends tout-à-fait mais puisque tu sais très joliment parler, tu peux juste le dire. Si tu déchires les choses, ça ne va pas faire que ta maman va rester. Par contre, on peut en parler gentiment si tu veux.
- Je veux ma maman.
- Tu es une petit têtue, on dirait ! Mais on voit que tu aimes ta maman... Tu ne veux pas que ta maman soit triste, pas vrai ?
- Non !
- Pourtant, si tu n'es pas sage, elle sera sans doute très triste ! Alors que si tu restes bien sagement avec nous, ta mère sera sûrement très heureuse et fière de toi ! Et puis ta maman, elle ne va pas partir pour toujours ! Tu verras, on va beaucoup s'amuser et elle sera de retour très très vite !
- Tu crois, le monsieur ?
- J'en suis certain.
- Pardon... Romy va être sage, maintenant, promis.
- Très bien. Dans ce cas, et si on recommençait sur de meilleures bases, qu'en dis-tu ?
- Voui !
- Bonjour, petite demoiselle ! Je m'appelle Gavin Richards mais tu peux bien sûr m'appeler Gavin. Et toi, comment t'appelles-tu ?
- Je m'appelle Romy !
- Enchanté Romy, je suis ravi de faire ta connaissance."
Elle éclata de rire au moment où je sortais de la salle de bain, fin prête pour le travail.
Je pus ainsi partir tranquille. Au travail, je ne pouvais m'empêcher d'essayer d'éviter Nicolas. Qu'est-ce que j'aurais pu lui dire s'il m'avait posé des questions sur Raj, Romy, ou quoi que ce soit concernant ma vie privée. MARLI fut donc ma principale compagnie. Malheureusement, elle semblait défaillante.
"Bzzt... Bonjour... Bzzzt... Made... Bzzzt...moiselle Chloé.
- Eh bien ! Ça va pas fort aujourd'hui !
- Bzzzt...Je dois av... Bzzt...oir quelques... Bzzt... circuits grillés... Bzzzt... Si tu pou... Bzzt...vais y je... Bzzt...ter un coup... Bzzzzt... d'œ...
- MARLI ?
- Bzzzzzzzzzzzzzztttttttttttttt."
Et en effet, il y avait de sérieux dégâts à réparer. Je réussis pourtant à la réparer tant bien que mal.
MARLI était comme neuve après mon travail.
"Wow ! Merci beaucoup Chloé !
- De rien ! Je n'allais pas laisser mon amie pour morte !
- Arrête, tu vas ma faire rougir...
- Toi, rougir ? Ma petite MARLI au cœur de métal ?
- C'était une expression ! Mais je suis très sensible, tu sais ! À ce sujet, où est ton cher Nicolas ?
- P... Pourquoi parler de lui, maintenant ?, répondis-je, déstabilisée.
- J'ai eu l'impression qu'il voulait te parler tout-à-l'heure... Et il avait le sentiment que tu cherchais à l'éviter.
- Moi ? Absolument pas !
- Mmm... Je commence à mieux comprendre le fonctionnement des humains et je ne te crois pas, Chloé.
- Libre à toi.gran
- Ne te fâche pas. Je ne dis que ma pensée.
- Oui, je sais. Désolée."
Nicolas... avait parlé de moi à MARLI ? Ça me faisait chaud au cœur mais je ne pouvais pas le voir maintenant. J'étais quelqu'un d'assez fier au fond. Peut-être mon sang de noble qui remontait à la surface. Mais tant que je n'aurais pas tiré cette affaire au clair, dans mon esprit comme face à Raj, je ne pourrais m'empêcher de me sentir atteinte dans mon orgueil chaque fois que je devrais m'appuyer sur quelqu'un. Et en apprenant mon histoire, Nicolas ne pourrait s'en doute pas s'empêcher de tenter de me venir en aide, c'était dans sa nature. Dans cette histoire, c'était à moi de me débrouiller, seule. Je m'étais trop appuyée sur les gens jusque là, je continuai d'ailleurs avec Zoé. Mais je finirai par regagner mon autonomie dès que j'aurais trouvé un nouvel appartement qui pourrait nous abriter, moi et Romy.
Elle courut au-dehors dès qu'elle m'aperçut, mon adorable petite fille.
"Maman !"
"Hey ma petite Romy ! Tu t'es bien amusée aujourd'hui ?
- J'adooore Tatie Zoé, Tonton Gavin, Tonton Jay et Tonton Mitchell !, récita-t-elle, un sourire jusqu'aux oreilles.
- Tant mieux alors !
- Mais maman m'a manqué !
- Oooh ! Tu es un ange, ma chérie !
- Maman elle a fait quoi à son travail ?
- Moi ? Mais j'ai fait tout un tas de choses ! Tu sais qu'à mon travail, on a une grande machine qui pense et qui parle comme une personne ! Elle s'appelle MARLI mais aujourd'hui, elle était un peu malade, donc je me suis occupée d'elle.
- Maman, Romy veut venir la prochaine fois !"
"Ouh là ! Je pense que ça ne va pas être possible. Et puis tu sais, si Maman travaille, elle ne pourra pas s'occuper de toi, alors tu vas t'ennuyer. Tu t'es ennuyée pendant que je n'étais pas là ?
- Non, non !
- Eh bien voilà ! Restes ici puisque tu t'y plais !
- Dis, on reste pour toujours ici, hein maman ?
- Écoute... On ne vas pas embêter Tatie Zoé... Bientôt, elle aura sa propre famille et nous, on sera de trop, tu ne penses pas ?
- On va rentrer à la maison, alors ?
- On va se trouver une nouvelle maison, rien que toutes les deux !
- Et papa ?
- Papa... Si tu veux, tu pourras aller le voir, de temps en temps...
- Toute seule ?
- ... Oui...
- Non ! Romy reste avec maman !"
J'étais rassurée de ses paroles, même si ce n'était sans doute que celles d'une petite fille qui ignorait ce qu'impliquait vraiment cette décision. Quant à sa proposition de rester ici, même si elle pouvait paraître tentante, était désormais impossible. Zoé attendait un enfant à son tour et, même si elle adorait Romy, son propre enfant lui prendrait bientôt tout son temps et son énergie, sans qu'elle ait en plus besoin d'une petite fille qui la poursuivait dans tous les couloirs.
Romy n'était pas la seule à ne pas être enchantée par mon départ...
"Zoé m'a raconté que vous envisagiez de partir dès ce week-end ! Ce n'est pas un peu tôt pour Romy ?
- Je préfère qu'on parte au plus tôt pour que Zoé puisse avoir son enfant sereinement... Je sais que ça fait beaucoup de déménagement à la suite pour Romy mais c'est mieux que l'on soit installées toutes les deux au plus vite.
- Oui, sans doute... Mais ça va faire bizarre de vous voir partir... Toutes les deux, bien sûr !"
Il me regardait d'un œil insistant et je commençai à me sentir mal-à-l'aise quand Gavin entra, au grand dépit de Jay, sembla-t-il.
Romy s'entendait de mieux en mieux avec "Tatie Zoé". Elle ne rechignait presque plus à me laisser partir mais je commençai à craindre le moment où il faudrait séparer ces deux-là...
Enfin... Il nous restait encore une journée entière à vivre dans cette petite communauté.
Ce matin-là, je ne pus éviter Nicolas au travail. J'étais à la recherche de quelqu'un qui pourrait me procurer un peu d'ADN pour mes expériences mais, comme à leur habitude, les collègues y rechignaient. Je me baladai donc, mon coton-tige à la main quand il m'accosta.
"Chloé ! Si tu m'évites encore, je vais finir par me fâcher !
- Je... Je ne t'évitai pas du tout !
- Bien évidemment ! Tu as perdu un temps précieux à cause de ça ! Prends mon ADN, maintenant...
- Qu... Quoi ?
- Allez ! Tu crois que je ne te vois pas à courir au-milieu de tout le monde, sauf de moi, bien sûr, en essuyant refus sur refus ? Tu vas finir par perdre ta journée avec cette histoire !
- Mais t...tu veux bien ?
- Puisque je te le dis !"
S'en suivit un moment extrêmement gênant...
Pas étonnant que personne n'accepte !
"Bon... eh bien... Merci pour tout...
- Chloé ! Attends un peu !"
Je l'avais fui. À présent, j'en avais honte... Devant mon expérience, je ne pouvais m'empêcher de guetter le moment où il viendrait chercher des explications. Il ne vint pas. Quelle idiote je faisais !
De retour à la maison, je retrouvai Zoé en train d'apprendre de nouveaux mots à Romy.
Comme chaque fois que je rentrai, quelle que soit son affection pour Zoé, ma petite fille courut vers moi. Je la soulevai dans mes bras en tentant de chasser la déception que j'avais eue dans la journée.
"Coucou, princesse ! Tout va comme tu veux ?"
"Maman ! C'est vrai qu'on s'en va demain ? Moi, je veux pas partir !
- Tu sais chérie, je crois que moi non plus...
- Alors pourquoi on s'en va ?
- Romy, on va se trouver la meilleure maison possible et tu ne regretteras pas d'être partie, tu verras ! Mais on ne peut pas rester chez de gens, comme ça...
- Bien sûr que si on peut !"
"Zoé... On en a déjà parlé...
- Ok, ok, c'est bon... Mais vous avez intérêt à revenir toutes les deux ! Sinon Tatie Zoé va être très malheureuse !"
Elles éclatèrent de rire toutes les deux. Moi, je souris. Je ne savais absolument pas où nous pourrions aller, Romy et moi, mais j'avais décidé de ne plus me reposer sur personne. Demain, on partirait avec tout l'argent que j'avais pu gagner et puis... Dieu seul pourrait nous le dire. Mais c'était fini, fini de me cacher dans les jupes de ma mère, fini de pleurer sur l'épaule de Gaël, fini de me reposer sur la gentillesse de Nicolas, l'amitié de Jesminder et Zoé, l'amour que m'avait porté Raj. J'avais toujours compté sur les autres, qui m'avaient offerts sans retour. À présent, je voulais enfin être forte, pouvoir compter sur moi-même pour offrir la meilleure vie possible à ma fille.
Ce soir-là, Romy eut mois de réticence à aller se coucher que je ne le craignais. Elle se mit d'elle-même dans son lit après avoir embrassé toute la maisonnée, me demandant simplement de lui lire un peu son histoire préférée avant qu'elle ne s'endorme.
Le lendemain, je décidai de partir le plus tôt possible pour avoir tout le temps pour mes recherches. Zoé me serra la première dans ses bras.
"Tu vas troop nous manquer, toi et ta petite chérie ! Tu viendras nous voir pour la naissance de mon bébé, hein ? Et même quand tu veux ! La porte est ouverte !
- Je sais, je sais, tu me l'as tellement répété ! Et quand j'aurais trouvé mon bonheur, tu pourras bien sûr venir quand tu veux !
- Je comprends que tu veuilles plus d'intimité pour toi et Romy mais vraiment, si tu as le moindre souci, tu m'appelles, moi ou Jess', on sera toujours là, ok ?
- Oui, oui, je sais !
- Tu es vraiment sûre de toi ?
- Sûre.
- Bon, ben, bon courage !"
"Aïe...
- Quoi ?
- Va falloir que tu dises au revoir à Jay et je pense déjà quand on va devoir ramasser les morceaux...
- Hein ? Pourquoi ?
- Oh là là, Chloé ! Je plains Jay et Nicolas !
- Nicolas ? Qu'est-ce que Nicolas vient faire dans cette histoire ?
- Rien, oublie. Mais pauvre Jay ! Tu vas lui briser le cœur ! Déjà qu'il passe son temps à me demander ce que je sais sur toi, ta vie privée, ton enfance, etc...
- Quoi ??? Mais pourquoi ?
- Ma pauvre chérie, tu es un démon briseur de cœur qui s'ignore..."
En effet, l'annonce de mon départ immédiat à rendu malade. Gavin était venu pour me saluer une dernière fois et me souhaiter tous ses vœux de bonheur pour la suite quand Jay s'immisça dans la conversation. Il devint blanc comme un linge.
"Vous... Vous partez, là, maintenant ?, s'étrangla-t-il.
- Oui, je m'excuse pour tout le dérangement que j'ai pu occasionner...
- C'est un blague ?????? Gav', Zoé ! C'est une blague pas vrai ?"
Devant l'absence de réponse, il s'efforça de sourire.
"'Faut pas t'en rendre malade, Jay !, s'exclama Gavin en voyant son visage se couvrir de plaques rouges.
- Elle court, elle court, la maladie d'amour !, chantonna Zoé, ne pouvant s'empêcher de rire de la situation.
- Zoé ! Arrête de raconter des bêtises !"
Il tenta ensuite de me retenir par des banalités tandis que Romy faisait un gros, gros câlin à sa Tatie Zoé.
Puis il sembla se résoudre à mon départ et me serra dans ses bras ainsi que Romy. Il semblait véritablement très triste de nous voir partir. Il en était presque attendrissant. Mais j'avais pris ma résolution.
Nous partîmes. Toute la journée fut perdue en vaines recherches. Rien ne semblait convenir et à mon budget et à mes envies. Lorsque le soir vint, Romy commençait à être agitée. Elle était fatiguée des longues marches et avait besoin d'une pause tout comme moi. Nous nous arrêtâmes donc dans un petit parc avec un coin réservé pour les jeunes bambins. Nous jouâmes jusqu'à la nuit tombée.
Après cette "pause", je n'avais plus qu'à me résoudre à passer la nuit dans une chambre d'hôtel. Il était bien trop tard pour aller en quête d'hospitalité. L'idée ne m'enchantait cependant pas, pas plus que ne m'enchantait le fait de me reposer sur de nouvelles personnes. J'errai donc de nouveau, malgré l'heure tardive. Sans que je m'en rende compte, mes pas me menèrent devant la maison de Nicolas. Ce fut justement ce moment-là que choisit Romy pour se mettre à courir dans tous les sens en criant des bêtises, malgré mes injonctions.
"Chut ! Chérie, il y a des personnes qui dorment ! Il est très tard, tu sais !
- Viens ! Viens maman ! Romy veut aller là-bas !"
Je ne pus la calmer qu'en l'emmenant voir la personne jouant de la guitare de l'autre côté de la rue. Enfin, quand je dis jouer de la guitare... Si tant est qu'on pouvait appeler guitare les morceaux de bois assemblés sur lequel on avait posé des cordes que la personne grattait furieusement. Cette femme-là était sans doute encore moins bien lotie que nous. Moi, au moins, je pouvais aller me payer une chambre d'hôtel, sans être obligée de prier pour que les gens aient la bonté de déposer quelques simflouz pour quelques vagues notes de musique...
Je devais être là depuis quelques minutes quand une voix me fit sursauter. Cette voix, je l'aurais reconnue entre mille.
"Chloé ? Et... Romy ? Qu'est-ce que vous faites ici, seules, à cette heure-ci ? Où est M. Rasoya ?"
En une poignée de secondes, il venait de poser toutes les questions pour lesquelles je l'avais tant évité, ces derniers jours...
Ah, elle n'a pas la vie facile Chloé !
Se retrouver "à la rue" alors qu'elle ne veut pas embêter ses amis, ce doit être difficile... Mais elle est tombée sur Nicolas, il ne pourra pas la laisser dehors !
J'espère qu'elle réussira à trouver le bonheur, elle le mérite ! Elle a vécu assez bien de malheurs pour une vie entière...
@Himari74 : quel chapitre tendresse avec cette petite Romy j'ai beaucoup aimé
Mais situation embêtante et bien triste que celle de se retrouver sans toit en pleine nuit avec un enfant
Souhaitons que la chance soit vite au rendez-vous avec Chloé afin de la remettre sur le chemin du bonheur!
Oh, je n'ai pas reçu la notification, donc je rattrape deux chapitres.
Chloé a enfin mis de côté son sentiment de culpabilité à vivre une autre histoire après Gaêl et la peur que sa fille vive la même chose qu'elle, toute petite, avec son père a été le déclic pour son départ définitif , même si il me semble que ce parallèle est erroné à moins que son père n'ait au fond, vécu ce même sentiment de trahison et de non aimé.
Au final, c'est une bonne chose pour elle et son entourage. Bon, c'est rassurant de voir que ces amis et collègues ne la quittent pas des yeux et ce, même si sa fierté lui impose de se débrouiller seule pour la recherche de son logement.
Espérons que le temps passant, les parents de Romy retrouveront chacun un amour sans nuages et confiant et reconstruiront chacun une vie enrichissante et qu'ainsi la petite Romy pourra se construire sans le poids du passé.
«Nos doutes sont des traîtres et ils nous privent de ce que nous pourrions souvent gagner de bon, parce que nous avons peur d’essayer» – William Shakespeare
J'ai tout lu d'une traite ( bon avec mes deux vrais loulous ça m'a pris la journée ^^) et j'ai adoré! ^^ J'ai hâte de savoir la suite.
Je sens que Chloé va peut-être finalement "s'appuyer" sur Nicolas mais il est temps qu'elle se rende compte que ça fait longtemps qu'elle se débrouille seule et qu'accepter de l'aide de ses amis c'est souvent le mieux que l'on puisse faire ^^
@Luluswan Après c'est elle qui décide qu'elle veut se débrouiller toute seule...
Mmm... C'est à voir
Merci pour elle ^^
@Kannelia Merci beaucoup
Je suis contente de voir qu'encore une fois, vous la soutenez tous ^^
@meliaone Encore une fois merci pour ce long commentaire ^^
Effectivement, cette comparaison avec son père n'est pas vraiment judicieuse puisque celui-ci n'aimait ni sa femme ni sa fille et ne songeait qu'à ses propres intérêts quand Raj est vraiment affecté du fait que Chloé ne l'aime pas.
Elle est un peu têtue dans son genre avec cette idée fixe de se débrouiller toute seule ! Heureusement, en effet, que certains veillent sur elle
Oui, on peut l'espérer ^^
@Esirolf Oh ! Merci beaucoup d'avoir pris ce temps-là !
Elle a beaucoup souffert de la perte d'êtres proches et ne veut plus s'appuyer sur personne par peur d'être de nouveau blessée... mais il ne faudrait quand même pas qu'elle se ferme totalement à ses amis, en effet !
Chapitre 18
"B... Bonsoir Nicolas..., répondis-je en tentant d'ignorer les battements de mon cœur et toutes les choses qui se bousculaient dans mon esprit.
- Tout va bien ?, s'inquiéta-t-il alors.
- Oui, on allait justement rentrer, n'est-ce pas Romy ? Papa nous attend à la maison", répondis-je en évitant son regard.
"Elle dit des bêtises maman !
- Romy !
- Pardon ? Puis-je savoir pourquoi tu dis cela, jolie demoiselle ?
- Elle a dit qu'on rentrais pas à la maison !
- Tu dois sûrement te tromper ! Pourquoi feriez-vous une telle chose ?
- Parce que ma maman, elle aime plus mon papa !
- Romy, ça suffit maintenant ! Désolée, elle a beaucoup d'imagination."
Mais je ne pus empêcher ma voix de trembler en prononçant ces mots. Il me regarda un moment, interdit. Je ne levai pas les yeux. Je ne voulais pas voir la déception dans son regard. Je ne savais pas pourquoi mais je sentais qu'il serait déçu. Il allait enfin se rendre compte que je n'étais qu'une idiote et il ne me regarderait jamais plus avec ces yeux...Ces yeux pleins de sa bonté et de quelque chose d'autre... un mélange entre de l'admiration et... Peu importait. Je n'étais sans doute pas celle qu'il s'imaginait que j'étais.
Quand il ouvrit la bouche, je sentis malgré moi mon cœur s'emplir d'espoir...
"Vous n'allez quand même pas passer la nuit sous un pont ? Venez toutes les deux, j'habite à deux pas."
Je n'en croyais pas mes oreilles. Je n'eus même pas le temps de protester que Romy était déjà dans ses bras, un grand sourire aux lèvres.
"Tu viens Chloé ?, lança-t-il par-dessus son épaule. Sinon, je te préviens, j'enlève ta fille !"
J'aurais peut-être mieux dû enseigner à ma fille le comportement à adopter en présence d'étranger car, à la voir, elle se serait jetée dans les bras de son kidnappeur. Peut-être avait-elle juste un don pour savoir quels étaient les bonnes personnes pour elles ? Si c'était le cas, je me demandais de qui elle avait bien pu l'hériter. Ce n'était ni mon cas, ni celui de Raj à ce qu'il semblait... à moins que ce ne soit un don que l'on perdait en vieillissant...
Toujours est-il qu'elle se précipita à l'intérieur dans la maison et se jeta dans les bras d'Amélie.
J'étais restée de l'autre côté de la porte, le cœur battant toujours à une vitesse terrifiante. Je pouvais le sentir juste à côté de moi, nos peaux se touchant presque. Il resta encore un moment silencieux, comme s'il était plongé dans une réflexion. Il était tout près, en effet mais j'avais l'impression qu'il se trouvait en réalité loin, bien loin de là.
Au bout d'un moment, il sembla brusquement tiré de sa rêverie.
"Tu dois avoir froid, Chloé ! Rentrons."
Je n'arrivai pas à déterminer quoi que ce soit d'étrange dans le son de sa voix. À vrai dire, j'avais l'impression qu'il me parlait exactement comme avant, comme la dernière fois que j'étais venue, comme il le faisait toujours au laboratoire, comme il l'avait toujours fait. Il ne me posa pas une seule question. Mais au moment où j'allai m'approcher de nouveau de ma fille dont Amélie s'occupait, il me retint le bras.
"Je...
- Laisse, ça lui fait plaisir !
- Je... Merci... Je ne pourrais jamais vous remercier assez pour m'héberger cette nuit ! Et...
- Tu n'as pas besoin de me fournir la moindre explication, tu sais... Mais si tu veux en parler, je t'écouterai, je te l'ai déjà dit."
La tentation fut grande de ne rien dire, de me laisser simplement porter par le cours des choses. Mais au dernier moment, je songeai qu'il avait le droit de savoir... Après tout ce qu'il avait fait pour moi !
"Je... Je suis partie. Ça... Ça faisait un moment que... Non, à vrai dire, ça n'a jamais été le grand amour entre moi et Raj. On ne se comprenait pas."
"Vous ne vous compreniez pas... je vois...", déclara-t-il alors d'un ton amer.
Ce ton me surprit et me blessa. J'avais sans doute été bête de croire qu'il m'acceptait chez-lui pour une autre raison que de la pitié.
"Désolé, Chloé, ce n'est pas contre toi... C'est juste que... Je suis vraiment un imbécile !
- Nicolas ?"
Il s'était éloigné. Je ne savais même pas s'il m'avait entendue...
Amélie
Ah ces adultes, j'vous jure ! Ils sont impossibles ! Même pas capable de se dire ce qu'ils ont sur le cœur...
"Ce serait tellement bien si on restait toujours aussi mignonne que toi, Romy ! Ne grandit surtout pas ! Quand on vieillit, on devient méfiant, on se persuade qu'on ne peut pas dire ce qu'on veut et on fait des tas de choses qui nous font souffrir pour ne pas blesser les autres ! Oh et puis, évite de nous faire une crise d'adolescence, ça rendrait ta mère très triste. Moi, je suis passée par cette étape et je regretterai jamais assez tout ce que j'ai pu dire à mon père..."
Non, je ne regretterai jamais assez. Mon papa, je l'ai toujours aimé de tout mon cœur. Il a toujours donné tout ce qu'il avait pour m'élever comme il pensait que c'était bien. Et quand je lui ai dit qu'il était un mauvais père, je ne le pensais pas. Et je ne m'imaginai pas à quel point j'avais pu le blesser en lui disant qu'il aurait dû laisser maman m'emmener aux Etats-Unis avec elle... Je ne savais pas qu'il avait inventé de toutes pièces le fait que ma mère avait été désespérée de me laisser derrière elle, pour ne pas me blesser. Maintenant, je me souviens comme si c'était hier. Oh oui, je me souviens. Pardon papa. Tu voulais me protéger. Me protéger de cette mère qui ne savait qu'apporter souffrance autour d'elle. Cette mère qui courait loin de sa fille, qui courait parce qu'elle avait choisi une brillante carrière plutôt qu'une jolie famille. Elle courait malgré ses talons hauts et ses habits de starlette. Mon père lui avait donné tout son amour mais elle en a choisi un autre parce qu'il avait de l'argent et qu'il pouvait lui offrir quelque chose d'encore mieux que ses rêves de scientifique qu'avaient brisés mon père. Il lui offrait la couverture d'un magazine et elle a tout quitté pour ça.
Elle ne s'est même pas retourné alors que je l'appelais. Et moi, j'ai osé dire que j'aurais préféré vivre avec elle qu'avec mon bon papa. Il n'y avait pas de place pour moi dans la vie qu'elle s'était choisie. Il n'y avait de place pour personne et je n'avais jamais songé que mon père ne m'avait pas empêchée de partir mais qu'il m'avait empêchée de courir après ce fantôme qui ne nous connaissait déjà plus, empêchée de courir après elle comme il l'avait fait toutes ces années, découpant des pages dans des magazines qu'il n'avait jamais lu et ne lirait jamais.
Et comme il le faisait sûrement encore, malgré lui, malgré tout. Cherchant dans de nouveaux visages celle qu'il avait tant aimée. J'avais entendu leur discussion à tous les deux. Elle non plus ne savait pas tout le mal qu'elle lui avait fait en prononçant ces mots. "Ça n'a jamais été le grand amour entre nous. On ne s'est jamais compris." À peu de choses près, c'était ce que lui avait dit ma mère, en partant. Au début, je ne pouvais pas la supporter, quand tu ne cessais de parler d'elle et quand j'ai vu, vu à quel point elle ressemblait à ma mère. Et quand je voyais comme tu l'aimais et comme tu souffrais à cause d'elle, je la détestais, au moins autant que ma mère. Mais quand je lui ai parlé, j'ai compris aussi pourquoi tu l'aimais. Parce qu'elle ressemble tellement à maman tout en étant si différente. Maintenant, je sais que tu souffres beaucoup mais je sais aussi qu'elle est la seule qui pourra jamais panser tes blessures. Et s'il faut passer par là pour que toi, le père qui a tant veillé sur moi et qui m'a tout appris, tu sois enfin heureux, alors d'accord. Je crois que tu ne pourras jamais être heureux sans elle. Et quand je vois tes yeux si pleins d'amour posés sur elle, je crois que tu commences, petit-à-petit, à la voir comme une autre femme. Sans doute comme celle que tu as toujours voulu voir chez maman et qui n'étais pourtant qu'une illusion. Je sais que quand tu la vois qui parle avec douceur avec Romy, tu vois ce que tu voyais quand vous vous êtes installés ensemble, maman et toi. Un foyer plein de lumière et de chaleur. Une femme, une mère, capable d'aimer. Et comme tu la regardes ! Même si tu es triste de ses mots, tu ne peux pas t'empêcher de la regarder, avec ton cœur au bord des yeux.
"Alors comme ça, maintenant, mon petit papounet me ramène des femmes à la maison ? Moi qui croyais que tu étais un homme sage et rangé !
Bravo l'exemple pour ta fille de 17 ans !"
Il manqua s'étrangler avec son café.
"Qu'est-ce que tu racontes, enfin, Amélie !
- Je détends l'atmosphère ! Bon, c'est quand que vous vous décidez tous les deux ?
- Nous décider à quoi ?
- Bah, j'sais pas ! Aux bisous, au mariage, aux frangins-frangines, etc !
- Arrête avec ce genre de bêtises ! Je te signale qu'elle est mariée !
- Si peu, si peu !
- Ça suffit, maintenant ! Elle est mariée et elle sera bientôt rentré chez-elle ! Ce n'est que temporaire !
- Tu es sûr que c'est ce que tu veux, papa ?"
Un instant, il y eut une lueur de détresse dans ses yeux et je m'en voulus. Mais il avait besoin qu'on soit ferme avec lui, sinon, il ne sortirait jamais de ses vieux albums couverts de poussière.
"Amélie...Je ne souhaite ça à personne. Personne, tu m'entends. Maintenant, le débat est clos."
Ô papa, je sais que c'est dur mais je voudrais tellement que tu sois heureux ! Et il n'y a qu'elle qui puisse te faire sourire sans cette expression de tristesse profonde peinte sur ton visage...
Et puis j'avoue que moi non plus, ça ne me déplaît pas... Toute cette animation autour de la table ! On dirait une vraie famille... La famille que j'ai toujours rêvé d'avoir et sans doute mon père aussi.
Je profitai toutefois du premier prétexte pour m'éclipser et les laisser tous deux en tête à tête. Romy commençait à fatiguer, de toutes façons. Elle était adorable, elle-aussi. Une petite sœur ne serait pas de trop pour combler le vide de cette grande maison. À l'époque où il l'avait achetée, papa devait encore espérer le retour de maman et voir enfin son rêve de grande famille se réaliser. Mais nous n'étions que deux et, souvent, je la trouvais grande, trop grande...
Chloé
Après le départ de nos deux filles, Nicolas continua un moment de parler avec un enthousiasme qui paraissait presque forcé après ce qu'il m'avait dit.
Mais je ne me sentais pas le cœur à rire, ce soir-là. Et ce repas, à quatre, autour d'une table, mangeant avec bonne humeur, n'avait fait que m'aider à m'affermir dans ma décision. Je ne voulais ps rentrer dans cet appartement, où Raj devait nous attendre. Je préférais encore la solitude à une rancœur grandissante pour tout ce qu'il n'était pas, ce qu'il ne faisait pas, cette famille que nous n'étions pas. Manger ici m'avait rappelé tout ce dont j'avais rêvé, encore adolescente. La famille pleine de rire dont on parlait, avec Gaël. Maintenant que son image me semblait de plus en plus éloignée, j'aurais au moins voulu construire une vie sans regretter ce rêve.
"Nicolas..je...
- Chloé..."
Nous avions parlé simultanément.
"Pardon... vas-y... Depuis tout-à-l'heure, il n'y a que moi qui parle.
- Non, je t'en prie, commence."
Il s'exécuta.
"Tu devrais rentrer chez-toi.
- Pardon ?"
Je m'attendais à tout mais pas à ça.
"Je ne dis pas que je t'empêche de rester autant de temps que tu le souhaites ! Je te l'ai dit, ma porte te reste ouverte. Mais ce n'est pas ici qu'est ta place. Je suis sûr que Raj t'aime. C'est quelqu'un de bien, il ne mérite pas que tu l'abandonnes comme ça. Pense à ta fille, pense à lui, à ce qu'ils vont ressentir tous les deux et je t'en prie, rentre chez-toi. Il y a des hauts et des bas dans toutes les relations mais il faut savoir les surmonter et repartir de l'avant. Je dis tout ça pour toi : je ne veux pas que tu aies de regrets plus tard. Et puis, pense à Raj, pense à ce qu'il doit ressentir en ce moment..."
J'étais tout à la fois surprise, déçue et profondément blessée. Quelle imbécile ! Pendant un instant, je m'étais imaginée que je pourrais rester ici pour un temps, je m'imaginais presque vivant ici... Et puis, je m'imaginais presque que Nicolas m'aimait. J'avais tout faux. Il était gentil voilà tout mais je n'en restai pas moins un gêne pour lui. Je n'avais pas ma place ici. Comment pouvait-il penser que je serais plus heureuse avec Raj ? Qu'est-ce qu'il en savait ? Qu'est-ce qu'il savait de ma vie là-bas ? De quel droit jugeait-il mon acte comme un coup de tête ?
"Ne t'en fais pas, je serais partie demain. Je ne demande que deux choses : un hébergement pour la nuit et quelqu'un pour garder Romy demain matin.
- La chambre de Amélie est pour toi : c'est au fond sur la gauche. Écoute, je ne te jette pas dehors et il y aura toujours une place pour toi et Romy ici, seulement...
- Parfait. Bonne nuit."
Je m'étais levée, peut-être un peu plus brusquement que je ne l'aurais voulu.
"Chloé ! Attends ! "
Non, je ne veux pas savoir, je ne veux pas entendre. Pas d'excuses. Elles sonneraient faux mais je me sentirais quand même coupable.
J'entendis encore un dernier : "Chloé !" puis il dut renoncer... ou croire que je m'étais endormie.
Nicolas
Je ne dormis pratiquement pas de la nuit. Bon Dieu, qu'est-ce que j'avais fait ? Je l'aimais tellement, maintenant, je ne pouvais plus me leurrer... Mais si elle agissait comme Céline, serais-je encore capable de voir en elle quelqu'un d'autre ? Mon Dieu, aidez-moi à ne pas commettre deux fois la même erreur !
Chloé
Au matin, je partis. J'avais cru que Nicolas dormirait encore. Je me trompais. Je l'évitai soigneusement mais il ne put qu'entendre la porte claquer. Et même depuis l'extérieur, je pus l'entendre crier.
"Chloé ! Et m**** !"
J'aurais sans doute dû le remercier. C'était grâce à lui que j'avais pris ma résolution. Et tout ce qu'il avait pu dire n'avait pu que raffermir ma détermination. Sur ce coup-là, personne ne me dicterait ma conduite.
Même si je devais avouer qu'en le voyant, l'air si joyeux, j'eus toutefois un léger pincement au cœur.
"Chloé ! J'ai l'impression que ça fait une éternité ! J'ai déjà réservé en t'attendant."
Je pris une grande inspiration.
"Merci Raj."
"Tu es toujours végétarienne n'est-ce pas ? Il paraît qu'ils font un excellent frittata aux épinards végétarien, justement ! Tu en prendras bien un peu ?
- Oui."
Tiens. Il s'en souvenait maintenant que je ne mangeais pas de viande. C'était nouveau, ça. Combien de temps avait-il préparé cette discussion à l'avance ? Oh mais quel imbécile il était ! Est-ce qu'il savait ce que ça faisait de vivre avec Raj ? Raj qui ne pensait qu'à sa mère, aux matchs de foot et aux bons petits plats mitonnés par ses soins ? Qu'est-ce qu'il en savait de tout ça ?
Et voilà... Je recommençai à penser à lui. C'était sans doute ça le problème avec Raj. Pas un instant passé avec lui sans que je ne sois ailleurs, que je pense à quelque chose d'autre... à quelqu'un d'autre. Avant, avec Raj, je pensais à Gaël. Maintenant, je pensais à Nicolas. Et pourtant, c'était Raj que j'avais épousé et Raj qui était le père de ma fille. Ma vie n'était qu'une suite de contradiction.
La serveuse était passée prendre notre commande sans même que j'y fasse attention.
"...oé. Chloé ?
- Oui ? Pardon... Je n'écoutais pas.
- Je te demandais quand tu comptais revenir à la maison, avec Romy ?
- Eh bien... je ne sais pas encore..."
Vas-y Chloé, c'est le moment... Dis-lui. Bon sang, une fois dans ta vie, dis-lui ce que tu penses !
"Pardon ?"
Il s'était levé brusquement, fureur et agacement pointant dans sa voix.
"Je te dis que je ne sais pas.
- Tu te moques de moi, j'espère ? Pourquoi es-tu venue au juste, dans ce cas ?!
- Qu'est-ce que tu espérais ? Que je me jetterais dans tes bras en criant "tu m'as tellement manqué" ? Si c'est ce que tu attends, tu peux repartir tout de suite !, rétorquai-je en haussant le ton.
- Si tu es venue pour m'insulter, effectivement, ça ne servais à rien de venir !
- C'est sûr que vous, mônsieur Raj Rasoya, vous êtes un parfait petit ange qui avait assez de bonté pour ne pas me demander de supplier à deux genoux votre clémence !
- Qu'est-ce que je t'ai fait, encore ?"
Étrangement, cette phrase coupa court à la bouffée de colère que je sentais monter en moi.
"Oh rien, Raj. Tu n'as rien fait. C'est ce que je t'ai toujours reproché. Tu n'as rien fait."
"Est-ce que je suis censé tout deviner ? Je suis un homme comme les autres, Chloé ! Comment est-ce que je pourrais savoir ce que tu attends de moi puisque tu ne me le dis jamais ! J'en ai assez de cette histoire ! Je t'aime Chloé mais ça ne semble jamais te suffire ! Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que tu reviennes ? Dis-le moi, Chloé ! Dis-le moi !"
Je me levai à mon tour. Je pris enfin mon inspiration, prête cette fois à dire ce que j'avais en tête en le rejoignant ici.
"Rien Raj. Il n'y a rien à faire. Tu es toi. Je suis moi. Nous n'étions pas fait pour aller ensemble, je crois. C'est fini maintenant. Tout est fini. Je ne reviendrai plus jamais à la maison. Notre mariage, c'est fini."
Il resta interdit.
"Raj ?"
Soudain, il explosa.
"Et c'est pour ça que tu m'as fait venir ? Tu n'as pas le droit, Chloé ! J'ai fait tout ce que j'ai pu ! Je n'ai pas dormi de la nuit. Je me demandais, j'espérais... Tu n'as pas le droit ! Tu n'as pas le droit !"
Il me fusilla du regard. Je ne répondis pas. Il n'y avait rien à répondre.
Mais quand je le vis partir, les épaules voûtées, je ne pus m'empêcher de ressentir un deuxième pincement au cœur. J'avais tourné une page de ma vie et ce n'était jamais chose facile.
Je ne rentrai pas tout de suite. Je vagabondai d'abord un moment en ville avant de pousser la porte d'un coiffeur. Je ne m'étais plus coupé les cheveux depuis que j'étais arrivée à San Myshuno. Il était temps pour la bonne vieille coupe de ma jeunesse de réapparaître sur mon front. Pour un nouveau départ...
Une fois arrivée devant la porte de la maison de Nicolas, ma peine fut encore plus grande. Je n'avais vraiment pas envie d'entendre tout ce qu'il pourrait me dire après avoir fait tout ce qu'il m'avait demandé de ne pas faire.
Réponses
@Himari74 : l'horizon semble enfin s'éclaircir pour la très belle Chloé, et il en était temps
Pas toujours évident d'ouvrir les yeux sur les réalités de la vie...
mais quand on le fait enfin, la liberté et la délivrance deviennent une évidence
Qu'elle saisisse donc sa chance pour partir vers des lendemains plus roses et plus heureux
Comme elle est jolie ton histoire: Bravo! j' ♥
Not so Berry Challenge - Une aventure haute en couleurs (terminé) *** Défi crise financière - Quand Lulu s'y met (terminé)
Challenge Génération - G5 - La lignée Berry perdure (en cours) *** Lulu fait des challenges
Et bien Chloé attend encore un peu que Romy soit bambin pour partir ...mais bon, elle y voit un peu plus clair sur sa situation avec Raj mais il serait temps qu'elle se décide avec Nicolas , elle ne semble bien avec lui mais pas encore amoureuse...
studio : ici
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«Nos doutes sont des traîtres et ils nous privent de ce que nous pourrions souvent gagner de bon, parce que nous avons peur d’essayer» – William Shakespeare
Contente que Nicolas te plaise
@Kannelia Merci beaucoup !
@Luluswan Merci beaucoup !
Ah ces deux-là... Il leur en faut un temps pour s'en rendre compte
@meliaone Le problème est justement là : le fait que Raj ne cherche pas à se rapprocher de sa fille le dévalorise énormément auprès de Chloé mais en même temps, c'est lié avec le fait qu'il sent que cette dernière est déjà sur le point de rompre...
Au moins, elle a pris une décision même si elle en rejette encore l'échéance...
@Isaw Merci pour elle
Chapitre 16
Cette ambiance me pesait de plus en plus depuis que j'avais pris ma résolution. Raj, encore en pyjama devant la télévision, l'urne de sa mère posée au centre de la table, tout ça ne me rappelait que trop tout ce qu'était ma vie depuis que je m'étais mariée avec lui. Depuis combien de temps y avait-il cet abîme entre nous ? N'était-ce pas là dès le début ? Et sa mère, encore au centre de sa vie même après sa mort. Comment avais-je pu supporter tout ça, tout ce temps alors qu'à présent mes poumons n'aspiraient qu'à respirer de nouveau l'air du dehors, quelques minutes seulement après être entrée ? M'étais-je jamais sentie chez-moi ici ? "Se sentir chez-soi"... Au fond de moi, je n'avais jamais quitté cette maison où j'avais tant pleuré. J'avais beau y avoir souffert la mort de tant d'êtres proches, c'était là-bas que je m'étais sentie le plus chez-moi de toute ma vie.
Heureusement, il y avait ici un soleil qui, l'espace d'un moment, pouvait replacer sur mes lèvres un sourire sincère. M'occuper d'elle seule me vidait de toute mon énergie et j'étais constamment épuisée de devoir répondre au moindre de ses désirs sans relâche, et, pourtant, je ne me sentais jamais aussi épanouie que quand je voyais un sourire s'étaler sur son adorable bouille, unique récompense de tous mes efforts mais ô combien réconfortante. Ce sourire, c'était quelque chose de merveilleux qui colorait de nouveau ma vie d'un doux rose.
Après avoir nourri mon petit ange, j'allais prendre une douche, espérant me délasser après ma dure journée de travail.
Mais quand j'en ressortis, alertée par les cris de Romy, la vision que j'eus me consterna plus qu'autre chose.
"Shhht ! Fais moins de bruit ! Tu vas réveiller tout l'étage ! Bon sang ! Où est ta mère ? Elle est toujours à te couver comme une enfant gâtée et quand on a besoin d'elle, où est-elle, hein ?"
"Pousse-toi, Raj."
Je brûlai de rage et il dut le sentir car il s'écarta vivement en disant :
"Il faut que je retourne travailler."
Travailler mon œil. S'affaler devant la télé plutôt. Mais ce mot ne fit que raviver plus vivement mon souvenir, comme une plaie se serait brusquement ré-ouverte.
"Papa ! Papa !
- Tu ne vois pas que je travaille ? Où est ta mère ? Toujours à choyer sa môme pourrie gâtée et incapable de la tenir tranquille ! On dirait ta mère la première fois que je l'ai rencontrée, tiens ! Une petite traînée avec sa bande de supers-amis qui, soit-disant, ne la laisseraient jamais tomber.
Puis elle est revenue en rampant pour me supplier de l'épouser. Maintenant, elle a tout ce qu'elle veut et il faut encore qu'elle me fasse des caprices à ton sujet comme quoi elle sait mieux éduquer les gosses que moi ! Je lui souhaite bien du plaisir quand tu claqueras la porte au nez de tout le monde comme toute pourrie-gâtée qui se respecte !"
Papa... Pourquoi n'as-tu jamais compris ? Tu n'as jamais cherché à comprendre maman. Sans doute regrettait-elle d'avoir commis des erreurs dans sa jeunesse...
Mais elle n'a jamais regretté d'avoir vécu son adolescence comme elle l'a vécu. Librement.
Raj te ressemble un peu par moment, papa. Peut-être est-ce au fond la même raison qui m'a poussé à l'épouser que celle qui me poussait à rester debout derrière ton dos, des heures durant, en priant pour que tu te retournes et me voie enfin ? Et quand tu le faisais enfin, j'avais beau savoir que tu te mettrais à hurler de me voir là, je criais pleine de joie. Je voulais croire en toi comme je voulais croire en Raj. La seule différence, à l'heure actuelle, c'est que je pense encore que Raj est quelqu'un de bon et qu'il saura trouver quelqu'un qui le comprendra mieux que moi. Toi, papa, je ne sais plus que penser. Est-ce que tu aimais maman, malgré tous tes propos et as-tu agi par jalousie ? Où était-ce seulement pour préserver ton honneur ? Non, je ne comprends pas. Je suis restée cette petite fille qui regardait ton dos sans comprendre pourquoi tu ne te retournais jamais avec un sourire pour moi.
Des pleurs me tirèrent de cette rêverie, proche du sommeil. Je fus tout étonné de trouver une petite fille adorable dans sa robe rose à mon chevet.
"Romy ?
- Mamma !"
Ma fille est sans doute la créature la plus magnifique qui soit mais il n'en était pas moins minuit passé. Aussi, je la mis au lit presque aussitôt.
Chose que je devais regretter quelques minutes plus tard quand elle fut réveillée par un cauchemar.
Je la recouchai et elle se rendormit assez rapidement. Ce qui ne fut pas mon cas. Trop de choses m'obsédaient en ce moment. Maintenant qu'elle avait grandi, je n'avais plus de raison de rejeter l'échéance de mon départ. Je voulais partir, là n'était pas le problème. Mais j'avais peur que Romy ne le comprenne pas. Et puis où aller ? Qu'est-ce qui serait le mieux pour Romy ?
J'étais toujours épuisée mais, incapable de trouver le sommeil, je décidai de me préparer un petit déjeuner que je pris, seule, devant la télévision.
Ce faisant, je me sentis coupable d'avoir toujours reproché à Raj de passer sa vie devant la télé, ce qui ne m'aidait pas dans mon dilemme. Il devait se sentir seul. J'étais cruelle de l'avoir laissé croire que je pourrais l'aimer. J'étais égoïste de n'avoir jamais pensé à ce qu'il pouvait ressentir lui. J'avais gâché ces années de sa vie qu'il avait passées à essayer de me retenir quand il aurait pu vivre tant d'autres choses.
L'heure vint d'aller au laboratoire. En partant, j'avais le cœur lourd.
Mais dès que je le vis, ce poids s'allégea un peu dans ma poitrine. Pourquoi ? Pourquoi ne me sentais-je bien que quand il était là ?
"Bonjour Chloé !
- Bonjour Nicolas !"
Pourquoi mon cœur se mit-il à battre si fort quand il s'approcha ?
Pourquoi ? Pourquoi ? Depuis le début, j'avais la réponse sur le bout des lèvres. Mais quelque chose semblai m'empêcher d'y accéder. Quelque chose qui était enfoui au fond de moi depuis trop longtemps. Quelque chose dont j'avais toujours refusé de me séparer. Ce "quelque chose" qui était au cœur de tous mes problèmes. Qu'était-ce ? Oui. Maintenant, je sais. Le problème, ce n'est pas Raj. Depuis le début, ce que je pensais c'est que j'aurais été plus heureuse avec Nicolas. Raj ou Nicolas, ça n'aurait rien changé. Le problème, c'est moi. C'est au fond de moi. Ce dont je n'arrive pas à me séparer, c'est...
...mon amour pour lui. Il m'est trop précieux. Gaël est celui qui m'a sauvée. Je croyais que je voulais juste refaire ma vie, retomber amoureuse, fonder une famille. Mais ce que je voulais, c'était juste lui. L'avoir de nouveau près de moi et fonder avec lui cette famille dont on avait rêvé. Je n'en voulais pas d'autre.
J'étais amoureuse de ce souvenir de nous deux. J'étais amoureuse de l'idée de le garder dans mon cœur. Je ne dis pas que je ne l'ai jamais aimé. Au contraire. Cette flamme a tant brûlé mon cœur que, quand il est parti, j'ai voulu tomber amoureuse de cette flamme. Je me disais que je pourrais le garder toujours auprès de moi si je le gardais, magnifié, dans mes rêves. Tomber de nouveau amoureuse, ç'aurait été comme une deuxième mort pour lui.
"Je resterai toujours près de toi"
Menteur ! Tu m'as laissée toute seule, toi-aussi. Et moi, j'ai cru que tu tiendrais ta promesse. À chaque coin de rue, c'était toi que je cherchais. Tu te souviens quand tu disais que notre fille aurait mes yeux ? Romy les a. Je l'aime autant que si ça avait été notre fille, tu sais. Mais toi, tu n'es pas là. Petit-à-petit, tu t'en vas, sans que je ne m'en rende compte. Depuis combien de temps, n'ai-je pas rêvé de toi ? Le temps passe. Il me change, malgré moi. Et bientôt, tu ne seras plus qu'un souvenir. Et ce jour-là...
... ce jour-là, je pourrais enfin me souvenir sans pleurer. Ce jour-là, je pourrais me dire que je suis heureuse de t'avoir rencontré et que je suis heureuse de celle que je suis devenue. Et ce jour-là, s'il veut bien encore d'une fille comme moi, je sais déjà qui sera à mes côtés...
"Quelque chose ne va pas, Chloé ?
- Non... C'est juste...Je crois que je viens de prendre conscience de quelque chose de très important... Un jour... Un jour, je te raconterais tout. Mais pas aujourd'hui, si tu veux bien."
Oui, un jour. Je sens que ce jour approche. Un jour, je pourrais dire que je t'aime sans regrets.
"Attends ! Il faut que je te montre un truc ! Ma petite Romy a sacrément grandi depuis la dernière fois que tu l'as vue !"
Mon changement de sujet ne passa sans doute pas inaperçu mais il ne dit rien.
... à part que ma fille était un ange et qu'elle avait mes yeux, sans aucun doute. Ensuite, je dus le quitter pour continuer ma routine habituelle. Cette fois, j'essayai de créer un nouveau remède contre la grippe en prévision de l'hiver qui approchait.
Malheureusement pour nous, je crois que la grippe a encore de beaux jours devant elle. Du moins, tant que je suis responsable de la fabrication de ce remède.
Mais c'est pas mon genre de perdre espoir, alors je persévère...
Avec l'aide de MARLI
Et de mes collègues.
Et voilà le travail !
Mais en arrivant, j'eus le malheur de me précipiter vers la chambre de ma fille que Raj était "censé" surveiller pour cette journée, espérant que la fillette lui ferait moins peur que le bébé. La vision que j'eus acheva de me briser le cœur.
Il était une fois une petite fille qui regardait le dos de son père avec l'espoir qu'il se retourne enfin, qu'il la voie, qu'il lui sourie. C'est l'histoire d'une petite fille qui aurait tellement voulu que son papa soit comme les autres papa, qu'il joue avec elle, qu'il la prenne dans ses bras, qu'il lui lise des histoires. C'est l'histoire d'une petite fille qui n'a jamais compris pourquoi son papa lui tournait tout le temps le dos.
Dès qu'il me vit, dans l'embrasure de la porte, Raj souleva Romy dans ses bras comme s'il avait senti tout le reproche dans mon regard. Mais c'était presque pire vu le regard un peu craintif qu'elle posait sur lui.
Tout en tentant de rester sereine, je lançai :
"Vous vous êtes bien amusés, tous les deux ?, d'un ton qui me paraissait horriblement faux.
- Bien sûr ! N'est-ce pas, Romy ?"
Elle ne répondit rien.
"Tant mieux. Romy et moi on va passer la fin de semaine chez une amie. Elle tient tellement à rencontrer la petite !
- Ah. Vous rentrez lundi ?
- Je ne sais pas, Raj. Je ne sais pas."
Il ne dit rien, ne bougea même pas quand je lui ôtai sa fille des bras. Je partis ainsi, Romy dans les bras.
"Mamma ? Va où ?
- On va passer des vacances chez une dame très gentille qui s'appelle Zoé. Il va y avoir beaucoup de gens que tu connais pas mais il ne faudra pas avoir peur, d'accord ? Maman est avec toi.
- Qui c'est les gens ?
- Eh bien, il y a Tatie Zoé qui est une amie à maman et les amis de Tatie Zoé : Gavin, Mitchell et Jay, si je me souviens bien.
- Tatie Zoé, Gavin, Mitechelle et Jey ?
- Oui, c'est ça mon trésor.
- Papa vient pas ?
- Non. Papa ne vient pas. Tu es triste ?
- Mamma là, moi pas triste."
"Tiens ! Salut ma Chloé ! Je te manquais tant que ça ?
- Désolée de te déranger, vraiment ! Ça te dérangerait de nous héberger pour quelques jours ?
- Bien sûr que non ! Tu es la bienvenue et ton petit trésor aussi ! Par contre, je te préviens, mes colocs' sont du genre bruyants : entre Mitchell qui rentre du boulot à des heures pas possibles, Jay qui roule des mécaniques à tous les coins de couloirs, moi et mon chouchou, c'est plutôt toi qui nous supplieras de te laisser rentrer chez-toi !"
"Pas si sûre... Je peux savoir qui est le chouchou de ma meilleure amie au fait ?
- C'est vrai qu'on en a jamais parlé... Gav' s'est enfin lancé, y'a deux jours et... je crois bien que je suis amoureuse !
- Félicitations !
- Désolée... Je sais que ça se passe pas super bien chez-toi, c'est pour ça que j'évitai d'en parler devant toi...
- C'est bon ! T'en fais pas pour ça ! T'as bien le droit d'être heureuse, quand même !
- Oui... En tous cas, soit la bienvenue ! Tu peux rester autant de temps que tu veux. Je vais juste aller te chercher un lit pour la petite. Il doit y en avoir un qui traîne dans mes vieilles affaires. Je serais bien incapable de me séparer d'un truc comme ça, j'suis trop sentimentale. Mais ça me fera plaisir qu'il serve pour Romy, c'est ça ?
- Oui ! Tu dis bonjour à Tatie Zoé, Romy ?
- B'jour Tatie Zoé !
- Elle est adorable !"
Zoé retrouva bien son lit, en très bon état et je pus coucher aussitôt ma petite.
De son côté, Zoé filait effectivement le parfait amour avec son écrivaillon.
C'était une nouvelle tranche de vie qui commençait, jusqu'à ce que je trouve à mon tour ma place dans cette ville.
@Himari74 : quelle belle et poignante histoire. Et tu la racontes avec tant de sensibilité
Il est temps que Chloé s'ouvre enfin au bonheur... Romy, elle, est adorable!
J'aime beaucoup, beaucoup tes screens "souvenirs": Bravo!
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J'ai adoré le parallèle entre Chloé bambine et Romy, qui cherchent désespérément la présence de leurs pères respectifs mais... sans succès. C'est très bien écrit, même si c'est horriblement triste...
Not so Berry Challenge - Une aventure haute en couleurs (terminé) *** Défi crise financière - Quand Lulu s'y met (terminé)
Challenge Génération - G5 - La lignée Berry perdure (en cours) *** Lulu fait des challenges
J'adore cette petite Romy ! J'espère qu'elle restera aussi mignonne en grandissant
@sirhc59 Elle a déjà pris une première décision d'éloignement mais cet éloignement n'est qu'une option temporaire. Il faudra qu'elle tranche enfin pour leur bonheur à toutes les deux, en effet !
@Luluswan Merci beaucoup !
Elles n'ont pas de chance toutes les deux avec leurs pères respectifs...
Chapitre 17
La nuit de Romy fut un peu agitée, sans doute à cause du déménagement. Je me relevai pourtant à chaque fois avec constance et patience pour lui raconter une nouvelle histoire en espérant qu'elle apaiserait un peu ses peurs. Je me sentais plus sereine, ici. Je savais qu'on ne pourrait pas s'y installer définitivement, trois colocataires suffisant sans doute déjà amplement à Zoé mais le simple fait d'être partie loin de Raj et de cet appartement hanté par le fantôme persistant de sa mère me faisait me sentir mieux. Je songeai que je ne pourrais sans doute jamais retourner là-bas, encore moins après un séjour dans une maison accueillante. Il faudrait en finir avec cette histoire dès que j'aurais trouvé un nouveau foyer.
Le lendemain matin, elle n’apprécia pas le fait que je lui explique que maman allait devoir aller travailler et qu’elle devait être très très sage en mon absence. Elle n’avait jamais aimé que je la laisse pour quelle raison que ce soit mais rester avec des inconnus devait l’enchanter encore moins qu’avec son père, même si sa relation avec lui était loin d’être joyeuse et fusionnelle. Elle fit donc une petite scène pendant que j’étais encore sous la douche.
Scène qui nous permit à toutes les deux de constater qu’elle était en de bonnes mains.
"Tu t'appelles Romy, c'est ça ?
- 'Sais pas.
- C'est pas très gentil ce que tu fais. Il y a des gens qui ont mis du temps pour écrire ces livres, d'autres pour mettre une jolie couverture et d'autres auraient aimé passer du temps à les lire. Ça fait beaucoup de personnes que tu as rendu malheureuses juste pour un petit caprice, tu ne crois pas ?
- 'Veux pas que ma maman elle parte ! 'Veux pas rester avec les monsieurs et Tatie Zoé !
- Je comprends tout-à-fait mais puisque tu sais très joliment parler, tu peux juste le dire. Si tu déchires les choses, ça ne va pas faire que ta maman va rester. Par contre, on peut en parler gentiment si tu veux.
- Je veux ma maman.
- Tu es une petit têtue, on dirait ! Mais on voit que tu aimes ta maman... Tu ne veux pas que ta maman soit triste, pas vrai ?
- Non !
- Pourtant, si tu n'es pas sage, elle sera sans doute très triste ! Alors que si tu restes bien sagement avec nous, ta mère sera sûrement très heureuse et fière de toi ! Et puis ta maman, elle ne va pas partir pour toujours ! Tu verras, on va beaucoup s'amuser et elle sera de retour très très vite !
- Tu crois, le monsieur ?
- J'en suis certain.
- Pardon... Romy va être sage, maintenant, promis.
- Très bien. Dans ce cas, et si on recommençait sur de meilleures bases, qu'en dis-tu ?
- Voui !
- Bonjour, petite demoiselle ! Je m'appelle Gavin Richards mais tu peux bien sûr m'appeler Gavin. Et toi, comment t'appelles-tu ?
- Je m'appelle Romy !
- Enchanté Romy, je suis ravi de faire ta connaissance."
Elle éclata de rire au moment où je sortais de la salle de bain, fin prête pour le travail.
Je pus ainsi partir tranquille. Au travail, je ne pouvais m'empêcher d'essayer d'éviter Nicolas. Qu'est-ce que j'aurais pu lui dire s'il m'avait posé des questions sur Raj, Romy, ou quoi que ce soit concernant ma vie privée. MARLI fut donc ma principale compagnie. Malheureusement, elle semblait défaillante.
"Bzzt... Bonjour... Bzzzt... Made... Bzzzt...moiselle Chloé.
- Eh bien ! Ça va pas fort aujourd'hui !
- Bzzzt...Je dois av... Bzzt...oir quelques... Bzzt... circuits grillés... Bzzzt... Si tu pou... Bzzt...vais y je... Bzzt...ter un coup... Bzzzzt... d'œ...
- MARLI ?
- Bzzzzzzzzzzzzzztttttttttttttt."
Et en effet, il y avait de sérieux dégâts à réparer. Je réussis pourtant à la réparer tant bien que mal.
MARLI était comme neuve après mon travail.
"Wow ! Merci beaucoup Chloé !
- De rien ! Je n'allais pas laisser mon amie pour morte !
- Arrête, tu vas ma faire rougir...
- Toi, rougir ? Ma petite MARLI au cœur de métal ?
- C'était une expression ! Mais je suis très sensible, tu sais ! À ce sujet, où est ton cher Nicolas ?
- P... Pourquoi parler de lui, maintenant ?, répondis-je, déstabilisée.
- J'ai eu l'impression qu'il voulait te parler tout-à-l'heure... Et il avait le sentiment que tu cherchais à l'éviter.
- Moi ? Absolument pas !
- Mmm... Je commence à mieux comprendre le fonctionnement des humains et je ne te crois pas, Chloé.
- Libre à toi.gran
- Ne te fâche pas. Je ne dis que ma pensée.
- Oui, je sais. Désolée."
Nicolas... avait parlé de moi à MARLI ? Ça me faisait chaud au cœur mais je ne pouvais pas le voir maintenant. J'étais quelqu'un d'assez fier au fond. Peut-être mon sang de noble qui remontait à la surface. Mais tant que je n'aurais pas tiré cette affaire au clair, dans mon esprit comme face à Raj, je ne pourrais m'empêcher de me sentir atteinte dans mon orgueil chaque fois que je devrais m'appuyer sur quelqu'un. Et en apprenant mon histoire, Nicolas ne pourrait s'en doute pas s'empêcher de tenter de me venir en aide, c'était dans sa nature. Dans cette histoire, c'était à moi de me débrouiller, seule. Je m'étais trop appuyée sur les gens jusque là, je continuai d'ailleurs avec Zoé. Mais je finirai par regagner mon autonomie dès que j'aurais trouvé un nouvel appartement qui pourrait nous abriter, moi et Romy.
Elle courut au-dehors dès qu'elle m'aperçut, mon adorable petite fille.
"Maman !"
"Hey ma petite Romy ! Tu t'es bien amusée aujourd'hui ?
- J'adooore Tatie Zoé, Tonton Gavin, Tonton Jay et Tonton Mitchell !, récita-t-elle, un sourire jusqu'aux oreilles.
- Tant mieux alors !
- Mais maman m'a manqué !
- Oooh ! Tu es un ange, ma chérie !
- Maman elle a fait quoi à son travail ?
- Moi ? Mais j'ai fait tout un tas de choses ! Tu sais qu'à mon travail, on a une grande machine qui pense et qui parle comme une personne ! Elle s'appelle MARLI mais aujourd'hui, elle était un peu malade, donc je me suis occupée d'elle.
- Maman, Romy veut venir la prochaine fois !"
"Ouh là ! Je pense que ça ne va pas être possible. Et puis tu sais, si Maman travaille, elle ne pourra pas s'occuper de toi, alors tu vas t'ennuyer. Tu t'es ennuyée pendant que je n'étais pas là ?
- Non, non !
- Eh bien voilà ! Restes ici puisque tu t'y plais !
- Dis, on reste pour toujours ici, hein maman ?
- Écoute... On ne vas pas embêter Tatie Zoé... Bientôt, elle aura sa propre famille et nous, on sera de trop, tu ne penses pas ?
- On va rentrer à la maison, alors ?
- On va se trouver une nouvelle maison, rien que toutes les deux !
- Et papa ?
- Papa... Si tu veux, tu pourras aller le voir, de temps en temps...
- Toute seule ?
- ... Oui...
- Non ! Romy reste avec maman !"
J'étais rassurée de ses paroles, même si ce n'était sans doute que celles d'une petite fille qui ignorait ce qu'impliquait vraiment cette décision. Quant à sa proposition de rester ici, même si elle pouvait paraître tentante, était désormais impossible. Zoé attendait un enfant à son tour et, même si elle adorait Romy, son propre enfant lui prendrait bientôt tout son temps et son énergie, sans qu'elle ait en plus besoin d'une petite fille qui la poursuivait dans tous les couloirs.
Romy n'était pas la seule à ne pas être enchantée par mon départ...
"Zoé m'a raconté que vous envisagiez de partir dès ce week-end ! Ce n'est pas un peu tôt pour Romy ?
- Je préfère qu'on parte au plus tôt pour que Zoé puisse avoir son enfant sereinement... Je sais que ça fait beaucoup de déménagement à la suite pour Romy mais c'est mieux que l'on soit installées toutes les deux au plus vite.
- Oui, sans doute... Mais ça va faire bizarre de vous voir partir... Toutes les deux, bien sûr !"
Il me regardait d'un œil insistant et je commençai à me sentir mal-à-l'aise quand Gavin entra, au grand dépit de Jay, sembla-t-il.
Romy s'entendait de mieux en mieux avec "Tatie Zoé". Elle ne rechignait presque plus à me laisser partir mais je commençai à craindre le moment où il faudrait séparer ces deux-là...
Enfin... Il nous restait encore une journée entière à vivre dans cette petite communauté.
Ce matin-là, je ne pus éviter Nicolas au travail. J'étais à la recherche de quelqu'un qui pourrait me procurer un peu d'ADN pour mes expériences mais, comme à leur habitude, les collègues y rechignaient. Je me baladai donc, mon coton-tige à la main quand il m'accosta.
"Chloé ! Si tu m'évites encore, je vais finir par me fâcher !
- Je... Je ne t'évitai pas du tout !
- Bien évidemment ! Tu as perdu un temps précieux à cause de ça ! Prends mon ADN, maintenant...
- Qu... Quoi ?
- Allez ! Tu crois que je ne te vois pas à courir au-milieu de tout le monde, sauf de moi, bien sûr, en essuyant refus sur refus ? Tu vas finir par perdre ta journée avec cette histoire !
- Mais t...tu veux bien ?
- Puisque je te le dis !"
S'en suivit un moment extrêmement gênant...
Pas étonnant que personne n'accepte !
"Bon... eh bien... Merci pour tout...
- Chloé ! Attends un peu !"
Je l'avais fui. À présent, j'en avais honte... Devant mon expérience, je ne pouvais m'empêcher de guetter le moment où il viendrait chercher des explications. Il ne vint pas. Quelle idiote je faisais !
De retour à la maison, je retrouvai Zoé en train d'apprendre de nouveaux mots à Romy.
Comme chaque fois que je rentrai, quelle que soit son affection pour Zoé, ma petite fille courut vers moi. Je la soulevai dans mes bras en tentant de chasser la déception que j'avais eue dans la journée.
"Coucou, princesse ! Tout va comme tu veux ?"
"Maman ! C'est vrai qu'on s'en va demain ? Moi, je veux pas partir !
- Tu sais chérie, je crois que moi non plus...
- Alors pourquoi on s'en va ?
- Romy, on va se trouver la meilleure maison possible et tu ne regretteras pas d'être partie, tu verras ! Mais on ne peut pas rester chez de gens, comme ça...
- Bien sûr que si on peut !"
"Zoé... On en a déjà parlé...
- Ok, ok, c'est bon... Mais vous avez intérêt à revenir toutes les deux ! Sinon Tatie Zoé va être très malheureuse !"
Elles éclatèrent de rire toutes les deux. Moi, je souris. Je ne savais absolument pas où nous pourrions aller, Romy et moi, mais j'avais décidé de ne plus me reposer sur personne. Demain, on partirait avec tout l'argent que j'avais pu gagner et puis... Dieu seul pourrait nous le dire. Mais c'était fini, fini de me cacher dans les jupes de ma mère, fini de pleurer sur l'épaule de Gaël, fini de me reposer sur la gentillesse de Nicolas, l'amitié de Jesminder et Zoé, l'amour que m'avait porté Raj. J'avais toujours compté sur les autres, qui m'avaient offerts sans retour. À présent, je voulais enfin être forte, pouvoir compter sur moi-même pour offrir la meilleure vie possible à ma fille.
Ce soir-là, Romy eut mois de réticence à aller se coucher que je ne le craignais. Elle se mit d'elle-même dans son lit après avoir embrassé toute la maisonnée, me demandant simplement de lui lire un peu son histoire préférée avant qu'elle ne s'endorme.
Le lendemain, je décidai de partir le plus tôt possible pour avoir tout le temps pour mes recherches. Zoé me serra la première dans ses bras.
"Tu vas troop nous manquer, toi et ta petite chérie ! Tu viendras nous voir pour la naissance de mon bébé, hein ? Et même quand tu veux ! La porte est ouverte !
- Je sais, je sais, tu me l'as tellement répété ! Et quand j'aurais trouvé mon bonheur, tu pourras bien sûr venir quand tu veux !
- Je comprends que tu veuilles plus d'intimité pour toi et Romy mais vraiment, si tu as le moindre souci, tu m'appelles, moi ou Jess', on sera toujours là, ok ?
- Oui, oui, je sais !
- Tu es vraiment sûre de toi ?
- Sûre.
- Bon, ben, bon courage !"
"Aïe...
- Quoi ?
- Va falloir que tu dises au revoir à Jay et je pense déjà quand on va devoir ramasser les morceaux...
- Hein ? Pourquoi ?
- Oh là là, Chloé ! Je plains Jay et Nicolas !
- Nicolas ? Qu'est-ce que Nicolas vient faire dans cette histoire ?
- Rien, oublie. Mais pauvre Jay ! Tu vas lui briser le cœur ! Déjà qu'il passe son temps à me demander ce que je sais sur toi, ta vie privée, ton enfance, etc...
- Quoi ??? Mais pourquoi ?
- Ma pauvre chérie, tu es un démon briseur de cœur qui s'ignore..."
En effet, l'annonce de mon départ immédiat à rendu malade. Gavin était venu pour me saluer une dernière fois et me souhaiter tous ses vœux de bonheur pour la suite quand Jay s'immisça dans la conversation. Il devint blanc comme un linge.
"Vous... Vous partez, là, maintenant ?, s'étrangla-t-il.
- Oui, je m'excuse pour tout le dérangement que j'ai pu occasionner...
- C'est un blague ?????? Gav', Zoé ! C'est une blague pas vrai ?"
Devant l'absence de réponse, il s'efforça de sourire.
"'Faut pas t'en rendre malade, Jay !, s'exclama Gavin en voyant son visage se couvrir de plaques rouges.
- Elle court, elle court, la maladie d'amour !, chantonna Zoé, ne pouvant s'empêcher de rire de la situation.
- Zoé ! Arrête de raconter des bêtises !"
Il tenta ensuite de me retenir par des banalités tandis que Romy faisait un gros, gros câlin à sa Tatie Zoé.
Puis il sembla se résoudre à mon départ et me serra dans ses bras ainsi que Romy. Il semblait véritablement très triste de nous voir partir. Il en était presque attendrissant. Mais j'avais pris ma résolution.
Nous partîmes. Toute la journée fut perdue en vaines recherches. Rien ne semblait convenir et à mon budget et à mes envies. Lorsque le soir vint, Romy commençait à être agitée. Elle était fatiguée des longues marches et avait besoin d'une pause tout comme moi. Nous nous arrêtâmes donc dans un petit parc avec un coin réservé pour les jeunes bambins. Nous jouâmes jusqu'à la nuit tombée.
Après cette "pause", je n'avais plus qu'à me résoudre à passer la nuit dans une chambre d'hôtel. Il était bien trop tard pour aller en quête d'hospitalité. L'idée ne m'enchantait cependant pas, pas plus que ne m'enchantait le fait de me reposer sur de nouvelles personnes. J'errai donc de nouveau, malgré l'heure tardive. Sans que je m'en rende compte, mes pas me menèrent devant la maison de Nicolas. Ce fut justement ce moment-là que choisit Romy pour se mettre à courir dans tous les sens en criant des bêtises, malgré mes injonctions.
"Chut ! Chérie, il y a des personnes qui dorment ! Il est très tard, tu sais !
- Viens ! Viens maman ! Romy veut aller là-bas !"
Je ne pus la calmer qu'en l'emmenant voir la personne jouant de la guitare de l'autre côté de la rue. Enfin, quand je dis jouer de la guitare... Si tant est qu'on pouvait appeler guitare les morceaux de bois assemblés sur lequel on avait posé des cordes que la personne grattait furieusement. Cette femme-là était sans doute encore moins bien lotie que nous. Moi, au moins, je pouvais aller me payer une chambre d'hôtel, sans être obligée de prier pour que les gens aient la bonté de déposer quelques simflouz pour quelques vagues notes de musique...
Je devais être là depuis quelques minutes quand une voix me fit sursauter. Cette voix, je l'aurais reconnue entre mille.
"Chloé ? Et... Romy ? Qu'est-ce que vous faites ici, seules, à cette heure-ci ? Où est M. Rasoya ?"
En une poignée de secondes, il venait de poser toutes les questions pour lesquelles je l'avais tant évité, ces derniers jours...
Se retrouver "à la rue" alors qu'elle ne veut pas embêter ses amis, ce doit être difficile... Mais elle est tombée sur Nicolas, il ne pourra pas la laisser dehors !
J'espère qu'elle réussira à trouver le bonheur, elle le mérite ! Elle a vécu assez bien de malheurs pour une vie entière...
Not so Berry Challenge - Une aventure haute en couleurs (terminé) *** Défi crise financière - Quand Lulu s'y met (terminé)
Challenge Génération - G5 - La lignée Berry perdure (en cours) *** Lulu fait des challenges
@Himari74 : quel chapitre tendresse avec cette petite Romy
Mais situation embêtante et bien triste que celle de se retrouver sans toit en pleine nuit avec un enfant
Souhaitons que la chance soit vite au rendez-vous avec Chloé afin de la remettre sur le chemin du bonheur!
Chloé a enfin mis de côté son sentiment de culpabilité à vivre une autre histoire après Gaêl et la peur que sa fille vive la même chose qu'elle, toute petite, avec son père a été le déclic pour son départ définitif , même si il me semble que ce parallèle est erroné à moins que son père n'ait au fond, vécu ce même sentiment de trahison et de non aimé.
Au final, c'est une bonne chose pour elle et son entourage. Bon, c'est rassurant de voir que ces amis et collègues ne la quittent pas des yeux et ce, même si sa fierté lui impose de se débrouiller seule pour la recherche de son logement.
Espérons que le temps passant, les parents de Romy retrouveront chacun un amour sans nuages et confiant et reconstruiront chacun une vie enrichissante et qu'ainsi la petite Romy pourra se construire sans le poids du passé.
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«Nos doutes sont des traîtres et ils nous privent de ce que nous pourrions souvent gagner de bon, parce que nous avons peur d’essayer» – William Shakespeare
Je sens que Chloé va peut-être finalement "s'appuyer" sur Nicolas mais il est temps qu'elle se rende compte que ça fait longtemps qu'elle se débrouille seule et qu'accepter de l'aide de ses amis c'est souvent le mieux que l'on puisse faire ^^
Apocalypse: (partie disparue) Chez les Calypse, (partie disparue) Allez on s'y remet
Histoires: Hey June (Terminée) Le secret de Lily (Terminée), Le bal des vampires (en cours)
Nouvelles: Les fantaisies d'Esie
Mmm... C'est à voir
Merci pour elle ^^
@Kannelia Merci beaucoup
Je suis contente de voir qu'encore une fois, vous la soutenez tous ^^
@meliaone Encore une fois merci pour ce long commentaire ^^
Effectivement, cette comparaison avec son père n'est pas vraiment judicieuse puisque celui-ci n'aimait ni sa femme ni sa fille et ne songeait qu'à ses propres intérêts quand Raj est vraiment affecté du fait que Chloé ne l'aime pas.
Elle est un peu têtue dans son genre avec cette idée fixe de se débrouiller toute seule ! Heureusement, en effet, que certains veillent sur elle
Oui, on peut l'espérer ^^
@Esirolf Oh ! Merci beaucoup d'avoir pris ce temps-là !
Elle a beaucoup souffert de la perte d'êtres proches et ne veut plus s'appuyer sur personne par peur d'être de nouveau blessée... mais il ne faudrait quand même pas qu'elle se ferme totalement à ses amis, en effet !
@Isaw Nicolas, le sauveur ?
Chapitre 18
"B... Bonsoir Nicolas..., répondis-je en tentant d'ignorer les battements de mon cœur et toutes les choses qui se bousculaient dans mon esprit.
- Tout va bien ?, s'inquiéta-t-il alors.
- Oui, on allait justement rentrer, n'est-ce pas Romy ? Papa nous attend à la maison", répondis-je en évitant son regard.
"Elle dit des bêtises maman !
- Romy !
- Pardon ? Puis-je savoir pourquoi tu dis cela, jolie demoiselle ?
- Elle a dit qu'on rentrais pas à la maison !
- Tu dois sûrement te tromper ! Pourquoi feriez-vous une telle chose ?
- Parce que ma maman, elle aime plus mon papa !
- Romy, ça suffit maintenant ! Désolée, elle a beaucoup d'imagination."
Mais je ne pus empêcher ma voix de trembler en prononçant ces mots. Il me regarda un moment, interdit. Je ne levai pas les yeux. Je ne voulais pas voir la déception dans son regard. Je ne savais pas pourquoi mais je sentais qu'il serait déçu. Il allait enfin se rendre compte que je n'étais qu'une idiote et il ne me regarderait jamais plus avec ces yeux...Ces yeux pleins de sa bonté et de quelque chose d'autre... un mélange entre de l'admiration et... Peu importait. Je n'étais sans doute pas celle qu'il s'imaginait que j'étais.
Quand il ouvrit la bouche, je sentis malgré moi mon cœur s'emplir d'espoir...
"Vous n'allez quand même pas passer la nuit sous un pont ? Venez toutes les deux, j'habite à deux pas."
Je n'en croyais pas mes oreilles. Je n'eus même pas le temps de protester que Romy était déjà dans ses bras, un grand sourire aux lèvres.
"Tu viens Chloé ?, lança-t-il par-dessus son épaule. Sinon, je te préviens, j'enlève ta fille !"
J'aurais peut-être mieux dû enseigner à ma fille le comportement à adopter en présence d'étranger car, à la voir, elle se serait jetée dans les bras de son kidnappeur. Peut-être avait-elle juste un don pour savoir quels étaient les bonnes personnes pour elles ? Si c'était le cas, je me demandais de qui elle avait bien pu l'hériter. Ce n'était ni mon cas, ni celui de Raj à ce qu'il semblait... à moins que ce ne soit un don que l'on perdait en vieillissant...
Toujours est-il qu'elle se précipita à l'intérieur dans la maison et se jeta dans les bras d'Amélie.
J'étais restée de l'autre côté de la porte, le cœur battant toujours à une vitesse terrifiante. Je pouvais le sentir juste à côté de moi, nos peaux se touchant presque. Il resta encore un moment silencieux, comme s'il était plongé dans une réflexion. Il était tout près, en effet mais j'avais l'impression qu'il se trouvait en réalité loin, bien loin de là.
Au bout d'un moment, il sembla brusquement tiré de sa rêverie.
"Tu dois avoir froid, Chloé ! Rentrons."
Je n'arrivai pas à déterminer quoi que ce soit d'étrange dans le son de sa voix. À vrai dire, j'avais l'impression qu'il me parlait exactement comme avant, comme la dernière fois que j'étais venue, comme il le faisait toujours au laboratoire, comme il l'avait toujours fait. Il ne me posa pas une seule question. Mais au moment où j'allai m'approcher de nouveau de ma fille dont Amélie s'occupait, il me retint le bras.
"Je...
- Laisse, ça lui fait plaisir !
- Je... Merci... Je ne pourrais jamais vous remercier assez pour m'héberger cette nuit ! Et...
- Tu n'as pas besoin de me fournir la moindre explication, tu sais... Mais si tu veux en parler, je t'écouterai, je te l'ai déjà dit."
La tentation fut grande de ne rien dire, de me laisser simplement porter par le cours des choses. Mais au dernier moment, je songeai qu'il avait le droit de savoir... Après tout ce qu'il avait fait pour moi !
"Je... Je suis partie. Ça... Ça faisait un moment que... Non, à vrai dire, ça n'a jamais été le grand amour entre moi et Raj. On ne se comprenait pas."
"Vous ne vous compreniez pas... je vois...", déclara-t-il alors d'un ton amer.
Ce ton me surprit et me blessa. J'avais sans doute été bête de croire qu'il m'acceptait chez-lui pour une autre raison que de la pitié.
"Désolé, Chloé, ce n'est pas contre toi... C'est juste que... Je suis vraiment un imbécile !
- Nicolas ?"
Il s'était éloigné. Je ne savais même pas s'il m'avait entendue...
Amélie
Ah ces adultes, j'vous jure ! Ils sont impossibles ! Même pas capable de se dire ce qu'ils ont sur le cœur...
"Ce serait tellement bien si on restait toujours aussi mignonne que toi, Romy ! Ne grandit surtout pas ! Quand on vieillit, on devient méfiant, on se persuade qu'on ne peut pas dire ce qu'on veut et on fait des tas de choses qui nous font souffrir pour ne pas blesser les autres ! Oh et puis, évite de nous faire une crise d'adolescence, ça rendrait ta mère très triste. Moi, je suis passée par cette étape et je regretterai jamais assez tout ce que j'ai pu dire à mon père..."
Non, je ne regretterai jamais assez. Mon papa, je l'ai toujours aimé de tout mon cœur. Il a toujours donné tout ce qu'il avait pour m'élever comme il pensait que c'était bien. Et quand je lui ai dit qu'il était un mauvais père, je ne le pensais pas. Et je ne m'imaginai pas à quel point j'avais pu le blesser en lui disant qu'il aurait dû laisser maman m'emmener aux Etats-Unis avec elle... Je ne savais pas qu'il avait inventé de toutes pièces le fait que ma mère avait été désespérée de me laisser derrière elle, pour ne pas me blesser. Maintenant, je me souviens comme si c'était hier. Oh oui, je me souviens. Pardon papa. Tu voulais me protéger. Me protéger de cette mère qui ne savait qu'apporter souffrance autour d'elle. Cette mère qui courait loin de sa fille, qui courait parce qu'elle avait choisi une brillante carrière plutôt qu'une jolie famille. Elle courait malgré ses talons hauts et ses habits de starlette. Mon père lui avait donné tout son amour mais elle en a choisi un autre parce qu'il avait de l'argent et qu'il pouvait lui offrir quelque chose d'encore mieux que ses rêves de scientifique qu'avaient brisés mon père. Il lui offrait la couverture d'un magazine et elle a tout quitté pour ça.
Elle ne s'est même pas retourné alors que je l'appelais. Et moi, j'ai osé dire que j'aurais préféré vivre avec elle qu'avec mon bon papa. Il n'y avait pas de place pour moi dans la vie qu'elle s'était choisie. Il n'y avait de place pour personne et je n'avais jamais songé que mon père ne m'avait pas empêchée de partir mais qu'il m'avait empêchée de courir après ce fantôme qui ne nous connaissait déjà plus, empêchée de courir après elle comme il l'avait fait toutes ces années, découpant des pages dans des magazines qu'il n'avait jamais lu et ne lirait jamais.
Et comme il le faisait sûrement encore, malgré lui, malgré tout. Cherchant dans de nouveaux visages celle qu'il avait tant aimée. J'avais entendu leur discussion à tous les deux. Elle non plus ne savait pas tout le mal qu'elle lui avait fait en prononçant ces mots. "Ça n'a jamais été le grand amour entre nous. On ne s'est jamais compris." À peu de choses près, c'était ce que lui avait dit ma mère, en partant. Au début, je ne pouvais pas la supporter, quand tu ne cessais de parler d'elle et quand j'ai vu, vu à quel point elle ressemblait à ma mère. Et quand je voyais comme tu l'aimais et comme tu souffrais à cause d'elle, je la détestais, au moins autant que ma mère. Mais quand je lui ai parlé, j'ai compris aussi pourquoi tu l'aimais. Parce qu'elle ressemble tellement à maman tout en étant si différente. Maintenant, je sais que tu souffres beaucoup mais je sais aussi qu'elle est la seule qui pourra jamais panser tes blessures. Et s'il faut passer par là pour que toi, le père qui a tant veillé sur moi et qui m'a tout appris, tu sois enfin heureux, alors d'accord. Je crois que tu ne pourras jamais être heureux sans elle. Et quand je vois tes yeux si pleins d'amour posés sur elle, je crois que tu commences, petit-à-petit, à la voir comme une autre femme. Sans doute comme celle que tu as toujours voulu voir chez maman et qui n'étais pourtant qu'une illusion. Je sais que quand tu la vois qui parle avec douceur avec Romy, tu vois ce que tu voyais quand vous vous êtes installés ensemble, maman et toi. Un foyer plein de lumière et de chaleur. Une femme, une mère, capable d'aimer. Et comme tu la regardes ! Même si tu es triste de ses mots, tu ne peux pas t'empêcher de la regarder, avec ton cœur au bord des yeux.
"Alors comme ça, maintenant, mon petit papounet me ramène des femmes à la maison ? Moi qui croyais que tu étais un homme sage et rangé !
Bravo l'exemple pour ta fille de 17 ans !"
Il manqua s'étrangler avec son café.
"Qu'est-ce que tu racontes, enfin, Amélie !
- Je détends l'atmosphère ! Bon, c'est quand que vous vous décidez tous les deux ?
- Nous décider à quoi ?
- Bah, j'sais pas ! Aux bisous, au mariage, aux frangins-frangines, etc !
- Arrête avec ce genre de bêtises ! Je te signale qu'elle est mariée !
- Si peu, si peu !
- Ça suffit, maintenant ! Elle est mariée et elle sera bientôt rentré chez-elle ! Ce n'est que temporaire !
- Tu es sûr que c'est ce que tu veux, papa ?"
Un instant, il y eut une lueur de détresse dans ses yeux et je m'en voulus. Mais il avait besoin qu'on soit ferme avec lui, sinon, il ne sortirait jamais de ses vieux albums couverts de poussière.
"Amélie...Je ne souhaite ça à personne. Personne, tu m'entends. Maintenant, le débat est clos."
Ô papa, je sais que c'est dur mais je voudrais tellement que tu sois heureux ! Et il n'y a qu'elle qui puisse te faire sourire sans cette expression de tristesse profonde peinte sur ton visage...
Et puis j'avoue que moi non plus, ça ne me déplaît pas... Toute cette animation autour de la table ! On dirait une vraie famille... La famille que j'ai toujours rêvé d'avoir et sans doute mon père aussi.
Je profitai toutefois du premier prétexte pour m'éclipser et les laisser tous deux en tête à tête. Romy commençait à fatiguer, de toutes façons. Elle était adorable, elle-aussi. Une petite sœur ne serait pas de trop pour combler le vide de cette grande maison. À l'époque où il l'avait achetée, papa devait encore espérer le retour de maman et voir enfin son rêve de grande famille se réaliser. Mais nous n'étions que deux et, souvent, je la trouvais grande, trop grande...
Chloé
Après le départ de nos deux filles, Nicolas continua un moment de parler avec un enthousiasme qui paraissait presque forcé après ce qu'il m'avait dit.
Mais je ne me sentais pas le cœur à rire, ce soir-là. Et ce repas, à quatre, autour d'une table, mangeant avec bonne humeur, n'avait fait que m'aider à m'affermir dans ma décision. Je ne voulais ps rentrer dans cet appartement, où Raj devait nous attendre. Je préférais encore la solitude à une rancœur grandissante pour tout ce qu'il n'était pas, ce qu'il ne faisait pas, cette famille que nous n'étions pas. Manger ici m'avait rappelé tout ce dont j'avais rêvé, encore adolescente. La famille pleine de rire dont on parlait, avec Gaël. Maintenant que son image me semblait de plus en plus éloignée, j'aurais au moins voulu construire une vie sans regretter ce rêve.
"Nicolas..je...
- Chloé..."
Nous avions parlé simultanément.
"Pardon... vas-y... Depuis tout-à-l'heure, il n'y a que moi qui parle.
- Non, je t'en prie, commence."
Il s'exécuta.
"Tu devrais rentrer chez-toi.
- Pardon ?"
Je m'attendais à tout mais pas à ça.
"Je ne dis pas que je t'empêche de rester autant de temps que tu le souhaites ! Je te l'ai dit, ma porte te reste ouverte. Mais ce n'est pas ici qu'est ta place. Je suis sûr que Raj t'aime. C'est quelqu'un de bien, il ne mérite pas que tu l'abandonnes comme ça. Pense à ta fille, pense à lui, à ce qu'ils vont ressentir tous les deux et je t'en prie, rentre chez-toi. Il y a des hauts et des bas dans toutes les relations mais il faut savoir les surmonter et repartir de l'avant. Je dis tout ça pour toi : je ne veux pas que tu aies de regrets plus tard. Et puis, pense à Raj, pense à ce qu'il doit ressentir en ce moment..."
J'étais tout à la fois surprise, déçue et profondément blessée. Quelle imbécile ! Pendant un instant, je m'étais imaginée que je pourrais rester ici pour un temps, je m'imaginais presque vivant ici... Et puis, je m'imaginais presque que Nicolas m'aimait. J'avais tout faux. Il était gentil voilà tout mais je n'en restai pas moins un gêne pour lui. Je n'avais pas ma place ici. Comment pouvait-il penser que je serais plus heureuse avec Raj ? Qu'est-ce qu'il en savait ? Qu'est-ce qu'il savait de ma vie là-bas ? De quel droit jugeait-il mon acte comme un coup de tête ?
"Ne t'en fais pas, je serais partie demain. Je ne demande que deux choses : un hébergement pour la nuit et quelqu'un pour garder Romy demain matin.
- La chambre de Amélie est pour toi : c'est au fond sur la gauche. Écoute, je ne te jette pas dehors et il y aura toujours une place pour toi et Romy ici, seulement...
- Parfait. Bonne nuit."
Je m'étais levée, peut-être un peu plus brusquement que je ne l'aurais voulu.
"Chloé ! Attends ! "
Non, je ne veux pas savoir, je ne veux pas entendre. Pas d'excuses. Elles sonneraient faux mais je me sentirais quand même coupable.
J'entendis encore un dernier : "Chloé !" puis il dut renoncer... ou croire que je m'étais endormie.
Nicolas
Je ne dormis pratiquement pas de la nuit. Bon Dieu, qu'est-ce que j'avais fait ? Je l'aimais tellement, maintenant, je ne pouvais plus me leurrer... Mais si elle agissait comme Céline, serais-je encore capable de voir en elle quelqu'un d'autre ? Mon Dieu, aidez-moi à ne pas commettre deux fois la même erreur !
Chloé
Au matin, je partis. J'avais cru que Nicolas dormirait encore. Je me trompais. Je l'évitai soigneusement mais il ne put qu'entendre la porte claquer. Et même depuis l'extérieur, je pus l'entendre crier.
"Chloé ! Et m**** !"
J'aurais sans doute dû le remercier. C'était grâce à lui que j'avais pris ma résolution. Et tout ce qu'il avait pu dire n'avait pu que raffermir ma détermination. Sur ce coup-là, personne ne me dicterait ma conduite.
Même si je devais avouer qu'en le voyant, l'air si joyeux, j'eus toutefois un léger pincement au cœur.
"Chloé ! J'ai l'impression que ça fait une éternité ! J'ai déjà réservé en t'attendant."
Je pris une grande inspiration.
"Merci Raj."
"Tu es toujours végétarienne n'est-ce pas ? Il paraît qu'ils font un excellent frittata aux épinards végétarien, justement ! Tu en prendras bien un peu ?
- Oui."
Tiens. Il s'en souvenait maintenant que je ne mangeais pas de viande. C'était nouveau, ça. Combien de temps avait-il préparé cette discussion à l'avance ? Oh mais quel imbécile il était ! Est-ce qu'il savait ce que ça faisait de vivre avec Raj ? Raj qui ne pensait qu'à sa mère, aux matchs de foot et aux bons petits plats mitonnés par ses soins ? Qu'est-ce qu'il en savait de tout ça ?
Et voilà... Je recommençai à penser à lui. C'était sans doute ça le problème avec Raj. Pas un instant passé avec lui sans que je ne sois ailleurs, que je pense à quelque chose d'autre... à quelqu'un d'autre. Avant, avec Raj, je pensais à Gaël. Maintenant, je pensais à Nicolas. Et pourtant, c'était Raj que j'avais épousé et Raj qui était le père de ma fille. Ma vie n'était qu'une suite de contradiction.
La serveuse était passée prendre notre commande sans même que j'y fasse attention.
"...oé. Chloé ?
- Oui ? Pardon... Je n'écoutais pas.
- Je te demandais quand tu comptais revenir à la maison, avec Romy ?
- Eh bien... je ne sais pas encore..."
Vas-y Chloé, c'est le moment... Dis-lui. Bon sang, une fois dans ta vie, dis-lui ce que tu penses !
"Pardon ?"
Il s'était levé brusquement, fureur et agacement pointant dans sa voix.
"Je te dis que je ne sais pas.
- Tu te moques de moi, j'espère ? Pourquoi es-tu venue au juste, dans ce cas ?!
- Qu'est-ce que tu espérais ? Que je me jetterais dans tes bras en criant "tu m'as tellement manqué" ? Si c'est ce que tu attends, tu peux repartir tout de suite !, rétorquai-je en haussant le ton.
- Si tu es venue pour m'insulter, effectivement, ça ne servais à rien de venir !
- C'est sûr que vous, mônsieur Raj Rasoya, vous êtes un parfait petit ange qui avait assez de bonté pour ne pas me demander de supplier à deux genoux votre clémence !
- Qu'est-ce que je t'ai fait, encore ?"
Étrangement, cette phrase coupa court à la bouffée de colère que je sentais monter en moi.
"Oh rien, Raj. Tu n'as rien fait. C'est ce que je t'ai toujours reproché. Tu n'as rien fait."
"Est-ce que je suis censé tout deviner ? Je suis un homme comme les autres, Chloé ! Comment est-ce que je pourrais savoir ce que tu attends de moi puisque tu ne me le dis jamais ! J'en ai assez de cette histoire ! Je t'aime Chloé mais ça ne semble jamais te suffire ! Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que tu reviennes ? Dis-le moi, Chloé ! Dis-le moi !"
Je me levai à mon tour. Je pris enfin mon inspiration, prête cette fois à dire ce que j'avais en tête en le rejoignant ici.
"Rien Raj. Il n'y a rien à faire. Tu es toi. Je suis moi. Nous n'étions pas fait pour aller ensemble, je crois. C'est fini maintenant. Tout est fini. Je ne reviendrai plus jamais à la maison. Notre mariage, c'est fini."
Il resta interdit.
"Raj ?"
Soudain, il explosa.
"Et c'est pour ça que tu m'as fait venir ? Tu n'as pas le droit, Chloé ! J'ai fait tout ce que j'ai pu ! Je n'ai pas dormi de la nuit. Je me demandais, j'espérais... Tu n'as pas le droit ! Tu n'as pas le droit !"
Il me fusilla du regard. Je ne répondis pas. Il n'y avait rien à répondre.
Mais quand je le vis partir, les épaules voûtées, je ne pus m'empêcher de ressentir un deuxième pincement au cœur. J'avais tourné une page de ma vie et ce n'était jamais chose facile.
Je ne rentrai pas tout de suite. Je vagabondai d'abord un moment en ville avant de pousser la porte d'un coiffeur. Je ne m'étais plus coupé les cheveux depuis que j'étais arrivée à San Myshuno. Il était temps pour la bonne vieille coupe de ma jeunesse de réapparaître sur mon front. Pour un nouveau départ...
Une fois arrivée devant la porte de la maison de Nicolas, ma peine fut encore plus grande. Je n'avais vraiment pas envie d'entendre tout ce qu'il pourrait me dire après avoir fait tout ce qu'il m'avait demandé de ne pas faire.