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[Histoire] Les petites guerres | MAJ du 23/02

2

Réponses

  • IsawIsaw Messages: 670 Membre
    Ton histoire est passionnante! Donatien m'énerve et me fait de la peine en même temps :#
    Et j'aime beaucoup ta Mélusine!
    Pour le filtre, je préfère celui du début :)
    Legacy : Crispin
  • pytisapytisa Messages: 6,349 Membre
    Comme @Isaw, je trouve cette histoire fascinante, chaque personnage l'est tout autant. C'est un travail de fou que tu as fourni pour une histoire si intrigante.
    Comment ne pas imaginer le pauvre Donatien, prisonnier de sa maladie et de ses démons, prêt à tout pour obtenir la reconnaissance dont il a tant besoin?
    Mélusine et Solange, si différentes dans leurs goût et leurs aspirations, déjà femmes et promises à des mariages dont l'un pourrait faire le bonheur de l'une mais l'autre...? :/
    Et le jeune Silas qui est comme une bouffée d'air frais dans cette noble famille.

    Je suis sous le charme :blush: Quel petit bijou! Merci de le partager avec nous :smiley:
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  • OxianeOxiane Messages: 171 Membre
    Encore un superbe chapitre ! Les personnages ont tous un personnalité propre qui fait tout leur charme et il est parfois difficile de tous les concilier, ensemble et dans le monde de l'époque. L'intrigue commence, on se pose des questions. Qui leur voudrait du mal ? Comment va réagir Donatien, il est tellement mal, ne va-t-il pas passer du côté des ennemis ? Bref, j'adore ! Encore ! :wink:
  • WeluthalayWeluthalay Messages: 54 Membre
    J'aime beaucoup ton histoire. Etant en fac d'histoire, c'est intéressant de voir le monde de la noblesse en image, et tu la racontes assez bien d'ailleurs. Tes screens sont vraiment très beaux, mais je préfère ceux du début, les autres sont un peu trop clair ^^
    L'histoire des personnages est très prenante, on se demande ce qui va leur arriver, c'est génial, j'adore les histoires comme ça.
  • TervillesTervilles Messages: 307 Membre
    Woh, mais quelle pression ! Avant tout, je tiens à vous dire que vos commentaire m'ont fait extrêmement plaisir. C'est toujours très motivant de voir qu'un public apprécie ce qu'on fait, alors merci à vous <3
    Bien ; un peu plus de sérieux maintenant.

    Merci @Isaw ! Donatien est un personnage très ambigu et sa situation n'est certainement pas facile à vivre... mais c'est vrai que ça n'excuse pas son comportement odieux ! Il a quelque chose de vicieux...
    Quant à Mélusine, elle et sa soeur sont mes personnages préférés (sans doutes parce qu'elles sont pour l'instant les plus travaillées). Elle vont beaucoup évoluer au fil des chapitres, alors j'espère que tu apprécieras toujours autant la jolie blonde !

    Ton commentaire m'a fait particulièrement plaisir @pytisa ; j'accorde une importance toute particulière aux personnages et à leur psychologie... et ce n'est vraiment pas facile de donner un rendu réaliste lorsque les personnages sont des adolescents du XVIIIème ! J'avoue que le travail de recherche est titanesque, parce qu'on trouve facilement des informations sur des paramètres matériels de l'époque (bâtiments, sciences, arts, classes sociales)... mais beaucoup moins sur les petits détails ! Il faut aussi faire des concessions lors de l'écriture : non, on ne peut pas mettre en scène toute une cour dans les sims... on ne peut pas non plus écrire les dialogues en français de l'époque... que de frustrations ! :D Je tiens absolument à ce que les personnages restent touchants et accessibles (afin de vous bouleverser lorsqu'il leur arrivera malheur >:) )

    Merci @Oxiane ! C'est vrai que chaque membre de la famille a sa propre personnalité, ses envies, ses devoirs... et la situation n'est pas toujours simple ! Reste à espérer qu'ils n'en viennent pas à se déchirer...
    Pour les ennemis de la famille Valvasor, j'ai bien peur qu'il ne faille attendre quelques chapitres. :) Rassure toi, je vous fournirai quelques pistes dans les chapitres à venir ! Quant à Donatien, c'est très pertinent de se demander quel camp il choisira... certes, il est en colère. Mais détesterait-il ses frères et soeurs au point de leur vouloir du mal ? Peut-être qu'il finira par s'assagir... en tout cas, sache que le mal se cache souvent où on ne le soupçonne pas :p

    Oulah @Weluthalay, une fac d'histoire ? :o Tu me mets la pression ! Comme je le disais, dur dur de connaître les petits détails de la vie noble de l'époque... il faudrait que je puisse feuilleter des livres mais avec mes propres études c'est le temps qui me manque :D En quelle année es-tu, si ce n'est pas trop indiscret ? Quelle est ta spécialité ?
    En tout cas je suis contente que l'histoire te plaise et j'espère que ce sera aussi le cas de la suite !
  • Ryu707Ryu707 Messages: 1,239 Membre
    Intéressant cette suite, on comprends de mieux en mieux Donatien avec ce petit frère qui lui prends petit à petit sa place...
    Mélusine qui es toujours décalée par rapport aux autres et Jehan qui se demande si c'est sa faute :#
    Ce qu'il dit à sa femme me fait peur et je sens bien qu'il va arriver malheur à cette famille.
    Sinon pour le filtre je préfère aussi le premier :smile:
    ~*♥♪La vie est belle et cruelle à la fois, elle nous ressemble parfois ♫~*♥

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  • TervillesTervilles Messages: 307 Membre
    Je garde donc bel et bien le premier filtre. C'est vrai @Ryu707 que tout ça est assez inquiétant... et tu verras que ce n'est que le début !

    Ce chapitre est un petit focus sur Mélusine. Les autres auront également le leur, bien-sûr ! Je vous propose un moment de calme en forêt, alors que la tempête gronde. Les enfants Valvasor sont encore bien insouciants... mais pour combien de temps ?
    Chapitre 3 ○ Le palefrenier - première partie.

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    Brindleton Bay était entouré de landes et de plages sablonneuses, à peine dominées par l'homme. Le domaine Valvasor s'étendait discrètement sur tout l'est des terres, avec pour seule frontière la conscience collective de la puissance du duc Jehan. On ne trouvait que quelques petites maisons habitées par une poignée de garde, le long des routes, pour contrôler les allées et venues aux alentours du château.
    Ces derniers temps, bien-sûr, le nombre de garde avait été renforcé par le duc.
    Sur la route menant au château, non loin des jardins où jouait Silas, il y avait aussi l'écurie du duché.

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    Mélusine s'y rendait régulièrement, avec son père ou en cachette. Les enfants Valvasor avaient chacun leur cheval attitré, bien que les filles n'étaient pas autorisées à monter. Solange n'allait plus à l'écurie depuis ses dix ans, où sa mère avait commencé à s'assurer qu'elle ait une bonne éducation. Sa soeur, elle, tenait particulièrement à au hongre noir que son père lui avait offert.

    " Bonjour, toi... "

    La fille Valvasor aimait les bêtes. Ses loups, bien sûr, mais aussi Thalès -son cheval, donc. Ce matin, elle était venu le voir en cachette, profitant de n'avoir ni leçon ni visite de prévue. Elle savait que son père savait et qu'il la couvrirait face à sa mère.

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    " Tu sais que tu m'as manqué, belle bête... "

    L'animal souffla doucement sur la jeune fille, qui caressait délicatement ses nasaux. Elle aimait le contact chaud et fébrile de sa peau, qui la rassurait.
    Sans prévenir, Thalès tourna la tête vers la droite, les oreilles à l’affût.

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    Mélusine n'eut pas le temps de se retourner qu'on la salua d'une voix rauque, l'appelant Ma Dame. Surprise, elle adressa un sourire à son interlocuteur tout en tournant la tête : c'était Edouard, le palefrenier.
    Edouard devait être un peu plus vieux qu'elle, peut-être de l'âge de Donatien. Aussi loin qu'elle se souvienne, il avait toujours travaillé pour le duc et il s'occupait bien des chevaux.

    " Edouard, bonjour !
    - Qu'est-ce qui vous amène aux écuries, ma Dame ? Venez-vous voir Thalès ?
    - Oui, c'est cela même. "

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    " Votre père n'est pas avec vous... j'en déduis que vous êtes là sans le devoir, et même sans le pouvoir... "

    Devant le regarde de la jeune femme, le palefrenier se ravisa immédiatement, piteux.

    " Pardonnez mon impudence, je... je ne devrais pas me permettre. Pour garder contenance, il changea vite de sujet : comment est-ce que vous allez aujourd'hui ? Puis-je faire quelque chose pour vous ?
    - Mmh... tout bien réfléchis, il y a en effet quelque chose... "

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    Mélusine eut tout de même un instant d'hésitation, craignant de se faire prendre et d'être réprimandée ; mais après tout, sa mère était chez sa soeur et son père avait bien du travail...

    " J'aimerais que vous sortiez Thalès, Edouard.
    - Le sortir ? Mais ma Dame, vous n'y pensez pas... il pourrait s'agiter et vous blesser !
    - Je ne crois pas avoir demandé votre avis, trancha-t-elle.
    - Très bien. "

    Définitivement soumis par l'autorité de la jeunes duchesse, Edouard s'inclinât et entrepris d'ouvrir la porte au hongre. S'il s'inquiétait pour Mélusine, il craignait surtout pour son travail. S'il arrivait quelque chose à la fille du duc, qu'est-ce qui pourrait bien l'attendre ? Il avait besoin de son travail aux écuries et il ne voulait pas perdre la vie.
    Mais puisqu'il n'avait pas le choix...

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    " Et voilà, ma Dame... là, là, tout doux mon beau, du calme.
    - Je ne l'avais pas vu ainsi depuis des années... "

    S'approchant de l'animal avec une fascination certaine et se laissant aller à sa fascination, elle laissa échapper :

    " Selon la demande de ma mère, Père m'a toujours interdit de monter ou de m'approcher un peu trop près de lui. Pourtant, il n'y a pas plus de raison qu'un cheval s'agite avec moi qu'avec un de mes frères... "

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    " Edouard... Edouard, j'aimerais monter.
    - Que... ma Dame, non !
    - Pardon ?
    - Je... non, non, je ne peux pas vous laisser faire ça ou en être complice. C'est pour votre père que je travaille, et s'il interdit quelque chose...
    - Je suis sa fille pourant, alors si vous travaillez pour lui, vous travaillez aussi pour moi.
    - Vous ne vous rendez pas compte, ma Dame, du danger que ça représente... "

    Mélusine soupira, tandis qu'Edouard s'inquiétait très sérieusement des risques qu'il prenait.
    La jeune femme, un instant démunie devant le refus du palefrenier, réfléchit. Elle n'était pas capricieuse - pas comme sa soeur -, elle pouvait réfléchir et user de la ruse.
    Les enfants Valvasor ne supportaient pas de ne pas avoir ce qu'ils voulaient.

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    " Edouard, vous savez que personne n'en saura rien... je veux seulement monter ; et il ne m'arrivera rien...
    - Je ne peux pas prendre ce risque...
    - Je... je comprend votre hésitation, croyez moi bien. Mais songez à ce que je pourrais dire à mon père, si vous acceptiez ; comme vous vous occupez bien de nos bêtes, comme vous méritez mieux que votre condition actuelle... pensez à tout ce que vous avez à gagner, au lieu de ce que vous avez à perdre.
    - Ma Dame, je... de toute façon, vous ne pouvez pas monter dans cette tenue, et l'écurie n'a pas de tenue d'équitation pour les dames.
    - Eh bien donnez moi des habits ! "

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    Peut-être attiré par l’appât du gain, par pitié pour Mélusine ou par incapacité à résister aux ordres, Edouard fini par accepter d'emmener la jeune duchesse à l'intérieur - là où logeaient les gardes, absents pour le moment - pour lui donner quelques un de ses vêtements. Il se retourna le temps qu'elle se change, le plus loin d'elle possible, préférant taire sa gêne étouffante : une dame se changeait, là, juste derrière lui. Une belle dame, même, mais surtout une dame de la noblesse !

    " Est-ce... puis-je me retourner, là, ma Dame... ?
    - Non ! Vous n'imaginez pas le temps qu'il faut pour enlever une de ces robes... "

    Trop excitée à l'idée de monter à cheval comme dans son enfance, elle en oubliait la pudeur et se mettait en tenue de dessous sans même y penser : tant pis s'il voyait son corset ou sa culotte, elle lui descendait de toute façon aux chevilles. Quelle différence avec un pantalon ?

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    " Et voilà, Edouard, vous pouvez vous retourner !
    - Ma Dame, je... c'est bien trop gênant de vous voir dans cette tenue, ce ne sont pas des vêtements pour une dame de votre rang... "

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    " Oubliez un instant mon rang et le votre, ne me voyez que comme une jeune femme à cheval !
    - Ma Dame, c'est que...
    - Allons, pouvons-nous enfin partir ?
    - Bien-sûr, ma dame, bien sûr... "

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    Il ne fallut pas longtemps à Mélusine pour monter sur le dos de Thalès, dont elle n'avait rien oublier de sa hauteur ni de la dureté de son dos. Elle fut rassurée de constater qu'elle se souvenait de comment monter correctement, craignant sincèrement de se ridiculiser devant un palefrenier. Elle avait une importante fierté.
    Inspirant l'air pur des bois, se sentant galvanisée d'une énergie nouvelle qu'elle n'avait qu'à l’extérieur du château, Mélusine se laissa aller à la légèreté de cet instant de liberté. Contrairement à ses habitudes, elle se révéla particulièrement bavarde.

    " C'est magnifique, ce soleil à travers les feuilles... et ce qu'il fait beau !
    - C'est vrai.
    - Vous venez souvent par ici, Edouard ?
    - Lorsqu'il faut faire marcher les chevaux, oui. C'est un chemin tranquille ils ne risquent pas d'être effrayés.
    - Il est vrai que cet endroit est d'un paisible... "

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    Mélusine savourait la balade. Elle avait toujours aimé la nature et ce sentiment de liberté qu'il lui apportait. Ni barrières, ni codes. Un moyen d'échapper aux diverses pressions qui la torturait ; contrairement à Solange, qui s'était toujours bien épanouie dans sa vie de dame, Mélusine avait soif de grands espaces.
    Pour autant, elle n'aurait sans doutes jamais osé désobéir ainsi à ses parents et encore moins se promener seule avec un palefrenier - ou à lui parler ainsi, ou pire : à enfiler ses habits. C'était l'approche de son mariage qui la chamboulait, l'impression qu'elle allait être emprisonnée à tout jamais.
    Elle peinait à faire la part entre les sentiments qui l'animaient. Mélusine avait envie de se marier, d'entre définitivement dans le monde et de connaître la joie du pouvoir. Elle voyait comme sa mère gérait la maisonnée et menait parfois son père à la baguette ; duchesse, c'était ça qu'elle voulait être... mais femme ?

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    Pour l'instant, Mélusine tachait de ne pas y penser. Elle était tout à cet instant.

    " Vous n'aviez pas monter depuis combien de temps, si je puis me permettre ?
    - Eh bien... quatre ans, peut-être plus. Après que ma mère nous ait interdit l'équitation, à ma soeur et moi, Père m'a permis de monter quelques fois encore en cachette. Je suis tombée un jour et je me suis foulée la cheville, alors Père a refusé que nous continuions.
    - Je vois...
    - A vrai dire, ça m'a toujours manqué mais je n'ai jamais osé recommencer, seule. Maintenant que vous êtes là, ça me semble bien plus sûr. "

    Edouard, baissa la tête, passablement gêné. Qu'est-ce qu'elle voulait dire, exactement ?

    " Est-ce qu'on pourrait s'arrêter un peu ? Je commence à être fatiguée.
    - Oh, oui, bien sûr ! "

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    Lui prenant la main, Edouard aida la jeune duchesse à descendre de cheval. Il réalisa à quel point sa peau était douce et chaude et sa gêne redoubla d'aussi-tôt. Mélusine eut la politesse de faire mine de rien mais s'en amusa intérieurement, bien consciente qu'elle faisait quelque chose au palefrenier, sans bien savoir quoi.

    " Voilà, madame, vous êtes à terre.
    - J'avais bien remarqué. Pourrions nous aller nous asseoir ?
    - Oui. Il y a un tronc, là bas, si ça vous convient...
    - Oh, oui, je n'ai pas peur d’abîmer me vêtements au moins, rit-elle.

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    " Ah... comme c'est bon de s'asseoir.
    - Pardonnez moi, ma Dame, je n'aurais pas dû vous emmener aussi loin sans vous proposer de halte ; vous devez être épuisée.
    - Pour tout vous dire, c'est à contre coeur que je suis descendue de cheval ; j'aurais voulu que ça ne s'arrête jamais. Je n'avais pas passer un si bon moment depuis très longtemps, et Dieu sait comme j'en ai besoin. "

    Regrettant de s'être ainsi épanchée, Mélusine enchaîna :

    " C'était vraiment agréable, alors ne vous inquiétez pas trop.
    - Très bien... et, comme il se sentait en confiance, il ajouta : je regrette que vous n'ayez pas pu jouir d'une meilleure compagnie que celle d'un palefrenier. "

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    " Edouard, sa voix était douce, c'est grâce à vous si j'ai pu vivre cet instant merveilleux... je vous en suis sincèrement reconnaissante.
    - Vraiment...
    - Oui ; vous êtes d'une compagnie agréable et vous m'avez permis l'impossible. "

    Le palefrenier rougi et, tout à coup, leurs mains se frôlèrent. Ils échangèrent un regard surpris et Edouard n'eut que le temps de sentir la jeune femme sursauter qu'elle se levait précipitamment, apparemment confuse.

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    " Bien, le soleil descend et le froid commence à se lever, aussi vaudrait-il mieux rentrer.
    - B-bien sûr, je ne voudrais pas que vous attrapiez froid. "

    Et, comme elle s'approchait de Thalès sans même le regarder, elle essaya :

    " Voulez-vous de l'aide pour monter ?
    - Ce n'est pas utile, merci. "

    Bien conscient qu'il avait été trop familier lorsqu'il était assis, se sentant particulièrement mal à l'aise et le coeur encore battant, Edouard ne pu que suivre le cheval qui avait déjà pris le chemin du retour sous les talonnades de sa cavalière.

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    Tout le long du chemin, Mélusine garda les yeux fixés sur l'horizon, tâchant d'oublier ce qu'elle venait de vivre, profondément honteuse. Un palefrenier... ! Et elle lui avait frôlé la main...
    Si tôt qu'elle fut à terre, après une caresse furtive à Thalès, la jeune femme se précipita à l'intérieur pour se revêtir convenablement. Lorsque Edouard quitta le box du hongre noir, Mélusine avait déjà disparu.

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    Ce soir là, le dîner fut particulièrement silencieux. Mélusine était rentrée peu avant sa mère, aussi personne ne lui avait posé la moindre question et elle s'était enfermée dans sa chambre jusqu'à ce qu'ils passent à table. Jehan semblait préoccupé, Solange rêveuse, Donatien renfermé, Silas fatigué.

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    Comme à chaque repas, la mère des enfants Valvasor engagea la conversation :

    " Elisabeth a attrapé un froid, la semaine dernière, et elle peine à s'en remettre... il faudrait peut-être que nous allions la voir tous ensemble, ne croyez-vous pas ? d'autant plus que ses enfants s'ennuient terriblement. J'ai dû passer la journée à les surveiller, j'avoue que c'était atrocement gênant... et puis Donatien, vous n'avez pas vu votre tante depuis longtemps, n'est-ce pas ?
    - J'étais malade la dernière fois que nous y avons été/
    - En effet... "

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    Désireux de changer le sujet de cette conversation qui devenait gênante, Jehan cru le bon moment venu d'annoncer quelque chose à ses enfants, et tout particulièrement à Mélusine :

    " Il y a réunion stratégique demain matin, le duc Munch sera présent... je pourrais lui proposer de rester manger avec nous et passer un peu de temps au château, non ? Vous pourriez en profiter pour parler ensemble, Mélusine, qu'en pensez-vous ? "

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    Bien obligée d'accepter, Mélusine plongea le nez dans son assiette et n'en releva pas les yeux avant de pouvoir quitter la table. Cette journée était définitivement mauvaise ! - elle en oubliait même son agréable balade à cheval, tant les hommes venait la gâcher. Et pourquoi pensait-elle brièvement à Edouard lorsqu'elle songeait à son mariage avec Gunther ?

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    Le soir, venue l'heure du couché, Mélusine peina à trouver le sommeil. Elle repensait à la promenade et à ses discussions avec Edouard, étrangement fébrile. Elle s'était sentie si bien... était-ce dû à ses instants de liberté ou au palefrenier ? Et qu'allait-elle penser le lendemain, en voyant Gunther ?
    Elle ne parvenait pas à l'apprécier, lui, son futur époux... mais elle ne l'avait pas encore bien côtoyé. Sans doutes était-ce pour qu'elle apprenne à le connaître que son père la poussait à passer du temps avec lui... mais pourquoi ne pouvait-elle pas s'y résigner ?

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    Ce matin là, Mélusine se leva particulièrement tard, soucieuse à l'idée de commencer cette nouvelle journée.

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    " Mais arrêtez donc de bouger ! Comment voulez-vous que je finisses de vous coiffer ?
    - Solange, vous ne voulez pas plutôt demander à Bertine de revenir et de le faire ? C'est quand même elle ma gouvernante...
    - Oui, mais elle vous attache toujours mal les cheveux et vous devez être parfaite pour Gunther. Arrêtez donc un peu de vous mouvoir dans tous les sens, enfin... mais qu'est-ce que vous avez donc aujourd'hui ?
    - Ah ! Vous me faites mal... "

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    " Mélusine, que se passe-t-il... ? Je vois bien que quelque chose vous tracasse.
    - Ce... ce n'est rien, vraiment.
    - Est-ce que c'est de voir Gunther qui vous angoisse ?
    - C'est... oui, tout à fait. A vrai dire-...
    - Je sais, je comprends ; à chaque fois que je vois Lance, je ressens ça. Une intense angoisse, cette peur qu'il ne me trouve pas à son goût... mais c'est tout à faire positif ! C'est l'amour qui fait ça, n'est-ce pas ?
    - ... oui, bien sûr. "

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    Une demi-heure plus tard, après avoir échangé quelques mots avec toute la famille, Mélusine était en bas avec Gunther, se promenant dans les jardins du château.
    La gêne de chacun était palpable, car une fois toutes les politesses échangées, ils n'avaient rien à se dire. Jehan avait demander à sa fille de faire visiter l’extérieur du château à Gunther, aussi ne cessait-elle pas de répéter : " Et là, c'est... "

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    " C'est tout à fait magnifique, ma Dame. Votre grand-mère a fait preuve de beaucoup de goût en choisissant le ré-aménagement du château...
    - Oui, c'est certain !
    - J'aimerais vous emmener visiter le domaine Munch, un jour ; avant que nous nous marions, bien-sûr, afin que vous pouviez voir l'endroit où vous allez vivre... peut-être pourrons-nous voir avec ma mère pour faire quelques aménagement dans les jardins, si vous avez les mêmes goûts que votre grand-mère, ce dont je ne doutes pas... "

    Bien que consciente de la gentillesse de cette attention, Mélusine déglutit difficilement. Elle restait tout à fait imperméable aux tentatives du duc de la mettre à l'aise.

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    Gunther Munch faisait de son mieux pour établir un contact avec celle qui allait-être sa femme. Il se savait d'ordinaire maladroit, et il passait toujours plusieurs nuits à se demander quoi dire lorsqu'il rencontrait quelqu'un d'important. Son manque d'assurance se sentait dans sa voix et, bien que ça ne soit qu'une impression, il lui semblait qu'il tremblait de tout ses membres. Pourrait-il un jour la séduire ?

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    Leur discussion périlleuse dura sur de longues minutes, chacun cherchant que dire et comment le dire pour donner meilleure impression, et surtout ne pas laisser paraître à quel point ils n'avaient rien en commun.

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    Leurs différences n'étaient pourtant pas le danger le plus imminant qui planaît au dessus d'eux. Non loin de là, derrière les fourrés, quelqu'un guettait...

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  • sirhc59sirhc59 Messages: 25,339 Modérateur
    Mélusine joue avec le feu, et je crains bien qu'il lui en coûte...
  • SimsStoryFanaticSimsStoryFanatic Messages: 508 Membre
    Oh ça devient compliqué pour elle la.. Pas sur que ses envies soient au goût de son père :/
  • Ryu707Ryu707 Messages: 1,239 Membre
    C'est tellement beau les images, je suis totalement fan de la séquence avec le cheval, ça a dû te demander un sacré boulot avec les CC et les poses ^^
    En tout cas, on voit que Mélusine est bien dans son élément à l'écurie et qu'elle aspire juste à un peu de liberté. Mais comme dit plus haut elle joue avec le feu et vu la dernière image...
    ~*♥♪La vie est belle et cruelle à la fois, elle nous ressemble parfois ♫~*♥

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  • pytisapytisa Messages: 6,349 Membre
    Quel chapitre :blush:
    Même si je ne pense pas que ce mariage avec le baron ait lieu un jour :sweat_smile: , je trouve ce personnage, à travers seulement ces quelques lignes attachants. Il n'a pas l'air d'être un mauvais homme, c'est déjà ça, et bien que maladroit, il n'en est pas moins prévenant.

    Le jeune Edouard a troublé notre jolie Mélusine. Sa soif de liberté risque de lui causer bien du souci :open_mouth:
    J'ai vraiment hâte de découvrir la suite.
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  • TervillesTervilles Messages: 307 Membre
    @sirhc59 C'est sûr que Mélusine n'est pas très raisonnable sur ce coup, elle ne pense pas un seul instant à ce qui pourrait lui arriver... ni à ce qui pourrait arriver à Edouard. C'est un comportement assez égoïste qu'elle a... et très irresponsable. Il faut espérer que les choses ne tournent pas trop mal !
    @SimsStoryFanatic c'est ça le problème lorsqu'on est la fille d'un duc :D On est pas toujours libre de suivre son coeur... mais reste à savoir si ce qu'elle éprouve pour Edouard est bien sincère ou si ce n'est qu'un caprice d'adolescente.
    Merci @Ryu707 ! En effet, j'ai sacrément galéré avec les poses... il m'a fallut plus de deux heures pour ces quelques screens ! Mais je suis assez fière du rendu, j'avoue. Mélusine avait vraiment besoin d'un petit moment à elle pour s’aérer l'esprit, et cette promenade lui a fait le plus grand bien. Reste à espérer qu'elle se reprenne avant que les choses ne tournent au vinaigre...
    Contente que ça te plaise @pytisa ! Gunther est un de mes personnages préférés, il est tellement... maladroit ! Va-t-il finalement se marier avec Mélusine, comme le prévoit son père ? C'est une bonne question et même si j'ai déjà fait mon choix, les deux scénarii seraient intéressants ;)
  • TervillesTervilles Messages: 307 Membre
    Modifié (janvier 2018)
    Bien ! Je poursuis mon marathon des majs aujourd'hui, en vous présentant la suite de cet intriguant épisode du palefrenier. Mélusine va-t-elle avoir une histoire avec ce garçon d'écurie ? Ressent-elle vraiment quelque chose pour lui n'est-ce qu'un besoin de transgresser les règles, d'avoir un peu de liberté ? Se rangera-t-elle finalement à ses devoirs ? Pourquoi Edouard l'espionnait-il ?
    Lorsque Mélusine aura à choisir entre l'honneur et la justice, quoi fera-t-elle ? L'occasion de découvrir la part d'ombre d'une de nos héroïne... et aussi une petite partie dédiée aux garçons de la famille !
    Je pense que ce sera la dernière maj de cette histoire pour un petit moment, puisque j'entre en periode d'examen et qu'il faut vraiment que je travailles ; vous vous en doutez, mais Les Petites Guerres demandent énormément de travail en terme de scénario, de décors, de personnages, de recherche de cc...
    Chapitre 4 ○ Le palefrenier - seconde partie.

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    Il n'y avait jamais de routine au duché, car tout y était imprévu et que les instants les plus organisés étaient interrompus. Au château des Valvasor, où chaque matin était différent, on cherchait à s'occuper comme on le pouvait entre deux chasses et quelques leçons.
    Dans les jardins du château, encore vide à cette heure matinale, le couteau tailladait le bois avec fureur ; mais les marques grossières laissaient petit à petit place à des traits fins, travaillés, presque délicats.

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    Aussi loin qu'il s'en souvienne, Donatien avait toujours été doué dans la taille du bois. Il avait une bonne maîtrise de ses lames et le sens du détail ; c'était devenu un passe temps, un réconfort, et peut-être aussi une façon de se défouler. C'étailt pour lui l'occasion de jouir d'une agréable solitude, de tranquillité, sans que rien ne puisse venir hanter son esprit.

    " Donatien ? Qu'est-ce que vous faites ? "

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    Silas s'approcha lentement de son frère, hésitant : l'enfant avait l'habitude que son frère le rejette. Pourtant, jamais il n'était refroidi par la froideur de son aîné, insistant chaque jour un peu plus comme pour dire : "aimez moi, mon frère, car moi je vous aime. Pourquoi me détestes-tu ?"

    " Oh, vous taillez le bois... est-ce que vous m'apprendriez ?
    - Vous voyez bien que c'est trop compliqué pour vous. Vous vous blesseriez, vous êtes trop jeune. "

    Donatien cachait mal son agacement : pourquoi fallait-il toujours qu'on le dérange ? Etait-ce leur mère qui envoyait cet indésirable le surveiller, veiller à ce qu'il n'ait pas de fièvre ?

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    Il semblait à Donatien qu'on ne le laissait jamais tranquille : il fallait toujours que quelqu'un l'accompagne et l'observe, "au cas où" ; et on laissait à ses heures bien plus de liberté... elles qui n'étaient que des femmes !
    Bien loin d'entendre les pensées amères de son frère, Silas ne se découragea pas :

    " Peut-être... peut-être que vous pourriez venir vous promener avec moi, dans les jardins ?
    - vous ne comprenez pas que je suis occupé ?
    - Alors... alors je pourrais rester, et nous parlerions ici. "

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    " Silas, par Dieu, ne pouvez-vous pas simplement me laisser en paix ?
    - Mais je veux-....
    - Bien peu m'importe ! Moi je veux que vous me laissiez, et il me semble que je suis encore l'aîné. Alors abandonnez vos réclamations et votre air assuré, partez ! "

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    Comme Silas avait baissé la tête mais qu'il ne partait pas, Donatien renchérit et le ton monta :

    " Enfin, vous ne comprenez pas que vous m'ennuyez ? Je n'ai pas envie de vous parler ou même de vous voir. Il n'est pourtant facile de voir que vous êtes de trop. Ne prenez pas cet air malheureux, c'est vous qui me forcez à vous malmener ! "

    Donatien avait haï Silas depuis le jour où il était né ; que faisait là cet enfant maudit, ce garçon de trop qui parce qu'il avait une meilleure santé était adulé, hérité ? De quel droit venait-il vers lui plein de pitié pour chercher à l'adoucir, alors qu'il lui avait tout volé ?

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    Brutalement et sans prévenir, Donatien fut secoué d'une quinte de toux. Il tenta vainement de dire quelque chose, pesta, voulut hurler alors les mots et l'air se bloquaient dans sa gorge.
    D'abord offusqué de la conversation, Silas se figea au fur et à mesure que son frère se recroquevilla et son visage devint terrifier : qu'arrivait-il ?

    " Donatien... Donatien ? "

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    Sentant que son frère allait s'écrouler, Silas se précipita vers les cuisines du château où une porte donnait sur l’extérieur ; les genoux de Donarien touchèrent le sol alors que l'enfant s'éloignait en courant, plus vite qu'il n'avait jamais courut, le coeur battant de peur que celui de son aîné ne s'arrête.

    " Père ! Père ! Il est arrivé quelque chose de grave ! "

    L'enfant ne s'arrêta pas devant les cuisines et les couloirs vides, criant toujours plus fort, l'air s'engouffrant douloureusement dans ses poumons. Pourquoi n'y avait-il personne ?
    Enfin, Silas tomba sur un domestique qui vit asseoir l'enfant, puis prévenir le duc de l'incident.

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    L'heure suivante, les femmes Valvasor s'étaient rassemblées dans le grand couloir des chambres, chacune plus anxieuse que l'autre.
    Un silence de mort pesait sur le domaine tout entier, les serviteurs ne murmurant plus que de vilaines rumeurs quant à la santé du jeune duc, et c'était comme si les pierres elle-mêmes retenaient leur souffle.

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    Madame Valvasor tâchait comme elle pouvait d'oublier ses craintes et d'apaiser celles de ses filles, répétant comme une vieille litanie que tout irait à merveille et que Donatien avait connu bien pires crises. Déjà, pour ne pas trop penser au pire, elle se projetait dans l'avenir :

    " Dès demain je ferai quérir le docteur de Chesne pour qu'il nous donne un autre avis, j'en ai entendu beaucoup de bien.
    - Vous avez raison, mère.
    - Il faudra lui faire préparer une chambre, le pauvre monsieur ne fera pas l'allé-retour en une journée...
    - Bien-sûr. "

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    Fidèle à elle-même, Mélusine était de tous la plus silencieuse, pensive et presque ailleurs. A quoi songeait-elle ? Elle semblait moins affligées que sa soeur et sa mère, mais c'était sans doutes car elle avait toujours tenu les grandes effusions de sentiments en horreur. Silas, lui, était d'un mutisme égal mais tout à fait inhabituel, si bien que sa soeur s'en inquiéta :

    " Silas, il ne faut pas être tellement inquiet, vous savez bien que Donatien se remet toujours de ses crises...
    - Oui, mais...
    - Et puis heureusement que vous étiez là pour prévenir qu'il était arrivé quelque chose. "

    L'enfant ne répondit rien, sans doutes trop honteux de ce dont il se sentait coupable : affreusement coupable. Ce qui était arrivé, il en était sûr : c'était de sa faute.
    Coupant cours à toutes les pensées, la porte de la chambre de Donatien s'ouvrit :

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    Le duc en sortit calmement, le visage fermé mais une lueur de soulagement dans les yeux : chacun se détendit, mais n'osant pas souffler avant d'avoir de véritables nouvelles. Balayant cette petite assemblée du regard, soudainement très fatigué, Jehan soupira et daigna finalement parler :

    " Donatien s'est endormi. Le docteur est encore avec lui mais son avis est positif. Il lui faut du repos, beaucoup de repos. "

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    Il va sans dire que tout le monde était incroyablement rassuré ; pourtant, alors que les enfants échangeaient des regards appaisés, le duc vit que sa femme s'était affaissée, presque écroulée. Il se précipita vers elle, la soutenant par les épaules, inquiet.

    " Je suis tellement... elle sembla hésiter et planta ses yeux dans ceux de son mari : soulagée.
    - Tout va bien, souffla Jehan, conscient qu'il y avait quelque chose de bizarre. Il est sorti d'affaire, il ira bien.
    - Je vais rester un peu avec lui. "

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    La duchesse s'assit sur une chaise, face au lit, et demeura immobile de longs instants. De très longs instants.
    Son regard était rivé sur son fils, profondément assoupi. Elle ne le lâchait pas des yeux, dévorait ses traits fins et détendus, profitant de n'y voir aucune souffrance, aucune colère, rien que l'apaisement de l'enfant qui dort. Oh, depuis combien de temps ne l'avait-elle pas vu ainsi ? Et combien de temps pourrait-elle encore le voir ?
    Il s'en était sorti, oui, cette fois...

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    Elle pris son visage entre ses mains, soudainement en proie à une rage sourde, une rage nourrie depuis des années contre le monde et contre elle-même : combien de temps cela va-t-il encore durer ? Combien de temps faudra-t-il avant ma dernière crise, celle dont il ne se remettrait pas ?
    La duchesse avait longtemps nourri l'espoir de voir son fils guérir. A chaque crise, elle avait fait venir des médecins de tout le pays et même de l'étranger : des anglais, des italiens, des russes ou des allemands, d'autres encore. Il lui avait fallut de longues années pour comprendre et pour abandonner : personne ne soignerait son enfant, il était condamné. Depuis, elle espérait autre chose : qu'il parte, que son calvaire prenne fin, qu'il en soit fini de toute cette souffrance. Et chaque jour, elle s'en voulait un peu plus de ce désir abominable.

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    Plus loin dans le couloir est, dans la chambre de Solange, tandis que celle-ci s'affairait à certaines choses importantes - le maquillage, entre autres -, on frappa à sa porte.

    " Entrez.
    - Solange, c'est moi... "

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    Solange fut particulièrement agacée de la présence de son petit frère ; parce qu'elle détestait qu'on entre dans sa chambre et parce qu'elle n'avait pas la patience de sa soeur avec les enfants.
    Pourtant, dès qu'elle tourna la tête vers lui, elle abandonna toutes ses activités. L'enfant avait une mine défaite et semblait au bord des larmes.

    " Silas ! Qu'avez-vous donc ?
    - Oh, Solange, c'est horrible, si vous saviez, c'est horrible...
    - Si je savais quoi ?
    - Ce que j'ai fait ! "

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    " Allons, Silas, calmez vous... qu'avez-vous fait de si grave ?
    - Donatien, la... la crise de Donatien, oh, tout est de ma faute, c'est à cause de moi que c'est arrivé, si vous saviez comme je suis coupable !
    - Enfin, qu'est-ce que vous dites... vous savez bien, Silas, que Donatien est malade. Ses crises sont indépendantes d'éléments exterieurs, elles surviennent sans qu'on puisse rien y faire.
    - Non, je vous le jure, c'est de ma faute. Je voulais qu'il m'apprenne à tailler le bois et je l'ai ennuyé, oui, j'ai insisté alors qu'il me demandait à être tranquille et je n'ai pas écouté, j'ai été égoïste, alors, alors... c'est arrivé, Solange, c'est arrivé parce que je l'ai énervé, c'est de ma faute, tout est de ma faute... "

    Bien consciente que le problème était profond, Solange pris le temps de réfléchir un peu avant de répondre. Elle se rapprocha de son frère et le pris par les épaules, se voulant rassurante, lui adressant un sourire bienveillant.

    " Silas, vous n'êtes responsable de rien... "

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    " Tout ce que vous me dites, tout ce que vous avez pu faire, ce n'est qu'une mauvaise coïncidance...
    - Vous croyez ?
    - Bien-sûr. Ces crises peuvent arriver à n'importe quel moment de la journée, lorsqu'il se lève ou qu'il se baigne, lorsqu'il travaille même... il ne doit simplement pas faire d'effort pour ne pas augmenter les risques, mère lui a bien dit de ne pas sortir mais il n'a pas écouté. Ce n'est pas votre faute.
    - Oh, Solange... vous êtes bien sûre ? Vraiment ?
    - Oui. "

    L'enfant ravala ses larmes et eut un sourire radieux ; il se précipita au cou de sa soeur, sincèrement rassuré à l'idée de ne pas être la cause du malheur de son frère.

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    Bientôt, la nuit tomba sur le domaine des Valvasor...

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    Des pas dans les ténèbres...
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    " Mais qu'est-ce... "

    Le duc se retourna brusquement, évitant de justesse le coup qui lui était porté. Sans une hésitation, il riposta.

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    Son agresseur étouffa un cri, l'air coupé par le choc et les mains collées à son ventre. Haletant, le duc tenta de retrouvé ses esprits abasourdis par la soudaineté de cette attaque ; il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu'il avait été victime d'une tentative d'assassinat et, peinant à réaliser l’ampleur de la chose, hagard, il dévisagea la capuche de l’intrus.

    " Qui êtes-vous ?, gronda-t-il"

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    Voyant qu'il n'avait pas de réponse, galvanisé par les émotions, Jehan redonna un coup à celui qui avait tenté de s'en prendre à lui. Il posa la question à nouveau, mais cette fois encore : rien. Était-il muet ?
    Le duc serra les dents, s’apercevant qu'il avait la boule au ventre et qu'il ne comprenait pas encore tout à fait ce qui venait d'arriver. Profitant de ce désarrois apparent, l'agresseur tenta de se relever et de se saisir de Jehan, mais celui-ci fut plus vif et il l'arrêta. Ils se retrouvèrent face à face, l'individu tâchant de ne pas dévoiler son visage et tremblant - de colère, ou de peur ? Le duc grogna quelque chose mais le bruit fut couvert par un cri, derrière lui.

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    " Mélusine ! Qu'est-ce que vous faites hors de votre chambre à cette heure ci ? "

    Le duc, poussé par l'instinct paternel, resserra sa prise sur l'homme à la capuche.
    Derrière lui, Mélusine se rapprochait, toute secouée par ce qu'elle voyait : un intrus, au château... comment était-ce possible alors qu'il était si bien gardé ? A moins qu'il n'ait tué tous les gardes, c'était forcément quelqu'un de connu dans le domaine...

    " Ma fille, j'aimerais que vous retourniez dans votre chambre. "

    Mais l'agresseur murmura : " Mélusine... ", d'une voix étrangement mêlée de regret. Est-ce qu'il la connaissait ? D'entendre cette brute prononcer le nom de sa fille, Jehan sentit la rage monter.

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    " Qui es-tu, malfrat ? Comment es-tu entrer, et qu'est-ce que tu veux ? Répond ! Mais, comme il ne répondit pas : Très bien, et bien puisqu'il faut le faire pour toi... "

    Jehan souleva brutalement le capuchon de l'homme, faisant basculer en arrière. Le duc plissa les yeux et Mélusine étouffa un cri.

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    " Edouard...
    - Le palefrenier... mais comment... qu'est-ce que tu fais ici, garçon ? "

    Jehan était parfaitement désarçonné ; il avait connu Edouard lorsqu'il était tout petit et l'avait vu tous les jours s'occuper vaillamment de l'écurie. Était-ce une erreur, le duc s'était-il mépris sur les intentions du jeune homme ? Pourtant, il l'avait bien attaqué... mais si Jehan cherchait à comprendre, Mélusine elle était abasourdie.

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    " Edouard, pourquoi ? demanda la jeune femme. "

    Il ne dit rien, baissant la tête pour éviter son regard. Alors, le duc fouilla sans ménage sa tunique. Fronçant les sourcils au contact de la lame froide, il en sortit une longue dague. Edouard sembla plus honteux qu'avant et il se remit à trembler.
    Le duc réfléchit un instant, ne pouvant retenir l'élan de pitié qu'il avait pour le garçon d'écurie. Comment en était-il arrivé là ?

    " Edouard... tu as toujours bien servi ma famille, alors je ne comprend pas... pourquoi t'introduire dans le château, armé ? Que cherches-tu en entrant ici ?
    - Je viens pour... c'est... un travail...
    - Un travail ? Le duc tachait de rester dur : pour qui ? Qui t'a commandité le crime que tu t'apprêtait à commettre ?
    - Un crime ?, s'exclama Mélusine, qui peinait à saisir ce qui arrivait.
    - Pourquoi cette dague, Edouard ? Pour qui ? "

    Le palefrenier gémis quelque chose et le duc lui demanda de répéter, plus brutalement, craignant d'avoir bien compris ce qu'il avait dit. Edouard se recroquevilla sur lui-même, tout tremblant de terreur, osant à peine regarder le sol.

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    " Pour le jeune duc...
    - Donatien... souffla Jehan, ébranlé."

    Troublé, Jehan garda les yeux un instant dans le vide. S'il était parti un peu plus tôt de la chambre de Donatien, Edouard serait entré et l'aurait tué. Il venait de sauver son fils.
    Comme libéré par son début d'aveux, peut-être dans l'espoir de s'en sortir vivant, Edouard éclata en sanglot :

    " On m'a dit... on a su que votre fils était malade, et on a voulu en profiter pour...
    - On ? Qui, on ? Parle !
    - Ce n'est pas moi qui l'ai voulu, je ne suis que le bras du crime, j'avais besoin d'argent et... il fallait, il fallait...
    - Qui voulait donc que tu tues mon fils, palefrenier ?
    - Ce n'est pas... je ne peux pas, je ne peux pas le dire, ils vont me tuer, je ne peux pas !
    - Et que crois-tu que je vais te faire ? Gronda Jehan. A toi, un lâche prêt à tuer un innocent pour de l'argent !
    - Ce n'est pas l'argent, pas seulement ! Je voulais, je... non, je ne voulais pas, je ne voulais pas le faire mais j'ai tant de haine, tant de haine pour vous qui êtes nos tyrans ! "

    Jehan ne sut trop que penser : était-ce un acte de vengeance, de désespoir ?

    " Je vous ai toujours bien traité, trancha Jehan, et même la plus grande misère ne justifie pas un tel acte. "

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    Mais Edouard ne voulait pas être bien traité ou même rémunéré ; ce qui motivait sa haine, c'était autre chose, quelque chose de bien plus profond.

    " Mais je ne veux pas de vos bons traitements, ce que je veux c'est, c'est...
    - Eh bien, quoi ?
    - C'est son coeur, mon sir, son coeur et c'est votre rang qui m'en prive ! Et c'est de là que vient ma haine pour vous, de cette souffrance que j'ai...
    - De quoi parles-tu ? souffla Jehan, qui craignait de comprendre de quoi il s'agissait."

    Edouard laissa lentement ses yeux glisser sur Mélusine, le coeur battant et tout son être frissonnant. Lorsque leurs yeux se croisèrent, la jeune femme compris aussi bien que son père et elle en sursauta d'horreur. Jehan, lui, senti son sang battre dans ses tempes et malgré toute sa bienveillance, il sentit qu'il sortait de ses gonds : comment ce pauvre garçon osait-il poser son regard lubrique sur sa fille ?

    " Gardes ! cria le duc, gardes !
    - Qu-... non, non, ne faites pas ça ! Mélusine, Mélusine, dites lui donc ! Dites lui que nous nous aimons ! C'est pour vous que je l'ai fais, pour votre coeur, pour votre liberté ! Après tout ce que je vous ai fait vivre, comment pouvez-vous le laisser faire ? "

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    " Mélusine, gronda Jehan, de quoi parle-t-il ? "

    Là, à cet instant, la jeune femme se sentit plus prisonnière qu'elle ne l'avait jamais été, prise entre regrets et honte profonde. Comment diable pouvait-elle faire face au regard de son père qui, d'un instant à l'autre, saurait tout ? Avait-elle vraiment le droit de laisser mourir cet homme dont la haine n'était née que pour elle ?
    Il fallait dire quelque chose. Choisir : la justice, ou l'honneur ?

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    " Il ne sert à rien de vous chercher une excuse chevaleresque, souffla-t-elle d'une assurance qu'elle même ne se connaissait pas. Et, d'un aplomb de glace, elle poursuivit : pensez-vous qu'accuser une dame de pareille ignominie va vous sauver du jugement de vos crimes ?
    - Et pour t'en sortir, tu tâche de salir l'honneur de ma fille, rugit Jehan.

    Devant le visage décomposé d'Edouard, gagnée par la fureur de la honte, Mélusine continua :

    " C'est un sort pire que la mort qui attend les lâches, et plus encore lorsqu'ils mentent sur l'honneur d'une jeune femme. "

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    " Pauvre de vous... si vous pensez que quelques sourires de politesses sont des marques d'amour...et, parce qu'elle voulait oublier sa culpabilité en se persuadant qu'il était une bête haïssable : les chiens s'entichent de leur maître à la moindre caresse. "

    Ponctuant ses mots cruels et calomnieux, on entendit les bottes des gardes qui courraient jusqu'à eux, toutes armes sorties.
    Post edited by Tervilles on
  • sirhc59sirhc59 Messages: 25,339 Modérateur
    Modifié (janvier 2018)
    Mélusine quelle déception.... Et comme tu vas regretter ce manque de courage...

    Encore une très belle mise à jour.



    Et bon courage pour tes examens. Prends ton temps, tes études sont bien plus importantes que jolies histoires que tu nous proposes. ;)
  • pytisapytisa Messages: 6,349 Membre
    Ce chapitre est bouleversant (et tellement bien écrit, vraiment j'adore ta plume :blush: et tellement tellement bien illustré aussi :love: ), tellement bien mené. C'est un vrai bijou.
    J'ai pensé un instant que c'était la maman de Donatien qui avait commandé ce crime tant j'ai ressenti la détresse de cette mère pour son enfant condamné qui souffre tant :/ Finalement, comme elle, je m'en veux de cette pensée.
    Edouard... :( tant de haine et de souffrance, sous prétexte d'amour était prêt à commettre un crime odieux. Heureusement que Jehan était là. Bien sûr, on peut regretter que Mélusine n'ait pas avoué la part de responsabilité qu'elle a. En même temps, sous le choc, prise par son devoir... :/ maintenant, le silence aurait peut-être mieux valu, il lui aurait permis de mettre à plat ses sentiments, les événements passés et y revenir plus tard.
    Silas est un personnage si fort lui aussi, tout enfant qu'il est et Solange s'est avérée une sœur parfaite; j'ai été surprise que ce soit elle que Silas vienne trouver pour confier son trouble et son chagrin mais lorsque j'ai vu comment la jeune fille réagissait, j'ai mieux compris.

    Vraiment, "Les petites guerrres" sont une grande histoire :open_mouth: Je suis totalement sous le charme.

    Et bon courage pour tes examens, que tout se passe bien :smiley:
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