Oooh je viens de lire toute ton histoire j'aime beaucoup. Il y a tellement de mystères je sens qu'on n'est pas au bout de nos surprises !
Au passage c'est très bien écrit.
Juste avant mes vacances, je vous pose la suite de Singularité. Ce chapitre est un peu... rude pour certains de mes personnages. J'espère en tout cas que la lecture vous plaire.
Chapitre 8 :
Les Origines Maternelles
Je m’avançais vers ma mère et mon frère en haussant les sourcils.
- Bonsoir Terry… Bonsoir Maman. Je ne m’attendais pas à te voir ce soir. Qu’est-ce qu’il se passe ?
Ce fut mon frère qui répondit à la place de ma mère qui me regardait toujours sans mot dire.
- En fait, j’ai dit à maman que je passais te voir ce soir et elle a voulu venir avec moi. Apparemment, elle aurait des choses à nous dire…
Nous nous retournâmes vers maman avec des expressions interrogatives. Même si, en mon for intérieur, je me doutais un peu de quoi Maman voulait nous parler. Elle tourna son regard vers moi et me sourit doucement.
- Dis-moi, Allie… Après ce que je t’ai dit hier, as-tu essayé de faire quelques recherches ?
- … Pas encore.
- Voilà. C’est ce « pas encore » que j’ai préféré devancer . Je n'ai pas envie que tu déterres quoi que se soit que tu pourrais mal interpréter. Mes chéris, je vais vous parler de ma famille maternelle... votre famille aussi.
Maman caressa doucement l'épaule de mon frère. Celui-ci se retourna vers moi avec une moue encore plus perplexe qu'avant. Ah, maman ! Tu n'avais rien dit, à aucun de nous deux.
Je les fis entrer dans la maison et les invitais à s'asseoir à la table. Histoire de se donner une contenance, et peut-être aussi pour calmer sa nervosité, maman me demanda un thé. Assise à la table, elle resta un instant pensive devant la volute de fumée qui s'élevait de sa tasse. Puis elle releva la tête et nous regarda avec une expression résolue.
- Bien.. Terrence, Aliénor. Je crois qu'il est temps que je vous parle de votre famille maternelle. C'est un oubli tout à fait volontaire de ma part, j'en conviens. J'avoue ne pas avoir envie d'en parler, car ce n'est pas la période la plus heureuse de ma vie et c'est difficile pour moi de m'y replonger. Mais le retour d'Allie à Newborn m' a fait comprendre que je ne pouvais pas rester silencieuse plus longtemps... J'ai fait des erreurs envers toi, ma fille et j'en suis désolée...
Maman me regarda la mine attristée et je hochais la tête, mais ne cherchait point à prendre la parole. J'avais vraiment envie de savoir.
- ... Par où commencer ?.... Par les origines, bien sûr... Tout a commencé en Ecosse dans les années 1930. Vos arrières grands-parents, Duncan et Moïra MacBairn. Oui, MacBairn est mon nom de jeune fille... Duncan et Moïra étaient d'humbles ouvriers, assez pauvres qui vivaient du mieux qu'ils pouvaient dans la campagne aux alentours d'Edimbourg.
-
Et puis, un jour, Duncan en eut assez de cette vie de misère et décida de tenter sa chance à Londres. Le problème, c'est qu'il ne trouva pas un travail honnête dans une des nombreuses manufactures de la ville, mais dans une branche de la mafia... Pourquoi, comment, mon père ne m'en a jamais dit plus à ce sujet et le fin mot de cette histoire c'est définitivement perdu.
Toujours est-il que leur vie de misère, à Moïra et à Duncan fut quelque peu terminée et ils eurent le "luxe" de pouvoir agrandir leur famille de cinq enfants. Mais seuls deux survécurent à la petite enfance. L'hygiène et la médecine n'était évidemment pas la même qu'à notre époque. Il y eut donc Anietta, une fille qui plus tard devint nonne et qui perdit contact ensuite avec ses parents ; et ensuite, Bruce, mon père...
"Comme je l'ai déjà indiqué à Aliénor, et comme je pense savoir ce qui te préoccupe en ce moment Terry, il y a une particularité qui se perpétue dans notre famille, que vous appelez maintenant "la Douance". Ma grand-mère, Moïra, était une douée et avait une mémoire phénoménale. Puis ce fut Bruce, mon père qui hérita de la Douance avec une facilité dans les chiffres et autres problèmes compliqués. Le patron de Duncan en vint à l'apprendre et surveilla plus attentivement mon père quand celui-ci devint un adolescent. Il fut alors embauché par la mafia dans la partie Casino et autres magouilles en tout genre. Bien sûr, mon grand-père n'y trouva rien à redire puisqu'il travaillait déjà pour eux. Quand à ce que pensait ma grand-mère... Qui s'occupait de ce que pensaient les femmes à cette époque-là, hein ?.... "
"Bref. Bruce était tellement doué qu'il monta très vite dans la hiérarchie et seconda bientôt un parrain à New York. Et c'est là qu'il rencontra la jeune femme qui allait devenir ma mère, Lucy Harvest... Comme tout début en amour, il y eu les rendez-vous, les fiançailles, puis le mariage. Il n'avait pas besoin de mentir sur son travail car ma mère faisait partie prenante du milieu... Elle était la nièce d'un des parrains mafieux..."
Moi et mon frère nous nous regardâmes, la stupeur dans notre regard. Jamais nous n'aurions imaginé ce pan de l'histoire familiale. Et, je commençais à me douter, intuitivement, de ce que notre mère allait raconter par la suite... Vu comment elle avait réagi dimanche...
" ... Les années passèrent et mes parents eurent des jumeaux, Conrad et Grégoire. Et moi ensuite. Mon père prenait de plus en plus d'importance au sein du clan. Seulement, le parrain vieillissait et il allait bientôt passer la main. Le problème était qu'il avait deux fils. Lequel des deux prendrait donc le pouvoir ? Mon père crut tout naturellement que cela serait l'aîné qui reprendrait la succession et il s'engagea envers lui plus que la prudence ne lui aurait conseillé... Et, évidemment, fatalement, ce fut le fils cadet qui reprit les rênes de l'organisation. Et, ce fils cadet, Alberto de son prénom était... quelque peu sanguin... et rancunier. Il fit abattre son frère et élimina tous ceux qui avaient pris parti contre lui. "Si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi", telle était sa philosophie... Il aurait donc dû abattre mon père, n'est-ce pas ? Mais ses dons en faisaient quelqu'un de précieux pour l'organisation. Alors, pour le punir, et pour l'obliger à lui obéir, il élimina... ma mère..."
La voix de maman devint chevrotante et elle ferma quelques instants les yeux, laissant écouler une larme qui glissa silencieusement sur sa joue. J'allais faire un geste, mais elle rouvrit les yeux et m'arrêta d'un regard. Certaines choses devaient être dites sans interruption.
"... J'avais cinq ans. J'étais à la maison à ce moment-là. Maman a eut le temps de me cacher dans le placard avant que les tueurs ne la trouvent.... Je n'ai pas pleuré, je n'ai pas crié.... Mais qu'il a été difficile de l'entendre hurler sans rien pouvoir faire... Cinquante ans après, cela me hante encore... "
" La mort de maman commença à changer mon père. Lucy avait été tout pour lui, c'était son seul et unique amour. Il échafauda un plan pour s'enfuir de la mafia, non sans au préalable préparer une vengeance envers le nouveau parrain…. Nous nous enfuîmes une nuit, laissant à jamais notre ancienne maison, l’endroit où j’avais grandi… Mais avant de partir à tout jamais de New York, mon père avait vendu Alberto, le nouveau parrain à la Police…. Ce qui n’a pas été bien pris par la Pègre et un contrat fut mis sur sa tête…. Et sur les nôtres, tant qu’à faire…. Nous vécûmes ainsi pendant une dizaine d’années. J’ai passé toute mon enfance à fuir au moindre bruit, à la moindre menace… Malheureusement, malgré toutes les précautions que prit mon père, cela ne suffit pas. Il fut tué un soir avec Grégoire, alors qu’ils rentraient de faire des courses et revenaient dans notre petit logement, dans un endroit de seconde zone… Heureusement pour moi, Conrad avait tout de suite réagi et nous partîmes avant qu’ils puissent nous repérer…. Mon frère était un adolescent qui n’a jamais eu d’enfance mais qui s’occupa du mieux qu’il pouvait de moi. Nous ne restions jamais longtemps au même endroit, juste le temps que Conrad puisse trouver un petit boulot qui nous permettre de vivre un tant soi peu. Autant vous dire qu’au niveau éducation, cela n’a pas vraiment été ça… Même si mon frère faisait du mieux qu’il pouvait. Et puis, nous arrivâmes à Newcrest, la ville qui se trouve à quelques kilomètres de Newborn. Et là, nous pûmes enfin nous poser quelque peu. Conrad réussit à trouver un travail stable, je repris une scolarité un tant soi peu normale, me mis au sport…. Et rencontrai votre père… La suite, vous la connaissez… »
Maman s’arrêta de parler et le silence se fit dans la pièce. La digestion de toute cette information allait être difficile, à moi et à mon frère également. Mais ce fut lui, qui en premier réagit. Il se leva et étreignit ma mère, fortement.
Elle se mit à pleurer à gros sanglots. C’était assez effrayant d’entendre sa propre mère pleurer ainsi. La culpabilité m’étouffait : pourquoi n’avais-je donc pas tenu ma langue ? Car au final, je regrettais fort d’en savoir plus sur la famille de maman. L’ignorance avait été bien plus rassurante. Tant de souffrances et de chagrins.
Mais, parce que c’était moi, et que ma curiosité était éveillée, il fallait que j’en sache plus encore. Je me levais à mon tour et posais une caresse sur l’épaule de maman.
- Je suis désolée Maman de t'avoir obligée à te rappeler ces moments douloureux.
- Non, ma chérie, ne sois pas désolée... Il était temps que vous sachiez ce morceau d'histoire qui vous appartient également... Mais j'avoue que je ne renouvellerai pas l'expérience, c'est trop éprouvant.
- Sinon, il y a une question que je me pose.... Qu'est devenu ton frère Conrad, notre oncle donc ? Je ne crois pas qu’on ne l’ait jamais vu à la maison...
- Ha Conrad... Il était bien installé à Newcrest en effet et était content lorsque je me suis mis en ménage avec Alexander.... Une maladie foudroyante l'a emporté alors que Terry n'avait même pas deux ans. Je crois qu'il a lâché l'affaire quand il a vu que je m'en sortais bien. Et puis la mort de son jumeau l’avait fortement atteint, et il n'en s'est jamais remis...
Nous restâmes tous les trois silencieux. J'étais horrifiée de tout ce que maman avait vécu. Elle avait perdu toute sa famille proche et de manière effroyable. Et pourtant, elle nous avait élevé somme toute assez normalement. Terry et moi n'avions pas eu l'impression qu'elle eut subi un traumatisme aussi important. je regardais maintenant maman d'un œil neuf. J'étais admirative quant à sa façon d'avoir pu gérer tout ça, alors qu'elle avait un ménage à faire tourner et deux petits enfants à élever. Ou alors, est-ce que cela avait été un refuge pour elle ? Et puis une pensée me vint, assez absurde.
- ... Dis-moi, maman, La famille Raven, celle de papa, est-elle aussi rasante que ce qu'on voit ou est-ce qu'elle a des choses à nous cacher elle aussi ?
Maman resta un instant interdite puis éclata de rire devant l'incongruité de la question. Cela permit au moins de détendre l'atmosphère.
- Ho non, non ma chérie. La famille de votre père est aussi rasante qu’elle nous le montre. Il n’y a pas de squelettes dans le placard chez eux !
Je souris aussi devant le trait d’esprit de ma mère puis me tournait vers mon frère. Celui-ci fronçait les sourcils, en proie à une réflexion qu’il nous fît partager aussitôt.
- Maman… Donc, toi et ton frère vous avez pu échapper à des tueurs de la Mafia… Mais, est-ce que ce contrat est toujours actif ? Est-ce que nous, tes enfants (et ta petite-fille) sommes en danger ?
Maman resta un instant silencieuse. Pourquoi n’y avais-je pas pensé moi aussi ? Alors que Terry avait tout de suite vu les implications. Pour lui, sa femme et sa fille.
- Mon chéri…. J’ai 60 ans. Et depuis que nous nous sommes installés Conrad et moi à Newcrest, alors que je n’avais même pas vingt ans, personne n’est venu. Tueur de la Mafia ou autre. Conrad avait bien réussi à les semer. Et puis j’ai suivi les informations : le réseau mafieux d’Alberto a été démantelé très rapidement par les juges et la police. Donc, plus personne ne doit se rappeler de l’ancienne vindicte contre la famille Mac Bairn…. Par contre, là où j’ai eu le plus peur c’est quand Allie a fait sa bêtise…
Ils se retournèrent tous les deux vers moi, maman avec un regard chagrin et Terry perplexe et interrogatif. Bon. C’est vrai qu’il n’avait jamais vraiment su. Allez, pour moi aussi, c’était le grand déballage.
- Allie… Je n’ai jamais vraiment compris cette histoire… Et que tu sois partie si vite à San José… Qu’as-tu donc fait exactement sœurette ?
- Hum…. Je me suis infiltrée dans les bases de données de la Banque Fédérale de Newborn et… J’ai subtilisée sur plusieurs comptes environ 10 millions de dollars...
- QUOI ?!!!
- Oui…. Enfin… Je les ais rendus assez vite hein… C’était surtout histoire de fanfaronner et leur indiquer que leur système n’était pas protégé du tout, puisque j’y suis rentrée très facilement…. Bon, c’est sûr, qu’à postériori, ce n’était pas très malin de ma part. Toute cette histoire aurait pu tourner très mal. Heureusement pour moi, Louis Sarren est intervenu très vite pour me repêcher avant que les autorités judiciaires entrent en jeu. Il a trouvé cela assez drôle et en même temps, cette histoire lui a bien servi, car son entreprise a eu un contrat exclusif avec la banque pour la mise en place d’un logiciel ultra-sécuritaire…. Voilà, tu sais toute l’histoire, Terry.
Bon, en fait, non. Maman et Terry ne savaient pas tout. Il y avait une petite partie de l’argent qui n’est pas revenue tout de suite sur les comptes. Cette partie a transité et fait maints détours avant de revenir dans le giron de la banque. Et, depuis, quelque part, sur un compte domicilié aux Iles Caïmans, une somme d’argent grossissait chaque année. C’était une assurance pour l’avenir. Un petit bas de laine « au cas-où ». Bien évidemment, je savais très bien que cet argent était quelque peu illégal. Mais, en même temps, cet argent, je ne l’avais pas pris sur n’importe quel compte. Et celui où je l’avais pris n’était pas blanc comme neige. Personne ne s’était plaint du petit retard de transfert.
Finalement, je me demandais si le sang MacBairn du côté de maman ne coulait pas un peu trop fort en moi..
Mon frère me regarda avec un autre regard que celui dont il avait l’habitude : un peu amusé, un peu moqueur. Là, il y avait comme un certain respect.
- Eh bien ! Je ne me m’attendais pas à ça. Tu ne fais jamais les choses à moitié, Sœurette. Au fait, pour en revenir au but de ma visite…Hum, Pattie et moi nous nous doutions de quelque chose concernant Annabelle. Nous avons été chez la psychologue la semaine dernière qui lui a fait passer des tests. Notre fille est également une douée.
Je haussais les sourcils de surprise et maman poussa un soupir. Oui. Encore une. Apparemment, notre famille n’échappait pas à son destin. J’espérais pour ma nièce que sa qualification de « haut potentiel » ne lui enlèverait pas sa part au bonheur.
- Allie. Ce que je voulais te demander, c’est, si tu pouvais faire des recherches sur l’institution « Constellation » qui n’est pas très loin d’ici. Je veux le meilleur pour ma fille quant à ses capacités, mais pas sans savoir où je mets les pieds.
- Pourquoi veux-tu que je fasse des recherches ? Tu n’as pas confiance dans cette institution ? C’est Louis Sarren qui l’a fondé…
- Cofondé ! Avec le couple Bassington. Et, on ne peut pas dire que je les porte dans mon cœur ces gens-là, vu comment ils ont élevé leurs enfants. Mais tu en sais quelque chose, hein ?... Enfin, tu peux faire ça pour moi ?
- Bien sûr !
- Et légalement, hein !
- Rhooo, Terry ! Bon, je pense que je devrais arriver à trouver facilement des informations. Elle doit avoir quand même pas mal de publicités.
Sur mes dernières paroles, Maman et Terry se levèrent. Il était temps pour eux de me laisser. Une dernière accolade et je me retrouvais seule, digérant toutes ces informations que je venais de recevoir.
Et là, malgré tout, malgré cette vérité enfin apprise, il y avait une partie de moi qui se demandait pourquoi j’étais revenue ici. L’insouciance avait du bon aussi…
Oh mon Dieu.
J'aime tellement ce que tu nous racontes là ! L'histoire est accrocheuse et tellement... vraie ! Je sais de quoi je parle ! J'ai un QI supérieur à la moyenne (comme ma mère et quelques ancêtres, bref.) et c'est pas toujours facile. Mais bon, on est obligé de faire avec, hein !
En tout cas, tout ça m'intrigue beaucoup. J'ai hâte de voir la suite !
Deux chapitres d'un coup pour moi, ça fait plaisir
Pour l'I.A je ne sais pas si c'est une bonne idée... Je suis peut-être à la ramasse et je n'évolue pas avec mon époque, mais je trouve ça très dangereux, surtout que là c'est pour l'armée ce serait pour la médecine pourquoi pas, mais là je ne le sens pas du tout. Je comprends que ce soit palpitant comme projet mais... je sens les complications.
Quant à l'histoire de la maman... C'est juste affreux. Je sentais le coup venir quand son grand-père s'est lancé dans la mafia, enfin j'imaginais pas tout ça mais ça sentais les embrouilles quoi.
Bref j'adore toujours autant ! Tu écris vraiment bien et que dire de l'intrigue ? Hormis qu'elle est géniale ? Je sens que tout va se compliquer, que les différentes informations vont s'avérer essentielles pour la suite... Mais je n'arrive pas à l'imaginer. Et ça c'est top.
Ah la vache. Maman vient en fait d'une famille qui a trempé dans la mafia Je suis sciée, je ne m'attendais pas du tout à ça. Elle a dû vivre l'enfer ... J'espère que ces informations vont rapprocher mère et fille, ce serait bien. Comme quoi, j'ai raison. Les secrets, ce n'est JAMAIS bon. Elle a bien fait d'en parler. ça m'a fait rire après quand Aliénor demande si la famille de son papa est aussi rasoir qu'elle ne le paraît
Je n'ai pas grand chose à ajouter par rapport aux précédents commentaires. Je ne suis pas déçue de la suite. Ton histoire est très intelligente et bien écrite, et c'est toujours autant un plaisir de te lire !
C'est marrant parce que j'ai lu il y a quelque jours un livre de science fiction qui parle d'enfants génétiquement modifiés pour ne plus dormir et qui sont surdoués (L'une rêve, l'autre pas de Nancy Kress), et entre un livre qui a reçu pleins de prix et ton histoire, je préfère légèrement la tienne Elle est très incarnée.
J'ai tout lu d'une traite! he beh je suis bluffée par la qualité de ton histoire, de la rédaction aux screens...
Je vais attendre la suite avce impatiance maintenant! Tes personnages sont très attachants
Bravo et bonne continuation!
@PRESHEAY ah ben merci pour tous ces compliments . Je suis contente que mon histoire te plaise. Tu es une douée toi aussi ? (cogite, cogite), he bien, je pourrais te demander des trucs alors pour l'histoire ?
@UnPoulpeetDesChats peut-être en effet, que la création de l'IA n'est pas une bonne idée. Nous verrons bien par la suite. Aliénor, comme tu as pu le voir est assez impulsive et curieuse : "pourquoi ne pas essayer si cela peut se faire ?" Comme elle l'a fait pour l'histoire avec la banque. En tout cas merci pour les compliments. je suis toujours ravie que mon histoire plait autant. Et oui, je distille les informations au compte-goutte, c'est plus intéressant ainsi ^^.
@lamé, ah la relation entre la mère et la fille ne peut que s'améliorer en effet. Bon, elles n'étaient pas complètement brouillées non plus. Mais maintenant toute cette histoire aide à mieux comprendre les réactions de sa mère. Après, toutes les familles ne peuvent pas avoir une histoire "intéressante" comme celle de Karine. Donc, chez le père, c'est des raseurs !^^ (tellement rasants qu'ils n'auront pas de place dans l'histoire. lol).
@Sihu oh ben quel compliment ! J'espère que la suite te plaira tout autant... bon, pas tout de suite, hein, parce que demain je pars en vacances, mais peut-être fin août. (j'en profiterai pour avancer dans l'écriture.)
@Seokai Merci, merci, merci ! Il faudra attendre un petit peu pour la suite. Mais ravie d'avoir une nouvelle lectrice
Même si on écrit assez souvent pour soi, cela fait toujours plaisir de voir que l'histoire est appréciée. Singularité, je sais tout à fait comment cette histoire va se terminer, maintenant le chemin peut bifurquer par endroit suivant mon inspiration.
Les révélations de la maman sur son terrible passé seraient-elles annonciatrices d'embrouilles à venir, notamment liées à la création de l'IA sur laquelle Aliénor va désormais travailler ? L'avenir nous le dira...
Et puis on ne connaît toujours pas les raisons qui ont poussé Emma à se donner la mort et le départ d'Aliénor ne justifie pas à lui seul, à mon sens, un acte aussi extrême : il y a autre chose là-dessous, mais quoi ?
Je me demande où tu nous emmènes, mais je te suis...
aaarrrfff... je me doutais que le destin de la maman d'Aliénor avait des embruns de malheur. Pauvre petite fille qui "assiste" au meurtre de sa maman
Et si le passé à présent déterré se mêlait au présent? Je ne peux m'empêcher de le redouter
Et clair, les chiens ne font pas des chats "l y avait une petite partie de l’argent qui n’est pas revenue tout de suite sur les comptes. Cette partie a transité et fait maints détours avant de revenir dans le giron de la banque. Et, depuis, quelque part, sur un compte domicilié aux Iles Caïmans, une somme d’argent grossissait chaque année. " Je l'adore, Aliénor
@larbrenboule concernant la mort d'Emma, j'y reviendrais dans les chapitres suivants. Tu penses bien que je n'ai pas tout dit . Quand à la menace de la Mafia concernant Karine et sa famille, je ne reviendrais normalement pas dessus, c'est de l'histoire ancienne. Mais ce n'est pas dit qu'il n'y ait pas d'autres menaces. Surtout qu'Aliénor est plutôt du genre fouineuse... Et merci de suivre mon histoire
@pytisa comme je viens de le dire à @Larbreenboule, le passé ne devrait pas resurgir. C'était surtout pour mettre en exergue le comportement de la maman. Après, il y a peut-être d'autres choses à se méfier. Oui, moi aussi j'adore Aliénor. Même si elle a tendance à prendre trop de choses pour argent comptant (ou prendre l'argent tout court, tiens^^). Quoique depuis qu'elle est arrivée à Newborn et les révélations qu'elle a entendus vont sûrement la faire réfléchir un peu plus. Merci, merci, merci
@sirhc59 c'est clair que ces révélations vont quelque peu changer leur comportement. Et cela permettra peut-être également à Aliénor de grandir un peu plus et de ne plus se comporter en adolescente.
Quand aux dons et aux héritages, je crois que la demoiselle a eu plus que sa part
Merci
Je suis revenue de vacances avec le chapitre 9 écrit. Il ne me reste plus qu'à le mettre au propre et à prendre les screens en jeu. Une mise à jour sera peut-être là dans les quinze prochains jours.
Voici donc le chapitre 9. Je me suis un peu emportée au niveau de l'écriture car il est plus long que d'habitude . Bonne lecture à vous
Chapitre 9 : « Je m’excuse »
Le lendemain, j’entrais enfin dans la pièce ultra-sécurisée qui serait mon lieu de travail pour ces prochains mois et rencontrait mes collègues ingénieurs de Newborn : Steve Hopp et Richard Gallagher. Si le premier, jeune brun au sourire amical, avait du tout du geek sympathique et bon enfant, le deuxième, blond au sourire faux, s’avéra quelque peu pénible.
Apparemment, le fait que je sois une femme lui octroyait le droit de me draguer sans gêne et, surtout, d’avoir un comportement paternaliste. Tout ce que je détestais !
Je le remis assez rapidement à sa place après quelques remarques bien senties. S’il y a bien une chose à laquelle, je ne déroge pas, c’est le fait de ne pas draguer sur le lieu de travail. C’est contre-productif et cela n’amène que des ennuis…
Après ce bref recadrage nous pûmes vraiment nous mettre au travail. Le PDG nous donna tout le dossier informatique que Louis Sarren avait crée ainsi que le cahier des charges donné par l'Armée.
Et je m’aperçus alors que M. Vassarali avait été assez succinct sur ce que voulais l'armée. La liste de leurs demandes était bien plus complexe et minutieuse que je ne le pensais de prime abord. J'eus un juron bien senti en faisant défiler la liste. Tout ne pouvait pas être réalisable. Du moins, pas dans un délai raisonnable. Elle attendait quoi au juste ? Terminator ?
Nous commençâmes donc à déblayer le terrain, à écrire, à réfléchir pour pouvoir poser les bases de l'architecture du programme. Autant dire que je buvais du petit lait.
La particularité d'un ou d'une doué est d'avoir une pensée différente, en arborescence, c'est-à-dire, des pensées qui partent dans tous les sens, simultanément. J'étais donc en train de réfléchir à toutes les possibilités, une pensée m'en amenait une autre, je fourmillais d'idée en tout genre. Ce fut mes deux collègues qui m’arrêtèrent pour la pause déjeuner sinon je n’aurais pas décollé de ma chaise.
Alors que je mangeais machinalement, mes pensées revinrent doucement dans le milieu ambiant et se focalisèrent rapidement sur la problématique familiale : donc, du côté de maman, il n’y avait plus qu’elle en tout et pour tout ….mmmh…. Je me demandais quand même si on ne pouvait pas retrouver quelques membres MacBairn encore en vie. Si j’avais bien saisi, il devait encore y avoir en Angleterre Anietta, ma grand-tante, la nonne. Enfin, si elle était encore en vie. Cela me fit penser ensuite à Rowan et à notre voyage avorté en Europe. Qui sait, si un jour le voyage se faisait, je pourrais peut-être essayer de retrouver cette grand-tante. Cela me plairait bien.
Mon repas terminé, je passais à l’accueil. J’avais vu qu’il y avait des prospectus sur la Fondation Constellation. J’allais en prendre un pour pouvoir commencer mes recherches comme je l’avais promis à mon frère.
Au bureau de l’entrée se tenait une toute jeune fille en laquelle je reconnus rapidement les traits de la famille Orpheline, la famille nombreuse par excellence de notre quartier. Combien avaient-ils de filles maintenant ? A part Candice qui était sortie avec mon frère, je ne connaissais pas les autres enfants. Elle eut un sourire machinal en me voyant puis poussa un petit cri.
- Ho ! Mais vous êtes Aliénor ! Aliénor Raven, n’est-ce pas ?
- Heu… oui.
- La sœur de Terry, c’est ça ?
- Oui…
- Candice n’arrêtais pas de parler de lui à un moment donné. C’est dommage qu’elle ne soit pas fiancé avec lui, finalement… Mais bon ce n’est pas grave. Car ma sœur, elle est très forte : elle a créée sa propre agence immobilière. Elle propose des maisons à acheter ou à louer sur Newborn ou à Newcrest si cela vous intéresse….. Mais enfin, quand même, elle aurait fait un joli couple avec Terry… Mais bon, apparemment, elle sort maintenant avec Théodore Briand, le frère de Pattie qui est maintenant la femme de Terry….
Bon d’accord. Une pipelette. j'eus un hochement de tête machinal, lui faisant croire que sa conversation m'intéressait puis prit le papier de la fondation et repartit dans les bureaux. Mais un élément avait retenu mon attention dans tout ce bavardage : Candice travaillait pour une agence immobilière. Cela tombait pile au bon moment. Car avec la venue de Rowan et de Nath, il fallait trouver une autre location. La mienne était vraiment trop petite et il était hors de question que l'on ne soit pas ensemble. Je rappellerai Rowan ce soir ou demain afin de savoir à quelle date ils arrivaient à Newborn .
Je mis les papiers de la fondation dans mon sac puis repartit travailler avec mes deux autres collègues. Nous continuâmes à déblayer le terrain, autant dans la partie informatique que dans la partie robotique. J'attendais avec impatience la venue de Rowan qui serait mieux nous aiguiller sur la partie mécanique de la chose, puisqu'elle avait déjà une grande expérience dans la domotique et robotique sanitaire.
Le temps fila rapidement et il fut bientôt 19 heures. Steve et Richard décidèrent alors de partir : l'un devait rejoindre sa femme et l'autre son père, avec lequel il vivait. Cela me surprit un peu. J'avais eu l'impression qu'ils étaient tous les deux célibataires. Moi et mes préjugés...
Pour ma part, je décidais de rester encore un peu, ayant un calcul à finir. Et puis, rien ne m'attendait chez moi, à part un repas tout prêt et un bouquin. Rien de bien folichon.
J'étais donc plongée dans les lignes de code quand je sentis soudain un courant d'air dans ma nuque. Je me retournai et vit une silhouette masculine à l'entrée de la salle.
- Que... ?
A peine le temps d’ouvrir la bouche que la silhouette était déjà partie. J’avais quand même eu le temps de sentir un regard scrutateur sur moi. C’était quoi ça ?!!! Et comment était-il entré ? La porte de la salle était munie d’un code uniquement donné aux ingénieurs et au PDG.
Cette intrusion suffit à m’arrêter dans mon travail et je décidais qu’il était temps de partir.
En chemin, j’eus une soudaine répulsion à rentrer chez moi et décidais sur un coup de tête de m’arrêter un peu au bar, le Velours Bleu. Il y aurait bien quelque chose à grignoter et un peu de compagnie, même si je ne parlais à personne.
J’entrais donc dans le bar et pris un bol de chips et un verre de jus de fruits. Il n’y avait pas encore grand monde, donc je choisis ma place à côté du piano. Puis je décidais d’envoyer un SMS à Rowan.
« Coucou toi ! Alors qui c’est qui va venir travailler avec moi ? C’est ma Rowan d’amour »
La réponse de mon amie ne se fit guère attendre.
« Hé ! Ma petite rousse adorée. En effet. A croire que tu ne peux pas te passer de moi… Je n’ai pas le temps ce soir, mais demain on s’appelle ? »
« Pas de soucis. Belle soirée à toi »
« Ho, elle va être belle en effet. J’ai rencard, je te raconterais »
Et c’est sur cette dernière information qu’elle me laissa. Rowan, un rencard ? J’étais intriguée. Bon, j’en saurais plus demain.
En tout cas, j’étais ravie qu’elle me rejoigne bientôt. Même si j’étais de retour dans ma ville natale, je me sentais tout de même seule. Il n’y avait eu qu’une seule personne avec qui je m’étais vraiment entendue ici : Emma. Et elle me manquait terriblement. Même si notre dernière rencontre s’était soldée par une rupture. Ce qui m’attristait le plus, c’était de ne plus pouvoir reconquérir cette amitié puisqu’elle était définitivement partie. Je n’arrivais toujours pas à y croire. Cela lui ressemblait tellement peu. Certes, elle avait toujours été fragile émotionnellement, sensible et à fleur de peau, mais derrière tout cela, elle cachait un noyau dur de volonté tenace et de détermination. Et, surtout, une soif incroyable de découverte.
Je restais pensive pendant un moment devant mon verre puis soudain, un accord de piano me fit relever la tête. Quelqu’un s’y était installé et s’était mis à jouer. Je reconnus immédiatement la personne : Raphaël Bassington. Je fus quelque peu surprise de le voir là et guère à l’aise vu comment notre dernière rencontre s’était passée. Bon, avec un peu de chance, il ne me verrait pas..
Mais dès qu’il finit son morceau, il releva le regard et ce fut dans le mien qu’il plongea. Il sursauta puis eut une expression que je ne pu déchiffrer. Puis il recommença à jouer. Un morceau que je ne risquais pas d’oublier. Le Boléro de Ravel. Le préféré d’Emma. Cela me donna immédiatement envie de m’enfuir. Mais à peine fis-je mine de partir que Raphaël me cloua du regard. Bon. A priori, il voulait me parler. Soit, j’allais attendre. 5 morceaux de musique et deux verres de jus de fruits plus tard, Raphaël vint vers moi et s’assit à ma table. Il me scruta un instant sans rien dire puis prit la parole.
- Aliénor… Je m’excuse pour mon comportement de dimanche dernier. Je ne me suis pas bien comporté avec toi. Et puis, j’ai appris que tu ne savais rien de la mort d’Emma auparavant.
- Humm… Qui te l’as dit ?
- Ta mère. Elle m’a appelé et m’a dit que c’était sa faute à elle si tu n’avais jamais rien su sur la disparition d’Emma…. Cela a dû lui en coûter, à ta mère, de m’appeler, sachant qu’elle n’a jamais porté notre famille dans son cœur.
Je restais coite un instant et maudit ma mère intérieurement. De quoi se mêlait-elle encore ?.. Bon, j’imagine qu’elle avait voulut bien faire et réparer ce qu’elle avait fait…
Je regardais Raphaël du coin de l’œil. Son visage avait l’air tourmenté et un éclat de tristesse voilait son regard. Cinq ans avaient passé mais la mort de sa jumelle le tourmentait toujours. Je bus une gorgée puis me mit à parler franchement.
- Raphaël… Ce que je ne comprends pas, c’est le geste d’Emma. Certes, elle était sensible et pas toujours stable psychologiquement, mais, je ne sais pas… Cela lui ressemble tellement peu…
- Je le sais bien. J’ai tourné cela dans ma tête un nombre incalculable de fois. Mais elle tenait tellement à toi, Aliénor ! L’annonce de ton départ à San José l'a bouleversé au-delà du possible.
- Certes, notre amitié était assez exclusive… Mais, nous nous étions très violemment disputées avant mon départ… Et Emma m’avait bien fait comprendre qu’elle ne voulait plus avoir aucun lien avec moi. Ce n’est pas trop l’idée que je me fais d’une fille qui va mettre fin à ses jours.
- Hein ?
Raphaël tourna son regard gris vers moi, ahuri et abasourdi. Tiens donc, il n’était pas au courant de notre rupture. Je lui racontais donc la dernière «conversation » que j’avais eu avec Emma. Il resta mutique et ses lèvres prirent un pli amer.
- J’avoue que je comprends encore moins son geste maintenant. A moins justement, que cela soit le fait qu’elle se soit mis en colère après toi et qu’il n’y ait plus aucun retour en arrière possible dans votre amitié ?
- Cela peut être une possibilité…. Dis-moi, tu sais sur quoi elle travaillait avec Louis Sarren ?
A ces mots, il eut un rire bref et ironique.
- Ah bien sûr que non. On allait pas me dire, à moi, ce qui se passait à Silicon Intelligence. Je suis bien trop bête pour ça, comme me l'as toujours dit ma chère mère...
Je laissais passais un instant avant de répondre. Encore un contentieux maternel à résoudre. Caroline Bassington, la mère d'Emma et de Raphaël, n'avait jamais été tendre avec son fils. Elle ne lui tolérait aucune faiblesse et elle le rabaissait plus qu'il n'en faut. Je suppose qu'elle lui reprochait de ne pas être aussi intelligent que sa jumelle. Mais les lois de la génétique pouvaient parfois être cruelles. Emma avait touché le jackpot tandis que Raphaël devait se contenter des miettes.
- Tu te dévalorises trop, Raphaël. Après tout, tu as bien réussi ton concours d'entrée à l'école d'ingénieur, non ?
- Bah, cela ne m'a pas servi à grand chose. J'ai arrêté l'école en première année. Cela ne m'intéressait plus. Depuis, je travailles ici en tant que musicien attitré !
Raphaël avait dit cela en ouvrant grand les bras avec un air moqueur et désabusé. j'eus une exclamation dégoûtée.
- Décidément ! Vous avez quoi les garçons, ici ? Mon frère qui était très bon en musique et qui arrêtes pour devenir coach sportif et toi qui étais très bon dans l'ingénierie chimique, tu deviens musicien....
- Ah mais non, pour ton frère, ce n'est pas du tout ça. Il est toujours musicien : il se produit tous les week-ends dans le Casino de Newcrest.
- Hein ?!!!
- Il ne t'as rien dit ?... Bon, ben voilà, tu le sais maintenant. D'ailleurs, il s'est encore amélioré par rapport à son adolescence. Tu devrais aller l'écouter un de ces jours.
Bon. Encore une chose que je devrais discuter avec Terry. C'était donc cela qu'il me cachait dimanche dernier lors du repas familial. Et j'imaginais bien qu'il n'en avait pas parlé à papa. Mais pourquoi ? Il était majeur quand même. Et même si cela ne plaisait pas à notre père , il fallait bien qu'il arrive à s'y faire. La vie de ses enfants n'était pas la sienne.
J'étais à peine revenue depuis 3 jours que je n'en finissais pas avec les révélations.
Je sirotais mon verre en silence à côté de Raphaël qui me regarda bientôt avec un air un peu plus interrogatif.
- Au fait, Aliénor, pourquoi es-tu revenue à Newborn ?
- ... Le siège de Silicon Intelligence a besoin de moi pour une mission. Je suis ici pour une durée indéterminée : 6 mois, un an ou plus, tout dépendra du résultat.
- Silicon Intelligence ! Encore et toujours !... Cela ne te dérange pas que Louis Sarren ne soit plus là ?
- Hmmm, non... Je m'entends très bien avec le nouveau PDG, Monsieur Vassalani. Je le trouves même bien plus direct et pragmatique que Louis Sarren. Celui-ci avait toujours un air mystérieux et insondable, et on ne savait pas juste ce qu'il voulait vraiment. Bon, je ne vais pas cracher dans la soupe non plus, il m'a bien aidé par ailleurs. Mais celle qui avait une relation privilégiée avec lui, c'était quand même ta sœur.
- C'est vrai... tu vois, ce qui m'étonnes, c'est que nous en sachions finalement très peu sur ce que faisaient Emma et Louis Sarren... Après l'école, Emma passait pratiquement tous ses soirs à travailler avec lui, dans les bureaux de Silicon Intelligence et même assez régulièrement les week-ends, mais elle ne parlait guère de ce qu'elle y fabriquait. Ou alors, quand elle nous parlait, c'était pour se lancer dans des tirades assez obscures ou incompréhensible. Je me souviens que sa dernière envolée concernait des puces neuronales et leur implication dans le domaine informatique. Je n'ai toujours rien compris de ce qu'elle a voulu nous expliquer...
A ces mots, je fus saisis par une subite illumination. Mais celle-ci partit avant que je puisses l'analyser. Mais me laissa une sensation de malaise, comme si j'avais loupé quelque chose d'essentiel.
- Ah, Emma. Il fallait la suivre en effet. Quand elle était lancée dans une de ses discussions favorites, on ne pouvait plus l'arrêter.
- Tu n'étais pas en reste, toi non plus, si je m'en souviens bien. Tu prenais même plaisir à l'asticoter sur son sujet favori, à savoir l'émergence de l'intelligence.
- Oui, c'est vrai. Mais c'est parce que j'adorais la regarder quand elle s'enflammait ainsi. Elle était si vivante.
Ma parole mourut petit à petit. J'éprouvais un véritable déchirement de savoir qu'elle n'était plus là. Mon Emma. Mon génie si fragile. Je fus soudain distraite de mes pensées par Raphaël qui me prit doucement la main.
- Raphaël ? Mais que..
- Aliénor... Allie.. Cela me trotte en tête depuis longtemps.. Je tiens à m'excuser.
- Mais, tu viens de le faire tout à l'heure, Raphaël..
- Non, ce n'est pas pour ça. Je parles de ma conduite d'il y a très longtemps.... Tu sais quand je t'ais dit : "Mais moi, je ne t'aimes pas, Aliénor ! Tu es moche avec tes grosses lunettes !!! Et puis tu n'es pas très intéressante."....
- Ho ! Ca... On était des gamins, Raphaël. Tu n'as plus à t'excuser, tu sais.
- Mes paroles étaient méchantes. Oses dire que cela ne t'as pas blessé !
- C'est vrai que sur le moment, j'ai été bien chagrinée. Mais qu'est-ce que tu veux, les sentiments d'amour ne sont pas toujours réciproques..
- Oui..Enfin... Même si je ne t'aimais pas d'amour, Allie, je t'ais menti. Je t'ai toujours trouvé très intéressante. Dommage que je n'ai pas pu mettre mon orgueil de petit garçon de côté. Est-ce qu'on peut être amis ?
- Redevenir amis, tu veux dire Raphaël ?
Je lui adressais un sourire mutin et lui serrait la main avec affection. Son beau regard bleu-gris plongea dans les miens quelques secondes avec intensité et je sentis un petit chatouillis au creux de mon ventre. Amis ?... mmmh, dommage...
Puis, je regardais ma montre et me dis qu'il était peut-être temps de rentrer à la maison.
- Raphaël, j'ai été ravie de passer un peu de temps avec toi, mais là, il va falloir que je file. Je dois embaucher tôt demain matin.
- D'accord. Pourras t'on se revoir ?
- Bien sûr. Je suis ici pour un bon bout de temps.
Nous sortîmes ensemble du bar et, au moment où j'allais partir de mon côté, il me retint un instant par le poignet.
- Allie... Dis-moi, tu y crois vraiment au geste d'Emma ?
-... Non ! .. Enfin, pas de la manière dont il a été présenté. Si vraiment elle s'est donnée la mort, c'est qu'il y a une drôle de raison derrière...
- Merci, Allie. je vais essayer de voir si je peux trouver quelque chose dans les affaires d'Emma à la maison. Je te tiendrais au courant. Bonne nuit !
Et il partit. je restais un instant songeuse. Ma venue ici remuait quand même pas mal de souvenirs et d'événements.
Je ne savais pas encore que mon retour à Newborn était le catalyseur d'incidents qui allaient suivre dans les mois suivants..
Hou, le beau Raphaël qui s'excuse auprès d'Aliénor C'est bien, au moins, elle regagne un ami. Même si elle aimerait tant pouvoir faire plus avec lui héhé On apprend pas mal de choses dans ce chapitre. J'ai beaucoup aimé. Effectivement, la thèse du ❤️❤️❤️❤️ ne tient plus trop debout pour sa défunte meilleure amie. J'ai hâte d'en savoir d'avantage sur les relations qu'elle avait avec ce Saren, sur quoi ils travaillaient. Du coup, j'ai peur pour Aliénor maintenant ... J'espère qu'elle ne va pas se retrouver dans le pétrin en travaillant pour eux.
Réponses
Au passage c'est très bien écrit.
J'espère que la suite te plaira tout autant. Et il y aura encore quelques mystères à découvrir
Je m’avançais vers ma mère et mon frère en haussant les sourcils.
- Bonsoir Terry… Bonsoir Maman. Je ne m’attendais pas à te voir ce soir. Qu’est-ce qu’il se passe ?
Ce fut mon frère qui répondit à la place de ma mère qui me regardait toujours sans mot dire.
- En fait, j’ai dit à maman que je passais te voir ce soir et elle a voulu venir avec moi. Apparemment, elle aurait des choses à nous dire…
Nous nous retournâmes vers maman avec des expressions interrogatives. Même si, en mon for intérieur, je me doutais un peu de quoi Maman voulait nous parler. Elle tourna son regard vers moi et me sourit doucement.
- Dis-moi, Allie… Après ce que je t’ai dit hier, as-tu essayé de faire quelques recherches ?
- … Pas encore.
- Voilà. C’est ce « pas encore » que j’ai préféré devancer . Je n'ai pas envie que tu déterres quoi que se soit que tu pourrais mal interpréter. Mes chéris, je vais vous parler de ma famille maternelle... votre famille aussi.
Maman caressa doucement l'épaule de mon frère. Celui-ci se retourna vers moi avec une moue encore plus perplexe qu'avant. Ah, maman ! Tu n'avais rien dit, à aucun de nous deux.
Je les fis entrer dans la maison et les invitais à s'asseoir à la table. Histoire de se donner une contenance, et peut-être aussi pour calmer sa nervosité, maman me demanda un thé. Assise à la table, elle resta un instant pensive devant la volute de fumée qui s'élevait de sa tasse. Puis elle releva la tête et nous regarda avec une expression résolue.
- Bien.. Terrence, Aliénor. Je crois qu'il est temps que je vous parle de votre famille maternelle. C'est un oubli tout à fait volontaire de ma part, j'en conviens. J'avoue ne pas avoir envie d'en parler, car ce n'est pas la période la plus heureuse de ma vie et c'est difficile pour moi de m'y replonger. Mais le retour d'Allie à Newborn m' a fait comprendre que je ne pouvais pas rester silencieuse plus longtemps... J'ai fait des erreurs envers toi, ma fille et j'en suis désolée...
Maman me regarda la mine attristée et je hochais la tête, mais ne cherchait point à prendre la parole. J'avais vraiment envie de savoir.
- ... Par où commencer ?.... Par les origines, bien sûr... Tout a commencé en Ecosse dans les années 1930. Vos arrières grands-parents, Duncan et Moïra MacBairn. Oui, MacBairn est mon nom de jeune fille... Duncan et Moïra étaient d'humbles ouvriers, assez pauvres qui vivaient du mieux qu'ils pouvaient dans la campagne aux alentours d'Edimbourg.
-
Et puis, un jour, Duncan en eut assez de cette vie de misère et décida de tenter sa chance à Londres. Le problème, c'est qu'il ne trouva pas un travail honnête dans une des nombreuses manufactures de la ville, mais dans une branche de la mafia... Pourquoi, comment, mon père ne m'en a jamais dit plus à ce sujet et le fin mot de cette histoire c'est définitivement perdu.
Toujours est-il que leur vie de misère, à Moïra et à Duncan fut quelque peu terminée et ils eurent le "luxe" de pouvoir agrandir leur famille de cinq enfants. Mais seuls deux survécurent à la petite enfance. L'hygiène et la médecine n'était évidemment pas la même qu'à notre époque. Il y eut donc Anietta, une fille qui plus tard devint nonne et qui perdit contact ensuite avec ses parents ; et ensuite, Bruce, mon père...
"Comme je l'ai déjà indiqué à Aliénor, et comme je pense savoir ce qui te préoccupe en ce moment Terry, il y a une particularité qui se perpétue dans notre famille, que vous appelez maintenant "la Douance". Ma grand-mère, Moïra, était une douée et avait une mémoire phénoménale. Puis ce fut Bruce, mon père qui hérita de la Douance avec une facilité dans les chiffres et autres problèmes compliqués. Le patron de Duncan en vint à l'apprendre et surveilla plus attentivement mon père quand celui-ci devint un adolescent. Il fut alors embauché par la mafia dans la partie Casino et autres magouilles en tout genre. Bien sûr, mon grand-père n'y trouva rien à redire puisqu'il travaillait déjà pour eux. Quand à ce que pensait ma grand-mère... Qui s'occupait de ce que pensaient les femmes à cette époque-là, hein ?.... "
"Bref. Bruce était tellement doué qu'il monta très vite dans la hiérarchie et seconda bientôt un parrain à New York. Et c'est là qu'il rencontra la jeune femme qui allait devenir ma mère, Lucy Harvest... Comme tout début en amour, il y eu les rendez-vous, les fiançailles, puis le mariage. Il n'avait pas besoin de mentir sur son travail car ma mère faisait partie prenante du milieu... Elle était la nièce d'un des parrains mafieux..."
Moi et mon frère nous nous regardâmes, la stupeur dans notre regard. Jamais nous n'aurions imaginé ce pan de l'histoire familiale. Et, je commençais à me douter, intuitivement, de ce que notre mère allait raconter par la suite... Vu comment elle avait réagi dimanche...
" ... Les années passèrent et mes parents eurent des jumeaux, Conrad et Grégoire. Et moi ensuite. Mon père prenait de plus en plus d'importance au sein du clan. Seulement, le parrain vieillissait et il allait bientôt passer la main. Le problème était qu'il avait deux fils. Lequel des deux prendrait donc le pouvoir ? Mon père crut tout naturellement que cela serait l'aîné qui reprendrait la succession et il s'engagea envers lui plus que la prudence ne lui aurait conseillé... Et, évidemment, fatalement, ce fut le fils cadet qui reprit les rênes de l'organisation. Et, ce fils cadet, Alberto de son prénom était... quelque peu sanguin... et rancunier. Il fit abattre son frère et élimina tous ceux qui avaient pris parti contre lui. "Si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi", telle était sa philosophie... Il aurait donc dû abattre mon père, n'est-ce pas ? Mais ses dons en faisaient quelqu'un de précieux pour l'organisation. Alors, pour le punir, et pour l'obliger à lui obéir, il élimina... ma mère..."
La voix de maman devint chevrotante et elle ferma quelques instants les yeux, laissant écouler une larme qui glissa silencieusement sur sa joue. J'allais faire un geste, mais elle rouvrit les yeux et m'arrêta d'un regard. Certaines choses devaient être dites sans interruption.
"... J'avais cinq ans. J'étais à la maison à ce moment-là. Maman a eut le temps de me cacher dans le placard avant que les tueurs ne la trouvent.... Je n'ai pas pleuré, je n'ai pas crié.... Mais qu'il a été difficile de l'entendre hurler sans rien pouvoir faire... Cinquante ans après, cela me hante encore... "
" La mort de maman commença à changer mon père. Lucy avait été tout pour lui, c'était son seul et unique amour. Il échafauda un plan pour s'enfuir de la mafia, non sans au préalable préparer une vengeance envers le nouveau parrain…. Nous nous enfuîmes une nuit, laissant à jamais notre ancienne maison, l’endroit où j’avais grandi… Mais avant de partir à tout jamais de New York, mon père avait vendu Alberto, le nouveau parrain à la Police…. Ce qui n’a pas été bien pris par la Pègre et un contrat fut mis sur sa tête…. Et sur les nôtres, tant qu’à faire…. Nous vécûmes ainsi pendant une dizaine d’années. J’ai passé toute mon enfance à fuir au moindre bruit, à la moindre menace… Malheureusement, malgré toutes les précautions que prit mon père, cela ne suffit pas. Il fut tué un soir avec Grégoire, alors qu’ils rentraient de faire des courses et revenaient dans notre petit logement, dans un endroit de seconde zone… Heureusement pour moi, Conrad avait tout de suite réagi et nous partîmes avant qu’ils puissent nous repérer…. Mon frère était un adolescent qui n’a jamais eu d’enfance mais qui s’occupa du mieux qu’il pouvait de moi. Nous ne restions jamais longtemps au même endroit, juste le temps que Conrad puisse trouver un petit boulot qui nous permettre de vivre un tant soi peu. Autant vous dire qu’au niveau éducation, cela n’a pas vraiment été ça… Même si mon frère faisait du mieux qu’il pouvait. Et puis, nous arrivâmes à Newcrest, la ville qui se trouve à quelques kilomètres de Newborn. Et là, nous pûmes enfin nous poser quelque peu. Conrad réussit à trouver un travail stable, je repris une scolarité un tant soi peu normale, me mis au sport…. Et rencontrai votre père… La suite, vous la connaissez… »
Maman s’arrêta de parler et le silence se fit dans la pièce. La digestion de toute cette information allait être difficile, à moi et à mon frère également. Mais ce fut lui, qui en premier réagit. Il se leva et étreignit ma mère, fortement.
Elle se mit à pleurer à gros sanglots. C’était assez effrayant d’entendre sa propre mère pleurer ainsi. La culpabilité m’étouffait : pourquoi n’avais-je donc pas tenu ma langue ? Car au final, je regrettais fort d’en savoir plus sur la famille de maman. L’ignorance avait été bien plus rassurante. Tant de souffrances et de chagrins.
Mais, parce que c’était moi, et que ma curiosité était éveillée, il fallait que j’en sache plus encore. Je me levais à mon tour et posais une caresse sur l’épaule de maman.
- Je suis désolée Maman de t'avoir obligée à te rappeler ces moments douloureux.
- Non, ma chérie, ne sois pas désolée... Il était temps que vous sachiez ce morceau d'histoire qui vous appartient également... Mais j'avoue que je ne renouvellerai pas l'expérience, c'est trop éprouvant.
- Sinon, il y a une question que je me pose.... Qu'est devenu ton frère Conrad, notre oncle donc ? Je ne crois pas qu’on ne l’ait jamais vu à la maison...
- Ha Conrad... Il était bien installé à Newcrest en effet et était content lorsque je me suis mis en ménage avec Alexander.... Une maladie foudroyante l'a emporté alors que Terry n'avait même pas deux ans. Je crois qu'il a lâché l'affaire quand il a vu que je m'en sortais bien. Et puis la mort de son jumeau l’avait fortement atteint, et il n'en s'est jamais remis...
Nous restâmes tous les trois silencieux. J'étais horrifiée de tout ce que maman avait vécu. Elle avait perdu toute sa famille proche et de manière effroyable. Et pourtant, elle nous avait élevé somme toute assez normalement. Terry et moi n'avions pas eu l'impression qu'elle eut subi un traumatisme aussi important. je regardais maintenant maman d'un œil neuf. J'étais admirative quant à sa façon d'avoir pu gérer tout ça, alors qu'elle avait un ménage à faire tourner et deux petits enfants à élever. Ou alors, est-ce que cela avait été un refuge pour elle ? Et puis une pensée me vint, assez absurde.
- ... Dis-moi, maman, La famille Raven, celle de papa, est-elle aussi rasante que ce qu'on voit ou est-ce qu'elle a des choses à nous cacher elle aussi ?
Maman resta un instant interdite puis éclata de rire devant l'incongruité de la question. Cela permit au moins de détendre l'atmosphère.
- Ho non, non ma chérie. La famille de votre père est aussi rasante qu’elle nous le montre. Il n’y a pas de squelettes dans le placard chez eux !
Je souris aussi devant le trait d’esprit de ma mère puis me tournait vers mon frère. Celui-ci fronçait les sourcils, en proie à une réflexion qu’il nous fît partager aussitôt.
- Maman… Donc, toi et ton frère vous avez pu échapper à des tueurs de la Mafia… Mais, est-ce que ce contrat est toujours actif ? Est-ce que nous, tes enfants (et ta petite-fille) sommes en danger ?
Maman resta un instant silencieuse. Pourquoi n’y avais-je pas pensé moi aussi ? Alors que Terry avait tout de suite vu les implications. Pour lui, sa femme et sa fille.
- Mon chéri…. J’ai 60 ans. Et depuis que nous nous sommes installés Conrad et moi à Newcrest, alors que je n’avais même pas vingt ans, personne n’est venu. Tueur de la Mafia ou autre. Conrad avait bien réussi à les semer. Et puis j’ai suivi les informations : le réseau mafieux d’Alberto a été démantelé très rapidement par les juges et la police. Donc, plus personne ne doit se rappeler de l’ancienne vindicte contre la famille Mac Bairn…. Par contre, là où j’ai eu le plus peur c’est quand Allie a fait sa bêtise…
Ils se retournèrent tous les deux vers moi, maman avec un regard chagrin et Terry perplexe et interrogatif. Bon. C’est vrai qu’il n’avait jamais vraiment su. Allez, pour moi aussi, c’était le grand déballage.
- Allie… Je n’ai jamais vraiment compris cette histoire… Et que tu sois partie si vite à San José… Qu’as-tu donc fait exactement sœurette ?
- Hum…. Je me suis infiltrée dans les bases de données de la Banque Fédérale de Newborn et… J’ai subtilisée sur plusieurs comptes environ 10 millions de dollars...
- QUOI ?!!!
- Oui…. Enfin… Je les ais rendus assez vite hein… C’était surtout histoire de fanfaronner et leur indiquer que leur système n’était pas protégé du tout, puisque j’y suis rentrée très facilement…. Bon, c’est sûr, qu’à postériori, ce n’était pas très malin de ma part. Toute cette histoire aurait pu tourner très mal. Heureusement pour moi, Louis Sarren est intervenu très vite pour me repêcher avant que les autorités judiciaires entrent en jeu. Il a trouvé cela assez drôle et en même temps, cette histoire lui a bien servi, car son entreprise a eu un contrat exclusif avec la banque pour la mise en place d’un logiciel ultra-sécuritaire…. Voilà, tu sais toute l’histoire, Terry.
Bon, en fait, non. Maman et Terry ne savaient pas tout. Il y avait une petite partie de l’argent qui n’est pas revenue tout de suite sur les comptes. Cette partie a transité et fait maints détours avant de revenir dans le giron de la banque. Et, depuis, quelque part, sur un compte domicilié aux Iles Caïmans, une somme d’argent grossissait chaque année. C’était une assurance pour l’avenir. Un petit bas de laine « au cas-où ». Bien évidemment, je savais très bien que cet argent était quelque peu illégal. Mais, en même temps, cet argent, je ne l’avais pas pris sur n’importe quel compte. Et celui où je l’avais pris n’était pas blanc comme neige. Personne ne s’était plaint du petit retard de transfert.
Finalement, je me demandais si le sang MacBairn du côté de maman ne coulait pas un peu trop fort en moi..
Mon frère me regarda avec un autre regard que celui dont il avait l’habitude : un peu amusé, un peu moqueur. Là, il y avait comme un certain respect.
- Eh bien ! Je ne me m’attendais pas à ça. Tu ne fais jamais les choses à moitié, Sœurette. Au fait, pour en revenir au but de ma visite…Hum, Pattie et moi nous nous doutions de quelque chose concernant Annabelle. Nous avons été chez la psychologue la semaine dernière qui lui a fait passer des tests. Notre fille est également une douée.
Je haussais les sourcils de surprise et maman poussa un soupir. Oui. Encore une. Apparemment, notre famille n’échappait pas à son destin. J’espérais pour ma nièce que sa qualification de « haut potentiel » ne lui enlèverait pas sa part au bonheur.
- Allie. Ce que je voulais te demander, c’est, si tu pouvais faire des recherches sur l’institution « Constellation » qui n’est pas très loin d’ici. Je veux le meilleur pour ma fille quant à ses capacités, mais pas sans savoir où je mets les pieds.
- Pourquoi veux-tu que je fasse des recherches ? Tu n’as pas confiance dans cette institution ? C’est Louis Sarren qui l’a fondé…
- Cofondé ! Avec le couple Bassington. Et, on ne peut pas dire que je les porte dans mon cœur ces gens-là, vu comment ils ont élevé leurs enfants. Mais tu en sais quelque chose, hein ?... Enfin, tu peux faire ça pour moi ?
- Bien sûr !
- Et légalement, hein !
- Rhooo, Terry ! Bon, je pense que je devrais arriver à trouver facilement des informations. Elle doit avoir quand même pas mal de publicités.
Sur mes dernières paroles, Maman et Terry se levèrent. Il était temps pour eux de me laisser. Une dernière accolade et je me retrouvais seule, digérant toutes ces informations que je venais de recevoir.
Et là, malgré tout, malgré cette vérité enfin apprise, il y avait une partie de moi qui se demandait pourquoi j’étais revenue ici. L’insouciance avait du bon aussi…
J'aime tellement ce que tu nous racontes là ! L'histoire est accrocheuse et tellement... vraie ! Je sais de quoi je parle ! J'ai un QI supérieur à la moyenne (comme ma mère et quelques ancêtres, bref.) et c'est pas toujours facile. Mais bon, on est obligé de faire avec, hein !
En tout cas, tout ça m'intrigue beaucoup. J'ai hâte de voir la suite !
Challenge repeuplement ► L'espoir fait vivre !
Pour l'I.A je ne sais pas si c'est une bonne idée... Je suis peut-être à la ramasse et je n'évolue pas avec mon époque, mais je trouve ça très dangereux, surtout que là c'est pour l'armée ce serait pour la médecine pourquoi pas, mais là je ne le sens pas du tout. Je comprends que ce soit palpitant comme projet mais... je sens les complications.
Quant à l'histoire de la maman... C'est juste affreux. Je sentais le coup venir quand son grand-père s'est lancé dans la mafia, enfin j'imaginais pas tout ça mais ça sentais les embrouilles quoi.
Bref j'adore toujours autant ! Tu écris vraiment bien et que dire de l'intrigue ? Hormis qu'elle est géniale ? Je sens que tout va se compliquer, que les différentes informations vont s'avérer essentielles pour la suite... Mais je n'arrive pas à l'imaginer. Et ça c'est top.
Si vous souhaitez en savoir plus sur mon univers, faites un tour dans mon humble studio
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Ma chaîne Youtube : Lamé Gaming
C'est marrant parce que j'ai lu il y a quelque jours un livre de science fiction qui parle d'enfants génétiquement modifiés pour ne plus dormir et qui sont surdoués (L'une rêve, l'autre pas de Nancy Kress), et entre un livre qui a reçu pleins de prix et ton histoire, je préfère légèrement la tienne
Je vais attendre la suite avce impatiance maintenant! Tes personnages sont très attachants
Bravo et bonne continuation!
@UnPoulpeetDesChats peut-être en effet, que la création de l'IA n'est pas une bonne idée. Nous verrons bien par la suite. Aliénor, comme tu as pu le voir est assez impulsive et curieuse : "pourquoi ne pas essayer si cela peut se faire ?" Comme elle l'a fait pour l'histoire avec la banque. En tout cas merci pour les compliments. je suis toujours ravie que mon histoire plait autant. Et oui, je distille les informations au compte-goutte, c'est plus intéressant ainsi ^^.
@lamé, ah la relation entre la mère et la fille ne peut que s'améliorer en effet. Bon, elles n'étaient pas complètement brouillées non plus. Mais maintenant toute cette histoire aide à mieux comprendre les réactions de sa mère. Après, toutes les familles ne peuvent pas avoir une histoire "intéressante" comme celle de Karine. Donc, chez le père, c'est des raseurs !^^ (tellement rasants qu'ils n'auront pas de place dans l'histoire. lol).
@Sihu oh ben quel compliment !
@Seokai Merci, merci, merci ! Il faudra attendre un petit peu pour la suite. Mais ravie d'avoir une nouvelle lectrice
Même si on écrit assez souvent pour soi, cela fait toujours plaisir de voir que l'histoire est appréciée. Singularité, je sais tout à fait comment cette histoire va se terminer, maintenant le chemin peut bifurquer par endroit suivant mon inspiration.
Et puis on ne connaît toujours pas les raisons qui ont poussé Emma à se donner la mort et le départ d'Aliénor ne justifie pas à lui seul, à mon sens, un acte aussi extrême : il y a autre chose là-dessous, mais quoi ?
Je me demande où tu nous emmènes, mais je te suis...
Et si le passé à présent déterré se mêlait au présent? Je ne peux m'empêcher de le redouter
Et clair, les chiens ne font pas des chats
On dirait que "bon sang ne saurait mentir" qu'il s'agisse d'actions frauduleuses ou de dons...
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@pytisa comme je viens de le dire à @Larbreenboule, le passé ne devrait pas resurgir. C'était surtout pour mettre en exergue le comportement de la maman. Après, il y a peut-être d'autres choses à se méfier. Oui, moi aussi j'adore Aliénor. Même si elle a tendance à prendre trop de choses pour argent comptant (ou prendre l'argent tout court, tiens^^). Quoique depuis qu'elle est arrivée à Newborn et les révélations qu'elle a entendus vont sûrement la faire réfléchir un peu plus. Merci, merci, merci
@sirhc59 c'est clair que ces révélations vont quelque peu changer leur comportement. Et cela permettra peut-être également à Aliénor de grandir un peu plus et de ne plus se comporter en adolescente.
Quand aux dons et aux héritages, je crois que la demoiselle a eu plus que sa part
Merci
Je suis revenue de vacances avec le chapitre 9 écrit. Il ne me reste plus qu'à le mettre au propre et à prendre les screens en jeu. Une mise à jour sera peut-être là dans les quinze prochains jours.
Le lendemain, j’entrais enfin dans la pièce ultra-sécurisée qui serait mon lieu de travail pour ces prochains mois et rencontrait mes collègues ingénieurs de Newborn : Steve Hopp et Richard Gallagher. Si le premier, jeune brun au sourire amical, avait du tout du geek sympathique et bon enfant, le deuxième, blond au sourire faux, s’avéra quelque peu pénible.
Apparemment, le fait que je sois une femme lui octroyait le droit de me draguer sans gêne et, surtout, d’avoir un comportement paternaliste. Tout ce que je détestais !
Je le remis assez rapidement à sa place après quelques remarques bien senties. S’il y a bien une chose à laquelle, je ne déroge pas, c’est le fait de ne pas draguer sur le lieu de travail. C’est contre-productif et cela n’amène que des ennuis…
Après ce bref recadrage nous pûmes vraiment nous mettre au travail. Le PDG nous donna tout le dossier informatique que Louis Sarren avait crée ainsi que le cahier des charges donné par l'Armée.
Et je m’aperçus alors que M. Vassarali avait été assez succinct sur ce que voulais l'armée. La liste de leurs demandes était bien plus complexe et minutieuse que je ne le pensais de prime abord. J'eus un juron bien senti en faisant défiler la liste. Tout ne pouvait pas être réalisable. Du moins, pas dans un délai raisonnable. Elle attendait quoi au juste ? Terminator ?
Nous commençâmes donc à déblayer le terrain, à écrire, à réfléchir pour pouvoir poser les bases de l'architecture du programme. Autant dire que je buvais du petit lait.
La particularité d'un ou d'une doué est d'avoir une pensée différente, en arborescence, c'est-à-dire, des pensées qui partent dans tous les sens, simultanément. J'étais donc en train de réfléchir à toutes les possibilités, une pensée m'en amenait une autre, je fourmillais d'idée en tout genre. Ce fut mes deux collègues qui m’arrêtèrent pour la pause déjeuner sinon je n’aurais pas décollé de ma chaise.
Alors que je mangeais machinalement, mes pensées revinrent doucement dans le milieu ambiant et se focalisèrent rapidement sur la problématique familiale : donc, du côté de maman, il n’y avait plus qu’elle en tout et pour tout ….mmmh…. Je me demandais quand même si on ne pouvait pas retrouver quelques membres MacBairn encore en vie. Si j’avais bien saisi, il devait encore y avoir en Angleterre Anietta, ma grand-tante, la nonne. Enfin, si elle était encore en vie. Cela me fit penser ensuite à Rowan et à notre voyage avorté en Europe. Qui sait, si un jour le voyage se faisait, je pourrais peut-être essayer de retrouver cette grand-tante. Cela me plairait bien.
Mon repas terminé, je passais à l’accueil. J’avais vu qu’il y avait des prospectus sur la Fondation Constellation. J’allais en prendre un pour pouvoir commencer mes recherches comme je l’avais promis à mon frère.
Au bureau de l’entrée se tenait une toute jeune fille en laquelle je reconnus rapidement les traits de la famille Orpheline, la famille nombreuse par excellence de notre quartier. Combien avaient-ils de filles maintenant ? A part Candice qui était sortie avec mon frère, je ne connaissais pas les autres enfants. Elle eut un sourire machinal en me voyant puis poussa un petit cri.
- Ho ! Mais vous êtes Aliénor ! Aliénor Raven, n’est-ce pas ?
- Heu… oui.
- La sœur de Terry, c’est ça ?
- Oui…
- Candice n’arrêtais pas de parler de lui à un moment donné. C’est dommage qu’elle ne soit pas fiancé avec lui, finalement… Mais bon ce n’est pas grave. Car ma sœur, elle est très forte : elle a créée sa propre agence immobilière. Elle propose des maisons à acheter ou à louer sur Newborn ou à Newcrest si cela vous intéresse….. Mais enfin, quand même, elle aurait fait un joli couple avec Terry… Mais bon, apparemment, elle sort maintenant avec Théodore Briand, le frère de Pattie qui est maintenant la femme de Terry….
Bon d’accord. Une pipelette. j'eus un hochement de tête machinal, lui faisant croire que sa conversation m'intéressait puis prit le papier de la fondation et repartit dans les bureaux. Mais un élément avait retenu mon attention dans tout ce bavardage : Candice travaillait pour une agence immobilière. Cela tombait pile au bon moment. Car avec la venue de Rowan et de Nath, il fallait trouver une autre location. La mienne était vraiment trop petite et il était hors de question que l'on ne soit pas ensemble. Je rappellerai Rowan ce soir ou demain afin de savoir à quelle date ils arrivaient à Newborn .
Je mis les papiers de la fondation dans mon sac puis repartit travailler avec mes deux autres collègues. Nous continuâmes à déblayer le terrain, autant dans la partie informatique que dans la partie robotique. J'attendais avec impatience la venue de Rowan qui serait mieux nous aiguiller sur la partie mécanique de la chose, puisqu'elle avait déjà une grande expérience dans la domotique et robotique sanitaire.
Le temps fila rapidement et il fut bientôt 19 heures. Steve et Richard décidèrent alors de partir : l'un devait rejoindre sa femme et l'autre son père, avec lequel il vivait. Cela me surprit un peu. J'avais eu l'impression qu'ils étaient tous les deux célibataires. Moi et mes préjugés...
Pour ma part, je décidais de rester encore un peu, ayant un calcul à finir. Et puis, rien ne m'attendait chez moi, à part un repas tout prêt et un bouquin. Rien de bien folichon.
J'étais donc plongée dans les lignes de code quand je sentis soudain un courant d'air dans ma nuque. Je me retournai et vit une silhouette masculine à l'entrée de la salle.
- Que... ?
A peine le temps d’ouvrir la bouche que la silhouette était déjà partie. J’avais quand même eu le temps de sentir un regard scrutateur sur moi. C’était quoi ça ?!!! Et comment était-il entré ? La porte de la salle était munie d’un code uniquement donné aux ingénieurs et au PDG.
Cette intrusion suffit à m’arrêter dans mon travail et je décidais qu’il était temps de partir.
En chemin, j’eus une soudaine répulsion à rentrer chez moi et décidais sur un coup de tête de m’arrêter un peu au bar, le Velours Bleu. Il y aurait bien quelque chose à grignoter et un peu de compagnie, même si je ne parlais à personne.
J’entrais donc dans le bar et pris un bol de chips et un verre de jus de fruits. Il n’y avait pas encore grand monde, donc je choisis ma place à côté du piano. Puis je décidais d’envoyer un SMS à Rowan.
« Coucou toi ! Alors qui c’est qui va venir travailler avec moi ? C’est ma Rowan d’amour »
La réponse de mon amie ne se fit guère attendre.
« Hé ! Ma petite rousse adorée. En effet. A croire que tu ne peux pas te passer de moi… Je n’ai pas le temps ce soir, mais demain on s’appelle ? »
« Pas de soucis. Belle soirée à toi »
« Ho, elle va être belle en effet. J’ai rencard, je te raconterais
Et c’est sur cette dernière information qu’elle me laissa. Rowan, un rencard ? J’étais intriguée. Bon, j’en saurais plus demain.
En tout cas, j’étais ravie qu’elle me rejoigne bientôt. Même si j’étais de retour dans ma ville natale, je me sentais tout de même seule. Il n’y avait eu qu’une seule personne avec qui je m’étais vraiment entendue ici : Emma. Et elle me manquait terriblement. Même si notre dernière rencontre s’était soldée par une rupture. Ce qui m’attristait le plus, c’était de ne plus pouvoir reconquérir cette amitié puisqu’elle était définitivement partie. Je n’arrivais toujours pas à y croire. Cela lui ressemblait tellement peu. Certes, elle avait toujours été fragile émotionnellement, sensible et à fleur de peau, mais derrière tout cela, elle cachait un noyau dur de volonté tenace et de détermination. Et, surtout, une soif incroyable de découverte.
Je restais pensive pendant un moment devant mon verre puis soudain, un accord de piano me fit relever la tête. Quelqu’un s’y était installé et s’était mis à jouer. Je reconnus immédiatement la personne : Raphaël Bassington. Je fus quelque peu surprise de le voir là et guère à l’aise vu comment notre dernière rencontre s’était passée. Bon, avec un peu de chance, il ne me verrait pas..
Mais dès qu’il finit son morceau, il releva le regard et ce fut dans le mien qu’il plongea. Il sursauta puis eut une expression que je ne pu déchiffrer. Puis il recommença à jouer. Un morceau que je ne risquais pas d’oublier. Le Boléro de Ravel. Le préféré d’Emma. Cela me donna immédiatement envie de m’enfuir. Mais à peine fis-je mine de partir que Raphaël me cloua du regard. Bon. A priori, il voulait me parler. Soit, j’allais attendre. 5 morceaux de musique et deux verres de jus de fruits plus tard, Raphaël vint vers moi et s’assit à ma table. Il me scruta un instant sans rien dire puis prit la parole.
- Aliénor… Je m’excuse pour mon comportement de dimanche dernier. Je ne me suis pas bien comporté avec toi. Et puis, j’ai appris que tu ne savais rien de la mort d’Emma auparavant.
- Humm… Qui te l’as dit ?
- Ta mère. Elle m’a appelé et m’a dit que c’était sa faute à elle si tu n’avais jamais rien su sur la disparition d’Emma…. Cela a dû lui en coûter, à ta mère, de m’appeler, sachant qu’elle n’a jamais porté notre famille dans son cœur.
Je restais coite un instant et maudit ma mère intérieurement. De quoi se mêlait-elle encore ?.. Bon, j’imagine qu’elle avait voulut bien faire et réparer ce qu’elle avait fait…
Je regardais Raphaël du coin de l’œil. Son visage avait l’air tourmenté et un éclat de tristesse voilait son regard. Cinq ans avaient passé mais la mort de sa jumelle le tourmentait toujours. Je bus une gorgée puis me mit à parler franchement.
- Raphaël… Ce que je ne comprends pas, c’est le geste d’Emma. Certes, elle était sensible et pas toujours stable psychologiquement, mais, je ne sais pas… Cela lui ressemble tellement peu…
- Je le sais bien. J’ai tourné cela dans ma tête un nombre incalculable de fois. Mais elle tenait tellement à toi, Aliénor ! L’annonce de ton départ à San José l'a bouleversé au-delà du possible.
- Certes, notre amitié était assez exclusive… Mais, nous nous étions très violemment disputées avant mon départ… Et Emma m’avait bien fait comprendre qu’elle ne voulait plus avoir aucun lien avec moi. Ce n’est pas trop l’idée que je me fais d’une fille qui va mettre fin à ses jours.
- Hein ?
Raphaël tourna son regard gris vers moi, ahuri et abasourdi. Tiens donc, il n’était pas au courant de notre rupture. Je lui racontais donc la dernière «conversation » que j’avais eu avec Emma. Il resta mutique et ses lèvres prirent un pli amer.
- J’avoue que je comprends encore moins son geste maintenant. A moins justement, que cela soit le fait qu’elle se soit mis en colère après toi et qu’il n’y ait plus aucun retour en arrière possible dans votre amitié ?
- Cela peut être une possibilité…. Dis-moi, tu sais sur quoi elle travaillait avec Louis Sarren ?
A ces mots, il eut un rire bref et ironique.
- Ah bien sûr que non. On allait pas me dire, à moi, ce qui se passait à Silicon Intelligence. Je suis bien trop bête pour ça, comme me l'as toujours dit ma chère mère...
Je laissais passais un instant avant de répondre. Encore un contentieux maternel à résoudre. Caroline Bassington, la mère d'Emma et de Raphaël, n'avait jamais été tendre avec son fils. Elle ne lui tolérait aucune faiblesse et elle le rabaissait plus qu'il n'en faut. Je suppose qu'elle lui reprochait de ne pas être aussi intelligent que sa jumelle. Mais les lois de la génétique pouvaient parfois être cruelles. Emma avait touché le jackpot tandis que Raphaël devait se contenter des miettes.
- Tu te dévalorises trop, Raphaël. Après tout, tu as bien réussi ton concours d'entrée à l'école d'ingénieur, non ?
- Bah, cela ne m'a pas servi à grand chose. J'ai arrêté l'école en première année. Cela ne m'intéressait plus. Depuis, je travailles ici en tant que musicien attitré !
Raphaël avait dit cela en ouvrant grand les bras avec un air moqueur et désabusé. j'eus une exclamation dégoûtée.
- Décidément ! Vous avez quoi les garçons, ici ? Mon frère qui était très bon en musique et qui arrêtes pour devenir coach sportif et toi qui étais très bon dans l'ingénierie chimique, tu deviens musicien....
- Ah mais non, pour ton frère, ce n'est pas du tout ça. Il est toujours musicien : il se produit tous les week-ends dans le Casino de Newcrest.
- Hein ?!!!
- Il ne t'as rien dit ?... Bon, ben voilà, tu le sais maintenant. D'ailleurs, il s'est encore amélioré par rapport à son adolescence. Tu devrais aller l'écouter un de ces jours.
Bon. Encore une chose que je devrais discuter avec Terry. C'était donc cela qu'il me cachait dimanche dernier lors du repas familial. Et j'imaginais bien qu'il n'en avait pas parlé à papa. Mais pourquoi ? Il était majeur quand même. Et même si cela ne plaisait pas à notre père , il fallait bien qu'il arrive à s'y faire. La vie de ses enfants n'était pas la sienne.
J'étais à peine revenue depuis 3 jours que je n'en finissais pas avec les révélations.
Je sirotais mon verre en silence à côté de Raphaël qui me regarda bientôt avec un air un peu plus interrogatif.
- Au fait, Aliénor, pourquoi es-tu revenue à Newborn ?
- ... Le siège de Silicon Intelligence a besoin de moi pour une mission. Je suis ici pour une durée indéterminée : 6 mois, un an ou plus, tout dépendra du résultat.
- Silicon Intelligence ! Encore et toujours !... Cela ne te dérange pas que Louis Sarren ne soit plus là ?
- Hmmm, non... Je m'entends très bien avec le nouveau PDG, Monsieur Vassalani. Je le trouves même bien plus direct et pragmatique que Louis Sarren. Celui-ci avait toujours un air mystérieux et insondable, et on ne savait pas juste ce qu'il voulait vraiment. Bon, je ne vais pas cracher dans la soupe non plus, il m'a bien aidé par ailleurs. Mais celle qui avait une relation privilégiée avec lui, c'était quand même ta sœur.
- C'est vrai... tu vois, ce qui m'étonnes, c'est que nous en sachions finalement très peu sur ce que faisaient Emma et Louis Sarren... Après l'école, Emma passait pratiquement tous ses soirs à travailler avec lui, dans les bureaux de Silicon Intelligence et même assez régulièrement les week-ends, mais elle ne parlait guère de ce qu'elle y fabriquait. Ou alors, quand elle nous parlait, c'était pour se lancer dans des tirades assez obscures ou incompréhensible. Je me souviens que sa dernière envolée concernait des puces neuronales et leur implication dans le domaine informatique. Je n'ai toujours rien compris de ce qu'elle a voulu nous expliquer...
A ces mots, je fus saisis par une subite illumination. Mais celle-ci partit avant que je puisses l'analyser. Mais me laissa une sensation de malaise, comme si j'avais loupé quelque chose d'essentiel.
- Ah, Emma. Il fallait la suivre en effet. Quand elle était lancée dans une de ses discussions favorites, on ne pouvait plus l'arrêter.
- Tu n'étais pas en reste, toi non plus, si je m'en souviens bien. Tu prenais même plaisir à l'asticoter sur son sujet favori, à savoir l'émergence de l'intelligence.
- Oui, c'est vrai. Mais c'est parce que j'adorais la regarder quand elle s'enflammait ainsi. Elle était si vivante.
Ma parole mourut petit à petit. J'éprouvais un véritable déchirement de savoir qu'elle n'était plus là. Mon Emma. Mon génie si fragile. Je fus soudain distraite de mes pensées par Raphaël qui me prit doucement la main.
- Raphaël ? Mais que..
- Aliénor... Allie.. Cela me trotte en tête depuis longtemps.. Je tiens à m'excuser.
- Mais, tu viens de le faire tout à l'heure, Raphaël..
- Non, ce n'est pas pour ça. Je parles de ma conduite d'il y a très longtemps.... Tu sais quand je t'ais dit : "Mais moi, je ne t'aimes pas, Aliénor ! Tu es moche avec tes grosses lunettes !!! Et puis tu n'es pas très intéressante."....
- Ho ! Ca... On était des gamins, Raphaël. Tu n'as plus à t'excuser, tu sais.
- Mes paroles étaient méchantes. Oses dire que cela ne t'as pas blessé !
- C'est vrai que sur le moment, j'ai été bien chagrinée. Mais qu'est-ce que tu veux, les sentiments d'amour ne sont pas toujours réciproques..
- Oui..Enfin... Même si je ne t'aimais pas d'amour, Allie, je t'ais menti. Je t'ai toujours trouvé très intéressante. Dommage que je n'ai pas pu mettre mon orgueil de petit garçon de côté. Est-ce qu'on peut être amis ?
- Redevenir amis, tu veux dire Raphaël ?
Je lui adressais un sourire mutin et lui serrait la main avec affection. Son beau regard bleu-gris plongea dans les miens quelques secondes avec intensité et je sentis un petit chatouillis au creux de mon ventre. Amis ?... mmmh, dommage...
Puis, je regardais ma montre et me dis qu'il était peut-être temps de rentrer à la maison.
- Raphaël, j'ai été ravie de passer un peu de temps avec toi, mais là, il va falloir que je file. Je dois embaucher tôt demain matin.
- D'accord. Pourras t'on se revoir ?
- Bien sûr. Je suis ici pour un bon bout de temps.
Nous sortîmes ensemble du bar et, au moment où j'allais partir de mon côté, il me retint un instant par le poignet.
- Allie... Dis-moi, tu y crois vraiment au geste d'Emma ?
-... Non ! .. Enfin, pas de la manière dont il a été présenté. Si vraiment elle s'est donnée la mort, c'est qu'il y a une drôle de raison derrière...
- Merci, Allie. je vais essayer de voir si je peux trouver quelque chose dans les affaires d'Emma à la maison. Je te tiendrais au courant. Bonne nuit !
Et il partit. je restais un instant songeuse. Ma venue ici remuait quand même pas mal de souvenirs et d'événements.
Je ne savais pas encore que mon retour à Newborn était le catalyseur d'incidents qui allaient suivre dans les mois suivants..
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