@sirhc59 : T'as préparé ton baluchon pour nous suivre ?
@Floreliia : Ahah! J'adore ta manière d'expédier Barbie Merci beaucoup! Ca me fait un plaisir fou ce que tu me dis! Allez! On t'embarque aussi! C'est qu'on va être un bon petit nombre à partir avec Apolline et Rémi
@Larbreenboule : Effectivement, je ne pouvais pas spoiler mais tu étais très perspicace sur ce coup là! Ahah! La suite nous le dira...
@Caro220283 : Rooooh! Merci, merci et merci! Oui Rémi a ce côté très protecteur envers Apolline, tout comme son père avant lui. Il prend courageusement le relais
Ses parents vivaient à une grosse demi heure de chez elle. En prenant les grands axes, ils pouvaient gagner 5 à 10 minutes de route mais pas plus. Rémi avait donc opté pour les petites routes qui bordaient les villages. Apolline pour passer le temps sorti son calepin et se mis à relire les quelques lignes qu'elle avait griffonné concernant son existence. Elle s'arrêta un instant sur la phrase qu'elle avait eut le plus de mal à noter: "Tes parents ne sont pas tes vrais parents". Elle releva la tête de son carnet et plongea son regard sur la route et l'enfilade de maisons qu'ils dépassaient à vive allure. Son esprit se projeta devant la maison de ceux qu'elle avait toujours vu comme ses géniteurs, il s'avança vers leur porte et les vit, là devant ses yeux, tout sourire, heureux de revoir leur fille qui leur donnait si peu de nouvelles. Leur parlerait-elle de ce que Rémi lui avait apprit ? Oserait-elle leur demander comment ils avaient pu lui mentir si longtemps ? Elle les imaginait se refermer, se recroqueviller sur eux même sous le poids de ses paroles, des ses accusations. Méritaient-ils vraiment ça, eux qui l'avait élevé comme leur propre fille ? Etaient-ils seulement au courant de tout ce qu'il se passait ? Apolline ferma les yeux tentant ainsi de ralentir les battements de son cœur.
Rémi lui jeta un rapide coup d'œil. Il faisait vrombir le moteur de sa vieille voiture. C'était son père qui la lui avait donné il y avait des années en arrière lorsqu'il lui avait annoncé sa réussite à son permis. Sa seule réussite d'ailleurs. Il avait beau fouiller dans sa mémoire, s'était la seule fois où son père avait été fier de lui. Au moment où il avait passé la porte, son père s'était jeté sur lui pour lui demander ce qu'il en était, Rémi ne pouvant retenir sa joie lui avait annoncé que normalement il avait déchiré et que c'était dans la poche. Emmanuel l'avait alors étreint de toute ses forces et lorsque quelques jours plus tard il recevait son papier officiel, son père lui avait lancé les clés de sa voiture et lui disant "Roules mon p'tit gars!".
En repensant à cette époque si heureuse avec sa mère toujours angoissée dès qu'il partait en voiture, à son père dont le regard brillait de la fierté paternel en voyant sa progéniture s'élever, Rémi ne pu s'empêcher de sourire, de ce sourire doux et nostalgique quand quelque chose nous manque. Mais il revint vite à la réalité en entendant Apolline lui indiquer de tourner à gauche à la prochaine intersection et qu'à présent la maison de ses parents n'était plus très loin.
Ils s'arrêtèrent au bout d'une impasse qu'une petite maison sans prétention terminait. Rémi coupa le contact et pivota vers Apolline qui ne lâchait pas la bâtisse des yeux.
"Ca va aller?", lui demanda-t-il pas très sûr de la réponse qu'il allait recevoir.
"Je ne sais pas", souffla la jeune femme sans détourner le regard de la maison.
"Tu vas leur parler de... de ce que je t'ai raconté ?"
Cette pensée la fit frissonner. Elle gigota sur son siège comme si celui-ci lui brûlait les fesses. Elle ne supportait soudain plus d'être assise, enfermée dans cette voiture si sale. Elle voulait respirer. Elle ouvrit la portière en grand et se laissa glisser à l'extérieur.
Rémi la suivit. Les portières claquèrent. "Et s'il n'y avait personne" pensa Apolline ne voyant pas âme qui vive à travers les fenêtres. Le jeune homme ne la quittait pas des yeux. Il était pressé d'avoir le tableau de son père entre les mains mais pas assez pour la brusquer et lui demander d'accélérer le pas.
La maison dans laquelle elle avait grandit était là, devant ses yeux et pourtant elle lui semblait si différente. Le jardin était vide à présent alors que dans son enfance, elle se souvint qu'il y avait une cage à poule sur laquelle elle adorait se pendre. Elle s'était même cassée une dent contre une barre, heureusement ce n'était qu'une dent de lait et une plus jolie avait pris place des mois plus tard.
Son père adorait faire son jardin. Il y avait des tomates à profusion, des carottes et même des fraises. Elle les ramassait à même le plant et les mangeait sans les laver, elle trouvait qu'elles avaient plus de goût ainsi. Mais à présent tout cela n'existait plus. Elle n'était partie de chez ses parents que depuis 4 ans et même s'il était vrai qu'elle n'était pas souvent revenu chez eux après, elle ne reconnaissait plus grand chose.
Apolline prit une grande bouffée d'oxygène, s'ébroua pour se donner contenance et s'essuya brièvement les mains sur son jeans. Elle avança vers la porte de ses parents et frappa trois coups. Rémi qui l'avait suivit, attendait derrière stressé lui aussi de rencontrer des gens qu'il ne connaissait ni d'Adam, ni d'Eve et qui étaient de surplus les parents d'Apolline. Il appréhendait sa rencontre avec eux comme s'il était l'amant de leur fille. Cette pensée lui paru ridicule et il préféra se concentrer sur son objectif principal : récupérer le tableau.
Des petits pas secs résonnèrent de l'autre côté de la porte. Apolline connaissait bien ce pas, elle l'avait entendu des milliers de fois frappant le sol de la maison à toute heure du jour. La poignée s'actionna et le battant de porte s'ouvrit dévoilant un visage marqué par les années, les inquiétudes et peut-être aussi les souffrances de la vie. Les yeux de ce visage familier s'agrandir en apercevant la jeune femme qui avait frappé et un sourire radieux éblouissant et rajeunissant, l'éclaira.
"Apolline ma chérie!" Prise d'une vive émotion de voir sa fille devant elle, la mère d'Apolline ne pu retenir son élan pour aller l'enlacer de toutes ses forces.
Après quelques secondes qui parurent une éternité autant à Apolline qu'à Rémi qui regardait comme gêné l'expression d'un amour maternel qu'il ne connaissait plus, la femme au regard brillant d'émotion s'écarta de sa fille et les invita à entrer.
"Roman! Apolline est là!" Elle les fit s'assoir sur le canapé usé lui aussi par les années et les nombreux postérieurs qu'il dut supporter, et partie chercher son mari les laissant seuls.
"Tu crois que ta mère s'est rendu compte de ma présence ?" demanda Rémi d'un air faussement inquiet.
"Evidemment! Pourquoi cette question ?"
"Elle ne m'a toujours pas demandé qui j'étais... et pourtant je t'assure que je ne les connais pas". Il s'était senti obligé d'ajouter cette information devant le regard suspicieux que lui lançait Apolline plus très sûre de ce qu'elle pouvait ou non croire à présent.
Les parents d'Apolline entrèrent ensemble dans la pièce interrompant la conversation des jeunes gens.
"Ma chérie! Ca fait tellement longtemps qu'on ne t'avait pas vu!" Le père d'Apolline était grand et bien tenu dans son costume beige. Il avait cette élégance de ceux qui ne s'en rende pas compte, cette subtilité de mouvement et cet intelligence dans le regard qui mettait mal à l'aise tout ceux qui ne le connaissait pas, ce sentant jugé et testé à chacune de leur parole.
Après avoir enlacé sa fille comme il semblait en être la coutume dans la famille, il se tourna vers Rémi qui s'était levé sans pour autant être certain d'être remarqué.
"Tiens. Tu nous ramènes un ami ?"
Apolline fit les présentations comme les bonnes manières le voulaient. Roman serra énergiquement la main de Rémi qui ne pu étouffer un gémissement. Quant à Adélaïde, elle resta à l'écart lui accordant un léger sourire.
Tous s'assirent, Rémi s'enfonça dans le canapé, souhaitant disparaître alors qu'il voulait tant être vu quelques minutes plus tôt.
Apolline regardait ses parents. Ils avaient vieilli depuis 6 mois qu'elle ne les avait pas revu. Ils semblaient fatigués, épuisés par les heures qui passaient et qui les éloignaient toujours un peu plus de leur jeunesse. Elle se rendit soudain compte qu'elle n'était pas attristée comme aurait dû l'être n'importe quelle fille qui voyait ses parents prendre de l'âge et avancer inexorablement vers la mort. Elle n'avait pas peur de les perdre. Elle restait là, passive devant leur rides aux coins des yeux et leurs peau qui commençait à se distendre sous le menton. Etait-ce dû à ce qu'elle venait d'apprendre sur son histoire, sur le fait qu'ils ne soient pas ses véritables parents? Non, elle ne pouvait pas croire que cette nouvelle même si énorme pouvait modifier tous ses sentiments en si peu de temps. Elle les aimait, elle en était sûre mais elle avait toujours mis de la distance entre ses parents et elle, comme si elle avait toujours su. Avant de passer la porte, elle avait eut peur. Peur de ne pas pouvoir jouer la comédie, de ne pas pouvoir faire comme d'habitude en sachant qu'ils n'étaient que ses parents adoptifs mais maintenant elle savait qu'elle n'avait rien à craindre car elle avait toujours tenu un rôle sans s'en rendre compte.
"Alors ma fille qu'est-ce qui nous vaut ta visite si ce n'est pas ce garçon?"
"Je ne sais pas si vous vous souvenez mais il y a quelque temps je vous ai donné un tableau"
"Bien sûr qu'on s'en souvient! On l'a mis dans le couloir. C'est ton voisin qui te l'avait offert non ?" demanda Roman curieux que la visite de sa fille soit pour cette vieille croute qu'ils ne gardaient que pour lui faire plaisir.
"Je souhaiterais le récupérer"
Adélaïde et Roman échangèrent un regard interloqué.
"Tu veux récupérer CE tableau?" s'étonna sa mère. "Mais que vas-tu en faire ?"
"Je... Et bien..."
"C'est un tableau de mon père" intervint Rémi voyant Apolline en difficulté."Il est... pas très bien et... je voudrais lui faire plaisir en exposant ses œuvres une dernière fois"
"Oh! Je vois..." Adélaïde se tourna vers son mari soudain bouleversée par la fausse nouvelle de Rémi. "Chéri, tu veux bien aller chercher ce tableau ? Le pauvre garçon..."
"Mais oui bien sûr, j'y vais de ce pas!" Il se leva vivement du canapé, trop sûrement car une vive douleur au dos le fit plier et pousser un léger cri.
"Tout va bien papa? Sinon Rémi peut le faire" s'inquiéta Apolline.
"Non, non. Je vais bien. Les douleurs ça nous connait!"
Roman quitta le salon le temps de décrocher le tableau d'Emmanuel qui se trouvait de l'autre côté du mur. Lorsqu'il revint avec le butin tant convoité, il le tendit à Rémi. "J'espère que votre père sera heureux de le revoir"
"J'espère aussi", souffla Rémi en le prenant.
Comme tous parents qui se respectent, Adélaïde et Roman n'autorisèrent pas les jeunes gens à partir aussi vite et encore moins sans avoir mangé avec eux. Ils acceptèrent donc l'invitation avec résignation et assis autour de la table, le plat posé devant eux, la bonne odeur leur chatouillant les narines, se rendirent compte qu'ils n'avaient pas mangé de toute la journée et qu'ils avaient sacrément faim.
A la fin du repas qui les avait tous bien rassasié, Rémi et Apolline décidèrent qu'il était temps pour eux de reprendre la route. Il était tard à présent. Rémi remercia grandement la mère d'Apolline pour son dîner ainsi que son père pour son accueil. Il récupéra le tableau qui était resté dans le salon mais alors qu'il se dirigeait vers la porte son hôtesse l'interpela en le priant d'attendre deux minutes qu'elle revenait. Rémi interrogea Apolline du regard mais cette dernière ne pu lui rendre qu'un haussement d'épaule pour réponse ne sachant pas du tout ce que sa mère comptait faire. Ils l'entendirent farfouiller dans sa chambre et la virent revenir avec un drap dans les bras. Elle demanda à Rémi de poser son tableau sur la canapé qu'elle enroula dans le linge.
"Voilà, ainsi il ne risque pas d'être abimé". Elle se retourna ensuite vers Rémi, lui mis les mains sur les bras en signe de réconfort et dit: "J'espère que votre père sera heureux de revoir toutes ses œuvres".
Se sentant mal à l'aise, le jeune homme lui sourit timidement et la remercia de nouveau pour sa gentillesse.
Ainsi emmailloté, le tableau fut transporté dans le coffre de la voiture et après un rapide signe de la main, les deux jeunes gens prirent la route laissant pour l'un des inconnus aux cœurs tendres et l'autre un passé nostalgique qui s'effaçait de plus en plus de sa mémoire.
Quel talent d'écriture ! On vi tellement la scène , c'était vraiment bien et ses parents adoptifs on l'air d'une gentillesse ! J'ai apprécié ce long chapitre
Les parents d'Apolline sont vraiment de braves gens, ça se voit... Surtout Adélaide qui attendait peut-être que sa fille lui présente Rémi comme son fiancé, je pense, et qui a quand même tenu à glisser quelques paroles de réconfort à Rémi, en tête à tête .
Apolline a de la chance d'avoir des parents aussi gentils, même s'ils ne lui ont jamais dit qu'ils l'avaient adoptée
Mais on n'a toujours pas vu le tableau en question...
Encore un super chapitre, j'adore comme tu écris, c'est vraiment... scotchant
Je trouve Rémi de plus en plus sympathique et j'ai beaucoup aimé Adélaide et Roman
C'est étrange qu'en apprenant son adoption elle se détache déjà d'eux aussi vite... Même adoptifs, on a surement pas envie de voir ses parents vieillir, ça cache un truc ça ?
Les parents d'Apolline m'ont fait grande impression: gentillesse, prévenance, aucune question intrusive sur la vie de leur fille. C'en était presque trop parfait, trop simple et du coup troublant (mais bon, j'ai l'esprit tordu, moi aussi )
Voilà, le tableau est dans le coffre, il ne reste plus qu'à l'examiner au calme, trouver l'indice et ...!
Vivement la suite.
Il s'appelle Richard ou Roman le papa ?
Ils ont l'air tellement gentils et en même temps c'est tellement triste de se dire qu'Appoline s'en est autant détachée En fait c'est limite louche, ça aurait un rapport avec sa mémoire qui flanche et le fait qu'elle ne vienne pas de ce monde ?
Pour l'instant il n'est pas vraiment prouvé que les parents d'Apolline l'aient "adopté"... On aura peut-être un peu plus d'éclaircissement par la suite @Larbreenboule : avec moi rien n'est simple (Les Shadoks!!!!! Ca fait tellement longtemps! )
Merci encore @Caro220283 ! Ca me fait vraiment chaud au coeur tes compliments Apolline n'a jamais été très proche de ses parents, elle ne les appelait pas souvent et allait les voir encore plus rarement. Après... On verra
Ils font un peu bon chic, bon genre ses parents (enfin c'était le rendu souhaité pas sûr que ça soit ressenti au final ) mais oui tu as raison @pytisa ils sont très parfaits... Où est-ce-que la voiture va les conduire à présent ?
Il s'appelle Roman @Daemonya :lol J'ai un problème avec les prénoms et comme j'écris avant d'ajouter les images parfois ça ne coïncide pas et faut que je modifie tout suivant les noms qu'ils ont en vrai dans le jeu (parce que je les trouvais plus sympas). Tu as bien fait de me le faire remarquer Ca a plus un rapport avec le monde duquel elle vient mais aussi du fait qu'elle ne s'est jamais sentie très proche d'eux, elle faisait juste le strict minimum de ce que l'on attendait d'une petite fille
Ah bon ?! Peut être parce que je l'ai lu avec le téléphone, mais, même là je viens de re-regarder avec l'ordinateur et non il est effectivement long, tu nous as bien gâté ! Mais j'ai quand même toujours cette impatience de savoir la suite, tellement de mystère .
C'est ça l'amour @Daemonya ,aimer sans rien attendre en retour Non mais ils la connaissent leur fille, elle a toujours été ainsi mais effectivement je n'ai pas fait dans les sentiments ou émotions...
Et bien je suis ravie de m'être trompée alors et aussi que ca te plaise autant @Floreliia Merci!
Réponses
@Floreliia : Ahah! J'adore ta manière d'expédier Barbie
@Larbreenboule : Effectivement, je ne pouvais pas spoiler mais tu étais très perspicace sur ce coup là!
@Caro220283 : Rooooh! Merci, merci et merci!
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Ses parents vivaient à une grosse demi heure de chez elle. En prenant les grands axes, ils pouvaient gagner 5 à 10 minutes de route mais pas plus. Rémi avait donc opté pour les petites routes qui bordaient les villages. Apolline pour passer le temps sorti son calepin et se mis à relire les quelques lignes qu'elle avait griffonné concernant son existence. Elle s'arrêta un instant sur la phrase qu'elle avait eut le plus de mal à noter: "Tes parents ne sont pas tes vrais parents". Elle releva la tête de son carnet et plongea son regard sur la route et l'enfilade de maisons qu'ils dépassaient à vive allure. Son esprit se projeta devant la maison de ceux qu'elle avait toujours vu comme ses géniteurs, il s'avança vers leur porte et les vit, là devant ses yeux, tout sourire, heureux de revoir leur fille qui leur donnait si peu de nouvelles. Leur parlerait-elle de ce que Rémi lui avait apprit ? Oserait-elle leur demander comment ils avaient pu lui mentir si longtemps ? Elle les imaginait se refermer, se recroqueviller sur eux même sous le poids de ses paroles, des ses accusations. Méritaient-ils vraiment ça, eux qui l'avait élevé comme leur propre fille ? Etaient-ils seulement au courant de tout ce qu'il se passait ? Apolline ferma les yeux tentant ainsi de ralentir les battements de son cœur.
Rémi lui jeta un rapide coup d'œil. Il faisait vrombir le moteur de sa vieille voiture. C'était son père qui la lui avait donné il y avait des années en arrière lorsqu'il lui avait annoncé sa réussite à son permis. Sa seule réussite d'ailleurs. Il avait beau fouiller dans sa mémoire, s'était la seule fois où son père avait été fier de lui. Au moment où il avait passé la porte, son père s'était jeté sur lui pour lui demander ce qu'il en était, Rémi ne pouvant retenir sa joie lui avait annoncé que normalement il avait déchiré et que c'était dans la poche. Emmanuel l'avait alors étreint de toute ses forces et lorsque quelques jours plus tard il recevait son papier officiel, son père lui avait lancé les clés de sa voiture et lui disant "Roules mon p'tit gars!".
En repensant à cette époque si heureuse avec sa mère toujours angoissée dès qu'il partait en voiture, à son père dont le regard brillait de la fierté paternel en voyant sa progéniture s'élever, Rémi ne pu s'empêcher de sourire, de ce sourire doux et nostalgique quand quelque chose nous manque. Mais il revint vite à la réalité en entendant Apolline lui indiquer de tourner à gauche à la prochaine intersection et qu'à présent la maison de ses parents n'était plus très loin.
Ils s'arrêtèrent au bout d'une impasse qu'une petite maison sans prétention terminait. Rémi coupa le contact et pivota vers Apolline qui ne lâchait pas la bâtisse des yeux.
"Ca va aller?", lui demanda-t-il pas très sûr de la réponse qu'il allait recevoir.
"Je ne sais pas", souffla la jeune femme sans détourner le regard de la maison.
"Tu vas leur parler de... de ce que je t'ai raconté ?"
Cette pensée la fit frissonner. Elle gigota sur son siège comme si celui-ci lui brûlait les fesses. Elle ne supportait soudain plus d'être assise, enfermée dans cette voiture si sale. Elle voulait respirer. Elle ouvrit la portière en grand et se laissa glisser à l'extérieur.
Rémi la suivit. Les portières claquèrent. "Et s'il n'y avait personne" pensa Apolline ne voyant pas âme qui vive à travers les fenêtres. Le jeune homme ne la quittait pas des yeux. Il était pressé d'avoir le tableau de son père entre les mains mais pas assez pour la brusquer et lui demander d'accélérer le pas.
La maison dans laquelle elle avait grandit était là, devant ses yeux et pourtant elle lui semblait si différente. Le jardin était vide à présent alors que dans son enfance, elle se souvint qu'il y avait une cage à poule sur laquelle elle adorait se pendre. Elle s'était même cassée une dent contre une barre, heureusement ce n'était qu'une dent de lait et une plus jolie avait pris place des mois plus tard.
Son père adorait faire son jardin. Il y avait des tomates à profusion, des carottes et même des fraises. Elle les ramassait à même le plant et les mangeait sans les laver, elle trouvait qu'elles avaient plus de goût ainsi. Mais à présent tout cela n'existait plus. Elle n'était partie de chez ses parents que depuis 4 ans et même s'il était vrai qu'elle n'était pas souvent revenu chez eux après, elle ne reconnaissait plus grand chose.
Apolline prit une grande bouffée d'oxygène, s'ébroua pour se donner contenance et s'essuya brièvement les mains sur son jeans. Elle avança vers la porte de ses parents et frappa trois coups. Rémi qui l'avait suivit, attendait derrière stressé lui aussi de rencontrer des gens qu'il ne connaissait ni d'Adam, ni d'Eve et qui étaient de surplus les parents d'Apolline. Il appréhendait sa rencontre avec eux comme s'il était l'amant de leur fille. Cette pensée lui paru ridicule et il préféra se concentrer sur son objectif principal : récupérer le tableau.
Des petits pas secs résonnèrent de l'autre côté de la porte. Apolline connaissait bien ce pas, elle l'avait entendu des milliers de fois frappant le sol de la maison à toute heure du jour. La poignée s'actionna et le battant de porte s'ouvrit dévoilant un visage marqué par les années, les inquiétudes et peut-être aussi les souffrances de la vie. Les yeux de ce visage familier s'agrandir en apercevant la jeune femme qui avait frappé et un sourire radieux éblouissant et rajeunissant, l'éclaira.
"Apolline ma chérie!" Prise d'une vive émotion de voir sa fille devant elle, la mère d'Apolline ne pu retenir son élan pour aller l'enlacer de toutes ses forces.
Après quelques secondes qui parurent une éternité autant à Apolline qu'à Rémi qui regardait comme gêné l'expression d'un amour maternel qu'il ne connaissait plus, la femme au regard brillant d'émotion s'écarta de sa fille et les invita à entrer.
"Roman! Apolline est là!" Elle les fit s'assoir sur le canapé usé lui aussi par les années et les nombreux postérieurs qu'il dut supporter, et partie chercher son mari les laissant seuls.
"Tu crois que ta mère s'est rendu compte de ma présence ?" demanda Rémi d'un air faussement inquiet.
"Evidemment! Pourquoi cette question ?"
"Elle ne m'a toujours pas demandé qui j'étais... et pourtant je t'assure que je ne les connais pas". Il s'était senti obligé d'ajouter cette information devant le regard suspicieux que lui lançait Apolline plus très sûre de ce qu'elle pouvait ou non croire à présent.
Les parents d'Apolline entrèrent ensemble dans la pièce interrompant la conversation des jeunes gens.
"Ma chérie! Ca fait tellement longtemps qu'on ne t'avait pas vu!" Le père d'Apolline était grand et bien tenu dans son costume beige. Il avait cette élégance de ceux qui ne s'en rende pas compte, cette subtilité de mouvement et cet intelligence dans le regard qui mettait mal à l'aise tout ceux qui ne le connaissait pas, ce sentant jugé et testé à chacune de leur parole.
Après avoir enlacé sa fille comme il semblait en être la coutume dans la famille, il se tourna vers Rémi qui s'était levé sans pour autant être certain d'être remarqué.
"Tiens. Tu nous ramènes un ami ?"
Apolline fit les présentations comme les bonnes manières le voulaient. Roman serra énergiquement la main de Rémi qui ne pu étouffer un gémissement. Quant à Adélaïde, elle resta à l'écart lui accordant un léger sourire.
Tous s'assirent, Rémi s'enfonça dans le canapé, souhaitant disparaître alors qu'il voulait tant être vu quelques minutes plus tôt.
Apolline regardait ses parents. Ils avaient vieilli depuis 6 mois qu'elle ne les avait pas revu. Ils semblaient fatigués, épuisés par les heures qui passaient et qui les éloignaient toujours un peu plus de leur jeunesse. Elle se rendit soudain compte qu'elle n'était pas attristée comme aurait dû l'être n'importe quelle fille qui voyait ses parents prendre de l'âge et avancer inexorablement vers la mort. Elle n'avait pas peur de les perdre. Elle restait là, passive devant leur rides aux coins des yeux et leurs peau qui commençait à se distendre sous le menton. Etait-ce dû à ce qu'elle venait d'apprendre sur son histoire, sur le fait qu'ils ne soient pas ses véritables parents? Non, elle ne pouvait pas croire que cette nouvelle même si énorme pouvait modifier tous ses sentiments en si peu de temps. Elle les aimait, elle en était sûre mais elle avait toujours mis de la distance entre ses parents et elle, comme si elle avait toujours su. Avant de passer la porte, elle avait eut peur. Peur de ne pas pouvoir jouer la comédie, de ne pas pouvoir faire comme d'habitude en sachant qu'ils n'étaient que ses parents adoptifs mais maintenant elle savait qu'elle n'avait rien à craindre car elle avait toujours tenu un rôle sans s'en rendre compte.
"Alors ma fille qu'est-ce qui nous vaut ta visite si ce n'est pas ce garçon?"
"Je ne sais pas si vous vous souvenez mais il y a quelque temps je vous ai donné un tableau"
"Bien sûr qu'on s'en souvient! On l'a mis dans le couloir. C'est ton voisin qui te l'avait offert non ?" demanda Roman curieux que la visite de sa fille soit pour cette vieille croute qu'ils ne gardaient que pour lui faire plaisir.
"Je souhaiterais le récupérer"
Adélaïde et Roman échangèrent un regard interloqué.
"Tu veux récupérer CE tableau?" s'étonna sa mère. "Mais que vas-tu en faire ?"
"Je... Et bien..."
"C'est un tableau de mon père" intervint Rémi voyant Apolline en difficulté."Il est... pas très bien et... je voudrais lui faire plaisir en exposant ses œuvres une dernière fois"
"Oh! Je vois..." Adélaïde se tourna vers son mari soudain bouleversée par la fausse nouvelle de Rémi. "Chéri, tu veux bien aller chercher ce tableau ? Le pauvre garçon..."
"Mais oui bien sûr, j'y vais de ce pas!" Il se leva vivement du canapé, trop sûrement car une vive douleur au dos le fit plier et pousser un léger cri.
"Tout va bien papa? Sinon Rémi peut le faire" s'inquiéta Apolline.
"Non, non. Je vais bien. Les douleurs ça nous connait!"
Roman quitta le salon le temps de décrocher le tableau d'Emmanuel qui se trouvait de l'autre côté du mur. Lorsqu'il revint avec le butin tant convoité, il le tendit à Rémi. "J'espère que votre père sera heureux de le revoir"
"J'espère aussi", souffla Rémi en le prenant.
Comme tous parents qui se respectent, Adélaïde et Roman n'autorisèrent pas les jeunes gens à partir aussi vite et encore moins sans avoir mangé avec eux. Ils acceptèrent donc l'invitation avec résignation et assis autour de la table, le plat posé devant eux, la bonne odeur leur chatouillant les narines, se rendirent compte qu'ils n'avaient pas mangé de toute la journée et qu'ils avaient sacrément faim.
A la fin du repas qui les avait tous bien rassasié, Rémi et Apolline décidèrent qu'il était temps pour eux de reprendre la route. Il était tard à présent. Rémi remercia grandement la mère d'Apolline pour son dîner ainsi que son père pour son accueil. Il récupéra le tableau qui était resté dans le salon mais alors qu'il se dirigeait vers la porte son hôtesse l'interpela en le priant d'attendre deux minutes qu'elle revenait. Rémi interrogea Apolline du regard mais cette dernière ne pu lui rendre qu'un haussement d'épaule pour réponse ne sachant pas du tout ce que sa mère comptait faire. Ils l'entendirent farfouiller dans sa chambre et la virent revenir avec un drap dans les bras. Elle demanda à Rémi de poser son tableau sur la canapé qu'elle enroula dans le linge.
"Voilà, ainsi il ne risque pas d'être abimé". Elle se retourna ensuite vers Rémi, lui mis les mains sur les bras en signe de réconfort et dit: "J'espère que votre père sera heureux de revoir toutes ses œuvres".
Se sentant mal à l'aise, le jeune homme lui sourit timidement et la remercia de nouveau pour sa gentillesse.
Ainsi emmailloté, le tableau fut transporté dans le coffre de la voiture et après un rapide signe de la main, les deux jeunes gens prirent la route laissant pour l'un des inconnus aux cœurs tendres et l'autre un passé nostalgique qui s'effaçait de plus en plus de sa mémoire.
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Apolline a de la chance d'avoir des parents aussi gentils, même s'ils ne lui ont jamais dit qu'ils l'avaient adoptée
Mais on n'a toujours pas vu le tableau en question...
Je trouve Rémi de plus en plus sympathique et j'ai beaucoup aimé Adélaide et Roman
C'est étrange qu'en apprenant son adoption elle se détache déjà d'eux aussi vite... Même adoptifs, on a surement pas envie de voir ses parents vieillir, ça cache un truc ça ?
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Voilà, le tableau est dans le coffre, il ne reste plus qu'à l'examiner au calme, trouver l'indice et ...!
Vivement la suite.
Ils ont l'air tellement gentils et en même temps c'est tellement triste de se dire qu'Appoline s'en est autant détachée
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Au contraire j'avais peur qu'il soit trop court ce chapitre @Floreliia
Et oui @sirhc59 , ça avance
Pour l'instant il n'est pas vraiment prouvé que les parents d'Apolline l'aient "adopté"... On aura peut-être un peu plus d'éclaircissement par la suite @Larbreenboule : avec moi rien n'est simple
Merci encore @Caro220283 ! Ca me fait vraiment chaud au coeur tes compliments
Ils font un peu bon chic, bon genre ses parents (enfin c'était le rendu souhaité pas sûr que ça soit ressenti au final
Il s'appelle Roman @Daemonya :lol J'ai un problème avec les prénoms et comme j'écris avant d'ajouter les images parfois ça ne coïncide pas et faut que je modifie tout suivant les noms qu'ils ont en vrai dans le jeu (parce que je les trouvais plus sympas). Tu as bien fait de me le faire remarquer
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C'est triste quand même surtout pour les parents en fait, ils l'auront sans doute remarqué
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